Titre : Romance yaoi via Trifouillis les Oies

Auteur : Yoda-Ben

Base : Original

Genre : Cucupower chez les bouseux (Me jetez pas de tomates !! Moi aussi je vis dans un trou perdu !)

Rating : Bon, à vue de nez, disons PG-13 à cause de la fin. Mais c'est vraiment parce que c'est vous.

Note de l'auteur : Je tiens à m'excuser de ce texte qui non seulement dépasse les bornes de l'acceptable, mais les écrase allègrement. Je pense avoir repoussé, et pour un bon moment, les limites de l'horreur en matière de romance yaoi. Je tiens également à lancer ce cri désespéré aux petites nouvelles (sans oublier les petits nouveaux) : que ce texte immonde ne vous dégoûte pas d'écrire des fics et des textes originaux !!! Je suis simplement, dans la ML, comme qui dirait spécialisée dans les romances entre mochetés, et ceci est juste un nouvel exercice de style. Et si vous voulez savoir qui a commis l'idée originale de cette horreur, sachez que Florence a aussi sa part de responsabilité, puisque c'est à partir d'une discussion avec elle qu'est venue l'idée d'un tel machin. Sur ce, lisez ça et vomissez.

Romance yaoi via Trifouillis les Oies
Ou la passion dévorante d'Eusèbe et Cyprien

Ce matin-là, le gars Eusèbe sortait de la messe avec sa soeur, la Marion. Et lorsque son regard croisa celui de l'"étranger", cet homme qui venait de s'installer dans leur village voici quelques semaines, son coeur sombra comme une pelletée d'épluchures dans la fosse à purin. Il rougit jusqu'à la racine de ses moustaches, tressaillit à la limite du tressaillement, fit trois fois le tour de la place du village en marchant sur les mains et haussa le sourcil.

L'étranger était un berger qui possédait une cinquantaine de brebis, et il avait décidé de s'installer à Trifouillis les Oies pour l'hiver, afin de laisser ses bêtes se reposer. Lui, Eusèbe, vivait dans sa ferme avec sa soeur cadette, la Marion, ses trente poules, ses huit oies et son cochon. Juste après avoir raccompagné la Marion à la maison, pour qu'elle reprenne son tricot - en effet, Eusèbe commençait à se méfier du gars Ferdinand, qu'il estimait loucher sur la Marion plus qu'à son tour - Eusèbe alla au café, où d'ordinaire il venait après la messe pour pouvoir aller tranquillement faire passer le sermon du père Antoine à coups de canons de gros rouge, histoire de se mettre du coeur à l'ouvrage avant d'attaquer la poule au pot, la tarte Tatin et la sieste dominicales. Mais ce dimanche-là, Eusèbe avait déjà oublié le sermon du père Antoine, et c'était un tout autre trouble qu'il cherchait à dissimuler en buvant ses canons de gros rouge et en blaguant avec les autres gars du village : Eusèbe n'arrivait pas à se sortir l'étranger de la tête. Son béret noir, fièrement ajusté sur sa tête, sa barbe de trois jours, son gilet en peau de mouton qui épousait parfaitement les courbes athlétiques de son corps, qu'il imaginait burin par le temps rude des montagnes, ses bottes en caoutchouc, son pantalon en velours côtelé d'une couleur indéfinissable.

-" Ha ben, mon gars Eusèbe, t'es dans la lune ? T'as l'air tout chose ! Fit Augustin, le fils du sabotier. Ce serait-y que les canons de rouge te montent à la tête ?

- Hein ? Heu.. Non, non, c'est rien.. Heu.. Je.. Je pensais à quelque chose. Rien du tout.

- En attendant, c'est à toi de jouer, grogna le vieux Jules, qui mâchonnait son unique dent, et qui était de surcroît un tricheur invétéré à la belote.

- Ah. Oui. Heu.. Voilà, dit Eusèbe en étalant ses cartes sans conviction. Rami."

Tous les joueurs le regardèrent avec des yeux ronds. Puis se donnèrent des coups de coude complices.

-" Hé hé hé !! Ricana le vieux Jules. M'est avis qu'il rêvait à quelqu'un, l'Eusèbe !

- Ou plutôt à quelqu'une, fit Augustin d'un air gouailleur en dessinant des courbes voluptueuses dans les airs.

Eusèbe ne releva pas la plaisanterie, comme il l'aurait fait à son habitude. Il se contenta de sourire vaguement et de tenter de se concentrer sur son jeu. Mais rien ne sut le tirer de sa rêverie.

Le lendemain, il prit son courage à deux mains et décida d'aller se présenter au nouveau venu. Pour cela, il mit ses bretelles neuves, il passa un coup de brosse sur son vieux chapeau cabossé, et fit même l'effort de se laver dans la grande baignoire en cuivre de la buanderie, qui ne l'avait pas revu depuis fort longtemps. Puis, ainsi paré, il descendit au village et se mit en quête de l'étranger. Justement, il l'aperçut près du ruisseau qui scindait le pré communal en deux, en train de faire boire ses bêtes. Il rougit, pâlit, transpira, trembla de tous ses membres, puis se reprit et avança vers lui. Mais l'étranger se retourna et l'aperçut. Puis il lui fit un grand sourire et lui fit signe de s'approcher.

-" Salut mon câdet, je suis Cyprien, je viens d'arriver, fit l'homme en tendant la main à Eusèbe.

- Oh, heu.. Salut mon gars. Je suis l'Eusèbe.

- Ah, c'est toi qui as une ferme ?

- C'est ça.

- Et qui vis avec ta soeur ?

- Ouais. Qui c'est-y qui t'a dit tout ça ?

- Le vieux Jules. J'étais allé faire un tour au café après être retourné chez moi, mais t'étais déjà parti. C'était dommage. On aurait pu blaguer devant un canon.

- Oh, heu.. Ouais. Mais bof. J'étions point dans mon assiette. Je.. J'avions fini un fond de rillettes qu'étions point fraîches. Je crois que c'est ça qui m'a défait l'estomac.

- Oh.. Ca va-t-y mieux ?

- Oh. Ouais. Ca va mieux. Heu.. T'as rien à faire, là ?

- Ben, oh, j'ai juste à rentrer les bêtes à la bergerie, et après, je suis tranquille. Pourquoi ?

- Oh, j'avions pensé que t'aurais aimé aller boire un canon au café, histoire de faire connaissance..

- Ah, c'est point de refus. J'avions comme qui dirait le gosier sec."

Eusèbe aida Cyprien à rentrer les brebis dans la bergerie, puis tous deux allèrent au café du village écluser un gorgeon, et discutèrent pendant deux bonnes heures. Ils s'entendaient si bien qu'il leur semblait qu'ils se connaissaient depuis toujours. Ils finirent par se séparer à contrec?ur, mais se promirent de se revoir bientôt. Eusèbe sortit du café avec l'impression de flotter dans les airs. Il s'entendait bien avec Cyprien. Ca allait être une bonne journée.

Le lendemain, Cyprien proposa à Eusèbe de lui fournir la laine de ses brebis pour la Marion, afin qu'elle puisse filer et tricoter à sa guise. Le marché fut une nouvelle occasion de se revoir, et ce fut davantage le plaisir de discuter que la négociation du prix de la laine qui les retint pendant une partie de la journée. Après avoir longuement tergiversé, le marché fut conclu et Eusèbe ne se sentit plus de joie : cela lui permettrait de revoir Cyprien très souvent !

Dans les jours qui suivirent, lorsque le temps le permettait, Cyprien et Eusèbe allaient faire une partie de boules, s'envoyer un canon au café, faire une partie de belote, ou sortaient tous deux les brebis et les huit oies d'Eusèbe; si l'orage grondait dehors, ils restaient à l'intérieur, à rire et écluser des bières en jouant aux cartes. Bref, une vie saine et distrayante, qu'ils goûtaient avec délices. Le berger et le fermier devinrent vite inséparables, et l'on avait du mal à croiser l'un sans voir l'autre. Les autres villageois haussaient les épaules et souriaient : après tout, le gars Eusèbe avait toujours été un grand timide, et le voir se faire un si bon ami réjouissait tout le monde.

Tout semblait aller pour le mieux.

Sauf lorsque ce maudit vingt-septième jour d'octobre arriva, dont les nuages noirs qui s'amoncelaient entre les montagnes constituaient le funeste présage.

La tempête faisait rage dehors. Enfin, tempête, le mot est un peu fort : en fait, il tombait des cordes, si drues et serrées qu'on n'y voyait goutte à deux mètres. Pas de violentes bourrasques, ni d'averses de grêle. Juste beaucoup, beaucoup de pluie.

Eusèbe prit son ciré, enfonça rageusement son chapeau sur ses yeux et se dirigea vers la porte.

-" Eusèbe ! Où c'est-y que tu vas ? Fit la Marion de son fauteuil. Tu sors par ce temps ?

- Je vais prendre l'air.

- Mais tu as vu le temps dehors ? Rentre tout de suite ! Tu vas m'attraper une fluxion de poitrine, mon câdet !"

Mais Eusèbe ne l'écoutait pas, et sortit dans la tempête. Du moins, la pluie permettrait de cacher les larmes qui coulaient le long de ses joues mal rasées.

Ce matin, alors que le village accueillait le nouveau notaire, Eusèbe avait été frappé en plein coeur : il venait de voir la servante du notaire. Et celle-ci était en train de draguer ouvertement Cyprien.

La servante du notaire s'appelait Ginette.

Elle était blonde, avec un adorable petit visage triangulaire, des yeux bleus, des formes remarquables et une petite robe à fleurs qui sentait un peu le lisier.

Elle avait en outre une solide réputation de coureuse et les hommes tels que Cyprien, rudes et burinés par les travaux des champs, étaient justement les proies favorites de cette briseuse de ménages, bien connue dans la région.

Jamais il ne serait de taille à lutter contre une telle adversaire !

Il ne pourrait jamais rivaliser avec Ginette, et si celle-ci désirait lui ravir le coeur de Cyprien, elle le ferait avec un enthousiasme non dissimulé.

Il sanglota encore plus fort et se mit à courir sous la pluie, ses larmes se mêlant aux gouttes glacées; glacées, comme l'était son coeur en cet instant. Il souffrait tant.

Il finit par rentrer une heure plus tard, trempé comme une soupe, épuisé, mais un peu calmé. Le lendemain, il attrapa un énorme rhume et passa les trois jours suivants à gémir et grelotter, enveloppé dans une couverture que sa s?ur lui avait tricotée, les pieds dans une bassine d'eau chaude et le thermomètre en bouche. Oh, comme il se détestait d'être aussi faible.

Ce soir-là, Eusèbe, encore convalescent, fixait sans les voir les flammes de l'âtre, alors que la Marion tricotait comme à son habitude, le séant solidement vissé à sa chaise à bascule. Il n'avait pas dit un seul mot de la soirée, desserrant les dents seulement pour avaler quelques rares bouchées du ragoût du dîner. Consciente que des soucis occupaient l'esprit de son frère, la Marion n'avait pas insisté et avait mis la marmite dans leur réfrigérateur antédiluvien, pour le lendemain. Ca pouvait encore resservir. Puis elle s'était assise et jetée à corps perdu dans le grand remède pour tous ses tracas : le tricot. Elle avisa le pull d'Eusèbe, ses chaussettes, son gilet à elle, les couvre-lits dans leurs deux chambres, et enfin les deux cent quatre-vingt-seize autres ouvrages tricotés qui remplissaient leur maison, en napperons, cadres, jetés de canapé, châles, couvertures diverses et chaussettes reprisées des milliers de fois, et se dit qu'elle pourrait peut être songer à se mettre à la broderie, pour changer. Quant à Eusèbe, il rêvait près de l'âtre, en notant vaguement que les flammes commençaient à lui brûler les pieds. Comme la présence de Cyprien lui manquait. Mais comme celle de la Ginette compliquait les choses ! Cette roulure ne manquait jamais une occasion de se pavaner devant Cyprien, à tortiller du croupion comme un canard boiteux. Comme il la haïssait. Si seulement elle n'était jamais venue au village, elle aurait grandement facilité ses affaires. Quoique.. Et même si elle n'avait pas ét là, aurait-il eu plus de facilités à avouer ses sentiments au berger ? Non. Décidément, sa présence ne changeait rien au problème. Elle ne faisait que le rendre plus douloureux encore. A moins que ce ne soit le début d'incendie de ses chaussettes, qu'il avait imprudemment approchées du foyer. Il grogna de douleur et retira ses pieds du feu. Ca ne pouvait plus durer.

Cyprien, de son côté, ruminait aussi. Jamais il ne se sentait aussi seul que lorsqu' Eusèbe n'était pas là. Il en perdait l'appétit et le sommeil. Il ne lui venait même plus à l'idée de se divertir avec ses brebis, comme il avait pourtant l'habitude de faire depuis fort longtemps - ce qui avait par ailleurs forcé les pauvres bêtes, du temps de la folle et vigoureuse jeunesse de Cyprien, à établir un tour de rôle afin que ce ne soient pas toujours les mêmes qui marchent en canard le lendemain d'une nuit glacée et solitaire, ce qui n'était pas pratique en haute montagne. Cyprien, donc, ruminait, tout seul, au fond de son grand lit vide, dans cette chambre glacée, dans cette maison solitaire à l'entrée du village, avec pour seul accompagnement à sa douleur les ronflements de ses bêtes, à côté dans la bergerie, paisiblement perdues dans leurs rêves ovins. Il se recroquevilla dans son lit et tenta de trouver le sommeil, sans succès. Ca allait encore être une longue nuit.

Ce jour-là était le premier qu'Eusèbe passait dehors depuis cette fameuse nuit de tempête. Il reniflait encore, mais allait bien mieux. Après être allé faire un tour dans le village, et récolté les voeux de prompt rétablissement de tous les villageois, il alla faire une belote au caf avec l'Augustin, le vieux Jules et le père Antoine, généreusement arrosée de canons de gros rouge, puis rentra chez lui, en évitant soigneusement la rue du notaire afin de ne pas rencontrer la Ginette (bien que l'envie de lui refiler ses microbes lui ait effleuré l'esprit un instant..), en empruntant un détour passant près du pré communal. Il eut du mal à dissimuler son trouble lorsqu'il vit Cyprien, occupé à soigner ses bêtes, se lever aussitôt et aller à sa rencontre.

-" Eusèbe ! Enfin tu sors de chez toi, mon câdet ! Tu vas mieux ?"

Cyprien esquissa un geste envers Eusèbe, mais celui-ci lui tourna le dos et croisa résolument les bras sur sa poitrine massive..

-" Vas donc vouèr ta fumelle, étranger. Et tous mes voeux d'bonheur, maugréa-t-il avec cynisme.

- Mais enfin, Eusèbe, de qui c'est-y que tu me parlions ? Depuis quand je verrais une fumelle ?

- Et la Ginette qu'arrête pas de te courir après ?! Explosa Eusèbe. Elle est tout le temps là, à tortiller son séant à chaque fois qu'elle te voit, comme si ça la démangeait à c't'endroit !

- Comment ça ?

- Oh, ça va, fais point celui qui sait rien. Elle est là à te tourner autour depuis qu'elle est arrivée, et tu l'aurais pas vu ?! C'est-y que t'as des cailloux à la place des yeux, ou quoi ?

- Mais enfin, mon câdet, tu sais bien que je la fréquentions point, la Ginette ! Et pis d'abord, elle me plaît pas."

Eusèbe risqua un coup d'oeil par-dessus son épaule, et se retourna prudemment.

-" C'est-y vrai, ça ?

- Mais oui, c'est vrai ! J'aime pas son regard chafouin. Ni ses ch'veux qu'on dirait de la paille. Ni sa blouse à fleurs qui fleure l'fumier.

- Me dis pas que t'aimes pas non plus ses. Murmura Eusèbe d'un air incrédule, en traçant les courbes plantureuses de Ginette dans les airs. Mais Cyprien l'arrêta dans son geste en lui prenant les mains.

- Eusèbe. J'aime pas Ginette. Elle me plaît pas. Tu me crois, quand même ?

- Ah, mon câdet.. Je suis désolé. Comme je la voyais faire tout ça avec toi, je croyais.. Enfin...

- Tu croyais mal, mon gars Eusèbe. Faut point se mettre en colère pour ça, voyons. Si je l'avions point repoussée, c'était que je l'avions même pas remarquée.

- Oh, si tu savais, mon Cyprien. J'étions tellement fâché de la vouèr tortiller du croupion devant toi, et je me disions que j'avions aucune chance en face d'elle, et.

- Aucune chance ? Qu'est-ce que tu voulions dire par là ?"

Eusèbe rougit sous sa moustache. Il venait de se trahir. Alors que Cyprien le pressait de s'expliquer, il prit une profonde respiration et se jeta à l'eau.

-" Bon. Tu veux savouèr ce que j'entendions par là ? Ben je m'en vas te le dire, mon câdet. J'étions jaloux. Voilà. J'étions jaloux parce que je la voyais faire tout ça et je pouvions point en faire autant. Et j'avions peur qu'elle finisse par t'avoir avec un de ses pièges de fumelle, parce que.. Parce que...

- Pourquoi, mon gars Eusèbe ?"

Eusèbe prit Cyprien par la main.

-" Crénom, l'Cyprien, parce que je t'aimions comme un dâamné, depuis le premier jour où que je t'ai vu, en sortant de la messe avec la Marion."

Le visage de Cyprien sembla se transfigurer de joie sous son béret. Il prit l'autre main d'Eusèbe, tremblant d'émotion.

-" Moi aussi, l'Eusèbe.. J'crevions dans ma peau de point savouèr si tu m'aimions ou pas.

- Je t'aimions, mon Cyprien.

- Je t'aimions aussi, mon gars Eusèbe."

Enfin la situation était claire : Eusèbe venait enfin d'avouer son amour à Cyprien, et son coeur bondissait comme une chèvre sous amphétamines de savoir ses sentiments partagés. Ils se serrèrent dans les bras l'un de l'autre, puis se séparèrent.

-" Ah, Cyprien, rien que de t'vouèr comme ça, avec ton gilet en peau d'mouton, ça m'fait frissonner jusque dans mes moustaches !

- Tu m'affoles, mon gars Eusèbe ! J'aimerions bien trouver un endroit tranquille.. Hem.. Histoire qu'on se connaisse mieux.. Enfin, tu voyons c'que j'veux dire, dit Cyprien en rougissant jusqu'à la racine de son béret.

- J'voyons ce que tu voulions dire, fit Eusèbe en baissant les yeux. Et tu sais quoi ?

- Quoi, mon gars Eusèbe ?

- Heu.. Tu sais, derrière le pré communal..

- La rangée de peupliers ?

- Non, juste avant.

- Oh.. La haie de buissons qui fait le tour du pré et qui le sépare du champ du gars Augustin ?

- Ouais. C'est ça. Y passe jamais personne là. Alors, si ça te dit.

- Ouais.. Ca me dit..

- Cyprien.

- Eusèbe."

Ils partirent en direction du pré communal et allèrent à son extrémité, celle qui communiquait avec le champ du gars Augustin. Puis ils choisirent un beau buisson bien dense, et apprirent à mieux se connaître dans la plénitude de la délectation de ceux qui se connaissent effectivement mieux après. Depuis, le Cyprien, devenu le fournisseur en laine de tout le village, alla souvent chez le gars Eusèbe et la Marion, et le berger et le fermier allèrent tous deux mieux se connaître plusieurs fois, dont une dans la grange, une dans le poulailler (mais ce n'était pas très agréable à cause des poules), une dans le grenier, sur le tas de pommes, et plein de fois dans la chambre du gars Eusèbe.

La Marion finit par loucher elle aussi sur le gars Ferdinand, et ils se marièrent l'année suivante, au printemps. Eusèbe et Cyprien étaient leurs témoins.

Et ils vécurent tous très heureux, dans leur beau village, et les canons de gros rouge après la messe n'en furent que meilleurs.

Et ce ne sont pas les brebis de Cyprien qui diront le contraire.



Fin