Conte de Fées
Une merveilleuse histoire écrite par :
Yoda Ben², Jedi Perverse
Avec :
Ganaël, un prince charmant®
Eric, un fidèle compagnon
Frédégonde, une princesse
Bonne Fée, une bonne fée
Archimage de Gur-Kalaad, un grand magicien
Rondelle-de-salamiel, un bébé ange
Théophile, un cheval remarquable
Urhkragh, un chef de bandits
Sigmund, un Roi
Siegelinde, une Reine
Le roi de Mataquin, un vieil hystérique proche de l'andropause
Des chevaliers braves et intrépides
Un gnome anglais
Un dragon
Des elfes coquins
Des bandits
Divers paysans et vieux gâteux
Une bouteille d'huile de noix
Six mètres de chaînes
Un panier de fraises
Des invités prestigieux et un archevêque à tête de tortue,
Et autres démons et merveilles comme vous n'en avez jamais vus !!!
L'auteur voudrait en outre remercier, en vrac : sa maman, Florence, Sébastien "Magic", Xavier, Naïma, Max, Hervé, Jojo, Magali, Célia, La Yaoi France Mailing List, Les Monty Python, Al Yankovic, Cavanna, Indiana Jones, J.R.R Tolkien, Kazuma Kodaka, Metallica, Apocalyptica, Nine Inch Nails, David Madore, Peter Jackson, Alix de Saint-André, Marcel Gotlib, la fac d'histoire de Perpignan, Internet, les jeux Baldur's Gate et Zork Grand Inquisitor, Perrier Fluo arôme citron, les usines Lafarge, la série Palace, Terry Pratchett et Neil Gaiman, Perrault, les frères Grimm, Andersen, tous ceux qui liront ce torchon et tous ceux qui m'ont aidée à l'écrire. Merci beaucoup à vous tous, vous êtes tous formidables.
"It's O.K. You can dare to be stupid."
Al "Weird" Yankovic
Il y avait une fois un lointain royaume, avec à sa tête un roi qui se nommait Sigmund et sa reine qui s'appelait Siegelinde. Il faut avouer qu'on avait choisi cette reine plutôt qu'une autre en partie à cause de son nom, parce que la ressemblance était marrante sur les cartes de visite, et aussi parce que les parents respectifs de ce roi et de cette reine étaient de grands fans des épopées germaniques, mais ça, je crois que vous l'avez remarqué.
Enfin bref.
Et ce roi était un bon roi et cette reine était une bonne reine, et leur royaume était en paix et heureux. Ils avaient leur château autour d'une ville belle et prospère, et les champs fertiles s'étendaient à perte de vue autour d'eux.
Pour en revenir au roi et à la reine, ils avaient beaucoup de chance : leurs serviteurs ne se mettaient jamais en grève, leurs preux fidèles, comtes et barons se disputaient l'honneur de les servir. Ils étaient en d'excellents termes avec les fées du royaume et ainsi ne se souciaient point de se faire transformer intempestivement en grenouilles lors d'une partie de chasse.
Leurs coffres débordaient de pierres précieuses, d'or et d'argent, et de tous ces machins en caviar et en soie que l'on trouve d'ordinaire chez les rois.
En clair, leur vie était assez chouette, d'autant plus qu'ils avaient même réussi à trouver un garage à louer dans le coin, pas trop cher. Et depuis une vingtaine d'années - et c'est là que l'on introduit le héros, avec élégance et style - ils avaient vu leur bonheur complet en voyant venir au monde l'héritier du trône, un beau garçon qu'ils appelèrent Ganaël (car contrairement à leurs parents, Sigmund et Siegelinde goûtaient fort peu les épopées germaniques), par ailleurs rapidement suivi par toute une ribambelle de frères et sœurs, car Sigmund était un gaillard viril et porté sur la chose comme l'on aimait que soient les rois à l'époque, et Siegelinde était gironde, belle, pieuse et forte, en sus d'une gaieté constante, comme l'on aimait que soient les reines à l'époque. Bref, le roi, sa reine et toute leur ribambelle d'enfants vivaient heureux dans leur beau royaume.
Or, vers les vingt ans de Ganaël, il lui arriva ce phénomène hormonal courant chez les fils de rois qui vivent heureux et tranquilles chez eux, mais qui trouvent trop facile d'attendre bien sagement la mort de leur père pour hériter du royaume et mener à leur tour une vie très popote, au milieu des parties de chasse entre jeunes nobles et des jeunes et jolies paysannes aux blondes tresses et à la croupe opulente troussées à la hâte dans les champs : il lui vint le goût de l'aventure. Alors, un jour, il alla à la salle du trône, où le roi son père faisait sauter un de ses plus jeunes fils sur ses genoux, et il lui parla en ces termes :
"- Père, je suis las du château, je veux courir le monde et réaliser de grands exploits pour l'honneur de la couronne."
Et ainsi lui répondit le roi son père :
"- Mon fils, voilà une grave décision. Mais si tel est ton désir, je le respecte. Prends ce dont tu as besoin et va courir le monde. Mais attention à ne pas blesser ton cheval, c'est un palomino qui m'a coûté une fortune."
Et ainsi Ganaël, fils de Sigmund, projeta de partir au crépuscule afin d'éviter les embouteillages, embrassa son père, sa mère, sa ribambelle de frères et sa ribambelle de sœurs, et vu le temps qu'il y avait mis, jugea plus judicieux de partir le lendemain à l'aube.
Puis il prit la route avec armes et bagages, des petites laines au cas où il ferait froid, des soldats d'élite au cas où il aurait envie de faire la guerre, et monta, au lieu de son palomino qui lui aurait valu des ennuis s'il l'avait blessé, un mâtiné de pur-sang et de percheron qui, même s'il n'avait pas la classe d'un palomino, était quand même plus résistant à l'usage et en plus, il avait un chapeau de paille avec des trous pour les oreilles et il s'appelait Théophile, ce qui, à mon sens, rendait cet animal autrement plus sympathique qu'un palomino, car cette race de chevaux a tendance à se croire supérieure à tous et à péter plus haut que son cul, ce qui n'était pas le cas de Théophile. En outre, Ganaël emmenait avec lui son fidèle compagnon, un dénommé Eric qui lui était entièrement dévoué. C'était le fils d'un comte vassal de Sigmund et de surcroît, fort joli garçon : ses blonds cheveux flottaient en boucles légères sur ses épaules, il avait de grands yeux de la couleur de l'azur par une belle matinée de printemps. Son teint de lys et de rose, son nez droit, sa petite bouche en bouton de rose et son maintien gracile en faisaient l'exacte copie d'un chérubin céleste. De plus, les rumeurs les plus bizarres circulaient sur son compte, en particulier à propos de jeunes pages à qui il aurait fait voir sa remarquable collection d'enluminures d'incunables dont il aurait tapissé le plafond de sa chambre, mais ce n'étaient que racontars de jaloux. Enfin, j'espère. Quoique, ça ne m'étonnerait pas. Mais bon, hein, moi ce que j'en dis..
Enfin bref.
La compagnie chevaucha pendant de longues heures, et finit par s'arrêter pour la nuit dans une auberge. Après avoir emmené les chevaux à l'écurie, vidé les réserves de brandevin et de jambon de l'aubergiste, et tapé sur les fesses de sa fille qui officiait comme serveuse, Ganaël réclama que l'on lui conte les histoires du pays pour le distraire. C'est alors qu'un vieillard typique, du genre qui sculpte toujours un bout de bois en fumant la pipe, assis sur une chaise en paille (sauf que celui-là n'avait ni couteau ni bout de bois, qu'il mâchouillait une brindille et qu'il était assis sur un banc), prit la parole de sa voix un peu caverneuse à l'accent du Lauragais :
"- Si, mes beaux seigneurs, vous êtes en quête d'exploits et que votre courage ne demande qu'à être prouvé, alors ce que je vais vous dire va peut-être vous intéresser. Il y a, à une centaine de lieues d'ici, un château peuplé de monstres terrifiants qui retiennent prisonnière une princesse et son trésor. L'on raconte que cette princesse est belle comme le jour, et que le trésor avec elle est incalculable. Cependant, bien des braves se sont aventurés dans ce château, et nul n'en est revenu."
A ces mots, Ganaël se dit que peut-être la délivrance d'une princesse ferait bien sur son C.V et réfléchit fort à la question. Mais Eric, son compagnon d'armes, ne semblait pas très enthousiaste.
"- Je suis sûr, mon prince, que les racontars de ce vieux gâteux ne sont que des histoires sans fondement. Et si le père de cette donzelle te forçait à l'épouser une fois que tu l'aurais délivrée, hein ? C'est peut-être une fille stupide et sans manières. Et qu'est-ce qui te dit qu'elle est belle, d'abord, si personne n'est revenu du château pour le dire ? Et en plus, depuis combien de temps elle est là-bas ? Et si tu te retrouvais avec une vieille peau de quatre-vingts ans ?
- En bref, je crois comprendre, Eric, mon fidèle compagnon, que tu n'es pas très chaud à l'idée de délivrer cette princesse ?
- En clair, non.
- Pourtant, délivrer une princesse est un acte fort noble. Ma renommée en rejaillirait dans ma lignée pour des siècles, et je pourrais frimer devant le roi mon père qui ne peut pas en dire autant, car lui n'a pas délivré la reine ma mère des griffes de monstres terrifiants.
- Ouais, bof. De toute façon, quelle que soit ta décision, prince Ganaël, je me tiendrai fidèlement derrière toi, comme à mon habitude.
- Et je serai le dernier à m'en plaindre, Eric, mon fidèle compagnon."
Et disant cela, le prince Ganaël et son fidèle compagnon Eric éclatèrent tous deux d'un rire entendu, puis s'arrêtèrent car tous les clients de l'auberge les regardaient d'un air bizarre en murmurant des histoires de leur jeter un seau d'eau.
Le prince et son compagnon se ravisèrent donc, et la décision fut prise de partir dès le lendemain à l'aube vers ce fameux château, afin d'y délivrer la princesse retenue prisonnière à l'intérieur, de rafler tout son trésor, et peut-être de ramener la princesse à son père si celle-ci n'était pas trop insupportable en chemin. Le lendemain, ils se préparèrent donc, partirent de l'auberge sans payer car l'aubergiste devait s'estimer heureux d'avoir eu l'honneur d'héberger sous son misérable toit l'héritier du trône, et firent route vers ce fameux château.
En chemin, le prince crut voir quelque chose dans le ciel. Il lui semblait qu'une étoile continuait de briller, bien que la nuit soit finie depuis longtemps. Il fit part de son étonnement à Eric, son compagnon :
-" Eric, mon ami, vois-tu ce que je vois ?
- Où ça ?
- Ben, là-haut, à droite du nuage. Tu ne vois rien ?
- Non. Tu as dû rêver.
- Ah bon."
Ils cheminèrent encore quelques lieues, et Ganaël crut voir une fois encore, cette mystérieuse étoile, et le dit encore à Eric. Mais ce dernier ne voyait toujours rien.
A la troisième fois, Eric allait gentiment demander à Ganaël s'il n'avait pas un peu forcé sur les poppers la nuit dernière, lorsqu'il leva les yeux à son tour, vit lui aussi l'étoile, et cria au miracle. Quelques secondes plus tard, il cria au secours, car l'étoile grossissait de plus en plus et semblait venir vers eux. Mais l'étoile prit une forme humaine, et apparut devant les yeux médusés de Ganaël et de sa troupe, une jeune dame vêtue de drap d'or et d'un manteau bordé d'hermine, nantie d'un objet contondant très mince et oblong avec une étoile au bout, que l'on pourrait assimiler sans trop se planter à une baguette magique, et d'appendices auriculaires fort longs et pointus, qui battaient l'air en faisant "flapi-flapi". Ganaël sauta de cheval et se mit à genoux pour baiser le bas de la robe de cette radieuse apparition. Laquelle apparition lui enleva le bas de sa robe de la bouche et l'enjoignit de se relever.
-" Mon enfant, sois sans crainte.
- Qui êtes-vous, radieuse apparition ? Lui demandèrent tous les vaillants guerriers de l'expédition, Ganaël compris; enfin, sauf Théophile, qui se contenta de se mettre à brouter l'herbe du chemin. (Il en faut beaucoup pour impressionner Théophile.)
- Je suis la marraine du prince Ganaël, la Bonne Fée. J'ai été chargée de veiller sur vous. Je dois également jouer le rôle de l'apparition omnisciente qui est sensée tout savoir mais qui ne révèle rien, et qui se la pète en assistant aux événements sans remuer le petit doigt pour aider le héros et ses copains."
Sur ce, la Bonne Fée tendit à Ganaël une carte de visite où l'on pouvait voir :
Bonne Fée
Experte en tous types de magie :
Désenvoûtement, délivrance de sorts maléfiques et bénédictions en tous genres
Travaux de marrainage 24 heures / 24
Protection sur tous types de filleuls
Fait aussi les mariages et les baptêmes
Membre de la Yaoi France Mailing List
Décorée de la Grande Lasagne du Saint Sépulcre
Chevalier Jedi Honoraire
Cartes bleues acceptées
Horaires : matinée en semaine, le jeudi sur rendez-vous
- "Ha bon.
- Mais sois tranquille, car voici un guide pour t'indiquer comment réagir face à toutes les situations impliquant des créatures magiques que tu rencontreras le long de ta route. Je l'ai écrit moi-même."
Ganaël prit le livre, et l'ouvrit à la première page. Il lut :
Vade-Mecum de survie en Milieu Hostile
Ou comment réagir face à toute créature magique qui pourrait croiser votre route
Pas de panique !!!!!!!
Ecrit par La Bonne Fée, Marraine de Ganaël, fils de Sigmund et Siegelinde, héritier du trône !
Des conseils précieux qui peuvent vous sauver la vie !
Supplément gratuit : un guide des meilleurs hôtels de passe de la région, et les meilleurs endroits du royaume pour dénicher de beaux garçons !!!
Ganaël leva les yeux du livre et fixa sa marraine, qui sifflotait en regardant en l'air, et en se grattant le dos avec l'étoile de sa baguette.
- " Et êtes-vous certaine, Bonne Fée, ma marraine, que la marche à suivre envers toute créature magique est bel et bien écrite dans ce recueil ?
- J'en suis certaine, mon enfant, murmura la Bonne Fée, alors que Eric arrachait le livre des mains de Ganaël et allait directement au supplément gratuit, qu'il se mit à feuilleter avec enthousiasme. J'ai, lors de mes nombreux voyages, eu le temps d'observer toutes les créatures magiques des royaumes des environs. Et toutes ces créatures sont répertoriées dans cet opuscule.
- Même les dragons à écailles bleu marine des monts Nibels ?
- Page 136.
- Même les lutins farceurs de Nam ?
- Chapitre 8, paragraphe 4, alinéa 27.
- Et avez-vous écrit quelque chose à propos des Elfes coquins de Gur-Kalaad ? Demanda Eric, fort intéressé.
- En effet, au dernier chapitre. A la rigueur, j'aurais même pu parler d'eux uniquement dans le supplément gratuit, mais bon, il me restait de la place dans le chapitre réservé aux Elfes, alors.."
Ganaël récupéra son livre des mains de son compagnon et en profita pour lui taper sur la tête avec, au passage.
-" Ma marraine, la Bonne Fée, je vous remercie pour ce précieux cadeau qui me sera très certainement utile. Puisse votre retour se passer sans encombre.
- Je te remercie, mon enfant, pour ces belles paroles, et je vais retourner chez moi. Va en paix et n'oublie pas de consulter souvent ce manuel, il te rendra de précieux services. Sur ce, je vous bénis, toi et ton expédition. Allez délivrer la princesse du château, et vous y trouverez renommée et gloire !"
A ces mots, la Bonne Fée fit pleuvoir ses bénédictions sur le groupe de guerriers, donna un morceau de sucre à Théophile, se changea en étoile et repartit dans le firmament. Ganaël la regarda partir, le livre encore entre les doigts. Eric tenta aussitôt de récupérer ledit livre, et tous les autres chevaliers se relevèrent en pestant, car cela faisait un bon quart d'heure qu'ils étaient à genoux. Théophile, lui, remua les oreilles pour remettre son chapeau de paille en place, et, regrettant confusément que la belle dame de tout à l'heure soit partie, s'attaqua à un buisson vert, car il avait fini de manger toute l'herbe du bord de la route. Mais bon, tout vert qu'il fût, ce buisson n'était pas aussi bon que le morceau de sucre que la dame lui avait donné.
Ganaël redonna un coup de guide sur la tête d'Eric, prit Théophile par la bride et le força à recracher sa bouchée de feuilles de buisson vert, mit le livre dans son pourpoint et décida qu'il était temps de se tirer de ce trou de bouseux et de partir délivrer la princesse, parce que bon, on avait pas que ça à faire, et il était plus que temps de se remuer un peu. Et c'est ainsi que le groupe de fiers guerriers se mit en route pour délivrer la princesse, équipés d'un guide de survie pour réagir face à toute créature magique, de la pluie de bénédictions de la Bonne Fée, marraine du prince, et de multiples ankyloses aux genoux pour la plupart des cavaliers.