Auteur : Dancelune

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Disciple : une histoire rien qu'à moua ^____^. Tous les persos m'appartiennent en exclusivité :o) j'ai trop de chance )

Remarque : bon, j'ai l'aval de mes deux béta-lectrice Mimi Yuy et Aoi Seishin, donc vala le premier chapitre de Mascarade, ma première fiction originale yaoi ^___^.

Remarque : pour celles qui lisent Destinée Sentimentale, ne vous en faites pas, je ne l'ai pas abandonné, le prochain chapitre est d'ailleurs en cours d'écriture :o)

Mascarade

Chapitre 1

Il faut que j'arrête cette mascarade. Il faut que j'arrête de me faire des idées, de croire que moi, je pourrais voler son cœur. Pourquoi est-ce que je me fais avoir à chaque fois ? Je sais que je vais souffrir, et pourtant j'y retourne, presque heureux, presque impatient… Alors qu'il n'est pas à moi, ô non ! Son corps est à tout le monde, et son cœur n'est à personne. Il joue, il papillonne d'un individu à l'autre. Homme ou femme, peu lui importe. Ce qu'il veut, c'est du plaisir et des moments forts. Même pas des souvenirs, juste le présent, intense et passionné.

Comment fait-il, pour ne s'accrocher à personne ? Pour ne pas avoir besoin d'amour, comme tout le monde ? Quand est-il devenu insensible ? 

Il faut que j'arrête, et dès ce soir. L'endroit n'est pas vraiment idéal, mais de le voir entouré comme cela… Et lui qui rit, qui flatte l'un puis l'autre, se demandant lequel ou laquelle il ramènera à la maison ce soir. Savoir qui saura être assez ingénieux et original pour lui donner envie de le ou la choisir. Une compétition. Celui qui arrive à le charmer ce soir gagne une nuit inoubliable au fond de ses draps de satin bleus.

C'est faux, tellement superficiel, et pourtant moi aussi je joue. Moi aussi je veux être choisi… Si ce n'est pas pitoyable d'en être arrivé là ? Comme si je ne connaissais plus ma vraie valeur…

Kristen n'est pas le premier homme avec lequel je sors. J'affiche clairement mon homosexualité depuis que j'ai vingt-trois ans.

Mes parents ne l'ont pas admis et refusent de me parler depuis ce jour. Je m'y suis fais, même si je regrette le temps où j'étais aimé et choyé comme un fils. Cette cicatrice fait désormais parti de mon cœur, mais elle n'est plus brûlante comme avant. Elle est là, je le sais, je n'ai qu'à ne pas y penser trop souvent.

La moitié de mes amis s'est fait la malle aussi, certains en tonitruant, en criant au scandale, d'autres en étant hypocrites et en s'éloignant sans faire de bruit mais sûrement. Les vrais amis sont restés. Ils ne sont pas nombreux. Trois. Mais je m'en contente largement.

J'ai aussi eu ma période de flirt à outrance, comme lui. A se faire connaître dans le milieu, à vouloir paraître exceptionnel, le gars à ne surtout pas manquer… Puis je suis tombé amoureux. Il s'appelait Thierry. Il est toujours dans mon cœur, à me réchauffer et me soutenir, deux ans après son accident. Pour oublier, je me suis réfugié dans le travail. J'ai plutôt bien réussi. Je suis désormais un cadre supérieur respecté et avec un salaire plus que convenable… Je ne porte que du noir.

Je croyais mon cœur éteint, quand il est arrivé. Lui, telle une petite flamme dans les ténèbres. Une beauté à couper le souffle. Une innocence enviable. Un éclat désirable dans le fond des yeux. Il ne m'a pas dragué de la même façon que les autres. Il y a pourtant était franchement et sans détour. Mais il y avait quelque chose dans sa voix, qui m'a fait comprendre qu'il ne jouait pas avec moi, ou tout du moins pas vraiment. Juste qu'il avait envie de moi, réellement. Qu'il savait que cela ne serait que pour un soir, que c'était d'ailleurs tout ce qu'il avait à offrir. Et que si j'étais d'accord, il serait le plus heureux sur Terre pour cette nuit. Cela faisait plus d'un an que j'étais seul. C'était l'hiver, morose et froid. J'étais seul, je le répète. J'avais besoin de compagnie et de tendresse. J'ai accepté sa proposition. Je ne me doutais pas que d'autres rendez-vous s'ensuivraient, et que c'est moi qui finirai par aller le chercher. Il a quatre ans de moins que moi. Vingt-quatre ans. En pleine jeunesse et expansion sociale. Et surtout, ivre. Ivre de tous ces gens qui l'acclament, le caresse par leurs paroles sirupeuses. Trop de beauté n'amène pas le bonheur, il faut croire. En tout cas, cela a dû inhiber son cœur. A force d'avoir autant de gens autour de lui, autant d'attention, de faveurs… A-t-il oublié ce que c'est que de se battre pour obtenir ce que l'on veut ? Il n'a même pas besoin de séduire. Ce sont les autres qui s'en charge, à chaque fois. Et j'en fais parti… Pathétique.

J'ai envie d'avoir une vie, une vraie. De trouver quelqu'un fait pour moi, qui m'apprécie pour ce que je suis, qui prenne le temps de me connaître, qui souhaite finir ses jours en ma compagnie. Il est temps pour moi de me poser et de dire adieu à toutes ces folies de la jeunesse. Je veux trouver quelqu'un qui m'aime et que je pourrai aimer. Pas un second Thierry, pas un Kristen frivole et finalement insensible, même si ce n'est pas de sa faute à proprement parler… Je voudrais quelqu'un de neuf, d'inattendu, de rayonnant. Mais pour cela, je dois changer de style de vie. Arrêter de sortir tous les soirs et de passer à côté de l'essentiel. Je dois me concentrer et me fixer un but. Il me faut un but, si je veux m'empêcher de penser sans arrêt à lui.

Ce soir, je romps définitivement notre simili-relation. Cela ne blessera que moi de toute façon.

Bon. Il est temps de se lancer.

Corentin, surnommé Cory par ses amis, finit d'un trait son verre de vodka avant de le reposer d'un geste décidé. Il regarda droit devant lui. Kristen le fixait. Il semblait l'attendre. Cory lâcha un petit rire ironique. Il savait déjà que c'était la fin, avant même que lui ne s'en rende compte. Il avait vraiment dû être aveuglé par son apparente lumière.

Ayant déjà fait le deuil, le jeune homme s'approcha à travers la foule de celui qui troublait son cœur depuis plusieurs mois déjà. Arrivé à sa hauteur, il resta quelques secondes face à lui sans rien dire. Kristen le regardait, moitié souriant, et attendant, presque excité, la sentence qui n'allait pas tarder à tomber.

Elle fut rapide, deux mots suffirent.

« C'est fini. » déclara Cory.

Il resta quelques secondes de plus à se mesurer du regard avec le jeune homme, pour appuyer ses dires. Puis il tourna les talons et partit.

Il venait de tourner une page de sa vie.

***

A 19h24, Cory reposa le combiné de son téléphone. C'était le dernier client de la journée. Il avait été dur en affaires, mais ils s'étaient accordés sur une solution acceptable par les deux parties.

Il finissait toujours tard le soir, vu qu'il se prenait une pause déjeuner de deux heures. Il n'arrivait pas à passer une journée sans aller à la salle de musculation. Faire travailler ses muscles lui procurait une sensation de bien-être unique et cela lui vidait la tête. Il ne pensait à rien pendant que son corps était en activité. Cela le reposait presque plus qu'une nuit de sommeil.

Cela faisait plus d'un mois maintenant qu'il n'avait plus de nouvelles de Kristen. Depuis ce fameux soir où il avait décidé de rompre.

Le fait que ce dernier ne l'ait même pas rappelé l'avait profondément vexé. Apparemment, qu'il fasse parti de sa vie ou pas, cela ne le préoccupait guère. Cory en avait été mortifié. Jamais il ne s'était autant trompé sur quelqu'un. Jamais son cœur n'avait fait fausse route comme cela auparavant.

Mais d'un autre côté, cela l'aidait à franchir le cap, à passer au-dessus, à s'éloigner de ce passé envoûtant et accaparant.

Ses amis l'aidaient beaucoup. Matthieu, son ami d'enfance, et sa compagne Léa, se faisaient un devoir de l'inviter à dîner au moins un soir par semaine depuis sa rupture. Ils n'étaient pas dupes, ils savaient qu'il essayait de changer, et ils le soutenaient de leur mieux pendant cette période de doutes et d'incertitudes. Jo, quant à lui, s'était fixé pour mission de le sortir le week-end. Et au lieu des endroits branchés de la capital, où il était susceptible de revoir le « briseur », comme l'avait surnommé son ami, Jo l'emmenait un peu partout en périphérie s'essayer aux sports extrêmes comme le saut en chute libre et la spéléologie.

Il avait de quoi s'occuper l'esprit, et c'était tant mieux.

Mais ce soir, il n'avait rien de prévu et comptait rester tranquille à la maison. Il se leva, rangea rapidement ses dossiers, pris son manteau et sa mallette, puis sortit du grand bâtiment abritant les bureaux de la compagnie bancaire pour laquelle il travaillait. Il passa acheter un petit repas au chinois du coin, et rentra chez lui sans se presser.

Confortablement installé dans son canapé, en train de picorer les nouilles sautées à  la sauce pimentée avec ses baguettes, Cory profitait d'une soirée de calme pour faire ce qu'il aimait, c'est à dire s'affaler sur son divan, les pieds posés sur la table basse, en train de regarder l'un des derniers films sortit en vidéo, et ayant une bière à portée de main. Cela suffisait à son bonheur.

Le téléphone sonna. Il tendit la main pour l'attraper.

« Allo ?

- C'est moi ! » fit une voix guillerette au bout du fil.

Cory en lâcha les pâtes qu'il tenait par le bout des baguettes. Il n'en revenait pas. Alors comme cela il osait le rappeler à nouveau ? Il avait de nouveau envie de son jouet ?

Il s'esclaffa.

Croyait-il qu'il allait à nouveau tomber dans ses filets ? Ridicule. Il n'était pas si imbécile que cela.

Le mieux qu'il lui restait à faire, c'était encore de raccrocher.

« Attends ne raccroche pas ! » s'exclama alors Kristen, comme s'il avait pu lire dans ses pensées.

Cela surprit Cory, qui du coup garda le combiné à la main.

« Tu me manques. » continua le jeune homme.

Alors ça, c'était risible. Cory soupira, désabusé.

Il fallait effectivement qu'il raccroche s'il ne voulait pas que cette discussion stérile continue.

« J'ai envie de toi. »

Cela le fit rire une fois de plus, et quasiment de bon cœur. Le gamin lui sortait de ces âneries…

« C'est une farce ? » demanda-t-il, parlant enfin.

« … Non.

- Ah vraiment ?

- …

- Si tu appelles pour de l'argent, j'ai aucune envie de t'en prêter.

- J'appelle pas pour ça.

- Pour quoi alors ? Pour me ridiculiser ? Te moquer de moi ?

- Non je…

- On a rompu je te rappelle. Tu n'as plus le droit de me téléphoner ni d'entrer dans ma vie comme bon te semble et quand tu en as envie.

- …

- Je ne veux plus jamais entendre parler de toi, au cas où je n'aurais pas été assez clair.

- … »

Cory attendit que le jeune homme réponde, mais cela ne venait pas et cela l'énerva.

« Bon ciao !

- Att… »

Il raccrocha le combiné en colère.

Se croyait-il donc tout permis ? N'avait-il aucun respect pour lui ? Il osait le relancer alors qu'il lui avait clairement dit non ? Il était donc égoïste à ce point ?

Cory soupira.

Quand Kristen avait dit « J'ai envie de toi », il avait réagit. Son corps était encore soumis au son de sa voix. Il n'était pas guéri, il fallait se rendre à l'évidence. Le jeune homme lui faisait toujours de l'effet, même s'il s'acharnait à le nier.

Il était exaspéré. Ce petit idiot l'avait appelé. Impossible maintenant de ne pas penser à lui, à leur moments tendres, aux nuits d'ivresse qu'ils avaient partagé. Impossible de ne pas frissonner en repensant aux caresses, à sa peau velouté, à ses cheveux sur son visage, à ses mains fines aux longs doigts, à sa taille svelte et ses épaules délicatement ciselées.

Cory reposa son plat et ses baguettes sur la table basse, se pencha en avant et posa sa tête sur ses genoux en soupirant. Il était excité et frustré. Il lui en voulait. Il n'avait plus le droit de le faire souffrir. Son cœur n'était pas un paillasson, quand est-ce que ce garnement allait le comprendre ?

Il décida de sortir. Kristen venait de lui gâcher son humeur paisible, et il ne doutait pas qu'il aurait un mal fou à trouver le sommeil cette nuit. Autant qu'il sorte. Maintenant qu'il avait envie de faire l'amour, il n'avait plus qu'à trouver une proie suffisamment attirante pour le satisfaire ce soir. Et le Cata-Bar semblait l'endroit idéal pour découvrir la perle rare.

Il se changea rapidement, mettant sa plus belle chemise noire près du corps et un pantalon aux reflets un peu métalliques, noir lui aussi. Il arrangea sa coiffure de façon à donner un style jeune à ses cheveux noir de jais, se parfuma et accrocha son collier noir à petites pointes autour de son cou. Il enfonça ses trois boucles d'oreille dans le lobe de son oreille gauche et sa bague à son pouce droit, ainsi que son bracelet en argent massif en forme de sirènes enlacées. Ce soir, il serait gothique. Rien de telle qu'une soirée parmi les créatures de la nuit pour trouver des spécimens d'une rare beauté. De plus, les gens étaient spécialement doux et gentils dans ce genre de soirée. Et il avait envie de tendresse…

Il prit son portefeuille et ses clés, enfila sa grande gabardine noire, et sortit après avoir vérifié dans la glace qu'il avait bonne allure.

Il avait finalement passé une bonne soirée. Le garçon avec qui il avait partagé sa nuit s'appelait Ludovic. Il était roux aux yeux bleus, mince et avec un énorme tatouage sur le bras gauche, qui remontait jusqu'à l'épaule et descendait un peu dans le dos. Pas un dragon, plutôt une salamandre, l'élémentaire du feu. Il devait avoir dans les vingt-cinq ans, il ne lui avait pas demandé son âge. Bien sûr, il avait un corps d'athlète. Cory prenait très soin de son corps, et il n'admettait pas que son partenaire ne fasse pas de même. Le jeune homme n'avait pas trop bu durant la soirée, ce qui fait qu'il n'avait pas été violant ni maladroit pendant leurs étreintes. Cory avait eu exactement ce qu'il voulait : un peu de tendresse pour assouvir son désir charnel. Ils ne s'étaient pas échangés leurs numéros de téléphone respectifs. Ils s'étaient bien entendu, et ils remettraient peut-être cela à l'occasion, mais ce n'était pas de l'amour qu'il y avait entre eux, loin de là. Au plus, ils seraient de vagues connaissances sympathiques, avec qui il est toujours agréable de boire un verre de temps à autre. Lorsqu'il remercia le jeune homme, au moment de se séparer, après le petit déjeuner, Cory était plus que sincère. Bien que pas à la hauteur de son précédent amant, le jeune homme avait tout de même réussi à lui faire sortir Kristen de la tête. A présent, il repartait un peu plus confiant sur le long chemin de la guérison de son cœur. Il avait de nouveau la force d'aller de l'avant.

A suivre…

Dancelune, 26 février 2004.