17. Vengeance pleine d'espoir


Le regard couleur d'améthyste errait sans but sur le plafond blanc. Il y avait déjà deux mois que sa vie était partie en fumée. Elle n'avait pas assisté aux funérailles. Elle savait, de toute manière, qu'elle ne lirait pas sur la tombe le nom qu'elle souhaitait lire. Elle y verrait le nom haï d'Ismaël. Parce que tout était de sa faute. Ce qu'il y avait eu de bien, comme les conséquences désastreuses qui avaient suivi. Elle avait appris à la fin du mois d'avril qu'elle était enceinte, et elle avait perdu l'enfant au début du mois de juin. Elle lui avait quand même donné un nom, bien qu'il ne fut jamais né, et la nuit, elle rêvait de lui, Laël, et de son père, Sebastian. La nuit, dans ses rêves, c'était le seul moment de bonheur qui lui restait désormais.

Aujourd'hui, le vingt-cinq juin, on célébrait les deux mois de l'accident. Parce que tout le monde croyait à un accident. Même Ewald y avait cru. Ewald…On pensait aussi à lui, aujourd'hui, parce qu'il était mort. Il s'était suicidé avec son arme de service, ne supportant pas la mort de Gil. Thomas, lui, avait choisi la fuite. Sous prétexte d'un voyage professionnel, il était parti pour trois semaines au Japon. Il n'était jamais rentré. Maintenant, elle était presque totalement seule.

Bien sûr, il restait toujours sa mère, mais Rose semblait avoir vieilli de dix ans en deux mois. Elle aussi avait apprécié les quatre amis de sa fille de leur vivant, et à elle aussi ils lui manquaient. Elle ne suivait plus ses cours de poteries, ni ceux de photographie, elle vivait au grenier du manoir, se terrant dans le passé heureux où elle vivait avec sa petite fille et son mari. Elle avait redescendu toutes les affaires de William, son époux défunt, dans le bureau du troisième, et les robes du grenier dans une petite chambre du deuxième étage. Dans le manoir, tout semblait vide et mort, autant que les yeux de ses deux habitantes. Même Death passait son temps à dormir. Rien ne le terrorisait plus, maintenant. La maison avait perdu tout éclat, et elles y survivaient, presque sans se voir ni se parler, par habitude et par besoin de s'enfermer dans un monde qui leur avait été enlevé.

Bérénice recommençait à vivre, aidé par Stephan, qui n'avait pas été inquiété. La police avait cru à un incendie accidentel, amplifié par la présence de nombreuses bouteilles d'alcool à l'intérieur du bâtiment. Seule Lux n'y croyait pas, et n'y avait jamais crû, parce qu'elle savait ce qui avait lié la blonde à Ismaël et Stephan, elle connaissait leur pari, Thomas lui avait tout raconté, et Sebastian avait appuyé les dires de son descendant avec ce qu'il avait appris en brutalisant Ren puis en prenant possession d'Ismaël. Ce n'était pas un accident. C'était un double meurtre suivi d'un incendie volontaire. Et bien qu'elle fut la seule à le savoir, elle s'était promis une vengeance.

Rose regarda la pendule. Quinze heures. Elle se tira de sa chaise, sans volonté, lança un derniers regards aux images qui étaient sur le bureaux, les seules qui avaient été conservés par elle et son mari, et fila à la salle de bains. Comme prévu, Lux était là, hagarde. Sous tranquillisants depuis l'incendie du Crying Angel, à des doses telles qu'elle tenait plus du tas de chair que de l'être humain. Mais Rose était comme toutes les mères. Mieux valait l'asthénie que la mort de sa fille… Néanmoins aujourd'hui, sa fille était un peu différente, des larmes brillantes glissaient le long de ses joues.

« Tu as oublié tes médicaments, mon bébé ? »

Le regard que la malade lui lança la rassura. Non, il était aussi vide qu'à l'habitude, elle les avait pris, c'était évident. Les larmes devaient venir d'ailleurs… Elle descendit à la cuisine et prépara la troisième dose de pilules de sa fille, puis remonta pour les lui donner. Comme d'habitude, depuis trois semaines, elle les donnait à Lux, avec un verre d'eau, et la jeune fille les prenait elle-même. Elle lui dit, juste avant de quitter la sale de bains.

« Tu viendras à mon bureau, mon bébé, j'ai quelque chose à te montrer, si tu veux bien. »

L'adolescente hocha la tête et la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. Alors elle but le verre d'eau, et jeta les comprimés dans le lavabo. Il y avait déjà quelques semaines qu'elle ne prenait plus ses médicaments. Elle avait commencé par ceux du soir. Ils l'empêchaient de rêver. Puis tous les autres avaient suivi. Elle voulait avoir les idées claires, pour préparer son plan. Sa revanche. Et ce serait pour ce soir.

Du revers de la main, elle chassa les dernières larmes. Sentir le dénouement approcher la rassurait tellement… Elle se redressa avec peine et marcha lentement vers le bureau. Sa mère l'y attendait, des photos anciennes étalées sur la table de travail, face à elle. Elle lui adressa un regard souriant quand elle la vit. Lux ne lui rendit pas. Rose devait être convaincue qu'elle prenait ses cachets.

La voix éraillée de sa mère la rappela à la réalité.

« Regarde, Lux, regarde ces portraits… »

Lux baissa les yeux, et eut cette fois du mal à retenir ses larmes. Des portrais de Sebastian. Une petite dizaine de portraits, de son enfance à sa mort. Il y avait une aquarelle d'un Sebastian âgé de cinq ou six ans, un où il devait avoir environ douze ans. Les autres dataient de la fin de son adolescence. Il y avait même le portrait qu'on avait fait de lui, après sa mort, comme la tradition l'exigeait.

« Ne trouves-tu pas étrange qu'il ressemble tant à Ismaël ? »

L'adolescente resta interdite.

« Je ne sais pas comment vous avez fait, mais je sais que vous l'avez fait, Lux. C'est toi qui me l'a avoué, malgré toi. Tu réclames toujours un certain Bastian dans ton sommeil. Je n'ai jamais connu d'Ismaël Healson, n'est-ce pas ? C'était lui… »

Les yeux violets se fixèrent sur le portrait où il souriait, le seul. Ingrid était à ses côtés. Oh, bien sûr c'était un sourire discret, loin des sourires de magazines, mais c'était un sourire. Il avait dû se faire reprendre par ses parents, après ça. Il n'était pas du meilleur ton de sourire sur un portrait, à l'époque. La jeune fille à ses côtés, elle, ne souriait pas. Son visage était doux et agréable à regarder, moins que celui de son frère, mais elle était néanmoins très jolie. Son chignon d'une élégante simplicité mettait en valeur ses yeux qu'on devinait plutôt clairs, malgré la monochromie.

« Je l'avait reconnu, dès l'instant où je l'ai vu… Comment avez-vous fait, Lux ? »

La jeune femme ne dit rien. Personne ne devait savoir. Ses doigts tracèrent le contour de ce visage qu'elle avait tant aimé et aimait encore, sur l'un des portraits, mais elle ne garda le silence. Elle réussit même à retenir ses larmes quand sa mère lui demanda de conserver les daguerréotypes. Elle réunit les clichés, et s'apprêtait à partir quand Rose lui dit :

« Tu n'as pas eu de chance, Lux. Mais tu n'as même pas vingt ans. Patiente. La vie te rendra un jour au centuple ce qu'elle t'a pris… »

Lux resta muette. Son regard caressa les affaires de son père qui avaient été descendues ici, s'arrêtant sur les armes de collections et leurs munitions. Elle se souvint de William, lui disant qu'elle ne devait pas y toucher, parce que ces choses tuaient les petites filles, et qu'il ne voulait pas perdre sa petite princesse. Elles étaient toutes en état de fonctionnement, et c'était ça qui faisait leur valeur…

L'adolescente détourna le regard et retourna à pas lents vers sa chambre. Une fois enfermée à l'intérieur de celle-ci, elle laissa sa douleur sortir, regardant les portraits de Sebastian. Mais un sourire discret glissa entre les larmes. Elle avait trouvé la clé de voûte de ses représailles.

Vers vingt et une heures, la jeune femme se dirigea vers le troisième étage. De la lumière filtrait encore sous la porte, elle décida de frapper et attendit. Rose vint lui ouvrir quelques minutes plus tard, les yeux ensommeillés. Elle lui déclara sans détours :

« Maman, aide-moi à enfiler la robe de mariée…

-Mais chérie enfin elle…

-J'aimerais tant pouvoir ressembler à une princesse… S'il te plaît… »

Rose dévisagea sa fille. Certes, le psychiatre lui avait parlé des nombreuses conséquences possibles du traumatisme, mais elle ne pensait pas que cela irait jusque là. Prenant pitié de sa fille, elle la conduisit cependant au deuxième étage et l'aida à enfiler la robe.

Malgré les années, elle allait si bien à la jolie jeune femme qu'on eut pu croire qu'elle avait été taillée pour elle. Lux refusa de l'enlever, et sa mère n'insista pas. Après tout, un moment de bonheur n'avait pas de prix… Quand elle gagna sa chambre, sa fille portait toujours la robe ivoirine qui avait été crée pour Victoria, et Rose s'endormit sans se soucier plus de son sort. Après tout, aussi ancien et précieux soit-il, ce n'était qu'un chiffon qui ne valait pas un enfant.

Ce qu'elle ignorait, c'est que Lux avait commencé, en enfilant la robe, à prendre sa revanche. Elle se répétait sans cesse son plan. La robe, contre Victoria et Ingrid, les armes, contre Bérénice et Stephan. La robe, contre Victoria et Ingrid, les armes, contre Bérénice et Stephan, la robe…

Elle passa chercher dans le bureau une arme et des munitions appropriées, assez pour mener à bien le plan, et descendit discrètement au rez-de-chaussée. Elle enfila rapidement une paire de chaussures, vola les clefs de la voiture de Rose, et laissa sur le bloc-note du salon un mot pour sa mère. Lorsque tout fut prêt, elle fit ses adieux aux lieux, et quitta le manoir en voiture.


Eve Hystelios jeta un regard surpris vers sa fenêtre quand la lumière de phares l'éclaira. Il était tard et elle n'attendait personne, Bérénice et Stephan étaient tous deux aux premier, et pourtant, on frappait à la porte. Elle glissa un marque-page dans son livre, le déposa sur la table basse et alla ouvrir.

Elle retint un cri d'effroi en voyant celle qui l'attendait derrière la porte. Lux, en robe de mariée démodée, pointait vers son front un revolver ouvragé. La quinquagénaire n'eut pas le temps de parler que le coup partait avec un cliquètement. Son corps fit un bruit sourd en glissant au sol.

De manière quasi aristocratique, Lux enjamba le cadavre, et se dirigea vers le premier étage, où l'on poussait déjà des cris et où toutes les lumières s'étaient allumées. Elle monta lentement les escaliers, désireuse de déguster cette vengeance qu'elle avait attendue longtemps, trop longtemps à son goût.

Un bruissement de tulle fit se retourner en même temps Stephan et Bérénice. Les yeux violets qui les fixèrent alors semblaient flamboyer de haine, et le sourire sardonique qui étirait les lèvres roses de Lux ne fit qu'accroître leur terreur. Elle se mit à parler, lentement, d'un ton détaché et cruel. Leur terreur atteignit son paroxysme quand Bérénice vit, sous la lumière crue du néon, le sang qui maculait le bas de la robe de mariée. Ils n'avaient aucune chance, parce que c'était la haine qui l'animait. Et parce qu'elle n'avait plus rien à perdre.

« Vous allez mourir, dans la seconde…»

Stephan essaya de fuir le premier, mais n'eut pas le temps d'aller très loin. Lux s'avéra adroite dans le maniement de son arme et elle tira une balle dans chacun des genoux de l'éphèbe qui s'effondra au sol en geignant. Une mare de sang commençait à inonder le carrelage blanc qui couvrait le sol, et le galon de dentelle qui rehaussait le bas de la robe d'ivoire prenait une teinte de plus en plus rouge. Mais Lux n'y prêta pas attention. Elle se retourna et Bérénice, adossée au mur pâle du couloir et lui lâcha, en la tenant en joue :

« Tu vois, Ren… Il y a ce mur, il y a toi, il y a moi, et la seule issue est derrière moi… Mais tu crois peut-être que je vais te laisser sortir ? Tu rêves, ma pauvre Bérénice… Tu rêves. Non, regarde plutôt ceci. Mais d'abord… »

L'adolescente en robe de mariée appuya encore sur la gâchette, perforant l'abdomen de celle qui avait été son amie, et qui avait détruit sa vie. La blonde glissa le long du mur, laissant une trace sanguinolente sur la paroi.

« Je ne voudrais pas que tu partes quand j'aurais le dos tourné, ma chérie… Mais regarde, tant que tu peux encore regarder…»

La jeune femme au regard violet retourna vers Stephan et lui dit à l'oreille quelque chose que Ren ne comprit pas, puis elle saisit à pleine main la chevelure châtain de sa prochaine victime, le forçant à relever la tête, et déposa le canon du pistolet sur la pomme d'Adam du garçon, et commença à compter avec une lenteur sadique.

« Cinq…Quatre…Trois…Deux…Un…Bye… »

Elle avait appuyé sur la détente en soufflant le dernier mot, mais le coup ne partit pas. Elle rit en regardant le revolver et dit d'un air faussement contrit au jeune homme qu'elle tenait toujours par les cheveux.

« Oups ! J'avais oublié la sécurité… »

Un déclic confirma aux victimes le sort qui les attendait. La meurtrière, comme folle, reprit son décompte, une lueur de sadisme pur faisant briller ses yeux, leur donnant une couleur plus étrange encore.

A la fin du compte à rebours, la balle traversa le cou de Stephan, et son sang souilla le jupon ancien de son assassin. Dès qu'elle lâcha prise, il roula au sol, mort. Lux soupira, un soupir de lassitude mêlée de soulagement, puis se détourna, vers Bérénice. Elle n'adressa pas un mot à la blonde, se contentant de s'accroupir, de la regarder longuement dans les yeux. La jeune femme tentait vainement d'empêcher la plaie de son ventre de saigner, en la pressant ses deux mains, et c'est avec difficulté qu'elle soupira, entre ses larmes :

« Lux…Pitié… Pitié… »

L'interpellée éclata d'un rire faux, et déclara d'un ton badin en posant le canon de son arme entre les deux yeux de sa victime :

« Tu vois, sous mon arme, il y a ton troisième œil. Puisque tu n'as jamais réussi à le faire seule, laisse-moi te l'ouvrir, grâce à ma petite machinerie magique… »

Elle tira, sans la moindre lueur de pitié dans les yeux, et Bérénice s'effondra, gardant les yeux ouverts dans une expression terrifiée, aussi morte que les deux autres habitants de la maison.

Lux regagna la voiture avec un calme olympien. C'était fait, elle avait eu sa vengeance. Trois meurtres, elle venait de dépasser Bastian… L'idée la fit sourire… Bastian, son bel ange, qui devait l'attendre, quelque part…

Presque inconsciemment, elle roula jusqu'à l'ancien cimetière, dont elle força la grille, pour courir jusqu'à la tombe de celui qu'elle avait aimé. Celui à cause de qui elle était maintenant une meurtrière. Mais elle s'en moquait. Pour elle, elle n'avait fait que venger Gil, Ewald, Laël et surtout Sebastian. Pourtant, une pointe de remords la saisit quand elle s'agenouilla sur la tombe, mêlant au sang qui souillait déjà sa robe autrefois si belle et si pure la terre du cimetière sous laquelle reposait la dépouille de celui qu'elle avait aimé. Elle déposa le portrait de lui qu'elle avait emmené sur la pierre tombale et lui parla, comme s'il s'agissait de Sebastian lui-même :

« Mon ange, aujourd'hui j'ai tué. Peut être que… Que Bérénice ne le méritait pas… Pas plus qu'Ingrid… Peut être qu'en fait, les méchants dans l'histoire, c'était nous… Ou peut être qu'il n'y avait pas de méchants…Ou qu'il n'y avait que cela… Oh, mon amour… Maintenant, je veux que tout ça finisse, je veux te rejoindre, attends-moi, s'il te plait, attends-moi de l'autre côté… Tu vois…Maintenant je pleure…J'aurai besoin de toi, de l'autre côté, sur l'autre rive, besoin de toi pour sécher mes larmes…Je…J'arrive, mon amour… »

D'une main tremblante, elle rechargea le revolver, et le retourna contre elle, pointant contre son cœur le canon, puis elle s'allongea complètement sur la dalle, pris plusieurs respirations profondes, et enfin, fermant les yeux, elle appuya de toutes ses forces sur la détente.

« Sebastian… »


Carol Hewitt venait de prendre son poste quand l'un de ses collègues vint lui demander, un journal à la main :

« Dis… C'est pas l'ado qu'on a eue à Halloween, celle qui était devenue muette ? »

Elle examina la photographie de la première page, sans penser à lire le titre, et répondit par l'affirmative. Sa collègue lui répondit, l'air dépité :

« C'était bien la peine, tiens…

-Peine de quoi ?

-T'es pas au courant ? On ne parle que de ça depuis ce matin, un triple meurtre sans mobile. Elle, sa mère, et un mec qui vivait chez elle. Assassinés par une fille de sa classe… La jeunesse devient vraiment folle, de nos jours… Tiens, je te le laisse »

Carol parcourut des yeux l'article, on y racontait que l'assassin, une fille de dix-huit ans, avait été retrouvée au cimetière de Grave Hill, en robe de mariée du milieu du dix-neuvième siècle, suicidée sur la tombe d'un certain Sebastian Guerlisham, mort en 1849. Ce qui avait le plus inquiété les enquêteurs étaient le portrait du défunt, retrouvé sur la tombe, aux côtés de la meurtrière. Dans un encadré, on parlait de la personnalité instable de Lux Nurray et particulièrement de ses consultations psychiatriques… Mais ce qui attira l'attention d'Hewitt fut la photo du mort, présenté sous l'article, avec les portraits des trois victimes. Elle eut un hoquet de surprise et héla sa collègue qui accourut de suite.

« Ce mec…C'est qui ?

-Le gars sur la tombe duquel elle s'est suicidée, pourquoi ?

-C'est dingue… C'est son clone !

-Son clone ? »

Hewitt ne répondit pas, mais elle était sûre d'elle, de toute façon, sa mémoire visuelle ne la trompait jamais. Et le jeune homme de la photo ressemblait presque traits pour traits à celui qu'elle avait surpris dans la chambre de Bérénice, en novembre dernier…


Lorsqu'elle sortit de son lit, Rose fut surprise de ne pas entendre sa fille. Elle regarda l'heure. Dix heures trente-huit. Décidément, ses somnifères étaient terriblement efficaces… Son estomac grogna, elle partit donc vers la cuisine. Mais un mot sur la table du salon attira son regard. L'écriture de Lux courait sur la petite page, des mots tracés à l'encre noire, pour elle.

« Chère maman,

Ce soir, je vais résoudre tous mes problèmes, puis je vais le rejoindre. Nous allons nous marier, maman, mais pas juste pour la vie, comme c'est la tradition de ce côté de la Vie, mais pour toujours. J'irais le rejoindre dès que tout sera terminé.

Adieu ma petite maman, souhaite-moi bonne chance ! Je serais toujours là. Après tout, on est toujours vivant tant qu'on est dans le cœur d'un vivant. Je sais que tu me garderas. Mais je dois les rejoindre… Papa, Laël, Gil, Ewald, et surtout Bastian… je vais réaliser le rêve de ma vie, je vais épouser Bastian.

Félicite ta petite fille, maman, elle sera heureuse pour toujours…

Je t'aimerais très fort jusqu'à la fin des temps, quoi que tu penses de moi.

Lux Nurray Guerlisham. »

Ses larmes glissèrent sans même qu'elle s'en rende compte. Pour elle, maintenant, chaque but avait été manqué. Pour elle, tout était fini. Sans savoir quoi faire d'autre, elle pria, pour Lux, pour que l'enfant malchanceuse connaisse, cette fois, un nouveau départ heureux, où qu'elle puisse être…

-Fin-