Mouche ? Quelle mouche m'avait piqué ? Moi ?! Joshua, je croyais pouvoir tenir une conversation avec ce monstre, ce fou ? Cet homme qui avait a priori un QI de 100 au dessus de la moyenne… Attendez une minute… Et moi ? Ah non, à peine au dessus de la moyenne… Il fallait donc que je sois prudent et que chacune de mes paroles soient pesées, calculées. Tout comme il devait le faire de son côté.
Le regard glacé ne me quittait malheureusement toujours pas et je ne pus m'empêcher de penser qu'il y avait une certaine ressemblance avec Angel. Une vigilance de tous les instants et qui devait voir à travers moi. Je me retins de déglutir la boule qui me serrait la gorge et inspira profondément. La partie ne faisait que commencer !
« Le petit homme qui jouait au cow-boy est devenu grand à ce que je vois. Un peu plus de calme et de retenu. »
Il ricana.
« C'est bien. Il faut dire que j'ai beau aimé les belles petites infirmières… »
Il laissa planer volontairement un long silence plein de sous entendus et de menaces avant de continuer.
« La nourriture n'y est pas terrible… Et je préfère de largement ta venue aux petites blondes.. »
Je lui
cassais la figure quand ? Là ? Maintenant, tout de
suite ? Ou j'attendais encore… Allez, pour Mr Cain, mon cher
patron, j'allais tenir encore un peu.
Mes mains me faisaient
mal tant je me forçais à ne pas les bouger.
« Profites-en –répliquais-je d'une voix calme- Qui sait de quoi est fait ton avenir… ? »
Je me penchais délibérément au dessus de la tête, plongeant au plus profond de ses prunelles. Je réduisais la distance entre nous, ce qui n'était pas pour me faire plaisir, mais aux grands maux les grands moyens.
Une ligne fine dessina mes lèvres, amusée.
« Ah ! Pardon, c'est vrai, ton avenir… Tu n'en as plus et… »
Vivement, le visage s'était rapproché de moi de façon à ce que la distance minimale ne soit plus respectée. Je sentais maintenant son souffle sur mes lèvres, une légère odeur de tabac s'en dégageait. A mon grand regret, il ne empestait pas comme son âme devait l'être. Une fragrance de… cannelle.
Ma mâchoire s'était serrée et je souffrais de ne pas pouvoir reculer sans perdre la face. Malgré cela, un frisson glacial me traversa. J'avais déjà fait mieux comme interrogatoire.
« Oh.. »
Ses longs doigts qui avaient été si souvent tâché de sang me caressèrent la joue pour finir sur les lèvres que je maintenais fermer, résistant à l'envie fugace de mordre ces doigts tel un chien.
« Petit homme est devenu un grand.. Il n'a plus froid au yeux… -sourire malsain- bien… Très bien…Ca n'en sera encore que plus amusant… »
J'écarquillais les yeux, instinctivement. Il y avait là un indice qui venait de m'être donné. Lankdok n'était pas innocent à mon affaire. Il savait quelque chose.
« Tient… Ce que je dis semble t'intéresser, mon beau bourreau… »
A cela, il recula, pour se remettre confortablement sur sa chaise, me laissant là, limite hébété et cherchant les mots. Je me rendais compte que je n'étais pas du tout prêt à cette rencontre. D'autant plus que son attitude n'aidait en rien.
Lentement, essayant de trahir le moins possible ma déconvenue, je me radossais à ma chaise, en silence, furieux contre moi.
Qu'était-je à ses yeux ? Un jouet de plus ?! Rien de plus ? Aucune menace en tout cas ! Moi qui voulais tout contrôler, je venais de faire la plus grosse bourde de ma vie.
La pièce retentie d'un calme pesant, gênant.
« Alors…Que veux tu savoir, mon petit ange ? Je suis près à t'aider…Bien entendu, sous certaines conditions. »
La conversation avait reprit sous forme de négociation, un domaine que je maîtrisais plus. J'omis de faire abstraction de 'petit ange' et réussit à répondre, avec une assurance qui m'étonna un peu.
« Ne rêves pas, Lankdok, tu ne sortiras jamais d'ici ! »
A nouveau, ce ricanement.
« Qui a dit que je voulais sortir ? Non… Une bien meilleure idée… et en plus, cela ne concerne que toi.. Toi seul peux obtenir les réponses. Et personne d'autre.
Je t'écoute.
De temps en temps, j'ai le privilège d'avoir un repas un peu différent avec mes proches. Malheureusement.. ; »
Il fit une mine de martyre, ne me quittant pas de son regard pervers.
« Malheureusement, je suis triste… Personne ne vient me voir. C'est pourquoi j'ai décidé que ce sera toi… »
Non, non, pas de panique, tout va bien. J'avais du mal entendre.
« Oui, un dîner avec toi, entre ces quatre murs et avec une surveillance derrière la porte d'un gardien, bien entendu, mon petit ange doit se sentir en sécurité. »
C'était confirmé, cet homme, je le haïssais !
San répondre, je me levais et toujours guidé par mes réactions spontanées, je quittais la pièce, bien décidé à ne plus jamais remettre les pieds dans cette prison maudite.
Alors pourquoi j'y suis retourné quelques minutes plus tard, me direz vous ?
…
Parce que un certain Angel y avait mit son grain de sel. En effet, comment aurais-je pu m'attendre à ce qu'il soit derrière la porte, à écouter nos échanges et prêt à faire quelques petites remarques sur ma façon de faire..