-1Chapitre 13
Finalement, il se fait tard donc nous nous mettons en route afin de retourner chez nous. Je me repose tranquillement sur le siège de la banquette avant tout en changeant parfois de poste de radio. Max continue de sourire au moindre geste que je fais. J'ai l'impression qu'il trouve le moindre de mes faits mignon. C'est étrange. Je ne me suis jamais sentie aussi observée de ma vie.
Je la laisse sur Radio Énergie car il y a de bonnes chansons qui passent à cette heure-ci. Je crois qu'ils ont décidé de mettre de la musique des années 70 à 90, car c'est Stairway to Heaven qui joue présentement. Je ferme les yeux et me laisse attendrir par le rythme de la musique.
And she's buying a stairway… to heaven…
- Vraiment bonne c'te toune-là, fait remarque Max.
J'acquiesce, trop fatiguée pour répondre. Je frotte un peu la tête contre le dossier afin de trouver une position plus confortable. Juste au moment où je la détiens, «elle» passe à la radio.
Well it seemed like yesterday
When the world was looking dark, it felt so cold and grey
And why the Hell am I even here?
What's the purpose, all I feel is guilt and hate and fear
Cela me réveille complètement. Je suis incapable de me reposer. Je vois Max encore en train de la fredonner. Coudons, est-ce qu'il la connaît par cœur lui aussi?!
Hey little girl, look what you do
Oh I love you
Hey little girl, I love you
- Je peux savoir comment se fait-il que tu connaisses cette chanson?
Il arrête de chanter, me regarde dans les yeux avant de me répondre:
- Mon père a le CD et c'est une des tounes qu'il aime le plus.
- Ouin O.K.… ton oncle Théo a aussi l'air de l'apprécier… fais-je remarquer.
- Oui, c'est une petite toune qu'il chante très bien. Bah, c'est un peu normal puis qu'il est chanteur dans un groupe.
- Ouais, il chante super bien! Est-ce que c'est à cause de sa carrière que lui et Sarah n'ont que deux enfants de grande âge de différence?
- Ouin… je crois…
- Au moins, ils ne se font pas trop achaler.
- Ouin bien aussi calme que puisse paraître Théo, quand il décide de quoi, il le fait. Alors, si la presse s'approche de ses enfants, watch out!
- Ouais…
Je continue d'écouter la chanson alors que Max continue de la chanter. Nous restons silencieux le reste du temps. Je ferme les yeux peu à peu. Lorsque nous sommes arrivés, je me réveille soudainement. Vous voyez, nous avons parfois cet instinct qui nous réveille dès le bon moment. Je me rends compte que nous sommes chez moi… et que la soirée est finie.
- J'ai passé une super belle soirée, dis-je une fois que nous sommes devant la porte de ma maison.
- Pareil pour moi, me répond-il doucement.
- Merci, je ne l'ai vraiment pas regretté.
- Content de l'entendre.
Il lâche mes mains avant de se retourner pour aller à sa voiture. J'ai l'impression qu'il veut respecter notre «trêve», car il ne pousse pas les choses. Qu'est-ce que je dis là? Nous ne sommes même pas attirés l'un vers l'autre et je pense à pousser les choses?
- Attends!
Il se retourne et me regarde étrangement, cherchant à découvrir mon intention. Avant qu'il ne puisse dire le moindre mot, je lui saute au cou et l'embrasse sur la joue. Il semble un peu pris au dépourvu mais je le sens sourire et… rougir?
- Passe une bonne nuit, je lui murmure.
- Toi aussi, me dit-il.
- Ne t'en fais pas pour ça, je me remémorerai le moindre détail de cette soirée!
Nous nous sourions puis il réplique:
- Moi aussi… moi aussi…
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Je me réveille à nouveau avec l'impression de sortir d'un beau rêve. Mais lorsque je me regarde, je remarque que non. Hier soir, j'étais trop fatiguée pour me changer, donc j'ai gardé les mêmes vêtements. Eh bien, voilà où la folie peut vous mener!
Je me lève et tire les rideaux de ma chambre afin de laisser entrer le plus de soleil possible. Je suis d'une merveilleuse humeur. Pour moi, la vie est belle, le soleil brille, les oiseaux chantent… cliché n'est-ce pas? Eh bien, c'est ce que je ressens! Finalement, peut-être que les télé-séries américaines ne sont pas si fictives que ça!
J'entends des coups à ma porte.
- Entrez! dis-je.
Je vois mes sœurs entrer en compagnie d'Aurélie. Oups! Je les avais oubliées celles-là. Le paradis ne dure jamais longtemps… Elles semblent avides de connaître les détails de ma soirée d'hier.
- Qu'est-ce que vous voulez? je leur demande pareil.
- D'après toi? me questionne Leia en levant les yeux au plafond.
- Mmm… qu'est-ce que je vais préparer pour déjeuner?
- N'essaie pas de changer de sujet, Cailin Beaulieu, on veut tout savoir!
- Bon d'accord… alors, je suis née le dix-sept juillet…
- NON! Celle-là, on la connaît déjà! s'écrie Maryka. On va savoir ce qui s'est passé hier.
- Il ne s'est rien passé hier, dis-je sur un ton réservé et malicieux.
- Ah allons, ça concerne mon frère aussi à ce que je sache, intervient Aurélie.
Je m'arrête net et me retourne vers elle.
- Si tu tiens tant que ça à savoir quelque chose, pourquoi ne vas-tu pas lui poser toi-même?
- Ah mais je suis sûre que tu lui as fait jurer de ne rien dire, se plaint Leia.
- Non, non, dis-je. Je ne lui ai rien fait promettre. Il peut tout vous raconter s'il veut.
- Ah cool alors! Les filles, on va chez moi? s'exclame Aurélie.
- Ouais!
Je vois les filles se précipiter à la salle de bains pour se préparer. Elles se dépêchent ensuite de se changer et filent chez les Desmarais à la vitesse de l'éclair.
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J'ai appris par la suite que Max n'avait rien dit… comme j'avais prévu! Je ne sais pas, j'avais l'impression que ce gars ne parlait pas trop de sa vie privée. En effet, j'avais raison. Les filles sont un peu frustrées, mais elles oublient vite cette défaite dès qu'elles voient le gâteau au chocolat que j'ai préparé. S'il y a bien une chose que j'adore, c'est le chocolat! J'en suis totalement dépendante… et je ne prends même pas une livre!
- Whoa! Merci Kay! disent en chœur mes sœurs, Aurélie et Melody.
- T'en a fait pas mal, me fait remarquer Melody.
En effet, je ne trouvais pas de moule à gâteau plus petit donc, j'ai pris le plus gros. Heureusement que j'avais assez d'ingrédients!
- Je peux en avoir d'autre? me demande Aurélie.
Celle-là, je ne la comprends pas. Elle mange comme quatre mais reste maigrichonne comme tout. Bon, j'ai dit que je ne prenais pas une livre, mais je suis tout de même bien enveloppée. Aurélie est plutôt maigre. Ça doit être dû aux heures et heures de sport qu'elle pratique tous les jours.
- Hé Kay! On pourrait partager le gâteau avec d'autre monde, non? propose Maryka.
Je la vois venir celle-là…
- Qui veux-tu inviter?
- Ben j'sais pas… genre Cassie, Tommy, Étienne, Justin, Lou-Ann… Max?
Il me semblait aussi…
- Je ne vois pas de problème, dis-je en essuyant le comptoir.
Les quatre filles arrêtent de manger et me regardent toutes avec des yeux ronds. J'ai l'impression soudaine que c'est moi l'extraterrestre dans cette pièce.
- Quoi?
- T'as bien entendu toutes les personnes qu'on vient de nommer? redemande Maryka.
- Oui, dis-je d'un ton affirmatif.
- O.K…
Je roule les yeux et continue de nettoyer pendant que les filles font des téléphones. Des fois, je me demande si je ne suis pas trop généreuse de laisser ainsi entrer plein de monde dans notre maison pour manger mon gâteau.
Cela ne prend pas cinq minutes avant que ça sonne à la porte. Je vais ouvrir et j'y découvre le reste des enfants Desmarais et Alexanne avec ses enfants. Je suis un peu abasourdie mais me reprend très vite.
- Entrez! dis-je avec un sourire.
On dirait quasiment que c'est une fête.
Alexanne m'aide à servir les assiettes (de plastique car je n'avais pas envie de faire la vaisselle). De petites parts pour Lou-Ann, Justin et Cassie, de moyennes pour Tommy, Étienne et Alexanne, et une énorme pour Max. Finalement, il a raison; il ressemble vraiment à son père.
Je le vois se diriger vers l'entrée avec son assiette. Il ouvre la porte et j'assume qu'il s'assoit sur le perron. Je me dépêche de prendre un morceau et vais le rejoindre.
- Salut! je m'exclame.
Il fait le saut et se retourne, surpris.
- Qu'est-ce que tu fais là? me demande-t-il.
- Eh bien, aux dernières nouvelles, c'est toujours chez moi ici, ne puis-je m'empêcher de plaisanter.
- Ouais je sais… mais…
- Je t'ai vu sortir et j'ai décidé de venir te rejoindre… à moins que je te dérange?
- Oh non! Vraiment pas! J'étais juste surpris, c'est tout.
- J'ai remarqué…
Nous mangeons silencieusement. Après un bout de temps, il me dit finalement:
- En passant, il est super bon ton gâteau!
- Ah merci, dis-je en rougissant.
Quelqu'un m'avait dit un jour que pour passer au travers du cœur d'un homme, il fallait passer par son estomac…
- C'est vraiment toi qui l'a fait?
- Mouin…
- Eh bien, c'est vraiment réussi!
Quelqu'un m'avait aussi dit un jour que le chocolat était un aphrodisiaque…