Auteur : sofi
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Judas's Kisses

Judas, assis en tailleur sur le lit, regardait le ciel à travers les carreaux de sa fenêtre. Il faisait gris et le soleil ne se montrerait surement pas aujourd'hui. Après tout, la fin de l'été dans les pays de l'Est n'était pas vraiment réputé pour ses journées ensoleillées. Il avait fait un rêve étrange cette nuit. Il avait rêvé du passé. Et ce rêve lui avait enfin fait comprendre pourquoi le nom de la directrice de cette école militaire privée de Hongrie, réservée à l'élite des Pays Slaves Unis, dans laquelle le colonel l'avait déposé, lui semblait familier.

Il venait de fêter ses sept ans et cela faisait quelques mois déjà que Babel avait migré à Lviv, en Ukraine. La guerre civile aux Etats-Unis s'essoufflait, le marché là-bas n'était plus intéressant et les Red Skins leurs avaient posé bien trop de problèmes. Pour l'Afrique mise à feu et à sang c'est Caïn, au titre de futur dirigent de la société, qui s'occupait de l'approvisionnement en armes des différentes tribus. L'Europe de l'Est avait un autre problème. Et un problème de taille.
Berzenski, vieux fou néo-nazi, avait pris le pouvoir en force et s'était installé sur le trône de la Russie. Mais à la différence d'Hitler, il bénéficiait de l'avancée génétique et avait crée des armées de clones. Soldats ignorant la peur et la douleur qui marchaient sans faillir sur leur ennemis.
Beaucoup de pays slaves étaient tombés sous son joug. Mais la Hongrie était le noyau dure de la résistance. Et c'est Babel qui leur fournissait les armes.
Ce jour là, Judas avait fini de lire le quotidien dont la une affichait sous le titre « En ce jour béni du 25 novembre 2074 le chef des Rebelles est mort » la photo d'un homme entrain de tomber sous les balles du peloton d'exécution.
Le front plissé en signe de réflexion, l'enfant était parti voir son père. Celui-ci semblait aussi soucieux que son fils.
-Père? Qu'allons nous faire maintenant que Martin Koureiev s'est fait fusillé ?
-Les Rebelles se battent encore. Sa soeur est maintenant à leur tête, elle vient de me contacter.
-Alors pourquoi êtes vous pensif?
-Je crois que je ne ferais pas payer la livraison cette fois.
-Parce que leur cause est désespérée? Ou parce qu'elle est juste?
-Surement un peu des deux, fils. Surement un peu des deux.

Judas s'ébroua pour revenir au présent. La sonnerie n'allait pas tarder à retentir. Il jeta un coup d'oeil à sa tenue: pantalon noir, chemise blanche et cravate noire à rayures verte, couleur que portait les élèves de première année. Le rouge correspondait aux secondes années, le bleu aux troisièmes et l'or aux seniors. Leurs professeurs ne portaient aucune distinctions, si ce n'est leur grade lorsqu'ils en avaient. L'adolescent poussa un soupir: au moins il ne partirait pas en manoeuvre avant quatre semaines. Il ferma la porte de sa chambre et sortit dans la cour de l'établissement. Il salua deux sophomores(1) qui passaient et rejoint les rangs.
Cela faisait trois mois maintenant qu'il était arrivé ici et il se demandait encore pourquoi le colonel avait agit ainsi. En le quittant, Parker lui avait juste demandé:
-Il va falloir te trouver un nouveau prénom... qu'est-ce que tu dis de Jean?
Judas avait acquiescé et le colonel avait sourit avant de fermer la porte de ce qui serait sa nouvelle chambre.

"Tu sais qu'il risque la pendaison pour haute trahison?"
Voilà ce que lui avait dit, un jour peu après son arrivé, madame Hélène Koureiev. La directrice lui avait alors sourit avant d'ajouter: S'il te fait confiance c'est que tu dois en valoir la peine.
Souvent le soir, alors qu'il était allongé à regarder les étoiles, il se demandait pourquoi cet homme avait risqué sa carrière, et sa vie, pour le sauver, lui. Mais aucune réponse ne venait. Sauf une: le colonel était quelqu'un de bien.

La sonnerie retentit interrompant ses pensées. Le programme de la journée n'était pas ce qu'il préférait: tactique militaire le matin et pratique des explosifs l'après midi.
Enfin, c'était bien mieux que la prison après tout.

(1) sophomores: étudiants de secondes années dans les universités américaines.

A suivre...