Tout est à moi. Ça fait vraiment un choc de l'écrire, c'est étrange mais pas déplaisant.
Il s'agit de ma première originale alors soyez compréhensifs.
Genre : angst et yaoi
Rating : M, sans concession.
Ce rating n'a pas été choisi sans réflexion. Même s'il n'y a rien de véritablement graphique, l'ambiance et le milieu sont suffisants pour justifier le « M ».
Note 1 :
Les chapitres de cette fiction seront postés une fois par mois. Je ne sais pas être plus rapide en menant de front mon rythme d'écriture et mon travail. Veuillez m'en excuser.
Note 2 :
Même si la fiction est en "romance", ce n'est pas pour tout de suite, patience...
Note 3
Cette histoire s'est pratiquement imposée à moi. Les premières phrases me sont venues dans le tram alors que je rentrais chez moi après une journée harassante. Je suis descendue, sortie de la station, assise sur les marches d'une porte et j'ai écrit.
J'ai longtemps hésité à poster cette fiction tant le sujet me tient à cœur. Un sujet difficile que je tente de traiter avec humanité.
Je vous demande de le prendre en considération, avec assez de recul pour ne rien y voir de plus.
Pensée :
Pour ma « Mama » à moi qui m'a quittée trop vite.
Bonne lecture
Edit octobre 2013: Je suis actuellement en train de réécrire entièrement le Monde de Demain (non, je n'ai pas abandonné!) et je suis en recherche de lecteurs susceptibles d'être intéressés de jeter un coup d'oeil sur le premier chapitre retravaillé histoire de savoir si ça en vaut la peine au pas (parce que c'est un travail de malade dans lequel je me suis lancée). Faites-moi signe si ça vous tente.
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LE MONDE DE DEMAIN
Tranche de nuit
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Dimanche, 19 novembre 2006
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Il ahane au-dessus de moi, cela a quelque chose de ridicule.
Ses mains se crispent sur mes hanches, j'aurai des traces demain, shit !
Ses mouvements sont plus rapides, plus profonds, plus violents.
Il veut jouir.
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Je sens son souffle erratique sur ma nuque.
Le mien s'accélère, je gémis presque naturellement.
J'attends l'éclair de plaisir qui va venir, inévitablement.
Je l'appelle même, rejetant mon corps en arrière, à sa rencontre.
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Je veux me relever sur les mains pour avoir plus de prise.
Il me repousse brutalement sur le matelas, m'y gardant épinglé d'une main entre les omoplates.
J'ai le visage contre l'oreiller.
J'ai du mal à respirer.
Ça ne me gène pas.
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Une dernière poussée.
Il éjacule
Je le suis.
Enfin.
Je suis vivant.
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Son cœur bat rapidement contre mon dos.
Sa respiration se calme.
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Il m'écrase de son poids, je ne me plains pas.
Il se relève, je ne bouge pas.
Il se rhabille, je ne le regarde pas.
Il dépose un objet sur la table de nuit, je lui murmure un « merci ».
Je suis quelqu'un de poli.
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J'entends la porte se refermer.
Je suis seul.
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Je finis par me redresser et remettre mes frusques, il n'y a pas de douche dans la chambre.
Je vérifie négligemment le contenu de l'enveloppe qu'il m'a laissé, le compte y est.
Je descends les étages et traverse le hall, personne ne fait attention à moi.
Je sors.
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Il fait froid.
Je frissonne.
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- Hé bin Bout d'Chique, déjà fini ?
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Je souris à la femme qui me fait face. Elle n'est pas grosse, elle est pulpeuse. Mais le plus beau, c'est la joie de vivre qui se lit dans ses yeux et sur ses lèvres.
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- Tu m'attendais Mama ?
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Elle rigole. J'adore son rire grave, il m'enveloppe, je m'y sens bien.
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- Tu crois pas que j'ai aut'chose à faire ? Non, non, pur hasard, mon micheton vient de me quitter.
- Je vois. On bouge ? On va finir par se faire jeter.
- T'inquiète pas pour ça, on est des habitués finalement.
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Une bourrasque, le vent s'engouffre sous ma veste. Ce n'est pas comme si j'étais habillé chaudement. Mon pantalon est trop taille basse, mon manteau trop court.
Je tremble, je suis frigorifié, cela ne passe pas inaperçu évidemment.
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- Allez, viens, je t'invite à boire quelque chose avant que tu n'attrapes la crève.
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Je refuse pour la forme. Elle insiste tout en m'entraînant dans le café-brasserie d'en face.
Contre Mama, je n'ai aucune chance, c'est une vraie mère-poule quant il s'agit de mon bien-être. Elle m'agrippe par le bras pour m'empêcher de fuir sa tendresse et me fait entrer de force.
Le passage du froid vers le chaud me fait inévitablement couler du nez. Je renifle de manière disgracieuse et m'essuie dans ma manche discretos. Raté. Mama rigole et me tend un mouchoir. Je le plaque sous mon nez tandis qu'elle me prend par la main pour m'emmener vers notre table.
Elle sait très bien que je ne vois rien, mes lunettes sont embuées. Je tente malgré tout de distinguer ce qui m'entoure. Des taches de couleur se mélangent devant mes yeux. Des bruits de couverts, de verres, un brouhaha de voix, pour la plupart masculines, et de rires gras, m'amènent un sourire. Ce bar ne changera jamais, c'est rassurant.
Je ferme les yeux en contournant les tables, Mama ne me laissera pas me prendre les pieds dans les meubles, je lui fais confiance à la grosse.
Elle m'aide enfin à m'assoire. J'ôte ma veste en cuir, l'air chaud vient agréablement me caresser les reins. Le mouvement a descendu mon pantalon encore plus bas, si c'est possible, et a remonté mon pull, ce qui laisse un espace de peau nue plus qu'appréciable. Si quelqu'un avait la bonne idée de passer derrière mon dos, il aurait une vue plongeante sur la raie de mes fesses. Pour empêcher les honnêtes citoyens de mater mon cul hors boulot, Mama me place toujours dos au mur du fond, près du chauffage. Petites attentions de ma maman de trottoir.
Je prends la tache bordeaux qui tient lieu de serviette, et m'en sers pour désembuer mes binocles. Miracle, je vois !
Quoique je n'en avais pas besoin, la faune est toujours la même ici. Les poivrots du bar rigolent d'une blague salace que l'un d'eux a dû sortir, enfin c'est ce que j'imagine. Les amoureux en tête-à-tête se dévorent des yeux de chaque côté des bougies, les jambes et les mains mêlés, le sourire extatique, je les envie. Des noctambules se réveillent à coup de café aux tables qui avoisinent celles de collègues de travail qui en sont au cognac avant de rejoindre bobone devant sa télé.
Il est encore tôt.
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- Alors Benjamin, qu'est-ce que je te sers ce soir ?
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Pedro m'a fait sursauté.
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- Putain, comment tu fais pour me surprendre à chaque fois !
- ça, microbe, c'est tout un art. Tu ne crois quand même pas que je vais t'expliquer mes trucs ?
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Je t'en mettrai du « microbe » ! Ok, je suis petit et fluet pour mon âge, mais c'est juste que je n'ai pas terminé ma croissance, tu verras, je finirai par te dépasser.
Il se pavane, fier de son coup. C'est ça, rigole abruti, un jour je t'aurai, je me le suis promis. Et ce jour-là, je te dirai peut-être mon vrai prénom, ce sera ton cadeau de consolation. En attendant, continue de m'appeler « Benjamin », comme tout le monde. Finalement, c'est ce que je suis, le plus jeune, le benjamin de notre petite famille.
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- Alors, sérieusement, qu'est-ce que je vous sers ?
- Dis donc, serveur indigne, tu pourrais dire bonjour ! Ta mère ne t'a donc rien appris ?
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Mama a les sourcils froncés. Son air mécontent est pourtant adouci par son sourire trop rouge.
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- Bonjour Mama.
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Conciliant le gars, il sait qu'il ne peut pas se mettre la mère douanière sur le dos, il risquerait de perdre des clients.
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- Amène-moi un Irish Coffee et un chocolat chaud pour le gamin, et plus vite que ça.
- A vos ordres !
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Une courbette qui décoiffe à peine ses cheveux noirs gominés, et le voilà qui repart en tournicotant du cul. Il est gay et le fait savoir, ce mec n'a aucune pudeur. Je l'aime bien.
Je me laisse aller sur la chaise, posant ma tête contre le mur en soupirant.
J'aurais bien voulu avoir droit à de l'alcool moi aussi, ça amène une chaleur intérieure agréable par ce temps. J'ai une fois tenté de me plaindre de la commande de Mama, elle m'a directement calmé en me faisant remarquer qu'en commençant à mon âge, ce serait pour me taper une cirrhose à quarante piges. Je ne l'ai plus jamais ouvert. Elle m'a fait réfléchir la vieille, c'est vrai que seize ans c'est un peu jeune pour cuver régulièrement, même juste un verre.
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- Tu comptes rentrer au bercail à quelle heure Bout d'Chique ?
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Je me redresse pour la regarder avant de me détourner, rouge pivoine. Maintenant qu'elle a ôté sa veste et son écharpe boa, j'ai toute latitude pour observer sa poitrine plantureuse posée sur ses bras croisés. Elle a un sacré décolleté, je suis sûr qu'il est possible de mourir étouffé entre ses nichons. Ça, c'est une mort idiote, je la ressortirai à mes potes tiens.
Je fixe son visage pour ne pas descendre plus au Sud. Ses yeux maquillés de noir à l'extrême me scrutent en attente de ma réponse.
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- C'est pas tout ça, mais t'as école demain.
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Je grommelle pour la forme. Elle n'a pas seulement l'âge d'être ma mère, elle en a aussi les manières.
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- Voici vos consos mes bichons.
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Sauvé par l'homo ! Merci Pedro, tu viens de remonter dans mon estime.
Je gigote sur ma chaise pour atteindre la poche arrière de mon jeans.
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- Pas de ça gamin, j'ai dit que je t'invitais. Réfléchis plutôt à ta réponse.
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Décidemment, je n'aurai pas le dernier mot ce soir.
Le fric empoché, Pedro continue sa tournée. Reviens, ne me laisse pas seul avec la Gorgone ! Celle-ci rapporte son attention sur ma petite personne. Je me trémousse sur ma chaise, mal à l'aise.
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- Alors ?
- Voyons Mama, tu sais que je réussis bien en classe.
- Ouais, mais les exams sont proches, t'as pas intérêt à rater des cours.
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On est déjà en Novembre, d'ici trois semaines j'ai les certificatifs de Noël. Mon année est en jeu, je ne peux pas me permettre un échec.
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- T'inquiète, d'ici deux heures je rentre pour me mettre au plumard.
- Je vérifierai Bout d'Chique, joue la fille de l'air et tes fesses ne resteront pas intactes.
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Elle prend son verre avec un dernier coup d'œil d'avertissement. La hache de guerre est enterrée, pour l'instant.
Elle exagère, je suis capable de m'occuper de moi, je ne suis plus un môme.
Je soulève ma tasse à deux mains et la porte à ma bouche. C'est chaud, mes lunettes sont à nouveau opaques. Je souffle doucement sur le liquide bouillant. L'odeur m'enivre presque.
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Mama avait raison, comme d'habitude, j'en avais besoin de cette pause, surtout dans cet endroit, je m'y sens bien. Il y a des bougies sur chaque table, rendant l'environnement changeant et intimiste, les couleurs des murs sont chaudes et des posters de vieux concerts de jazz et de blues les ornent.
Le patron, Claude, a vraiment été inspiré pour le décors, c'est chaleureux. Dès qu'on passe le porche, on se sent mieux. En plus, Claude, c'est un vieil ami de Mama, alors on est toujours bien accueilli malgré nos tenues légèrement provocantes. Ça fait tellement longtemps qu'elle vient ici entre deux passes, peut-être même qu'il connaît sa véritable identité. Il faudrait que je lui demande, je pourrais lui faire la surprise en l'appelant par son nom.
Par dessus ma tasse, mes yeux se reposent sur la femme face à moi. Elle a les paupières abaissées. C'est un tic quant elle boit, elle soutient que ça lui permet de mieux savourer son Irish.
Mama… Ce nom d'emprunt lui convient à merveille. Il s'accorde à ses formes généreuses moulées dans le lycra et à son cœur énorme, assez vaste pour englober toutes ses « filles ».
Moi aussi j'en fais partie maintenant, bien que je sois un mec. Elle m'a pris sous son aile sans me demander mon avis, sans me laisser la possibilité de m'en échapper. Je ne la remercierai jamais assez. Où est-ce que je serais sans elle, et dans quel état ? Je n'ose même pas me poser sérieusement la question.
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La première fois qu'on s'est croisé, je tentais de marchander un joint contre une pipe. Bordel, ma joue est restée rouge pendant près de quatre jours, j'ai dû expliquer à mes proches que j'étais bêtement tombé. Mais c'est pas le sol que j'ai rencontré, c'est sa main.
Elle a hurlé au viol et devant le nombre de filles qui se sont ramenées, le mec a pris ses jambes à son cou.
J'ai tremblé tout le temps où elle m'a secoué comme un prunier en me gueulant dessus à quel point j'étais inconscient, que de faire confiance à un dealer équivalait à se retrouver avec un maquereau sur le dos plus vite qu'un TGV. Ensuite, elle m'a pris dans ses bras pour me consoler et ne m'a plus lâché depuis. Ça fait presque un an.
Elle m'a tout appris. De qui je devais me méfier, qui était suffisamment honnête pour ce métier. Comment choisir les bons clients, comment sentir les coups foireux. Bref, décortiquer les pièges de la rue pour y faire ma place sans trop de risques.
Je l'aime ma Mama d'adoption, bien que je ne lui dirai jamais en face. Elle déteste les épanchements de sentiments et je suis bien trop prude pour ce genre de déclaration.
Elle gobe le contenu de sa tasse et secoue ses cheveux platines qui n'ont rien de naturel, même pas l'ondulation.
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- Si tu veux être en temps et en heure entre tes draps, faut qu'on se bouge, il ne te reste plus qu'une heure et demi.
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Je manque m'étrangler en aphonant mon chocolat. Je tousse comme un malade et j'acquiesce entre mes larmes de douleur.
Elle rigole en se relevant. C'est ça, fous-toi de ma gueule la vieille, je vais te piquer ton prochain micheton et on verra bien si tu trouveras ça comique.
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- Grouille-toi Benjamin, j'ai encore une longue nuit devant moi.
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Mais c'est qu'elle part sans m'attendre l'autre ! Où est ton cœur, mère maquerelle ?
Je passe ma veste en traversant la brasserie, m'arrêtant à la porte le temps de la fermer et de répondre de loin au salut de Pedro.
Nous marchons en silence vers notre bout de trottoir. Nous pouvons nous permettre de battre le pavé côte à côte, nous n'avons pas vraiment le même genre de clientèle.
Le vent n'a pas diminué, je mets mes mains dans mes poches pour tenter de descendre ma veste au maximum. J'ai vraiment déconné en choisissant mes fringues. Un jeans troué, même avec des bas noirs dessous, ça laisse passer le froid. Et que dire de mon pull à même la peau et de ma veste courte. Enfin, on ne ferre pas le poisson avec un sac à patate. Ça me met sacrément en valeur cette tenue, surtout la ceinture qui amplifie mes mouvements. Si on veut gagner de la tune, faut placer ses atouts en avant dans le milieu.
On tourne la rue pour accéder au boulevard. Le vent redouble d'intensité, je resserre ma veste contre mon corps. On accélère le pas.
Mama me l'a toujours dit : « Choisis bien ton coin et le micheton viendra mordre à l'hameçon ». Je me suis souvent demandé si elle avait été championne de pêche dans sa jeunesse, tous ses exemples tournent autour de cette discipline.
Moi, ce que Mama dit, je le suis. Elle a de l'expérience et même si je commence à avoir de la bouteille, en tout cas suffisamment que pour être désabusé, je reste un jeunot.
Les boulevards sont les meilleurs endroits de chasse, reste à choisir le boulevard. Les grands axes sont toujours utiles, on a du passage, mais il faut que les clients aient la possibilité de s'arrêter facilement pour faire leur marché. Il est donc impératif d'avoir une bande « rue », je ne sais pas comment l'expliquer autrement. Les bandes de roulage centrales sont à grande vitesse, même avec la limitation à 50, faut pas rêver. Les bandes sur le côté permettent de ralentir pour tourner dans les rues adjacentes. Elles sont séparées par un terre-plein. Là, c'est nickel, t'as tout pour accueillir les pervers.
Si les petites rues glauques de certains quartiers sont réservées aux bordels, les boulevards sont aux « intermédiaires ». Faut pas charrier, les filles de luxe, elles travaillent grâce au bouche à oreille, par appels téléphoniques, et se déplacent chez le client ou dans les hôtels chicos.
Enfin, c'est ce que Mama m'a expliqué, moi je n'en ai jamais rencontré. A chacun son secteur, on reste chez soi et on ne fait pas chier les voisins.
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- Benjamin, mon chou, je suis tellement heureuse de te voir !
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Merde ! A force d'être perdu dans mes pensées, j'ai oublié de faire attention à la faune locale, je suis fini !
Me voilà à moitié étouffé entre deux bras plus que costauds, et c'est parti pour les papouilles en règle, avec pincements de joues et recoiffage. Le tout accompagné de blablatages auxquels on pige que dalle mais qui mettent du baume au cœur. Ils prouvent que le grand travelo, répondant au doux nom de Josiane, qui a décidé de me tuer ce soir, va bien.
Mama nous couve de son regard en souriant tandis que je tente d'échapper à son étreinte. Conséquence : je suis encore plus serré. C'est peine perdue.
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- Safia n'est pas là ?
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Merci Mama, je peux de nouveau respirer, mais tu aurais pu être plus rapide. Trop de parfum, c'est pas bon pour les poumons. Paraît que ça couvre son odeur masculine qu'elle n'a jamais réussi à faire totalement disparaître.
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- Non Mama, vous l'avez manqué de peu, elle vient de partir au bras d'un costar hors de prix.
- Je suis contente pour elle, faut qu'elle nourrisse ses mômes. Allez, à plus Josie, on a du pain sur la planche.
- Bonne soirée à toutes les deux.
- Hé ! Ch'uis un mec !
- Oui, oui, mon mignon, je te laisse deux ans pour changer d'avis.
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Avant que je puisse répliquer, Mama m'entraîne sous le rire de la grande perche. C'est à chaque fois la même rengaine, pour elle je ressemble trop à une fille pour ne pas en devenir véritablement une. Brrrrr… Rien que d'y penser, ça me fait froid dans le dos.
Josiane et Safia ont leur territoire juste à gauche du nôtre. La grande blonde dont le corps n'a plus grand chose de naturel et la petite marocaine dont le mari est en taule. Elles n'ont rien en commun et travaillent ensembles.
On bosse toujours par deux en fait. Ainsi on se soutient et on se défend, c'est une question de sécurité.
C'est Mama qui a mis le système en place. Ce n'est pas une maquerelle, elle les a en horreur. Elle ne prend aucune commission mais c'est la plus âgée, alors on l'écoute. En plus, elle est connue dans le milieu, elle surveille le quartier, elle nous protège. Elle est toujours là « pour pas que tu fasses de conneries Bout d'Chique ».
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A peine arrivé « chez nous », je me cache dans l'encablure de la porte pour me protéger des rafales.
Mama est déjà occupée à faire les cent pas comme si elle se baladait. Cela ferait très naturel si elle n'avait pas ce mouvement ample des hanches et la poitrine en avant. Elle joue d'une main avec son boa tout en lançant des coups d'œil langoureux aux bagnoles qui ralentissent.
Allez, dans deux minutes je la rejoins, juste le temps de me réchauffer et je prends part au show.
Il me reste un peu plus d'une heure avant que Mama me renvoie à mes pénates. Le temps de me faire un client, deux si je suis rapide, trois si je m'appelle Schumarer. Ou alors, je me restreins au tirage de pipe vite fait à l'intérieur des bagnoles. Ça rapporte moins à l'unité mais je peux m'en faire une dizaine si j'ai de la chance.
Bon, quoi qu'il en soit, quand faut y aller, faut y aller.
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A suivre...
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Informations à lire ou non
Le système éducatif décrit est belge. Si vous ne le connaissez pas, je vous invite à lire ce qui suit pour une meilleure compréhension de la fic.
Dans mon petit pays, il n'existe pas de Bac. Les élèves ont la possibilité de redoubler chaque année s'ils sont en échec aux examens.
Il y a deux session d'examens, une en Décembre, celle dont je parle, et une en juin. Pour passer en classe supérieure, il faut avoir la moyenne dans chaque branche. Habituellement, les examens de décembre comptent pour 40 pourcent et ceux de juin pour 60 pourcent.
Si vous êtes en échec dans une branche, certaines écoles ont gardé les examens de passage début septembre. D'autres ont mis en place des systèmes internes parfois très différents les uns des autres.
Quoi qu'il en soit, les nombres d'heures en échec est un critère pouvant occasionner un redoublement. Ainsi, certains cours ont une pondération plus importante, c'est le cas du Français, des Maths, de l'Anglais ou du Néerlandais (les deux branches sont obligatoires, seul le nombre d'heures, 2 ou 4h/semaine, est laissé au choix des élèves) et des cours d'option (Latin, Sciences fortes, Sciences Sociales, Sciences Economiques, Langues Germaniques, avec des compléments : Maths fortes, Histoire forte, …).
Bref, je vais tout le temps parler de ce système puisque c'est celui que je connais, plus particulièrement le Rénové Général puisque c'est dans une de ces écoles que se passe une partie de ma fiction.
A la fin de chaque chapitre, je donnerai des précisions pour ceux qui en ont besoin.
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Voici le début de l'histoire chaotique de Benjamin.
Prochain chapitre « Tranche de jour »
A suivre…
HLO