Oulaaaa... ça fait très très longtemps que je n'ai pas posté de chapitre...

Mais bon, y avait une bonne raison : un cadeau de Noël pour une amie qui m'est très chère, cadeau avec lequel vous pouvez faire connaissance ci-dessous ! Mais attention !!! C'est du yaoi, pur et dur !!!

Vous ne direz pas que je ne vous avez pas prévenus...

A bientôt et bonne lecture !!!

Bisous !


DÉRAPAGES

oOOo

Le Samedi 31 décembre 2005, j'organise une grande fête pour que nous puissions célébrer la nouvelle année tous ensemble

La soirée aura lieu chez moi, au 19 faubourg Saint-André, et sera accompagnée d'un DJ, d'un buffet et de nombreuses surprises…

Je vous attends dès 20h.

Tenue correcte exigée !

Luann

oOOo

Enzo était en train de lire l'invitation qui avait été glissée dans son casier. La majorité des étudiants de son lycée en avaient reçu une et étaient sans doute en train de la lire et de revoir leur planning en fonction de la soirée. Enzo mit l'invitation dans son sac et commença à trier les affaires dont il aurait besoin pour la journée. Des filles passèrent derrière lui et il surprit quelques bribes de leur conversation.

« Luann ? fit une voix fluette. La Luann ?

- Il ne peut y en avoir qu'une qui ait assez d'argent pour organiser une telle fête…

- Faubourg Saint-André… c'est bien celui qui longe la côte ? demanda la première voix.

- Oui, c'est dans les quartiers chics… »

Enzo soupira. Il y aurait du monde à cette fête, c'est pourquoi il aurait préféré ne pas y aller… Mais elle, elle voudrait sûrement s'y rendre et il ne pourrait que capituler. Ce qui l'agaçait au plus au point… Il ferma son casier et ajusta son sac sur son épaule pour remonter le couloir qui l'amènerait dans la cour principale du lycée.

Enzo avait la chance de faire ses études dans le plus grand et le plus coté des établissements de la ville. Formé de quatre bâtiments dessinant un carré parfait, montés pour certains jusqu'à trois étages, son lycée existait depuis une cinquantaine d'années mais il relevait d'une architecture plutôt moderne. De grandes baies vitrées avaient été installées sur les coursives, afin de maintenir les élèves au chaud pendant l'hiver, mais elles pouvaient facilement être ouvertes l'été afin de ne pas avoir l'impression d'être dans une cocotte minute. À cette période, la cour rayonnait : elle était emplie de soleil, les fleurs s'épanouissaient complètement, et les élèves pouvaient s'asseoir sur un banc à l'ombre d'arbres immenses.

Décembre était déjà bien avancé, mais le temps était plutôt clément puisqu'un beau soleil illuminait la cour. La température aurait même pu être très agréable si un vent froid ne s'était pas levé dans la matinée. Enzo avança d'un pied ferme vers un banc, près de grands arbres, où était assis un groupe de garçons de son âge. Ils parlaient avec un garçon brun, qui tournait le dos à Enzo. Ils étaient aussi grand l'un que l'autre, mais il n'était pas aussi carré qu'Enzo. Il portait un jean brut sous une veste noire et s'amusait à faire tourner son bonnet de même couleur autour de sa main gauche. Son sac se trouvait entre ses pieds et il semblait parti dans une grande conversation avec les autres. Enzo n'eut aucun mal à le reconnaître. Il s'approcha et lui serra la main :

« Alors, Siegfried, ta sœur organise une fête le 31 ? »

Siegfried arrêta de faire tourner son bonnet et acquiesça.

« Elle a eu l'accord de nos parents.

- Ils ne seront pas là ?

- Non. Ils se sont offert un voyage aux Bahamas. Mais il y aura assez de gardes du corps pour nous surveiller. »

Ces derniers mots de Siegfried lui valurent des sifflements d'admiration de la part des autres élèves. Enzo, quant à lui, ne disait rien. Siegfried était arrivé en cours de seconde, ses parents ayant acheté la plus grande demeure de toute la ville. Il s'était montré plutôt distant avec les autres au début, car ceux-ci semblaient n'en vouloir qu'à son argent. En revanche, il avait vite sympathisé avec Enzo qui était de nature solitaire. Au fil des ans, ils étaient devenus de très bons amis, mais depuis qu'Enzo avait une petite amie, ils se voyaient de moins en moins. Le jeune homme soupira à cette pensée.

« Encore un côté négatif… »

Enzo mit les mains dans les poches de son manteau.

« Enzo, y a Kalie qui arrive, » fit l'un des étudiants assis sur le banc.

Enzo eut juste le temps de se retourner pour voir sa petite amie s'approcher. Blonde aux yeux verts, elle lui arrivait tout juste au menton, et ce, grâce aux talons qu'elle portait. Fine et agile, elle était la première de son club de gymnastique qui était juste à côté du club de tennis d'Enzo. Il passa ses bras autour d'elle et l'embrassa rapidement. Elle salua les autres qui y répondirent avec un grand sourire. Ils venaient tout juste de fêter leur un an et tout le monde voyait leur couple comme idéal, fait pour durer encore longtemps.

« Tu as eu l'invitation de Luann ? demanda Kalie à Enzo.

- Oui, mais…

- Je suis trop impatiente d'y être ! le coupa la jeune femme. En plus, ça tombe à pic, mes parents ne sont pas là ! Tu es d'accord, n'est-ce pas ? »

Enzo remarqua la moue de sa petite amie. Celle qui disait : « Je veux y aller, je t'en prie dis oui ! », mais qui en réalité signifiait : « Si tu ne viens pas avec moi, je t'en voudrais toute ta vie dont je ferais un enfer ! ».

Il leva les yeux vers Siegfried qui ne les regardait pas et les rebaissa vers Kalie :

« Oui, bien sûr.

- C'est génial. »

Kalie l'embrassa et dit plus bas :

« Je vais rejoindre Luann pour lui dire et ensuite, je file en cours. On se revoit ce soir… »

Elle se hissa sur la pointe des pieds cette fois, et embrassa plus longuement Enzo, avec tout ce que cela sous-entendait.

« Elle peut faire ce qu'elle veut de toi, » dit un camarade à Enzo une fois la jeune fille partie.

Ce dernier regarda Siegfried qui ne lui décocha pas un regard, et haussa les épaules.

« L'amour rend aveugle à ce qu'il paraît… » fit un autre.

ooOOoo

Siegfried et Enzo étaient ensembles dans le labo, et effectuaient une expérience qui requerrait l'utilisation d'un ordinateur. C'était Enzo qui tapait pendant que Siegfried prenait des notes. Tous deux étaient en terminale S, car grands fans de mathématiques, matière qui pouvait passer chez certains pour une langue extraterrestre. Enzo se trouvait dans cette filière car il se destinait à des études de médecine, mais Siegfried, lui, n'était là que par pure curiosité, sachant très bien que son avenir se trouvait à la tête de l'entreprise de son père. Ce qui ne déplaisait pas le moins du monde à Siegfried. Ce dernier monta les manches de son pull rayé noir et blanc et dit, après avoir vérifié que leur professeur n'était pas trop près d'eux :

« Alors, motivé pour la fête à ma sœur ?

- Kalie veut y aller...

- Oui, mais toi ?

- Tu sais très bien que j'aime pas voir du monde… Et je ne pense pas que beaucoup voudront rater l'occasion d'aller chez toi.

- C'est sûr. Mais bon j'aurais préféré fêter la nouvelle année au calme, devant un bon film.

- Moi aussi… Mais c'est pas trop le genre de Kalie.

- Ça se passe toujours aussi bien avec elle à ce qu'on peut voir… »

Enzo ne répondit pas. Le professeur vint vérifier ce qu'ils étaient en train de faire, et après quelques précisions, il les laissa.

« Tu seras à la fête ? » demanda Enzo.

Siegfried comprit bien que son ami voulait changer de sujet, alors il n'insista pas et répondit :

« J'aurais préféré être ailleurs, mais mes parents ont insisté pour que je reste avec Luann… Alors oui, je serais là.

- Bon, ça me motive un peu plus pour m'y rendre alors. »

Les deux amis se sourirent l'un l'autre.

« Si tu veux, on ira acheter nos costumes ensemble.

- J'aimerais trop, mais connaissant Kalie…

- Ouais elle va vouloir y aller avec toi.

- C'est même sûr. Désolé, fit Enzo avec une mine dépitée.

- Tant pis. On se verra à la fête de toute façon. »

La sonnerie retentit et les deux amis rangèrent leurs affaires pour sortir dans le couloir. La journée était vite passée, et ils allaient pouvoir rentrer chez eux.

« Je te ramène ? proposa Siegfried.

- Merci, mais je dois l'attendre.

- Ok. Je te dis à demain alors…

- Oui, à demain. »

Enzo regarda son ami partir avec un pincement au cœur. Il ne se voyait vraiment que très peu, et cela avait creusé comme un fossé entre eux.

ooOOoo

Kalie se laissa tomber aux côtés d'Enzo, en sueur. Elle avait encore une jambe sur celles du jeune homme et lui caressait le torse avec sa main droite.

« Je suis contente que tu aies accepté d'aller à la fête de Luann…

- Vu que mes parents sont absents, on avait décidé de passer le 31 ensemble… Et c'est ce qu'on fera.

- C'est super. Demain, il faut qu'on aille faire les magasins ensemble !

- Demain ? fit Enzo en passant une main sur son visage.

- Oui.

- Mais il nous reste deux semaines avant la fête !

- Je veux y aller demain !

- Alors tu iras toute seule ! »

Enzo poussa la jambe de Kalie et s'assit sur le bord du lit dont ils avaient rejeté les draps, lui tournant ainsi le dos. Sa petite amie l'énervait plus que tout lorsqu'elle avait ce genre de réaction. Elle se montrait capricieuse dès qu'il lui refusait quelque chose, telle une enfant de six ans. Après quelques secondes, il sentit deux mains venir lui masser les épaules. Lorsqu'ils se disputaient, Kalie avait toujours le même rituel pour se faire pardonner.

« Désolée si je t'ai énervé mon chéri… Je ne voulais pas… »

Elle s'assit derrière lui et commença à faire glisser ses mains sur la poitrine d'Enzo qui ne dit mot. Elle passa une main entre les jambes de son compagnon et commença à le caresser.

« Je suis vraiment désolée… »

Enzo se retourna et l'allongea sous lui, ne remarquant pas le sourire qu'elle affichait.

Le lendemain, après leurs cours, ils allèrent faire les magasins avant qu'Enzo ne ramène Kalie chez ses parents.

ooOOoo

Siegfried était assis par terre, sur un épais tapis qui le protégeait du froid du sol, adossé à son lit. Plongé dans le noir, il jouait à la console, un jeu de course, ce qu'il adorait. Le bruit des pneus crissait à chaque fois qu'il faisait déraper la voiture qu'il contrôlait, au rythme d'une musique qui empêcherait un sourd de dormir. Une main lui tapota l'épaule :

« Allez, c'est mon tour !!!

- Attends, j'ai pas fini !

- T'es pénible…

- Je sais. »

Siegfried finit sa partie, vainqueur, et se retourna pour passer la manette à sa sœur qui s'était allongée sur son lit, le ventre sur l'épaisse couette blanche et bleue. Elle lui ressemblait beaucoup : ils avaient les mêmes yeux bleus, la même couleur de cheveux et le même visage fin. Frileuse, elle portait un épais pyjama de laine rose pâle sur lequel elle avait passé un châle. Il lui passa la manette et dit, ronchon :

« Pourquoi tu joues pas avec ta console ?

- Parce que j'aime pas être toute seule quand je joue… »

Siegfried se rassit en soupirant. Un chat noir vint se blottir sur ses jambes. Il se mit à ronronner quand son maître le caressa. Il se mit à penser à la fête que sa sœur avait organisée à sa demande, se demandant comment elle allait se dérouler, et s'il parviendrait à ses fins lors de cette soirée.

« Finalement, ça a marché… fit Luann, comme si elle lisait dans l'esprit de son frère.

- Oui. Heureusement. On ne prévoit pas cette fête pour rien.

- Maintenant, c'est à toi de jouer. Je ne pourrais plus beaucoup t'aider.

- Je sais. »

ooOOoo

Enzo se regardait dans le miroir mural de sa chambre tout en soupirant. Il n'éprouvait aucun enthousiasme à se rendre à cette fête où se trouverait sûrement plus de la moitié de son lycée.

« Et dire que je fais ça pour elle… »

Il rajusta sa veste noire sur sa chemise bleue et passa une main dans ses cheveux bruns qui ne voulaient pas tenir en place. Ses yeux noisette cherchèrent ses clefs qui se trouvaient sur son bureau, et il se décida à sortir. Il ferma la porte de son studio et alla prendre sa voiture garée dans la rue. Il s'assit à l'intérieur et soupira un bon coup avant de la mettre en marche. La seule chose qui le motivait à aller à cette soirée était le fait qu'il pourrait passer du temps avec Siegfried. Il sourit à cette idée et se mit en route pour aller chercher Kalie. Celle-ci était déjà en bas, habillée dans la robe bleue assortie à la chemise d'Enzo. Il détestait cette robe, mais elle, elle l'adorait.

« Toujours à l'heure quand il faut faire la fête… »

Il s'arrêta juste devant elle et lui ouvrit la portière pour qu'elle puisse monter. Une fois assise, elle l'embrassa rapidement et ils purent se mettre en route, Kalie racontant tout le mal qu'elle avait eu à se coiffer et à enfiler sa robe seule. Enzo, quant à lui, ne faisait qu'acquiescer quand il le fallait. Il leur fallut un quart d'heure pour arriver chez Luann. Des gardes étaient postés à l'entrée principale, ainsi que devant les marches de la villa. Enzo et Kalie durent présenter leurs invitations aux deux entrées, la jeune femme ne cessant de s'émerveiller à chaque pas, ce qui avait le don d'agacer au plus au point Enzo qui pourtant réussissait à garder son calme.

L'intérieur était entièrement décoré de blanc et argent. Des tables rondes avaient été postées un peu de partout, sans logique apparente, supportant des boissons et des plateaux d'apéritifs en tous genres et des serveurs passaient entre les tables pour servir les invités déjà fort nombreux. Dans une pièce voisine au hall d'entrée, des lumières multicolores éclairaient les personnes qui se déhanchaient au rythme d'une musique qui résonnait déjà trop fort aux oreilles d'Enzo. Kalie, elle, affichait un immense sourire. Des étudiants qu'elle connaissait l'aperçurent et vinrent la féliciter pour sa tenue « qu'elle portait super bien ».

Puis, le groupe commença à se disperser, au grand bonheur d'Enzo, et une jeune femme vint à la rencontre du couple. Elle était vêtue d'une magnifique robe noire et blanche dont le haut était fait d'un corset, et ses anglaises tombaient parfaitement sur ses épaules nues.

« Tu es magnifique Luann ! » dit Kalie.

Luann lui répondit avec un grand sourire de remerciement et fit la bise aux deux jeunes gens. Kalie ne cessa de la complimenter, alors qu'Enzo regardait ailleurs.

« Il m'a pourtant dit qu'il serait là… »

Il n'écoutait plus ce que disait Kalie à côté de lui et la musique lui était désormais inaudible. Il regardait tout autour de lui à la recherche de Siegfried, mais sans résultat. Un serveur passa à côté de lui, et il attrapa une coupe de champagne qu'il but d'une seule traite. Il sentit qu'on lui tirait la manche.

« Alors, tu m'écoutes ? se plaignait Kalie.

- Excuse-moi, j'étais en train de réfléchir…

- À quoi ?

- Rien d'important. »

Enzo remarqua enfin que Luann était partie, et s'en voulu de ne pas l'avoir saluée une dernière fois, mais il se promit de la retrouver pour s'excuser de son inattention.

« On va dans l'autre salle ? Je veux voir la déco, et quelle musique le DJ passe…

- Il fait tout noir là-bas, à part pour les lumières qu'ils te balancent dans la figure, et on entend très bien la musique d'ici…

- Tu pourrais faire un effort…

- Tu sais très bien que je n'aime pas les fêtes de ce genre…

- Tu n'aimes aucune fête, Enzo ! » fit Kalie en élevant légèrement la voix.

« Oui, mais contrairement à toi, je fais un effort pour te plaire…

- On les voit pas beaucoup tes efforts…

- Si c'est le cas, pourquoi tu ne vas pas t'amuser toute seule ?

- Je vais pas me gêner ! »

Kalie se détourna d'Enzo qu'elle avait fusillé du regard tout au long de la conversation et se dirigea vers l'autre salle pour disparaître dans la foule. Enzo, lui, attrapa une autre coupe de champagne.

« Tu ne devrais pas boire autant… »

Enzo se retourna et vit Siegfried qui avançait vers lui. Il portait un magnifique costume noir sur une chemise noire légèrement ouverte, ses cheveux étaient coiffés avec du gel et il tenait un verre d'eau dans les mains.

« On sait tous les deux que tu ne tiens pas l'alcool…, continua-t-il avec un grand sourire.

- Oui, mais parfois, c'est un bon moyen pour se calmer.

- J'ai vu ça… »

Enzo haussa des épaules et but son champagne. Ils parlèrent de leurs cours, de leurs activités extrascolaires, de leur famille… Ils rigolèrent pendant un bon moment, Enzo tenant toujours une coupe dans les mains. Puis, Siegfried lui proposa de se rendre dans la salle de danse, le hall commençant à se désemplir.

Une foule s'était amassée devant la scène où le DJ s'était installé. Les lumières multicolores allaient et venaient sur les visages des danseurs. Siegfried et Enzo restèrent près des tables à les observer, n'étant quant à eux pas très férus de danse. Puis, Enzo l'aperçue. Kalie avait passé ses bras autour de la nuque d'un jeune homme blond, et dansait, collée à lui d'une façon plus qu'incorrecte. Siegfried vit ce que regardait son ami, et il lui dit :

« Tu ne vas pas les voir ?

- Non. »

Siegfried eut un mouvement de recul. Enzo lui adressa un sourire :

« Je voudrais pas gâcher la soirée… »

Enzo avala son champagne en une seule fois, et secoua la tête, sentant l'alcool qui commençait à agir. Siegfried lui retira la coupe et le prit par l'épaule pour le faire sortir de la salle. Il l'entraîna à l'étage, Enzo ayant attrapé au passage une bouteille de vin qu'il commençait à boire au goulot. Siegfried le fit entrer dans sa chambre et le fit asseoir sur le sofa. Son ami était dans un piteux état : bouteille à la main, enfoncé dans le canapé, jambes écartées et cheveux trop ébouriffés.

« Tu ferais mieux de laisser le vin…

- C'est pas grave si je suis saoul.

- Bien sûr que si ça l'est.

- Pas pour elle…

- Mais pour moi, si. »

Siegfried arracha la bouteille des mains d'Enzo qui se leva en titubant.

« Rends-la moi.

- Pas question, tu es déjà bien beau comme ça… »

Enzo tenta d'attraper la bouteille, mais Siegfried avait l'avantage d'être sobre. Il poussa Enzo sur le sofa et alla dans la salle de bains pour vider la bouteille dans l'évier, sous le regard triste d'Enzo qui avait vite compris qu'il ne pourrait lui tenir tête. Siegfried revint de la salle de bains, les mains vides, et s'assit à côté d'Enzo. Celui-ci tenait sa tête entre ses mains, et se mit à chuchoter :

« Je sais pas ce que je fous encore avec elle… »

Siegfried le regardait sans mot dire. Ayant chaud, il retira sa veste et attendit qu'Enzo continue. Il ne voulait l'influencer d'aucune façon.

« Franchement… Je devrais l'avoir larguée depuis longtemps… Mais… mais… »

Siegfried osa enfin parler :

« Pourquoi penses-tu cela ? Tu ne l'aimes pas ?

- Si ! Enfin… non… Je sais plus ! Je veux dire… En ce moment… Non, depuis quelques temps, je ne pense plus à elle comme avant… Je pense à… à …

- Oui ? demanda Siegfried qui le voyait hésiter.

- Non, rien. »

Enzo se laissa aller dans le sofa, les yeux dans le vide : il n'était pas encore assez saoul pour parler de tout ce qui le perturbait depuis quelques temps. Siegfried posa une main sur sa cuisse.

« Si tu n'éprouves rien pour elle, ça ne sert à rien que tu restes avec Kalie. Surtout si tu as l'impression qu'elle ne t'aime pas… Tu pourrais être cent fois mieux avec une personne qui saurait t'aimer…

- Ah oui ? Comme qui ?

- Moi. »

Enzo tourna ses yeux fatigués vers ceux, brillants, de Siegfried. Ce dernier s'approcha de lui et l'embrassa, d'un baiser doux et rapide. Enzo eut un léger mouvement de recul, mais il ne dit rien.

« À cause de l'alcool… » pensa Siegfried.

Il retira sa main de la cuisse d'Enzo et fit :

« Je sui dés… »

Enzo le prit par le menton pour l'embrasser, un long baiser cette fois, plus entreprenant. Siegfried s'écarta légèrement, pour être sûr qu'il ne rêvait pas, et plongea ses yeux dans ceux d'Enzo. Il ne résista pas bien longtemps à l'envie de l'embrasser, et leurs langues se mêlèrent à nouveau. Siegfried attrapa d'une main la chemise d'Enzo et le rapprocha de lui, violemment. Il passa son autre main dans la nuque d'Enzo qui se laissait faire, totalement abruti par l'alcool. Mais Siegfried ne voulait pas penser à tout cela. Il désirait profiter de ce qu'Enzo lui donnait.

Il le renversa sur le sofa, fort heureusement assez grand pour qu'ils ne menacent pas de tomber, et commença à lui déboutonner sa chemise sans cesser de l'embrasser, passant par ses lèvres, son cou, son buste… Au fur et à mesure qu'il libérait Enzo de sa chemise, Siegfried déposait un baiser sur sa peau. Enzo finit par lui prendre le visage dans ses mains pour le faire revenir à ses lèvres qui avaient encore le goût du champagne et du vin.

Mais Siegfried ne pouvait plus se contenter d'un simple baiser. Il attrapa la chemise d'Enzo pour qu'il se redresse, et le fit se lever du sofa qui ne lui semblait pas approprié pour ce qu'il avait en tête. Une fois debout, il retira sa veste et sa chemise à Enzo et le fit reculer en l'embrassant dans le cou. Soudain, les jambes d'Enzo butèrent contre le lit et ils basculèrent tous les deux. Siegfried se releva tant bien que mal et se mit à genoux au bord du lit pour pouvoir retirer ses chaussures et son pantalon à Enzo. Il lui fit ensuite écarter les jambes et s'allongea à moitié sur lui pour lui mordiller les tétons, ce qui arracha quelques soupirs à Enzo. Ce dernier se laissait faire, complètement passif. Ce à quoi l'autre jeune homme voulait remédier.

Siegfried fit descendre sa main sur le caleçon d'Enzo et se mit à caresser le membre à travers le tissu d'abord, puis quand il le sentit se durcir, il glissa sa main à l'intérieur. Il le caressa de haut en bas, s'amusant à le titiller sur les endroits sensibles. Enzo porta une main à sa bouche pour étouffer ses soupirs, mais Siegfried la lui retira.

« Ne me prive pas de ta voix… J'ai toujours aimé t'entendre… »

Siegfried retira le slip d'Enzo en douceur, libérant ainsi ce qui l'intéressait. Il retira à son tour sa chemise et fit asseoir Enzo. Il se mit ensuite à genoux entre ses jambes et prit son membre dans sa bouche. Alors, Enzo eut du mal à se retenir et au bout de quelques minutes, alors que Siegfried jouait des dents, de la langue et des doigts sur lui, il laissa s'échapper un cri de plaisir. Son compagnon se redressa en s'essuyant les lèvres du bout des doigts.

« C'est mon tour maintenant… »

Il pénétra Enzo de ces mêmes doigts, ce qui valut à se dernier d'étouffer un cri de douleur.

« Ne t'inquiètes pas, lui murmura Siegfried. La douleur ne va pas rester longtemps. »

Mais Enzo ne répondit pas. Siegfried finit par retirer ses doigts et écarta un peu plus les jambes d'Enzo qui tourna la tête. Il le pénétra violemment, et se mit à faire des va-et-vient en lui. Il tenait fermement les cuisses d'Enzo jusqu'à ce que ce dernier semble s'habituer à cette intrusion. Puis, il attrapa le membre tendu d'une main et le caressa. Enzo finit avant lui, alors Siegfried se retira pour se coucher juste à côté d'Enzo, une main sur son membre. Mais la main d'Enzo vint se poser sur la sienne. Siegfried retira alors la sienne, et Enzo se mit à le caresser jusqu'à ce que Siegfried en ait terminé. Il attira ensuite le visage de ce dernier au sien et l'embrassa longuement, avant de s'endormir dans ses bras.

ooOOoo

Enzo se réveilla ignorant de l'endroit où il se trouvait, de l'heure qu'il pouvait être et victime d'un mal de crâne qui lui martelait les tempes. Il finit par ouvrir les yeux et se rendit compte qu'il se trouvait dans un lit chaud, aux épaisses couvertures. Et qu'un bras enlaçait sa taille. Un bras d'homme.

Alors, toute sa soirée lui revint en mémoire : la fête, l'alcool, Kalie, et surtout…

Il se retourna lentement afin de ne pas réveiller le dormeur à ses côtés. Siegfried dormait paisiblement, sans bruit, un léger sourire sur les lèvres. Enzo se retira doucement de son étreinte ne voulant surtout pas le réveiller. Il ramassa ensuite ses affaires qui traînaient un peu de partout et s'habilla pour finir par sortir de la chambre. Une fois dans le couloir, il souffla un bon coup et se précipita dans les escaliers, espérant ne rencontrer personne.

« De toute façon, tout le monde doit dormir… »

Il avait atteint le hall quand il entendit une voix féminine :

« Bien dormi, Enzo ? »

Luann se tenait près d'une table ronde où étaient posées plusieurs flûtes à champagne. Enzo enfila la veste qu'il n'avait pas pris le temps de mettre par-dessus sa chemise et dit, un peu brouillon :

« Dormi… euh… Oui merci… Une super fête… »

Luann le regardait avec insistance, un sourire dévoilant ses dents. Enzo se reprit enfin :

« Je dois y aller. Encore merci pour l'invitation. »

Il finit par passer la porte d'entrée et courut jusqu'à sa voiture. Dans le hall, Luann ne put s'empêcher de dire :

« Yes !!! »

ooOOoo

Siegfried se réveilla, des rêves pleins la tête. Il ne s'attendait pas vraiment à avoir un corps contre lui, mais se retrouver réellement seul lui avait fait l'effet d'un poignard dans le cœur. Il caressa la place où s'était tenu Enzo, respirant son odeur.

Soudain, la porte de sa chambre s'ouvrit et sa sœur lui bondit dessus, lui passant les bras autour du cou.

« Alors petit frère, bien dormi ?

- Pas beaucoup…

- C'est ce que j'ai cru comprendre en voyant Enzo partir.

- Ouais… »

Siegfried s'assit dans son lit, sa sœur prenant place à ses côtés. Le sourire de cette dernière s'effaça quand elle vit que son frère ne le lui rendait pas.

« Ça n'a pas marché comme tu voulais ? demanda Luann.

- Si, enfin… je ne crois pas qu'il va l'accepter si facilement…

- Mais tu ne peux pas lui en vouloir pour ça… Il va te falloir être patient et non brusque.

- C'est le plus dur.

- Oui, mais je suis là, moi !

- Heureusement… »

Siegfried fronça des sourcils.

« Tu m'as dit que tu l'avais vu partir ?

- Oui.

- Quand ?

- Là, à l'instant. »

Siegfried jeta les draps par terre et bondit du lit pour aller à la fenêtre, nu comme un ver. Ce qui valut un cri d'horreur de Luann :

« Noooooooooon !!! Habille-toi !!! »

ooOOoo

Deux semaines étaient passées depuis cette fameuse fête chez Luann et Siegfried, et c'était par miracle qu'Enzo ne les avait pas recroisés bien que les cours aient repris. Il avait certes, plusieurs cours en commun avec Siegfried, mais il s'était toujours arrangé pour ne pas être assis à côté de lui. En revanche, il y avait une personne qu'il n'avait pas encore revue mais avec qui il fallait à tout prix qu'il discute. Kalie s'était faite porter malade, et n'avait donc pas repris les cours comme les autres élèves.

Pourtant, malgré l'envie de mettre les choses au clair avec elle, Enzo n'avait pas trouvé le courage d'aller la voir. Après tout, que pourrait-il bien lui dire ? Ne l'avait-il pas trompée ? Avait-il alors le droit d'aller lui reprocher sa conduite lors de la soirée ?

Enzo, ne contrôlant pas sa force, renvoya un peu trop fort la balle à son adversaire qui ne put l'arrêter, et marqua ainsi le point qui lui fit gagner la partie. Il s'approcha du filet du terrain de tennis pour serrer la main du perdant et alla boire un peu d'eau sur un banc installé sur les bords du terrain. C'est alors qu'il le vit, assis en plein milieu des gradins, et le fixant avec une intensité qui fit rougir Enzo. Depuis combien de temps Siegfried pouvait-il bien être là ?

Il rangea sa bouteille dans son sac qu'il prit ainsi que sa raquette et fila aux vestiaires. Quoiqu'il fasse, il était persuadé que Siegfried l'attendrait à la sortie. Il risqua un dernier regard vers les gradins : Siegfried ne l'avait pas perdu des yeux. Il se doucha et se changea rapidement puis mit son sac sur l'épaule et sortit. Comme il s'y attendait, le jeune homme était là, les mains dans les poches de son jean. Il portait toujours cet éternel bonnet noir assorti à sa veste qui le faisait paraître encore plus carré qu'il ne l'était.

« Ce qui lui va plutôt bien… Non mais quel con ! À quoi je pense, là ? »

Il ferma son manteau et ouvrit la porte vitrée qui le séparait du parking où se trouvait sa voiture. Il passa devant Siegfried qui l'arrêta :

« Enzo, il faut qu'on parle. »

« Toujours aussi direct… »

« Non, fit Enzo, rêche. Je ne veux pas te parler. Laisse-moi maintenant. »

Enzo fila ensuite vers sa voiture, sans se retourner une seule fois vers Siegfried.

« Je suis désolé, Enzo. Mais je ne crois pas que je vais te laisser comme ça… »

ooOOoo

« Non mais franchement… Pourquoi j'ai réagi comme ça ? »

Enzo était assis au volant de sa voiture garée au parking souterrain du centre commercial de la ville depuis une dizaine de minutes, et il ne s'était toujours pas décidé à descendre du véhicule.

« J'aurais dû rester et mettre les choses au clair avec lui… Lui dire que je ne suis pas… enfin… je crois… Non c'est clair. Enfin peut-être qu'il va me laisser maintenant, il a bien dû comprendre ! »

Enzo sortit enfin de sa voiture et monta à l'étage pour aller dans un magasin de vêtements. Il avait grand besoin de pulls et se dirigeait donc vers sa boutique favorite pour y remédier. Il n'y avait quasiment aucun client car la plupart était encore au travail ou en cours, Enzo ayant la chance d'avoir son mardi après-midi de libre pour ses matchs de tennis, il en profitait donc pour éviter la foule des fins de semaine.

Il sélectionna plusieurs pulls, polos et pantalons et alla dans la cabine d'essayage. Le seul vendeur qu'il avait aperçu se trouvait à la caisse, en train de vérifier ses commandes, et il avait donc la possibilité de prendre son temps pour les essayages sans qu'on vienne le gêner. Il entra dans une cabine qui aurait pu accueillir facilement quatre personnes comme lui et commença ses essayages. Il valida le premier pull, mais pas le second. Il les posa dans un coin et commença à déboutonner son pantalon pour pouvoir essayer un jean et un pull à col roulé. Il enfila le jean et jeta un coup d'œil à la glace. Il sursauta.

« Désolé, je ne voulais pas te faire peur. »

Siegfried refermait juste le rideau derrière lui et regardait Enzo avec un fin sourire.

« Comment tu as fait pour me retrouver ? demanda Enzo.

- Je t'ai suivi jusqu'au centre commercial. Je sais que c'est ton magasin préféré, alors j'ai pas eu à chercher bien loin… »

Enzo remarqua, alors que le regard du jeune homme se faisait plus insistant, qu'il était torse nu.

« Je veux que tu sortes.

- Pourquoi ? »

Enzo bafouilla, déconcerté par la question :

« Bin… Parce que… que… Je t'ai dit de me laisser tranquille !

- Oui, je l'avais bien compris… Mais pourquoi ? Tu ne veux plus me voir ? Plus me parler ? Parce que je t'ai fait du mal ?

- Non… Oui… Je… »

Siegfried se rapprocha vivement d'Enzo et lui prenant le visage d'une main, il l'embrassa. Enzo en laissa tomber le pull qu'il allait essayer, mais il ne repoussa pas Siegfried.

« Tu es trop hésitant, Enzo…

- Je ne suis pas gay…

- Mais tu n'avais pas l'air de détester quand je t'ai touché l'autre soir…

- J'étais saoul.

- C'est ce que j'ai cru au début, mais par la suite tu m'avais l'air bien conscient. Si ça ne te plaisait pas, tu aurais pu me le dire, mais tu ne m'as pas rejeté. Pourtant tu aurais pu, comme tu pourrais le faire aujourd'hui… »

Siegfried embrassa à nouveau Enzo. De légers baisers pour commencer, puis il se fit plus violent, plus entreprenant. Il n'eut pas à forcer Enzo pour que leurs langues se lient.

« Il faut que tu comprennes quelque chose, Enzo… fit-il alors que ce dernier reprenait son souffle. C'est que je t'aime. »

Il embrassa à nouveau Enzo qui s'accrocha à sa veste des deux mains. Siegfried, quant à lui, entreprit de déboutonner le jean d'Enzo, mais celui-ci s'écarta.

« Non…»

Siegfried finit de défaire le jean en repoussant les mains qui essayaient de l'en empêcher et passa sa main sous le slip d'Enzo qui prit son souffle.

« Décontracte-toi… »

Il sortit le membre d'Enzo qu'il se mit à caresser sans arrêter d'embrasser le jeune homme. Ce dernier réussit à murmurer :

« Le vendeur…

- Il est trop occupé pour l'instant…. Et nous aussi…

- Fais attention… au jean… »

Siegfried acquiesça. Il déshabilla complètement Enzo qui frissonna.

« Il connaisse pas le chauffage ici ou quoi ? »

Son compagnon retira sa veste qu'il déposa sur le côté, puis il défit son pantalon à son tour. Il prit Enzo tout contre lui pour l'embrasser, une main entre eux ne cessant de caresser le membre d'Enzo. Puis il recula :

« Je suis désolé, Enzo ; mais je ne tiens plus… »

Il plia la jambe gauche d'Enzo, de façon à ce que son genou soit à hauteur de son bassin, et il le pénétra brusquement. Enzo poussa un cri mêlé de surprise et de douleur, cri qui se transforma rapidement en soupir de plaisir. Siegfried lui tenait fermement la jambe près de son bassin et allait et venait en lui, rapidement. Il sentait le membre d'Enzo se durcir de plus en plus contre son propre ventre, ce qui l'excitait d'avantage. Enzo accueillait ouvertement les lèvres de Siegfried qui se posaient dans son cou et sur ses lèvres. Siegfried dut plaquer une main sur la bouche d'Enzo à la fin, mais il réagit trop tard. Quelques secondes après, alors qu'il allait se retirer d'Enzo, une voix masculine demanda derrière le rideau :

« Est-ce que tout va bien, monsieur ? »

Siegfried et Enzo se regardèrent, et ce dernier finit par dire, d'une voix peu assurée :

« Oui, oui… Tout va bien, merci. »

Siegfried se retira et les deux jeunes hommes purent se rhabiller. Alors que Siegfried remettait sa veste, Enzo s'assit sur le banc de la cabine d'essayage, les yeux dans le vague.

« Enzo ? Ça ne va pas ? »

Siegfried se mit à genoux devant lui, les mains sur ses cuisses. Enzo ne le regarda même pas.

« Va-t'en. Ne reviens pas me voir.

- Tu rigoles ? Tu, tu…

- Non, Sig. Ce n'était qu'un dérapage de plus. De trop. Ça ne se reproduira plus.

- Je… je ne vois pas les choses comme toi. Je t'aime.

- Mais moi je ne t'aime pas. »

La douleur causée par ces paroles put se lire sur le visage de Siegfried. Il secoua négativement la tête :

« Oui, bien sûr… Tu aimes Kalie n'est-ce pas ? »

Enzo ne répondit pas à la provocation de Siegfried. Il voyait que le jeune homme souffrait. Siegfried se releva et avant de sortir de la cabine, il dit sur le ton de la colère:

« Et bien j'espère sincèrement qu'elle te rendra heureux. »

ooOOoo

Siegfried se trouvait dans l'immense cuisine de la demeure de ses parents, assis à la table de travail en train de boire un bon café noir. Il avait renvoyé la cuisinière, plus violemment qu'il ne l'aurait voulu, et savait qu'il devrait s'excuser par la suite, mais il avait eu besoin de calme, et surtout, de café.

« Mais moi je ne t'aime pas… »

Il n'arrêtait pas de penser à son après-midi. Aux paroles d'Enzo. Il avait l'impression qu'on lui avait arraché le cœur. Il avait envie de pleurer, mais étrangement, les larmes ne voulaient pas venir. Il avait une boule dans la gorge, et sa tête lui donnait l'impression qu'elle allait exploser.

« Je n'aurais pas dû… »

Il entendit la porte de la cuisine s'ouvrir, mais il ne se retourna pas. Des bras vinrent l'entourer, et il en attrapa les mains.

« Que se passe-t-il ? demanda Luann dans son dos. Pourquoi as-tu congédié la cuisinière ?

- Il m'a rejeté, petite sœur… Il m'a dit qu'il ne m'aimait pas.

- Quand l'as-tu revu ?

- Cette après-midi, au centre commercial.

- Tu lui as avoué tes sentiments là-bas ? s'étonna Luann.

- Oui. Dans une cabine d'essayage. » dit Siegfried en souriant.

« Oh non… Ne me dit pas que… que vous…

- Si. »

Luann retira ses bras. Elle donna un grand coup de poing sur le sommet du crâne de son frère en criant :

« Espèce d'obsédé !!!

- Aïeeeeeeuuuuuh !!! » fut la seule réaction de son frère.

Il se frottait la tête alors que sa sœur le blâmait :

« Non mais franchement, qu'est-ce que tu avais en tête ? Tu ne penses vraiment qu'à ça !!!

- Mais il était tellement sexy en jean et torse nu… J'ai pas pu résister…

- Oui, et en parfait animal, tu lui as sauté dessus ! Tu m'étonnes qu'il a eu peur !!!

- Je… Je l'ai perdu… »

Ces paroles firent retrouver son calme à Luann. Elle prit son frère dans ses bras pour le réconforter et lui dit tout bas :

« Non, petit frère… Tu ne l'as pas encore perdu. Je te l'ai dit, il va lui falloir du temps pour accepter tes sentiments d'une part. Et ensuite accepter le fait qu'il puisse aimer un autre homme. Toi le premier, tu dois admettre que ce n'est pas facile. Tu as eu de la chance que nos parents réagissent bien face à cette nouvelle, mais ceux d'Enzo n'auront peut-être pas la même réaction… »

Luann fit ressurgir des souvenirs enfouis pendant des années chez son frère. Quelques années auparavant, Siegfried était tombé amoureux d'un homme plus âgé de cinq ans, et avait dû le dire à ses parents. Ces derniers avaient mis du temps à l'admettre, mais ils s'y étaient faits. Et ils avaient été présents lorsque l'homme qu'avait aimé Siegfried était parti. Depuis, Siegfried n'était tombé amoureux que d'une seule personne. Et cette personne ne semblait pas vouloir de lui.

« Tu vas devoir attendre maintenant, dit Luann. Laisse-le s'y faire.

- S'il s'y fait un jour…

- L'amour n'est pas toujours réciproque, petit frère. »

ooOOoo

Pendant plus d'une semaine, Enzo n'était pas retourné en cours, de peur de croiser Siegfried. Il était resté cloîtré chez lui, prétextant une vilaine grippe qui le clouait au lit. Mais il ne pouvait plus se cacher derrière des mensonges. Il devait retourner en cours s'il voulait avoir son diplôme et il ne pouvait pas non plus inquiéter encore plus ses parents par son absentéisme, et c'était pour cela qu'il retournerait au lycée le lendemain.

Enfoncé dans son fauteuil et mangeant sa soupe de légumes, Enzo regardait les informations à la télévision quand on sonna à sa porte. Avec un grognement, il repoussa son bol et se leva après avoir coupé le son du téléviseur. Il enfila un pull et alla ouvrir. Kalie se tenait devant lui, un grand sourire aux lèvres.

« On m'a dit que tu étais malade… dit-elle. Alors je viens pour te soigner. »

Elle força le passage pour entrer dans l'appartement et posa son manteau sur le dossier du fauteuil où Enzo était assis quelques minutes auparavant.

« Je vais beaucoup mieux. Je n'ai pas besoin d'être soigné. Encore moins par toi.

- Non mais regardez-moi ça comme il est mauvais… C'est pourtant moi qui devrais être en colère. »

Enzo haussa les sourcils.

« Pardon ?

- Oui. Moi aussi j'ai été malade, mais tu ne m'as même pas appelée pour avoir de mes nouvelles. D'ailleurs depuis le trente et un, lorsque tu m'as salement abandonnée, je n'ai plus aucune nouvelle de toi…

- Tu te fous de moi ? JE t'ai abandonné ? Excuse-moi, mais qui est allée draguer un autre mec sur la piste ?

- Tu m'avais donné la permission, Enzo.

- La permission ? Je ne t'ai jamais dit que tu pouvais aller voir ailleurs ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ? »

Kalie ne baissa même pas les yeux devant lui. Elle s'approcha de lui et passa ses mains sous les vêtements du jeune homme : une sous le pull, l'autre sous le pantalon. Enzo était ainsi plaqué contre le mur.

« Je suis vraiment désolé mon chéri… Je n'avais pas compris… Je ne recommencerais plus je te le promets, car je t'aime plus que tout… »

Elle embrassa Enzo tout en défaisant son pantalon, puis elle passa une main sous son slip.

« Elle recommence… Elle ne pense pas un mot de ce qu'elle vient de dire… »

Il la regarda se mettre à genoux devant lui et lui baisser son pantalon. Il la vit mettre son membre dans sa bouche, mais il ne ressentait rien.

« J'ai compris. »

Il la repoussa, non pas violemment, mais fermement, et la fit se relever.

« Arrête maintenant, Kalie. »

La jeune femme lui lança un regard glacial.

« Je ne veux pas que tu fasses ça. Je ne veux pas que tu reviennes vers moi, qu'on recommence ensemble alors que… que… Je ne t'aime pas.

- Tu… tu… »

Kalie reprit son manteau et cracha avec rage à Enzo :

« Tu n'es qu'un sale con, Enzo ! Tu en as bien profité pendant un an, et tu viens de tout foutre en l'air.

- Non, Kalie. C'est toi qui as tout détruit. Depuis longtemps.

- Non. Mais je ne m'inquiète pas : bientôt, tu te rendras compte de ce que tu as perdu, et tu reviendras vers moi en pleurant ! Tu ne sais pas ce que tu veux, Enzo ! Tu ne l'as jamais su ! Mais bientôt, tu te rendras compte de ton erreur ! Et je serais là pour rire de toi !!! »

Kalie sortie, furibonde, de l'appartement, en claquant la porte. Enzo se dirigea vers son fauteuil et remit le son de la télévision. Les informations étaient terminées.

« Tu te trompes… Je sais très bien quelle est l'erreur que j'ai commise. Et je crois qu'aujourd'hui, je sais ce que je veux. »

ooOOoo

Enzo gara sa voiture sur le parking du lycée, où, bien qu'il soit neuf heures passées, il eut une chance de trouver une place. Il prit son sac de cours et se dirigea vers la grande arche qui composait l'entrée de l'établissement, dans laquelle une masse d'élèves s'engouffrait tant bien que mal. Il fit remplir son billet d'absence par un surveillant et alla à son casier pour y prendre ses affaires. Le même rituel depuis des années, à quelques différences près : Kalie n'était pas là pour le baiser matinal, et Siegfried ne se trouvait pas sur le banc avec les autres élèves. C'est vers eux qu'Enzo se dirigea après avoir rempli son sac. Il les salua rapidement et l'un d'eux lui demanda :

« Enfin remis ?

- Oui, ce n'était qu'une petite grippe, fit Enzo en haussant les épaules.

- On dirait qu'il y a eu une épidémie : beaucoup d'élèves ont été absents depuis la rentrée. Toi, Siegfried…

- Il a été malade ?

- Il l'est toujours. Il a arrêté de venir en cours en même temps que toi, il me semble. Sa sœur nous a dit qu'il avait la grippe.

- Ah, je vois… »

Enzo remonta son sac sur son épaule.

« Il ne devait pas vouloir me voir après tout ce que je lui ai dit au centre commercial. »

Il frissonna en repensant à cet épisode.

« Au fait, fit un autre élève. Tu n'es plus avec Kalie à ce qu'il paraît ? »

Enzo marqua une pause. Il dit avant de se retourner pour partir :

« Les nouvelles vont toujours aussi vite à ce que je vois… »

ooOOoo

Il lui avait fallu toute la journée pour se décider, mais finalement, il avait pris sa voiture pour traverser la ville. Il avait roulé pendant plus d'une heure dans la ville et ses alentours, réfléchissant à la façon dont il allait s'y prendre. Pourtant, au bout de tout ce temps, il ne savait toujours pas ce qu'il allait dire, cependant, il était décidé à régler ses problèmes avec Siegfried.

L'immense demeure se dressait, fière, sur la côte, face à Enzo qui venait juste de se garer devant le portail principal qui mesurait plusieurs mètres de hauteur et qui était surmonté de pointes qu'il imaginait plus qu'acérées. Il ouvrit sa fenêtre et appuya sur la sonnette du haut-parleur. Celui-ci émit un grésillement avant que la voix d'un homme ne se fasse entendre.

« Oui ?

- Bonjour… Enzo Renan. Je voudrais voir Siegfried s'il vous plaît. »

Il y eut un nouveau grésillement, et le portail s'ouvrit. Enzo engagea prudemment son véhicule dans l'allée, et se gara tout près de l'entrée. Un majordome vint lui ouvrir et le pria d'attendre dans le hall. Mais ce ne fut pas Siegfried qui vint à sa rencontre. Luann s'approcha, les bras croisés et les yeux lançant des éclairs.

« Tiens, tiens… Que nous vaut cette visite ?

- Je… voudrais voir ton frère… S'il est là…

- Pourquoi veux-tu le voir ?

- J'ai quelque chose d'important à lui dire. »

Luann décroisa les bras et lui fit signe de monter au premier étage.

« Il est dans sa chambre… Sûrement devant sa console. Il n'a fait que ça depuis votre dernière rencontre. »

Enzo rougit, espérant que Siegfried ne racontait pas tout à sa sœur. Il remercia Luann et commença à grimper les escaliers. La jeune femme lui attrapa le poignet :

« Ne le fais pas souffrir cette fois… Sinon, je ne sais pas comment je ferais pour le réconforter.

- Ne t'inquiètes pas. »

Enzo monta au premier et alla se placer devant la porte de la chambre de Siegfried. Il frappa deux fois, mais personne ne répondit. Il se demanda alors si Luann lui avait dit la vérité. Pour en avoir le cœur net, il entra dans la pièce. Celle-ci était plongée dans l'obscurité. Seule la lumière provenant de la télévision illuminait légèrement la chambre. Le vacarme émanant d'un jeu de course parvint aux oreilles d'Enzo qui s'étonna de ne pas l'avoir entendu avant d'entrer. Il s'approcha de l'écran et découvrit Siegfried, assis par terre et le dos collé au lit, en train de manipuler la manette de la console.

« Je vois que tu aimes toujours autant les jeu de courses… »

Siegfried sursauta en entendant la voix d'Enzo et laissa tomber la manette au sol. Enzo s'assit sur le bord du lit, en essayant de ne pas penser à ce qu'il s'était passé entre eux dans cette pièce même.

« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Siegfried.

- Je suis venu parler avec toi.

- Je croyais que tu ne voulais plus me voir ! »

Siegfried reprit la manette et continua sa partie. Enzo se leva et alla couper le son du téléviseur. Il se planta devant l'écran et dit :

« Le fait que je sois là prouve le contraire, non ? »

L'autre haussa les épaules. Un grand silence s'installa entre eux. Siegfried regardait sa manette, alors qu'Enzo ne le quittait pas des yeux. Certes, il était venu dans l'espoir de tout arranger, mais il ne savait trop comment s'y prendre. Siegfried finit par se lever pour aller éteindre sa console et ranger la manette.

« J'ai… commença Enzo. J'ai beaucoup réfléchi… depuis la dernière fois. À ce qui s'était passé, et à ce que je t'avais dit. Et je me suis trompé. Je veux qu'on continue à se voir. Après toutes ces années, je sais que tu es un très bon ami que je ne veux pas perdre. Mais… enfin… Je veux…

- Tu veux qu'on reste amis… mais moi, je voudrais plus. Tu pourras continuer à me parler tout en sachant ça ? »

Siegfried le regarda avec une lueur de défi dans les yeux. Mais Enzo ne put répondre qu'à son regard, ne sachant plus comment s'y prendre.

« C'est bien ce que je pensais… Enzo, je t'aime, je te le dis, et je te le redis, et si tu n'es pas capable d'y faire face, alors je crois que comme tu l'as dit, il ne faut plus qu'on… »

Enzo coupa la parole de Siegfried d'un baiser. Il prit son visage dans ses mains et approfondit son baiser. Siegfried s'écarta, voulu parler, mais Enzo l'en empêcha. Il l'embrassa à nouveau, tout en le poussant vers le lit sur lequel il le fit basculer. Il n'eut aucun mal à retirer son survêtement à Siegfried, et se déshabilla rapidement à son tour, lançant les habits sans se soucier de l'endroit où ils atterrissaient. Puis, ses gestes se firent plus lents, plus doux. Il commença par caresser le torse de Siegfried, puis par l'embrasser. Le jeune homme se cambra légèrement quand Enzo le pénétra, ne s'y attendant pas. Enzo lui attrapa son membre et la caressa au rythme des va-et-vient qu'il faisait en lui. Il finit par s'écrouler sur lui, le souffle court. Siegfried replia ses jambes sur Enzo et dit avec malice :

« C'est tout ?

- Ta gueule. »

Siegfried ne put s'empêcher de rigoler. Enzo avait la tête posée sur son torse, et ne bougeait plus.

« Tu ne vas pas t'endormir tout de même ?

- Y en a qui se sont levés tôt pour aller en cours ce matin…

- Dis plutôt que tu n'es pas endurant… »

Enzo se redressa, et donna un léger coup de poing dans le ventre à son compagnon qui lui prit les poignets. Il porta les mains à ses lèvres pour les embrasser.

« Tu viens de me faire un magnifique cadeau. J'ai toujours rêvé que tu me prennes…

- Sale pervers…

- Oui. Mais tu m'aimes comme ça, n'est-ce pas ? »

Enzo ne répondit pas, alors Siegfried réitéra sa question :

« N'est-ce pas ? »

Enzo hésita, alors l'autre l'attira contre lui, et le fit rouler sur le lit, de manière à l'avoir sous lui.

« Ne t'inquiètes pas, je sais que tu ne peux pas y répondre maintenant… Tu me le diras, je l'espère, quand tu seras prêt.

- Je suis désolé… J'aimerais…

- Je t'ai dit que ce n'était pas grave. Je comprends… Maintenant, laisse-toi faire… Je vais te montrer ce qu'est l'endurance… »

Il glissa lentement le long du corps d'Enzo, caressant son corps avec ses deux mains. Puis, il lui tint fermement ses deux jambes écartées et s'accroupit entre. Enzo n'osa pas se relever, et il étouffa un hoquet de surprise lorsque Siegfried prit son membre dans sa bouche. Il réussit à poser ses mains sur celles de Siegfried, qui ne les avait pas bougé d'un pouce. Ce dernier alternait rapidité et lenteur, arrachant soupirs et gémissements à Enzo. Ils se donnèrent la main alors qu'Enzo se relâchait.

Siegfried se redressa en s'essuyant les lèvres, et ne laissa pas le temps à Enzo de se remettre : il le pénétra brutalement, arrachant un cri à son compagnon. Ses va-et-vient se firent de plus en plus rapides et puissants, provocant des gémissements de plaisir aux deux jeunes hommes. Il releva légèrement les jambes d'Enzo pour pouvoir rapprocher son bassin de celui de son compagnon. Il se pencha sur lui, sentant son membre durci contre son ventre, et l'embrassa avec énergie.

Siegfried finit par s'allonger sur son partenaire, la tête posée dans le creux du cou d'Enzo. Il avait le souffle court, et essayait comme il le pouvait de se calmer. Enzo lui caressa le dos :

« C'est comme ça que tu veux m'apprendre ce que signifie "endurance" ? »

Siegfried se redressa, les mains sur les cuisses d'Enzo. Il eut un sourire sadique.

« Quoi ? » fit Enzo.

Ce dernier aperçut une lueur amusée dans les yeux de Siegfried. Il sentit ses mains raffermir leur prise, et il dit :

« Non… Encore ? »

ooOOoo

Enzo était debout face à l'évier où la vaisselle l'attendait. Il fit couler de l'eau chaude dans un plat qui allait lui donner du fil à retordre, tout en regardant par la fenêtre qui donnait sur l'allée devant la maison. Une voiture gris métallisé y était garée, face au garage. Dans la rue, les réverbères commençaient à s'allumer, car bien qu'il ne soit que dix-sept heures, la nuit tombait de plus en plus tôt avec l'hiver. Il arrêta l'eau et roula des épaules, sentant la fatigue le gagner. Il ne sursauta pas lorsque des bras entourèrent sa taille. Il sourit alors que Siegfried disait :

« Laisse la vaisselle, on la fera demain…

- Non, demain il y en aura encore plus.

- Alors je la ferais !

- Mais oui… C'est ce que tu dis toujours.

- Je te promets de faire la vaisselle dès que je me serais levé ! »

Enzo se retourna pour faire face à Siegfried. Il lui sourit :

« Je suis sûr que tu tiendras ta promesse… »

Siegfried leva un sourcil interrogateur :

« Ah oui ? Pourquoi donc ? »

Enzo embrassa son compagnon, tout en passant une main sous son pull. Il recula et fit :

« Parce que nous savons tout les deux que tu ne pourrais pas te passer de ça. »

Enzo sortit de la cuisine en laissant Siegfried pantois. Ce dernier lui coura après alors qu'il montait les escaliers menant au premier :

« Tu rigoles, n'est-ce pas, Enzo ? Hein, dis ? »

Enzo s'arrêta dans les escaliers et se pencha vers le jeune homme avec un regard aguicheur :

« Non. »

Et il se remit à monter les escaliers en étouffant son rire.

« Mais, mais…

- Va plutôt finir de mettre la table avant que les invités n'arrivent.

- C'est déjà fait ! »

Enzo se retourna à nouveau, puis sur un ton ironique, il ajouta :

« Alors va faire la vaisselle !

- Mais toi… Tu vas faire quoi pendant ce temps ?

- Prendre un bain, dit Enzo d'un air innocent.

- Je peux le prendre avec toi ?

- Non ! »

Enzo finit de monter les escaliers et disparut dans le couloir. Siegfried soupira, et se dirigea dans la cuisine en ronchonnant.

ooOOoo

L'ambiance autour de la table était plus que joyeuse : les amis et la famille se réunissaient enfin, après des mois sans s'être vus. Enzo et Siegfried étaient assis l'un à côté de l'autre, se levant chacun leur tour pour apporter les plats qu'ils avaient préparés toute la journée. Ce n'était que la veille du réveillon, mais ils avaient décidé de réunir les personnes qu'ils aimaient le trente afin d'être sûrs de pouvoir tous les voir. La famille d'Enzo se trouvait à la droite du jeune homme. Ses parents avaient difficilement accepté l'homosexualité de leur fils unique, mais voyant qu'il était heureux ainsi, ils avaient vite capitulé, d'autant plus qu'Enzo avait menacé de ne plus leur parler s'ils ne pouvaient tolérer son compagnon.

Juste après avoir obtenu leur bac, et à la surprise de tout le monde, Enzo et Siegfried s'étaient installés ensemble dans un petit studio, près de l'université où Enzo devait continuer ses études. Siegfried, quant à lui, avait intégré l'entreprise de son père, qu'il était destiné à reprendre plus tard. Cela leur avait permis l'année suivante d'emménager dans un appartement plus grand, et, Enzo ayant trouvé un petit boulot, ils avaient fini par acheter une maison à crédit il n'y avait cela qu'un mois. C'étaient donc les premières fêtes qu'ils célébraient dans leur demeure.

Luann, qui s'était installée entre ses parents et son fiancé, s'était levée, une coupe à champagne pleine en main. Elle portait une magnifique robe de soirée cache-cœur grise, assortie à la chemise de son fiancé. Elle leva sa coupe face à son frère et Enzo :

« Je tenais à porter un toast… »

Le silence se fit autour de la table et Luann continua :

« Tout d'abord, et avec un peu d'avance, je vous souhaite à tous une très bonne année, pleine de joie, d'amour… enfin le blabla habituel ! »

Il y eut des rires autour de la table. Luann attendit un peu, puis elle ajouta :

« Je tiens plus particulièrement à porter un toast à mon frère et à Enzo, qui est, il faut l'avouer, devenu un membre de notre famille. Alors, à mes deux frères, je souhaite de toujours être aussi fort face aux yeux des gens, face à toutes les critiques. Je vous aime plus que tout, avec Mickael, bien entendu, et je vous souhaite tout le bonheur du monde. »

Elle fit mine de s'asseoir, mais se redressa et finit :

« Et, Enzo, je te souhaite encore bien du courage… »

Tout le monde parti d'un rire franc et généreux autour de Luann. Tout le monde sauf Siegfried qui se leva, vêtu d'un costume noir sans cravate :

« Je te remercie petite sœur, et je me dois de te porter un toast à mon tour. Je tiens tout d'abord à tous vous remercier d'être venus. Cela nous fais vraiment plaisir à Enzo et à moi que vous ayez tous pu venir ce soir. Luann, je te remercie pour ton magnifique discours qui me va droit au cœur. Je te souhaite à toi aussi tout le bonheur possible auprès de Mickael. Je suis heureux que tu aies enfin trouvé un homme qui puisse te combler, et par-dessus tout, qui arrive à te supporter !

- Y a aucun problème pour ça ! » s'exclama le dit Mickael, le sourire aux lèvres.

Luann l'avait rencontré lors d'une soirée organisée par une amie à son université, et depuis, ils ne s'étaient plus quittés. Elle l'avait présenté il y avait plus d'un an

Il se tourna vers Luann qui lui fit un immense sourire avant de ne lui offrir ses lèvres. Siegfried se rassit, et de nombreuses autres personnes levèrent leur verre pour célébrer la nouvelle année à venir.

ooOOoo

Le feu brûlant dans la cheminée réchauffait agréablement Enzo, qui tenait Siegfried dans ses bras. Ils étaient assis tous les deux face à la cheminée, silencieux. Siegfried, assis entre les jambes pliées de son compagnon lui caressait les bras qui entouraient son cou. Ils adoraient ces instants câlins, qui se faisaient assez rares à cause du travail de Siegfried qui l'obligeait souvent à se déplacer. Mais malgré la distance qui les séparait parfois, leur amour était toujours intact.

Siegfried ressassa dans son esprit tout ce qu'il avait du faire pour séduire Enzo. Aujourd'hui, il n'en était pas vraiment fier. Il en parlait souvent avec son partenaire, et celui-ci lui prouvait à chaque fois qu'il ne ressentait aucune rancune envers son amant, bien que parfois ses manières pour le conquérir aient été plutôt directes. Par la suite, il avait avoué à Siegfried que, au fond de lui, il savait qu'il ne considérait pas le jeune homme comme un simple ami. Mais parfois, les sentiments ne sont pas faciles à comprendre. Et il lui avait aussi fallut mettre de l'ordre dans ses idées. Il avait surtout eu besoin de beaucoup de courage pour avouer ses sentiments à ses parents, et par la suite, de beaucoup d'attention de la part de Siegfried, car il avait énormément douté de sa force pour faire face au regard des autres. De plus, la jalousie de Kalie leur avait pourrie la vie jusqu'à ce que, enfin, elle quitte la ville pour ses études.

Le tic-tac de la pendule située dans le couloir résonnait jusque dans le salon. Les deux jeunes hommes attendaient patiemment que minuit sonne. C'était la quatrième fois qu'il allaient fêter la nouvelle année comme ils l'aimaient : seuls tous les deux, chez eux, au calme. Lorsque minuit se présenta, et que les cris des gens dans les rues résonnèrent, Siegfried ferma les yeux.

« Retiens-toi, retiens-toi… »

L'année passée, il avait littéralement sauté sur Enzo qui lui avait crié après, trop énervé de voir que son compagnon n'était pas le moins du monde patient. Alors, cette fois, Siegfried avait décidé de ne pas faire la même erreur. Il attendrait. Il sentit les bras d'Enzo se serrer un peu plus, puis son souffle contre sa peau. Le jeune homme lui murmura à l'oreille :

« Je t'aime. »

Siegfried se retourna tout doucement, les larmes aux yeux.

« C'est si bon de te l'entendre dire ! »

Ils s'embrassèrent. Un baiser de pure tendresse, dont les deux acteurs prolongeaient le plaisir. Puis, Enzo s'écarta :

« Je te souhaite une bonne année, Sig.

- Je te souhaite aussi une bonne année. »

Il se retourna complètement de façon à pouvoir s'asseoir face à Enzo. Il planta son regard dans le sien et continua :

« C'est une excellente année qui commence, car tu m'as enfin dit que tu m'aimais.

- Toutes les années que j'ai passées avec toi ont été les plus belles de ma vie.

- Et nous avons encore de plus belles années qui nous attendent. »

Ils s'embrassèrent à nouveau. Un baiser qui symbolisait le lien qui les unissait depuis quatre ans, et qui les unirait encore, jusqu'à la fin et au-delà.

Fin


Finie le 21/01/2007, à 18h54

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