Auteur : Mydaya

E-mail : mydaya2000yahoo.fr

Site : nex84.ath.cx/mydaya

Genre : Romance de chez romance yaoiste.

Disclaimers : Les personnages sont à moi, veuillez respecter les droits d'auteur.

Note : Petite fic de quelques chapitres sans grande prétention, mais qui m'a amusée sous certains angles et qui m'a fait rêvée à d'autres endroits. Et non, je n'ai pas fait de faute dans le titre, c'est un jeu de mot, lol. En plus, les chapitres ne sont pas trop longs


La voix de l'écriture

Chapitre 1 : Journal intime


« Mon nom est Cédric et je suis en Terminale ES. Je suis fils unique, mais j'ai trois chats – ma mère adore les chats. C'est elle qui s'en occupe tout le temps. Ma mère prend beaucoup de temps avec ces putains de chats. Je commence à les détester. Miaou Miaou ! Je t'en mettrais tes Miaou !! Ca n'arrête jamais puisqu'ils font ça en concert... Je crois qu'une femme a porté plainte auprès d'une marque d'un micro-onde parce qu'il n'y avait pas marqué dans la notice d'utilisation que c'était dangereux pour la bestiole de la faire sécher dans le micro-onde. Parfois, les gens sont un peu beaucoup cons... Bref, peut-être que je ferais ça sur Sweety, celui qui n'arrête pas de pisser dans mes chaussons. Ce serait bien fait pour lui.

Enfin bon... Ma mère travaille dans une animalerie – je suis sûre qu'elle se fera bouffer par un anaconda à force d'aimer les bêtes. Je ne le lui souhaite pas, bien sûr, mais elle me désespère à être aussi cruche avec les animaux et ç les tripoter sans arrêts ! Sinon, pour mon père, à ce que j'en sais, il n'existe pas. Il travaille dans une société et il a une position super importante et tout et tout... Parfois, il ne dort pas, parfois il reste au bureau, bref, je ne le vois pas. Pas que je m'en plaigne, mais bon, parfois je suis un peu curieux de savoir qui il est vraiment. Bien entendu, je l'ai déjà vu. Brun comme moi... euh avec un bouc la dernière fois que l'on s'est croisé – il y a de ça peut-être cinq ans... Alors bon, mon éducation, je me la suis faite tout seul ! Bon, c'est peut-être pas top, mais ce n'était pas comme si j'avais réellement choix. Comment faire avec d'un côté une mère qui aurait préféré un chat comme fils et un père absent.

Tout plutôt que de rester dans ma maison ! Dès que j'ai le bac, je déménage dans un studio dans la capitale, il n'y a pas moyen ! En attendant, je suis inscrit à deux trucs extrascolaires : le tennis et le foot. Au tennis, il n'y a que des rabat-joie, mais bon j'accompagne une amie d'enfance, Lise. On est sortis ensemble une fois il y a pas mal de temps maintenant. C'est avec elle que j'ai découvert que j'étais gay.

Putain, le choc que ça a été. Pas du genre révélation d'un coup et une lumière qui m'éclaire, mais plutôt une réalisation gênante qui s'emparait de moi. A cette époque, je n'étais pas vraiment très joli à voir à déprimer dans mon coin, à avoir lâché Lise sans raison et à ne plus parler à mes potes. C'est bien sûr sans compter les quelques traces de couteaux sur mes poignets. Ce n'était pas du tout une envie de suicider, hein ! C'était plutôt que ça me faisait un bien fou et ça me faisait oublier un peu ce que j'étais. Heureusement que ça va mieux maintenant – sinon j'y serais passé. J'ai encore un peu de traces, mais c'est ok.

Le passage au lycée m'a fait pas mal de bien, je trouve, avec de nouveaux amis, une nouvelle ambiance, etc. Lise aussi est dans le lycée, mais elle fait S – mais quelle idée ?! On a reparlé un peu et après un an de remise à zéro, on s'entend encore pas mal. Alors je crois que c'est un peu pour m'excuser que je joue au tennis. Bon ok, c'est quand même sympa de taper comme un bourrin dans cette foutue balle jaune...

Pour le foot, au début, j'avais carrément les foies ! Je me disais que dans une classe, ça le faisait d'être avec des amis, parce qu'il y a des filles et qu'on est plusieurs et qu'on garde nos distances, mais au foot, je voyais déjà le cliché dans les vestiaires avec le savon par terre. J'en ai fait des cauchemars... Mais bon, y'a un de mes potes du lycée, Yoann, qui a insisté pour que je m'inscrive et je me suis jeté à l'eau. Eh bien, c'était plus de peur que de mal ! Aux vestiaires, juste avant, on ne fait que se charrier et se marrer et après on est tellement crevé qu'on ne pense à rien d'autre qu'au bonheur de la douche. Je n'ai jamais pris autant de plaisir à prendre une douche que ça ! Bon avec le temps, j'ai plus supporté les entraînements, mais bon... quand même !

Yoan est en défense avec moi et ça me rassure vachement. Notre capitaine, Grégoire, il est génial. J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi classe et avec autant de charisme. Non pas que je me sente attiré par lui, mais je l'admire beaucoup. J'espère qu'un jour il m'apprenne deux ou trois trucs pour le foot et pour draguer. Tu le vois, il ne fait rien de spécial à part être lui-même et paf toutes les filles sont dingues de lui. Il paraît qu'il a une copine en ce moment mais je crois qu'elle n'est pas dans le lycée.

Mais je parle, je parle, et c'est bientôt l'heure de manger. Je ne pensais pas qu'un jour je commencerais à écrire un journal intime, mais bon, pourquoi pas. »


Cédric vérifia qu'il avait bien débarrassé la table avant de mettre son manteau. Son père, c'était normal qu'il ne soit pas là, et sa mère pouvait se permettre de paresser encore un peu au lit, l'animalerie dans laquelle elle travaillait se trouvant à quelques pâtés de maison de là. Quoiqu'il en soit, Cédric vérifia également que toutes les lumières étaient éteintes. Et c'est avec un soupir qu'il claqua la porte de chez lui, songeant aux fainéants qui avaient encore le droit de dormir à cette heure-là, et alla à son lycée en courant.

Ce n'était pas qu'il était en retard, mais le coach de foot leur avait conseillé de courir quand ils pouvaient. Cela entraînaient leurs muscles, disait-il tout fier. Certes, le coach était assez bon, mais jamais il ne pourrait courir autant avec toute sa masse... hum... musculaire, dira-t-on. Cédric faillit bousculer Yoann sur le chemin.

— Holà ! s'exclama celui-ci.

— Salut, Yoann !

— Mais qu'est-ce que tu fais à courir dès le matin, toi ?!

— Le coach nous a...

— Le coach n'est bon qu'en stratégie de foot, pas en entraînement.

— Mais avoue qu'il n'a pas tort.

— Mais quel fayot, toi..., soupira Yoann en changeant son sac d'épaule.

— Bon, tu m'excuses si je continue ma route...

— Ouais, ouais... Sale maso...

Cédric eut un sourire en coin et lui donna un coup de poing amical dans l'épaule – ce qui provoqua un marmonnement plaintif. Yoann était assez bon en foot, mais ce n'était que grâce à un certain talent, et non à sa volonté d'être le meilleur. S'il l'avait voulu, il aurait même peut-être pu devenir professionnel – mais il semblait n'en avoir rien à faire et le boulot le fatiguait d'avance.

Arrivé au lycée, Cédric découvrit comme il l'avait prévu qu'il était largement en avance. Il y avait quelques élèves qui traînassaient ici et là, révisant une dernière fois son cours, ou flirtant sans vergogne avec une petite blonde. Pour sa part, une envie pressante se faisant sentir, le jeune garçon se dirigea vers les toilettes.

— Ah salut, Cédric, fit le gars à côté de lui.

C'était un camarade de classe de Lise, s'il s'en souvenait bien. Il faisait du foot lui aussi, mais était attaquant. Il était plutôt bien baraqué et à cause de ses cheveux bruns mi-longs, il était obligé de se ramener pendant tous les entraînements avec un élastique pour se les attacher. Il paraissait qu'il venait de rompre avec sa copine – le capitaine l'avait engueulé d'avoir raté un entraînement à cause de ça. Mais bon, Cédric ne lui avait pas vraiment beaucoup parlé. Il avait son meilleur ami au foot – le capitaine lui-même – et il était en S au lycée – encore un fou. Malgré le fait qu'il n'aimait pas être dérangé lors de... lors de son arrosage, Cédric fit l'effort d'être poli :

— Salut Thomas. Prêt pour le match de cet après-midi ?

— Bof. J'appréhende un peu. La dernière fois, on s'est fait laminer comme des femmelettes.

— Ouais, je m'en souviens très bien, grimaça Cédric en sortant des toilettes. Et le capitaine, il en pense quoi ?

— Ah il n'en parle pas et si je commence à évoquer le sujet, il me lance un de ces regards où il vaut mieux que tu t'écrases. Mais bon, il semble confiant et déterminé, comme d'habitude, quoi.

Grégoire et Thomas étaient amis depuis le bac à sable et avaient leurs maisons toutes proches mais Grégoire était dans un lycée privé.

— Bon, on se voit cet aprèm, lança Thomas.

— Bye.

Quel beau sujet – et quelle diversité – de conversation : le foot. Seul point commun qui puisse éventuellement leur faire entamer une discussion. Cédric se dirigea vers sa salle d'histoire tandis que le brun se postait devant sa salle de bio. Faire de la bio pour le plaisir, quelle idée ! Ils sont fous ces S.


« Le coach nous a donné une heure pour nous détendre avant le match et j'en profite pour déballer mon stress sur toi, cher journal (c'est un peu qu'à ça que tu sers, d'ailleurs). Je n'en peux plus, je suis à bout de nerf. C'est bien pire que le stress que j'ai ressenti quand je me suis demandé si j'allais être viré de l'équipe si on savait pour mes attirances. Je ne sais même pas pourquoi je compare les deux choses...

Enfin bref, dans tous les cas, ça ne va pas !! J'ai un big nœud dans l'estomac et j'ai les jambes qui tremblent. La dernière fois, on s'était pris quatre buts sans avoir pu contrer et pendant le match, ils avaient été affreux à nous donner des coups sans faire exprès quand l'arbitre ne regardais pas Tu parles.

Je devrais revoir l'attaquant adverse, un petit rouquin. Super mignon, mais si je le croise dans la rue, je lui rend la monnaie de sa pièce pour le dernier match et »


Cédric sortit de la douche des vestiaires en soupirant d'aise :

— Ah, putain, les gars, j'ai cru qu'on allait y passer. Franchement.

— Eh, au moins, on a marqué un but ! remarqua le capitaine avec un sourire en coin. Et on ne sait pas fait latter comme la dernière fois.

— Ouais, sourit Thomas en se caressant le poing, repensant sûrement à un coup qu'il avait rendu à l'adversaire, derrière le dos de l'arbitre. Ah au fait, Cédric, t'avais fait tomber ça de ton sac avant le match.

Thomas prit un petit bouquin sur le banc des vestiaires, lui tendit son journal intime et se détourna pour finir de s'habiller.

Le journal dans une main, Cédric n'osait plus bouger. Le coach les avait appelé précipitamment pour débuter le match et il n'avait pas fait attention. Où est-ce qu'il avait posé son journal dans la précipitation ? Il se souvint de l'avoir balancé sur son sac de sport. Il était sûrement tombé, étant en équilibre instable. Rentrant du match difficile, Thomas l'avait vu sur le sol et l'avait ouvert, curieux, tandis que Cédric s'était rué dans les douches, mort de fatigue.

Si Thomas savait que c'était à lui, c'était bien qu'il l'avait ouvert... non ? Merde. Qu'est-ce qu'il avait appris exactement ? Avant de paniquer, Cédric, rangea soigneusement son journal dans son sac et s'habilla sans se presser, de peur de trop faire remarquer son angoisse. Il ne cessait de jeter des coups d'œil autour d elui, mais personne ne semblait avoir d'attitude suspecte – même pas Thomas qui évitait soigneusement son regard. Cédric déglutit péniblement et se dépêcha d'autant plus.

Il fit un vague signe de la main aux joueurs qui n'étaient pas sous la douche, prétextant qu'il était attendu ailleurs, et courut jusqu'à chez lui. Les lumières n'étaient pas encore allumées, sa mère pas encore arrivée. Cédric passa en coup de vent, ne prenant pas la peine de fermer les rideaux du premier étage pour se précipiter à l'étage supérieur. Pour une stupide raison, il ferma à clef sa chambre et ouvrit précipitamment son journal pour y relire tout ce qu'il avait écrit, jusqu'à la fin où le voleur avait signé son forfait :

« Boah, ne t'inquiète pas. Ca ne se voit pas du tout que tu es gay et ce n'est pas à cause d'une raison aussi stupide que le capitaine et le coach vont te virer de l'équipe. Mais à l'avenir, essaye de ne pas faire traîner tes affaires privées, surtout à côté de Damien. »

Cédric reposa l'objet du crime sur son bureau. Il faisait chaud tout d'un coup, non ?

Quelqu'un était au courant. Il fallait faire quelque chose. Pour l'instant, il n'y avait rien, mais il le charrierait sûrement plus tard. Ou bien, il pouvait toujours exercer du chantage sur lui et...

Il fut coupé dans ses réflexions par la sonnerie de son téléphone portable. Il décrocha sans réfléchir :

— Allo ?

Merde. Et si c'était Thomas ? Pendant un millième de secondes, Cédric pria tous les dieux qui pouvaient exister pour que ce ne soit pas lui. Ce soir-là, les dieux semblaient être avec lui.

« Salut Cédric, c'est Lise. Ca s'est bien passé ton match ? »

— Le match ?

« Ton match de foot. Aujourd'hui. »

— Oh ! Ouais... euh... nous avons perdu, mais nous avons marqué un but : un à deux pour eux.

« C'est bien, vous faites des progrès. Tu n'es pas trop amoché ? »

— Non, c'est bon, c'est plutôt Yoann qui s'est pris un méchant pain.

« Aïe. Je vais l'appeler un peu plus tard alors. »

— Bah en fait, je dois te laisser : je dois aller manger.

« Ok. Bon appétit. »

— Merci. A demain.

Ce n'était qu'un pur mensonge, car personne n'était encore rentré. D'ailleurs, sa mère mangeait seule avec ses chats, donc c'était à lui qu'incombait la tâche de se faire à manger et donc de l'heure à laquelle il allait manger. En parlant du loup, la porte d'entrée se ferma et un miaulement ravi –suivi de plusieurs autres, grr – s'éleva pour saluer leur maîtresse. Cédric avait tellement été stressé par la révélation du journal qu'il n'avait pas fait attention de la présence des chats. Maintenant qu'il y repensait, peut-être avait-il donné un coup de pied dans le vide...

Il s'allongea sur son lit, triturant son nouveau journal intime entre ses doigts. Il lut et relut le message de Thomas.

— Me méfier de Damien, hein ?

C'était un autre joueur de l'équipe et un bon attaquant. Si Thomas était ami avec Grégoire depuis le bac à sable, il s'entendait très bien avec Damien depuis le collège. Etait-ce un piège ? Une menace ? Et qu'est-ce qu'il avait, Damien ? Cédric et lui parlaient assez souvent de foot – c'était un passionné – mais il ne l'avait jamais perçu comme quelqu'un de dangereux... Non pas qu'il essayerait de se mettre devant son poing, mais...

Soupirant, Cédric se remit à son bureau et prit un stylo pour continuer son journal :

« Aujourd'hui, quelqu'un a lu mon journal, un gars de mon équipe, Thomas. Il est sympa, mais on ne sait jamais... Je ne sais pas ce qu'il compte faire à présent et ça me fout un peu les jetons. Je me demande si je vais continuer à aller au foot. Déjà que je devrais me le coltiner au lycée... Ca me crève tout ça. »

Il referma son journal et alla manger. Il croisa sa mère qui le salua avant de s'occuper de la nourriture des chats. Cédric se prépara un plat préparé, regardant distraitement le carnivore ne faire qu'une bouchée de sa pâtée, devant le regard béat de sa mère.

— Maman, je suis gay.

— Mmh ? Tu disais ? demanda la femme en levant à contre cœur la tête dans sa direction.

— Non rien. Rien d'important.

— Ok, sourit-elle.

Elle retourna donc à son occupation favorite : papouiller le chat. A quoi ça aurait servi de le lui dire, songea son fils. De toute manière, elle s'en ficherait sûrement. Cédric hésitait entre deux réactions possibles, en fait. Soit, ce fait lui paraîtrait totalement inintéressant, ne touchant pas à la vie de ses boules de poils ; soit, cela ne ferait qu'assurer sa position qui disait que les chats au moins, eux, ne posaient pas ce genre de problème – ce qui était faux, Cédric l'ayant vérifié dans un bouquin de bibliothèque.

Après une dernière bouchée, Cédric se leva de table et annonça à la ronde :

— Je vais un peu bosser, et ensuite, je vais aller me coucher.

Sa mère ne l'entendit même pas. Il monta les escaliers en bâillant et se glissa sous ses couvertures sans passer par la case « travail ». Dès que ses yeux se fermèrent, le visage de Thomas apparut, moqueur ou regardant ailleurs pour ne surtout pas croiser son regard. Il passa une très mauvaise nuit.

A suivre...