Epilogue

- UN AN ET DES POUSSIERES PLUS TARD -

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- Aaaaaaaaaah, Seth, non ! J'hurle en courant au bord de la piscine.

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On est en Dordogne, fin août, dans le château de vacances des parents de Rachel. Rachel, je rappelle, est la copine de Heizo. Nous y sommes, Rhyûsuke, Basil, Seth, Heizo, Rachel, Mack et son mec du moment, Louis, et moi, depuis cinq jours, et pour cinq de plus.

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J'entends Seth rire derrière moi, un peu essoufflé, alors qu'il court pour me foutre dans la piscine.

Je le sais, parce que ça va faire la dixième fois qu'il le fait.

J'arrive au bout de la piscine, bloquée par l'allée de buis qui encadre la piscine, et me retrouve nez à nez avec Basil.

J'ai juste le temps de croiser son regard super content de lui pour comprendre qu'il va me foutre à l'eau.

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- Non ! J'hurle d'un cri suraigu - à la fois énervé et stressé - avant de faire demi-tour.

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J'ai dix fois plus de chances de m'en sortir sèche et sauve contre Seth. Non pas parce qu'il est moins fort - mais parce qu'il aura plus facilement de la peine pour moi.

Je fais demi-tour sur moi-même et entre en collision avec le torse humide de Seth.

Si déjà, l'eau est froide et désagréable quand elle est sur Seth, je doute d'aimer des masses être dans la piscine.

Comme d'un commun accord, Seth se penche pour attraper mes pieds, et Basil m'attrape les bras.

J'ai beau essayer de protester en hurlant de toutes mes forces, ou en me débattant, mais rien n'y fait.

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- Uuuun, j'entends les deux cons chanter. Deuuuuux, eeeeet -

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Je hurle une dernière fois pour le principe un "bande de connards, je vous déteste !"

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- Troiiiiiiis.

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Je me sens voler vers l'eau, mais étonnement, mes jambes restent en l'air, coincée dans les mains de Seth.

Je sens l'avant de mon corps tomber le premier, et j'ai pendant un quart de seconde la trouille de ma vie - que je me mange le bord de la piscine. Mon coeur rate un battement, et ma tête se retrouve submergée violemment dans l'eau.

Je fais un magnifique plat sur mes omoplates, et manque de mourir noyée avant que Seth me remette dans le bon sens de la marche et me tire à la surface.

Il a sauté avec moi. Heureusement pour lui, sinon je l'aurais découpé en rondelles.

Je prends une grande expiration en sortant de l'eau, et m'agrippe à ses épaules.

Mon coeur bat à toute vitesse, et mes jambes tremblent.

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- Aww, me dit Seth avec un ton mi-moqueur, mi-désolé, en poussant mes cheveux de mon front. Je suis désolé, coeur.

- J'aurais pu mourir ! Je lui dis sèchement, ayant vraiment eu peur.

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Un sourire s'étire sur le visage de Seth avant qu'il n'éclate de rire.

Ses yeux se posent sur ma poitrine, et il aspire sa lèvre inférieure dans sa bouche.

J'ai juste le temps de baisser les yeux pour le voir remettre mon haut de maillot correctement sur un de mes seins - évidemment, la chute plutôt brutale dans l'eau m'a foutue à moitié à poil.

Je jette un coup d'oeil autour de nous, et personne n'a l'air d'avoir remarqué. Voyons le bon côté des choses.

Il nous ramène plus ou moins là où on a pied, et je le repousse avec force, avant de ne sortir de la piscine en montrant que je suis de très mauvaise humeur.

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- Quel langage fleuri, remarque Basil quand je monte l'escalier de la piscine en jurant.

- Toi, je lui dis simplement avec mon regard le plus mauvais, en le pointant du doigt.

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Je récupère ma serviette de plage du transat et m'enroule dedans.

Qu'est-ce qu'un mec est con, c'est pas croyable.

Et pour information, un maillot de bain Eres ne va PAS dans l'eau. C'est pour le bord de la piscine.

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- A table ! Nous appelle Heizo en sortant une série de merguez et chipos du barbecue.

- Mmmh, cette petite baignade m'a donné faim, pas toi, dit soudainement Seth dans mon oreille.

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Il m'enlace à travers la serviette, et je sens tout de suite qu'il est en train de la tremper.

J'ai pas le temps de lui donner un coup de coude en représailles qu'il sautille déjà vers la table sur la terrasse.

Il chope son t-shirt turquoise (je vous jure) qui traîne sur le dos d'une chaise et l'enfile avant de s'asseoir.

Ne m'attends surtout pas, connard.

Je me sèche le plus possible avant d'enfiler un t-shirt gris clair avec un col très en v et de deux tailles trop grand, avec ensuite un mini short en jean. Mes cheveux, c'est même pas la peine d'essayer d'en faire quelque chose - ils vont sécher dans un bordel pas croyable. J'essaie néanmoins d'égoutter les pointes, qui m'arrivent maintenant au milieu du dos, pour ne pas tremper mon t-shirt.

Quand j'arrive pour m'asseoir à table, Heizo et Seth se battent pour le Ketchup.

En ce moment, Seth est d'une insouciance dingue. Ca fait des mois qu'il mange normalement, qu'il se fait même des goûters si on en fait, des McDo si on en a envie (et parce qu'il en a envie). Et il lui arrive même d'aller furtivement voler un choco rhino dans le frigo (le choco rhino, c'est un choco fresh kinder, mais c'est nul comme nom alors on l'a rebaptisé). D'ailleurs, j'ai tendance à cacher les choco rhino pour être sûr qu'il n'en mange pas trop (parce que sinon je n'en ai pas assez).

Bien sûr, je m'en suis quand même prise pas mal dans la gueule.

Seth a très vite compris - dès le deuxième mois après qu'on ait décidé de sortir ensemble - que le meilleur moyen de pression qu'il avait sur moi était la bouffe. Si on en a parlé, et qu'il m'a juré de ne pas déconner là-dessus et d'arrêter de manger pour faire un caprice, il le fait quand même.

C'est n'est jamais exprès, je crois. Ce n'est pas qu'il s'arrête à mi-bouchée si jamais je lui fais un reproche.

C'est plus subtil, si bien que je ne m'en rends pas compte tout de suite, et que pour lui, c'est normal.

Quand on ne sortait pas encore ensemble, et qu'il s'intéressait déjà à moi (car oui, je suis irrésistible, je rappelle), il mangeait rarement quand ça allait mal avec moi, qu'il m'en voulait, ou que je le négligeais.

J'ai été assez surprise pour le "négligemment" - je pensais qu'il fallait que je m'occupe de lui pour qu'il se sente négligé – chose que je ne faisais pas, je pensais. Apparemment, si.

Bref.

Maintenant, si je décide de sortir avec des potes plutôt qu'avec lui, j'ai toujours peur qu'il décide de sauter le repas. Sauter un repas, en soi, c'est pas grave. Mais qu'est-ce qu'il se passera si jamais on se dispute sur le long terme ? En 14 mois avec lui, je n'ai pas eu l'occasion de voir, et je n'ai pas hâte que ça arrive.

Quand on en parle, je ne peux jamais gagner, et la discussion part toujours en couille.

Mais avec le temps, je pense que Seth trouve que manger est de plus en plus normal, voire plaisant. Si avant ses "j'ai faim" étaient plus automatiques (il est 13h, il faut déjeuner, dans le monde normal), maintenant, ils ont lieu n'importe quand, et il le pense vraiment.

C'est soulageant. Et libérateur, pour être honnête.

Rétrospectivement, je crois que j'ai géré sur un point (le reste ne dépend absolument pas de moi) : je n'ai pas fait chier Seth sur ce qu'il mangeait.

Je vois encore les autres lui prendre la tête s'il mange peu/pas, ou même avoir l'air surpris et le regarder curieusement s'il mange beaucoup.

Je crois ne jamais avoir été comme ça - à ce point-là.

Bien sûr, s'il décide de ne pas manger de la journée sans raison, je vais essayer de comprendre pourquoi et de remédier au problème.

Mais là où ses frères s'y prennent comme des pieds, j'essaie de la jouer fine. Jamais je n'irai voir Seth pour lui dire : "t'as pas mangé, qu'est-ce qu'il se passe ?". Croyez-moi, les autres l'ont fait. Moi qui croyais manquer de tact à force d'être centrée sur moi-même, j'ai été surprise.

Sinon, j'essaie de ne pas regarder son assiette - et je ne lui fais aucun commentaire.

Enfin si.

S'il en prend vraiment trop et que ça ne m'en laisse pas assez, du genre "ça va, t'emmerde pas, de toutes les façons j'avais pas faim".

Et dans l'autre sens, du coup, ça marche : "c'est tout ? putain, dis tout de suite que ce que je te fais à bouffer, c'est dégueulasse !".

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- Merguez, chipo, les deux ? Me demande Heizo.

- Merguez, je réponds en m'asseyant à droite de Seth.

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Seth tend mon assiette à Heizo de sa main gauche, et vient prendre ma main gauche dans la sienne sous la table.

Je ne suis toujours pas des masses démonstratives.

Je ne l'ai jamais été. Les couples qui se roulent des pelles devant tout le monde, je trouve ça pas très glamour (surtout qu'il y a des couples tellement moches, que j'ai même envie de vomir en les regardant. Encore, si tout le monde s'embrassait façon superproduction américaine, je dirais pas non).

Et aussi - j'aime bien que tout le monde sache que je sorte avec Seth sans vraiment le voir constamment. Déjà, ça me permet de rester moi - et pas une personne en couple - et en plus, je trouve ça plus intime, plus excitant, par exemple, que Seth me prenne la main sous la table (il essaye ensuite de me molester, la plupart du temps).

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- Y a des côtelettes d'agneau qui arrivent tout de suite, dit Heizo après avoir m'avoir servi.

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Seth repose mon assiette devant moi, et vient me donner un léger baiser sur la bouche.

Bon, okay. Il se peut que je commence à me faire à l'idée d'être plus affectueuse en public.

Après plus d'un an, c'est peut-être une bonne chose.

Mais seulement parce que nous on n'est pas crade.

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- Quelqu'un veut de la salade ?

- Tu peux me passer la purée ?

- Basil, t'as foutu quoi du pinard ?

- Au frais. Je vais le chercher.

- Tu peux rapporter le pain de la cuisine, Basil ?

- Yup.

- Les côtelettes sont là. Qui en veut ?

- S'il te plaît.

- Moi aussi.

- Moi d'abord.

- Tu déconnes ? T'as été servie en chipo avant tout le monde !

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C'est dans les moments où je suis avec tous mes amis proches que je me rends compte de la chance que j'ai.

Ils sont tous là pour moi, les uns pour les autres, et de grands militants pour la relation entre Seth et moi.

Parfois ça peut être pénible, mais au final, ils sont d'une grande aide.

Nous sommes finalement tellement proches que nous sommes tous coordonnés entre nous, capable de vivre les uns avec les autres sans que ça ne pause de problème. On peut se dire absolument tout sans tourner autour du pot, même des choses qui ne font pas plaisir à entendre.

Si j'abuse avec Seth pour une quelconque raison, je sais qu'un de ses frères va me tomber dessus, au même titre que si Seth est en tort, ses frères ET Basil et Mack vont lui tomber dessus (j'aime bien ce rapport de force parce que j'ai le plus d'alliés).

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Si je les regarde un par un (sauf Louis, il est plutôt nouveau dans le groupe), je ne vois que des gens que j'aime.

Heizo, avec des cheveux noirs dans tous les sens, sa bouche asiatique plutôt pleine et ses pommettes hautes, qui n'a qu'une envie, c'est de poser son cul sur la chaise et de manger la bouffe qu'il a préparée.

Mack, petite brune aux yeux verts qui - comme à son habitude - est en train de taquiner Basil tout en lançant des regards exagérément salaces à son mec, assis en face d'elle.

Basil, grand, aux cheveux chocolat et aux yeux marron, avec un visage absolument parfait, avec son sourire en coin habituel, alors qu'il répond crûment aux vannes toutes aussi crues de Mack.

Rhyûsuke, avec ses cheveux noirs qui lui arrivent un peu en dessous du menton, avec un nez occidental droit et des yeux bridés perçants, toujours le premier à éclater de rire avec son rire grave et ultra sexy.

Rachel, avec sa longue crinière presque noire, pas bouclée, mais pas lisse non plus. Avec ses yeux dorés, sa peau légèrement bronzée, son sourire mille Watts, et son attitude complètement juive.

Et Seth, le mec, finalement, le plus canon de la planète. Avec ses cheveux qui n'ont pas été teints depuis janvier dernier, bruns foncés avec des reflets un peu plus clairs grâce au soleil. Il les porte toujours un peu décoiffés, avec une mèche sur le front. La peau mate après deux mois de vacances, les yeux toujours aussi vert bouteille, des dents parfaitement blanches et les pommettes hautes héritées du père Gray. Si ma curiosité maladive du départ voulait absolument découvrir tous les petits secrets croustillants de Seth, j'ai vite réalisé qu'il n'était qu'un mec qui voulait juste oublier les merdes qui lui étaient arrivées, sans vraiment pouvoir s'en débarrasser d'un coup. Je ne peux pas "guérir" Seth - il doit faire le deuil de sa mère, des ses problèmes - mais je peux le soutenir. Il suffit juste de lui montrer qu'il peut nous faire confiance et qu'on l'accepte comme il est. Après, c'est comme... quand on dévoile une statue de sous un drap. On tire sur le drap, et tada ! la sculpture apparaît. On n'en a plus seulement le contour, mais les détails, les nuances, la consistance. Et finalement, mis à part ce problème d'alimentation, il est tout simplement parfait. Loyal comme personne. Doux et attentionné - mais avec assez de sarcasme, ironie et humour pour que ça ne fasse pas cul-cul. Une répartie assez saisissante et un charisme tellement évident que je me demande comment je n'ai pas pu le voir avant (alors que Mack et Basil l'ont vu tout de suite).

Seth, je le garde jalousement pour moi.

Seth doit sentir mon regard sur lui après un bout de temps, parce qu'il tourne son visage pour me regarder.

Il doit aimer ce qu'il lit dans mes yeux, ou peut-être sur mon visage, parce que son visage est presque coupé en deux par un sourire énorme, et un clin d'oeil.

Je lui souris presque timidement en retour, et c'est de la surprise que je lis dans ses yeux.

Je sais, depuis quand est-ce que je suis timide ?

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- Et le pinard est là ! Annonce Basil avec trois bouteilles de blanc.

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Les alcooliques en nous applaudissent et l'acclament.

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xx

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Après le déjeuner, je vais occuper ma place préférée sur le hamac, un peu plus loin dans le jardin.

Le hamac vient directement du Nicaragua et est assez large pour trois personnes - et le soir, quand on est bourrés, on s'amuse à y aller tous les huit - Basil, Rhyûsuke, Heizo, Rachel, Mack, Louis (son mec actuel), Seth et moi.

Et le hamac tient.

Seth me rejoint après une partie de Backgammon avec Mack.

Il s'allonge à côté de moi, et je bouge pour lui laisser la place et me caler contre lui.

Il passe son bras sous ma tête pour que je pose ma tête au creux de son épaule.

Comme d'habitude, une de ses jambes reste en dehors du hamac, posée au sol, pour le faire tanguer.

Sa main libre vient se poser sur mon ventre, sous le t-shirt, et quand je lève la tête pour le regarder, il m'embrasse paresseusement.

A 35 degrés, c'est exactement ce qu'il me faut : du paresseux.

Le château des parents de Rachel est en pierre, donc a priori, il isole bien. Mais là, la canicule dure depuis tellement longtemps, qu'il fait aussi chaud dedans que dehors.

Hier, on a descendu tous les matelas sur la terrasse pour dormir dehors.

J'ai pas eu trop chaud, mais presque.

Là c'est insupportable. Je me redresse pour enlever mon t-shirt, et je le laisse tomber sur l'herbe.

Le hamac est installé à l'ombre, entre deux arbres, mais malgré tout, le vent est chaud et nous empêche de bien profiter de l'ombre.

Mais c'est quand même le meilleur endroit de la propriété.

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- On n'est pas trop calés, là ? Je demande après m'être remise contre lui, une jambe sur les siennes, et mon nez au creux de son cou.

- Je ne veux plus jamais bouger d'ici, me dit-il doucement et je sais qu'il sourit car sa mâchoire bouge contre ma pommette.

- Pourtant, la rentrée est dans deux semaines, je soupire.

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GAH.

Les cours.

Au secours.

C'est moi où les mois de juillet et d'août passent le plus vite ? C'est fourbe en plus, parce qu'on perd toute notion du temps comme on n'a jamais rien à faire, et d'un coup, on est fin août, et les cours vont reprendre.

Fourbe, je vous dis.

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- Va falloir aider Basil à déménager, me rappelle-t-il alors que je m'amuse à tracer le contour de ses abdos (parce qu'on en voit un début, finalement ! comme quoi, quand le corps de Seth ne se concentre pas sur l'action de le maintenir en vie, il se muscle plutôt vite).

- Il a intérêt à faire moins chaud, je dis en bougeant un peu contre Seth - parce que ma peau collée à la sienne devient moite à cause de la chaleur humaine. Ca me fait bizarre que Basil quitte le quartier.

- Il reste sur la ligne 1, c'est déjà pas mal, dit Seth avec un ton qui indique clairement qu'il se fout de ma gueule.

- Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, je réponds avec ironie.

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Seth rit et resserre son bras autour de moi.

Sérieusement. Basil. Aux Tuileries. Mais où va le monde ?!

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- C'est pas drôle, je dis d'un ton dramatique. Dans le Marais, nous porterons le deuil après le départ de Basil.

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Je le sens à nouveau sourire.

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- Il va falloir que je déménage, alors, dit-il d'un ton solennel.

- Vraiment ?! Je dis en me redressant brusquement sur le hamac, le faisant tanguer dangereusement.

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Ma réaction plus qu'enthousiaste fait sourire Seth d'oreille à oreille.

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- Rien que pour ta réaction, je déménage, dit-il avec sa voix suave.

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Il se redresse aussi sur le hamac pour venir m'embrasser.

Mais cette fois-ci, le hamac tangue, tangue, et le côté droit se soulève pour mettre le hamac en position verticale.

Malgré la jambe de Seth, on s'écrase tous les deux sur le sol.

Dieux merci je suis sur lui.

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- Ca va ? Je demande en riant, dégageant ses cheveux de son visage.

- Mmmmm, grogne Seth, qui a dû se faire mal au dos en tombant.

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Je ris malgré moi avant de me pencher pour l'embrasser.

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- Autour de toi, je finis toujours par me faire mal, je dis d'une voix faussement accusatrice.

- Excuse-moi ? Je t'ai sauvé dans la piscine, et là, je te signale, que tu m'es tombée dessus. Et pas avec la plus grande douceur et grâce.

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J'éclate de rire et il nous renverse pour qu'il soit au-dessus de moi sur l'herbe.

Ca gratte, c'est une horreur.

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- Hamaaaac, je dis en riant, alors qu'il s'attaque à mon cou avec sa bouche.

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Après s'être débarrassé des morceaux d'herbes et autres merdes, on se réinstalle sur le hamac.

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- Tu veux vraiment déménager ? Je demande après qu'on se soit remis de manière confortable.

- Après tout, ce n'est pas moi la psychorigide du métro, dit-il d'un ton pince-sans-rire en caressant mes cheveux d'une main distraite.

- Hey. Pas psychorigide. Pratique.

- Pratique ? Dit-il avec un sourire incrédule dans la voix. Tu ne va que dans des endroits sur la ligne 1 !

- Quoi ?! Je m'exclame. Il m'arrive d'aller ailleurs ! Et la preuve, je viens chez toi !

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Nan mais ce mec n'a aucune gratitude ou quoi ?

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- En taxi. Mais c'est plus comme si j'avais des heures de cours à respecter.

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Il va déménager.

Pour vivre plus près de chez moi. Je trouve ça dingue.

J'ai eu un sentiment que ça deviendrait sérieux entre nous, dès le début.

Un feeling. Peut-être parce qu'on a mis du temps à se mettre ensemble - que j'ai mis du temps à comprendre que Seth me plaisait (et qu'il n'était pas seulement que de la curiosité). Peut-être aussi à cause de ce qu'on a vécu ensemble - de ses problèmes et parce que j'ai essayé tant bien que mal de l'aider.

Mais là. Il déménage. Pour moi.

Juste parce que ça me fait chier de faire un changement.

Je sais que ses frères vivent à Tuileries - sur la ligne 1, c'est génial - mais puisque les correspondances ne le dérangent pas, il est aussi proche de Tuileries que je lui suis moi. A quelques minutes près, mais rien de dramatique.

Donc vraiment. Juste parce que je n'aime pas les correspondances de métro.

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- Donc le Marais, comme ça ? Je demande, juste pour être sûre.

- Si je réponds à tes critères d'habitant du Marais, pourquoi pas, dit-il avec un léger ton moqueur.

- Haha. Je n'arrive juste pas à le croire.

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Je lève la tête pour l'embrasser.

Je sais que théoriquement, on ne se marie pas avec le mec qu'on rencontre à 21 ans (enfin, je suis sortie avec lui à 21, je l'ai rencontré à 20).

J'ai maintenant 22 ans et des poussières, et je n'imagine pas rencontrer un mec qui soit mieux pour moi que Seth.

J'ai l'impression qu'on a eu tous les problèmes imaginables avant de sortir ensemble, et que maintenant, tout est juste simple - tout coule facilement. Et même si on s'engueule parfois pour de la merde, ça ne dure jamais longtemps, et finalement, c'est plutôt drôle.

Je ne sais pas où ça va aller.

Je sais aussi que je suis contente de - ENFIN - ne plus avoir à faire le changement à Concorde pour aller rive gauche, chez lui.

Je sais aussi que ce n'est pas encore le moment pour que l'on vive ensemble. Je rentre en 4e année de médecine, lui va bosser pour un magazine de mode à Paris. Un mec est même intéressé par ses photos, et voudrait essayer de les vendre.

J'ai un mec photographe.

Pour de vrai.

Vous vous en rendez compte ?

Je sais, c'est trop cool.

Mais je m'égare.

On a passé l'année dernière à se voir beaucoup. Au début, le plus souvent possible, et ensuite, on a recommencé à voir nos potes, avec plus de projets chacun de notre côté (mais on avait quand même du mal à ne pas se voir plus de deux jours d'affilés).

Cette année, si Seth habite près de chez moi, je pense qu'on pourra s'habituer à se voir tout le temps... et pourquoi pas vivre ensemble plus tard ?

Seul l'avenir le dira.

Mais pour l'instant, j'ai du mal à croire à ma chance. J'ai du mal à croire que notre relation soit passée d'une colocation mouvementée à une relation aussi fluide.

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- Et bien fais toi une raison, dit-il en m'embrassant. Parce que t'es partie pour me voir dans ta vie pour un bon bout de temps.

- Promis ? Je demande en souriant contre sa bouche.

- Promis, répond-il avec cette voix suave qui me donne des frissons dans tout le corps.

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Je réponds facilement à son baiser, plus vraiment préoccupée par la chaleur.

D'ailleurs, je pense en me collant à lui pour intensifier le baiser, puisque je n'ai plus si chaud, on peut peut-être en profiter pour aller continuer tout ça dans la chambre.


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Et. Voilà.

Merci infiniment pour toutes vos reviews, tous vos encouragements, critiques négatives et positives. Merci aux 49 favoris et aux 51 alerts. J'espère que cette histoire vous a plu et que même les côtés un peu - voire très - bancals de l'histoire ne vous ont pas trop stressé/énervé/perturbé.

Et MERCI d'avoir supporté mon excessive lenteur dans mes mises à jour.

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J'ai une autre histoire à partager, si ça vous intéresse. C'est sur la petite soeur de Basil – comme ça on verra encore un peu des personnages de Finding Nemo ;) Dites-moi si vous en voulez !