Auteur : Mydaya
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Genre : Romance adolescente yaoi
Note : Les personnages rencontrés tout au long de cette histoire sont à moi. Veuillez respectez les droits d'auteur. Attention, il y a beaucoup de langage d'homophobes. Si cela vous gêne, ne lisez pas (si je pensais dire ça un jour, lol)
Le Sanglot d'un Ange
Larme 1 : Pour la solitude
Bruno jeta un coup d'œil à son voisin, Laurent, qui avait le même sourire que lui. Dans la classe, peu de gens s'étaient installés, mais tous regardaient le duo en levant les yeux au ciel. Personne ne voulait admettre que leur blague était drôle, mais personne ne faisait quelque chose pour empêcher l'irréparable.
Soudain, la porte de la classe entrebâillée s'ouvrit à la volée, permettant au tampon de craie, jusque là en équilibre précaire, de tomber sur la tête d'un troisième garçon appelé Josselin.
— Ouch !
Les deux compères explosèrent de rire, n'arrivant pas à se retenir, tandis que le reste de la classe de Première se mordait les lèvres pour ne pas être impliqué dans l'affaire. Le blond qui venait d'entrer se massa le crâne, puis sourit à ses deux amis, avant de balancer le tampon dans leur direction. Bruno esquiva facilement et serra la main au nouvel arrivant qui rigolait encore.
— Non mais, ça ne va pas de faire des conneries derrière mon dos, maugréa-t-il en saluant ensuite Laurent.
— T'aurais vu ta tête..., fit ce dernier. Alors, ça y est ?
— Quoi ?
— T'es casé ?
Josselin rougit mais cacha son embarras en toussotant et en essayant d'avoir un sourire niais. Il laissa planer le doute, laissant ses deux amis le chambrer pour avoir des explications, puis s'assit à la table de devant et murmura :
— Ouaip.
— Raconte ! s'exclama Bruno avec un sourire coquin.
— Mmh, je ne sais pas...
— Fais pas ton crevard ! ajouta Laurent.
— Bon ok, sourit Josselin en se penchant. Déjà elle s'appelle Lucie.
— Celle qui est dans notre classe ?!
— Mais non, elle est en seconde. D'ailleurs, elle est dans la même classe que ton frère, Laurent.
— On se les préfère jeune à ce que je vois.
— Rho, mais arrête, sinon j'arrête de raconter ! menaça Josselin. Donc, j'étais invité à une soirée dans laquelle m'a sœur y était aussi. Elle fait du tennis et quand j'étais allé la récupérer en voiture, j'avais fait connaissance avec quelques-uns du club. Ainsi, voilà qu'on m'invite et que je rencontre Lucie. C'est la sœur d'un des joueurs et ça n'a pas eu l'air de trop le déranger, heureusement ! Enfin bref, on a beaucoup parlé, je lui ai sorti le grand jeu, puis on s'est longuement embrassé. Le lendemain matin, on s'est échangé les numéros et on a déjà prévu de se revoir mercredi après-midi.
— Ouah, la belle histoire d'amour, se moqua Bruno.
— Oh, ta gueule.
— Pas trop dur de reprendre les cours un lundi matin ? Ca ne casse pas l'ambiance ?
— Tss. Y'a que vous qu'êtes nuls en cours.
— Oh l'autre, comment il se la pète ! s'exclama Laurent.
Josselin allait répliquer lorsqu'il remarqua que leur prof était déjà rentré dans la classe. Il constata alors qu'un autre pote s'était installé à côté de lui et il lui fit un signe de tête pour le saluer.
De leur côté, Bruno et Laurent s'étaient redressés sur leur siège et sortirent leurs affaires. Lorsque le prof commença son cours, Bruno se pencha vers Laurent :
— Ca fait bizarre qu'il y en ait un qui s'est casé, murmura-t-il.
— Ouais.
Laurent acquiesça, mais ne voulut pas approfondir la discussion.
En fait, les trois amis traînaient ensemble depuis la 4ème et n'avaient jamais eu de petite copine. Ils avaient fait les quatre cent coups ensemble, mais à présent une fille venait peut-être de leur ravir un sommet de leur triangle. Mais jamais ils n'avoueraient que cela les embêtait, à cause de leur fierté. Ce n'était pas parce que Josselin s'était trouvé quelqu'un qu'il ne pouvait plus sortir avec eux...
Bruno tapota le bord de la table avec son stylo, se mordillant distraitement les lèvres. Soudain, Laurent se pencha lui aussi vers lui et marmonna :
— Faut qu'on se trouve des copines.
— Ouais, c'est urgent. Mais bon, ça ne tombe pas du ciel. Il nous faut une soirée.
— On aurait du être à cette soirée...
— Laquelle ? demanda Bruno
— Celle où Josselin s'est maqué.
— Il n'y en a pas une d'organisée en ce moment ?
Laurent se retourna vers la fille la plus cotée de la classe. Elle avait du se faire tout le lycée, mais affirmait encore fièrement qu'elle était vierge. Bon, c'était vrai qu'elle était mignonne, mais pas son style, songea Bruno. Seulement, collectionnant les gars comme des strings, elle semblait être au courant de toutes les soirées organisées, surtout celles où elle n'était pas invitée.
— Elodie, y'a pas une fête ce week-end ? demanda Laurent.
— Quoi ? Vous vous décidez enfin à sortir ? s'exclama-t-elle.
Le professeur leur jeta un regard, mais trois visages innocents lui répondirent et il préféra reprendre son cours.
Elodie allait continuer sa réplique, mais le prof semblait les avoir en joue. La jeune fille griffonna alors quelque chose sur un papier et le balança sur leur table. Bruno se jeta dessus et le mit au centre pour que Laurent puisse également en profiter.
« Soirée chez Etienne samedi soir à partir de 20h. »
S'ensuivait une adresse et un numéro de téléphone, sûrement celui d'Etienne. Bruno regarda dans la classe, essayant de se souvenir qui c'était et le repéra. C'était un garçon bon vivant qui avait une réputation d'alcoolo. Bon, au moins, il y aurait à boire, et beaucoup de filles !
Lorsque ce fut la fin du cours, Elodie les interpella avant qu'ils ne quittent la salle :
— Bon, c'est sympa que vous veniez, mais pourquoi ? demanda-t-elle, légèrement moqueuse. Vous avez enfin décidé de sociabiliser ?
— On cherche à se caser, répondit Laurent.
— Mais ne dis pas ça comme ça ! le tança Bruno.
— Bah comme ça, les filles sont préparées.
Elodie était explosée de rire. Elle tapota leurs épaules et fit :
— Bon, je veux bien vous présenter à quelques-unes de mes amies qui seront là, mais il va falloir bien vous habiller.
— Quoi, c'est soirée costard !? s'exclama Bruno.
— Non, mais... enfin, faites un effort vestimentaire, quoi.
Bruno baissa les yeux sur son jean troué et son T-shirt délavé. De son côté, Laurent n'était pas en reste avec son polo démodé et un jogging gris pas du tout assorti.
— Bon, si vous voulez, vous pouvez passer chez moi juste avant et je vous passerais des fringues de mon frère.
— Oh, ce serait cool ! sourit Laurent. A quelle heure on passe ?
— 19h ?
— Ca marche.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Josselin qui venait d'arriver.
— On va à une fête samedi, raconta Bruno. T'es de la partie ?
— Pourquoi pas. C'est chez qui ?
— Etienne, répondit-il en pointant le susnommé du menton.
— Alors, d'accord. Je ramènerais Lucie.
D'ailleurs, une fille venait d'apparaître à la porte, semblant demander si un certain Josselin était bien dans cette classe. Elle était mignonne cette fille, avec ses longs cheveux blonds. Son petit copain interrompit toute activité et se jeta à l'entrée, la faisant sursauter en gloussant.
— Ah oui, je vois, gloussa à son tour Elodie. Bon, je ramènerais autant de copines que je pourrais, mais faites un effort pour plaire, quand même.
— Bah, si tu nous passes des habits..., commença Laurent.
— Ca ne fait pas tout. Il faudrait peut-être un peu mûrir, non ?
— Comment ça ?
— Les blagues que vous faites à longueur de journée, c'est sympa un moment, mais il faut savoir s'arrêter, surtout si la conversation devient sérieuse. Et il faut savoir être ro-man-ti-que. Les filles, c'est leur truc.
— Mais on sait tout ça !
— On ne sait jamais..., marmonna Elodie avec un regard de reproches.
Bruno haussa les épaules. Il n'avait jamais essayé de draguer une fille, mais ça ne pouvait pas être très compliqué, vu que Josselin y était arrivé alors qu'il était au même niveau qu'eux ! Et ce serait vraiment la honte de lui demander comment s'y prendre. Il coula un regard à Laurent qui semblait dans le même état que lui.
Elodie haussa les sourcils d'un air légèrement méprisant, puis s'en alla rejoindre ses amies. Laurent semblait en grande réflexion en train de se mordiller les lèvres.
— Bon, Bruno, on est tous les deux en galère, là.
Bruno ne le contredit pas. Toute l'expérience qu'ils avaient était dans les films pornos qu'ils s'étaient regardés pendant des soirées entières, mais il se doutait que ça ne suffisait pas vraiment...
Le soir de la fête tant attendue arriva enfin. Elodie regarda les deux garçons sortir de sa chambre, habillés un peu plus correctement. Bruno, avec ses cheveux châtains ramenés en arrière avec du gel, avait enfin son léger charme qui ressortait. De plus, son baggie en jean et son petit haut noir moulant lui allait parfaitement.
De son côté, Laurent n'était pas en reste avec sa chemise blanche et son pantalon noir.
— Ah bah voilà ! s'exclama Elodie en applaudissant. Ce n'est pas tout de suite mieux ?
— Ca fait bizarre, commenta Laurent.
— Franchement, Laurent, je ne comprends pas comment tu es arrivé au point de te moquer des vêtements que tu portes alors que ton frère est super. N'est-ce pas, Cyril ?
Cyril, qui était assis à côté d'elle, haussa les épaules, comme si ça ne le concernait pas.
Quand Bruno était passé chez Laurent pour y aller, Cyril s'était ramené avec eux. En fait, il ne voulait pas vraiment, mais leurs parents avaient lourdement insisté, argumentant que ça lui ferait du bien de sortir un peu, et de ne pas rester enfermer chez lui à longueur de journée devant des jeux vidéos. Ainsi, Laurent avait du l'inviter lui aussi. Mais, assez étrangement, Cyril avait plus de classe que son frère avec ses cheveux mi-longs sombres, son polo et son jean noir. Sans oublier la chaîne qui pendait à sa ceinture, une gourmette à son poignet et un collier assorti.
En voyant d'ailleurs ça, Elodie s'exclama :
— Maintenant, il faut que ça brille ! Je crois que mon frère a quelques babioles pour gars.
— Hein ?
La jeune fille prit le poignet du plus jeune pour y désigner la gourmette argentée.
— Les bijoux, c'est pour les gonzesses, marmonna Laurent.
— Mais ça va faire un peu fade si...
— Je suis d'accord, continua Bruno en hochant la tête. Je ne mets que ma montre, moi.
Elodie soupira devant leur air têtu, puis ils furent enfin prêts à partir. Etienne habitait à dix minutes à pieds, leur permettant de s'échauffer avant d'entrer dans la fête. D'ailleurs, avant de voir la maison d'Etienne, ils entendirent les bruits de la soirée, comme des rires joyeux et la basse de la sono.
Une fois rentrés dans le salon, ils virent que certains avaient déjà bien entamé la fête et dansaient dans des rythmes endiablés selon le bruit que crachaient les enceintes. Certains se tournèrent vers les nouveaux arrivants et semblèrent surpris d'apercevoir Bruno et Laurent. C'était vrai qu'ils n'étaient jamais allés à des soirées comme celle-ci, mais il fallait bien un début à tout, non ?
Bruno se sentait trembler d'excitation : il y avait plein de filles et elles ne le regardaient pas toutes avec un regard désespéré ! En effet, certaines semblaient plutôt d'accord pour engager la conversation... C'était du tout cuit. Vraiment, les gens ne faisaient attention qu'aux apparences... Lui aussi, mais c'était un gars, donc ce n'était franchement pas grave.
Une blonde s'approcha d'eux et leur tendit des verres.
— Salut ! fit-elle en couvrant le bruit ambiant. C'est la première fois que je vous vois, non ?
— Ouaip, acquiesça Laurent en essayant un sourire charmeur.
La fille gloussa. Allons bon, pourquoi donc ? se demanda Bruno. Ils n'avaient même pas fait de blagues – Elodie leur ayant bien répété de ne surtout pas en faire trop. Laurent semblait lui aussi un peu perdu face à cette attitude. Et puis Elodie était déjà partie saluer ses amies.
— Je m'appelle Mireille, sourit la blonde. Et vous ?
— Bruno.
— Laurent.
— Enchantée !
Elle gloussa encore une fois. Bruno vit du coin de l'œil Cyril monter à l'étage. Quoi, il allait déjà se coucher ? Qu'est-ce qu'il n'était pas drôle !
Mireille les prit tous les deux par la main et les entraîna sur la piste de danse, se déhanchant suggestivement au rythme de la musique latino qui passait à ce moment-là. Bon, elle, elle avait largement commencé sa soirée. Elle colla d'ailleurs son bassin à celui de Laurent pour l'entraîner dans sa danse et elle effleura la joue de Bruno de ses lèvres. Oulah, qu'est-ce qu'elle faisait, là !?
Heureusement, le brun fut sauvé par Elodie qui le tira hors de la piste en ricanant :
— T'en fais pas, elle est tout le temps comme ça. Son truc, c'est le plan à plusieurs, si tu vois ce que je veux dire... Bon, allez viens, y'a plusieurs de mes amies qui voudraient te parler.
— T'es sûr qu'elles ne vont pas me bouffer ? Je suis plein de nerfs, je ne sais pas si tu leur a dis ça...
Elodie rigola et l'entraîna vers un groupe de cinq autres filles. C'est que lui ne plaisantait pas quand il disait ça : elles semblaient le regarder comme s'il était une proie. Avant qu'ils ne soient totalement à portée d'oreille, Elodie lui glissa dans l'oreille :
— Si t'as peur, tu n'as qu'à être naturel, et là, elles vont toutes te lâcher.
Bruno regarda derrière lui et remarqua que Laurent partageait déjà sa salive avec Mireille. Non, il ne paniquait pas entouré de toutes ces filles. Il pourrait le faire !
S'asseyant en manquant de louper le bord de la chaise, il fut assailli de questions sur lui, sa vie, sur ce qu'il aimait ou non. Au début maladroit, il comprit que si on lui posait une question, c'était pour qu'ensuite il la pose, comme s'il était intéressé par la vie de sa vis-à-vis.
Au bout d'un moment, une fille un peu plus téméraire que les autres se leva brusquement et l'entraîna sur la piste de danse, devant les regards déçus de ses copines. On aurait dit une meute... C'est qu'il ne savait pas très bien danser... Heureusement, cela fit plutôt rire sa partenaire qui se colla à lui tout innocemment pour lui imprimer quelques mouvements basiques. Elle gloussait presque autant que Mireille, mais au moins, ce n'était pas pour rien. En plus, il ne se souvenait plus du tout de son prénom.
Après quelques chansons, ils s'assirent dans un coin par terre et elle se colla à lui, même de façon moins innocente. Bruno croisa les jambes pour essayer de cacher le début d'excitation qu'il ressentait. C'est que c'était la première fois qu'une fille s'approchait autant de lui ! Heureusement, elle ne sembla pas remarqua son état, hypnotisée par ses cheveux dont elle triturait le bout de mèche. Pourtant, elle ne semblait pas vouloir aller plus loin. Et lui qui n'arrivait pas à calmer son ardeur un peu plus basse !
Il se leva brusquement et déclara qu'il devait aller aux toilettes mais qu'il revenait bientôt. Elle rougit mais hocha la tête. Ce fut presqu'en courant et en rasant les murs qu'il atteignit l'endroit et fut heureux qu'il soit désert. Enfin presque : un gars inconscient venait de finir de vomir dans la cuvette des toilettes d'à côté. Vérifiant qu'il n'était pas en état de se souvenir de quoique ce soit, Bruno se débarrassa de toute la tension qui habitait son bas-ventre depuis que la fille dont il ne se souvenait plus le nom s'était collée à lui.
Lorsqu'il tira la chasse d'eau, il n'osa pas tout de suite retourner vers elle. Qu'est-ce qu'elle attendait de lui en fait ? Heureusement pour lui, Elodie passa justement à côté de lui, deux verres en main. Il lui prit le bras pour attirer son attention et elle renversa un des verres sur lui.
— Oh merde, désolée.
— Non, c'est moi. C'est à ton frère en plus !
— Pas grave, ça se lave, mais tu vas sentir l'alcool pendant le reste de la soirée. Bon, qu'est-ce que tu me voulais ?
— La fille avec qui je suis partie... je ne sais pas trop comment...
— Quoi ?! Vous êtes déjà au lit ?
— Mais non ! rougit Bruno en levant les yeux au ciel. On ne parle plus trop et je ne sais pas quoi dire. Et puis elle semble attendre quelque chose, mais elle ne semble pas...
— Quoi ? Tu ne l'as pas embrassée ?
— C'est ça qu'elle attend ? Mais on se connaît à peine !
— Ne soit pas aussi vieux jeu ! rigola Elodie. Ce n'est qu'une soirée ! Tu ne la reverras sûrement plus jamais – sauf si ça colle bien entre vous. Et puis, on est là pour s'amuser, non ?
— Mais elle ne fait rien pour...
— Tu n'y connais vraiment rien aux filles, toi, gloussa-t-elle. Déjà, que Laurent est venu me demander conseil pour Mireille, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?! Bon. Tu attends un petit peu pour la laisser mijoter et tu l'embrasses délicatement, pas besoin de lui manger la moitié de la mâchoire. Et surtout ne pense pas comme ton copain à la tripoter. On n'est pas dans un film porno, compris ?
— Je n'y pensais même pas.
Il se détourna et retourna voir la jeune fille qui était toujours assise par terre. Elle sourit quand il s'installa à côté d'elle. Mince, il aurait du demander son prénom à Elodie, tant qu'il y était. Bon, attendre le bon moment... La fille s'installa à nouveau sur lui, posant sa tête sur son épaule et emmêlant ses doigts avec les siens. Et là, c'était le bon moment, non ?
Levant une main tremblante vers le menton de la fille pour le soulever, il s'assura une ligne droite afin que leurs lèvres ne se scellèrent. Ca faisait vraiment bizarre... Elle avança sa langue et il lui ouvrit le passage comme il l'avait vu dans les films. Tout d'un coup, il avait envie de rire. Il avait tellement l'impression d'être ridicule, de ressembler justement à tous ces films mièvres qu'il n'avait pas vus !
Argh, que faire ? Ils restèrent là à s'embrasser un certain temps, Bruno commençant à s'ennuyer. S'embrasser pour s'embrasser, qu'est-ce que c'était chiant ! En fait, il avait raison d'être vieux jeu, s'il commençait à s'ennuyer avec quelqu'un dont il n'éprouvait rien de particulier. Tout à l'heure, il avait réagi de façon purement hormonale, mais à présent il était totalement calmé et il regardait discrètement ce qu'il se passait aux alentours, pour s'occuper.
Enfin, la jeune fille se décolla en soupirant. Elle bâilla et fit :
— Je suis fatiguée, on va se coucher ?
— Ok. Mais je ne sais pas s'il y a des chambres de libre.
— On verra bien. Allez, viens.
Ils montèrent les escaliers de la grande baraque, évitant les danseurs qui étaient tellement crevés qu'ils ne voyaient plus franchement où est-ce qu'ils posaient les pieds. Mais comme l'avait prévu Bruno plus une chambre n'était libre, sauf une. Enfin... elle était occupée, mais pas vraiment.
En réalité, ils tombèrent sur un Cyril en train de jouer à la console, les yeux ne clignant pas une seule fois. Il leva les yeux sur eux, alors qu'il passait au niveau suivant.
— Je vous gêne ? demanda-t-il.
— Oh non, c'est bon, rigola la fille. On veut juste dormir. Par contre, tu pourrais baisser un peu le son ?
Cyril hocha la tête, mit pause, puis appuya sur le bouton des enceintes et le son se tut – enfin pas celui qui résonnait au rez-de-chaussée. La fille prit la main de Bruno et l'entraîna dans le lit sous les couettes. Elle se colla ensuite à lui en laissant un léger soupir sexy traverser ses lèvres. Dans la chambre, on n'entendait plus que le bruit de la manette de Cyril.
C'était vraiment une soirée bizarre. Est-ce que c'en était fini de l'amitié éternelle entre lui, Laurent et Josselin ? Tout ça à cause des filles. Lucie semblait sympa mais elle n'était pas dans leurs délires alors c'était impossible de l'emmener avec eux. Et puis, de toute manière, aussi loin qu'il s'en souvenait, les filles avaient toujours désapprouvé leurs actions, même si elles rigolaient quand même. Elles les prenaient pour des enfants immatures et c'était tout. Quant à cette Mireille avec qui Laurent avait disparu, ça ne semblait pas du tout sérieux, d'après Elodie. Mais avec ça, il ne s'était pas amusé avec Laurent.
Et puis il y avait cette fille blottie contre lui qui ronflait doucement. Elle avait tout pour plaire alors pourquoi ne ressentait-il rien ? Peut-être était-ce parce qu'il était dégoûté à jamais des filles... Tiens, il allait bientôt tourner gay s'il continuait comme ça.
N'arrivant pas à s'endormir, Bruno se releva doucement pour ne pas déranger sa voisine, et vint s'asseoir au pied du lit, à côté de Cyril qui ne lui jeta qu'un bref regard.
— Je n'arrive pas à m'endormir, expliqua-t-il, même si on ne lui demandait pas.
— Je fais trop de bruit ?
— Non, ce n'est pas ça. T'inquiète.
Bruno soupira et s'installa un peu plus confortablement. Jetant un coup d'œil à son voisin, il se demanda comme Elodie, pourquoi Cyril et Laurent étaient aussi différents l'un de l'autre. Ils avaient bien sûr un air de ressemblance, mais niveau caractère, ça n'avait aucun rapport. Cyril aimait vraiment tout ce qui était jeu, que ce soit vidéo ou non – et il semblait assez doué, vu le score qui s'affichait à la console. Tandis que Laurent préférait jouer avec ses potes et faire des tours aux autres pour s'amuser. Cyril s'habillait naturellement bien et son frère prenait sûrement le premier vêtement de chaque pile – comme Bruno, quoi.
C'est vrai que pendant cette soirée, Bruno avait aimé être regardé comme ça, être à l'aise avec des vêtements et sentir qu'on est beau dedans. Une autre différence importante était que Cyril ne parlait pas beaucoup. Cependant, ce dernier mit pause et se tourna vers lui en lui tendant la manette :
— Tu veux jouer ?
— Je suis nul, prévint Bruno en rigolant. Ce n'est peut-être pas une bonne idée ; je vais te bousiller ton score parfait.
— J'ai déjà fini le jeu trois fois, alors..., fit-il en haussant les épaules.
— Bon, c'est quoi le but ?
Cyril lui expliqua le principe et ce que les différents boutons faisaient. Dès la première minute, Bruno mourut au moins trois fois. Cyril pouffa de rire et Bruno s'énerva contre ce fichu précipice dans lequel il tombait à chaque fois. Mais c'était impossible de sauter plus loin ! Dans sa grande clémence, Cyril prit la manette sans un mot et sauta le grand trou, avant de rendre les commandes à un Bruno très vexé.
Après avoir fini le niveau après deux heures intenses – et plusieurs aides – Bruno rendit la manette en soupirant :
— Ouais, je ne suis pas né pour ça.
— C'est de l'entraînement, c'est tout.
— Ah tiens, ça a l'air de dormir dans toute la maison. Tu veux quelque chose à boire ?
— Non merci. Depuis tout à l'heure, il y a une odeur forte d'alcool dans la pièce et ça m'enlève toute envie.
— Ah merde, c'est moi. Tout à l'heure, Elodie m'a renversé un verre sur le T-shirt. Tu aurais du me le dire plus tôt...
Bruno enleva le vêtement à la fois humide et sec et le posa sur le toit, en coinçant un bout de tissu par la fenêtre. Il se dirigea vers la porte et la voix du frère de Laurent murmura :
— J'aimerais bien un coca.
— Ok.
Bruno descendit le grand escalier du salon en essayant de faire le moins de bruit possible. Malgré tout quelques marches grincèrent, mais heureusement, cela ne sembla déranger personne. Prenant deux cocas dans le frigo, un frisson le parcourut à la lumière de l'appareil réfrigérant.
Mais où trouver une couverture dans tout ce bazar ? Il n'en trouva pas d'inoccupée, mais il tomba sur un large manteau immense. Cela pourrait faire l'affaire, non ? Bruno se le mit sur le dos et eut un peu plus chaud que torse nu.
Rentrant dans la chambre, il constata que Cyril et la fille n'avaient absolument pas bougé. Bruno posa la bouteille de verre décapsulée à côté de Cyril et but la sienne. Alors qu'un niveau était encore passé, Cyril en profita pour tremper ses lèvres et se désaltérer. La boisson étant fraîche, il eut un frisson involontaire qui le fit rater son attaque du niveau d'après et qui le fit mourir.
— Ah merde.
— T'as froid ? questionna Bruno.
Cyril haussa les épaules, comme si ce n'était pas grave. Bruno défit un de ses manches et posa la moitié du manteau sur le plus jeune. Ce dernier passa le bras dans la manche libre par réflexe.
— C'est qu'il est super large ce manteau ! s'étonna Bruno. Je me demande à qui il appartient.
— Je crois que c'est celui du père d'Etienne.
— J'espère qu'on ne le déchirera pas.
Bruno se retourna vers le grand lit dans lequel un bruit un peu plus renforcé de ronflement s'était élevé. Le corps de la fille faisait monter et descendre doucement la chaude couverture. Le brun donna un coup de coude au frère de son meilleur ami avec le sourire de celui qui va faire une bêtise. Cyril mit pause et regarda son voisin qui désignait la forme derrière eux :
— Pourquoi nous, on aurait la petite veste et elle toute la couverture alors qu'elle est toute seule ! Nous pourrions échanger non ?
Cyril resta un instant sans rien dire, puis il pouffa de rire et reprit sa partie :
— T'es vraiment pas galant.
— Quoi ? s'exclama Bruno. Mais... mais... ça n'a rien à voir !
— Ah bon ?
Cyril eut un étrange sourire, puis continua à jouer. Bruno soupira pour la nième fois puis s'abandonna à son sort. Il essaya de ne pas trop bouger pour ne pas déranger son voisin et reposa sa tête sur le lit moelleux.
Il avait tellement chaud... Le manteau n'était pas terrible, niveau thermique, mais avoir quelqu'un à côté et collé à soi, c'était vraiment une bouillote écologique. Le bras dans la manche était posé sur son genou, mais l'autre main l'aidait à se maintenir, pour ne pas tomber sur Cyril. Il était si prêt... et si chaud...
En fait, il pourrait très bien se relever et se mettre dans le lit, mais la perspective d'être collé par une fille le dérangeait de plus en plus. Il aimait tellement plus être ici. Pourquoi d'ailleurs ? Les filles lui avaient tellement fait une mauvaise impression qu'il se sentait plus à l'aise avec un gars ? C'était ça de ne pas y avoir réellement pensé avant ce jour. Maintenant qu'il avait les yeux fermés, il sentait de plus en plus le contact du bras de Cyril contre son flanc. A cette pensée, Bruno sentit son ventre se contracter, puis une réaction inhabituelle le prit en-dessous de la ceinture.
Mais à quoi pensait-il, bon sang !? C'était un gars ! Quand il disait qu'il était tourné homo tout à l'heure, c'était bien entendu pour plaisanter ! C'était n'importe quoi ! Cette situation paraissait tellement irréelle !
Finalement, le bras collé contre lui posa la manette et Cyril s'installa confortablement, comme Bruno, la tête sur le lit. Ce dernier ouvrit timidement les yeux et remarqua que l'autre commençait enfin à dormir. Sa respiration se fit tout de suite plus calme et il s'endormit instantanément. Merde, mais pourquoi son corps réagissait-il comme ça ?! Il n'était pas à ce point frustré, merde ! Et s'il l'avait voulu – malgré les conseils d'Elodie – il aurait très bien pu tripoter la fille.
En attendant, un certain muscle de sa constitution demandait une certaine attention de sa part. Mais est-ce que Cyril était vraiment endormi ? Essayant de ne pas faire de bruits et en déplaçant lentement sa main, il réussit à déboutonner juste ce qu'il fallait de son pantalon et commença à se masturber. Il n'osait penser à rien, ne voulant surtout pas penser à un gars alors qu'il était en train de faire ça. Surtout, ne penser à rien et laisser le corps se déverser par simple automatisme. Se déverser... Merde, sur où ? Il ne fallait même pas songer à salir le T-shirt de son voisin, mais jamais il n'oserait utiliser le manteau du père d'Etienne pour cacher ses crimes.
Finalement, il avança doucement la main jusqu'à une de ses chaussettes et la retira tout aussi délicatement. Le tout était de ne pas se faire repérer – déjà, c'était presqu'un exploit que Cyril ne se soit pas réveillé... La chaussette chaussée, Bruno termina son activité sportive et sembla soulagé que ce soit fini. Vraiment, quelle situation embarrassante.
Maintenant, qu'est-ce qu'il devrait faire ? Est-ce qu'il était réellement gay ou bien était-ce simplement en réaction à toutes les furies qui lui avait tourné autour durant la fête ? Un peu trop fatigué pour avoir des pensées cohérentes, il se demanda un instant ce qu'il allait faire de sa chaussette. Pas question de la remettre, mais il pourrait toujours faire une blague à quelqu'un... Pourquoi pas la chausser aux pieds de Cyril ou à la fille derrière ? A cette pensée, Bruno rigola en pensée, mais se reprit, se remémorant la remarque de Cyril comme quoi il n'était pas galant.
Soupirant doucement devant un tel manque d'amusement, le brun posa sa chaussette sous le lit et s'endormit lentement, contrairement à son voisin.
A suivre...
Mydaya : Eh oui, encore une histoire ! C'est qu'il s'en passe des choses dans ma tête. En plus, vu tout ce que je compte y mettre, l'« action » sera assez rapide, sans temps mort pour plus de plaisir ! En plus, avec ce premier chapitre, on a déjà une scène coquine, mais où va le monde ?! Malgré tout, j'espère que ce début vous a mis en haleine et donc que cela vous a plu ! (en plus, je fais des longueurs de chapitres vraiment correct, alors que demande le peuple ? lol)