Bonsoir à tous !
Me revoilà ! avec un petit cadeau pour vous souhaiter un très Joyeux Noël !
J'espère qu'il saura vous plaire ^^.
Merci à tous pour vos reviews et à ceux à qui je n'ai pu répondre : Alyceis, Ichy-Chan, Lunaly, Tine, Ciréa.
S'il vous plaît laissez- moi vos mails pour que je puisse vous répondre ^^
Encore un très joyeux noël à vous tous !
Aceituna
*
(Sept ans plus tard...)
Il regarda l'autre finir de se rhabiller, un sourire satisfait sur les lèvres.
Joli petit cul, bien trouvé...
- C'est quoi déjà ton nom ? demanda-t-il en américain avec ce léger petit accent qui paraissait-il les faisait tous craquer.
- Josh, répondit le jeune homme en se retournant avec un sourire.
- C'était bien.
Il se pencha alors sur le bord de son lit et se saisit de son pantalon qui traînait par terre. Il en sortit son porte-feuille, puis quelques billets de cent dollars. Il les tendit ensuite au jeune homme qui les saisit pour les ranger immédiatement dans sa poche.
- Merci.
Le garçon fit mine alors de partir mais il se retourna avant.
- Un problème ?
- Non, répondit Josh en rougissant légèrement. Je peux te poser une question ?
- Demande toujours !
- Je... Je me demandais pourquoi... Enfin, tu es carrément jeune et vraiment canon... je ne comprends pas pourquoi tu fais appel à quelqu'un comme moi...
Il souleva un sourcil avant de rire franchement.
Vraiment trop craquant celui-là... Dommage que je doive repartir en France dans deux jours...
- Je bosse beaucoup trop et j'ai pas le temps de draguer dans un bar et puis j'ai pas envie qu'on s'attache à moi... répondit-il
- Tu es maqué avec ton boulot ?
- Ouais, quelque chose comme ça !
Le jeune homme fronça les sourcils puis haussa les épaules avant de partir pour de bon.
Il attendit d'entendre la porte de l'entrée se refermer avant de se lever à son tour et de se diriger vers son ordinateur.
*
- Alors quelles sont les nouvelles sous le soleil parisien ?
Romain leva les yeux de son journal en souriant après avoir reconnu le léger accent toulousain de son amie.
- Rien de neuf, que du vieux ! lui répondit-il.
Albane s'assit avec son plateau en face de lui et commença à piocher dans sa salade au poulet en observant la salle distraitement.
- Il ne devrait pas trop tarder si je ne m'abuse, la taquina-t-il gentiment en se retournant sur sa chaise.
- Arf, je n'y avais même pas songé figure toi ! lui répondit la jeune infirmière en rougissant légèrement.
- Menteuse ! s'exclama alors Romain, ça fait bien dix minutes que je suis là à t'attendre et je sais que tu ne t'es pas refait une beauté rien que pour me tenir compagnie !
La jeune fille rougit de plus belle.
- C'est bon... Mais de toute façon, il est marié !
- Et alors ce ne serait pas le premier...
- Oui, je sais mais c'est presque pas mon genre ! Et d'ailleurs, en parlant de mariage...
Romain fit une légère grimace.
- Pacs...
- C'est presque la même chose ne joue pas sur les mots ! Mais vous avez enfin arrêté une date ?
- Non...
- Non ? Mais il attend quoi ?
- Sais pas peut-être de me présenter à ses parents ?
- Quoi ! Tu les connais toujours pas ?
- Bah non, ils sont partis faire une croisière au tour du monde alors il faut attendre leur retour, répondit Romain dépité.
- Arf, mais au moins ils sont courant pour leur fils et pour toi, non ?
- Ouais, ils savent...
- Alors, tout va bien, non ?
- Pas vraiment... C'est une famille assez BCBG et j'ai un peu peur de ne pas être le gendre idéal... Si jamais ils nous demandent comment nous nous sommes rencontrés...
- Arf ne t'inquiète pas Alexis aura sûrement tout préparé, tu n'auras plus qu'à tout apprendre par coeur et à réciter ta leçon à ses parents, très cher !
En disant cela, elle avait pris une voix haut perchée qui le fit sourire.
- Tu ne l'aimes pas n'est-ce pas ?
- Non, mais je t'aime toi et comme tu penses que c'est ce qu'il te faut, je suis à cent pour cent avec toi !
- Ce qu'il me faut...
Il se mordit la lèvre et soupira avant de se lever avec son plateau.
- Aller je dois y aller ! J'ai promis à Monsieur Scherre de lui tenir un peu compagnie...
- Ok ! Va retrouver tes patients et laisse ton amie plonger dans la déprime et la solitude...
- N'importe quoi ! Je sais très bien que tu préfères qu'il ne nous voie pas ensemble ! s'exclama le jeune homme debout son plateau en main sous le regard courroucé de son amie.
En partant, il croisa au passage celui qui faisait battre le coeur d'artichaut d'Albane. Le jeune médecin s'installa avec ses confrères à deux tables d'elle et lui accorda un petit sourire qui la transforma immédiatement en adorable pivoine. Romain secoua la tête amusé et disparut dans l'ascenseur pour rejoindre son patient.
Ah l'amour...
Oui l'amour, le grand, celui qui commence par un « A » majuscule... Celui que l'on ne connaît qu'une fois dans sa vie...
Celui qu'il n'avait connu qu'une fois dans sa vie..
Il soupira et secoua la tête pour essayer de chasser cette vague de nostalgie qui le submergeait de temps à autre. Cela allait faire sept ans aujourd'hui et dire qu'il l'avait oublié aurait été un mensonge. Il pensait simplement moins à lui. Il avait parfois l'impression que leur histoire n'avait été qu'une illusion, qu'il avait tout inventé, mais il n'aurait très certainement pas autant souffert s'il ne s'était s'agit que d'un rêve...
Les jours s'étaient succédé, les semaines, puis les mois et les années. Son souvenir s'était fait moins vivace, ses traits moins précis et la douleur s'était atténuée, un peu. La vie avait fini par reprendre le dessus et il se demandait moins ce qu'elle aurait été s'ils étaient restés ensemble.
Sûrement semblable à ce qu'il vivait maintenant...
Julien et lui ne seraient jamais restés aussi longtemps ensemble... Trop jeune...
Il avait presque réussi à se convaincre de cela et il avait poursuivi ses projets sans trop regarder en arrière. Il avait fini par avoir son diplôme d'infirmier et il exerçait aujourd'hui dans un grand hôpital parisien. Il s'était curieusement spécialisé dans la rééducation, une façon pour lui de payer sa dette, même s'il ne se l'avouerait jamais...
Puisqu'il n'avait pu l'aider, il en aidait d'autres...
Jusqu'ici il avait eu une vie assez rangée, voire monastique. Puis il y a environ deux ans, il avait fini par céder aux avances de son chevalier servant. Celui qui était resté auprès de lui et qui l'avait suivit jusqu'à Paris où il avait pris soin de lui alors qu'il n'arrivait pas à se remettre de sa rupture avec Julien. Il avait su être patient, il ne l'avait jamais brusqué, jamais forcé... Mais Romain n'était pas dupe, il savait qu'Alexis désirait bien plus qu'une amitié. Alors lorsque son passé était revenu frapper à sa porte en la personne d'Albane, sa meilleure amie de l'époque, il avait fini par céder aux avances du jeune homme. Avec Albane, Julien était trop présent et Alexis lui offrait un moyen de tourner définitivement la page à cet amour de jeunesse. Ils avaient fini par emménager ensemble et depuis peu ce dernier l'avait demandé en pacs, ce qu'il avait accepté rapidement...
Trop rapidement ?
Bref, il avait obtenu à près de vingt huit ans tout ce que l'on pouvait attendre de la vie, tout ce dont lui avait toujours rêvé...
Une vie normale, une vie rangée...
Il fut interrompu dans ses pensées par la voix haut perchée d'une femme d'une trentaine d'années.
- Damien ! Damien ! hurlait-elle à travers les couloirs jusqu'à tomber sur un jeune garçon d'une quinzaine d'années qui sortait des toilettes en fauteuil roulant
- Je suis là maman... lui répondit-il lassé sûrement de la surveillance oppressante de sa mère.
Romain les regarda s'éloigner et se força à vider son esprit.
Ce n'était pas lui... Ce ne serait jamais lui... Il avait tout ce dont il avait besoin... Le reste n'était que chimères... Bientôt il serait pacsé... Bientôt il serait très heureux...
Il quitta son patient une demie heure plus tard, le moral remonté. Romain aimait beaucoup le vieux monsieur de la 218, il ne savait pas vraiment pourquoi mais ils avaient tout de suite accroché tous les deux. L'homme à la soixantaine bien passée avait été hospitalisé pour une chute qui l'avait laissé paralysé temporairement des pieds au bassin et Romain s'occupait de sa rééducation et de sa vie sociale puisque ce monsieur n'avait aucune famille dans la région parisienne.
Il reprit donc son poste le coeur léger et alla s'occuper de sa patiente suivante, une jeune femme de vingt ans qui venait se faire retirer un plâtre au poignet gauche. Il entra dans la pièce en sifflotant et s'installa en face de sa patiente, une très jolie blonde, en lui offrant un charmant sourire qu'elle lui rendit immédiatement. Il s'occupa ensuite de son poignet et se saisit de la scie électrique pour lui retirer le plâtre.
- Je suis contente que ce ne soit pas l'autre docteur qui s'occupe de moi ! s'exclama-t-elle fortement avec un fort accent anglophone pour couvrir le bruit de la scie.
Romain souleva un sourcil interrogateur puis répondit :
- Je ne suis pas docteur, juste infirmier...
- Ah sorry ! Il était plus concentré sur mon décolleté que sur les radios de mon poignet... lui dit-elle en souriant franchement, les Français vous n'avez pas usurpé votre réputation ! Mais vous, vous êtes gay, non ?
Romain sentit le rouge lui monter aux joues et la regarda alors sans savoir quoi répondre. Il n'avait pas l'habitude d'un tel franc-parler chez ses patients surtout à l'égard de sa vie privée.
Il se contenta de hocher la tête et s'efforça de se concentrer sur son travail presque achevé. Il vit alors qu'elle lui offrait un magnifique sourire.
- Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise, je suis désolée, mais vous me regardez comme mon frère et... vous devez me trouver idiote !
- Non, répondit Romain sentant que sa patiente avait envie de parler.
- Votre frère est gay ? demanda-t-il alors poliment.
- Oh yes... Mais il n'est absolument pas fréquentable !
Romain sourit.
- Je suis presque pacsé, lui dit-il en lui montrant sa bague au doigt.
- Oh... Mais c'est pas un problème pour lui !
- Ah, à ce point ? questionna Romain en imaginant déjà de quel genre d'homme il pouvait s'agir. Un de ces mecs, impeccable, qui pensait que tout lui était dû et qui ne devait pas accepter d'être rejeté.
Il observa un instant sa patiente et se dit que si le frère en question ressemblait à sa soeur, il devait avoir pas mal de succès quand même. Elle était blonde, les cheveux mi-longs attachés en queue de cheval basse avec de magnifiques yeux gris vert rieurs. Son teint était éclatant, tout comme ses dents d'une blancheur immaculée.
Oui, le frère devait valoir le détour...
Romain rougit soudain et se racla la gorge pour se redonner un peu de contenance.
- Si vous saviez poursuivit-elle, il est arrivé hier soir des États-Unis et j'hésite vraiment à lui présenter mon petit ami...
- Vraiment ? s'exclama Romain en riant.
Elle rit à son tour.
- Oh yes...
Elle grimaça alors qu'il lui enlevait enfin le plâtre.
- C'est douloureux ?
- Un peu...
- Le médecin va venir pour regarder ça de nouveau...
- Oh... lui répondit-elle en faisant une petite grimace, je n'ai peut-être pas si mal que ça !
Romain sourit et lui demanda :
- Vous êtes américaine alors ?
- Oui, de San Francisco. Je m'appelle Jessica, lui répondit-elle distraitement alors qu'elle regardait son poignet enfin libre.
- Moi c'est Romain.
- Enchantée ! s'exclama-t-elle en relevant la tête.
Le docteur arriva à cet instant et Romain reconnut un collègue d'Alexis qu'il n'appréciait que moyennement. Il se leva et laissa sa place à l'autre.
- Vous partez ? demanda alors sa patiente.
- Oui, mais, je ne serai pas très loin, lui dit-il en lui indiquant l'accueil que l'on apercevait par la porte entre ouverte.
- Très bien...
Romain quitta la pièce légèrement à contrecœur, mais le médecin n'avait pas fait mine d'avoir besoin de lui. Il s'occupa donc de la paperasse à l'accueil, permettant ainsi à l'infirmière d'aller se chercher un café.
Quelque dix minutes plus tard, Jessica sortit enfin de la salle d'auscultation, précédée du médecin qui déposa son dossier à l'accueil sans même accorder un regard à l'infirmier.
- C'est bon vous pouvez sortir ! lui annonça Romain.
- Oui, enfin ! lui dit la jeune fille en rangeant son ordonnance. Est-ce que vous voudriez venir à une fête ? lui demanda-t-elle soudain.
- Une fête ? questionna Romain pris au dépourvu.
Il y avait une éternité qu'il n'était pas allé à une fête et surtout il ne lui était jamais arrivé de se faire inviter ainsi par une quasi-inconnue.
- Oui, je suis mannequin et on va commencer les défilés automnes/hivers de l'année, Londres, Milan et puis retour à Paris ! Enfin bref on voulait fêter ça... Si cela vous tente...
- C'est très gentil, mais je ne pense pas... Je ne suis pas très fête, en fait je sors très peu...
- Oh, vous pouvez venir avec votre ami, c'est pas un problème, vous savez !
- Merci mais je ne pense pas... Et puis il y a votre frère !
Elle le regarda en souriant.
- Je pense qu'avec le décalage horaire, il est inoffensif et j'ai un peu exagéré, il s'est beaucoup assagi dernièrement...
Un lueur de tristesse passa dans son regard, mais elle se reprit très vite avant d'ajouter :
- Je vous laisse quand même ma carte au cas où !
- Merci !
Il la rangea dans sa blouse alors qu'elle partait sous les regards plus qu'approbateurs de la gent masculine présente. Cela frôlait même limite l'indécence et l'idée d'être invité par elle à une fête lui arracha un sourire des plus moqueur.
- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ! demanda la voix chantante d'Albane.
Il releva la tête de ses papiers et désigna de la tête la fille qui entrait dans l'ascenseur.
- Ne me dis pas qu'elle te plaît ! s'exclama l'infirmière avec un air totalement désespéré.
- Elle est mignonne.
- Hein ? Au secours on vient de changer mon meilleur ami !
- Non, mais je sais reconnaître une belle fille quand même ! Elle ne me fait pas d'effet, mais j'ai pas non plus des oeillères !
- Tutt Tutt ! Tu ne devrais avoir d'yeux que pour moi ! le sermonna alors la jeune fille en lui tirant la langue, moqueuse.
- Erreur ma chère ! les interrompit une voix, il n'a d'yeux que pour moi !
Alexis fit alors son apparition en saisissant Romain par les hanches avant de le lâcher rapidement. C'était la première fois de la journée qu'ils se voyaient et le médecin, après lui avoir offert un magnifique sourire, lui demanda un peu de son temps. Romain s'exécuta, n'ayant pour l'instant aucune urgence. Une fois seuls dans une des salles de repos de l'hôpital, il vola un baiser à Alexis alors que ce dernier l'attirait contre un mur.
- J'ai réussi à joindre mes parents, commença le médecin en lui mordillant la jugulaire.
- Vrai ?
- Oui, ils vont faire escale à Gibraltar et ils aimeraient que j'aille les y rejoindre, expliqua Alexis en dévorant de baisers le cou de Romain.
- Que tu y ailles ?
Romain le repoussa légèrement pour qu'ils puissent se faire face.
- Oui, répondit son amant en soupirant, regarde le bon côté des choses, je vais pouvoir leur parler de nos projets et nous pourrons enfin fixer une date...
- Nous ? Tu veux dire tes parents et toi ? Sans moi ?
- Romain s'il te plaît, l'important c'est d'avoir une date, non ?
- Sans m'en parler avant ? Il serait plus simple que je vienne avec toi alors, on gagnerait du temps pour les présentations et le consentement ! répliqua Romain dont la perspective d'être ainsi mis de côté était loin de l'enchanter.
- Et tu l'auras leur consentement, ne t'inquiète pas ! Seulement, laisse-moi faire ! Je sais que tu es pressé de te pacser, mais Rome ne s'est pas construite en un jour ! sourit Alexis.
- Et s'ils ne te le donnent pas ?
- Donner quoi ?
- Leur consentement ! s'énerva Romain, je n'ai peut-être pas le pédigré requis !
Alexis haussa les épaules en souriant.
- Je me charge de ça et de tout le reste, ne t'inquiète pas !
Romain tiqua, mais n'en laissa rien paraître, il n'avait pas envie de se disputer avec lui. Pas ici dans l'hôpital où les murs avaient des oreilles, il préférait attendre qu'ils soient chez eux, enfin chez Alexis, pour régler le problème du « je m'occupe de tout... ».
Il se contenta d'embrasser Alexis rapidement sur la bouche alors que celui-ci semblait avoir de tout autres projets pour eux.
- Je dois retourner bosser, lui dit-il en se dégageant et en se dirigeant vers la sortie.
- Tu es fâché ?
Romain secoua la tête.
- Très bien, parce que je n'ai pas encore tout à fait fini...
- Ah ? interrogea Romain en se retournant sentant que cela ne présageait rien de bon.
- Ils font escale dans deux jours et donc...
- Dans deux jours ? C'est une plaisanterie, n'est-ce pas ? s'emporta le jeune infirmier.
- Romain... S'il te plaît, ne le prends pas comme ça...
- Pas comment ? Dans deux jours ? Et nos vacances ? Et tu sais ça depuis quand d'abord ?
- Je l'ai appris hier, mon ange, et pour nos vacances ce n'est que partie remise voyons !
- Mais on avait prévu ça depuis des semaines ! Tu sais le mal que j'ai eu à les avoir ces vacances Alexis !
- Tu en poseras d'autres !
- Je... Je... bafouilla Romain hors de lui.
Alexis sans y faire attention déposa à son tour un léger baiser sur les lèvres de son amant.
- Et...
- Et ? Y a encore quelque chose ?
- Ce soir... ne m'attends pas, je suis prévu sur une grosse opération et je ne sais pas pour combien de temps je vais en avoir... La nuit sûrement... Alors si tu as un peu de temps, là tout de suite...
Romain le regarda de la tête aux pieds avant de reprendre d'une voix froide.
- Non, je dois retourner bosser.
Il sortit en claquant la porte de la salle et retourna à l'accueil de fort méchante humeur.
Il sait ça depuis hier ? Mon oeil ! Et merde, moi qui ai pris une semaine... Qu'est-ce que je vais faire !
En plus, pour parachever le tout, Albane n'était plus à l'accueil et il dut passer le reste de son après-midi à ruminer seul dans son coin. Il finit cependant à réussir à la voir en coup de vent à la fin de leur service, mais elle avait un rendez-vous important pour une visite d'appartement et elle ne put lui accorder plus de cinq minutes.
Autant dire rien du tout !
Il rentra chez lui toujours de mauvaise humeur, maudissant mille fois les parents de son petit ami, les opérations tardives qui le privaient de mettre une bonne fois pour toutes les points sur les « i » et ses vacances qu'il avait prévu de passer à La Rochelle... En amoureux !
En plus, c'était la première fois qu'il s'occupait de leurs congés et tout annuler au dernier moment le rendait malade.
Sans envie de rien, il s'installa devant son poste de télévision et se mit à zapper frénétiquement sans trouver de programme intéressant. Il pesta de nouveau contre sa soirée gâchée puis il se souvint de l'invitation de sa patiente.
« Et puis pourquoi pas ! » se dit-il en se relevant de son canapé.
Il se dirigea vers son blouson et trouva dans sa poche intérieure la petite carte de Jessica. Heureusement qu'il avait pris l'habitude de vider sa blouse avant de partir, sinon sa soirée aurait été bel et bien gâchée !
Cela faisait une éternité qu'il n'était pas allé à une fête. Il observa pour la énième fois la petite carte où il était inscrit en lettre d'or :
« Jessica Kesler, 221 ave de Mozart, Paris XVI ».
Une fête dans les beaux quartiers, ça ne se refuse pas !
Et puis en plus, il devait le reconnaître se n'était pas très loin de son appartement. Sans plus hésiter, il fonça sous la douche puis dans sa chambre où il commença à chercher de quoi s'habiller. Certes, son salaire n'était pas mirobolant, mais il devait l'avouer, il avait toujours un faible pour les vêtements de marques. Il en avait aujourd'hui moins qu'à l'époque, mais il trouva bien vite son bonheur.
Il opta pour quelque chose de sobre, mais classe. Un pantalon noir taille basse à la coupe parfaite avec un polo gris anthracite manche longue et près du corps qui faisait ressortir la couleur de ses yeux. Il agrémenta le tout d'une veste sport noire. Il s'observa dans le miroir, arrangea ses cheveux avec un peu de gel et hocha la tête satisfait du résultat.
Il vérifia ensuite la station de métro la plus proche puis prit ses clefs et son blouson avant de disparaître dans la nuit.
Arrivé devant l'immeuble Haussmanien qui le surplombait de toute sa hauteur, il se sentit soudain terriblement intimidé. Ces gens qu'il ne connaissait guère n'étaient pas du même milieu que lui et si par malheur quelqu'un le reconnaissait ?
Il secoua la tête et se gifla mentalement.
Tu as raison quelqu'un va se souvenir de toi, après sept ans ? Tu te prends pour une star ou quoi ?
Il inspira profondément et pressa le digicode.
- Oui ? hurla alors la voix d'une fille à l'autre bout de l'appareil.
- Je m'appelle Romain, je viens de la part de Jessica...
- Un instant !
Il entendit un « Jess » hurler ensuite, puis un : « Il y a un mec pour toi là, je le laisse entrer ? ».
Quelques instants plus tard, il entendit une nouvelle voix.
- Oui ? lui demanda-t-elle de nouveau.
- Romain, l'infirmier...
- Oh tu es venu finalement ! It's good ! C'est septième étage.
Romain entendit un bruit de porte qui s'ouvre et il s'engouffra dans le hall tout en marbre.
Dans quoi était-il venu se fourrer ?
« Arrête ! » lui intima alors une petite voix dans son esprit. « Comme si tu n'avais jamais fréquenté ce genre de personne et en plus, au cas où tu l'aurais oublié, tu es toi-même maqué avec un médecin friqué ! »
Romain fit une grimace. Quitte à choisir, il aurait préféré un médecin sans le sou, cela aurait évité beaucoup de prise de tête inutile à son couple...
Il préféra les escaliers à l'ascenseur, histoire de déstresser un peu avant d'arriver au milieu de tout ces inconnus. Arrivé sur le palier, il poussa la porte laissée entrouverte à son attention et entra dans un somptueux appartement aux plafonds immensément haut et à la décoration raffinée. Il retira sa veste et fut rapidement entraîné par un inconnu vers une des chambres où on lui demanda de laisser ses affaires. Il s'exécuta, puis suivit son hôte vers le salon noir de monde. Il le perdit rapidement entre les invités et se retrouva bientôt au milieu de dizaines d'inconnus qui le regardaient avec curiosité. Il se sentit immédiatement très mal à l'aise et décida très vite de rebrousser chemin.
Finalement, cette soirée n'était pas une si merveilleuse idée ! Il n'avait plus l'habitude...
Presque à la porte du salon, il sentit soudain quelqu'un lui poser une main sur l'épaule. Il se retourna surpris et reconnut sa patiente de l'après-midi. Elle avait abandonné son jean et sa chemise au profit d'une magnifique robe à épaules nues d'un bleu électrique qui lui allait à ravir et faisait ressortir le gris vert de ses yeux. Elle était vraiment très belle
- Je suis contente de te voir ! lui dit-elle en lui saisissant l'épaule et en l'entraînant vers un immense buffet dans le fond de la salle. Je vais te présenter quelques personnes !
Romain la suivit docilement, remarquant au passage les mêmes regards toujours aussi interrogateurs. Arrivé devant le festin, il se fit servir une coupe de champagne et prit un petit four au caviar alors que Jessica saluait quelques personnes, avant de revenir avec un garçon à son bras.
- Je te présente Andrew, lui dit-elle, avant de préciser qu'il s'agissait de son petit ami.
Romain sourit et salua le jeune homme. Il devait avoir dans les vingt ans comme Jessica et avait un très fort accent anglais (ou américain, Romain n'aurait su le dire). Il portait un blaser sombre avec un pantalon en toile qui le rendait très élégant. Romain se sentit légèrement mal à l'aise devant le jeune homme qui respirait la haute société mais à sa grande surprise, loin de le regarder de haut, fit un sourire et lui serra immédiatement la main d'une manière franche et chaleureuse.
Une fois les présentations faites, le garçon se tourna vers sa petite amie.
- Ton frère n'est pas là ? demanda-t-il en français par respect pour Romain présent à leurs côtés.
Romain vit les sourcils de la jeune fille se froncer légèrement et se demanda sincèrement si ce fameux frère infréquentable, ne lui avait pas déjà piqué un de ses petits amis.
« Il fallait qu'il soit sacrement canon son frère pour réussir à ravir le coeur d'un hétéro lié à cette fille » se dit-il de plus en plus intrigué.
- Il doit être dans sa chambre, mais je pense qu'il ne devrait pas trop tarder...
Et justement quelques minutes après, il entendit Jessica dire en anglais :
- Le voilà !
Romain se retourna et chercha des yeux l'Adonis. Selon lui il devait être assez grand et ressembler à son hôtesse, mais il ne vit personne correspondant à cette description. Curieux, il continua ses recherches jusqu'à ce qu'il voie Jessica se pencher sur un garçon dont il n'apercevait que les mains et les roues d'un fauteuil. Surpris, il garda néanmoins ses distances pour ne pas les interrompre, puis soudain la jeune fille se releva et se dirigea vers lui.
- Romain, commença-t-elle, je te présente mon...
Mais Romain n'entendit pas le reste de la phrase.
- Julien ? Murmura-t-il sans en croire ses yeux.
Il vit le garçon le détailler avec un léger sourire en coin. Alors que Romain sentait ses jambes légèrement faiblir. Ils se regardèrent pendant ce qui lui sembla une éternité. Puis, Julien lui tendit la main, avant de demander :
- On se connaît ?
Le monde de Romain se fissura alors. Il lui sembla entendre le bruit d'une vitre qui se brise dans son dos. L'instant d'avant disparut et il sentit un immense froid envahir son coeur.
Il ne se souvenait pas de lui...
Dépité et se sentant soudain ridicule, Romain répondit d'une toute petite voix :
- Euh... Non, je vous ai pris pour quelqu'un d'autre...