Note : Lou va dire énormément de conneries et de choses pas politiquement correctes. Je rappelle donc que Lou n'est pas moi :) Et Lou est aussi à prendre au seconde degré - sinon elle est insupportable.
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Préambule : Oui, je fais la gueule. On est chez les cul-terreux, ils sont cons, on se fait chier, y a rien à faire, et se la jouer campagnard, ça me troue le cul. Et au cas où tu te demandais, non, j'arrêterai pas de faire la gueule avant de rentrer à Paris.
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Une relation durable ? Non, merci.
Prologue
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"Lou, putain, qu'est-ce que tu fous ?!" Hurle Ares du jardin, la voix franchement exaspérée.
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Mais il m'em-merde !
Je suis en train de refaire le lit de la chambre qu'on a utilisé dans la maison - manoir - de vacances d'un de mes potes - Charles-Henri.
Charles-Henri est mon meilleur ami d'enfance parce que nos parents sont les meilleurs amis du monde, et je l'appelle Charles-Henri que quand je suis énervée contre lui.
Sinon, c'est Charlie.
Et non pas Charly, parce que ça fait pseudo Américain et que c'est pas le but.
Bref.
Charlie n'est pas le problème actuel.
Le problème actuel, c'est que non seulement on s'est tous démerdé pour ranger toute la maison ce matin, et que la seule chose que j'ai demandée à Ares, c'est de faire le lit avec des draps propres.
Et évidemment, le lit n'est même pas bien fait.
Donc je suis obligée de le refaire.
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Dès que j'ai fini le lit, en gros, on rentre tous à Paris.
On est huit, à deux voitures, et j'ai pas du tout hâte de me taper les deux heures de bagnole.
Mais je vais les faire quand même, parce que rester ici une seconde de plus est juste...insupportable.
Je suis soi-disant - parce que maintenant je commence à avoir un doute - en année sabbatique après sept ans d'études, et mes amis m'ont coincée pour deux semaines ici - alors qu'au départ, j'étais sensée ne pas poser un seul orteil sur le sol Français, pour faire un tour du monde (même si je l'ai déjà plus ou moins fait pendant mon adolescence).
Je suis en année sabbatique parce que d'abord j'en ai envie, et ensuite parce que je le peux.
Apparemment, je suis tellement géniale que je me fais payer cette année pour commencer à bosser l'année prochaine.
Ce n'est pas moi qui vais contredire ceux qui prennent ce genre de décisions et leur en empêcher.
Je ne veux pas que vous me détestiez d'office - vous allez le comprendre bien assez tôt, je suis insupportable et très détestable - donc je ne vous dis pas combien je suis payée.
Et de toutes les façons, ça ne vous regarde absolument pas.
Mais je m'égare.
Ares est même incapable de mettre correctement un taie d'oreiller.
Ca fait deux semaines que je suis chez les cul-terreux, et que mon intellect en a trop souffert, et que là, Saint Germain Des Prés m'a juste l'air de la Terre Promise.
Tout ce qui m'a entouré pendant mes "vacances", c'est trois prés - loin de Saint Germain, je précise - dont un vide (Dieu merci), un rempli de vaches, et un autre de moutons. Le dernier terrain qui entoure la grande propriété des parents de Charlie est la maison du fermier qui possède lesdits prés.
Je ne vous raconte même pas la quantité de mouches, guêpes et autres merdes d'insectes qui nous ont envahi pendant le séjour.
Heureusement, il n'y a que des pigeons à Paris.
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"Lou ?!"
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C'est Ares qui m'appelle/s'énerve, et par le son de sa voix, il doit probablement être en train de monter les escaliers.
C'est vrai qu'il aime pas quand je l'ignore.
Mais le truc, c'est que quand quelqu'un m'emmerde, je l'ignore complètement, jusqu'à en oublier leur existence.
D'habitude, les gens comprennent vite et me foutent la paix, mais pas lui.
À mon avis, c'est qu'il est encore nouveau.
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Ares, je le connais depuis environ un mois, en fait.
Il était assis sur une terrasse d'un café en train d'attendre quelqu'un, et moi j'y étais avec Charlie.
C'était au moment où il m'a dit que j'étais invitée - forcée - à venir passer du temps avec la "bande" dans sa maison de vacances.
Le truc, c'est que la "bande" en question, au fil du temps, s'est plus ou moins maquée entre elle. Je suis une des rares à avoir résisté à cet horrible communautarisme.
Deux semaines de préavis, il fallait donc agir pour me trouver un mec et l'inviter à venir.
Non pas que j'aie peur de l'inviter au bout de trois jours - parce que le mec pourrait flipper - mais parce qu'il faut que je sois certaine que je n'aurais pas envie de l'étrangler avec son intestin grêle.
Si, si, je suis comme ça.
Et à la table d'à côté, il y avait Ares, qui fumait tranquillement une clope en lisant un bouquin.
L'élégance du hérisson, je crois.
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"T'as encore refait le lit ?" Demande Ares en entrant dans la chambre, et ce n'est même pas une question.
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Ca fait donc un petit mois qu'on se connaît, que - par chance - je ne l'ai pas tué, et déjà il n'est même plus surpris par mes habitudes.
Son ton montre en effet une constatation amusée, et je vois tout de suite son petit sourire en coin.
Il m'emmerde.
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Ares est loin d'être le mec le plus canon avec lequel je sois sortie.
Parce que oui, je sais pas vraiment comment je me débrouille, je sors avec des mecs très esthétiques à l'oeil.
Du genre grand brun ténébreux au corps de mannequin.
Mes amis vous diront que c'est parce que je suis "sexy façon petit animal sauvage" (allez savoir ce que ça veut dire; personnellement, j'aime pas du tout) ou "mignonne", et encore une fois, je ne vais pas contredire des gens qui ont une opinion positive de moi (parce qu'ils sont assez rares, et par "assez", je veux dire plutôt "vraiment").
Avec mes conquêtes, ça ne dure jamais longtemps parce qu'ils me saoulent systématiquement - ou le contraire, ce que je comprends très bien - et qu'il est hors de question que je me prenne la tête avec quelqu'un d'autre que moi-même alors que j'ai 25 ans.
Certains me disent qu'il est peut-être temps de penser à une "relation stable", mais rien que le mot me donne envie de vider une bouteille de tequila, alors je leur réponds qu'il est peut-être temps qu'ils se mêlent de leur cul.
Cette année sabbatique ne sera pas l'année où je vais trouver l'homme de ma vie.
Mais si Ares n'est pas le plus beau, il a quelque chose - sinon je ne l'aurais même pas regardé deux fois.
Mon problème, c'est que le quelque chose en question, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
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Je sais qu'il y a des choses chez lui que j'aime bien.
Déjà, y a son nom; c'est son vrai nom - j'ai vérifié sur son passeport et son permis de conduire.
Ensuite, y a sa tête, évidemment. Parce que si ce n'est pas le mec le plus beau avec lequel je suis sortie, il reste quand même très canon. C'est comme si je sortais qu'avec des Johnny Depp, et que tout d'un coup je me retrouvais avec un Jude Law. Okay, Jude Law est canon, mais ce n'est pas les Johnny Depp de d'habitude.
Il a la peau plutôt mate, façon caramel doré, (en ce moment très bronzé parce que nous sommes en Août) avec des yeux verts comme vous n'en avez jamais vu - ça me fait penser à un green de golf.
Mais ce que je préfère, c'est qu'il a les cheveux roux. Et le roux, ça change un peu.
Mais attention, c'est pas le rouquin poil de carotte à qui on lance des cailloux à l'école.
C'est un roux foncé, auburn, même (il a d'ailleurs les sourcils et cils foncés), avec des reflets plus dorés au soleil - c'est donc la bonne saison pour sortir avec lui - qui ont l'air soyeux et doux au toucher, et qui sont très épais.
La plupart du temps, il passe ses deux mains dans ses cheveux avec les doigts écartés façon peigne, en partant de son front, ce qui fait qu'ils pointent tous vers l'arrière comme s'il s'était séché les cheveux avec le sèche-cheveux devant lui.
J'appelle ça une coupe Dragon Ball Z.
C'est très réussi.
J'aime aussi le tatouage qu'il a sur l'intérieur de son avant-bras (un pistolet ancien, ceux qui avaient la crosse en ivoire), parce que je sais que ça rendrait mes parents hystériques.
Pas parce que c'est un tatouage (j'ai des ex-68ards comme parents, hélas) mais parce qu'il représente quelque chose de violent, et que plus pacifistes que mes parents, y a pas.
Sauf que jamais il ne verra mes parents, parce que je vais le plaquer tôt ou tard.
Plus tôt que tard, d'ailleurs.
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Et je sais aussi qu'il y a des choses chez lui que j'aime pas du tout.
Comme par exemple le fait qu'il ne comprenne pas que quand je l'ignore, c'est qu'il m'emmerde, et qu'il faut qu'il me foute la paix.
Comme par exemple aussi le fait qu'il ait toujours un sourire en coin, et que quand je m'énerve ouvertement, il trouve ça plus amusant qu'autre chose.
Et aussi le fait qu'il ait toujours l'air de comploter quelque chose - avec ce même sourire en coin qui révèle des fossettes diablement sexy, et un sourcil droit qu'il lève pour ponctuer son sarcasme et ironie.
Parce que oui, il a un sarcasme presque aussi développé que le mien, le bougre.
Et j'aime pas du tout aussi le fait qu'à peine après un jour à connaître mes amis, ils l'adorent tous comme si c'était le Messie revenu en personne.
J'abhorre aussi le fait qu'il glisse toujours des mots en Anglais dans ses conversations.
Soi disant, il ne le fait pas exprès, parce que sa mère est Américaine et qu'il a vécu presque toute sa vie aux Etats-Unis, mais si vous voulez mon avis, c'est juste pour montrer qu'il a l'accent parfait de New York.
J'aime pas non plus qu'il soit juif, parce qu'en plus sa famille américaine est de New York.
Et je suis désolée, le problème avec le Juif New-Yorkais, c'est que c'est super branché. Je refuse de sortir avec un mec d'origine "branchée". Ca lui donne beaucoup trop d'importance.
Je n'aime pas non plus qu'il ait une culture littéraire et geo-politique aussi vaste que la sienne, parce que je pourrais presque me sentir inférieure (le mot clé ici étant "presque").
D'ailleurs, s'il y a une école que je déteste, c'est bien Sciences Po.
Ah, et l'ENA aussi.
Les Enarques, quelle bande de cons.
Si, si, c'est une remarque exacte et avec fondements.
Et devinez quoi, Ares a passé un petit bout de temps à Sciences Po, et vient de terminer ses études de journalisme.
J'ai dû prendre sur moi pour pas le plaquer quand il m'a dit où il avait fait ses études - parce que c'était que deux jours avant ces fatidiques "vacances" chez Charlie, et que j'avais pas le courage de lui trouver un remplaçant.
Et le pire, le PIRE, c'est qu'il m'appelle Lou des bois.
Ah-ha. Marrant. Je. Sais.
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"Voilà, j'ai fini," je dis, satisfaite, devant le lit recouvert d'une couette parfaitement tendue et d'oreillers bien gonflés et carrés.
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J'y dépose soigneusement les nombreux coussins de décoration.
Si vous voulez mon avis, ma façon de les placer est beaucoup mieux qu'à mon arrivée. La mère de Charlie devrait changer de femme de ménage.
Ares ne fait que lever les yeux au ciel avec ce sourire en coin qui me donne envie de l'étriper.
J'ai pas le temps de le faire parce qu'il m'agrippe le poignet pour m'attirer vers lui et m'embrasser.
Une vraie sangsue, je vous jure.
Le problème, c'est qu'il embrasse divinement bien.
Mais ça, jamais il ne le saura, évidemment.
Je suppose que c'est mon devoir de copine de répondre, donc je m'effectue sans broncher.
Il a le goût de cigarette et de cannelle du chewing gum qu'il a pris après.
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"C'est pas comme si on attendait, en bas !" Dit Charlie avec une touche d'ironie dans sa voix, apparaissant au pas de la porte de la chambre.
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Ca a pour effet immédiat de nous décoller.
Dommage, parce que les mains d'Ares avaient commencé un parcours assez intéressant (mais je ne l'aurais jamais laissé continuer, parce qu'il m'aurait sûrement jetée sur le lit, et qu'en suite j'aurais dû le refaire).
Il me garde près de lui une seconde, comme pour me sonder, alors j'en profite pour l'observer.
Malgré son sourire agaçant blanc et parfait, sa peau bronzée, ses yeux verts brillants et sa chevelure auburn/dorée, je sais qu'il y a ce quelque chose que je n'arrive pas à cerner.
Et ça, ça me perturbe.
Heureusement que j'ai décidé de le plaquer dès que je mets un pied hors de la voiture en arrivant à Paris.
Parce que je déteste être perturbée.
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TBC
Voilà le prologue. J'ai écrit ça il y a vraiment longtemps (juin dernier, il me semble) et j'ai l'impression que les chapitres qui suivent (pas le suivant mais ceux d'après) sont écrit différemment.
Bref. Dites moi ce que vous en pensez - c'est pas grand chose pour un début, je sais. Mais au moins vous avez un début de description d'Ares. J'espère qu'il vous plaît. Pour Lou...euh, je sais pas si j'ai envie de connaître la réponse tout de suite ;)
Et question ! J'ai déjà écrit certains chapitres. Ceux de Finding Nemo faisaient entre 3000 et 4000 mots. Ceux de cette histoire en font plutôt 7000 (sauf celui-ci). Ca vous pose un problème ?
Dites moi tout !