I'm a Sinner est enfin finie! Et d'ailleurs, je suis ravie d'avoir pu poster ce dernier chapitre aujourd'hui : je me suis rendue compte la semaine dernière en retrouvant LA première ébauche de ce texte que je l'avais commencée précisément il y a 2 ans, jour pour jour! Et si je l'ai laissée tombée pendant pas mal de temps, je suis super contente d'avoir pu la finir et la poster... Et j'espère que ça vous aura plu, également!
Merci d'avoir suivi ma fic jusqu'à ce dernier chapitre :)
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Chris tournait en rond depuis qu'il s'était levé.
Lorsqu'il avait ouvert les yeux et constaté l'absence de Jensen, il avait immédiatement été pris par un mauvais pressentiment. Le garçon avait d'abord tâché de se calmer et de se dire que le jeune homme avait sans doute voulu aller faire un tour. Mais depuis, il avait dû se rendre à l'évidence : quelque chose n'allait pas. Quelles qu'aient pu être ses raisons de sortir, Chris était sûr que Jensen aurait trouvé le moyen de le prévenir s'il avait prévu de s'absenter si longtemps. Ce n'était vraiment pas normal. Chris regarda une nouvelle fois par la fenêtre. Le ciel s'obscurcissait déjà et il n'avait toujours pas eu la moindre nouvelle. Il ne savait que faire, ni où aller. Il comprenait le danger de se rendre dans le quartier de Jensen, surtout qu'il n'était même pas certain de l'y trouver.
- Mais où es-tu, Jensen ? gémit Chris, en suppliant du regard la porte d'entrée.
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Jensen était assis à même le sol d'une pièce sans fenêtre, éclairée par un unique néon à la lueur vacillante. Quelques gouttes de sang au centre de la cellule témoignaient seules de la violence qui s'y était déchainée quelques heures plus tôt, lorsque les deux hommes y avaient enfermé le jeune et que Tony avait mené un bref interrogatoire, distribuant les coups au gré des réponses du prostitué.
Et le jeune homme ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre qu'ils reviennent. Ils attendaient de lui qu'il leur révèle le nom et l'adresse de Chris, qu'ils considéraient toujours comme un vulgaire client qui se serait mis en tête de le sortir de la rue et donc de leur prendre une part de bénéfice. Jensen passa sa langue sur sa lèvre ouverte. Le goût écœurant du fer dans sa bouche renforça encore sa détermination. Il ne lâcherait rien. Tony ne pourrait pas se permettre de l'abimer indéfiniment puisqu'il avait toujours la ferme intention de le remettre sur le trottoir une fois cette histoire terminée. Finalement, son rôle à lui était plutôt aisé, essayait de se convaincre Jensen. Il n'avait qu'à encaisser les coups et attendre que ça passe. Ses pensées étaient davantage tournées vers Chris. Il regrettait maintenant amèrement de ne pas l'avoir prévenu de son départ ou au moins de ne pas lui avoir laissé un simple mot.
Jensen n'avait plus aucune notion du temps qui avait passé depuis qu'il était dans cette pièce aveugle, lorsque l'un des deux hommes qui l'avaient surpris à l'appartement, celui qui marmonnait, pénétra dans la pièce à grandes enjambées. Jensen se mit instinctivement dans une position défensive, s'attendant plus ou moins à recevoir un coup mais l'homme ne le frappa pas. Il le releva brutalement par le bras et lui ordonna de le suivre de son accent traînant. Le brun obéit sans chercher à savoir où l'homme l'emmenait, devinant qu'il le regretterait suffisamment quand il y serait. Il songea un instant à s'enfuir en courant dans la direction opposée mais il se rendait bien compte qu'il n'avait aucune chance de se repérer dans ces locaux inconnus et qu'il finirait sans doute par tomber sur quelqu'un tout aussi peu sympathique. Son garde, qu'il avait entendu être appelé Jason par Tony, entraîna le garçon à travers une sorte de petit entrepôt encombré de cartons, puis dans plusieurs couloirs aux plafonds à demi-effondrés. Enfin ils atterrirent dans des lieux que Jensen finit par reconnaître. Et effectivement, Jason ne tarda pas à piler devant la porte sombre du bureau du patron.
Jensen pénétra dans la pièce, suivit par son garde. Contrairement à la dernière fois où il y était entré, la pièce semblait presque chaleureuse. Un feu brûlait dans l'âtre de l'imposante cheminée, devant laquelle se tenait le second homme qu'il avait vu à l'appartement. Le jeune fit un signe de tête en direction de l'homme à la cicatrice, confortablement calé dans son fauteuil.
- Assieds-toi, Jensen, dit Tony, en désignant d'un geste étrangement amical la chaise de l'autre côté de son bureau massif. On va discuter un petit moment, juste quelques petites minutes, si tu veux bien.
Jensen prit place sur la chaise sans protester, notant mentalement que Jason s'était placé devant la porte, barrant ainsi la sortie de sa masse imposante.
- Tu as réfléchi, Jensen ? Tu es prêt à me donner le nom de notre ami ?
Le brun secoua la tête.
- Je vous l'ai dit, ce n'est pas… tenta le jeune homme, interrompu par un coup porté par l'homme derrière lui.
- S'il te plaît, Jensen, le coupa l'homme à la cicatrice. Cesse de jouer à ce petit jeu avec moi, tu sais très bien que tu ne gagneras pas.
Jensen réfléchissait intensément pour trouver un mensonge qui pourrait abréger l'entretien et lui permettrait de partir au plus vite. Il soupira profondément et fit mine d'être plongé dans un profond dilemme avant de finalement se rendre, affichant un air de repentir.
- Je… Je sais bien que c'était idiot, commença-t-il. Mais j'ai vraiment cru que je pouvais sortir de la rue, arrêter de tapiner, comme ça. Mais je rends compte, maintenant, que c'était idiot. Je ne peux pas rompre le contrat que j'ai avec toi et si je le faisais, je sais que je le regretterais très vite.
Tony se leva de son fauteuil en poussant un long soupir. Il s'approcha de Jensen et ébouriffa ses cheveux d'un geste paternel puis fit quelques pas vers la cheminée.
- Je t'ai toujours considéré comme l'une de mes plus belles trouvailles et l'un de mes meilleurs "employés", tu sais. Et ça accentue encore plus ma déception à ton égard. J'apprécie quand même ton courage, ou plutôt ta folie, d'essayer encore de me mentir alors que t'es sacrément dans la merde, gamin.
Jensen voulut protester pour sauver la face mais il fut coupé par un geste de la main du souteneur qui le réduisit au silence.
- Et je sais très bien qu'on n'enferme pas l'oiseau sauvage qui n'aspire qu'à retrouver sa liberté, déclama Tony sur un ton quasiment lyrique.
Il dévisagea Jensen pour savourer son effet théâtral mais le visage du garçon resta de marbre, attendant de voir où il voulait en venir.
- Et si je ne peux pas te garder… Je ferai en sorte que tout le monde sache que tu n'as été et resteras à jamais rien de mieux qu'une pute, qu'un objet offert au premier venu. Et pour que tu t'en rappelles bien, je crois que je vais devoir te l'imprimer de force…
Alors que Tony achevait ces mots en s'éloignant vers la cheminée, le deuxième homme, resté jusque là immobile près de l'âtre, vint prêter main forte à Jason qui immobilisa violemment le prostitué. Le souteneur se saisit d'un tisonnier plongé dans le feu et brandit le fer blanchi vers le garçon.
- Non ! Ne fais pas ça ! Non ! Tony, non ! hurla Jensen en se débattant du mieux qu'il pouvait.
Mais écrasé par la prise des deux hommes, Jensen sentit le patron remonter son t-shirt et la chaleur du fer approcher de ses côtes.
- Je t'en supplie ! Ne fais pas ça ! Je te promets que je resterai bosser pour toi tant que tu veux, Tony !
La chaleur près de ses côtes s'estompa alors que l'homme éloignait le tisonnier.
- Tiens, c'est drôle, tu as l'air beaucoup plus sincère tout à coup ! Mais j'ai un peu perdu confiance en toi, tu sais… fit Tony en partant dans un éclat de rire gras. Il avança le fer tout près du visage du jeune homme et expliqua : Regarde, c'est le même genre de fer qu'on utilise pour marquer le bétail. Et le « T », là, c'est pour Tony ! Tu vois ? Tu pourras jamais vraiment m'échapper ! Quand tu reviendras sur le trottoir, personne voudra plus de toi parce que j'aurai ma marque sur toi ! Et chaque fois que tu te feras sauter par un mec, il verra cette marque et il saura ce que t'es vraiment, tu comprends ? Tu comprends ce que je te dis ?
Un des deux hommes lui tordit un peu plus le bras jusqu'à ce que Jensen opine nerveusement de la tête dans un gémissement de douleur.
- Bien, bien, acquiesça Tony. Et maintenant, les choses sérieuses !
Pour illustrer ses paroles, l'homme à la cicatrice tira un peu le jean de Jensen et appliqua sans plus de cérémonie le tisonnier sur la peau découverte de sa hanche.
Jensen poussa un hurlement de douleur que l'un de ses deux gardes étouffa rapidement en pressant sa main contre la bouche du garçon. Il se débattit de toutes ses forces mais ses tortionnaires l'empêchèrent de se soustraire à la brûlure. Quelques soubresauts désespérés soulevèrent encore le corps du garçon, puis il retomba, inanimé.
Après encore quelques secondes, Tony cessa de presser le feu contre la peau du garçon et s'essuya le front de sa sueur du revers de sa manche.
- Va me ranger ça, fit-il en tendant le tisonnier à Jason.
L'homme obéit pendant que l'autre administrait des gifles à Jensen, tentant vainement de le ramener à la conscience, avant de prendre son pouls.
- Il s'est évanoui, patron.
- T'inquiètes pas, c'est pas méchant ce qu'on lui a fait, il va pas crever, relativisa Tony avec un sourire moqueur, puis il rajouta : Allez, jette-moi ça avec les ordures.
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Chris n'avait finalement trouvé le sommeil que depuis quelques heures, lorsque son portable vibra enfin. Le garçon se réveilla en sursaut et se jeta sur le mobile. Il soupira lorsqu'il vit que ce n'était que les accusés de réception des nombreux messages qu'il avait laissé à Jensen, puis il comprit ce que cela signifiait. Le portable de Jensen était enfin allumé. Rassuré et réjoui par cette première nouvelle, il composa immédiatement le numéro du jeune homme.
- Allô Jensen ?
- Chris ?
- Oh, Jensen, je suis soulagé de t'entendre ! Tu vas bien ? Tu es où ? Qu'est-ce qui s'est passé ? lâcha Chris, sans pouvoir attendre les réponses de Jensen tant il était pressé de le retrouver.
- Je… j'en sais rien… Je viens de me réveiller… expliqua Jensen, un peu hagard. Je ne sais pas trop où je suis… Je suis dans une rue, il fait noir…
- Mais, toi, tu vas bien ?
- Je ne sais pas trop… J'ai mal partout. Et j'ai surtout mal à la hanche, je… commença-t-il sans finir sa phrase.
- Ne… ne bouge pas ! J'appelle un taxi et j'essaie d'être là le plus vite possible, d'accord ? Essaie de voir le nom de la rue et attends-moi, surtout !
Tout en continuant de parler à son interlocuteur, Chris enfila sa veste et jeta un coup d'œil à la pendule. Quatre heures du matin. L'heure de retrouver celui qu'il aimait, l'heure qu'il avait attendue toute la journée.
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La pluie commença à tomber dans la sombre ruelle où Jensen attendait Chris. Il avait retrouvé ses affaires, tout ce qu'il possédait, à trois quarts carbonisées dans une poubelle un peu plus bas dans la rue, mais il avait pu récupérer quelques uns de ses vêtements dans un sac qui avait échappé aux flammes.
Le brun leva les yeux vers le ciel. Cette première bonne nouvelle le remplissait de joie. Pas tant pour le côté matériel, mais plutôt parce qu'il sentait que pour la première fois, sa chance commençait à tourner. Malgré son corps endolori et la brûlure sur son flanc qui le lançait atrocement, il se sentait enfin libre. Libéré de l'odieux usage auquel il avait soumis son corps et son âme depuis tant d'années. Et il sentait que l'épaisse carapace de glace dans laquelle était enfermé son cœur depuis si longtemps était sur le point de disparaître entièrement.
- Jensen ! cria une voix familière depuis le bout de la rue.
Le jeune homme se tourna vers la silhouette qui courait vers lui. Il réceptionna tant bien que mal Chris qui se jeta dans ses bras ouverts en riant de soulagement. Il le serra fort contre lui, ignorant la douleur des bleus qui recouvraient son corps.
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Epilogue
Chris s'étira longuement, un sourire réjoui sur le visage, alors que Jensen revenait se coucher près de lui, embaumant l'espace de l'odeur de son gel douche.
- J'aurais jamais cru que faire l'amour avec un garçon était aussi génial !
- Moi non plus, je ne savais pas que faire l'amour était aussi agréable… lui murmura Jensen. C'est toi qui rends ça spécial !
Le sourire de Chris s'élargit. Il planta ses yeux verts dans ceux de Jensen, et se releva légèrement pour atteindre ses lèvres. Les deux garçons échangèrent un long baiser plein de tendresse. Tous deux avaient les cheveux mouillés, après être passé chacun à leur tour sous la douche, et les gouttelettes d'eau se dispersèrent tout autour d'eux à mesure que leur baiser devenait plus passionné.
Et les deux garçons basculèrent pour se retrouver à nouveau allongés l'un sur l'autre. Jensen glissa son doigt sur les lèvres de Chris.
- Tu veux qu'on remette ça ?
- Oui... On peut encore faire mieux, tu crois pas ? rit Chris, en prenant un ton joueur et plein de sous-entendus.
Jensen acquiesça en riant et il savoura la sensation des mains de Chris descendre le long de son corps. Il sentit ses doigts parcourir sensuellement son torse, vite remplacés par ses lèvres chaudes qui frôlèrent la cicatrice encore sensible qu'avait imprimé le fer dans la chair du jeune homme, quelques semaines plus tôt. Mais Chris ne s'y attarda pas plus longuement et Jensen sentit son souffle chaud descendre un peu plus bas sur son corps.
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« Je t'aime Chris. »
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Et voilà! J'espère que vous aurez accroché jusqu'à la fin!
Maintenant, si vous avez aimé et que vous avez envie d'aider à la faire connaître à d'autres personnes, mettez cette fiction dans vos favoris ;D
Un dernier mot : j'ai la courte fiction " Vampire Case " en cours de publication, mais après ça je pense que je ne vais rien publier pendant un certain temps, mettez moi en auteur à suivre si vous voulez être mis au courant des prochaines publications ^^
Merci encore pour vos lectures et vos gentils commentaires!!