Hidden Love

Aujourd'hui. C'est aujourd'hui.

15 ans que j'attends ce jour particulier avec espoir.

Je jette un coup d'œil nerveux à ma montre. 14h35. On m'avait dit 14h…

Ils ne viendront pas. C'est sûr.

J'écarte les rideaux de ma chambre. La rue est déserte et silencieuse en ce dimanche pluvieux. Je ne peux m'empêcher de regarder les immeubles sombres et austères alentour, en me disant que, peut-être, demain je ne les verrai plus.

Si mes futurs parents d'adoption se décident enfin à venir me chercher…

Certes, 15 ans, c'est un peu tard pour être adopté. Mais je les ai déjà rencontrés, bien que je ne me souvienne plus de leurs visages, quand j'avais 10 ou 11 ans. Ils étaient prêts à m'accueillir, mais un concours de malheureuses circonstances les en avaient alors empêchés. Et ce moment si cher à mes yeux où je quitterai enfin cet orphelinat que je haïssais tant avait été repoussé.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine : une voiture vient de se garer devant l'entrée.

Trois silhouettes en sortent précipitamment, dissimulées sous un parapluie. Trois ? Ça ne doit pas être eux, je sais qu'ils n'ont pas d'enfant. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils souhaitent adopter.

Mon cœur agité se serre, des larmes de déception me brouillent les yeux. Ils ne viendront donc vraiment pas ?

Je referme les rideaux d'un geste las et me roule en boule sur mon lit glacial, laissant cette peine que je refoule depuis des années m'envahir.

Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais pleuré. Mes parents étant morts peu après ma naissance, j'ai passé les dix premières années de ma vie transporté de familles d'accueil en familles d'accueil. Je me suis toujours senti en retrait, indifférent à tout ce qui m'arrivait. Et puis, un jour, j'ai été présenté à un jeune couple. Ils avaient l'air vraiment prêts à m'adopter, ce qu'ils m'ont d'ailleurs promis, me redonnant l'espoir que j'avais depuis longtemps oublié. Depuis cette rencontre, on m'avait installé à l'orphelinat, en attendant quelques papiers qui signeraient ma nouvelle vie.

Et cinq ans plus tard, ils ne viennent toujours pas me chercher.

J'en ai tellement rêvé, depuis, d'une vraie famille, avec une vraie maison, une école, des amis… Une vie normale, comme je n'en ai jamais eue.

Les larmes coulent le long de mes joues creuses, et je ne cherche même pas à les retenir. C'est fini. Personne ne viendra me chercher. Je n'aurai jamais ces parents dont j'ai tant rêvé.

À mes 18 ans, je quitterai cet enfer et travaillerai autant que je peux pour me payer un appart.

Seul.

- - -

Autre endroit, autre personne, autre réaction…

J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure. Je n'en reviens toujours pas… J'AI UNE FAMILLE !

Mes parents adoptifs sont venus ce matin à l'orphelinat. Ça fait quelques mois déjà que je les ai rencontrés, mais d'après ce qu'ils m'ont expliqué, ils ont eu quelques problèmes qui les ont empêchés de me prendre tout de suite. Des démêlés avec la justice, je crois, qui ont duré pendant quelques années apparemment. Rien de très grave, heureusement. Je n'ai pas trop compris l'histoire, mais l'important, c'est que je sois là aujourd'hui. Avec eux.

Et le meilleur, dont ils ne m'avaient pas parlé avant de venir me chercher, c'est qu'ils ont l'attention d'adopter un autre enfant ! Je viens à peine de trouver des parents que je vais déjà avoir un petit frère…

Yattaaaaa ! Un an de moins que moi, dans un orphelinat de réputation plutôt strict, un vrai petit ange que mes parents veulent adopter depuis déjà cinq ans… Le pauvre, il doit commencer à désespérer. J'espère qu'il sera content de me voir… Je crois qu'il n'est pas au courant non plus que nous sommes deux frères.

Le sourire aux lèvres, je regarde le ciel défiler à la fenêtre arrière de la voiture. Mes parents sont tendus, ils appréhendent sa réaction, mais moi, je suis tellement heureux !

On arrive enfin devant cet orphelinat qui m'est inconnu. Ce bâtiment gris terne me donne la chair de poule. J'espère que les rumeurs le concernant ne sont pas fondées !

Moi, j'ai eu la chance d'être élevé dans un bâtiment moderne, accueillant et chaleureux, entouré de personnes bienveillantes. Enfants, profs, surveillants… Il y régnait une véritable atmosphère familiale. Tout l'établissement se réunissait pour chaque arrivée ou départ des orphelins, histoire de mettre les nouveaux à l'aise et leur prouver qu'ils n'étaient plus seuls, ou pour fêter une adoption. Telle que la mienne, aujourd'hui. Je suis d'ailleurs un peu triste de quitter tout ça, bien que ce ne soit absolument pas comparable à la joie que j'éprouve de faire désormais partie d'une vraie famille.

Les portières de la voiture s'ouvrent et nous nous précipitons sous le parapluie que tient mon père pour courir dans le hall d'entrée. Tout aussi intimidant que l'extérieur.

Une jeune femme vient immédiatement à notre rencontre, nous ordonnant sèchement de quitter manteaux et chaussures trempés avant d'aller plus loin. Pas un mot poli, ni un sourire. Juste un rictus de dédain à la vue des traces de pas devant la porte. Bonjour l'accueil ! Si tout le monde ici est comme ça, mon cher petit frère n'a pas du avoir une enfance facile…

Après nous avoir tout aussi gentiment demandé la raison de notre visite, elle nous guide parmi les multiples couloirs identiques, sombres et délabrés, conduisant à la chambre recherchée. Elle s'arrête brusquement devant une des innombrables portes se découpant sur les murs, et l'ouvre avec la délicatesse d'un bélier enfonçant la porte d'un château fort.

Nous entrons timidement à l'intérieur.

Ce que je vois alors dépasse ce que j'aurais jamais imaginé.

La chambre, si l'on peut appeler ça une chambre, est tout simplement minuscule.

Carrée, triste et froide au possible. Le papier peint jauni par le temps est décollé à de maints endroits, le bureau bancal posé dans un coin menace de s'écrouler. Quelques vêtements empilés reposent à même le sol, faute d'armoire, et le lit déjà petit occupe à lui tout seul la moitié de l'espace. Les rideaux fermés, usés, d'un vert sale et répugnant, achèvent de rendre le lieu insalubre. Et sur le lit, une silhouette est recroquevillée, secouée de sanglots convulsifs. Merde, merde et MERDE ! Mes parents étant trop choqués par la vue de la chambre, c'est moi qui me précipite sur l'enfant. Je me jette sur le lit dans l'intention de le prendre dans mes bras, mais réalisant soudain que trois inconnus sont entrés dans sa chambre, il relève la tête et s'écarte subitement contre le mur pour esquiver mon étreinte. Aaah, zut ! Loupé... Mes bras se referment finalement sur du vide. Je crois que je lui ai fait un peu peur... Il me regarde avec ses grands yeux mouillés, l'air effrayé. Kawaii !! Honteux de s'être ainsi fait surprendre, il se hâte d'essuyer les larmes qui n'ont pas arrêté de couler, et se tourne vers nos parents, figés devant la porte. Une lueur d'espoir passe dans ses yeux, il se tourne de nouveau vers moi et me jette un regard interrogatif. La tête légèrement inclinée sur le côté, un sourcil haussé, de grands yeux verts encore rougis par les pleurs, les cheveux ébouriffés et quelques mèches collées à ses joues pas les larmes… Kyyaaah ! Je me jette sur lui une nouvelle fois en criant, si brusquement qu'il n'a pas le temps de m'éviter. Mes bras enserrent son maigre corps avec un enthousiasme débordant. C'est qu'il est carrément canon, mon p'tit frère… Ça promet d'être amusant, à la maison. Surtout si je ne lui avoue pas tout de suite que je suis gay…

En attendant, je manque de l'étouffer tant je le serre fort contre moi. Mes parents ont enfin repris leurs esprits, ils se précipitent sur nous en riant de soulagement. Lorsqu'enfin on le relâche, les vestiges de son chagrin ont disparu et un éclatant sourire étire ses lèvres. Il a compris.

Dans la voiture, il ne cesse de regarder par la vitre en souriant. Il n'a pas jeté un seul regard en arrière. Il a l'air tellement soulagé de quitter cet endroit cauchemardesque… Des lieux sombres et austères, des personnes froides et strictes, des enfants tristes et perdus… Il n'a pas du recevoir beaucoup d'amour, c'est sûr ! Mais maintenant, nous sommes là pour lui en apporter. Je suis là pour lui en apporter. Héhé.

Il ne parle pas beaucoup durant le trajet qui nous amène chez nous. Il se contente de répondre brièvement aux quelques questions curieuses qu'on lui pose. Je crois qu'il est sérieusement intimidé.

Lorsque la voiture s'arrête dans une cour entourée d'un grand jardin, nous n'osons pas descendre. C'est ici chez nous… Chez nous…

Les portières qui claquent, les graviers qui crissent sous nos pas, le vent qui fait frémir les feuilles des arbres, la douce mélodie de la fontaine devant l'entrée, le cliquetis de la clé dans la serrure… Et puis, surtout, nos premiers pas dans notre maison… Tout me paraît irréel. Comme dans ce rêve que je fais depuis si longtemps et auquel je peux enfin associer des images, des noms et des visages. Le reflet du miroir fixé dans le hall nous renvoie notre expression de ravissement similaire.

Les parents nous pressent dans la cuisine, où nous passons notre premier repas en famille. C'est tellement bon de se sentir chez soi… Embarrassés, ils nous confient alors qu'ils doivent sortir ce soir, conviés à une soirée dansante organisée par des amis de longue date et à laquelle les enfants ne sont pas invités. Tant mieux, je me vois mal présenté si rapidement à des gens inconnus, et puis, je voudrais profiter un peu de ma nouvelle maison… Ils nous quittent donc peu après, désolés de nous abandonner de la sorte, après nous avoir fait mille recommandations. Nous sortons sur le pas de la porte et les saluons de grands signes jusqu'à ce qu'ils disparaissent de notre vue. Je referme alors la porte à clé, comme promis, et me tourne vers mon frère. Blaaam ! Nouveau sourire rayonnant. Ne pas craquer, surtout, ne pas craquer. Je lui rends son sourire et lui prends la main, l'entraînant à ma suite visiter les lieux.

Tout y passe, absolument tout.

Il nous faut une heure entière pour venir à bout de chaque recoin. Nous avons une grande chambre séparée en deux par un rideau que nous pouvons tirer pour plus d'intimité. Quelques affaires neuves sont posées sur chacun de nos lits. Il y a même une télé et un ordinateur à notre disposition dans la pièce d'à côté.

Ravis mais tout de même exténués, nous nous affalons sur un des lits qui sera le sien. Mon ange de frère m'assaille alors de questions. Sur tout. Il veut tout savoir de moi. Ou presque. Je ris devant tant d'entrain et me lance dans mes réponses.

Finalement, il est minuit passé lorsque nous décidons de nous coucher. Ne sachant pas vraiment comment me conduire, je lui adresse un « Bonne nuit » ensommeillé avant de me diriger vers mon propre couchage, et manque de m'écrouler à terre lorsqu'il me saute au cou. Sa tête arrivant à hauteur de mes épaules se love contre mon torse et ses bras encercle ma taille avec vigueur. Son sourire ravageur de nouveau gravé sur son visage me fait fondre. Je me demande comment je vais réussir à ne pas le violer pendant la nuit... Il me souhaite une bonne nuit à son tour tout en relâchant son étreinte et se hausse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser fugace sur ma joue, avant de s'enrouler confortablement dans sa couette et s'endormir immédiatement.
Aaah, je vais craquer…

-

Quand je me réveille le lendemain, il n'est déjà plus là. Matinée shopping avec ma mère, il paraît.

Je profite donc de la compagnie de mon père, discutant de tout et de rien en l'aidant à ranger son atelier au grenier. Mon père est peintre.

Les tableaux entreposés là que je dois dépoussiérer me fascinent. Sombres, tristes et mélancoliques, ou au contraire lumineux, joyeux et éblouissants, ils dégagent tous une telle aura que la pièce en semble illuminée.

Lorsque vers midi, ma mère et mon frère reviennent à la maison, je manque de m'étouffer avec ma salive sous le choc. Disparu, le gamin frêle, timide et désorienté. L'adolescent chargé de sacs de fringues qui salue gaiement mon père est tout simplement méconnaissable. Il s'est débarrassé du pantalon de toile grisâtre et du T-shirt beige de l'orphelinat, et arbore maintenant un jean sombre évasé aux chevilles, une élégante chemise bleu nuit ouverte sur son torse, ainsi qu'une fine chaîne d'argent ornant son cou, des bagues et des bracelets, dont un en cuir noir qui contraste à merveille avec l'argent. Il porte également trois piercings à l'oreille gauche, ainsi qu'un au centre de sa lèvre inférieure. Mais ce n'est pas tout : ses ongles sont vernis d'un noir luisant, ses cheveux sombres raidis font ressortir ses quelques mèches vert émeraude assorties à ses yeux, qui d'ailleurs, sont cerclés d'un léger trait de crayon noir, soulignant son regard perçant.
Mon Dieu, qu'il est magnifique… Flatté par l'effet que provoque son arrivée, il émet un rire cristallin un peu gêné par l'attention qu'il suscite, et se met à table, imité par notre mère qui rit avec lui.

Coiffeur, manucure, magasins de fringues, de chaussures et de bijoux, ils n'ont pas chômé, ce matin !

Le repas terminé, nous montons tous les deux dans la chambre. Il me tend alors un des nombreux sacs qu'il a ramenés, me faisant signe de l'ouvrir.

« C'est pour toi. Comme tu dormais encore quand on est parti, j'ai essayé de choisir pour toi… J'espère que je ne me suis pas trompé ! »

Comme c'est adorable ! Intrigué, je me penche sur les affaires et découvre avec joie qu'il ne s'est absolument pas trompé quant à mes goûts. Deux paires de Converses, blanche et noire, trois slims, un noir, un gris, un marron, ainsi qu'une multitude de T-shirts aux divers coloris.

Je le remercie chaleureusement, ce qui me vaut un de ses sourires resplendissants.

La première semaine se déroule donc dans la plus parfaite harmonie.

Cinq jours par semaine, un prof particulier vient nous faire cours à la maison. Mon niveau est assez conforme à celui de mon âge, mais celui de mon frère, en revanche, laisse sérieusement à désirer. Mais, loin de se décourager, il étudie avec un tel engouement que, d'ici la fin de l'année, il aura largement rattrapé son retard accumulé à l'orphelinat.

-

Aujourd'hui, samedi soir, nous sommes de nouveau seuls, les parents passant le week end à l'étranger à l'occasion d'une exposition de peinture. Ravis de cette opportunité, nous en profitons pour prévoir une soirée ciné, accessible à pieds en quelques minutes.

Après le dîner, je me prépare rapidement, comme à mon habitude. Je sors sur la terrasse, désireux de profiter des derniers rayons de soleil avant le crépuscule, en attendant mon cadet, cloîtré dans la salle de bains depuis un bon moment. J'inspire une grande bouffée d'air frais. Un ciné, c'est tellement… romantique. Moins qu'un dîner aux chandelles, certes, mais tout de même… J'ai réussi à calmer mes pulsions hormonales jusque là, j'espère être encore capable de résister ce soir. C'est que nous sommes désormais frères… J'entends la porte claquer dans mon dos. Ah, enfin ! Je sors les clés de la poche de ma veste et me retourne vers ladite porte… pour tomber nez à nez avec le mec le plus canon qu'il m'ait jamais été donné de voir.

Chaussé de bottes imitation cuir noires à talons compensés, vêtu d'un pantalon de la même couleur sombre et moulant, d'un T-shirt vert turquoise éclatant tout aussi moulant et d'une longue veste flottant gracieusement derrière lui, il est atrocement séduisant. Avalant de travers à la vue de cet être angélique, je me hâte de fermer la porte et m'enfuit précipitamment en direction du cinéma. Je l'entends courir à ma suite en me criant de l'attendre.

« La séance va commencer, dépêche-toi ! »

Nous sommes en avance d'une demi-heure, mais mon esprit momentanément vide m'empêche de trouver une idée plus cohérente.

Il n'arrive à me rattraper que quelques mètres seulement avant le bâtiment qui, d'ailleurs, est… fermé. Une note accrochée à la porte nous indique qu'il est exceptionnellement fermé durant une semaine entière, pour cause de rénovation. Ah. Zut…

Mon poursuivant se calle contre le mur et se met à rire.

« La poisse ! »

Tu penses pas si bien dire. Je m'appuie à ses côtés en attendant qu'il reprenne son souffle. Refusant ostensiblement de le regarder, je lève innocemment les yeux au-dessus de la ville. Ne pas craquer, ne pas craquer… Pour couronner le tout, le ciel s'est obscurci. Et pas seulement à cause de la tombée de la nuit, mais surtout des nuages épais qui se massent au-dessus de nous.

À peine quelques secondes plus tard, il se met à pleuvoir. Manquait plus que ça !

Instinctivement, mon jeune frère me prend la main et nous fuyons sous la pluie battante.

En quelques minutes, nous sommes trempés jusqu'aux os. Le chemin menant à la maison me paraît interminable. Nous mains glissantes menacent de se lâcher, mais nous resserrons notre emprise et continuons notre course effrénée.

Nous atteignons d'un même pas le seuil, et nous devons nous y mettre à deux pour parvenir à faufiler la clé dans la serrure, nos corps tremblants d'avoir couru si vite. Nous entrons finalement en riant, essoufflés comme jamais.

Je réalise soudain que nous sommes seuls, juste tous les deux, et lui habillé de façon si sexy que j'appréhende sérieusement la suite de la soirée. Je ne vais pas pouvoir résister longtemps à son sex appeal, c'est sûr.

Je me tourne encore vers la porte pour la forme, espérant qu'il en profitera pour filer prendre une douche et se changer par la même occasion.

Perdu.

Debout au milieu du couloir, les yeux fermés et la tête penchée en arrière, il tente à grand peine de retrouver une respiration régulière. Son T-shirt lui colle à la peau, épousant parfaitement les formes de ses muscles, dessinant avec grâce les saillies de ses côtes, de ses hanches, et de ses tétons durcis par cette pluie glaciale. C'en est trop pour mon cœur gorgé de désir qui menaçait de déborder. Je m'approche discrètement de lui pour ne pas l'effaroucher, glisse mes mains dans son dos et l'attire avec fermeté contre moi.

Ses yeux s'écarquillent de surprise. Je feints de les ignorer et prends possession des ses lèvres entrouvertes, glissant malicieusement ma langue dans sa bouche avant qu'il n'ait le temps de la refermer. Ses mains se pressent sur mon torse pour me repousser, et je le sens longer le mur pour m'échapper. Un peu vexé, je relâche donc mon étreinte et libère ses lèvres, bien décidé à tenter un nouvel assaut. Ses yeux craintifs fixés sur moi, il ne voit pas le tapis derrière lui et se prend les pieds dedans, tombant à la renverse. Honteux de sa propre maladresse, il donne un coup de poing rageur sur le sol, avant de reporter son attention sur moi. Parfait… Je me défais avec empressement de ma veste et mon T-shirt sans le quitter du regard, un sourire presque affamé sur les lèvres. Intrigué par la suite des évènements, ou bien simplement paralysé par la stupeur, il reste allongé à terre, les jambes délicieusement écartées, le teint virant pivoine et les yeux fuyants. J'enfourche sensuellement son bassin, mon intimité réveillée frôlant son bas-ventre sensible à ce contact encore inconnu. Je parcours son corps assujetti avec délectation.

J'ai envie de lui. Je veux goûter sa peau, ses lèvres, son sexe, m'enivrer de l'odeur de son corps, de sa chevelure. Je le veux. Je veux le rendre mien, soumis à mes attentions et enclin à accepter l'extase que j'entends lui procurer.

Mes mains appuyées de part et d'autre de sa tête, l'une immobilisant la sienne, l'autre à plat sur le tapis soyeux, je capture de nouveau ses lèvres, mouvant lascivement mon bassin contre le sien. Peu à peu, il se laisse amadouer par mes soins. Je sens son corps se décontracter sous le mien, sa fierté se gonfler contre mes cuisses et la barrière de ses dents s'ouvrir pour m'accorder l'accès au fruit vermeil de ma convoitise. Nos langues s'affrontent sensuellement d'abord, puis à mesure que l'excitation nous envahit, notre baiser se fait plus fougueux et profond. Lorsque nos langues se délient pour nous permettre de reprendre notre souffle, il ôte docilement les parures de son torse et me dévoile sa peau claire et tendre à souhait. La chair de son ventre est si alléchante que je ne peux lutter contre l'envie d'y faire courir ma langue. Troublé par son désir croissant, il ferme les yeux et renverse imperceptiblement la tête en arrière, se mordant la lèvre pour ne pas gémir. Satisfait de sa réaction pour le moins encourageante, je m'écarte de lui et le défait de ses bottes et son pantalon, me dénudant à mon tour avant de le priver de son ultime vêtement. Le rouge lui monte de nouveau aux joues, il me regarde avec anxiété lorsque je m'assois sur une de ses cuisses écartées pour pouvoir caresser son membre dressé à mon aise. Frémissant à ce contact insolent, il rejette la pudeur propre à son innocence et cède à la tentation, oubliant même de contenir ses gémissements lorsque ma bouche prend possession de sa fierté. Son dos se cambre au rythme de mes vas et viens effrénés, une de ses mains viens s'agripper à mes cheveux tandis que je sens sa semence dévaler ma gorge. Je le relâche pour caresser de mes mains avides chaque parcelle de son corps frissonnant de désir : l'intérieur tendre et sensible de ses cuisses, ses fesses, son bas ventre, son torse, son cou, ses joues… Je lui vole un baiser furtif avant de jouer avec ses tétons, sentant son cœur battre à une vitesse folle sous mes lèvres. Mes doigts glissent sur sa peau humide et fraîche avec passion, se perdent dans sa chevelure aux senteurs fruitées, tracent le contour de ses lèvres, caressent sa gorge offerte. J'embrasse délicatement son front, mordille son oreille, lèche sa clavicule, avant de saisir de nouveau ses lèvres avec fièvre. Je sens son désir grandir encore, les sons aigus s'échappant de sa bouche m'incitant à lui en donner plus, toujours plus.

Subitement, je me détache de lui pour plonger mes yeux dans les siens à la recherche de sa permission. Anxieux mais surtout envahi de désir, il me lance un sourire crispé malgré toute sa bonne volonté et se retourne sagement. Flatté, je caresse son dos crispé avec patience, lui offrant une ligne de baisers volatiles le long de sa colonne vertébrale, mes mains accrochées tendrement aux siennes, mêlant nos doigts tremblants. Son corps se tend un peu plus lorsque ma bouche s'attarde au bas de son dos, mais se relâche rapidement sous l'effet envoûtant de mes caresses. Je remonte alors à son cou, dégageant délicatement sa nuque pour y poser mes lèvres. Je m'étends entièrement au-dessus de lui et saisit son menton entre mes doigts fébriles pour tourner sa tête vers moi et l'embrasser une dernière fois à la commissure de ses lèvres. Sa respiration saccadée ponctuée de gémissements incontrôlables au contact de mon bassin contre la chair tendre de son postérieur achève de faire monter ma fièvre. Je place alors une main sur sa hanche, l'autre glissant un doigt dans son entrée avec douceur, bientôt suivi d'un deuxième et même d'un troisième, le préparant physiquement à ma venue. Quand enfin ses plaintes de douleur se muent en cris d'imploration, je retire ma main pour encercler sa nuque avec soin. Au comble de l'ivresse, je m'introduis enfin en lui, le faisant hurler sans retenue de plaisir au gré de mes mouvements. S'habituant sans mal à ma présence dans son intérieur, il me supplie d'accélérer le mouvement jouissif que j'ai entamé, ses ongles désespérément enfoncés dans les franges du tapis. Ma main se presse contre sa hanche pour m'enfoncer plus encore dans ses profondeurs. Son corps se cambre lorsqu'il atteint le paroxysme, j'accède à mon tour aux sommets de l'extase et me délivre en lui. Nous sommes propulsés bien au-delà du réel, perdant toute notion du temps. La maison résonne de ses cris de plaisir, le couloir tout entier semble vibrer sous la puissance de ces sensations indécentes.

À bout de souffle, je me retire de sa cavité intime et m'allonge à ses côtés, appréciant la fraîcheur du tissu sur mon ventre. Mes bras enserrent son torse tout tremblant de nos ébats et de ces émotions nouvelles. J'embrasse avec frénésie sa nuque et son cou, enfouis mon visage dans ses cheveux pour m'imprégner de son odeur que j'inspire avec avidité, ne m'arrêtant que lorsqu'il me repousse pour poser sa tête et ses mains frêles sur mon torse. Après m'avoir soufflé un imperceptible « Merci », m'offrant son plus beau sourire, il capture mes lèvres et je sens affluer en moi tout son amour et sa passion.

Mon cœur s'emballe lorsque je reprends conscience de la réalité : nous allons pouvoir nous aimer comme cette nuit n'importe où, n'importe quand ; nous sommes frères et amants, nous traverserons ensemble notre nouvelle vie, main dans la main, et rien ne pourra jamais nous séparer.

Un sourire ravi et triomphant éclaire mon visage, qu'il s'empresse de venir happer entre ses lèvres.

Notre union de ce soir n'est qu'un avant-goût de tout ce qui nous attend…

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