Favourite Sex Toy
C'est pas vrai, dans quel merdier je me suis encore fourré, moi ?
Petite boutique, dirigeant + 3 associés,
cherche vendeur assidu prêt à toutes les folies
J'aurais dû me méfier, l'annonce était écrite en plus petit encore que les autres. Honorable vendeur de journaux, viré depuis peu malheureusement, j'étais sûr d'avoir toutes les qualités requises. Après tout, il faut savoir prendre de risques dans la vie, surtout quand on cherche un job.
Prêt à toutes les folies, tu parles ! Je me sentais prêt à me déguiser en clown pour vendre des barbes à papa s'il le fallait, ce boulot était pour moi !
Ce que j'ai pu être stupide de me présenter pour l'embauche…
Rien que le look de mes collègues aurait fait fuir n'importe qui !
Le plus âgé est un travesti, avec une voix aiguë, des talons aiguilles, des jupes multicolores, des décolletés plongeants et tellement de maquillage que seule la peau des oreilles est encore visible.
Les deux autres ne valent pas mieux : l'un, le favori du patron à ce qu'il paraît, profite de sa position pour regarder le monde de haut et nous faire part sans cesse de ses sarcasmes. Cynique au possible, il est grand et mince, d'un blond presque blanc, toujours vêtu d'un smoking. Bleu sombre, noir ou acajou selon l'humeur, apparemment. Même ses yeux brillent continuellement d'une lueur sournoise.
L'autre, certainement le plus sympathique des trois, est un jeune homme d'une vingtaine d'années, à peine plus âgé que moi. Constamment vêtu de vêtements larges et usés, les cheveux en bataille, il ne parle quasiment jamais. Il se contente de ranger les rayons et s'occupe du ménage de la boutique. À son allure négligée s'ajoute sa capacité formidable à se détacher du monde. Rien ne le dérange, mais rien ne semble l'intéresser non plus. Lui aussi à dû être victime de son insouciance face à une annonce semblable à la mienne, mais curieusement, il ne se plaint pas. C'est celui que je vois le plus souvent, et pourtant, nous ne nous sommes jamais adressé la parole.
Je ne vois jamais les deux autres, j'ignore ce à quoi ils passent leurs journées… Ce qui n'est peut-être pas plus mal.
La douleur me serre la gorge, je dois me mordre la langue pour ne pas crier.
Voilà où j'en suis à cause de mes conneries. Vendeur dans un sexshop.
Il y a pire, me direz-vous. Oui, sauf que mon sadique de patron met un point d'honneur à nous faire tester ses nouvelles découvertes avant de décider d'en commander un stock à revendre ou non. Mes collègues sont libres de le faire seuls, avec leur partenaire du moment ou même entre eux en cas de dernier recours et selon les modèles, mais moi, non. Moi, je dois satisfaire les fantasmes de mon boss. Me laisser humilier sous ses yeux pour mon job.
Et le pire dans tout ça… c'est que ça me plaît. Pathétique.
J'ai eu droit aux défilés en cosplay de jeune lycéenne sexy, mini jupe et top extra-small, ceux en sous vêtements féminins latex ou strings pour homme ultra virils… Mais là, je suis passé à tout autre chose.
Ma langue doit saigner tellement je la mords. Mon corps entier est crispé, je sais bien que ce serait moins douloureux si ce n'était pas le cas, mais je ne peux pas.
Mon chef est certainement la personne la plus haïssable de ce monde. Sadique au possible, manipulateur, profiteur… Et pourtant tellement charismatique et séduisant que je suis absolument incapable de lui résister. Assez grand, plus que moi en tout cas, de longs cheveux soyeux relevés en queue de cheval, un visage fin aux yeux perçants d'une mystérieuse couleur nuit, un corps sublime, finement musclé, une apparence classe et soignée, toujours vêtu d'un noir profond ou d'un blanc éclatant, il est aussi incroyablement intimidant qu'attirant.
Ce soir comme tant d'autres, après une journée humiliante à vendre des magazines et films hentai, des accessoires érotiques et des costumes super sexy, je suis contraint de faire des heures sup dans l'entrepôt, qui ressemble d'ailleurs plus au donjon de La Belle au Bois Dormant qu'à un entrepôt, avec son lit à moustiquaire et draps de velours, sans la moindre fenêtre et aux murs ornés de barreaux de fer à la fois austères et excitants.
Je m'accroche comme je peux aux pieds du lit qui ne tremblent même pas sous mes pressions désespérées.
Mon ventre, la peau de mes cuisses et de mon sexe éraflés par le frottement du parquet ne font rien pour m'aider à oublier la douleur. Douleur aiguë qui me scie au creux des reins, mais que je vais pourtant regretter lorsque ce sera terminé, je le sais.
Un instant je me crois sauvé pour cette fois, mais le gode me repénètre avec violence avant que j'ai eu le temps de m'y préparer. Je hurle de douleur en sentant le plastique râper contre ma chair déjà bien endolorie, tandis que mon boss feint de se lamenter à propos du lubrifiant vendu avec mais que nous n'avons malheureusement pas reçu.
Quelques hurlements plus tard, enfin las de ce nouveau jouet pourtant si semblable aux autres, il m'embrasse tendrement sur le front et s'assoit à mes côtés en attendant que je récupère. Sa main court nonchalamment sur mon dos alors que, les yeux fixant le plafond, il se demande si ce nouveau modèle en vaut la peine ou non. Je le regarde avec haine : je le hais de se servir ainsi de moi, de m'humilier de la sorte, de me faire mal, et, pire, de me faire aimer ça… Une haine que, pourtant, son physique parfaitement mis en valeur dans cette chemise blanche et ce pantalon moulant sombre, ainsi que cette main baladeuse qui caresse à présent innocemment mes fesses meurtries ont vite fait de refouler, comme toujours.
Je mords de nouveau ma langue ensanglantée et me tape la tête contre le sol, furieux contre ma faiblesse et ce désir inassouvi qui pulse dans mon entrejambe.
Pourquoi faut-il qu'il me fasse cet effet-là ? C'est que j'en redemanderais presque, juste pour être à nouveau l'objet de son attention.
« Hé, doucement ! T'en as eu assez pour aujourd'hui, inutile de t'abîmer encore plus. »
Je ne supporte plus cette voix calme et posée en toutes circonstances, dénuée de vibrations qui me feraient comprendre qu'il apprécie d'être avec moi, de me toucher, me faire mal, me procurer ces multiples attouchements comme moi je les aime, tout violents soient-ils.
Il me relève, ignorant superbement mon état d'excitation douloureuse, et me rhabille avec patience - je tremble trop pour le faire moi-même.
Il m'attire contre lui et caresse gentiment mes cheveux, comme pour m'apaiser. Pourvu qu'il ne sente pas mon cœur s'emballer…
« Tu es un employé exemplaire, tu sais… »
Connard.
Il me ramène à mon appart sans plus de cérémonie, et me laisse enfin seul. Je n'ai même pas la force de manger, ni même de me finir seul. Je m'affale sur mon lit et m'endors immédiatement, sans prendre la peine d'activer mon réveil. S'il n'est pas content, il viendra me chercher lui-même le lendemain.
Ça, c'est une des raisons pour laquelle je ne suis pas parti en courant le jour de mon embauche : logement offert et loyer pris en compte par le patron. On peut bien dire de moi ce que l'on veut, par les temps qui courent, c'est un avantage qu'on ne peut pas refuser, quitte à devoir servir de sextoy à son boss.
Le lendemain, personne ne vient me chercher, et je me fais joliment engueuler pour mon retard.
Mais la bonne nouvelle du jour, c'est que le grand cynique a disparu. Viré, d'après mes chers collègues. Héhé… Bon débarras.
Mon patron entre dans la boutique alors qu'un homme d'une cinquantaine d'années me demande quel magazine porno est le meilleur. Répugnant. Il vient à ma rescousse en lui conseillant l'exemplaire qu'il tient dans ses mains, m'épargnant ainsi de donner mon avis, à mon grand soulagement. L'appréhension monte rapidement en moi. L'excitation aussi…
Notre client parti, il ferme la porte à clé et m'entraîne à sa suite le long de l'escalier menant à la chambre du sous-sol.
Je le suis docilement, obnubilé par sa silhouette intimidante que j'apprécie tant, malgré moi.
Il m'assoit de force sur le lit, et m'embrasse tout en m'enlevant habilement mon T-shirt. Peut-être par curiosité pour connaître mes lèvres, ou peut-être en guise de prélude à ce qui m'attend… Mon cœur bat la chamade. Rien que lors des quelques secondes où ses lèvres si appétissantes se sont collées aux miennes, mes pulsations cardiaques ont dû tripler ; mais je déchante soudainement lorsque la porte s'ouvre sur le travesti. Sans une parole, il s'empresse de se déshabiller tandis que le patron me fait subir le même sort. Pourquoi il est là, lui ?! Je fixe l'homme qui me surplombe en quête d'une explication, et il m'explique enfin qu'il voudrait que l'on teste les préservatifs phosphorescents, histoire de vérifier si leur texture légèrement plus épaisse ne représente pas une gêne lors de l'acte sexuel. Je remarque alors avec horreur que l'autre est déjà en train de se masturber pour l'enfiler. Mon boss me caresse affectueusement la joue et me livre à mon collègue malheureusement bien excité. J'ai une terrible envie de vomir. Si au moins il s'était démaquillé… Son visage surefféminé contraste horriblement avec son anatomie purement virile. Je ne peux m'empêcher de jeter un regard suppliant à notre chef qui se contente de me répondre d'un regard glacial signifiant clairement que j'ai plutôt intérêt à me laisser faire. Le dos calé contre la porte, il nous regarde avec une attention particulièrement perverse. Il éteint un instant la lumière, et quasiment tout est plongé dans le noir. Satisfait, il la rallume et croise les bras sur sa poitrine, désireux de ne pas manquer le moindre de nos gestes.
Je suis contraint de détourner les yeux de lui lorsque je sens un souffle chaud contre ma bouche. Mon Dieu, pas ça…
« Ne touche pas à ses lèvres ! Fais de lui ce que tu veux, mais je t'interdis de goûter à ses lèvres. »
La clarté diffuse de l'ampoule pendant lamentablement au plafond révèle à peine son visage furieux, mais son destinataire a compris le message. Il s'éloigne de mon visage pour venir mordre sans aucune douceur l'intérieur sensible de mes cuisses, m'arrachant des cris plaintifs. Je vais avoir du rouge à lèvre partout… Je souris pourtant intérieurement, fier de la jalousie évidente de mon patron.
Des doigts fiévreux m'arrachent presque les cheveux, le corps puissant de mon assaillant m'écrase à moitié pour m'empêcher de bouger. Malgré tout, peut-être à cause de sa dextérité incontestable ou du regard brûlant de mon boss sur nos corps, je sens l'excitation m'envahir, comme durant chacun de ces entretiens pour le moins inhabituels. Mon partenaire me retourne avec force, m'immobilise entre ses jambes tandis qu'il se saisit du flacon que lui tend notre dirigeant, et s'enduit le sexe du liquide qu'il contient. Il me pénètre alors avec une fougue proche de la violence, qui menace pourtant de m'envoyer rapidement au septième ciel s'il continue sur cette lancée. Chacune de ses allées et venues en moi, si puissantes, dénuées d'une quelconque affection, exclusivement sexuelles, me rapprochent indubitablement de l'orgasme.
Je sens qu'il se libère dans un râle de plaisir, tandis que mes cris s'accélèrent dans les aigus. Mais avant que je jouisse à mon tour, il se sépare brutalement de moi, me laissant avachi dans une position des plus douteuses, frustré et humilié au possible. OK ; Je suis là pour distraire, non pour me distraire. Message reçu. Mais bordel ce que c'est offensant !
J'entends à peine ce traître faire part de ses observations concernant le produit qu'il a consenti de tester au patron, trop vexé pour me concentrer sur autre chose que mon propre corps. Il se rhabille avec hâte, et se retire de la pièce, après avoir pris soin de me jeter un regard courroucé sans que j'en comprenne la raison. Le claquement de la porte s'attarde dans le silence pesant qui s'est installé. Nous ne sommes plus que deux, lui et moi. Mon vis-à-vis se tourne vers moi, alors que je tente de me relever tant bien que mal, honteux de mon état lamentable. À ma grande surprise, il me lance un sourire des plus sadiques.
« Hé bien cher enfant, voilà qui a semblé te plaire… »
Non mais je rêve ! Du haut de ses tout au plus 22 piges, il se permet de me traiter d'enfant, moi qui n'en ai probablement que trois de moins que lui ?!
Il se rapproche lentement de moi, tel un prédateur s'amusant à apeurer sa proie. Ma virilité dressée me fait mal, si seulement il pouvait me laisser seul, que je puisse en finir… Apparemment, il ne l'entend pas de cette oreille. Il continue de s'avancer vers moi, ce sourire collé aux lèvres, légèrement effrayant. Je me recule instinctivement lorsqu'il grimpe sur le lit, manquant de peu d'en tomber.
« Tu as peur ? »
Sa voix qui se veut innocente me fait craindre le pire. J'articule de mon mieux un « non » apeuré, ce qui le fait sourire davantage.
Soudain, il attrape fermement mes épaules et m'attire entre ses jambes, calant mon dos contre son torse. Il glisse un doigt dans ma bouche, jouant effrontément avec ma langue, et fait basculer ma tête en arrière, sur son épaule. Ses lèvres se posent à la commissure des miennes, avant qu'il ne me susurre, d'une voix douce :
« Tu m'en veux de l'avoir congédié si vite ? »
Mes yeux, alors fermés de béatitude, s'écarquillent de surprise. C'est lui qui nous a séparés ?! Ses lèvres se perdent dans mon cou, il me chuchote des mots que je ne comprends pas. Un deuxième doigt s'immisce dans ma bouche, trace le contour de mes lèvres, de mes dents, caresse ma langue. Je deviens fou de désir. Son autre main glisse sur mon ventre, pince délicatement mes tétons, dessine des arabesques sur ma peau frémissant au contact du bout de ses doigts. Ces mots murmurés à mon oreille et ces multiples douceurs à mon égard me font gémir sans retenue. Un rire léger et cristallin résonne à mes oreilles, tandis que sa bouche vient dévorer mon cou. Il écarte brusquement mes jambes, caresse mes cuisses tremblantes d'excitation contenue, se plaisant à me faire languir. Je ne sais pas ce qu'il veut faire de moi, mais j'en veux plus, beaucoup plus. Ses mains enserrent enfin ma fierté gorgée de plaisir. Je me cambre violemment à cette emprise insolente et renverse ma tête dans son cou. Il me regarde avec satisfaction, mais son sourire a disparu. Il se concentre uniquement sur moi, sur mon visage qu'il ne quitte plus des yeux, et sur les mouvements jouissifs qu'il effectue lentement, attisant encore plus mon excitation déjà au bord de la saturation. Je me cambre tellement dans ses bras que nous nous retrouvons allongés tous les deux. Il en profite pour enlacer mes jambes aux siennes, de sorte que je ne puisse plus les bouger, et accélère enfin ses pressions sur mon membre dressé. Je me délecte de ses soins, de cette douceur que je ne lui connais pas, de notre étreinte torride qui me mène très vite jusqu'aux étoiles.
Je hurle sous l'extase, mes mains agrippant aveuglément ses bras. Il embrasse ma joue et me relâche. Il se redresse et s'assoit en tailleur, mon corps enflammé toujours entre ses jambes, et lèche avec délice ses doigts dégoulinant de ma semence, avant de les induire dans ma bouche pour que je les nettoie à mon tour.
Je me sens énormément honteux, d'être si faible, si vulnérable entre ses mains.
Ces jeux érotiques m'humilient au plus haut point, et pourtant, je serais prêt à tout pour recommencer immédiatement. Me livrer à lui, le laisser me faire tout ce qu'il veut …
Je secoue vigoureusement la tête pour chasser ces idées stupides.
Il se relève entièrement, lisse les plis de ses vêtements. Par chance, ils n'ont pas reçu une goutte de mon liquide procréateur. Constatant qu'il n'en est pas de même pour ma peau, il s'agenouille au sol, me maintient fermement couché sur le dos et recueille les restes de ma semence ornant mon bas ventre de sa langue. Les yeux fermés, je pousse un soupir de bien-être.
Il passe un bras sur mes épaules, m'enveloppe de sa veste d'un blanc rayonnant et m'emmène dans sa voiture, laissant la chambre dans son état : le tas de mes vêtements jonchant le sol et les draps défaits, seuls complices de ces moments intimes.
Lorsque je me réveille le lendemain, seule une couverture soyeuse couvre mon corps. Je suis sur un immense divan pourpre. Une chemise propre, un jean et même une paire de chaussures sont posés à même le sol couvert d'une épaisse moquette couleur nuit.
Aucun bruit ne règne dans l'habitation. Je me risque à m'habiller, jetant quelques coups d'oeils nerveux alentour, guettant avec appréhension l'irruption de mon patron. Sans faire de bruit, je me dirige à pas de loup vers la porte d'entrée, facilement reconnaissable grâce au couloir immense qui la précède. Je presse la poignée tout en serrant les dents, comme pour atténuer les cliquetis d'ouverture. Ouf, ce n'est pas fermé à clé. Je me hâte sur le perron, et suis l'allée grandiose menant à l'imposant portail de fer forgé. C'est alors que je remarque qu'aucune voiture n'est garée dans le chemin de graviers. Déçu, je comprends que je suis seul. Dommage, j'aurais bien aimé qu'il coure pour me retenir, qu'il m'embrasse en me suppliant de rester encore un peu… Riant de moi-même, je chasse immédiatement ces idées puériles. Je parle de mon boss, là, pas de n'importe quel vulgaire romantique…
La maison, ou plutôt, le manoir, est véritablement intimidant, tout autant que son propriétaire : sa haute silhouette composée de pierres sombres et entourée de bosquets de roses sanglantes s'impose impérialement dans le ciel clair de cette matinée. Intimidé, je me dépêche de m'éloigner. Les lourdes grilles du portail sont heureusement ouvertes.
Je longe la route à vive allure, apeuré par les bois alentour, qui semblent avaler les lueurs rassurantes du jour levant, et me retrouve tout à coup sur l'avenue menant à mon appartement, en plein centre-ville.
J'ai du mal à comprendre : comment un pareil manoir peut-il se trouver ici sans que je l'aie jamais remarqué ?! J'ai pourtant pas rêvé, je peux encore le distinguer, loin derrière moi.
L'effet de surprise passé, je me précipite chez moi pour me doucher et me changer. Je me suis réveillé tellement tôt que je vais pouvoir être à l'heure au boulot.
Les quelques jours suivants se passent comme tous les autres. Je me suis finalement habitué à ce job, j'en arrive presque à être enthousiaste avec les clients. À mon grand regret, mon chef ne se montre plus. Des semaines passent sans que je le voie. Et, bien que j'ai honte de l'avouer, nos entrevues professionnelles me manquent terriblement. J'en deviens même dingue, au gré des jours qui défilent. Ma vie me semble si fade, sans lui… Pourvu qu'il revienne vite ! Je pourrais toujours descendre dans la chambre, attendre qu'il revienne… Nan, je peux pas laisser les clients comme ça. Mais j'en ai tellement besoin… De cette souffrance jouissive qu'il sait si bien me procurer… De cette violence maîtrisée, emprunte de désir… Je serais prêt à satisfaire le moindre de ses fantasmes, pour pouvoir être avec lui. Mais les jours passent, et je ne reçois aucune réponse à mes supplications silencieuses.
Et puis, enfin, il revient. Autant par son éternelle beauté que par ses vêtements d'un blanc étincelant, j'en suis ébloui. Et incroyablement soulagé.
Mais il ne fait même pas attention à moi. Pas la moindre parole, pas le moindre signe de tête en guise de salut, pas le moindre regard. Mes deux collègues le suivent en souriant dans la boutique dont ils étaient sortis pour l'accueillir, plaisantant avec lui sur un sujet que je n'entends pas. Je les écoute rire et parler non loin de moi d'une oreille discrète. D'après les quelques bribes de conversation que j'arrive à intercepter, je comprends qu'il est metteur en scène à ses heures, ce pour quoi il a dû s'éloigner de nous si longtemps. Une jalousie sourde compresse mon corps à les voir si proches. Et moi dans tout ça ? Je ne suis donc qu'un simple jouet indigne d'intérêt ? J'espérais qu'après tous ces moments passés ensemble, il me porterait un peu plus d'attention…
Le dernier client vient de s'en aller. Rageur, je me dirige discrètement vers la sortie, mais ma main sur la poignée de la porte s'interrompt brusquement lorsque sa voix sèche et glaciale s'élève jusqu'à moi.
« Tu ne crois quand même pas pouvoir ainsi t'échapper ?! Tes heures de service sont loin d'être terminées, chéri. »
Je souris intérieurement. J'ai une irrépressible envie de me jeter à ses pieds en le suppliant de faire ce qu'il veut de moi. De le laisser jouer avec mon corps comme j'en ai tant rêvé ces dernières semaines… Mais je n'ai pas le temps de le faire que déjà mes épaules sont prisonnières de ses bras puissants. Il demande prestement aux deux autres de sortir, ce qu'ils se hâtent de faire sans poser de questions. Mon cœur se gonfle d'orgueil ; il me veut pour lui tout seul, cette fois !
Sans un mot de plus, il passe un bras sur mes épaules et m'entraîne le long des rues dans la nuit noire. Je me rends compte que nous suivons le chemin menant à son humble demeure. Instinctivement, je me serre un peu plus contre lui, de nouveau impressionné par la forêt qui nous entoure.
Le portail se referme dans un bruit sourd derrière nous, et le cliquetis de la clé fermant la serrure de l'entrée me rend un peu plus encore esclave de ses désirs. Sa main enserre fermement ma nuque tandis qu'il me pousse devant lui. Nous quittons la vive lumière des lustres de cristal pour entrer dans une pièce beaucoup plus sombre, éclairée seulement par la clarté instable de quelques bougies. Un énorme lit aux draps pourpres occupe le fond de la chambre. Une imposante armoire en bois ancien et une table basse ornée d'un magnifique bouquet de roses noires et sang meublent également la pièce. Je me tourne lentement vers mon boss, l'interrogeant du regard. Pour toute réponse, il claque fortement la porte derrière lui et se défait de sa veste, les yeux luisants à la lueur inquiétante des flammes vacillantes. Je suis hypnotisé par ses pupilles, il n'a même pas besoin de l'ordonner à haute voix que je me rapproche déjà de lui. Il me déshabille avec fougue, mais aussi avec lenteur. Il prend un malin plaisir à déchirer soigneusement le moindre de mes vêtements en lambeaux. Un fois nu devant lui, il me contemple un instant avec cette même lenteur déstabilisante. Mon corps frémit de plaisir, mon cœur bat à en faire exploser ma poitrine. C'est si bon de lui être ainsi soumis… Il m'empoigne soudain par la gorge et me dirige jusqu'au lit, sur lequel il me pousse sans douceur. Il fouille un instant dans un tiroir, et en ressort une longue lanière de cuir avec laquelle il noue mes mains dans mon dos. Il sort également un ruban de tissus épais, et me lance un regard pervers particulièrement excitant avant de me bander les yeux avec. Obéissant à ses ordres, je m'allonge sur le lit, attendant la suite avec impatience. Je sens avec délice ses dents mordre ma gorge jusqu'au sang, que sa langue vient aspirer avec avidité. Ses ongles griffent ma peau, la caresse avec une lenteur exagérée, évitant avec malice mes parties génitales enflammées, s'agrippent à mes cheveux avec véhémence. Ses lèvres brûlantes effleurent mon torse, mon bas-ventre et l'intérieur tendre de mes cuisses, qu'il mord avec violence, me faisant hoqueter de douleur. Sa langue frôle lascivement mon membre dressé, me faisant languir de plaisir. Sa bouche parcourt mon corps entier, mordille avec insolence mes tétons durcis, se pose enfin sur la mienne, à l'instant où l'une de ses mains effleure ma virilité. Sa langue affamée rejoint bientôt la mienne, me guidant dans un ballet endiablé alors que les caresses imperceptibles au niveau de mon intimité m'arrachent des gémissements aliénés. Mon corps se meut contre le sien, le suppliant de me caresser avec plus d'insistance. Il ignore royalement ma demande, et continue ses attouchements aériens. Rompant notre fougueux baiser pour me laisser reprendre mon souffle, sa langue descend progressivement le long de mon flanc, s'arrêtant brusquement sur mon bas-ventre alors qu'un râle de plaisir m'échappe encore. Je le sens alors avec horreur s'éloigner de moi, et entend peu après la porte s'ouvrir, puis se refermer. Mon corps tremble d'excitation, des gémissements incontrôlables franchissent mes lèvres entrouvertes, la tête me tourne.
Je reste ainsi durant ce qui me semble une éternité, enflammé d'un désir inassouvi, devenant fou de frustration. Je me tords dans tous les sens, l'attente est insupportable. Je n'arrive même plus à aligner deux pensées cohérentes, mon esprit est sérieusement altéré par les tortures lascives qu'il m'a infligées. Je veux qu'il revienne. Encore, tout de suite. Je n'en ai pas eu assez. Qu'il revienne !!
La porte se rouvre enfin. Un cliquetis étrange parvient à mes oreilles tandis qu'un collier de cuir encercle mon cou, relié à une chaîne qu'il a l'air de tenir dans sa main. Je suis au bord de la saturation lorsque le métal froid frôle ma fierté. Ma tête tombe violemment en arrière, lâchant un cri aigu. Je n'en peux plus. Que cette torture aphrodisiaque s'arrête, par pitié ! Il me tire jusqu'à lui, me faisant tomber du lit, et me force à m'agenouiller à ses pieds. Sa main libre saisit mon menton et lève ma tête en direction de la sienne, avant de dénouer le ruban qui obstruait ma vue. Ses yeux brûlant de désir plongés dans les miens me consument entièrement. Ses cheveux flamboyants tombant sur ses épaules nues le rendent presque irréel, démoniaque. De hautes bottes noires chaussent ses pieds, un pantalon latex d'un noir brillant moule ses cuisses, son torse nu imberbe finement musclé est une pure merveille. Il enfile des gants de cuir avant de caresser tendrement mes joues du bout des doigts tandis que ses lèvres capturent furtivement les miennes. Il s'appuie de dos contre un mur et me tire vers lui, enroulant la chaîne autour de son poignet pour me forcer à obéir. Mon visage à hauteur de son entre jambe est focalisé sur ses mains qui dégrafent son pantalon, s'ouvrant sur son membre fièrement dressé. Docilement, ma bouche prend possession de sa virilité gorgée de désir. Au gré de mes mouvements, je le sens gémir de plaisir, ce qui m'incite à accélérer la cadence, pour l'emmener encore plus haut. Son dos se cambre contre le mur, sa main se crispe tellement sur la chaîne que j'en suis presque étranglé lorsqu'il se libère dans ma cavité buccale, l'autre empoignant mes cheveux avec tant de force que je crains qu'il m'en arrache. Lorsque je m'écarte de lui, il me traîne de nouveau sur le lit, tout en m'embrassant avec fougue. Il recommence ses caresses sur mon corps, ses dents s'enfonçant dans la chair de mes jambes et mes fesses avec avidité, ses mains écartant largement mes cuisses pour plus d'aisance. Refusant toujours de satisfaire mon désir, il se contente de l'attiser toujours plus en frottant son corps contre le mien. Il me retourne soudain sous lui, m'indiquant de me tenir à quatre pattes alors qu'il se presse entièrement sur mon dos pour pouvoir mordre avec voracité ma nuque et mes épaules. Sa fierté légèrement infiltrée vers mon entrée s'applique à accroître encore plus cette torture jouissive qui me rend fou. Ses doigts parcourent mon dos avec fièvre, ses mains s'abattent parfois en claques vigoureuses sur ma peau rougie par les caresses, comme autant de décharges d'adrénaline secouant mon corps et faisant chanceler mes jambes à l'équilibre déjà fragile.
Je suis depuis longtemps noyé dans le désir et le besoin insatiable de l'assouvir, mais je ne peux qu'attendre qu'il se lasse de m'allumer en espérant qu'il me fasse jouir avec tant de puissance que je croirais en mourir.
Comme en réponse à ce dernier souhait, mon boss embrasse délicatement mes mains liées avant de me repositionner sur le dos. Il attache mes poignets ainsi que la chaîne aux barreaux du lit en me fixant d'un air presque doux, cette fois. Ses lèvres emprisonnent les miennes dans un baiser plus lent que les précédents, mais tout aussi passionné, tandis que ses mains soulèvent mes jambes pour les plaquer contre ses épaules. Ses doigts glissent sur mon bas-ventre une dernière fois avant qu'il ne retire ses gants ; il se positionne à l'entrée de mon intimité, me faisant frémir de plaisir, une de ses mains enserre ma fierté et il me pénètre enfin avec force. Mes plaintes de douleur se muent rapidement en cris d'extase. Sa main libre se pose sous mon postérieur pour m'aider à accompagner les mouvements jouissifs qu'il effectue pendant que son autre main joue insolemment avec mon membre tendu à l'extrême. Je me sens partir au gré de ses allées et venues fiévreuses, et il n'en faut pas beaucoup plus pour que je me libère dans un hurlement aigu en atteignant l'orgasme, resserrant ma chair autour de lui en le faisant jouir à son tour.
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La sueur ruisselle sur mon corps en transe. Mes yeux encore à moitié fermés se tournent vers le réveil digital près de mon lit : 3h16. Mes voisins du dessus s'en donne à cœur joie, cette nuit… Je referme rageusement les yeux, m'efforçant de me rendormir, sans succès. Je mets encore quelques instants avant de retrouver mes esprits. Mon regard parcourt ma chambre, rien. Disparu, le mec super sex et la chambre noblissime, retour à la solitude et au minuscule appart mal rangé. Pestant contre ce réveil prématuré, je me résous à apaiser mon érection nocturne en solitaire avant de prendre une douche bien fraîche pour chasser les restes de ce rêve orgasmique.
Ne trouvant plus le sommeil, je me dirige vers la cuisine pour boire une tasse de lait. Le journal que je n'ai pas eu le temps d'ouvrir hier est toujours sur la table. Je l'ouvre mécaniquement à la rubrique des petites annonces, sans trop d'espoir.
Dans un coin, en tout petit, un texte attire pourtant mon attention…
Petite boutique, dirigeant + 3 associés,
cherche vendeur assidu prêt à toutes les folies
Je cligne plusieurs fois des yeux pour voir si je ne suis pas encore en train de rêver, mais non…
Alors seulement, un sourire vicieux étire mes lèvres ;
Parfait ; c'est exactement le job que je cherchais…
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En espérant que cet OS vous ait plu...
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