Danse infernale
Une lumière d'un blanc vif aux rayons perçants traversait par intermittence cette brume artificielle, flashs aigus et brefs révélant un enchevêtrement de corps à moitié dénudés au rythme de la batterie.
Son pantalon moulant avait depuis longtemps glissé sur ses bottes ; la chaleur suffocante et l'odeur forte d'alcool, de sueur et de sexe annihilaient totalement son esprit. Plus rien n'avait de sens, sa raison était réduite à néant par cette atmosphère hypnotisante. Il se noyait dans cette foule en délire, bacchanale aliénée qui les emportait, tous. Tous ces cris, cette sueur, ce sang, aussi, résultat d'une pénétration violente qui enflammait le creux de ses reins d'une douleur sourde. Douleur jouissive qu'il entretenait de puissants coups de bassin incontrôlés, enfonçant encore plus cet inconnu en lui, tout en entrant frénétiquement dans les profondeurs de cet autre qui s'était empoigné de son sexe pour le guider à lui. Ce sentiment d'extase qu'il pensait si bien connaître, il semblait le redécouvrir pour la première fois au milieu de ces corps tremblants de désir à assouvir, de ces cris de plaisir et de douleur que même ses hurlements ne pouvaient couvrir. Deux mains s'enfonçaient sur ses hanches, des ongles griffaient sa peau luisante, tandis que lui-même caressait un corps proche du sien, ses mains se refermant sur un sexe gonflé de désir alors que son assaillant s'immisçait avec fièvre plus profondément encore dans son intérieur, prenant un plaisir pervers à contempler le visage de sa victime déformé par cette envie intarissable de sexe pur et de brutalité passionnelle qui avait pris possession de tous. Son être entier était secoué de spasmes convulsifs, redoublés par les ondes de la batterie qui semblait provenir du plus profond de lui-même. Cette musique puissante et profonde électrisait la foule, ils étaient tous esclaves du rythme endiablé des guitares et du synthé qui guidait la moindre de leurs caresses effrénées, ainsi que les pulsations sexuelles qui animaient leurs corps transis par cette danse aphrodisiaque.
Ses yeux brillants entrapercevaient seulement quelques bribes de ce qui l'entourait : quelques parcelles de peau griffées ou rouges de morsures, des lèvres unies en baisers avides, une langue explorant un torse en sueur, des bouches s'activant en fellations jouissives, des doigts glissés sous les jupes des rares demoiselles avalées par la foule, une multitude de cris, de gémissements incontrôlables fusant de toutes parts : débauche et luxure régnaient en maîtresses absolues.
Ses jambes flageolantes ne le supportaient plus, seul cet homme qu'il pénétrait toujours avec fougue le retenait en tenant l'une d'elles étroitement serrée contre sa taille.
Alors que la musique paraissait encore plus salace, un violent orgasme déchira tout son être. Tout se mêla, images floues d'attitudes lascives et dégénérées, confusion sonore et sensorielle, il s'abandonna totalement à ces corps avides qui se pressaient contre le sien, pour quelques heures ou toute une nuit, espérant encore vaguement que l'éternité les accueillerait à jamais tandis qu'il plongeait dans les limbes d'une extase défiant toute réalité.
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