Merry Christmas :)
Nouvelle fiction, je l'ai classée en M même si pour l'instant on peut se poser des questions (en même temps ce ne sont que les 2 premiers chap'!) mais elle contient des passages violents (comme le laisse présager le prologue d'ailleurs!) et ... Vous verrez bien!
Oh et j'ai laissé les coupures que j'avais faites à l'origine, en terme de chapitres, mais je pouvais pas décemment n'en poster qu'un seul à la fois, ça faisait pas bien lourd! Et ça donnait pas beaucoup d'indices sur l'histoire...
C'est une histoire déjà finie donc je posterai assez régulièrement (dès demain d'ailleurs, c'est pas Noël pour rien)
Merci de me lire, n'hésitez pas à donner votre avis!
Une nuit de décembre
.
- T'as un dernier mot à dire, p'tit gars ?
La gueule béante du canon de l'arme était résolument pointée sur son visage et il connaissait sans avoir besoin de la regarder l'expression déterminée et farouche sur la face de l'autre. Mais malgré sa terreur, une ultime bravade surgit sur ses lèvres.
- Va te faire…
Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Le coup de feu était déjà parti, emportant la moitié de son visage.
1
Trois silhouettes sombres glissaient lentement sur l'asphalte gelé, ahanant en portant de lourds sacs sur le dos. Sitôt passé leurs lèvres, leur souffle se transformait en une épaisse buée blanche à chaque expiration.
Soudain, celui qui semblait être le meneur s'arrêta et dit.
- C'est ici.
Les deux autres contemplèrent avec intérêt la maison qu'il leur désignait.
- Belle baraque.
- Il se fait pas chier, le coco.
- En même temps avec son salaire d'avocat et ses petits 'à-côtés', il peut tout se permettre.
- Fermez-la, vous deux. On y va, reprit le premier. Matt, ton matos est prêt ?
Le dénommé Matt sortit un petit ordinateur portable de sa sacoche. Il pianota à peine quelques secondes sur le clavier avant de faire un signe de tête en direction de ses comparses.
- C'est bon.
Les trois hommes jetèrent un dernier coup d'œil autour d'eux puis escaladèrent les grilles qui protégeaient la petite propriété.
A l'extérieur, malgré les moyens manifestes des propriétaires de la maison, les lieux n'étaient protégés que par quelques petites caméras extérieures dont l'informaticien n'avait eu aucun mal à pénétrer le système et à remplacer les bandes actuelles par des images enregistrées la nuit précédente.
Ils contournèrent furtivement le bâtiment principal, effaçant leurs traces sur la neige comme ils le pouvaient. Le premier individu fractura sans bruit la petite porte de derrière. Comme prévu, l'alarme avait été désactivée par la manipulation de Matt.
Il s'introduisit dans la maison en jetant autour de lui des regards satisfaits à chaque fois que le cercle lumineux de sa torche éclairait quelque chose qu'il reconnaissait.
Tout était exactement comme il l'avait prévu. Et tout se déroulerait comme tel jusqu'à la fin.
Matt pénétra à sa suite mais comme le troisième n'arrivait pas, il ressortit la tête dans l'air glacial de l'extérieur.
- Qu'est-ce que tu fous, Moreau ? On a pas toute la nuit…
- J'tire quelques taffes et je vous rejoins.
- Bordel, mec, c'est pas vraiment le moment de se faire un pét' !
Moreau s'approcha de l'informaticien et le domina de toute sa hauteur en lui soufflant sa fumée odorante à la face.
- Ça t'pose un problème, peut-être ?
Matt détourna le regard le premier et il tourna les talons sans rien dire.
- Alors relax, continua Moreau en tirant une longue bouffée sur le cône entre ses doigts.
Pendant ce temps, le premier avait stoppé sa visite des lieux dans le grand salon. Il avait à peine accordé un coup d'œil au gigantesque sapin richement décoré dans un coin de la pièce pour se diriger vers une grande table de bois précieux. Il avait, d'un mouvement d'épaule, posé son sac à terre et en avait extirpé une sorte de boîte à outils.
Matt le rejoignit et sortit de sa propre sacoche une liasse de documents et de plans en fouillis. Il répondit d'un sourire désolé au regard réprobateur du premier.
- Il est où l'autre ?
- Dehors, il va pas tarder.
- Qu'est-ce qu'il peut bien foutre… gronda-t-il en découvrant son visage de la large capuche qui dissimulait ses traits carrés.
- Je…
- Je sais pas ce qui m'a pris quand j'ai accepté qu'ils nous le collent ! Va chercher ce trou du…
- Ah, c'est de la baraque de friqués, ça ! s'écria Moreau en apparaissant soudain.
- Parle moins fort, chuchota Matt avec en jetant un regard inquiet autour de lui.
- Mais y a personne ici ! C'est bien pour ça qu'on est là, d'ailleurs ! Pas vrai, Bro ?
L'intéressé ne répondit pas et se contenta comme souvent d'un grognement.
S'il se faisait appeler Bro, c'était que son caractère de leader et son expérience dans ce genre de combines lui avaient assis une réputation de grand frère, de modèle pour tous ceux qui débutaient dans le milieu.
C'était aussi parce qu'ayant lu Orwell, plus jeune, il s'était un peu retrouvé dans cette volonté de vouloir tout connaître de la vie des gens qu'il fréquentait ou croisait au hasard d'une rencontre.
Il est vraiment blindé de tunes, ce pourri ! continua Moreau en ricanant. Partir aux Caraïbes pour Noël…
- Ferme ta gueule, maintenant. Tu devrais comprendre qu'on ne gueule pas dans une maison supposée être vide.
L'autorité et la menace implicite dans la voix du plus âgé refroidit immédiatement l'attitude de Moreau qui s'exécuta sans broncher.
Bro fit signe aux deux autres d'approcher. Au-dessus du plan que Matt avait sorti, il leur rappela brièvement ce que chacun avait à faire avant d'attaquer la cible.
Les intrus commencèrent donc à accomplir leur besogne, se dispersant dans tout le rez-de-chaussée.
Matt avait pour mission de vérifier à l'aide d'un détecteur magnétique qu'aucune alarme silencieuse, qu'ils n'auraient pas décelée, ne s'était déclenchée et que leur illusion sur la bande des caméras était bien en place.
Pendant ce temps, Bro et Moreau faisaient le tour du rez-de-chaussée séparément pour s'imprégner des plans des lieux et repérer l'endroit où le trio devait opérer.
Moreau jetait un bref coup d'œil dans le placard de ce qui tenait lieu de salle de billard lorsque son regard se heurta à un curieux vêtement rouge vif.
Matt leva les yeux de l'écran de son ordinateur et éclata de rire.
- Regarde ce que j'ai trouvé ! dit Moreau en faisant quelques pas maladroits dans la pièce. Oh, oh, oh ! T'as été sage cette année ?
- Un costume de Père Noël ! s'esclaffa l'informaticien en approchant du jeune cambrioleur qui avait pratiquement triplé de volume dans cet accoutrement ridicule.
- T'imagines le père Drouot dans ce truc ? « Oh, oh, oh je suis un vrai vendu mais j'adore me déguiser en Papa Noël pour mes gosses chéris ! » minauda-t-il en prenant une voix aiguë.
Le son clair du rire de Matt résonna avec une certaine incongruité dans ces lieux où le silence et l'obscurité étaient maîtres. Il se tut presque aussitôt pour une autre raison, cependant. La voix de Bro se rapprochait et sifflait sur un ton agacé :
- Qu'est-ce que vous foutez…
Les deux acolytes prirent un air fautif mais le sourire involontaire qu'eut le nouvel arrivant en découvrant le ridicule de la scène ne leur échappa pas.
- T'es vraiment con, toi, lâcha finalement l'homme en faisant crisser sa barbe drue sous ses gants noirs. Allez, remettez-vous au boulot, les gars.
Matt et Moreau acquiescèrent en échangeant un regard complice.
Le faux Père Noël était sur le point d'ôter son bonnet rouge où étaient cousues d'épaisses boucles blanches lorsqu'une lumière éblouissante figea les trois hommes sur place.
2
Une fillette se tenait dans l'embrasure de la porte située à l'autre bout de la pièce. Elle était sur la pointe des pieds pour que sa petite main d'enfant atteigne l'interrupteur et dévisagea avec un air endormi les intrus parfaitement immobiles dont le regard s'était simultanément fixé sur elle.
Mais lorsque ses yeux se posèrent sur Moreau, ce qu'il pouvait y avoir de doute dans l'esprit de la petite se changea en confiance et elle s'écria en trottinant vers lui.
- Père Noël ! T'es venu !
Cette réaction entraîna aussitôt une détente perceptible dans l'attitude des cambrioleurs. Bro et l'informaticien firent signe au faux Père Noël de jouer le jeu.
- Bonjour petite fille ! C'est moi le Père Noël ! commença Moreau avec un entrain mal joué et un jeu d'acteur tout particulier alors que la petite lui enserrait la jambe affectueusement.
- T'es venu m'apporter des cadeaux ? Je peux avoir une poupée qui parle ?
- Oh, oh, oh, tu es bien impatiente, petite fille ! Il va falloir attendre jusqu'à demain matin pour ouvrir tes cadeaux ! Je suis venu te les amener mais tu ne dois pas les ouvrir avant demain !
Cette réponse sembla décevoir la fillette qui prit une moue boudeuse l'espace de quelques secondes avant de repartir sur un ton gai.
- Tu veux boire un verre de lait ? Et puis une carotte pour tes rennes ! Je peux les voir s'il te plaît ?
Moreau lança un regard désespéré à ses deux complices qui échangeaient à voix basse pendant que la petite fille babillait joyeusement. Elle n'avait pas plus de six ans mais, en dépit de l'heure avancée, toute trace de sommeil avait quitté son visage à l'instant où elle avait vu Moreau.
- Hé petite, comment tu t'appelles ? finit par l'interrompre abruptement Bro.
La fillette se retourna vers les deux hommes habillés en noir et répondit sans lâcher la toile du pantalon de celui qu'elle prenait pour le Père Noël.
- Marine. Vous êtes qui, vous ? Les lutins ?
Bro croisa à nouveau le regard de Matt puis acquiesça sans un mot.
- Mais ils sont en vert, normalement, les lutins, non ?
- Non, on est les lutins noirs, nous.
- C'est vrai, ça ? demanda la petite en levant la tête vers Moreau.
- Bien sûr, répondit celui-ci. C'est bien connu que le Père Noël a des lutins noirs.
- Bon, reprit Bro sans perdre de vue ce qu'il cherchait à savoir. Et qu'est-ce que tu fais là, Marine ?
L'enfant le dévisagea avec perplexité et un peu de méfiance. L'homme ne lui inspirait aucunement confiance.
- C'est ma maison, je vis ici.
- Tes parents sont là, aussi ? Il y a qui d'autre avec toi, ici ?
Moreau posa sa main sur l'épaule de la petite fille pour l'inciter à répondre.
- Mon papa et ma maman ils sont partis à la mer hier. Et Simon aussi.
Bro acquiesça.
Simon était le frère aîné, âgé d'une bonne vingtaine d'années ; issu du premier mariage du père. Et les parents étaient donc bien partis pour les Caraïbes.
On devait y aller aussi mais moi et puis Clara on a été malades alors papa et maman ont pas voulu qu'on vienne. Alors ils ont dit à Harry de rester pour nous garder et après ils ont pu partir.
Le cambrioleur le plus chevronné hocha la tête à nouveau à mesure que les éléments se mettaient en place d'après le récit de la petite et s'éclairaient les uns les autres.
Ils n'étaient donc pas seuls dans la maison ce soir.
Venaient s'ajouter trois des enfants de la famille. Clara, la plus petite, âgée de quatre ans ; Marine, la fillette de six ans et Harry qui venait tout juste d'avoir dix-huit ans. Le garçon était, lui aussi, seulement le demi-frère des deux petites, à ce qu'avaient établi les rapports que Bro à propos de la famille Drouot.
Comme l'homme au visage carré et un peu déformé par les coups qu'il avait pris jadis ne parlait plus, la fillette reporta toute son attention sur Moreau qui n'eut pas l'air particulièrement ravi quand elle lui demanda de le prendre dans ses bras.
- T'as pas l'air si vieux que ça, en fait, Père Noël ! Dis, tu les as mis où les cadeaux ?
Matt vit Moreau lever les yeux au ciel mais il détourna son regard pour revenir à Bro.
- Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Ça s'annonce mal tout ça, c'était pas prévu !
- On remballe tout et on repart aussi sec. La gosse n'a que six ans et elle nous prend pour les amis du Père Noël, alors personne ne prêtera attention à ce qu'elle dit si elle raconte qu'elle a vu deux lutins et le Père Noël dans son salon, le soir du réveillon et que rien n'a été touché dans la maison.
- Mais si jamais quelqu'un la prend au sérieux, elle peut nous décrire… objecta Matt.
- C'est qu'une enfant et il est tard. Elle ne pourra sans doute pas nous décrire trop précisément. Et puis tu veux faire quoi ? Buter une fillette de six ans ?
Matt baissa la tête pour signifier qu'il se rangeait à cet avis.
A quelques pas d'eux, Moreau les observait délibérer sans chercher à prendre part dans la discussion. La gamine toujours perchée dans ses bras continuait de lui parler, se contentant manifestement de quelques marmonnements pour toute réponse.
Mais soudain, des bruits de pas se firent entendre dans l'escalier de pierre et une voix retentit, se rapprochant rapidement.
- Marine ? Qu'est-ce que tu fais, puce ? A qui tu parles ?
Moreau plaqua sa main sur la bouche de la fillette mais c'était déjà trop tard et, attiré par la lumière qui illuminait la pièce, un jeune homme surgit dans la pièce, par où était arrivée la fillette. Tout comme sa demi-sœur quelques minutes plus tôt, il avait l'air à peine sorti de ses rêves mais fut tiré de son engourdissement à la seule vue des trois hommes qui entouraient la petite fille.
- Qu'est-ce que… bégaya-t-il avant de s'élancer dans un réflexe insensé pour reprendre sa sœur des bras de l'inconnu.
Mais avant qu'il ait pu faire plus d'un mètre, Bro fit un pas en avant, révélant un pistolet dont le canon métallique brilla d'un éclat menaçant. Derrière lui, Matt sursauta. Il n'était pas au courant que le cambrioleur portait une arme.
L'arme n'était pas pointée vers le garçon mais son effet dissuasif fut tel qu'il en resta figé, bouche bée.
- Harry ! s'écria la petite qui n'avait pas conscience que l'atmosphère venait de se cristalliser dans la pièce, elle précisa même en tirant sur le costume rouge et blanc : Regarde Père Noël, c'est mon grand frère Harry !
- Marine, ma puce, reste calme, dit Harry d'une voix tremblante ; il était évident que c'était lui, et non la petite, qui était inquiet. Qui êtes vous et qu'est-ce que vous nous voulez ?