Auteur : Naëlle
Titre : Gwenn, entre espoir et sacrifice.
Genre : Drame/famille/amitié et un soupçon de romance
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Note : Voilà le chapitre 2. N'hésitez pas à me faire part de vos impressions.
Bonne lecture.
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Gwenn, entre espoir et sacrifice
* Chapitre 02 : Gwenn, le sacrifice *
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Fixant la photo, il comprit que le temps où il s'amusait avec insouciance était révolu. S'il voulait protéger la femme, il était obliger d'accepter la prison qu'on lui présentait.
- Que décides-tu ?
Demanda madame Sanya.
- Je ne partirai pas d'ici, répondit simplement l'adolescent.
- Bien, alors tout est parfait. Tu peux disposer, termina l'homme en faisant un signe à son subordonné.
Une fois sorti du bureau, Gwenn adressa un regard à Vincent, mais ce dernier se contenta de détourner les yeux et ramena l'adolescent à ses appartements sans un mot.
Une fois seul, le garçon soupira et s'assit sur un fauteuil. Il fallait qu'il mette de l'ordre dans ses idées, mais alors qu'il essayait de réfléchir, quelques coups furent frappés à sa porte.
- Entrez.
Une jeune fille entra dans le la pièce qui servait de salon et s'assit face à Gwenn sans un mot. Durant plusieurs minutes, le silence régna en maître, puis, elle parla :
- Je suis désolée que tu te retrouves ici.
- …
- Nous avions promis de te protéger, mais au final, tu te retrouves à la case départ… ce n'était pas ce qui était prévu…, dit-elle dans un souffle.
- Heu…
- Tu ne me reconnais pas ? C'est moi, Emma.
- « Emma » ?
- Oui… tu sais, tu as beaucoup grandi depuis la dernière fois qu'on s'est parlé.
- …
- Pourtant, tu as toujours le même regard triste, termina Emma en laissant couler quelques larmes le long de ses joues.
Surpris par cette attitude, l'adolescent compris néanmoins que la fille qui était assise en face de lui s'inquiétait, aussi, se leva-t-il et entoura-t-il Emma de ses bras.
- Il ne faut pas pleurer… Emma… je vais bien.
Rendant son étreinte à l'adolescent, elle répondit entre deux sanglots :
- Je sais que ce n'est pas vrai… Gwenn… où nous sommes nous trompés ?... nous voulions tellement t'emmener loin d'ici… Gwenn…
Se redressant un peu, le jeune homme prit le visage de Gwenn entre ses mains et lui releva la tête avant de lui dire :
- Durant les cinq dernières années, j'ai vécu une vie tout à fait ordinaire.
- ?
- C'était magnifique et je suis sûr que c'est grâce à vous.
Se jetant dans les bras du garçon, Emma ignorait qu'elle venait d'être vouvoyé, pensant qu'il parlait des cinq gardiens l'ayant accompagné.
- Gwenn… j'aurai aimé t'apporter plus…
L'adolescent ne répondit pas, mais savait que même si elle voulait le faire repartir, il refuserait car de sa captivité dépendait le sort de celle qu'il appelait « maman ».
- Je vais bien… et je suis sûr que je vais m'habituer à rester ici, murmura l'adolescent en rendant son étreinte à la jeune fille.
- Quel charmant tableau.
Les deux jeunes sursautèrent et croisèrent le regard de Robin.
- Tu aurais pu frapper, dit Emma en s'essuyant les yeux d'un revers de manche.
- C'est ce que j'ai fait. Hum… tu peux nous laisser deux minutes, demanda le jeune homme à l'attention de son amie.
- D'accord. A plus tard Gwenn. A tout de suite Robin.
- Oui, je te rejoins vite.
Le jeune homme attendit qu'elle soit partie et que la porte soit refermée pour dire à l'adolescent :
- Tu ne te souviens pas de nous, n'est-ce pas ?
- Que… comment le savez-vous ?
- Mon pouvoir, c'est de lire dans les pensées. En règle générale, je ne le fais pas, mais tu semblais tellement paniqué que c'est comme si tes pensées avaient débordé et que je les avais entendu sans même le vouloir.
- Je…
- Lorsque nous nous sommes séparés, il est possible qu'il se soit passé quelque chose. T'en souviens-tu ?
- Non… la première chose dont je me souvienne, c'est d'avoir été placé dans une institution en attendant d'aller en famille d'accueil.
- Je vois. Asseyons-nous, veux-tu.
- Oui…
- Je m'appelle Robin et j'ai dix-neuf ans. Emma, que tu as vue tout à l'heure a le même âge que moi.
- …
- Nous étions cinq gardiens à nous être enfuis avec toi.
- …
- Et nous sommes tous de retour ici.
- …
- Aucun d'entre nous n'avait prévu de revenir ici, mais puisque nous sommes de retour, nous allons tous t'aider à ne pas te sentir trop seul ou isolé.
- … merci…
- Notre rôle est de te protéger et je te promets que c'est ce que nous ferons.
- Heu…
- Oui ?
- Heu… qui sont les trois autres ?
Robin eut un sourire avant de répondre :
- Il y a Constance. Elle a 17 ans. Alors ne t'inquiète pas, elle est assez asociale mais si elle n'a pas changé depuis notre enfance, elle est très gentille.
- …
- Ensuite, il y a Victor. Alors lui, je ne sais pas trop ce qui lui est arrivé, mais on dirait qu'il a énormément changé en huit ans. Si je me souviens bien, il a fêté ses dix-huit ans il y a quelques jours.
- …
- Et pour finir, nous avons Léandre.
- « Léandre », répéta Gwenn.
- Oui. Tu te souviens de lui ?
- Je… ne sais pas… son prénom me semble familier…
Robin eut un nouveau sourire et expliqua :
- C'est peut-être parce que quitter cet endroit était son idée.
- C'est vrai ?
- Oui. J'ignore pourquoi, mais il s'est toujours senti très concerné par ton sort.
- …
- Léandre est un garçon très gentil et il a seize ans.
- …
- Gwenn ? Tout va bien ?
L'adolescent fixa le jeune homme avant de lui dire :
- Je regrette vraiment de vous avoir oublié tous les cinq alors que vous avez l'air d'avoir tant fait pour moi.
- Gwenn…
- Oui ?
- Si tu as un peu de respect pour ce qu'ils ont tenté tous les quatre pour t'arracher à cette vie, alors rends-moi un service.
- Lequel ?
- Ne leur dit pas que tu les as oublié.
- Mais… je ne me souviens pas…
- Je sais. Mais de toute façon, huit ans ont passé, et nous avons tous plus ou moins changé. Alors qu'est-ce que ça change que tu leur dises ou non que tu ne te souviens pas de ce qu'ils étaient il y a des années ? Tout le monde a grandi et nous allons tous devoir refaire connaissance.
- Je… c'est d'accord, je ferai comme si je me souvenais, dit Gwenn avec un sourire.
- Merci, lui dit alors simplement le jeune homme en se levant du fauteuil.
- Victor, rappela l'adolescent alors que l'autre allait sortir.
- Oui ?
- Même si je ne me souviens pas de toi, j'espère que nous deviendrons amis tous les deux.
- Je n'en doute pas, dit alors Victor en sortant.
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Léandre finissait de se préparer lorsque quelques coups furent frappés à la porte de sa chambre.
- Entre Vlad, dit-il.
- Comment savais-tu que c'était moi ?
Interrogea son ami.
- Je reconnais ta façon de toquer.
- Tu vas bien ?
- Oui. Ne t'inquiète pas pour moi, répondit Léandre avec un sourire.
- Si tu veux, on peut repartir.
- Non… Gwenn est de retour ici, alors je ne peux pas repartir. Mais toi, par contre…
- Pas question ! Je reste avec toi.
- Vlad…
- Si je m'en vais, qui pensera à te rappeler que tu dois te nourrir ou que tu ne dois pas dormir tout habiller.
Les adolescents se mirent à rire et sortirent de la chambre, toujours joyeux.
- Ha, Léandre, tu tombes bien. Nous sommes tous convoqués dans le grand salon.
- D'accord, nous arrivons, répondit le jeune homme à l'adresse de Robin venu le prévenir.
Quelques minutes plus tard, ceux qui venaient de revenir, le meilleur ami de Léandre et d'autres jeunes étaient réunis.
- Qu'est-ce que cet humain normal fait ici ?
Demanda une fille alors que les adolescents s'asseyaient.
- Qui es-tu ?
Demanda simplement Léandre.
- Qui, moi ?
Interrogea la fille.
- Oui, toi.
- Je suis Eliette.
- Ha oui, je me souviens. Tu peux provoquer des rafales de vent.
- C'est exact. Alors, qu'est-ce que cet humain normal fait là ?
- C'est mon ami et il reste avec moi, répondit simplement Léandre.
- C'est quoi son nom ?
- Vladimir, pourquoi ?
- Ok. Vladimir, tu sais ce qui t'attend en restant ici.
- Pardon ?
Dit simplement le jeune homme.
- Oui, tu sais, ici on se bat pour la survie du continent. Alors quand une bataille débutera, qu'est-ce que tu feras ? Tu attendras d'être protégé par Léandre ? Parce que si c'est le cas, je te préviens, il ne pourra rien faire pour toi, parce que depuis toujours, il ne protège et n'aime qu'une seule personne et c'est Gwenn !
Vladimir regarda son ami, cherchant à savoir ce qu'il devait dire. Mais celui-ci semblait sur le point d'exploser. Une colère immense habitait ses yeux et oubliant tout ce que la fille venait de lui dire, il posa gentiment sa main sur celle de son ami et lui murmura :
- Tout va bien… il n'y a rien à craindre…
Se ressaisissant, Léandre se calma et alors qu'il voulait parler, il entendit la voix de Robin.
- Je pense que la présence de Vladimir ne dérange personne et s'il a besoin de protection, Emma et moi nous en chargerons.
Léandre eut un sourire : décidément, le jeune homme n'avait vraiment pas changé du tout.
Eliette voulut répondre, mais Vincent entra, l'air toujours aussi austère et tout le monde s'installa sur un siège, attendant qu'il s'exprime. Il allait d'ailleurs commencer lorsqu'il réalisa que Constance avait son téléphone portable en main et qu'elle ne le quittait pas des yeux.
- Constance !
- Mouais ?
- Te rends-tu compte d'où tu es ?
- Mouais…
Vincent crut tout d'abord que l'adolescente se moquait de lui, cependant, il comprit assez vite que ce n'était pas le cas et qu'elle semblait simplement complètement indifférente à ce qui l'entourait.
- Que fais-tu ?
Demanda-t-il avec calme.
- J'écris des messages à mes copines. Elles commencent à s'inquiéter et me demandent quand je vais revenir en cours.
Plusieurs personnes se mirent alors à rire.
- Tu es complètement dingue ! Tu penses à tes copines alors qu'on peut se retrouver en pleine bataille à n'importe quel moment.
Constance releva les yeux de son appareil et dévisagea le garçon venant de lui parler. Elle eut alors un sourire ironique et dit, en reposant une nouvelle fois les yeux sur son téléphone :
- Tu me fais pitié.
- Quoi ?
Le garçon voulut des explications, mais l'adolescente était déjà replongée dans son monde.
Vincent soupira imperceptiblement et réclama l'attention de tous.
- Comme vous le savez tous, Gwenn est rentré. Avec son retour, nous pourrons être beaucoup plus serein car… en cas de perte de notre part, nous pourrons avoir recours à son pouvoir.
- Pourquoi ne pas le sacrifier tout de suite ?
Demanda une fille dans la salle.
Quatre des cinq gardiens ayant accompagné Gwenn dans sa fuite se levèrent, prêts à se battre. Mais Vincent les calma et leur expliqua :
- Si le sacrifice de notre espoir est le dernier recours auquel nous avons devons penser, c'est parce qu'en éliminant sa cible, il prend en même temps la vie de plusieurs de ses gardiens. Et comme vous l'êtes tous, personne ne peut dire si vous ne serez pas condamnés.
Tout le monde devint silencieux et Léandre serra les poings. La main bien connue de Vladimir se posa alors sur la sienne fermée. Le contact le calma et il desserra les doigts.
Vincent poursuivit :
- Si je vous ai fait venir au départ, c'est pour vous dire que même si la menace d'une attaque est bien réelle, il n'en reste pas moins que vous avez le droit de continuer à vivre tout en vous tenant sur vos gardes. Et pour ce qui est de nos gardiens de retour, je vous ai inscrit à l'école et…
- Robin et moi sommes à la fac !
Dit Emma d'un ton glacial.
- Je sais. En deuxième année d'Histoire. Je vous ai inscrit.
- …
- Vous pourrez donc recommencer à aller en cours dès demain.
- Nous ne sommes pas obligés, j'imagine, dit Léandre.
- Effectivement. Du fait que vos vies risquent d'être courtes, vous n'êtes obligés à rien.
Constance se leva à la fin de cette phrase et s'apprêtait à sortir de la pièce lorsqu'elle changea d'avis et s'exprima :
- Je n'ai pas l'intention de mourir.
Puis, elle sortit.
Sans un mot, tous les jeunes sortirent du grand salon et chacun retourna à ses activités.
- Léandre, dit soudain Vladimir alors qu'ils marchaient le long d'un couloir.
- Oui ?
- On va aller en cours, n'est-ce pas ?
- Evidemment. Pourquoi cette question ?
- Hé bien… avec tout ce qui a été dit…
- Vlad. Je suis comme Constance. Je n'ai pas l'intention de mourir.
L'autre garçon eut un sourire.
- Parce que si je meurs, poursuivit le jeune homme, plus personne ne protègera Gwenn et ils pourraient le sacrifier sans que personne ne fasse rien.
- …
- Un problème ?
- Non… aucun… mais je me demande… ça fait presque une semaine qu'on est ici et tu n'as pas encore été voir Gwenn, n'est-ce pas ?
- C'est vrai…
- Pourquoi ?
- Parce que…
- Il doit être impatient de te revoir, tu ne crois pas ? Allez, viens !
L'adolescent entraîna son ami en le tirant par la main. Lorsqu'il arrivèrent devant les appartements de Gwenn, Vladimir frappa à la porte et attendit d'avoir une réponse avant d'entrer, sans oublier d'obliger son ami à le suivre.
Gwenn regarda les deux nouveaux venus et avec un sourire les salua.
- Bonjour, je m'appelle Vladimir.
« Vladimir ? Je ne crois pas que Robin m'ait parlé de lui », songea le jeune homme. Mais afin de ne pas dire de bêtise, il se contenta de sourire.
- Léandre, dis quelque chose, chuchota Vladimir à son ami. Mais ce dernier ne bougeait pas, aussi l'adolescent décida-t-il de quitter la pièce. De cette façon, les deux anciens amis finiraient bien par se parler.
Il fallut plusieurs minutes au gardien afin de trouver quelque chose à dire.
- Tu as beaucoup grandi depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, dit-il en regardant Gwenn.
- Toi aussi, répondit simplement l'autre garçon.
- Oui, c'est vrai. Nous étions des enfants quand nous nous sommes quittés et aujourd'hui, je retrouve un homme.
- Si c'était vraiment le cas, je pourrai protéger ma mère, murmura Gwenn.
- Ta mère ?
- Non, pas celle-là, dit l'adolescent en faisant allusion à sa génitrice. Je veux parler de la femme qui m'a accueilli.
- Ha, je vois que toi aussi tu as trouvé une gentille famille d'accueil.
- Pardon ?
- C'est aussi mon cas. Les parents de Vladimir étaient très gentils avec moi, expliqua Léandre avec un sourire que Gwenn ne sut comment interpréter.
- C'est super, murmura le jeune homme.
- Oui…
- Léandre.
- Oui ?
- Ils ont menacé ta famille ?
- « Menacé ma famille » ? Heu… non… pourquoi cette question ?
- Alors pourquoi es-tu ici ?
- Pourquoi ? Mais parce que je t'ai promis de te protéger.
- Mais…
Gwenn ne put finir sa phrase et se retrouva dans les bras de Léandre. Ce dernier le serrait si fort qu'il voulut lui demander de le lâcher, mais en entendant le désespoir dans la voix du garçon, il ne put que lui tapoter le dos.
- Gwenn… je voulais vraiment… t'arracher à ce destin… Gwenn… pardonne-moi… j'ai été stupide… je voulais que tu sois heureux… mais…
- Je vais bien. Ne t'inquiète pas, dit simplement l'adolescent.
- Tu me le promets ?
- Oui…
A moitié rassuré, Léandre desserra son étreinte mais resta près de l'autre.
- Quand nous étions enfant, je t'ai fait une promesse : celle de toujours te protéger.
- …
- Aujourd'hui, je te refais la même promesse et en même temps, je te promets de tout faire pour que sois heureux.
- … je… c'est… très gentil, dit simplement Gwenn avec un sourire reconnaissant.
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Fin du chapitre 02
A suivre…
Note de fin de chapitre : Ce chapitre était assez long, je pense et j'espère que l'histoire vous plaît.
Naëlle
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