Avertissement : M (mérité), scènes de sexe, violence.
Genre : Romance, slash.
Disclaimer : Tous les personnages, ainsi que l'histoire nous appartiennent.
Avertissement : Nous écrivons cette histoire à deux ce qui peut expliquer certaines originalités.
Illustration : Originale, réalisée par Queen, donc à nous !
Note des auteurs : Et voici le dernier chapitre de Dogs Teath. Nous tenons à remercier toutes celles et ceux qui nous ont lus et encouragés. C'est avec un immense plaisir et une légère appréhension que nous leur offrons la conclusion de cette histoire. Bonne lecture à tous,
TheJacquesQueen
Les dents des chiens
Salut Jane,
On a un peu honte d'avoir empiété comme ça sur ton sommeil (mais bon c'était pour la bonne cause ^^). Merci beaucoup de nous avoir laissé cette review, tu peux pas savoir comme ça nous encourage pour continuer ! Pour Pete, ne t'en fais pas trop, il a bien d'autres problèmes (qui a dit psychologique ?) a réglé pour se préoccuper des flics. Sinon, non nous n'avons pas dit que nous finirons mal la fiction, il n'y aura qu'une fin et je te laisse découvrir comment elle sera dans ce chapitre (qui est le dernier et oui). J'espère qu'elle te plaira, et qui sait, si nous publions une autre originale, peut être te laisseras-tu tenter à la lire !
Je t'embrasse et je te dis à très bientôt.
Jacques
Et Merci à Drayy pour sa review (tu serais pas une fan de Draco… à tout hasard ? ^^) et à Miruru-senseï (notre éternelle lectrice).
Chapitre 7 : Dernier acte
Octave ne revint pas voir Pete. Il lui fallut quatre jours pour s'installer plus confortablement dans la chambre de bonne qu'il louait. Il avait finit par se trouver un boulot de guichetier dans un cinéma non loin de chez lui, en faisant du porte à porte chez les commerçants du quartier. Et il avait fait l'acquisition d'un futon qu'il considérait comme étant d'un luxe exceptionnel. En quatre jours, il ne fit que deux passes. Juste pour pouvoir aller faire quelques courses et aussi… pour prouver à Pete qu'il faisait ce qu'il lui plaisait et qu'il ne laisserait personne décider de sa vie à sa place.
C'est donc quatre jours plus tard qu'il passa la porte du bar de Pete vers minuit le samedi soir. Il savait pertinemment que c'était la soirée la plus chargée et avait fait exprès pour ne pas avoir à parler au gérant. Il s'approcha du comptoir, le repérant tout de suite :
"Je viens récupérer mon chat" lui annonça-t-il directement, ne pouvant pas monter le récupérer lui-même étant donné qu'il n'avait pas les clés.
Pete balança le torchon qu'il tenait à la main :
"En haut, dans la chambre" cracha t-il, lui jetant les clefs.
Octave les attrapa, sans un mot.
Il n'avait toujours pas comprit le brusque changement d'attitude de Pete et de toute façon, il s'en foutait. Il monta à l'étage, essayant de refouler les sentiments contradictoires qu'il éprouvait à l'encontre de son…ex petit ami et récupéra son petit chat tout noir qui dormait dans le lit. Sa main effleura les draps avec tendresse avant qu'il ne se reprenne. Il redescendit en bas, déposant les clés sur le comptoir, bien en vue.
Pete le rattrapa par le poignet avant qu'il ne disparaisse, et ses lèvres s'écrasèrent sans douceur contre celles d'Octave. Avant qu'elle se barre, cette salope, qu'elle revienne jamais.
Qu'elle revienne jamais, par pitié. Qu'il s'en aille et qu'il oublie.
Octave lui mordit la langue, se dégageant :
"J'te hais" articula-t-il, avec rancœur, avant de sortir du bar.
Pete resta immobile, avec une drôle de sensation. Comme si... comme si il allait... comme s'il allait pleurer. Ce qui était assez drôle en soit puisqu'il ne pleurait jamais.
Mais Octave...
Il le laissa donc partir, vidé, et ferma le bar 30 minutes plus tard. Il s'écroula sur son lit, et s'envoya un shoot d'héroïne, ce qu'il faisait rarement ces derniers temps.
Octave passa des heures dans sa chambre coupée du monde. Il lisait à une vitesse hallucinante des romans que Miss Derby, la concierge, lui prêtait volontiers. Cette dernière n'arrivait d'ailleurs pas très bien à comprendre comment ce jeune homme pouvait lire aussi vite, de sa vie elle n'avait jamais vu ça.
Pendant ce temps là, Octave ne pensait jamais à Pete, il ne voulait pas y penser.
Le patron du Dogs Teath lui avait fait voir une autre vie possible...avant de le jeter comme la dernière des merdes. Il était peut être une pute mais jamais il ne laisserait personne jouer avec lui Pete Dalton pouvait aller se faire voir. Il était un grand garçon, il se débrouillerait très bien sans lui.
Au bout d'une semaine, Pete frappa à la porte de la chambre de bonne qu'occupait Octave.
Il avait eu beaucoup de mal à le retrouver. Il avait finit par plus ou moins –plutôt plus que moins menacer Rodrigue, qui avait finit par lui lâcher le quartier ou vivait Octave. Et après, ça avait été du porte à porte.
Il avait les mains moites, essayant de les essuyer sur son jean régulièrement. Il savait que ce n'était pas une bonne idée. Non, pas une bonne idée du tout.
Octave releva la tête, pas plus surprit que ça en entendant la sonnerie. Miss Derby venait souvent lui apporter des gâteaux de sa confection avec de nouveaux livres. En parlant de livres... ça faisait déjà deux semaines qu'il s'était installé et sa chambre regorgeait de bouquin éparpillé partout sur le sol autours de son futon et de la lampe de chevet posée à même le sol. Des piles s'étaient même déjà formées contre les murs, envahissant l'espèce.
Il alla ouvrir, nullement sur ses gardes avant de se retrouver face à Pete en train de tirer sur sa cigarette, qui releva les yeux vers Octave.
"Salut..." tenta t-il, d'un ton qui se voulait dégagé.
Merde. Comme il lui avait manqué. Il n'avait qu'une envie, se fondre dans ses bras, respirer son odeur, le toucher partout. Il avait été inquiet cette semaine. De savoir qu'il pouvait retomber sur un taré, qu'il pouvait crever de froid.
Octave se crispa, prenant un air hautain pour se protéger.
"Qu'est-ce que tu veux?" Demanda-t-il froidement, ne le laissant pas entrer.
Pete fit la moue.
"T'apporter un truc que t'as oublié..." Lâcha t-il, sortant le manteau d'Octave de son sac.
Octave lui arracha des mains alors que son chat passait le pas de la porte en miaulant, visiblement ravi de voir Pete. Octave s'empressa de le récupérer.
"C'est tout?"
Pete avait tenté de retenir le manteau entre ses mains, mais Octave avait été plus rapide. Il se racla la gorge :
"J'ai ça aussi..." Marmonna t-il, sortant autre chose de son sac; une boite de chocolat.
Une légère rougeur colora ses joues alors qu'il le fourrait dans les bras d'Octave, par dessus le manteau.
"C'est tout." précisa t-il, avant de faire demi tour.
Octave le rattrapa par la manche, lui rendant ses chocolats.
"J'en ai pas besoin" déclara-t-il avec morgue.
Pete les lâcha comme s'ils l'avaient brulé, et la boite s'écrasa par terre. Le jeune homme baissa brièvement les yeux sur la boite.
"Okay." déclara t-il simplement, comme si de rien n'était, sans regarder Octave, tirant une bouffée de cigarette.
Partir, fuir, très loin, et ne jamais revenir. Quel idiot, mais quel idiot. Il aurait du acheter un truc mieux, genre un truc dont Octave aurait besoin, pas des chocolats au lait... Putain, des fois il était vraiment crétin. Il n'avait jamais eu à faire ça, il avait juste… heu… manqué d'inspiration. Un truc simple, agréable, pas trop chiant…
Il n'aurait pas du venir.
Octave se mordit l'intérieur des joues.
"J'ai pas besoin qu'on m'aide, j'me débrouille tout seul maintenant" rajouta-t-il, pour que Pete comprenne son rejet.
"Okay" répondit Pete, incapable de dire autre chose, reculant d'un pas. "Je... j'y vais, à plus." réussit-il à prononcer du bout des lèvres avant de tourner les talons.
Il était ridicule. Juste ridicule. Il n'aurait pas pus faire pire comme tentative de réconciliation. Lui qui avait toujours réussit à ramener les amants qu'il avait voulu, à les rendre fous de lui, avait été totalement incapable de faire face à un adolescent de 16 ans.
Merde, c'était pathétique, un fiasco totale, absolu, irréparable.
"Comment tu m'as retrouvé?" Lui demanda encore Octave, s'avançant dans la cage d'escalier, incapable de le laisser partir.
Pete se retourna, encore en haut des escaliers :
"J'ai cherché." déclara t-il le plus dignement possible. Histoire de rattraper le coup un minimum syndical.
"Je crois que tu m'as bien fait comprendre que tu ne voulais plus me voir, la dernière fois" répondit Octave en le toisant.
Il se souvenait encore de cette cuisante humiliation et Pete baissa les yeux, une moue agacée se peignant sur son visage.
"J'étais énervé..." grogna t-il pour seule justification.
S'il lui disais qu'il ne supportait pas le job qu'Octave faisait, ce dernier gueulerait.
"J'y croyais vraiment à cette place. T'as été qu'un connard
Pete serra les dents, avant d'exploser :
"C'est toi le connard, okay ? Qu'est ce que tu crois que ça fais de savoir que tu baise avec pleins d'autres mec tout les soirs? Qu'est ce que tu crois que ça fais d'entendre ses propres clients se vanter de t'avoir baisé, et avec les détails si possible, hein ?
- Et tu voudrais que je change du jour au lendemain pour te faire plaisir ? J't'ai pas attendu dans ma vie pour faire mes choix Pete ! Désolé mais tu seras pas le Prince charmant qui viendra me sauver sur son beau cheval blanc. Un jour tu te lasseras de la misère et tu r'tourneras chez ton gentils papa qui te fera des petits chèques tous les mois et tu seras très heureux. Mais moi j'serais toujours à la même place, j'pourrais pas t'suivre, j'resterais dans la même crasse. Et ça tu peux rien faire contre. Alors t'as aucun ordre à me donner, et aucun conseil non plus ! " Cria-t-il avec rage.
Pete recula d'un pas dans les escaliers, comme si Octave l'avait frappé.
" T'en sais rien que je t'aurais lâché. T'en sais rien du tout. Excuse-moi d'avoir voulu autre chose de toi, répondit-il calmement, froidement.
- J'peux pas compter sur toi Pete... il peut arriver n'importe quoi qui fasse que tu te barres. J'me retrouverais sans rien tu comprends"
Pete ne desserra pas la mâchoire, très fier.
"T'es déjà sans rien, j'vois difficilement comment je pourrais faire pire." répondit-il, méchamment, préférant attaquer que ce défendre.
Pour ne pas dire qu'il ne le laisserait pas tomber, qu'il avait tué un mec pour lui, qu'il avait voulu qu'il habite chez lui. Pour ne pas avoir mal.
Octave resta silencieux. Il ne pouvait pas le démentir alors à quoi bon? Alors que Pete pouvait faire bien pire, il pouvait lui donner l'espoir, lui faire miroiter une vie meilleure et puis la lui arracher. Comme il avait fait au bar quand Octave était venu pour travailler.
Pete attendit qu'il réponde quelques secondes, avant de comprendre qu'il n'obtiendrait rien de plus à ce niveau
"Tient d'ailleurs, pourquoi t'es resté avec moi, hein ? Puisque je t'apportait rien du tout, et que je pouvait tout balancer du jour au lendemain ?" Demanda t-il essayant de sourire narquoisement -et y arrivant plutôt bien- "Tu croyais que j'étais comme Rilke ? Que tu pourrais faire tout ce que tu voudrais de moi sans aucun souci ? Que parce que je t'aimais, je fermerais les yeux sur tout le reste, que tu pourrais me laisser tomber du jour au lendemain quand t'aurais un client qui finalement te baiserait mieux ?
- Parce que tu crois que j'aime ça" souffla-t-il dégouté que Pete croit qu'il prenait du plaisir dans les bras de ses clients, ne préférant pas relever ce qui était beaucoup plus gênant dans sa phrase. " Tu crois que j'ai aimé ça quand tu m'as pris comme si j'étais qu'un corps. Sans...sans pensée, sans sentiment, sans rien. L'argent ça paye le silence et la soumission, pas le plaisir espèce de connard"
Pete blêmit. Il ne savait pas de quoi parlait Octave. Ils avaient baisé ensembles une centaine de fois au moins... Il avait cru qu'Octave avait aimé ça. Il l'avait vraiment cru. Il se souvenait de l'avoir vu gémir tant de fois dans ses bras. Et... et il avait cru que l'argent c'était qu'un prétexte pour justifier qu'ils couchaient ensembles. Et quand il avait arrêté de le payer... est-ce qu'Octave serrait revenu s'il n'avait pas eu autant d'argent, hein ?
Si tout ça c'était juste... juste de la comédie... Il s'était fait avoir, comme tout ses clients. Il lui avait fait croire que... que...
"Okay » souffla Pete, sans réussir à sortir autre chose.
Okay...? C'est tout ce qu'il avait à répondre ?
"Dégage" cracha Octave. "Fous moi la paix, j'veux plus jamais t'voir. J'croyais que j'avais été clair quand on s'est vu la dernière fois. Mais apparemment même pour comprendre un truc aussi simple t'es trop con".
Pete encaissa sans ciller.
"J'ai pas compris ce que t'attendais de moi Octave, depuis le début. Et je... suis désolé... de pas avoir réussit à faire ce que tu espérais " répondit doucement Pete, avant de se détourner et de partir, comme le lui avait demandé Octave.
Il rentra chez lui, à pied. Il marcha dans la neige, l'esprit vide. Il ne voulait pas penser à tout ce qu'avait dit Octave, c'était trop douloureux. Il n'avait jamais expérimenté ce genre de douleur. C'était toujours lui qui faisait souffrir les autres, pas l'inverse.
Le Dogs Teath n'ouvrit pas ce soir.
Il ne savait même pas si ça valait la peine de le rouvrir. Autant tout foutre en l'air et recommencer à zéro, ailleurs.
Au Texas peut-être...
Il se passa un mois durant lequel Pete chercha un appart au Texas, et de quoi démarrer une boite là-bas. Puis, dans les derniers jours avant son départ...
La moto ralentie.
Sur le carrefour, une petite silhouette blanche crachée par une voiture, en t-shirt rayé. Un sourire d'Octave au conducteur, alors qu'il empochait de l'argent.
Le sang de Pete se glaça. Octave. Pourquoi ça faisait si mal de le revoir ? Hein ? Il partait bientôt... et sans doute qu'il ne reviendrait jamais alors...
"300 ?" lâcha t-il, relevant son casque en regardant Octave droit dans les yeux.
Octave reconnut immédiatement sa voix.
"200" le corrigea-t-il sans le regarder dans les yeux, faisant mine de compter l'argent qu'on venait de lui laisser. "J'fais pas les trucs hard"
Pete faillit se barrer. Mais... sa voix, ses cheveux, ses mains...Sa personne toute entière, debout sur un trottoir.
Octave ne s'accrocha pas à lui, posant ses mains derrière la moto. Il essayait de barricader son cœur comme il l'avait fait depuis quelques semaines, depuis que Pete s'était barré. Mais avec lui si proches, il sentait qu'il perdait pied.
Pete roula en silence jusqu'à un hôtel au bout de la rue. Quelque chose de simple. Ni trop cher, ni trop miteux. Il prit une chambre pour la nuit et monta avec le jeune gigolo, essayant d'imaginer qu'Octave l'appréciait, et allait apprécier ce qui allait se passer en haut.
Ce dernier restait de marbre. Dès qu'ils furent dans la chambre, il commença à se déshabiller sans attendre la permission de Pete.
Ce dernier hésita une seconde avant de faire de même.
Pourquoi tout salir ? Avait-il vraiment besoin de faire ça, hein ? Il était encore temps de se barrer...
Non. Il n'allait rien salir du tout, parce qu'il n'y avait rien à salir. Ni affection, ni attachement, ni aucun souvenir de plaisir pris ensembles. Juste ses propres fantasmes. Il allait baiser Octave, et faire en sorte que celui si ne fasse pas semblant d'aimer ça. Juste pour avoir la preuve que tout ça c'était du faux. Il en avait besoin, pour partir.
Octave prit sur lui et s'approcha de Pete, passant ses mains derrière sa nuque pour l'embrasser, essayant de rester le plus professionnel possible. Ca n'avait jamais été aussi dur.
Pete ferma les yeux, savourant cette caresse.
"Tu ferras pas semblant." lui demanda t-il juste, tout bas, avant de l'attirer sur le lit.
Octave ne fut pas professionnel. Il l'embrassa longtemps, à chaque fois qu'il le pouvait, pour toucher à ses lèvres encore et encore. Peut être pour la dernière fois, sans comprendre ce qu'entendait Pete en lui demandant de ne pas faire semblant.
Le jeune patron du Dogs Teath ne pu que gémir contre ses lèvres, désespérément. Son odeur, partout, son gout, sa chaleur... ce petit corps si doux qui se collait contre lui sans aucune pudeur.
Nu l'un contre l'autre, Pete en oublia tout ce qui n'était pas Octave.
Il était amoureux.
Pour la première fois de sa vie, il était amoureux.
Octave de son côté dut se mordre les lèvres jusqu'au sang pour ne pas lui arracher des promesses. Celles de ne jamais le laisser, de ne jamais partir. Quand Pete entra en lui, il du enfoncer ses ongles dans ses mains pour ne pas laisser échapper des mots d'amour.
Il ne lui offrit que ses gémissements et son corps. Entièrement.
Pete jouit au fond du corps d'Octave dans un gémissement rauque. Tremblant, il ne put le lâcher. Encore un peu Octave, restes encore un peu.
Il avait l'impression que son cœur allait exploser de douleur.
Octave n'essaya pas de se détacher de lui, mais ne le retint pas non plus, les poings crispés sur les draps.
La bouche de Pete se perdit dans le cou d'Octave, y laissant un baiser tout doux.
"Merci." chuchota t-il avant de sortir du lit, quittant la chaleur d'Octave sans que celui si ne fasse un geste pour le retenir.
Petit cœur perdu au milieu des draps bleu.
Pete se rhabilla, et hésita avant de payer. 200. S'il donnait plus, ça serrait mal pris. Donner moins n'était pas envisageable.
Il donna donc juste ce qu'il fallait, les posant sur le jean d'Octave près de la porte.
Il se retourna une dernière fois vers Octave, le bouffant des yeux. Adieu Octave.
Ce dernier s'était retourné dos à la porte vers la fenêtre.
Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues.
Pete s'enfuie de l'hôtel, sans se retourner. Dans trois jours, il prendrait l'avion pour le Texas qui l'attendait à bras ouvert et tout serait finit.
Quelques jours plus tard
Octave regardait le Dogs Teath complètement vide debout sur le trottoir. Les persiennes avaient été mal tirées et on pouvait très bien voir à l'intérieur. Même s'il n'y avait rien à voir. Sookie, perchée sur ses talons, était adossée près de la porte et le regardait, un léger sourire aux lèvres.
« Il s'est cassé » lui apprit-elle.
Octave ne répondit rien, ça se voyait parfaitement bien qu'il s'était cassé. Disparu dans un autre monde.
« C'est à cause de toi » continua-t-elle avec rancœur « Il pouvait plus supporter de savoir que t'étais dans le quartier ».
Octave encaissa toujours en silence. Il aurait bien aimé qu'elle ne soit pas là. Il aurait peut être essayé de fracturé la porte pour entrer. Pour être sûr qu'il n'y avait plus rien du tout à l'intérieur.
« Alors Octave, quelle queue tu vas aller sucer maintenant ? »
Il se détourna de Sookie et du bar.
L'amertume ça faisait parfois dire des choses terribles.
Pete,
Je crois que j'ai compris que tu avais fermé le Dogs Teath avant même de le voir de mes propres yeux tout à l'heure. Je ne sais pas depuis quand tu avais prévu de partir, si c'était avant que tu passes me prendre à la gare ou après. Je ne sais pas si c'est vraiment important de toute façon. Il y avait Sookie devant la porte fermée, elle est très triste que tu sois parti, elle faisait peine à voir, elle m'a fait de la peine en tout cas. J'ai trouvé l'adresse de ton père dans un annuaire, si vous êtes encore en contact il te fera surement passer ma lettre. J'ai peur que mon discours soit un peu décousu mais je vais essayer de te dire tout ce que j'aurais voulu que tu saches sur moi et que t'as pas eu le temps de savoir. Je ne sais pas si ça t'intéressera vraiment mais à part toi je n'ai personne d'autre à qui écrire et j'ai besoin de parler. Je garde tout en moi tu sais et parfois… parfois c'est lourd.
Ma mère était française et j'ai vécut en France jusqu'à mes huit ans. Je suis venu en Amérique avec elle à la mort de mon frère jumeau. Il s'appelait Oreste et il était comme une partie de moi. Quand il est mort c'est comme si quelqu'un avait plongé ses mains dans mon corps pour m'arracher des organes. Pendant quelques mois j'ai crus que j'étais mort moi aussi, en même temps que lui. Je me suis juré de ne plus jamais tenir à quelqu'un et surtout de ne plus jamais aimer personne. Ma mère n'est pas morte très longtemps après, elle n'a tenu que deux ans en Amérique. Elle était venu pour oublier la France et le passé mais je crois qu'elle n'a jamais réussit à s'habituer. Je ne l'ai pas beaucoup aidé, j'étais très renfermé à cette époque. Je ne parlais pas, j'étais infect avec tous ceux qui osaient m'approcher, même avec elle. Je regrette beaucoup cette période, je pense que nous serions arrivés à nous aider mutuellement si je m'étais ouvert, si j'avais fait plus attention.
La suite n'est pas très difficile à deviner, j'ai été placé en foyer. J'ai fugué plusieurs fois avant de réussir à m'enfuir définitivement. Malgré ce que l'on pourrait en penser, vendre mon corps ça n'a pas été un prix si lourd à payer en échange de ma liberté et de mon indépendance. Je n'ai pas vendu mon âme au diable, donner du plaisir aux gens en échange de quelques billets ce n'est pas vendre son âme au diable. Et puis après j'ai rencontré Rilke et la fin de l'histoire tu la connais. Rilke m'a été utile c'est vrai je ne le nie pas, j'ai beaucoup feint avec lui pour obtenir ce que je voulais, mais je ne savais pas comment faire autrement. Je me suis débrouillé comme j'ai pu. Je n'ai pas grand-chose d'autre pour assurer ma défense. Je sais que beaucoup de personne dans le quartier pensent que je suis un profiteur et que c'est pour ça que je suis venu avec toi. Je ne crois pas que toi tu le penses, parce que tu sais ce qu'on a vécut ensemble alors que les autres, eux, ne le savent pas.
Je crois que j'ai vraiment peur Pete, que tu sois parti définitivement et que tu ne reviennes pas. Je ne veux pas que tu sois parti… Je me suis rendu compte devant le Dogs Teath que je t'ai beaucoup mentis et que j'ai dis beaucoup de choses que je ne pensais pas quand nous étions ensemble mais j'ai aussi dis la vérité quelque fois. J'ai conscience d'être très jeune, parfois j'oublie que je n'ai que 16 ans. Tu sais, j'ai toujours eu l'impression d'être plus vieux ça fait plus longtemps que je ne le voudrais que je ne suis plus un enfant. Mai si je fais des choses stupides parfois c'est parce que je manque de recul sur les choses. Je voudrais tellement être le plus fort pour survivre à tout, qu'il m'arrive de me mentir à moi-même. Je crois que ça nous a fait du tort toutes ces choses que tu ignorais sur moi et que j'ignore encore sur toi. Peut être qu'on se serait mieux comprit sans ça.
Je me trouve un peu ridicule à t'écrire comme ça. Je vais rester encore une semaine ici, si tu veux me parler je serais chez Miss Gerby. Tu n'es pas obligé de venir,
Octave.
Etendu sur le dos, les bras en croix, Peter ne bougeait pas d'un millimètre depuis plusieurs heures. Enfermé dans un monde de silence, de détresse, il avait fait ses bagages, il avait pris son billet d'avion. Quelques connard devraient venir demain matin prendre ses cartons, mais lui serrait déjà partit. Ce soir. Ce soir ce serrait finit, non ?
Un coup de sonnette le fit sursauter. Le cœur battant, il se redressa, immobile. Octave ? Une deuxième sonnerie, et il dévala les escaliers. Quelles ne furent pas sa surprise et sa déception de découvrir son père.
Ils se dévisagèrent quelques secondes, silencieusement.
« Tu me laisse entrer ? »
Le café refroidissait, aucun des deux hommes n'ayant touché sa tasse. Assit face à face, dans le bar désert, ils s'observaient au travers la fumée de la cigarette de Peter.
« Je sais que tu pars ce soir. » commença finalement monsieur Dalton, lentement « J'avais pensé qu'après tout ça, tu comprendrais qu'il aurait mieux valu que tu reprennes tes études, Harvard serrait prête à te reprendre en médecine sans problème, la direction me l'as assurée. »
Peter baissa un instant les yeux, fixant son propre reflet dans le café. Après tout ça. Qu'avait-il gagné de ses années d'errance, de bagarre contre le monde entier ? A part la douleur, la violence, les cauchemars…
« Ne repars pas. Le Texas ne t'offrira rien de plus qu'un nouveau cercle infernal. Je t'ai couvert Peter, autant que j'ai pu. Mais il faut que tu t'arrêtes, tu vas trop loin. Cet homme que tu as tué…
- Ta gueule. » Siffla Peter, le coupant brusquement. Il ne voulait pas parler de ça, jamais. Et surtout pas avec son père.
Le silence retomba entre les deux hommes, lourd.
« Je sais ce que c'est. » fit brusquement le père de Peter, posant une enveloppe déchirée sur la table, après une courte hésitation, comme s'il souhaitait la remettre dans sa poche.
« Quand j'ai épousé ta mère, elle m'a fait croire à son amour. Si tu ne me ressemblais pas tant, j'aurais pourtant eu des raisons de douter de notre filiation au vu du nombre d'hommes qui passaient dans son lit. Je ne veux pas que tu vives ça, jamais. »
Peter ne répondit rien. D'une part parce qu'il détestait parler d'elle, et d'autre part, parce que toute son attention était accaparée par l'enveloppe.
« Oublie ça Peter, va à Harvard, reprend depuis le début. » chuchota son père.
La main de Peter se referma sur l'enveloppe, et il en tira la lettre d'Octave, son cœur s'accélérant.
Il la parcourue rapidement. Une fois, deux fois…
Très calme, il finit par se lever, sans lâcher la lettre.
« Tu compte y aller, c'est ça ? Mon dieu, Peter, rassies-toi ! As-tu seulement écouté ce que je t'ai dis ? Je refuse de continuer à te donner de l'argent pour tes conneries. » S'énerva légèrement monsieur Dalton, se levant de son tabouret, séparé de son fils par le bar.
« Soit tu rentre à la maison soit tu te débrouille tout seul. Je ne te verserais plus un centime. Réfléchis Peter, tu as tout à perdre, tout. Tu es encore jeune, tu as toute la vie devant toi pour trouver quelqu'un qui te plaise vraiment, et qui ne t'apporte pas de problèmes…
- Je suis pas comme toi » répondit plus bas Peter « Finit ton café, Papa, je ferme. »
Octave plaqua tout. Une semaine. Ca faisait une semaine qu'il avait envoyé sa lettre à Pete. A chaque fois qu'il y pensait, il avait honte. Peut être que le père de Pete ne lui donnerait jamais la lettre, peut être qu'elle ferait rire Pete. Il savait qu'il était seul, comme on l'était rarement dans la vie. Il savait que personne ne l'attendait plus nulle part, il y était habitué. Il savait aussi qu'il lui faudrait continuer malgré tout. Il était jeune il avait la vie devant lui. Il lui faudrait attendre, au moins encore un peu, avant d'abandonner définitivement.
Il termina ses derniers bagages, avant de descendre dire au revoir à Miss Derby à laquelle il arracha quelques larmes. Puis, il se retrouva dans la rue. Il faisait à peine jour, mais quelques rayons essayaient déjà de se hisser au dessus des maisons et des immeubles du quartier. Le regard d'Octave tomba sur la silhouette d'un jeune homme de l'autre côté de la rue, adossée à sa moto et qui semblait l'attendre depuis un bon moment déjà. Sa main se resserra autours de son sac de toile.
Il avait reçut sa lettre finalement.
Fin.