Bonjour (ou bonsoir !)
Comme je me sentais un poil menacée, je vous envoie la suite ! :p
Bonne lecture et merci aux reviews !
Chapitre VII
« Tylian ? Tylian, réveille-toi ! C'est l'heure de manger.
- J'arrive, m'man, c'est bon…, grommelai-je encore endormis. »
Lorsque j'ouvris mes yeux, je vis un Mathias perturbé. « Qu'est-ce qu'il y a ?, fis-je. J'ai de la merde dans les yeux ? »
Je me frottai vigoureusement le visage. « Tu m'as appelé 'm'man'… » J'arrêtai mon mouvement, étonné, puis éclatai de rire. « S'cuse moi, Mathias. J'ai confondu. »
Mathias fronça les sourcils et s'éloigna de mon lit rapidement. « Hé, boude pas !, lançai-je tandis qu'il mettait ses chaussures. J'étais dans les vapes.
- Je sais. »
Il partit de la chambre. Etrange, ce jeune homme. Je baillai à m'en décrocher la mâchoire puis décidai de me lever tranquillement. Je trébuchai alors sur un objet placé au pied de mon lit, et je dus faire l'avion pour ne pas m'étaler de tout mon long. Qui avait osé mettre des encombrements là ? Je lançai un regard noir à l'objet en question. Puis je le reconnu. Ma valise ! Je l'ouvrai avec soulagement, et m'aperçus que la plupart de mes affaires étaient là. Je souris. Ça, c'était gentil.
Je me lavai vite fait tout en sifflotant, et pris le temps cette fois de me laver les dents. Si par hasard j'embrasse quelqu'un… Je me repris.
La clef avait été laissée sur la porte. Je verrouillai la chambre, puis pris la clef avec moi. Je couru dans les couloirs, histoire de rapprocher le moment où je croquerai dans une bonne tartine de beurre, avec de la compote pomme-ananas qui, ma foi, ne m'avait pas paru dégueulasse… Alors que je salivais d'anticipation, je failli percuter une jeune fille.
« Pardon, miss !, lançai-je tout en continuant ma route. »
Tandis que je prenais les escaliers, j'entendis un : « Fais gaffe, connard ! »
Hé, mais pas besoin d'être violente, comme ça. Quel manque d'éducation, vraiment. J'entrai enfin dans le réfectoire. La plupart des élèves avaient déjà bien entamé leur plateau. Je me servi généreusement et m'installa près de Vincent. Toute la table me regardait avec des yeux ronds. Certains avaient plusieurs ecchymoses sur leur visage.
« Ça ne vous dérange pas si je m'installe ici ?, fis-je innocemment.
- Si, dégage, le Sanguin. »
Axelle me regarda comme si j'étais un débile mentale. Je lui souris. « Aller, c'était marrant, la dernière fois. Et puis finalement, je vous aime bien. »
Le petit roux me montra les dents. Enfin, il me fit une grimace qu'il voulait peut-être intimidante. « J'déconne pas, dégage d'ici ou je te colle du flan sur ton uniforme.
Je ris. « Je préfère vos menaces que celles d'un autre que je nommerai pas. Mais soit, je vais partir d'ici… Mais avant tout, une petite remarque mon cher colocataire… »
Vincent me regarda avec un air méfiant. « J'ai cru comprendre qu'il y avait tout un couloir avec principalement des Littéraires… » Je lui caressai le dos de la main. « C'est mignon de vouloir rester avec nous, dans une chambre remplis de S… »
Vincent s'empourpra : « Me touche pas, sale tantouse ! »
Je repris mon plateau et me leva. « Oui, oui, c'est ce qu'on dit… A ce soir, mon mignon. Promis, je serai encore plus énergique.»
Je m'éloignai calmement, après lui avoir fait un clin d'œil enjoué.
Vincent me gratifia d'insultes que même les merdes en français tel que moi pouvaient comprendre. Je sentis un projectile humide m'heurter le dos. Je m'assis en face de Mathias. Il se prit une boule de pain à ma place.
« Ils m'ont lancé de la nourriture par ta faute, me reprocha Mathias.
- Aller, un peu de solidarité, souris-je. »
Je dévorai une brioche bien grasse. « Mhh, qu'esh que ch'est bon ! 'En veux un peu ?, proposai-je à Mathias.
- Tu parles la bouche pleine. »
J'avalai ma bouché. « T'aime bien dire des trucs évident toi, hein ? Bon, t'en veux ou t'en veux pas ?
- J'ai fini de manger. » Il me désigna son plateau vide.
« Et bien c'est en parti pourquoi je te proposai de la bouffe…, soupirai-je. » Il commença à se lever. « Attend, j'ai pas fini !, m'exclamai-je.
- Et alors ?
- Et bien t'attend que j'ai fini, c'est la moindre des choses. »
Il remit ses lunettes en place. « Pourquoi ?
- Parce que toi et moi, on est pote. »
Il écarquilla ses jolis yeux chocolat. « Mais… non !
- Je t'assure que si, répondis-je. » Mes conversations avec Mathias seront-elles toujours aussi bizarre ? Ce jeune homme vivait vraiment dans un autre monde que le mien.
A mon grand plaisir, il se rassit lentement. Il me fixa avec un petit air tourmenté pendant tout mon repas. Je savais que d'être mon pote, c'était une tare généralement, mais de le voir si clairement sur son visage, c'était un peu vexant. Je lui en fis la remarque.
«Non, ce n'est pas ça… C'est que… Je n'ai pas envie de faire souffrir des personnes comme toi. »
J'avalai de travers mon lait et le recrachai un peu partout. « Qu'est-ce que tu racontes ?, dis-je, surpris.
- Rien… »
Il détourna le regard et prit son plateau. « Hé, attend moi !, lançai-je. » Je m'élançai à ses côtés et déposai mon plateau à côté du sien. Je lui emboitai le pas alors qu'il se dirigeait vers nos chambres. « Qu'est-ce que ça sous-entendait ? Tu es fan de jeux coquins ? Aller, dis-moi ! »
Le bougre ne me répondit pas. On arriva devant la chambre numéro 42. Je ricanai : « Si tu ne me le dis pas, je n'ouvre pas la porte de la piaule… »
Il mit subitement sa main dans ma poche avant. Sentant qu'il allait choper la clef, je bloquai son bras. « Ah non, grognai-je, tu ne l'auras pas si facilement… »
Son autre main tenta de me dégager. Il s'en suivit alors une lutte sanguinaire entre deux colosses. « Aïe, enfoiré, touche pas mes poignets ! » Je lui mordis sauvagement l'épaule. Il poussa un grognement et resserra la prise sur mon poignet amoché. Je me rendis. « C'est bon ! C'est bon, j'arrête, lâche ça ! Ça fait mal !» Il desserra sa main instantanément, et me lança un regard désolé. Il baissa les yeux. Je suivis son regard et vis ses lunettes par terre. « Oups, j'espère qu'elles ne sont pas cassées, dis-je.»
Il sortit sa main de ma poche avec la clef et ramassa sans un mot ses lunettes. « Je ne peux pas être ton ami.»
« Euh… Plait-il ?, fis-je, abasourdi. Promis, je ne te ferai plus de chantage avec la clef, si cela te dérange à ce point.
- Non. Je t'ai fait du mal.»
Je le regardai sans comprendre sa logique. « Je l'ai cherché, tu sais… Et je te rappelle qu'hier ça ne t'avais pas plus déranger que ça, quand tu m'as enlevé les menottes…
- Je ne te ferai plus jamais du mal. »
Son ton sérieux me fit un effet bizarre. Je décidai de lui laisser le dernier mot. «Sage résolution, lâchai-je. Et tu restes de toute façon mon pote, hein.»
Il hocha la tête lentement, comme avec gratitude, et s'engouffra dans la chambre. Je le suivis en me posant des questions sur son mental. Il alla derechef dans la salle de bain se brosser les dents. Je constatai alors que je me les étais lavé avant de bouffer. Quelle intelligence redoutable. Je soufflai d'exaspération et étalai du dentifrice sur ma brosse avant de rejoindre Mathias. Il se poussa pour me laisser de la place près du lavabo. Je lui fis un sourire mousseux. Il détourna le regard en rougissant. Bizarre. Je ne savais pas que j'étais sexy lorsque ma bouche était remplis de dentifrice et de salive. Je réessayai devant le miroir. J'avais beau faire mes plus beaux sourires, je trouvai que j'avais quand même l'air plus con qu'autre chose. J'entendis Mathias s'esclaffer à côté de moi. Je me tournai vers lui, étonné. Il me regarda avec un air surpris également. Ce fut à mon tour de m'esclaffer. Sauf que moi, je redécorai la salle de bain en même temps.
« Merde, j'en ai foutu partout…, me lamentai-je en regardant le miroir dégoulinant de dentifrice.
- Il n'y a qu'à essuyer, répliqua Mathias avec son sérieux habituel. »
Je me rinçai la bouche. « Merci du conseil… »
On claqua la porte bruyamment. « L'Sanguin ! Enfoiré, faire des sous-entendus dégueulasses devant ma classe !
- Vite, criai-je à Mathias, rhabille-toi, il y a Vincent ! »
Mathias me regarda sans comprendre. Vincent se mit dans l'embrasure de la porte. « Quoi, qu'est-ce que vous étiez en train de faire ?, fit-il, suspicieux.
- Et bien t'as loupé de peu la giclée, dis-je en haussant négligemment les épaules. Mathias, vraiment, tu aurais pu mieux viser. Il y en a partout sur le miroir. »
Je mis un doigt sur une tâche de dentifrice qui coulait paresseusement et le tendit vers Vincent. « Tu veux gouter ?, proposai-je avec un sourire colgate. »
Il me fit la tête la plus dégoutée qui m'ait été donné de voir dans ma vie. Il recula précipitamment. « C'est… c'est gerbant !, s'écria le rouquin.
- Oh, tu as les oreilles toutes rouges ! Comme c'est mignon. »
Je me rapprochai de lui. « Éloigne ton doigt de moi ! » Son pied cogna le rebord du lit de Mathias. Déséquilibré, Vincent s'étala sur les draps. Je lui sautai dessus en tendant mon doigt plein de dentifrice vers son visage. « Arrête ! Dégage !, cria-t-il. Je le dirai aux professeurs ! Vous n'avez pas le droit d'avoir de relation physique !
- Mais c'est des menaces, ça ! Vilain garçon. »
J'abattis mon doigt sur sa joue. Il se débattit violemment en criant. J'eus du mal à le maîtriser, mais lorsque que j'y parviens, je me penchai vers son oreille. « C'était du dentifrice, mon mignon… Dis-le donc aux professeurs, ça les fera peut-être rire. Cependant… » Je soufflai doucement dans son oreille. « Si tu ne veux pas que des accidents fâcheux se produisent… Je te conseil de ne plus jamais me faire chier. Compris ? »
Vincent hocha la tête vivement. « Oui, oui, c'est compris, gémit-il.
- Bien, souris-je. » Je ne défis toutefois pas ma prise. « Pourquoi as-tu une chambre dans un couloir dédié aux scientifiques ?, m'enquis-je.
- C'est… c'est parce que je me suis réorienté…
- Mhh…
- Je ne t'insulterai plus, lâche moi… »
Je ricanai doucement et lui mordis légèrement le lobe d'oreille. Il glapit. « Une chose, encore…, soufflai-je. Fais en sorte de te trouver une autre chambre. Je ne veux plus te voir ici…
- Mais… » Il déglutit. « J'ai déjà demandé… ce n'est pas possible… »
Mathias intervient. « On ne peut pas changer de chambre.
- Il y a pourtant une chambre vide dans le couloir des L, je le sais, répliquai-je. »
Mathias haussa les épaules. « Il va falloir aller en cours.»
Je me relevai, laissant un Vincent apeuré sur le lit. Il reprit toutefois très vite contenance. « Sale enfoiré ! »
Je me tournai vers lui avec un sourire ambigu aux lèvres. Il se recula précipitamment. Je ris. « Tu n'as vraiment pas de bol de te trouver dans la même chambre que moi… Bon cours, p'tit gars. »
Je lui fis un signe de main et sortis de la chambre avec mon sac de cours, Mathias à mes talons. « Pourquoi avoir fait ça ? Il va se venger, me prévint Mathias.
- J'ai fait ça parce que c'était marrant. J'ai pas réfléchis. »
Je m'arrêtai tout d'un coup. Mathias me lança un regard interrogatif. « J'espère qu'il va pas se venger sur ma valise !, m'exclamai-je.
- Ce serait loin d'être le pire…, lâcha Mathias avant de reprendre le chemin. »
Je le regardai s'éloigner. Le pire ? Tsk, le pire, je l'avais déjà eu avec ce salaud de Sven. A côté de lui, que pouvais bien me faire Vincent ? Je rattrapai Mathias. Nous traversâmes les halls de l'établissement et rejoignîmes notre salle de classe d'hier. Les élèves étaient tous là, même si apparemment le professeur n'était pas encore arrivé. Mathias s'assit. « Dis, lançai-je, tu ne voudrais pas échanger ta place avec ma place ? Je me sens trop exposé là… »
Il me répondit négativement de la tête. Je pris un air déçu et m'affala sur la place juste en face du bureau. « Salut salut, fis-je à ma voisine. » Elle avait une méchante griffure sanguinolente sur la joue. Elle tourna le regard vers moi et me chuchota : « Salut Tylian. Mais s'il te plait, ne parle pas quand le professeur arrivera, tu vas t'attirer des ennuis.
- Merci du conseil, lui fis-je, un peu surpris qu'elle sache mon nom. »
« Tylian ! »
Je me retournai et cherchai des yeux qui m'interpellait. Lorsque je vis Clémence faire des petits signes amicaux de la main, je lui souris. Je sentis soudain quelqu'un me toucher le dos. Je regardai Mathias, interrogatif.
- Tu as une tâche sur ton uniforme, dans ton dos. Fais-en sorte que Dalziel ne le remarque pas, je n'ai pas pu tout enlever.
- Merde, non !, m'écriai-je, angoissé. C'est ce matin…Elle est grosse ?
- Elle se voit, me répondit Mathias. Je ne sais pas trop ce que c'est…
- Merde, gémis-je. On a quoi, là ?
- Mathématiques.
-… »
Une fille de la classe lança tout à coup un « Il arrive ! » précipité. Tout le monde se leva et se tînt immobile derrière leur chaise. Je m'empressai de suivre leur exemple. Il valait mieux pour moi de ne pas me faire trop remarquer. Dalziel claqua la porte de la classe violemment et nous regarda, furibond. Aïe, je ne le sens pas. Pourquoi ne suis-je pas au fond de la classe ? S'il crie là, je vais recevoir des postillons.
Un silence de mort prit place dans la classe. Le professeur nous détaillait, un à un, et faisait une grimace méprisante lorsqu'il voyait des séquelles de la bagarre générale d'hier sur les visages de mes camarades.
« Vous êtes fier de vous ?, dit-il mielleusement. C'est comme cela que doivent se conduire des élèves de Terminal Scientifique ? Je parle de ceux qui sont dans l'internat, Mademoiselle Vhal, cessez cette expression outrée. »
Il balaya la salle du regard. « Pas de réponse ?, fit-il calmement. Bien... Je vais répondre, moi… » Son poing cogna brutalement le tableau, nous faisant sursauter. « NON !, hurla-t-il. Ceci n'est pas un comportement à adopter ! Même si vous n'étiez plus en cours, les règles de l'établissement s'appliquent ! Ah, vous commencez bien l'année, vous ! »
Il souffla. « Asseyez-vous !, ordonna-t-il. Sortez des feuilles. Voyons s'il vous reste assez de neurones pour réfléchir. N'est-ce pas Monsieur Uzac ? »
Il prit une craie et écrit rageusement des consignes au tableau. La craie crissa pendant un long moment. Je déglutis en voyant les questions. Maman, j'aurais peut-être dû réviser, finalement. Les trois-quarts des questions me disaient vaguement quelque chose, mais sans plus. On avait vraiment vu ça l'année dernière ? Je me retournai pour voir les réactions des autres élèves. Mathias écrivait déjà des réponses à une vitesse folle.
« Monsieur Torre ! »
La voix du professeur me glaça le sang. « Oui monsieur ? »
Je sentis dans le silence une certaine angoisse de la part de mes camarades. Quoi, il ne fallait pas répondre ? Je vis un sourire plutôt inquiétant se dessiner sur les traits de Dalziel. « On est pas sûr de soi, monsieur Torre ? »
Je compris qu'il y avait méprise. « Ah, mais non, je regardai juste si mes camarades se sentaient à l'aise avec ce sujet. Pour ma part, la fonction à la question 2 me parait un peu trop longue… »
J'entendis un inaudible « Arrête ! » de la part de Mathias. Je me tus donc, espérant que Dalziel le prendrait bien.
« Monsieur Torre… Une fois les feuilles de vos camarades ramassées, vous passerez au tableau faire la correction. Je me ferai une joie de vous expliquer ce que vous n'avez pas compris. »
A voir sa tête, je sentis que pour moi, ce ne sera pas la joie. Mais si ce n'était que ça… J'acquiesçai sans un mot. La classe se détendit, et se plongea dans un silence studieux, où seuls les bruits de stylo griffonnant le papier se faisaient entendre. Je me concentrais sur ma feuille, lorsqu'une pensée désagréable se fraya un chemin dans mon cerveau. Lorsque je corrigerai au tableau… je serais de dos ! Je mordillai mon stylo. Je n'avais vraiment pas envie de voir si cet homme appliquerait ses menaces farfelues. Je tentai de me rassurer en me disant que son avertissement s'appliquait uniquement sur les tâches d'hier, que j'avais déjà lavées… Parce que me balader cul nu dans le lycée pour le reste de la journée… Je pris soudainement conscience que j'étais un train de stresser parce que j'avais peur qu'un prof de mathématiques remarque une malheureuse tâche dans mon dos. Je souris. Il y avait de quoi rire.
« Peut-on savoir ce qui vous fait sourire, Monsieur Torre ? »
Je relevai les yeux pour rencontrer ceux de mon prof, assis juste en face de moi. Je lui fis un sourire éclatant.
« Rien, professeur. »