Chapitre assez court, je n'ai pas pu faire autrement.
Par contre, je voulais répondre ici aux review des personnes qui n'ont pas de profil fp cependant, avec les mises à jours du site et le fait que je ne venais plus trop souvent, mes "doc manager" (chai pas comment dire en français), ont été supprimés :/
Heureusement que cette fois-ci, j'avais gardé un original word de mes chapitres :)
Chapitre 7
(Orphée X Rubens)
Le jour de ses treize ans, quelques temps après avoir soufflé ses bougies d'anniversaire et souhaitant quitter cette table remplies de convives quelques peu éméchés, il avait eu envie de faire un tour dans son jardin et ainsi, de profiter de cette légère brise de début de soirée qui était apparue après une étouffante journée d'été. C'est alors qu'il vit son frère jumeau et le garçon qu'il aimait depuis sept ans s'enlacer, à demi cachés par un laurier. Ce garçon, c'était son cousin.
Tous trois avaient la même teinte de cheveux mais, pour une obscure raison, même si leur cousin n'avait que quatre années de plus qu'eux, il avait, du haut de ses dix-sept ans, une carrure beaucoup plus imposante que celle des jumeaux. Il avait alors vu les muscles de son dos saillir lorsqu'il avait été pénétré par son frère - son jumeau ! Cela aurait pu, cela aurait dû être lui ! - et depuis, cette image l'accablait. Il était resté là, caché, durant plusieurs minutes, à observer le corps maigrichon de son frère dominer celui de l'homme qu'il aimait, à jalouser ces mains qui parcouraient ce corps, ces lèvres qui le souillait, ces lèvres qui étaient les mêmes que les siennes ? Mais, ces lèvres qui avaient eu l'occasion de connaître ce que les siennes désiraient depuis sa puberté.
Suffoquant, il n'avait tout d'abord pu détacher son regard de cette scène, put ne serait-ce qu'esquissait un geste, bien trop anéanti, bien trop pétrifié, bien trop choqué. Quelques jours plus tard, lorsqu'il y avait repensé - enfin, pas tout à fait : depuis cela, tout ce qui l'entourait avait semblé vouloir lui rappeler ce qu'il avait vu - il s'était alors aperçu que ses sentiments s'étaient révélés beaucoup plus fort, beaucoup plus intenses. Comme cette haine inconditionnelle qu'il vouait désormais à son frère.
- Rubens !
Orphée se trouvait là, accoudé sur le plan de travail en bois massif du bar. Ses longs cheveux blonds, en bataille, encadrait un visage illuminé, radieux. Et, les fanfreluches de ses vêtements ne laissaient de lui que l'image d'un être épanoui, s'émouvant dans l'ailleurs.
Le barman ne put s'empêcher de réprimer un soupir d'exaspération, se disant que le deuxième jumeau aller être un fardeau de plus à endurer.
- Tu veux quoi ? maugréa-t-il malgré lui, déposant sur le bar le verre qu'il venait d'essuyer, et prenant tout son temps pour ranger le chiffon quelques pas plus loin.
- Mais, toi bien sûr ! répliqua joyeusement Orphée, un sourire des plus déroutant pour son interlocuteur accompagnant ses paroles.
- Et à part ça ?
Rubens leva les yeux au ciel, avant de prestement se détourner pour servir un autre client. Mieux ce serait que de ne pas trop se frotter à cet homme particulièrement irritant. Tout en Orphée lui disait ceci. Sa façon d'agir, sa façon de le suivre du regard, et ce sourire... Cet horrible sourire. Rubens ne pouvait pas dire qu'il le haïssait, ce n'était pas le cas, cependant, il sentait que se rapprocher de cet homme était dangereux. Et puis, il avait déjà couché avec son jumeau, il ne pourrait rien découvrir de bien nouveau.
Aussitôt, il chassa ces pensées de son esprit avant de se répéter que ce n'était certainement pas le corps d'Orphée qui l'intéresserait, que ce ne pouvait pas être lui, et que c'était malsain, après tout ce qu'il s'était passé dans son passé pour ne serait-ce que penser à ce genre de choses. Orphée était son cousin.
Un jour, il avait compris ce que ce terme signifiait.
Un jour, il s'était fait prendre avec Luca. Il se souvenait de la honte, de cette boule dans son estomac, de ses entrailles se tordant par la peur, de cet horrible tournis qui s'était emparé de lui. Tout ceci était bien trop amer, bien trop rude. Pendant tant de d'années, il s'était refusé d'y repenser. Il n'avait jamais accepté cette part de lui, celle qui, en plus de n'avoir aucune distinction entre hommes et femmes, n'en avait pas même pour son propre sang. En tout cas, pas lorsqu'il s'agissait de passion, de caresse, de plaisir.
Peut-être ne le regrettait-il pas. Il ne le savait pas lui-même. Peut-être que sans cela, il n'aurait pu découvrir ce qu'il était réellement, et surtout, n'aurait pu l'accepter. Désormais, cette erreur - car, malgré tout, elle en restait une -, avait forgée la personne qu'il était devenu. Il ne pouvait s'en vouloir d'avoir été séduit si facilement par Luca, ni même de ne pas avoir su quoi répondre à ses parents. Le regard de ceux-ci le hantait encore parfois. Cette haine, ce dégoût, cette honte, mais surtout, il y vit le deuil. Rubens ne fonderait jamais de famille, le but ultime de toute relation étant la procréation. Ses parents avaint eu tant d'espoir, tant de fantasmes. Dès l'instant où ils avaient vu leur enfant pour la première fois, ils s'avaient que par la suite, il y en aurait d'autres. Et encore d'autres. Que leur enfant était le commencement de quelque chose de nouveau, qu'ils savaient qu'ils en prendraient plaisir à voir cette petite vie entre leurs mains se dérouler. Et qu'à son tour, Rubens aurait à en guider une nouvelle.
En quelques secondes, tout était parti en fumée.
Mais cela non plus, Rubens ne le regrettait pas.
- Sers-moi un verre !
- ... De quoi ?
Cette comédie commençait à l'exaspérer.
- Qu'as-tu à m'offrir ? Le sourire d'Orphée ne faisait qu'augmenter, tandis qu'il venait de déposer une caresse sur la main du barman. Ce dernier s'écarta tout de suite du compoir, le fusillant du regard et répliqua :
- Putain ! Mais à quoi tu joues ?!
Ce sourire l'effrayait. Il ne voyait plus que cela. Et cette lueur dans son regard. Il n'aimait pas ça. Oh non, il n'aimait vraiment pas ça.
- Mais à t'avoir, voyons ! Et aussi un petit gin, bien sûr...
- T'es majeur au moins ?
- Rubens... tu sais bien que oui... susurra-t-il avant de ricaner.
- Rubens ! Celui-ci et Orphée se tournerait automatiquement pour voir qui était cette personne qui venait de l'appeler. Orphée, ne put s'empêcher de réprimer un regard de haine, pour cette personne qui venait de les interrompre avant de comprendre, instinctivement, aux regards que Rubens et cet étranger s'échangeaient, que tout allait très bientôt devenir très intéressant.
~ … ~
Tandis que cela faisait bien une heure qu'Orphée avait décidé de prendre une table un peu à l'écart, afin d'observer cet homme, ce Paul, qui tournait autour de son cousin, il ne s'était pas même aperçu qu'il était lui-même l'objet d'une attention particulière, un peu plus loin dans la salle.
Un regard lointain. Tout aussi intéressé que celui qu'il laissait entrevoir lorsqu'il fixait le bar et celui qui se trouvait juste derrière. Ce genre de regard qui nous gène plus qu'il anime en nous l'envie de côtoyer la personne en étant le propriétaire.
Orphée s'était resservi. Son plan avait été mis au point. Tout ce qu'il désirait dorénavant, c'était trouvé le meilleur moment pour qu'il puisse se manifester. Il savait que celui-ci n'était pas infaillible, qu'il risquait de perdre à son propre jeu, mais rien ne laissait croire qu'il aurait pu facilement réussir. Ce qu'il voulait, c'était s'accaparer Paul. Non, il n'éprouvait rien de plus pour cet homme que cette jalousie qui grondait dans son estomac depuis qu'il avait vu de quelle façon Rubens s'adressait à lui, de quelle façon il le touchait, de quelle façon son corps se mouvait instinctivement jusqu'à lui. Rubens le voulait, et cela, Orphée ne pouvait le supporter.
Bien entendu, pas autant que savoir qu'il n'avait jamais pu obtenir ne serait-ce qu'un geste d'affection de la part de cet homme, que tout avait été offert à Luca, que rien ne lui avait été laissé. Cependant, il ne voulait pas que cela recommence. Il était temps, après toutes ces années, qu'il récupère enfin cet amour qui lui était du. Il fallait que Rubens s'intéresse à lui. Il le fallait. C'était la seule solution.
Quoi qu'on en dise, Rubens lui appartenait. Personne n'aurait dû avoir à s'en douter, et certainement pas le principal intéressé. Rubens était à lui. Chaque parcelle de cette peau, de ces lèvres, de ces cheveux, et même des ces sentiments qui devrait n'être dirigés que jusqu'à lui. Personne d'autre. Et certainement pas ce Paul, ce vulgaire employé de bureau, avec son costume impeccable et cette façon qu'il a de se mouvoir, tout géné.
Ce n'était pas de cela qu'avait besoin Rubens ! Cet homme ne lui correspondait pas. Orphée, toutefois, lui allait à ravir. Ce n'aurait dû être qu'Orphée. Pas Luca. Pas Paul. Et pas tous ceux qu'il ne connaissait pas et qu'il n'osait pas s'imaginer.
Ses dents grincèrent.
Il voulait séduire Paul. L'éloigner de Rubens. Prendre Rubens dans ses filets. Que Rubens ne puisse voir plus que lui. Que Paul disparaisse de la circulation. Et tout serait au mieux.
- Excuse-moi, je peux m'asseoir... ?
Orphée ne l'avait pas vu venir celle là. A contre coeur, il se détourna de Paul afin d'observer ce lui qui, impunément, venait le déranger. Lorsqu'il vit le visage de cet inconnu, il changea rapidement d'avis. Fréquenter un beau jeune homme, voilà ce qui était tout à fait intéressant.
- Ouais, vas-y.
Le jeune homme lui sourit, de façon si enigmatique que cela exaspéra Orphée plus qu'autre chose. Il sirota son verre, replongeant dans la contemplation du barman.
- Zillah.
- Hein ? Quoi ?
Un peu vivement, il se tourna pour de nouveau faire face à l'homme et vit que celui-ci lui tendait la main. Il la serra, perturbé.
- Euh... Orphée.
- Enchanté !
Les choses ne tournaient pas vraiment comme il l'avait espéré. Il ne s'attendait vraiment pas à trouver cet homme, un homme si... intéressant. A presque en oublier ce qu'il était venu faire ici, à l'Yggdrasil.
Cette sensation lui déplut. Et lorsqu'il s'aperçut de tout ceci et que, prestement, il tourna la tête afin de rechercher sa cible, celle-ci avait déjà disparue.
Ses dents grincèrent à nouveau. Il reporta son attention sur Zillah et sourit malgré lui à la réplique de celui-ci. Il venait de perdre Paul, mais pas pour rien. Zillah joua un instant avec ses dreadlocks avant de reprendre une gorgée du verre qu'il avait apporté avec lui.
Ils discutèrent quelques temps, Orphée ne pouvant s'empêcher de détailler les traits fins mais à la fois rudes de l'homme face à lui. Ses mains tremblaient quelque peu dès qu'il croisait son regard. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il s'intéressait tant à cette personne. Il était venu pour Rubens, venu pour détruire Rubens et non pas discutailler avec un quelconque inconnu, aussi sexy était-il. Il était venu pour séduire Paul, pour que Paul délaisse Rubens et que Rubens soit enfin à lui. Seulement à lui. Zillah ne faisait pas parti de l'équation.
Il toussota après une profonde gorgée.
- Excuse-moi, euh... je dois aller aux toilettes...
Zillah lui sourit gentiment avant d'acquiescer.
~ … ~
Rubens venait de voir Luca passer la porte. Il sursauta. Lorsque celui-ci approcha du bar, il avala difficilement sa salive.
- Hey ! Luca !
Ce dernier écarquilla les yeux. C'était la première fois que son cousin l'accueillait de façon aussi chaleureuse. Il redoutait la suite. S'asseyant mollement sur l'une des chaises - encore chaude, s'apostropha-t-il – il s'apprêta à commander, Rubens lui coupa la parole.
- Orphée est là.
Il avait parlé si vite que Luca dut réfléchir quelques instants avant d'assimiler chacune des informations qui lui venaient en tête. Orphée était là. Tout près de lui. Là. A quelques pas. Son frère. Son double. Le seul homme qu'il aimait.
- Où ça ?! répliqua-t-il aussitôt, le cœur désormais battant.
- Je sais pas, moi. Je travaille !
Rubens s'éloigna sur ces paroles.
Son frère. Son amour.
Il sursauta sur sa chaise, se retournant prestement pour scruter la salle. Il ne redoutait même plus de croiser Shah, il ne voulait qu'Orphée. Seulement Orphée.
~ … ~
Orphée sortit de la cabine des toilettes et se dirigea tout droit jusqu'à l'évier. Il n'aimait pas les urinoirs, être observé le dérangeait constamment. Dans les rues, il ne pouvait s'empêcher de fixer les personnes qui le regardait, avant de se rendre compte à chaque fois que c'était parce qu'Orphée les dévisageait qu'ils faisaient de même.
Il actionna le robinet, avant de relever la tête, face au miroir.
Il se statufia. Son visage... Son visage, si identique à l'autre... Il était là, juste derrière lui. Il le fixait. Il l'observait. Il ne voyait que lui. Luca était là. Si près, si près. Il n'avait qu'à se retourner. Il ne le voulait pas. Il ne le pouvait pas.
Luca était là. Ses jambes se mirent à trembler. Deux visages si identiques se dévisageaient à travers le miroir, tout aussi stupéfait l'un que l'autre.
C'était d'ailleurs Orphée qui avait révélé à leurs parents que Luca était gay, c'était lui qui avait fait en sorte qu'il soit rejeté. Rubens aurait dû être à lui, uniquement à lui. Il était tellement plus que Luca. Il était certes plus jeune, mais donc plus vigoureux. Bon, d'accord, de quelques heures seulement. Alors, pourquoi tout avait toujours dû mieux tourné pour son jumeau ? Luca avait tout eu. Même l'amour de cet homme.
Il ne pouvait détacher son regard de l'homme derrière lui. Son double. Ils étaient si beaux lorsqu'ils étaient réunis... Non ! Non ! Il n'avait pa le droit de penser cela !
Avoir fait perdre à son jumeau l'amour de ses parents ne l'avait jamais réellement touché. Een fait, il ne s'était jamais attardé à savoir ce que son frère avait pu ressentir. Il lui avait toujours pris tout ce qu'il désirait, que Luca perde une unique chose – l'amour de leurs parents - , cela ne le touchait tout bonnement pas. C'était le juste retour des choses.
Il n'osait bougé le souffle court. Il ne pouvait détacher son regard de celui-ci qui le détaillait.
Bien entendu, Orphée se souvenait de leur enfance commune, de leur fusion, de leurs jeux d'enfants, de l'amour qu'il avait pu ressentir un jour pour son double. Mais son jumeau n'était pas lui, son double était mieux que lui.
Il l'avait finalement haï. De tout son cœur.