Salut tout le monde !

Voici un petit recueil qui comprendra des OS courts écrit dans le cadre des Nuits du FoF, où on vous donne un thème par heure, et où vous avez une heure pour écrire sur le thème donné. J'ai trouvé l'exercice super marrant, donc il risque d'y en avoir d'autres probablement dans un mois, les Nuits du FoF ayant lieu tous les mois, alternativement le premier vendredi ou samedi du mois. MP moi si vous voulez plus de détails !

Auteur : Sana
Thème : Lumière
Personnages : Gabriel et Joshua
Disclaimer : genre j'vais disclaimer mes propres persos ! Ah, euh, Joshua appartient à ma copine Jyô. Hum.
Rating : soft, M. Je déconne. K, au plus. (Et pas K+. Juste K. Ah, on s'en fout en fait, hein?)
Note : le titre du recueil "Somewhere between waking and sleeping" vient d'une chanson du groupe Air que j'aime particulièrement, et en plus, ça convient parfaitement à mon état quand j'écris ces OS. (Vous pouvez aussi dire que je suis une brelle en titres, je ne vous en voudrai pas. Et même, je vous plussoierai.)
Note 2 : c'est court, très court. Dieu veuille que ça vous plaise tout de même ! Bonne lecture !


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C'est pas que j'aime pas le soleil. Mais j'ai eu tout le temps, pendant ma vie, de constater que j'étais plutôt ce qu'on appelle une créature de l'ombre. Toujours fourré chez lui, ne sortant que les jours de pluie, les volets toujours fermés, et pour parachever le cliché, les cheveux noirs, les yeux noirs et la peau hâlée. Les vêtements noirs.

J'ai pas forcément demandé à être comme ça. Je veux dire, quand on m'a donné ma personnalité en partage, l'option "tu seras un être de lumière" n'était pas comprise dans le pack pour trois euros de plus. Ça, c'est pour les types qui ont de la chance au départ, les mecs qui ont eu un bon karma dans leur vie précédente. Les types bien, quoi. Le fait de rester sans cesse cloîtré chez moi ne m'aidera pas à faire remonter ma moyenne pour la prochaine réincarnation, mais bon, ça sera à mon futur moi de se débrouiller avec ça, et tant pis pour lui.

L'égoïsme, la grande caractéristique de mon karma.

Ce soir, il n'y a rien d'intéressant sur internet, j'ai déjà lu tous mes livres, la télé passe des émissions débiles, et le soleil est couché : il est temps de sortir de chez moi, d'aller rôder comme un loup autour des endroits où s'agglutinent les gens bien pour faire comme s'ils appartenaient au clan des créatures de l'ombre, comme moi. Des bars, des boîtes, où l'alcool coule à flot et la drogue circule comme si c'était du simple tabac. Ils sont là, tous, à essayer de perdre leur humanité, pour des raisons qui leur sont propres, et moi, je m'infiltre parmi eux, je les observe, et je me repais de leur réactions. J'aime passer mes nuits à ça. Ne pas me joindre, juste les observer de loin, assis sur un siège dans un coin sombre de la pièce, sans être vu, mais pouvant tout voir.

Ces types ne sont pas des créatures de l'ombre, mais ça ne veut pas pour autant dire qu'ils sont des êtres de lumière. Les deux statuts, je vous le dis en toute modestie, sont d'un standing auquel n'accède pas le premier venu. Regardez-moi cette fille, à trois mètres de moi, dans cette mini-jupe qui laisse voir sa culotte et ce décolleté jusqu'en dessous de ses seins – eurk. Définitivement pas assez de classe pour une créature de l'ombre, et un être de lumière ne s'abaisserait jamais à son niveau.

Néanmoins, elle est assez fascinante, dans le genre vulgaire, et je l'observe avec attention, tendant de déterminer pourquoi je ressens pour elle une antipathie instinctive avant même de lui avoir adressé la parole – quand subitement, ma bière est vide, mon carburant à sec, et il faut recharger les batteries.

Ce bar où j'ai échoué est plein à ras bord, et si j'attends qu'un serveur remarque mon verre vide et vienne vers moi, je peux attendre jusqu'à la fermeture. Non, dans des moments comme ça, il faut prendre les devants. Je glisse de mon tabouret en hauteur, j'atterris sur le vieux plancher poussiéreux, et je fends la marée humaine comme Moïse la mer Rouge, pour venir me poser sur un coin du bar, où je pourrai commander ma bière…

Et là, c'est le choc.

- Qu'est-ce que je vous sers ?

Voilà. Là, j'en ai un, juste en face de moi. Un qui n'a sans doute pas demandé non plus à ce que ce soit compris dans son pack, mais qui, tout autant que moi avec les ombres, semble rayonner comme si un spot de lumière spécial l'éclairait partout où il allait. Le mieux, c'est qu'il n'a même pas l'air d'en être conscient. Il me fixe, un sourire tranquille aux lèvres, et les lampes rondes tamisées au dessus du bar jettent de l'or dans ses cheveux.

- Euh, je, je…

Ouais. J'ai déjà vu plus classe comme réponse.

- Je vous laisse réfléchir, reprend-il avec un sourire amusé, avant de s'éclipser de l'autre côté du bar pour aller servir un autre client, et me laisser dans mon état de choc.

Oui, parce que je suis en choc. Il n'y a pas grand-chose qui étonne le vieux Joshua, mais ce type, ce mec aux cheveux d'or, à la peau pâle, aux yeux encore plus bleus que ceux de Bradley Cooper, il m'a coupé le souffle. Il faut que je pense à refermer la bouche, parce que c'est comme si chaque réaction automatique de mon corps s'était arrêtée d'être inconsciente. Fermer la bouche. Cligner des yeux. Penser à respirer.

Je ne sais pas comment il a réussi ce tour de force. Le bar était bondé l'instant d'avant, et maintenant, tout a disparu, les bruits, les conversations, les gens. Tout s'est fondu dans le néant, et il n'y a plus que lui, son spot perso qui le suit alors qu'il sert à boire à des clients, et moi, qui ne peux pas en détacher mon regard, qui n'arriverais pas à le lâcher même si l'avenir de la terre – ou plutôt mon avenir, parce que je me soucie assez peu de celui de la terre, en fait – en dépendait.

Lorsqu'il lève à nouveau les yeux vers moi – putain, ses yeux bleus – j'ai l'impression de recevoir dans le ventre une décharge électrique suffisante pour me tuer. Il se rapproche de moi à nouveau, et me demande, avec son sourire mi-doux mi-moqueur :

- Vous avez choisi ?

Je n'ai pas eu le temps de réfléchir à ma réponse. Il a occupé toutes mes pensées. Alors je gargouille difficilement quelque chose.

- Karmeliet…

- Une Karmeliet ? Ok, très bien.

Il s'éloigne à nouveau, pour aller me remplir mon verre, et j'ai cette impression étrange dans mon ventre, ce tiraillement, comme s'il était lié à moi par une chaîne, et que cette chaîne se tendait à chaque fois qu'il s'éloigne. Je ne le quitte pas des yeux.

Il est habillé en chemise blanche et pantalon noir, un tablier noir par-dessus. Ses manches retroussées aux coudes. Ses cheveux blonds attachés en catogan, et ce petit sourire qui ne quitte pas ses lèvres alors qu'il me ramène ma Karmeliet.

Et là, il y a juste un truc que je veux savoir : est-ce que la fascination est partagée ?

Même si elle ne l'est pas, moi qui me suis toujours laissé porter au gré du vent, pour une fois, je me sens capable de faire le forcing pour arriver à l'obtenir. Parce qu'il faut que je l'obtienne, il le faut. Cet être de lumière, il sera à moi.

Quand il pose la Karmeliet devant moi, je lui attrape le poignet, et il me fixe. Pas étonné par mon geste, pas en colère. Tranquille, comme s'il comprenait tout ce qui se passe entre nous en cet instant. Il me renvoie mon regard – ça doit être une technique ancestrale pour empêcher les gens de se concentrer, et j'ai vraiment du mal à rassembler mes idées, mais quelque chose qu'il faut absolument que je lui demande surnage quelque part dans ma tête.

- C'est quoi ton nom ?

- Gabriel…

Il ne sourit plus. Il ne fait que de me regarder, les yeux dans les miens, et dans ce regard, je me vois déjà en train de l'embrasser sauvagement, en train de lui faire l'amour sur une des tables du bar.

- Et toi ?

Ça l'intéresse… Je l'intéresse. J'en ai le cœur qui se dilate.

- Joshua…

Il sourit, à nouveau, rapidement, et il va falloir que je pense à consulter un cardiologue si j'envisage de le fréquenter au long terme.

- Si tu veux bien lâcher mon poignet, Joshua, il faut que je travaille…

Comme si j'allais le lâcher, lui, mon être de lumière personnel ! Il a vu la vierge, ou quoi ? Je maintiens mon emprise sur son poignet si fin, et il sourit.

- Juste pour un moment, reprend-il. Tu pourras le reprendre après la fin de mon service si tu veux.

Fascination partagée, donc. Je le lâche. Il me fait une nouvelle fois ce demi-sourire irrésistible, avant de s'éloigner servir quelqu'un d'autre, et ma Karmeliet en main, dans un état d'esprit bien différent de celui qui m'a amené au bar, je retourne vers mon siège précédent, dans le coin d'ombre où je pourrai me réfugier et observer de loin mon être de lumière.

C'est ça qu'on appelle un coup de foudre, non ?

Probablement.

.oOo.


Et voilà mes pitits. Ne croyez pas en avoir fini, y'a deux autres OS qui vont suivre encore (c'est que ça rend prolifique, ces nuits du FoF!). Au fait, c'est moi qui ai définitivement un problème avec ce site, ou vous aussi vous n'avez que le html quand vous tentez d'éditer votre texte ? °sob° Moi triste.

Bref, à la prochaine !