Chapitre 5 : Perspective d'envol.
Icare s'était redressé sur ses coudes et toisait maintenant Samaël d'un air dubitatif.
-Tu ne me crois pas ? Lui demanda l'autre.
-… Non. Hésita-t-il à répondre.
-Hum je vois, tu préfère avoir des preuves. Fit le brun en sortant des draps pour poser ses pieds sur le sol.
Il se leva, s'éloigna un peu du lit en veillant à ne pas trop s'approcher du mur.
Icare se demandait bien ce qu'il allait encore faire, mais des frissons d'appréhension le parcoururent de part en part quand une étrange substance noire émana du corps de Samaël. Il ne pouvait pas définir ce dont il s'agissait, on aurait dit une sorte de brouillard, de fumée, mais il pouvait parfaitement voir au travers, c'était plutôt un halo de ténèbres, comme une aura … malfaisante en l'occurrence.
Il vit le brun fermer les yeux et les muscles de son corps parfait se contracter, il vit le rictus de souffrance qui barra son beau visage, il vit sa peau halée changer progressivement de couleur pour devenir blême, comme celle d'un cadavre et se désagréger par endroit comme si elle pourrissait. Il vit ses ongles fins s'allonger et devenir aussi pointus que des griffes, et ses yeux sombres devenir étrangement brillant.
Maintenant il croyait parfaitement à tout ce qu'il lui avait raconté ! Icare recula sans s'en rendre compte, mais le lit n'était pas bien grand et il dut stopper son geste arrivé au bord, son dos touchant le mur adjacent.
Il entendit le grognement sourd que Samaël émit. Et d'un seul coup, Il vit la chair se déchirer dans des bruits sinistres. Icare ne parvenait pas à fermer les yeux, pourtant c'était ce qu'il voulait le plus au monde en cet instant. Ce qu'il voyait n'était pas normal.
Pas normal du tout.
Samaël avait désormais deux grandes ailes, membraneuses, parsemées de veines, comme celles des dragons de ses rêves d'enfants, deux cornes ornaient son crâne, d'une matière noire, qui reflétait la lumière, et il avait une queue, une queue gigantesque, on aurait dit de l'acier en fusion constante, méchamment pointue au bout. On aurait simplement dit un démon, ou bien un monstre. Oui, un monstre, le monstre d'un horrible cauchemar ! Icare voulait se réveiller, tout de suite. Ne plus jamais voir ce … cette chose, ne jamais refaire ce cauchemar et ne plus s'en rappeler en se réveillant.
Samaël voyait les larmes de terreur qui commençaient à poindre aux coins des yeux du pauvre humain, et il eut pitié. En même temps qu'un sourire cruel naissait sur son visage, il s'avança vers Icare, grimpa sur le lit et s'avança encore plus près. Il entendait le cœur du gamin battre à un rythme effréné. Lentement, il approcha sa main ouverte jusque sur le front d'Icare, l'y déposant doucement pour mieux accéder à son esprit. Et le jeune homme sombra dans l'inconscience.
OoOoOoOoO
Icare se réveilla lentement, voulant rester le plus longtemps possible dans sa douce torpeur, dans le cocon de chaleur qu'étaient ses draps. Il poussa un gémissement de contentement en enfouissant un peu plus sa tête dans son moelleux oreiller. À son plus grand plaisir cette fois il n'était pas attaché. Il ne voulait pas se lever, mais la sensation d'avoir trop dormi l'assaillit soudain. Sa tête ressemblait à une discothèque, des lumières dansant devant ses yeux, son sang pulsant au rythme de son cœur en guise de batterie. Il maugréa et finit par se mettre debout. D'assez mauvaise humeur il avançait lentement, trainant des pieds. Samaël avait l'air d'être sortit, puisqu'il n'était ni dans la petite cuisine, ni dans le salon. Il déjeuna seul et décida d'aller dehors, ne serait-ce que pour voir le jour.
Il faisait chaud, le soleil brillait et dardait ses rayons absolument partout. Le quartier dans lequel habitait Icare était assez triste, il n'y avait que des vieux immeubles, gris, sales, mais la lumière se reflétant sur ces murs gris était éblouissante.
Il avait besoin d'un endroit frais. Il marcha longtemps mais rapidement pour aller jusqu'à un petit parc non loin. Il y avait un bois, des chemins et surtout un lac où flottaient des cygnes blancs.
Il s'assit sur l'herbe verte qui poussait sur les rives de l'étang. Le petit bois l'entourait, et il savait que personne ne le trouverait ici.
OoOoOoOoO
Malek regardait Samaël se rhabiller. Il avait vraiment un corps à se damner, mais ça Malek l'était déjà de toute manière. Il savait qu'il ne pouvait en profiter que dans de rares occasions alors il n'en ratait pas une seule. Il fallait que le déchu fasse une chose qu'il regretterait plus tard pour s'offrir à lui. Malek déduisait de ces étreintes éphémères que la culpabilité que ressentait Samaël devait lui donner envie de se défouler.
Samaël se rendit soudain compte qu'il le regardait fixement.
-Quoi ?
Malek arrêta de se rincer l'œil pour lui répondre.
-Tu as fait une connerie pas vrai ?
-Comment tu sais ça ?
-Tu sais que je devrais te dévorer ?
-Je ne suis pas un humain. Comment tu sais ?
-Samaël … Je te connais. Quand on couche ensemble, c'est qu'il y a un problème. Un peu comme le calme avant la tempête … le beau temps avant l'orage collerait quand même mieux, ces dictons humains sont totalement faux en fait !
Samaël sembla contrarié un instant. Puis il soupira et vint s'assoir à côté de lui, sur le canapé de Bel.
-C'est à propos d'Icare … Je crois que je m'y suis mal pris.
-Quoi ? Tu lui as tout dit ?
-Non … mais il n'a pas crut grand chose de ce que je lui ai dit.
-Et ?
-Je me suis transformé pour le lui prouver.
Malek en resta muet un instant.
-Tu … mais … ça va pas ? Qu'est-ce qui t'a pris ? Il doit être terrorisé !
-Je l'ai endormi et j'ai effacé ce souvenir …
-Quoi ? … Oui je confirme tu t'y es mal pris ! Ils peuvent repérer ta magie ! Ça veut dire qu'ils savent où il est maintenant.
-Oui je sais … J'ai agit sur un coup de tête, j'avais peur qu'il m'en veuille … J'ai été idiot. Maintenant, ils vont tout faire pour le ranger dans leur camp.
Ils restèrent silencieux un instant. Réfléchissant à ce que cela impliquait.
-Il va falloir que l'un de nous soit en permanence avec lui.
-Je ne pense pas que ce soit un problème, on couvrira largement ses déplacements à nous deux. Fit Samaël, optimiste.
-Ce sont justement ces déplacements qui posent problème ! Je ne pense pas pouvoir faire grand chose si un contingent d'ange nous aborde dans la rue et me demande de gentiment lui céder Icare, relativisa Malek, surtout si un archange s'emmêle …
-Il faudrait le faire rester ici dans ce cas …
-Ils pourraient quand même venir ici et l'emmener. Tu ne pourrais pas plutôt transférer tout l'appartement aux enfers ?
-Hum … ça me demanderait beaucoup trop d'énergie … à la limite je pourrais déphaser la chambre mais ça …
Il s'interrompit brusquement. Une énergie bienfaisante venait de résonner non loin.
Malek aussi analysa l'entité.
-On dirait … Hamiel. Fit-il.
-Elle n'est pas complète.
-Qu'est-ce que ça veut dire ?
-Qu'elle n'est là qu'à moitié et qu'elle se tient prête à rentrer dès qu'on se pointera.
Samaël ouvrit soudain de grands yeux.
-Où est Icare ?
Malek aurait bien répondu, mais il n'en avait aucune idée. Il supposait qu'il dormait puisqu'il n'avait pas déboulé dans le salon malgré leur … séance de sport de canapé. Puis soudain il comprit. Icare avait dû s'en aller avant qu'il n'arrive ici, et avant que Samaël ne revienne peu après.
Tous deux tournèrent subitement la tête dans la direction de l'énergie. Aussi rapidement qu'ils le purent, ils reprirent leur forme psychique, qui les rendait invisibles et impalpables dans cette dimension, ils déployèrent leurs ailes, traversèrent les murs et s'envolèrent à pleine vitesse vers l'archange.
Hey hey ! Désolée de cette longue absence ! En plus, le chapitre était écrit depuis au moins deux semaines, j'ai complètement oublié de le publier x)
Enfin bref, ce chap annonce ... L'ACTION ! Mouhaha ! Maintenant, ça va saigner xD
Aller, à la prochaine fois (ou du moins, à votre review xD)