Bonjour et bienvenu à tous !

Cette fic est ma toute première alors je demande un peu d'indulgence... ^^'

J'espère toutefois qu'elle vous plaira et que vous passerez d'agréables moments à en dévorer les chapitres ^^

Sur ce, bonne lecture et n'oubliez pas qu'une petite review est toujours bien venue !


CHAPITRE 1


.

Comme tous les matins, je franchis les portes du lycée et je fus assailli par mes potes. C'était toujours comme ça et je ne m'en plaignais pas. J'étais le mec le plus populaire du bahut.

En répondant gentiment à quelques clins d'œil que me faisaient des filles que je ne connaissais même pas, je savais déjà qu'elles en parleraient toute la semaine.

Que voulez-vous ? Ce n'était pas tous les jours que Kyle Morgane daignait se gêner. Mes petites attentions n'étaient habituellement réservées qu'à celles qui me plaisaient vraiment. Les autres, rien à faire. Alors ces idiotes se faisaient des films pour rien.

Quoi que… ''On ne sait jamais'', dit-on. Lorsqu'elles s'approcheront plus tard, (ce qu'elles ne manquaient jamais de faire), je tomberai peut-être sur un bon spécimen. Je n'en avais peut-être pas l'air mais je n'étais pas le genre de type à vouloir me faire toute les meufs du coin. La moitié faisait très bien mon affaire. Ainsi je conservais un côté inaccessible pour les autres qui me trouvaient entouré de mystère. Pour entretenir le mythe, il n'y avait pas mieux comme tactique.

En cherchant un peu du regard, je repérai rapidement mon groupe le plus intime d'amis. Ils étaient une dizaine. C'était beaucoup mais qu'y pouvais-je si tout le monde voulait être pote avec Kyle Morgan ? Je leurs fis un signe de main pour leur permettre de me remarquer à leur tour et attendis qu'ils s'avancent vers moi mais au moment, une autre petite star des lieux faisait son entrée et je m'arrêtai pour le regarder passer.

Contrairement à moi il cherchait à se faire le plus petit possible mais concrètement, il lui aurait fallu une baguette magique pour réussir un tour pareil.

Le pauvre. J'en ris mentalement.

Dans mon lycée il y avait les VIP et puis les Loosers. Entraient dans la dernière catégorie, les tarés, les moches, les binoclards, les gros, etc... Mais quand tous ses tards se réunissaient en une seule et unique personne, on l'appelait le roi des loosers et il se prénommait Éric Portman.

Pour être juste, taré, il était loin de l'être. Mais pour le reste…

Enfin, je ne savais pas trop. Je n'y avais jamais vraiment prêté attention. Mais s'il avait une caractéristique qui ne pouvait pas passer inaperçu, c'était bien son poids. Oui quoi, même un aveugle ne le louperait pas.

Lorsqu'il passait comme ça, il fallait lui faire de la place si on ne voulait pas finir aplati comme une crêpe.

Aller savoir pourquoi il se sentait obliger de venir en cours à pieds et ce presque tous les jours. Ça le faisait transpirer comme un dingue et couvert de sueur comme il l'était, personne ne voulait l'approcher.

Les transports en commun, il connaissait au moins ? Mais bon, avec lui dedans, j'imaginais mal l'engin bouger. Haha.

Eh oui, c'est ainsi que la vie est injuste. Il y avait les gens de sa catégorie, ceux qui n'avaient rien pour eux, et puis il y avait ceux comme moi. Ceux qui avaient tout.

Après tout, personne ne l'avait obligé à se goinfrer à ce point non plus.

Alors que je pensais cela, il arriva à ma hauteur. Nos regards se croisèrent un instant mais il baissa rapidement le sien. C'était la première fois que je le voyais d'aussi prêt. Il m'avait l'air encore plus énorme que d'habitude.

Mais, je remarquai autre chose. Quelque chose que je n'aurais pas pu voir de loin.

Il avait de beaux yeux. De beaux yeux émeraude aux reflets tantôt sombres et tantôt lumineux…

Je désespérais de lui trouver quelque chose un jour. Voilà chose faite.

Au moins la prochaine fois que les filles se moqueraient de lui, je pourrais leur dire qu'il avait des yeux irrésistible. Ça ne risquait pas de changer grand-chose mais quelque fois, lorsque j'entendais les autres le critiquer, j'avais un peu envie de le défendre. Un tout petit peu.

Oui, j'ai un cœur en Or, je sais.

Dès que mes amis furent devant moi, j'oubliai aussi soudainement l'insignifiant Éric Portman que je m'étais surpris à prêter attention à lui.

Ma journée ne fut en rien différente à celles que je passais d'habitude entre mes cours et les petites pauses mentales que je m'accordais de temps à autre, lorsque le flot intarissable de parole qui sortait de la bouche des profs commençait à me souler.

Dans ces cas, je posais simplement la tête sur ma table et je m'évadais un peu.

En pause, alors qu'un débat animé se tenait au sein de mon groupe d'amis sur la nouvelle paire de nichon d'une fille que j'avais en vue depuis peu, mon regard se posa sur lui. Éric Portman. Sans vraiment savoir pourquoi. Il n'était même pas à côté de moi et normalement je ne m'y serais pas attardé, mais, une idée venait de germer dans ma grosse tête de génie et je souris.

Dès que retentie la sonnerie annonçant la fin des cours, je prévins mon meilleur pote, Franck, que je ne pourrai pas le déposer chez lui mais qu'il pouvait prendre ma voiture que je récupèrerais le lendemain. Au drôle d'air qu'il m'afficha, je devinai que les questions allaient pleuvoir et je pris mes jambes à mon cou.

Il devait penser que c'était forcément une histoire de fille et c'était bien comme cela.

J'attendis alors patiemment à la sortie, que passe Portman. Je finis carrément par perdre la notion du temps en jouant tranquillement sur mon smartphone lorsqu'il passa enfin à côté de moi sans même me remarquer.

Machinalement, je vérifiai l'heure.

Mine de rien, il s'était écouler près d'une heure depuis que j'attendais. Quelle perte de temps ! Mais bon… je m'y étais un peu préparé. Il attendait toujours que le lycée se vide un peu (surtout ceux de notre cours) pour se bouger. Je devinais que c'était pour éviter de se faire remarquer. Les autres n'étaient pas toujours tendre avec lui

J'attendis qu'il me distance de quelques mètres puis je me dépêchai de le rattraper.

Une fois à sa hauteur je lui dis:

- salut Portman !

Il ne devait pas s'y attendre car il sursauta comme si le diable en personne venait de lui parler et sa surprise s'agrandit encore plus lorsqu'il se rendit compte que c'était moi.

Ouais. Je pouvais comprendre que même le diable ne pouvait pas soutenir la concurrence face à moi.

- s...s... sa...lut... balbutia-t-il.

Hum, je l'impressionnais. J'aimais faire cet effet-là.

- Alors ça va? Dis-je, il m'arrive de passer par là mais je ne t'ai jamais croisé. Je me demande pourquoi.

- heu... je...

Ce gros lard voulait-il bien me faciliter la tâche ? Ces bégaiements étaient presque agaçants.

- bon, ben ce n'est pas grave. Repris-je quand même sur un ton qui se voulait avenant. On pourrait faire le chemin ensemble quelquefois. Tu veux ?

C'est Kyle Morgane lui-même qui te le propose pensai-je sans le dire.

- ...

- …

- …

À ce rythme on en avait pour des années...

Serait-il si bête qu'il était incapable de formuler une phrase complète?

« Oui... oui. Bien sûr que je veux... »

Ah ben voilà...

Voilà comment naquit une belle histoire d'amitié entre celui qui était au sommet et celui qui était tout en bas. Enfin, c'était surtout lui qui croyait en cette amitié. Parce qu'après l'exécution du magnifique plan que j'avais échafaudé, il ne me servait plus à grand-chose.

Mon plan? Il était tout simple. Simple mais magnifique. Les deux plus grandes célébrités du bahut faisant du "copain-copain", ça avait forcément fait du bruit. Surtout que tout le monde avait compris que c'était mon grand cœur sensible qui m'avait poussé à faire ce geste héroïque. Voler au secoure d'un pauvre gamin martyrisé. Quelle grandeur de cœur quand même! Il en fallait du courage pour supporter la compagnie d'Éric Portman.

La gente féminine avait littéralement fondu devant une âme aussi pure que la mienne. Ma cote était montée en flèche. Même les binoclardes complètement coincées qui pensaient que je n'étais qu'un crâneur disaient maintenant que j'étais quelqu'un de bien.

Éric n'était pas à plaindre non plus. C'était du gagnant-gagnant car chacun y avait trouvé son compte. Il n'était plus la bête de foire que tout le monde observait curieusement ou agressait verbalement. On le laissait vivre depuis qu'il était devenu le copain de Kyle Morgane et que celui-ci l'avait publiquement défendu en tant que tel.

Mais bon, deux semaines étaient passées et déjà il ne me servait plus à rien alors je cherchai à le rendre moins inutile.

Comme il me suivait partout, je lui faisais porter mes affaires. Il me ramassait les balles lorsque je m'entrainais au tennis et depuis que je l'avais ramené à la maison, car je savais que cela blufferait ma mère autant que mes camarades, je lui faisais faire les petites taches dont ma mère m'encombrait malgré le nombre de domestique que l'on avait, soit disant pour que je ne devienne pas un fainéant.

C'était bien pour sa santé. Ça lui faisait un peu de sport. Il lavait ma caisse, rangeait ma chambre. Faisais mes courses. Grace à lui, je pouvais enfin être un gosse de riche aussi fainéant que les autres.

En plus je n'avais pas à culpabiliser car il faisait tout cela avec le plus grand bonheur. Il savait où était sa place et j'aimais ça.

Le temps passa et j'appris à le connaitre un peu mieux. Je m'habituais à lui. Je m'étais rendu compte en discutant avec lui qu'il était loin d'être idiot. On ne lui avait certainement pas fait sauter deux classes pour rien. On parla de son poids quelques fois aussi. Il essayait d'en perdre mais ce n'était pas facile. Il essayait de manger équilibrer et de faire du sport. Comme jogger tous les matins. Marcher aussi. Pour aller en cours par exemple. Heureusement qu'il n'habitait pas à plus d'une quarantaine de minutes de marche.

Portman était aussi quelqu'un de très compréhensif. Du moins avec moi. En tout cas il l'avait été lorsque je ne l'avais pas invité à la fête que j'avais donnée pour mon 16e anniversaire alors que j'avais invité presque toute la classe. Mais je ne voulais pas que mes cousins tombent dessus. S'ils apprenaient que je me faisais des amis bas de gamme, je risquais de supporter des blagues idiotes le restant de mes jours.

En fait, en dehors de l'école, j'avais toujours un peu honte de trainer avec lui.

Durant les vacances de cette année-là, alors que tous mes amis avaient voyagés pour quelques destinations de rêves, j'avais été privé de mon été sur les plages du brésil que m'avaient promis mes vieux et tout cela parce que je n'avais pas ramené les notes qu'ils voulaient. J'étais un bon élève et c'était déjà plus qu'assez. Je ne ressentais pas le besoin d'être parmi les meilleurs. C'était ma vie quand même et ils pouvaient aller se faire voir s'ils n'étaient pas content.

J'avais décidé de passer un bon été quand même avec la seule autre personne que je connaissais et qui n'avais nul part où aller en été.

Ce fut la période durant laquelle on se rapprocha le plus car on passait beaucoup de temps ensemble. Il était si serviable que j'en devenais presque dépendant.

La grosse surprise par contre a fut l'arrivée de sa sœur qui habitait New-York. Sa grande sœur d'un an.

En tout cas, ils n'avaient vraiment rien en commun…

J'avais dû ramasser ma mâchoire sur le sol de l'aéroport lorsque je l'avais emmené la chercher. La bombe! Elle avait les mêmes cheveux blonds que lui, une silhouette de star, sans un seul kilo en trop. Des lèvres qui te donnaient une folle envie de l'embrasser. Mais ses yeux, surtout ses yeux, ils étaient du même vert que ceux d'Éric mais sur elle ça donnait un tout autre résultat.

Evidemment, on avait rapidement sympathisé. Elle s'appelait Brook et elle était à tomber. Éric fit rapidement figure d'accessoire alors qu'on se voyait pratiquement tous les jours, tous les trois, depuis que sa sœur était là. Je ne prêtais plus vraiment attention à lui et quelque fois j'aurais carrément voulu qu'il s'éclipse mais j'avais l'étrange impression qu'il était décidé à ne pas se laissé évincé.

Je me rappellerai toujours sa réaction un jour alors que je l'emmenais regarder un film pour respecter une promesse que je lui avais fait un mois plus tôt et que, remarquant qu'il s'était pointé seul, j'avais envoyé un message à Brook pour qu'elle nous rejoigne devant le cinéma, ce qu'elle avait fait.

Éric s'était énervé. Il avait protesté. J'étais si surpris que je n'avais rien capté de ce qu'il avait dit avant de s'enfuir presque en courant.

Après tout je ne l'avais jamais vu sortir de ses gongs auparavant. Je n'imaginais même pas que cela pouvait arriver.

Sa sœur m'avait rassuré immédiatement. Elle avait dit qu'il reviendrait. Que ça ne lui ressemblait pas. Il ne devait pas être dans son assiette et il s'excusera surement.

Elle avait raison. Il était revenu quelques minutes plus tard, penaud et avait fait exactement tout ce qu'elle avait prévu alors on avait rapidement passé l'éponge.

Rien ne s'était finalement passé entre Brook et moi car elle n'était pas restée assez longtemps (deux semaines) et son frère avait été omniprésent tout le long.

Je me remis cependant très rapidement de cet échec car avec la rentrée toute proche, je savais que je n'allais pas manquer de compagnie de belles demoiselles.

Mon premier jour en terminale, lorsque je me pointai avec ma nouvelle 4X4 aux portes du lycée, ce n'était pas tant pour changer une énième fois de voiture mais pour un transport plus commode de mon nouvelle ami. Lorsque je lui avais dit que j'avais demandé ce cadeau à mes parents, juste à cause de lui, sa réaction avait été bien au-delà de ce que j'avais pu imaginer. Je ne l'avais jamais vu aussi heureux depuis que je le connaissais, même s'il souriait presque tout le temps.

Puis vint ce fameux jour.

C'était l'hiver, c'était décembre et c'était bientôt les vacances.

J'avais quelques soupçons depuis l'épisode de Brook et en prêtant un peu plus attention à ses réactions lorsque je le frôlais sans le faire exprès, aux rougeurs qui lui montaient au visage lorsque je lui souriais… je m'étais dit que quelque chose clochait forcément.

Malgré tout, ça fait quand même un choque de s'entendre dire par un mec qu'il est amoureux de vous.

Ma première réaction fut un éclat de rire. Je ne pus m'en empêcher. Avouons-le, c'était assez drôle. Le gros balourd qui déclarait, comme ça, au mec le plus cool du lycée qu'il était dingue de lui. Sans compter que sans être homophobe, je n'avais ABSOLUMENT AUCUN penchant homosexuel. Comment aurais-je pu alors que des filles comme sa propre sœur existaient sur notre planète ?

J'étais tellement stupéfait que je commençai par lui demander comment il avait pu s'imaginer une seule seconde ? Quelqu'un comme lui qui donnait dans les tonnes en matière de poids et qui n'avait vraiment, franchement, aucun atout physique. A quoi s'attendait-il ? que croyait-il que je lui répondrais ?

Il répondit qu'il ne savait pas, qu'il était désolé.

Il pouvait l'être oui, ce n'était pas parce que je trainais avec lui lorsque je n'avais vraiment rien d'autre à faire qu'il pouvait se permettre de s'imaginer ce genre de chose. D'ailleurs il s'en imaginait déjà assez. Comme notre prétendue amitié. Il était bête de n'avoir pas remarqué qu'il me servait de domestique plus qu'autre chose. Je ne le gardais à me côté que parce qu'il me servait à quelque chose. Je l'aurais oublié dès la fin de l'année de toute façon car notre amitié ne représentait rien pour moi.

Je ne me gênai pas pour lui sortir tout cela et lorsqu'à la fin, je lui avais demandé ironiquement si c'était parce que aucune fille ne voulait de lui qu'il avait décidé d'essayer du côté des mecs?

Il n'avait pas supporté plus et il s'était enfui en courant, des larmes glacées s'échappant de ses yeux verts...

Je n'avais pas vraiment eu de remord sur le moment. Il l'avait cherché. Me jeter un truc pareil à la figure sans prévenir.

Mais il n'était pas revenu en cours après cela. Ni le lendemain, ni le jour d'après. J'attendis la fin de semaine pour aller voir ce qu'il avait. C'était quoi son problème ? Il n'allait pas me dire que c'était la première fois de sa vie qu'il se faisait jeté ?

Ce ne fut que lorsque je me rendis à son appart désert et que le concierge, que je connaissais bien me raconta les évènements de la semaine jusqu'à son déménagement, que je me sentis coupable.

Horriblement coupable.


.

.

Kyle Morgane, 23 ans.

Je déménageais. Je partais travailler dans l'une des firmes de la société de mon père, histoire d'avoir assez d'expérience pour la diriger dans quelques années.

Avant de quitter définitivement cet appartement qui m'avait abrité pendant 3 ans, je jetai un dernier regard à l'immense miroir fixé au mur qui me renvoyait l'image de ce que les autres appelaient " un jeune homme très séduisant".

Je souris en me rappelant que ces cheveux d'un brun très prononcé et ces yeux bleus avaient fait un malheur dans mon adolescence.

Qu'est-ce que je n'avais pas fait pour m'assurer de garder la place que me conférait mon physique?

Qui aurait cru que je m'en ficherais totalement aujourd'hui?

Soudain, son image me traversa l'esprit. Comme à chaque fois que mes souvenirs se fixaient sur mes années de lycée, je revis ces yeux verts, son sourire resté innocent malgré toutes les brimades qu'il avait dû subir.

Je soupirai et plongea une main dans ma poche pour en sortir un petit bout de papier jauni que je contemplai le regard vide.

Je me rappelais bien ce jour où j'étais allé à son appartement voir pourquoi il ne revenait plus en cours. C'était le concierge qui m'avait griffonné sur cette feuille l'adresse de sa tante qui était venu l'emmener. Et aujourd'hui je partais habiter dans cette même ville où il était parti il y a si longtemps.

Y était-il toujours? Il avait dû grandir. Comme moi. Avait-t-il changé? Je me posais tellement de questions et j'appréhendais le moment où j'irais sonner à sa porte et qu'il viendrait peut-être ouvrir sans savoir qui c'était...

Quelle serait sa réaction? Il avait dû m'en vouloir dans le temps. M'en voulait-il encore? En tout cas une chose était sûre, je le retrouverai. Je me devais de le faire. Pour lui, mais aussi pour moi, car si je n'y arrivais pas, cette culpabilité qui me rongeais depuis si longtemps et m'empêchais de vivre continuerait à me dévorer jusqu'à la fin de mes jours.

Alors, il fallait que j'y arrive. Il fallait que je lui présente mes excuses. Que je lui demande pardon pour ces mots cruels que je lui avais lancé à la figure ce jour d'hiver…

Je jetai un dernier coup d'œil aux pièces vides de mon appartement et je fermai définitivement la porte.

Au volant de ma voiture, Alors que le paysage défilait devant mes yeux sans que je n'y prête grande attention, mon esprit vogua encore vers lui…

Lorsque j'avais appris qu'il était parti, je m'étais tout de suite senti très coupable, surtout lorsque le responsable m'avait raconté la dépression qu'il avait fait, son état de santé qu'il voyait se dégradé si vite et à un point où il s'était senti obligé de contacter sa famille.

D'abord je n'avais pas pensé que cette culpabilité me poursuivrait ainsi. Même Franck s'en était étonné lorsque, n'en pouvant plus, je m'étais confié à lui. Il m'avait dit que finalement j'avais plus de cœur qu'il n'y paraissait. Franchement, je m'en serait bien passé. J'aurais voulu oublié très vite cette histoire et pouvoir penser aujourd'hui que c'était une simple erreur comme en faisait tous les ados à cet âge.

Au lieu de ça, j'avais complètement changé et je savais que je ne me sentirais à nouveau moi-même que lorsque j'aurais réussi à obtenir son pardon.

Assez crevé, j'arrivai enfin à destination le soir vers 18h. Mon nouvel appartement se trouvait dans un immeuble où il n'y en avait pas plus de deux par étage. Ce que je recherchais était le plus d'intimité possible. J'avais d'abord cherché à occuper un étage entier mais on m'avait annoncé que toutes les locations de ce genre étaient déjà occupées. Dans une petite ville comme celle-là, ce n'était pas si étonnant.

Les gens y avaient un niveau de vie généralement assez élevé avec une mentalité conservatrice, à l'image de leurs immeubles plutôt bien entretenus qui dataient tous pour la plupart de l'époque de mes arrières, arrières, grands-parents.

Je rangeai ma voiture et pris l'ascenseur pour monter au quatrième étage où se situais ma nouvelle demeure.

L'ascenseur s'ouvrit sur le couloir qui me séparait du seul autre appartement de l'étage.

Je vis un jeune homme d'apparence assez frêle en sortir d'un pas mal assuré avant de se laisser glisser contre la porte refermée. Un instant je me demandai s'il a un problème. Puis je le vis glisser la main dans la poche de son jean délavé pour en sortir un paquet de cigarette qu'il alluma et se mit à fumer tranquillement.

Merde! C'est interdit dans cet immeuble!

Je détestais les fumeurs. La fumée, moi, ça me dérangeais. En plus c'était mauvais pour la santé…

Mais bon, c'est mon premier jour, alors je n'allais pas me disputer avec mon voisin pour un rien.

Je m'avançai alors vers mon entrée mais arrivé à sa hauteur, quelque chose me força à m'arrêter. Tout bêtement, je me mis à le regarder.

Il avait les yeux fermés et le visage détendu alors qu'il savourait tranquillement sa clope. Les mèches de ses cheveux châtain clair lui tombaient en cascade inégale sur les yeux.

Il rejeta légèrement la tête en arrière puis poussa un léger soupire en recrachant un peu de fumer. À cet instant, je ne pus m'empêcher de penser qu'il était diablement beau.

Enfin... s'il s'était trouvé dans le même lycée que moi dans mon adolescence, j'aurais eu une sacrée concurrence. Pourtant, au premier coup d'œil, on était très différent. Alors que j'étais presque toujours en costume cravate et les cheveux toujours bien coiffé, lui avait un style bien plus... décontracté?

Il était vêtu d'un jean délavé et déchiré au niveau des genoux, je remarque d'ailleurs le "Fuck u" écrit bien en évidence en gros caractère sur sa chemise d'un noir aussi profond que mes cheveux. Il se baladait les pieds nus en plus. De toute évidence, il devait être ce genre de personne qui se foutait royalement de tout.

Des muscles, il ne devait pas beaucoup en avoir. Il est très mince, ce qui lui donnait une apparence assez frêle ou même fragile sans toutefois lui conférer quoi que ce soit de féminin. Même son visage fin n'y parvenait pas.

J'observai ces longs cils toujours clos et je me surpris à désirer qu'il les décolle.

Pourtant, je fus très surpris, qu'à l'instant même où je me rendais compte de mes pensées, ses yeux s'ouvrirent lentement sur un vert aux reflets sombre,

Ce même vert que je connaissais si bien et dont seulement la lumière avait disparu...


.

.

comment trouvez-vous ce premier chapitre?

que pensez-vous des personnages?

n'hésitez pas à laisser votre avis, ni à passer au chapitre suivant ;)