Et voilà 2ème et dernier chapitre. Bonne lecture ;)
Plage privée – Honolulu – janvier 2010
Le sable chaud et fin glissait autour des pieds de Leilani et le soleil dardait sur lui ses doux rayons chaleureux. Celui-ci se rappela de la période où il était devenu amnésique à cause de son accident. Il en avait souffert, mais son compagnon également. Le jeune homme n'avait toujours pas compris pourquoi son esprit lui avait occulté Napua, comme si cet accès lui avait été bloqué. Mais à présent, près de sept mois plus tard, Leilani se rappelait de tout, et que l'amour qu'il ressentait pour Napua n'avait jamais été aussi fort que maintenant. Pourtant, le jeune Hawaiien avait remarqué une chose chez son compagnon. Napua éprouvait toujours une peur profonde, celle de le voir perdre la mémoire une seconde fois. Et même s'il s'efforçait de le lui cacher, Leilani le ressentait vivement. Cela le blessait, mais en même temps il le comprenait. Comment aurait-il réagi si c'était Napua qui n'avait plus eu de souvenirs de lui ? Certainement pas mieux que son amant…
Il s'arrêta au bord de l'océan et contempla le coucher du soleil. Leilani adorait cette période de la journée, car le soleil donnait une nuance de couleur magnifique au paysage. Les pics montagneux prenaient une belle couleur ambrée, les palmiers se découpaient dans le panorama. Le jeune homme sentit alors deux bras l'enlacer à la taille et une tête se poser sur son épaule. Un beau sourire franchit ses lèvres et ses mains vinrent se poser sur celles qui l'entouraient.
-Je t'aime tellement mon amour.
-Je t'aime aussi Napua.
Celui-ci sursauta. Il fit se retourner son amant qui put voir son visage stupéfait face à lui.
-Leilani, je n'ai pas parlé, je… je n'ai fait que le penser.
-Arrête, je t'ai entendu, tu veux encore m'avoir.
-Je t'assure que non, je n'ai jamais été aussi sérieux.
-Alors, explique-moi comment j'ai pu entendre ce que tu pensais ?
-Je ne sais pas… Leilani, tu me crois au moins ?
Ce dernier se rendit compte que son amant était on ne peut plus sérieux. Le trouble qu'il voyait dans ses yeux n'était pas feint. De toute évidence, il s'était passé quelque chose qui les dépassait tous les deux. Fronçant les sourcils, il ferma les yeux.
-Essaye de penser à quelque chose s'il te plait.
Napua obéit et se mit à penser au jour où Leilani avait retrouvé la mémoire. Ce dernier se concentra et commença à voir apparaitre la scène du point de vue de son amant. Les sensations qu'il percevait lui étaient étrangères. Il comprit alors que la scène évoluait qu'il s'agissait des sentiments de Napua. Sa peur lorsqu'il l'avait vu à genou par terre dans leur salon, la surprise quand il lui avait parlé de la soirée représentée sur la photo, du soulagement quand il avait compris que ses souvenirs revenaient et de l'amour qu'il éprouvait pour lui.
Lorsque Napua cessa d'y penser, son amant fut comme rejeté de son esprit et dû s'agenouiller dans le sable, tremblant face à ce qu'il venait de se passer. Inquiet, Napua s'agenouilla et encercla de ses mains le visage stupéfait de son amant.
-Leilani ?
Mais celui-ci ne répondit rien, trop perturbé. Comment avait-il pu faire cela ? C'était physiquement impossible. Personne ne pouvait faire une chose pareille. Napua réitéra son appel jusqu'à ce que le jeune homme revienne à la réalité et le regarde.
-Que s'est-il passé?
Voyant que Leilani avait du mal à reprendre pied avec la réalité, Napua l'aida à se lever et ils rentrèrent chez eux. Il le fit asseoir sur le canapé et s'installa à ses côtés.
-J'ai vu… tout ce qu'il s'est passé, le jour où j'ai retrouvé la mémoire. Mais je n'avais pas l'impression que c'était moi, en fait je me voyais. J'étais toi.
-Comment ça ?
-Je pouvais tout percevoir, tout ce que tu as ressenti, je le sentais.
-Tout ?
-Oui, ta peur, ta souffrance, ta surprise, ta joie, j'ai tout ressenti comme si c'était mes propres sentiments. C'est… déstabilisant.
Napua n'en revenait pas. Alors, c'était vraiment ça. Leilani pouvait lire et voir ses pensées. Pour les ressentis, ça il ne l'aurait probablement pas cru, mais venant de son amant, c'était plus que probable.
-Jamais je n'ai compris tout ce que tu ressentais et je suis désolé de t'avoir fait souffrir, je m'en veux…
-Mais tu es là à présent et tu te rappelles de tout. C'est le principal pour moi.
-Tu as peur de me voir redevenir amnésique, je le sais, tu n'as pas à le cacher.
L'Hawaïen ne sut quoi répondre, il ne pensait pas être aussi transparent. Mais le principal à présent c'est de comprendre pourquoi son amant pouvait soudainement lire dans ses pensées. Et pour avoir ses réponses, il savait très bien où aller.
-Prépare-toi mon amour, nous allons aller voir une personne qui répondra à nos questions. Il faudra marcher un peu.
-Où veux-tu aller ?
-Tu verras.
Napua lui sourit et l'embrassa avant de lui prendre la main et de se diriger vers la chambre. Leilani se demandait bien où allait l'emmener son amant, mais il le suivit dans la voiture, puis plus tard dans la forêt. Il se demandait bien ce qu'il pouvait y avoir qui l'aiderait dans ses montagnes. Près d'une heure après leur départ de la maison, Leilani découvrit une petite habitation nichée dans une clairière verdoyante. La bâtisse en pierre apparente n'était pas moderne, mais pas vieille non plus. On pouvait difficilement la confondre avec les maisons que l'on rencontrait dans les contes pour enfants. Le soleil dardait ses rayons sur les murs, mais la forêt tropicale environnante apportait la fraicheur nécessaire pour ne pas étouffer.
La porte s'ouvrit brutalement sans qu'ils aient le temps de frapper et Leilani rencontra un regard argenté. Une vieille femme les attendait sur le palier, souriante.
-Napua ! Quel plaisir de te revoir, cela fait si longtemps que tu n'es pas venu.
Leilani observa la femme devant lui. Elle portait une longue robe azur à fleurs d'hibiscus blanches et son corps paraissait élancé. Son visage était fin malgré les rides qui trahissaient son âge. Ses longs cheveux argentés glissaient autour de son corps et atteignaient le bas de son dos. Il se demandait bien comment son amant pouvait connaitre cette femme sans qu'il ne lui en ait jamais parlé. Apparemment, ils se connaissaient depuis longtemps.
-Leilani, je te présente Kahona. C'est ma grand-mère maternelle, Grand-mère, je te présente Lei…
-Leilani Kolua et vous vivez ensemble depuis huit années maintenant. Je suis enchantée de rencontrer enfin l'homme qui a fait chavirer le cœur de mon petit-fils.
-Euh… enchanté Madame.
-Pas de formalité avec moi, appelez-moi Kahona. Entrez !
Tous entrèrent dans la maison et Leilani put découvrir un intérieur moderne. Un canapé noir trônait dans le salon aux couleurs vert pâle ainsi que deux fauteuils. Les meubles patinés s'accordaient avec le reste de la pièce. Kahona les fit asseoir et déclara en voyant l'homme regarder partout.
-Je ne suis pas une recluse, j'ai moi-même choisi de vivre ici dans la forêt. Ma… différence, on va dire ça comme ça, n'a pas été acceptée par tout le monde... Je peux lire vos interrogations, jeune homme, et je peux vous aider. Mais pour cela, il faut que vous ayez confiance en moi.
Leilani se sentait perdu. Comment cette femme pouvait l'aider ? Son compagnon qui voyait ses inquiétudes lui prit la main tendrement.
-Kahona est comme toi, enfin presque. Elle peut lire les pensées, comme elle l'a fait tout à l'heure, mais pas que cela. Je t'ai amené ici, car je sais que tu veux comprendre ce qu'il t'arrive.
-Il ne faut pas que vous ayez peur, prenez confiance en vous. Si vous l'acceptez, ce sera d'autant plus simple.
Le jeune homme ne répondit rien, il avait du mal à tout comprendre. En à peine deux heures, il avait découvert qu'il pouvait lire les pensées des gens, il avait devant lui, la grand-mère de son compagnon et c'était une sorte de sorcière. Un petit rire le fit sortir de ses pensées et remarqua le sourire de la vieille femme.
-On m'a souvent appelé « sorcière » mais je dirais plutôt shaman, quoique différente puisque je suis également télépathe.
-C…
-Je vous rappelle que je peux lire vos pensées, sourit la femme devant lui.
Leilani se tourna vers son amant qui comprit immédiatement son regard.
-Je le peux également mon amour. Même si j'ai d'autres facultés que celle-ci.
C'en fut trop pour Leilani qui se leva pour quitter la maison précipitamment. Tout cela était totalement ridicule ! Juste un mauvais rêve dont il allait se réveiller bientôt. Oui voila c'était ça ! Napua le regarda faire surpris, il sentait en lui toutes les interrogations de son amant. D'un geste, Kahona lui demanda de le rejoindre.
-Leilani ! appela-t-il alors qu'il s'approchait doucement de lui.
-Je rêve n'est-ce pas ? Je vais me réveiller ! demanda Leilani en se retournant vers son amant qui s'approchait de lui.
-Tu ne rêves pas mon amour, je comprends que ce soit difficile à assimiler, mais c'est pourtant la vérité.
-Alors pourquoi tu ne m'as rien dit avant aujourd'hui ?
Napua voulut parler, mais comment commencer ? Sachant qu'il ne réussirait pas à s'expliquer convenablement, il se décida de passer par une autre voie. Enlaçant ses doigts à ceux de son amant, il ferma les yeux. Leilani se mit à voir une nouvelle scène. Il se voyait avec des yeux éberlué, réfutant ce que venait de dire son amant. Il se vit grimacer de dégoût avant de partir en courant, criant qu'il ne voulait plus le voir. Il ressentit l'immense douleur de Napua puis ce fut le noir. Lorsqu'il rouvrit les yeux, la douleur avait pris possession des yeux de son compagnon. Il comprit alors que s'il ne lui avait rien dit, c'était par peur qu'il l'abandonne, dégouté de lui.
-Je ne voulais pas que tu m'abandonnes, je ne voulais pas te voir avec ce regard.
-Alors, ce n'est pas parce que tu n'as pas confiance en moi ?
-Bien sûr que non ! J'ai totalement confiance en toi, mais j'avais peur de t'en parler.
Leilani s'aperçut alors qu'il aurait certainement agi comme l'avait imaginé Napua. Mais maintenant c'était différent. Il voulait des réponses, comprendre ce qui lui arrivait. Voyant le désarroi se peindre sur le visage de l'homme qu'il aime, Napua se rapprocha et l'enlaça tendrement.
-Je suis là pour te soutenir et t'aider à comprendre, mon amour.
Un soupir de soulagement lui répondit et ils restèrent enlacés jusqu'à ce que Leilani se recule lentement. Kahona avait vu et senti toute la scène et fut heureuse de voir le jeune homme accepter ce qu'il venait d'apprendre.
Les deux hommes passèrent la journée dans les montagnes. Leilani et Kahona faisaient expérience sur expérience, faisant participer Napua également. La grand-mère observa les capacités du jeune homme et put remarquer la fusion qu'il y avait entre lui et son petit-fils. Leur amour était tellement puissant qu'elle l'avait ressenti le jour où ces deux-là en avaient pris conscience. Un amour tel que celui-ci était très rare, surtout pour des personnes avec leurs capacités psychiques.
Quand ils furent sur le point de partir, Leilani remercia chaleureusement Kahona et lui promit qu'ils reviendraient la voir autant que possible.
Sur le chemin du retour, Leilani avait pris la main de son amant et ne la lâchait pas. Il se sentait différent, tout en restant le même. Il avait appris à canaliser ce qu'il entendait, à bloquer les pensées des autres personnes. Mais également à communiquer avec quelqu'un aux mêmes capacités, notamment avec Napua.
À présent, il ressentait un début de mal de tête et voulait dormir, tout cela l'avait fatigué mentalement. Arrivé à la voiture, Napua remarqua sa fatigue.
-Repose-toi, je te réveillerais lorsque nous serons arrivés chez nous.
-Merci.
Après un dernier baiser, Napua démarra alors que le silence prenait place dans la voiture. Il était heureux de savoir son amant au courant de tout cela, et soupira de soulagement. Cela l'avait rongé pendant plus de dix ans. Mais à présent, il n'avait plus rien à cacher à son amant, et se sentait enfin heureux.
Leilani se réveilla doucement, il fut surpris d'être dans la pénombre et surtout… dans son lit. Il repensa alors à sa journée et fit un test en appelant mentalement son compagnon. Celui-ci entra dans la chambre quelques secondes plus tard.
-Je vois que tu apprends vite, remarqua Napua qui s'approchait de son amant en souriant.
-C'est toi qui m'as porté ? voyant l'affirmation, il continua. Tu es fou !
-Non, mais je t'avouerais que je ne le ferais pas tous les jours.
Napua se baissa légèrement et vint attraper les lèvres de son amant avec les siennes pour un tendre baiser. Mais Leilani en voulut plus, et le lui montra en l'enlaçant et le faisant tomber sur lui.
-Leilani…
-Chutttt, j'en ai envie, Ipo1.
Ce dernier ne put résister à la voix sensuelle de son compagnon et accéda à sa demande avec passion.
Ils s'écroulèrent sur le lit bien plus tard, haletant. Leilani se colla à son compagnon qui lui caressait tendrement les cheveux humides.
-Merci.
-Pourquoi ?
-Pour ce moment rien qu'à nous.
Pour toute réponse, il reçut un long baiser, mais Napua s'arrêta en sentant son désir revenir en force.
-Et si nous prenions une bonne douche et que l'on mangeait ensuite ?
-Tu as préparé à manger ?
-J'ai prévu un barbecue, cela ta vas ?
Le grand sourire de Leilani lui donna sa réponse et celui-ci s'empressa de prendre sa main pour foncer à la douche. Celle-ci fut accompagnée de baisers et de caresses amoureuses.
Napua mettait en route le barbecue pendant que Leilani préparait les cocktails Blue Hawaian. Ils aimaient tous les deux cette boisson. Il prit le plateau et s'en alla sur la terrasse. Observant son amant vêtu d'un bermuda bleu au motif à fleurs blanches, il put admirer son dos et sa magnifique chute de rein nue. Jamais il n'aurait pensé qu'un tel homme puisse tomber amoureux de lui. Il ne pouvait cependant le réfuter, Napua le lui avait prouvé tant de fois. Son regard tomba sur sa main gauche et un doux sourire fleuri sur son visage. Ce bijou représentait tant de choses et de sentiments.
-Et il en représentera jusqu'à la fin des temps, mon Amour.
-Comment ça ?
-Cette bague a été ensorcelée. Rien de dramatique, mais j'ai fait en sorte que l'amour que l'on éprouve y soit présent.
-Tu as fait cela ?
-Oui. Je te l'ai dit, j'ai d'autres facultés que lire dans les pensées.
-Tu veux bien m'en parler ?
Napua s'installa près de son compagnon et but une gorgée de sa boisson.
-Ma grand-mère vivait ici, en ville quand j'étais petit et j'aimais rester avec elle. Elle m'a formé en quelque sorte. Je peux lire dans les pensées, mais aussi utiliser des sorts, rien de méchant, ma grand-mère a toujours refusé de m'apprendre ce genre de magie noire, parce que c'est trop dangereux. Bref, j'ai également un don d'empathie et de télékinésie.
-Comme faire bouger un objet par la pensée ?
Un couteau se mit alors à bouger à environ dix centimètres au dessus de la table, faisant écarquiller les yeux de Leilani.
-J'ai cessé de faire cela le jour où nous avons emménagé ensemble ici. Je ne voulais pas que tu me surprennes et que tu t'enfuies.
Et je l'aurais probablement fait jusqu'à hier. Mais maintenant, tu peux redevenir le vrai toi. J'ai encore du mal à m'y faire, je dois bien l'avouer. Mais il faut que je me mette en tête que ma perception de l'univers vient de changer en peu de temps. Jamais je n'aurais imaginé que la magie et tout ce qui s'en rapproche puissent être réels.
-Tu as peur ou…
-Oui j'ai peur, c'est normal, je pense, mais je dois simplement m'y faire.
-Je t'aiderais si tu le souhaites.
Leilani hocha la tête. Il devrait s'y faire et finalement il en était même fasciné.
-Combien de personnes savent pour ta grand-mère et toi ?
-Pour ma grand-mère, mes parents, ma famille en général même, mais aussi la plupart des personnes âgées de l'Archipel et le Gouverneur, sont au courant. Peut-être d'autres personnes aussi. Pour moi, ma famille le sait et toi, c'est tout. Je n'ai pas envie de subir ce que ma grand-mère a vécu.
-Que s'est-il passé ?
Napua se leva et alla placer les aliments sur la grille brûlante.
-Ils l'ont pris pour un être malfaisant et malsain. Elle a dû s'expliquer pendant des jours face à diverses personnes. Au final, c'est l'ancien gouverneur qui a tranché. Elle restait en vie, si elle allait vivre ailleurs qu'à Honolulu et autre villes et villages. Elle a accepté, voilà pourquoi elle vit toute seule dans la forêt. Jamais personne n'a su où elle vivait à part nous. J'étais petit quand c'est arrivé, et je l'ai mal vécu. J'ai toujours trouvé cela injuste. Alors comme elle me l'avait appris, je discutais avec elle en pensée. Depuis ce moment-là, je ne faisais plus rien d'inhabituel en dehors de la maison. Jusqu'à aujourd'hui.
-Je ne sais pas quoi dire…
-Il n'y a rien à dire, c'est la société actuelle qui est réfractaire aux choses qu'elle ne comprend pas.
Leilani se leva, prit leurs verres et se plaça près de son amant qu'il avait senti perturbé et inquiet. Il décida alors de changer de sujet. Ils mangèrent face au coucher du soleil, puis lorsqu'ils eurent fini, Napua décida de faire une promenade sur la plage avec son homme. C'était agréable de passer du temps avec la personne que l'on aime le plus au monde. Leilani le ressentait dans son cœur et il ne put s'empêcher de s'arrêter.
-Qu'est-ce qu'il y a ? demanda son compagnon inquiet de son arrêt soudain.
-Je ressens… tout… Je veux dire que je sens dans mon cœur tout l'amour que tu as pour moi. C'est étrange, comme si une douce chaleur m'envahissait.
-Nous sommes liés spirituellement à présent. Avant cela n'allait que dans un sens, je ressentais tout ce qui venait de toi. Maintenant ça passe aussi dans le sens inverse.
-Mais alors, quand nous n'étions pas d'accord et que tu savais où venir me chercher et quand…
-C'est parce que je lisais en toi. Je te laissais toujours te calmer, et j'arrivais quand je sentais que c'était le bon moment. Je n'ai jamais aimé nos disputes, car je sentais aussi ce qui venait de toi. La douleur était doublée et encore plus insupportable.
Leilani se rappela alors du jour où il avait vu son amant en compagnie d'un autre homme sur le palier de leur maison. Il n'avait pas voulu entendre ses explications. Napua avait pourtant répété des dizaines de fois que cet homme était un de ses ex et qu'il c'était jeté à son cou lorsqu'il l'avait revu au bout de toutes ces années. Il s'était enfui en lui criant qu'il le haïssait et s'était réfugié chez sa sœur. À ce moment-là, il avait cru avoir perdu son amant. Napua ne l'avait pas appelé, ni même cherché. Et alors qu'il avait repris ses esprits, celui-ci était apparu devant lui et c'était excusé calmement, comprenant sa réaction. Il avait eu du mal à lui pardonner, mais il avait bien vu la sincérité dans son regard.
Il comprenait maintenant toutes les paroles de Napua à ce moment-là, il l'avait lu en lui.
-Tu étais sincère ce jour-là devant chez ma sœur, ou m'as-tu seulement dit ce que je voulais entendre ?
-Les deux. Mais j'ai toujours été sincère avec toi. À ce moment-là, j'ai eu très mal, car j'ai ressenti ta colère et ta tristesse, mais aussi ta peur de me perdre. Je m'en suis énormément voulu. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour te prouver mon amour.
-La bague… comprit alors son amant en levant la main, pour regarder l'anneau qui entourait son annulaire.
-Oui. Et je ne regrette pas de te l'avoir offerte. Car tu es toujours auprès de moi aujourd'hui, et tu m'aimes du plus profond de ton cœur. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée, Leilani, et je souhaite vivre à tes côtés jusqu'à la fin des temps.
Ils s'enlacèrent tendrement, laissant leur amour les entourer. Il n'y avait plus rien à dire, chacun des deux ressentait l'amour de l'autre. Mais pas qu'eux…
Kahona, qui était en méditation, le ressentit également et un tendre sourire s'afficha sur son visage.
-Que vous êtes mignons !
Cette pensée fit sursauter le couple qui se sépara de surprise.
-Grand-mère ! Cesse de nous épier !
-J'y peux rien, je suis en méditation et vous n'êtes franchement pas discret, je suis sûre que même ta mère l'a ressenti.
-Je confirme, tu es mignon mon fils ! déclara une nouvelle voix, au grand désarroi de Napua.
-Ah non ! Cela suffit ! Vous n'allez pas faire irruption comme ça !
Leilani entendait tout et ses yeux s'écarquillèrent à l'entente de la voix de sa belle-mère. Il ne savait pas comment réagir et Kahona le sentit.
-Calme-toi Leilani. Tu es relié à Napua et moi, mais nous sommes reliés à ma fille. Cela provoque une connexion supplémentaire, voila pourquoi tu peux l'entendre. Lania, Leilani est aussi un mage, mais cela s'est manifesté seulement maintenant. Il va passer du temps avec Napua et moi afin qu'on le lui enseigne.
-Je veux participer. Après tout, c'est mon gendre.
Le jeune homme se mit à rougir furieusement. Le voyant, Napua glissa ses doigts dans ses cheveux tendrement. Il y avait de quoi être bouleversé, non seulement sa grand-mère s'était immiscée dans leur moment intime, mais également sa mère. Qui voudrait de la voix de sa belle-mère dans sa tête ? Personne…
-Pourriez-vous nous laisser seuls s'il vous plait ?
-Si tu le souhaites Napua. Je vais rejoindre ton père. Bonne nuit les enfants et ne faites pas trop de folie !
-Et moi tu ne me souhaites pas une bonne nuit ?
-Bonne nuit à toi aussi Maman, et laisse les enfants tranquille !
-Oui, oui.
Leilani sentit soudainement l'arrêt de la connexion entre eux et sa belle-mère.
-Je vous laisse également. Leilani, n'hésite pas à poser tes questions si tu en as, bonne nuit.
Ils n'eurent pas le temps de répondre qu'elle était déjà partie. Napua vit le visage décomposé de son amant.
-Je suis désolé de leurs venues, je le leur dirais.
-C'était étrange, et quand ta mère est partie, j'ai senti le vide que ça a laissé.
-Tu le ressentiras moins quand tu en auras pris l'habitude. Tes perceptions sont fortes parce qu'elles te sont encore étrangères.
Ils repartirent vers leur maison main dans la main. Napua assura à son compagnon que sa mère n'interviendrait plus comme elle l'avait fait.
-Pour intervenir, il faut ouvrir son esprit, généralement en méditation. Ou alors être au courant de la conversation ou encore ressentir l'énergie des personnes. En l'occurrence, ma grand-mère a ressenti l'énergie de ma grand-mère et la mienne.
-Comment reconnait-on l'énergie d'une personne ?
-Ça dépend de la personne. Tu t'en apercevras au fur et à mesure des contacts.
-Quand tu es connecté à moi, je me sens entouré d'amour, comme dans un cocon de douceur. Avec ta grand-mère, je sens une solitude, mais un amour de la vie énorme, par contre je ne peux pas dire pour ta mère.
Son compagnon n'en revenait pas. Leilani avait déjà pu ressentir tout cela ? Il sourit doucement et resserra sa prise sur la main qu'il tenait. Il était réellement heureux de ne plus à avoir à se cacher de son amant.
Napua se réveilla lentement à cause d'un rayon de soleil qui venait le taquiner. Se tournant pour y échapper, il trouva son compagnon paisiblement endormi près de lui. Il était heureux, car plus rien ne le séparait de lui. Mais même si désormais Leilani connaissait toute la vérité rien ne l'empêchait de le quitter un jour ou l'autre. À cette idée, le cœur du jeune homme se serra et il retint à temps un gémissement de douleur. Non, il ne voulait pas le voir partir, c'était impossible pour lui d'imaginer une vie sans son compagnon. Il se leva et s'aperçut que ses mains tremblaient. S'installant devant la porte-fenêtre de la chambre, il entendit la voix de sa grand-mère.
-Que ce passe-t-il Napua ? Je viens de ressentir violemment ta peur. Quelque chose s'est produit ?
-Non grand-mère, rien de grave.
-Alors pourquoi es-tu si apeuré ?
-Je me suis rendu compte que… que je ne pourrais pas survivre si Leilani me quittait.
-En a-t-il l'intention ? A-t-il dit quelque chose qui t'aurait fait penser qu'il allait le faire ?
-Non. Mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Si je le perds…
-Imbécile !
La voix froide fit cesser la connexion entre sa grand-mère et lui. Il se retourna subitement et découvrit Leilani, torse nu et visiblement encore un peu endormi. Son regard l'interpela et l'inquiéta également. La colère y était présente et le froncement de sourcil l'accentuait.
-Tu n'es qu'un imbécile Napua ! Croire que je pourrais te quitter ? Tu n'as donc pas encore compris que je tiens à toi plus qu'à quiconque, que lorsque tu n'es pas là, j'ai l'impression de ne pas être entier ? Et quand tu es là, mon cœur bat à la chamade. Le moindre de tes gestes, de tes paroles, de tes sourires me font vivres ! Je t'aime Napua, et je n'aimerais que toi toute ma vie, alors crois…
Il ne put finir sa phrase, car Napua s'était avancé et l'avait enlacé de toutes ses forces. Jamais Leilani ne lui avait dit tout cela, jamais il n'avait paru si amoureux, si sincère. Il se sentait rassuré.
-Je t'aime Leilani, je suis si heureux, si amoureux.
-Cesse d'être aussi inquiet, je n'aime pas lorsque tu es comme cela, car cela me fait mal. J'ai l'impression de ne pas réussir à te prouver mes sentiments.
-Je suis désolé, je t'aime tellement que j'ai peur que tu t'en ailles. Si tu le fais… je n'aurais plus aucune raison de vivre ma vie.
-Mais tu la vivras, car je ne veux pas partir. Napua je tiens à toi comme jamais, alors cesse de t'inquiéter d'accord ? Je serais toujours à tes côtés.
Napua se recula légèrement et plongea son regard dans celui de son amant. La colère avait déserté ses yeux bleus au profit de l'amour et de la joie. Levant les mains, il vint les poser sur les joues près de lui et de ses pouces, caressa les lèvres sensuelles de son compagnon. Celui-ci se sentit soudainement comme dans un cocon. L'amour qui l'enveloppait, il le sentait dans chaque fibre de son corps. C'était doux et chaleureux. Les mains glissèrent sur son cou, tandis que des lèvres venaient prendre possession des siennes. Jamais Napua ne l'avait embrassé ainsi. Le tendre baiser devint langoureux quand Leilani alla chercher la langue de son amant pour l'emmener dans une danse sensuelle. Il enlaça fortement le corps contre lui pour que plus aucun espace ne les sépare.
Leilani était installé sur une chaise de la terrasse et se concentrait. Il voulait savoir jusqu'où s'étendaient ses pouvoirs. Napua l'avait quitté à peine une heure avant pour aller travailler. Il fixa la boite en carton qu'il avait posée sur la table.
-Imagine que tu la déplaces avec tes mains et que tu la déposes à quelques centimètres à côtés.
-Tu n'es pas censé travailler ?
-Je viens seulement d'arriver et j'ai senti ta concentration.
-Merci pour ton aide, mais va travailler maintenant. Monsieur le garde du corps du Gouverneur.
-Je t'aime mon amour.
-À ce soir, je t'aime.
La connexion fut coupée et Leilani se concentra à nouveau sur sa boîte pour suivre les conseils de son compagnon. Il y passa toute la matinée jusqu'à ce qu'il arrête alors qu'un terrible mal de tête l'envahissait. Fusillant la boîte qui ne lui obéissait pas d'un iota, il se leva et alla prendre un médicament, puis se prépara à manger. Il était fier de la carrière de son amant. Devenir l'un des gardes du corps du Gouverneur n'était pas rien. Lui avait trouvé un travail qui ne lui nécessitait pas d'aller dans un bâtiment quelconque, juste avoir son ordinateur ou sa tablette PC à porter et c'était bon. Il reçut un coup de fil de sa sœur et il l'invita chez lui. Cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu.
Lorsqu'elle arriva, elle remarqua tout de suite le changement, Kaenna ne put le définir, mais elle en était certaine.
-Je suis contente de te voir, cela fait un moment !
-Oui, pas mal de choses de son passé récemment.
-Avec Napua ? s'inquiéta Kaenna.
-C'est ça, mais rassure-toi, rien de mal, au contraire.
Le sourire de son frère la rassura, elle avait eu peur pendant quelques secondes que leur couple n'existe plus.
-Passe le bonjour à ta sœur et dit-le-lui.
-Elle va me prendre pour un timbré. Et puis, t'es toujours au travail non ?
-J'ai presque fini, je devrais être rentré dans trente minutes environ.
-Oh si vite ?
-Oui, le Gouverneur est rentré chez lui, c'est l'autre équipe qui a pris le relai.
-Je suis content, reviens vite. Je t'aime.
-Je t'aime aussi, à tout à l'heure.
La connexion s'arrêta et Leilani rouvrit les yeux pour rencontrer le regard surpris de sa sœur.
-Quoi ?
-Tu faisais quoi là ? Tu as fermé les yeux d'un coup comme si tu t'étais endormi et après tu t'es mis à sourire. J'avais beau t'appeler, tu ne répondais pas.
-Ah je…
Le jeune homme se ferma et se demanda comment il allait l'avouer à sa sœur. Il décida alors d'être franc.
-Cela fait un petit moment que j'ai découvert quelque chose qui m'a perturbé. Mais finalement, Napua m'a aidé à comprendre.
-Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
-Ne panique pas… J'ai découvert… que j'avais des facultés spirituelles.
Kaenna n'en crut pas ses oreilles, comme ça son frère avait des facultés magiques ?
-Spirituelles, pas magique. Enfin pour l'instant.
-Mais…
-Je l'ai lu.
-Lu ? Tu veux dire que tu viens de lire ce que j'ai pensé ?
-C'est ça.
-Comment c'est possible ? s'affola Kaenna.
-D'après Kahona, j'avais déjà ses facultés, mais elles étaient enfouies en moi.
-Qui est Kahona ?
-La grand-mère de Napua. Elle a aussi des facultés, mais elles sont plus développées que Napua et moi.
-Napua aussi a ça ? demanda Kaenna qui avait vraiment du mal à le croire.
-Oui.
Napua arriva au même instant, faisant soupirer de soulagement son amant qui ne savait plus comment répondre aux questions de sa sœur. Le garde su corps d'approcha et salua sa belle-sœur avec un grand sourire.
-Bonjour Kaenna.
-Bonjour Napua, alors tu sais vraiment…
-Lire dans les pensées ? C'est exact. J'ai entendu votre conversation. Leilani t'a dit la vérité. Mais s'il te plait, garde cela pour toi.
Kaenna accepta ce fait, surtout pour son frère qu'elle voyait inquiet. Elle quitta la maison quelques heures plus tard, se demandant si elle devait en parler à ses parents ou pas. Non, elle garderait cela pour elle, si une personne devait les informer ce serait son frère.
-Dans la maison, Leilani préparait à manger quand il sentit deux bras l'enlacer tendrement.
-Je suis content que ma sœur ait accepté.
-Mais tu avais peur.
-Oui, c'est normal.
Il se retourna et enlaça le cou de son amant de ses bras. Il plongea son regard dans celui de Napua où il pouvait y lire de la joie et de l'amour. C'est tendrement qu'ils s'embrassèrent. Cela faisait plus de dix ans qu'ils s'aimaient, et pourtant c'était comme au premier jour. Leur amour était puissant et sincère.
Le couple venait de s'installer dans le salon quand Napua demanda.
-Tu as réussi à faire bouger la boîte ?
-Non, elle ne veut pas m'obéir, grogna Leilani en fronçant les sourcils de colère.
Son compagnon sourit face à sa grimace et prit son amant dans ses bras.
-Ne force pas Ipo, ça viendra. Pour l'instant, repose-toi, je sens ton mal de tête comme si c'était le mien.
La grand-mère de Napua avait quitté sa maison depuis une semaine, et ce, grâce à son petit-fils qui avait réussi à l'embobiner. Elle se trouvait maintenant auprès de Leilani et lui apprenait à faire le vide dans sa tête afin de se concentrer.
-Maintenant, visualise que tu prends la boîte dans tes mains pour la changer de place.
-Napua m'a déjà dit la même chose, et… grogna le jeune homme.
-Chut, ou je repars chez moi et je te laisse te débrouiller.
Soupirant, Leilani se concentra et lorsqu'il se sentit près, il se visualisa en train de bouger la boîte. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il les écarquilla en la voyant là où il avait imaginé qu'il l'avait déposé.
-Je…
-Oui.
-C'est pas vrai, avouez que c'est vous qui l'avez déplacé.
-Et comment j'aurais fait pour savoir où tu voulais la poser ?
-Vous lisez les pensées.
-Certes, mais ce que tu ne sais pas, c'est que lorsque nous sommes à ce stade de concentration, plus personne n'est capable de lire nos pensées. Alors non je ne l'ai pas bougé.
Le jeune homme n'en revenait toujours pas. Il avait enfin réussi et sa joie se vit par le sourire rayonnant qui s'affichait que son visage. Kahona partagea sa joie.
-Maintenant, essaye de le refaire, mais avec les yeux ouverts cette fois-ci.
Leilani acquiesça et se concentra de nouveau. La boite se mit à bouger puis à se soulever avec un peu plus de difficulté. Elle tangua jusqu'à sa destination.
-Pourquoi elle tangue ? Elle faisait pareil la première fois ?
-Non, mais c'est parce que tu la regardes et la concentration est moins profonde. Exerce-toi, je dois faire ma méditation.
Kahona se leva et alla dans sa chambre. Elle était ravie d'être ici, mais c'était un gros changement pour elle. Elle s'installa sur son lit et ferma les yeux. Alors qu'elle était plongée dans sa méditation, la voix de Leilani lui fit rouvrir les yeux. Il paniquait véritablement et ressentit quelque chose d'étrange en elle.
-Napua, murmura-t-elle alors qu'elle se levait.
Entrant dans le salon, elle vit Leilani trembler et sa respiration était hachée.
-Que se passe-t-il ?
-C'est… Napua… il faut que j'aille à l'hôpital. Il y a eu un accident et…
-Tu me diras tout dans la voiture, allons-y.
Leilani avait l'impression qu'un gouffre s'était ouvert sous ses pieds. Kahona le regardait alors qu'il lui expliquait ce qu'il savait. Arrivés à l'hôpital, ils demandèrent où se trouvait Napua.
-Il est au bloc opératoire. Sa blessure est grave et ils doivent retirer la balle.
Leilani avait le souffle coupé et n'avait plus aucune réaction. Kahona le prit contre elle alors qu'une voix masculine se fit entendre derrière eux. Cela fit réagir Leilani qui se retourna vers le nouveau venu, en colère.
-C'est à cause de vous s'il est là ! hurla t-il férocement.
-Leilani !
-Non ! Je…je…
Leilani s'effondra alors que ses jambes ne le retenaient plus. Kahona se mit à sa hauteur et le regarda dans les yeux.
-Ne craque pas ! Reprends-toi, Napua à besoin de toi, et tu n'as pas à crier sur Monsieur le Gouverneur comme cela.
-Madame.
Kahona se retourna vers le Gouverneur en se relevant, elle le vit désappointé par la réaction de Leilani.
-Mr le Gouverneur, je vous prie de l'excuser.
-Qui est-il ?
-L'homme qui ne cessera pas de vous hanter si Napua meurt aujourd'hui !
La voix de Leilani était grave et la colère tout comme l'angoisse se mélangeait. Un homme s'approcha en fusillant du regard Leilani.
-Comment osez-vous parler au Gouverneur ainsi ?
-Je…
-Ce n'est pas grave, je le comprends. Vous êtes son compagnon.
-Comment…
-Il me l'a avoué le jour où il m'a demandé s'il pouvait se mettre en congé. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a avoué que son compagnon était amnésique suite à un accident et qu'il voulait rester auprès de lui. C'était vous.
Leilani était choqué. Napua ne lui avait pas dit que le Gouverneur avait eu connaissance de leur relation.
-C'était la première fois que je voyais de l'amour dans les yeux de Napua. Et croyez-moi, je m'en veux pour ce qu'il s'est passé.
À ce moment-là, une infirmière arriva en s'excusant et les informa qu'une salle leur était ouverte pour attendre les nouvelles. Leilani aurait voulu rester là, mais Kahona le força à venir avec eux. Alors qu'elle s'installait, le Gouverneur l'appela.
-Vous êtes Makaine Kahona, la sorcière qui est interdite de vivre à Honolulu ?
C'est moi, et je ne suis pas une sorcière !
-Excusez-moi, c'est comme cela que vous appelait mon prédécesseur.
-Je sais…
-Ne pouvez-vous rien faire pour Napua ?
Kahona se mit à réfléchir et se tourna vers Leilani. Une idée avait germé dans sa tête.
-Est-il possible que personne ne nous dérange jusqu'à ce que nous ayons fini ?
-Je m'en charge, déclara le Gouverneur, très sérieux. Mais…
-Leilani, je veux que tu te remémores tous les moments de ta vie avec Napua. Je me connecterai à son esprit et je les lui enverrais.
Le jeune homme acquiesça et ferma les yeux. Le Gouverneur les regarda faire. Même s'il n'y croyait pas, il ne voulait pas voir ce jeune homme mourir à petit feu parce que son compagnon avait disparu.
Le Gouverneur Mekaola s'installa sur un siège et observa ce qu'il se passait devant lui. Kahona et Leilani ne semblaient rien faire, à part peut-être respirer plus profondément que d'habitude.
Kahona se connecta à l'esprit de son petit-fils et fit le lien entre Leilani et lui. Elle sentait les ténèbres qui l'entouraient, la mort n'était pas loin. Elle sut alors qu'elle devait faire vite et se concentrer profondément pour l'atteindre. Elle voyait toutes les images. Napua souriant, courant avec son amant sur la plage, adossée au torse derrière lui, les bras l'enlaçant tendrement à regarder le soleil se coucher.
Le Gouverneur les regardait faire. Il voyait les mains liées des deux personnes accroupies devant lui. Seul le son de leur profonde respiration se faisait entendre. Comme s'ils dormaient profondément. Cela dura plus de quinze minutes, dans un profond silence, lorsqu'enfin Leilani se mit à bouger, suivit de Kahona. La vieille femme regarda l'homme devant elle, et remarqua la larme qui coulait sur sa joue. C'est avec douceur qu'elle l'essuya de sa main.
-J'espère que cela suffira…
La voix de Leilani était empreinte de l'inquiétude. Kahona s'installa près de lui, oubliant le Gouverneur et lui prit une de ses mains dans les siennes. Ils restèrent ainsi pendant plus de deux heures jusqu'à ce qu'un chirurgien arrive.
-Mr le Gouverneur… Je vous informe que Mr Kamahona a été transféré en salle de réveil. La balle a été extraite avec succès et nous avons refermé correctement. Il n'aura aucune séquelle.
-Quand pourrons-nous le voir ? Demanda fébrilement Leilani qui tremblait.
-Pas aujourd'hui. Nous l'emmènerons dans sa chambre dans quelques heures.
Le chirurgien les salua et quitta la salle. Le Gouverneur se tourna vers le compagnon de son employé.
-Mr Kolua, je voudrais vous dire que je suis sincèrement désolé pour ce qu'il s'est passé. Je ferais en sorte que votre compagnon n'ait rien à débourser, je prends tout en charge personnellement.
-Non, je…
-Mr Kolua, ne refusez pas. Je ne sais pas comment me faire pardonner, alors laissez-moi le faire. Je vais partir, je viendrais voir Napua lorsqu'il sera réveillé. Je vous souhaite tout de même une bonne soirée.
L'homme fut salué avant de quitter la pièce. Laissant Leilani et la grand-mère de Napua seuls. Le jeune homme se sentait mal, il avait l'impression qu'une partie de lui-même avait disparu. Ne pouvant plus supporter cela, Leilani se laissa aller et ses larmes quittèrent ses yeux. Surprise par cela, Kahona leva son bras et enlaça tendrement l'homme contre elle. La peine qu'il ressentait, elle la partageait.
-Il faut rentrer Leilani, nous reviendrons demain à la première heure.
-Je…je…
-Aller vient !
Kahona entraina l'homme en dehors de l'hôpital. Elle lui prit les clés de la voiture et les ramena dans la maison du couple. Leilani alla directement dans sa chambre et prit le cadre avant de s'allonger sur le lit. Il aurait pu perdre son amant aujourd'hui. Il se rendit alors compte de combien son amour pour Napua était grand, et de la place qu'il prenait dans son cœur.
Napua se réveilla difficilement. Il se rappela de la balle qui s'était logée en lui alors qu'il se jetait devant le Gouverneur pour le protéger. Levant son regard, il aperçut une chambre qui n'était pas la sienne. L'hôpital… Bougeant son bras, il sentit la perfusion sous sa peau. Il grimaça. Est-ce que Leilani était venu ? Il se rappela alors qu'il avait senti en lui un souffle d'amour alors qu'il sombrait dans l'inconscience.
Entendant le bruit de la porte, Napua tourna sa tête et son cœur se mit à battre furieusement. Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il sentit contre lui un souffle chaud et deux mains se poser contre lui.
-Napua, je suis si heureux…
-Mon cœur, je suis là…
Les deux hommes ne dirent rien d'autre. Leurs regards faisaient le reste. L'amour, la joie, l'inquiétude se lisaient distinctement. Une main douce glissa sur le visage du blessé, comme pour se rendre compte qu'il était bien là. Leilani était soulagé, son compagnon était en vie et réveillé. Il avait tellement angoissé, qu'il avait passé une grande partie de sa nuit dans le salon, leur cadre serré contre lui.
-Comment te sens-tu Napua ? demanda Kahona qui s'était approché quand Leilani s'était éloigné de son amant.
-Je suis vivant, pour le reste, je dois certainement dire merci aux analgésiques.
Sa grand-mère s'avança et posa une main sur la sienne, la serrant tendrement. La vie de son petit fils n'avait tenu qu'à un fil, et elle se demandait si c'était son action qui avait fait pencher la balance. Elle avait eu tellement peur.
-Ne me refais plus jamais cela !
-Je vais essayer… je suis désolé.
-Tu n'y es pour rien, c'est ton travail…
Napua se rappela alors de la sensation qui l'avait envahi alors qu'il sentait l'ombre envahir son être. Il avait senti l'amour de Leilani l'envelopper, l'aidant à remonter vers la lumière. Le ramenant à la vie. Jamais il n'aurait pensé que cela arriverait.
-Merci Ipo, souffla Napua en tremblant légèrement.
-Pourquoi ?
-Tu m'as sauvé… J'ai reçu ce que tu m'as envoyé. C'est ce qui m'a ramené.
Leilani ne savait pas quoi dire, il ne savait pas que cela avait marché. En fait, il s'était persuadé que cela n'avait servi à rien. Éberlué, il se laissa glisser sur le sol, n'en revenant pas. Kahona le rattrapa.
-Je te l'avais dit que ça marcherait, votre amour est pur et sincèrement, cela ne pouvait que fonctionner.
La vieille femme le fit se relever alors que Napua n'arrivait plus à garder ses yeux ouverts. Reprenant ses esprits, Leilani le vit et sourit tendrement.
-Nous allons te laisser te reposer. Tu en as besoin. Nous reviendrons te voir demain, déclara Kahona gentiment.
-Vous avez raison. Repose-toi mon ange. Je t'aime, termina en chuchotant Leilani.
Il se pencha vers son amant et l'embrassa doucement sur sa joue.
-Tu es à l'hôpital, sourit Leilani. Mais promis, quand tu seras de retour chez nous, tu en auras autant que tu voudras. À demain.
Ils quittèrent la chambre après un dernier regard. Dans la voiture, Leilani prit la direction du centre-ville. Surprise, Kahona se tourna vers le jeune homme qui avait les sourcils froncés.
-Où vas-tu ?
-Voir le Gouverneur. Pour lui donner des nouvelles de l'homme qui lui a sauvé la vie.
-Tu ne l'aimes pas hein.
-C'est pas que je ne l'aime pas, mais, je lui en veux.
-Mais comme tu l'as dit, c'est le travail de Napua, tu ne peux pas changer ça.
Soudain il sentit une intrusion dans sa tête. Perturbé, il du reprendre le contrôle de la voiture.
-Ne t'en prends pas trop à lui.
-Repose-toi Napua. Je ne m'en prendrais pas à lui, même si l'envie ne m'en manque pas.
-Bon. À demain mon Amour.
-À demain.
La grand-mère de Napua qui avait suivi la conversation rit doucement.
-Il tient à toi.
Leilani acquiesça alors qu'ils arrivèrent devant le grand bâtiment qui abritait le bureau du Gouverneur. Lorsque Leilani se présenta devant la secrétaire, celle-ci lui indiqua que le Gouverneur était occupé.
-S'il est aussi occupé que son garde du corps alors il peut bien venir prendre de ses nouvelles !
-Calme-toi Leilani, déclara Kahona en levant les yeux au ciel. Excusez-le, il est assez irrité en ce moment. S'il vous plait, pourriez-vous prévenir le Gouverneur que Monsieur Kolua et Madame Makaine souhaiteraient lui parler.
La secrétaire s'en alla vers le bureau de son chef et lui indiqua qu'un homme et une femme l'attendaient.
-L'homme est très désagréable, commenta-t-elle.
Le Gouverneur lui indiqua de les faire entrer, sachant pertinemment qui était là. Il les vit passer la porte et remarqua la main qui tenait le bras de l'homme. Visiblement celui-ci était encore très en colère. Cependant, ce fut l'homme qui prit la parole en premier.
-Je voulais vous prévenir que Napua est réveillé. Il va mieux, même si la blessure lui fait toujours mal.
-Je suis rassuré, soupira le Gouverneur en se levant. Je sais que vous ne m'aimez pas Mr Kolua, et croyez-moi je m'en veux, mais…
-C'est le travail de mon compagnon, je sais… Cependant, cela ne m'empêchera pas de penser que plus jamais je ne veux vivre cela ! Et si je le perds par votre faute…
-Je vous aurais sur le dos. Mr Kolua, j'ai bien réfléchi sur cette situation, et je ne permettrais pas à l'un de mes hommes de perdre la vie, et surtout si comme Napua, il a un compagnon ou une compagne. Je vais modifier le contrat de votre compagnon.
Leilani n'en croyait pas ses oreilles. L'homme qu'il croyait imbu de lui-même n'était finalement pas ce qu'il pensait. C'était un homme gentil et prévenant.
-Vous expliquerez cela à Napua. Partons. Au revoir Mr le Gouverneur.
Après les salutations, Leilani et Kahona retournèrent à la maison. Ils étaient rassurés de savoir Napua en vie et sur la voie de la guérison. Leilani se demandait bien ce qu'avait prévu le Gouverneur pour son compagnon. Il espérait que ce n'était rien de dangereux, sinon il l'aurait sur le dos.
Napua retourna chez lui quelques jours plus tard, le Gouverneur lui avait rendu visite et lui avait appris qu'il le gardait à ses côtés, mais que son but principal ne serait plus de lui donner sa vie, mais de gérer les équipes de gardes et les protections à mettre en place lorsqu'il sortait. Le Gouverneur lui avait avoué que son compagnon lui avait démontré que l'amour pouvait faire beaucoup de choses. Et que jamais il ne voulait avoir son compagnon et de sa grand-mère contre lui, car il pouvait être effrayant.
-Je ne souhaite plus que vous vous mettiez en danger pour moi. Une personne tient énormément à vous et serait capable de me tuer par son regard s'il vous perdait. Et vous avez montré vos compétences en tant que chef d'équipe.
Napua sourit à cette phrase qu'avait prononcée le Gouverneur visiblement inquiet. Leilani le remarqua et s'installa près de lui alors qu'il l'avait obligé à se coucher dans leur lit pour qu'il se repose.
-Que se passe-t-il pour que tu souries ainsi ?
-Je viens de me rappeler ce que m'a dit le Gouverneur.
-Et qu'est-ce qu'il a dit encore ? grogna Leilani qui n'arrivait pas à apprécier cet homme.
-Qu'il ne veut plus que je me mette en danger, il ne veut pas avoir affaire avec ta froideur et ta rancune.
-Il a fallu que tu sois aux portes de la mort pour qu'il comprenne que j'étais là.
Napua lui prit la main et le tira vers lui. Emporté par le geste, Leilani s'allongea contre le corps de son amant qu'il se mit à caresser doucement avec ses doigts.
-Il a compris, maintenant, je serais toujours auprès de lui, mais ce n'est plus moi qui prendrais une balle à sa place. Il a estimé également que j'avais plus de potentiel en tant que coordinateur des équipes ainsi que des missions et sorties.
-Et donc… ?
-J'ai droit à un bureau rien qu'à moi, et je serais plus dans celui-ci que sur le terrain. Par contre, je voyagerais plus souvent…
-Il le fait exprès…
-Non, c'est mon travail mon amour, mais je serais toujours avec toi, n'oublie pas qu'à présent nous avons un lien unique qui nous permet de nous parler quand nous le souhaitons.
Leilani acquiesça et s'amusa à faire lever l'objet que tous deux affectionnaient. Le cadre vola dans la pièce jusqu'aux mains de Napua. Ils ne parlèrent pas, regardant simplement cet objet. Cependant, le blessé le posa près de lui et entoura difficilement le corps de son amant. Ils étaient heureux et fatigués de leurs émotions, ils s'endormirent alors que le soleil dardait ses rayons sur la chambre.
Leilani se tenait devant le bureau du Gouverneur. Son regard sérieux et ses doigts contractés montraient sa crispation.
-Je serais très honoré de le faire, Mr Kolua.
-Je vous remercie Mr le Gouverneur.
Ils se saluèrent et Leilani quitta le bureau du Gouverneur avec un grand sourire aux lèvres. À présent, il avait beaucoup de choses à faire. Il se précipita vers sa voiture et fit le tour de ses proches. Son enthousiasme n'était pas négligeable et alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui, il entendit la voix de son amant dans sa tête.
-Qu'est-ce que tu mijotes Ipo ?
-Tu ne le sauras pas.
-Tu protèges ton esprit.
-C'est fait exprès, je me suis amélioré en quatre ans. Maintenant, retourne à ton travail, sinon je bloque aussi nos communications !
-T'es pas drôle, mais d'accord j'accepte, mais ce soir, je veux que tu sois à moi.
-On verra, à tout à l'heure mon amour. Je t'aime.
La journée continua sur l'organisation et lorsque le soir arriva, Napua entra dans la maison. Il se demandait vraiment ce que cachait son amant. Rien ne filtrait, et cela commençait à l'agacer prodigieusement. Mais c'était à présent le week-end, et il comptait bien en profiter. Il trouva Leilani sur la terrasse et c'est silencieusement qu'il se plaça derrière lui pour l'entourer chaleureusement de ses bras.
-Je suis revenu.
Leilani se leva pour se retourner et enlacer son amant. Ils s'embrassèrent tendrement, leurs langues se rejoignirent pour un somptueux ballet qui les laissa haletants. Lorsqu'ils se séparèrent, Leilani glissait ses doigts dans la chevelure ébène de son amant. Son regard argenté reflétait la lumière de la Lune qui montait dans le ciel, et il le trouva encore plus beau qu'avant. Chaque jour qui passait renforçait son amour pour Napua. Cela faisait près de quinze ans qu'ils vivaient leur histoire d'amour. Quinze merveilleuses années de bonheur.
-J'aime ces moments-là, souffla Napua avec amour.
-Alors que dirais-tu de continuer ?
Son amant sourit et se mit à faire glisser ses mains sous la chemise de son compagnon. La sensation de la peau douce sous ses doigts le fit frémir. Ses yeux croisèrent le regard azur de Leilani et le désir y était évident. Les chemises glissèrent sur leurs corps, laissant apparaitre leurs peaux nues. Les baisers pleuvaient, les caresses étaient toutes plus délicates les unes que les autres. Leilani glissa ses lèvres sur le cou de son compagnon, laissant une traînée de feu et de désir. Il avait besoin de sentir son amant, de lui donner du plaisir. Ses mains caressaient le corps contre lui, envoyant des frissons. Leilani désirait son homme et celui-ci le sut rapidement. C'était rare lorsque son compagnon prenait les initiatives, mais lorsqu'il le faisait, Napua savait que c'était un moment très doux.
Les doigts de Leilani descendaient inexorablement vers son pantalon, effleurant sa peau. Ses doigts enlevèrent rapidement la ceinture puis les boutons, afin que son pantalon glisse à ses pieds. Sa langue glissait sur ses mamelons, les titillant pour qu'ils durcissent. Ses gestes firent gémir Napua qui n'en pouvait plus. Il sentait son amant partout sur lui. Leilani libéra son érection et l'attrapa avec sa bouche gourmande qu'il glissa dessus. La langue de Leilani longeait son membre lentement, alors que ses mains caressaient les reins et les fesses. N'arrivant plus à tenir debout, Napua s'agenouilla à même le sol de la terrasse suivie de Leilani qui continua ses tendres baisers. Ce dernier sentait les mains de son amant glisser dans ses cheveux. Relevant son regard, il tomba sur les yeux de braise plein de plaisir. Les gémissements de Napua se firent plus prononcé à mesure que Leilani faisait des vas et vient de plus en plus rapide sur son membre. Il se sentait près du point de rupture, et alors qu'il allait jouir, la caresse cessa et Leilani se leva. Napua le regarda interrogatif.
-Je tiens à te faire languir, c'est toujours toi qui prends l'initiative, cette fois, c'est moi, et je veux te faire plaisir.
-Mais tu le fais déjà.
-Je le veux, Napua.
La voix sensuelle et le regard langoureux que lui lançait Leilani firent comprendre à ce dernier que rien ne pourrait l'arrêter. Il l'enlaça et commença à marcher pour entrer dans la maison et se diriger vers la chambre. En chemin, ils se libérèrent du reste de leurs vêtements. Napua atterrit sur le lit, surplombé par un Leilani fou de désir. Leurs sexes se frôlaient et chacun sentait le désir qui couvait en eux. Leilani faisait glisser doucement son corps contre celui de son amant qui cherchait à l'embrasser. Il sentait les bras de Napua autour de lui, ses mains qui passaient sur ses flancs, son dos, ses fesses. Tout cela l'attisait, le rendait fébrile. Leilani glissa une main entre eux et attrapa leurs sexes pour les masturber ensemble, faisant de nouveau grimper le désir de Napua. Sa respiration se fit hacher, il haletait, et gémissait.
-Leilani…
Voyant que son amant montait dans son désir et était à la limite, Leilani cessa ses caresses et descendit de nouveau sur le torse de son amant qu'il embrassait furtivement. Le sexe qu'il embrassait se gorgeait de plus en plus de désir, et ce fut dans un râle que Napua se libéra dans la bouche de son amant. Celui-ci lécha le membre avec délice et remonta pour embrasser à pleine bouche son amant qui sentait dans sa bouche le gout âpre de sa semence. C'était délicieux…
Alors qu'il embrassait le cou de son compagnon, Leilani avait glissé deux doigts dans sa bouche et Napua les suçait avidement. Leilani les retira et doucement, glissa l'un d'eux dans la partie intime du corps sous lui. L'intrusion fit grimacer Napua qui n'avait pas l'habitude de ce traitement. C'était généralement lui qui prenait les devants avec son amant. Voyant la larme qui voulait s'échapper de l'œil de son compagnon, Leilani se releva et vint embrasser ses yeux tendrement. Il savait que c'était assez désagréable, mais il connaissait également le plaisir qu'il y avait ensuite.
-Chuutttt… je te promets que ça ira.
-Je sais… continue…
Le sourire de Leilani fit plaisir à Napua qui l'embrassa de tout son souffle alors que Leilani continuait son traitement. Lorsqu'il sentit la petite boule de nerfs contre ses doigts, Leilani sentit le corps de son amant se tendre et de long gémissement retentir. Il continua un peu ses va-et-vient puis retira ses doigts avant de se caresser furtivement avant de placer son sexe à l'entrer de son amant. Il le pénétra doucement pour que cela soit moins douloureux pour son compagnon. Les grimaces de son amant ne lui plaisaient pas, mais s'il voulait lui faire plaisir, il devait le faire. Lorsqu'il fut entré complètement, il s'arrêta et caressa la joue de Napua pour le calmer.
-Vas-y…
-D'accord.
Leilani commença ses va-et-vient en prenant toutes les précautions afin que Napua souffre le moins possible. Après quelques minutes, il sentit son amant onduler sous lui et comprit le message. Leurs mains se lièrent amoureusement, s'accrochant l'une à l'autre pour partager plus de sensation. Ses coups se firent plus forts et plus vifs, et les gémissements emplissaient la chambre. Leurs plaisirs montaient inexorablement, les gémissements se muèrent en cris, et c'est en se tendant ensemble qu'ils se libérèrent.
Haletant, Leilani retomba sur son amant qui l'entoura de ses bras chaleureux. Ils s'embrassèrent tendrement.
-C'était merveilleux…
-Pour moi aussi.
Les deux hommes s'allongèrent correctement dans le lit. Napua remonta les couvertures sur leurs corps et alors que la nuit plongeait la pièce dans le noir, ils s'endormirent profondément, heureux et amoureux.
Le dimanche matin, Leilani s'était levé de bonne heure, laissant son amant dormir paisiblement. Le regardant dormir profondément, il espéra que la journée se passe merveilleusement bien. Il avait beaucoup de chose à faire et avec discrétion. Napua se leva deux heures plus tard, et fut surpris de trouver un costume accroché à l'armoire. Quittant la chambre, il trouva Leilani dans la cuisine. Visiblement son amant était surexcité, mais pourquoi ?
-Que fais-tu ?
-Mon amour ! Tu es levé, déclara avec entrain Leilani en se retournant, souriant. Déjeune et ensuite va prendre une douche ! J'ai une surprise pour toi.
Leilani l'embrassa chaleureusement, et lorsque Napua eut fini son café, il l'emmena vers la salle de bain. Il en profita pour glisser le costume dans la pièce et demanda à son amant de l'enfiler. Ils s'embrassèrent furtivement et Napua se demandait vraiment ce que lui cachait son compagnon. Il avait l'air excité et bougeait dans tous les sens. Jamais il ne l'avait vu comme cela. Pendant ce temps-là, Leilani accueillit tout le monde discrètement. Sa mère l'aida ainsi que sa belle-mère et Kahona. Lorsque Napua sorti de la salle de bain, il se trouva face sa mère, habillée d'une magnifique robe parme. C'était vraiment rare de la voir habillée ainsi, et Napua sentit son cœur s'emballer subitement.
-Maman ? Que fais-tu ici ?
-Viens. Je te ne dirais rien, mais tu comprendras facilement.
Les larmes qui glissaient des yeux de sa mère le firent tilter. Un éclair passa dans son cerveau qui commençait à mettre en place les pièces du puzzle.
-Il…
-Chut, tu verras !
Elle lui prit le bras et l'emmena vers la porte-fenêtre. De là, Napua remarqua alors tout le monde. Sa famille, la famille de Leilani, mais aussi d'autres personnes. Son regard tomba sur la silhouette de son compagnon qui se tenait devant… le Gouverneur ? Mais que vient-il faire chez lui ? Il remarqua alors tout ce qui l'entourait, de simples bouquets de fleurs étaient harmonieusement posés çà et là autour de tout le monde, et une arche fleurie était posée près de Leilani, face à l'océan. Son esprit percuta. Sa mère le regardait lorsqu'elle le sentit se tendre.
-Avance, déclara tendrement sa mère qui voyait son regard.
Napua arriva près de son compagnon et le regarda plein d'interrogation. Leilani portait un beau costume blanc. Il lui sourit tendrement et murmura.
-Je voulais t'en faire la surprise. J'ai été voir Mr le Gouverneur et il a accepté.
-Je…
-Le souhaites-tu ? demanda avec espoir Leilani.
Napua ne put répondre, sa gorge s'était nouée d'émotion. Tout se bousculait dans sa tête, mais finalement, il regarda son amant et avec un petit sourire, il acquiesça. Leilani lui offrit un merveilleux sourire comme rarement il en voyait et se tourna vers le Gouverneur. Celui-ci attira l'attention de tous, et tout le monde se tut pour l'écouter. Il commença la cérémonie calmement. C'était la première fois qu'il procédait à un mariage homosexuel, mais finalement, c'était aussi émouvant qu'un mariage « normal ». Lorsque les deux hommes prononcèrent leurs vœux de fidélités avec émotion, toute l'assemblée restait scotchée à leurs voix. C'était tellement attendrissant que les deux mères se mirent à pleurer en même temps.
-Vous pouvez vous embrasser à présent.
Heureux et émus, les deux hommes se rapprochèrent doucement, et c'est en se souriant qu'ils s'embrassèrent amoureusement. Leilani enlaça ses doigts à ceux de son mari et les serra tendrement dans les siens. Tout le monde se mit à applaudir avec vigueur et enthousiasme.
-Toutes mes félicitations Messieurs.
-Merci, répondirent sincèrement les deux hommes qui se tournèrent vers le Gouverneur.
La suite de la journée se passa rapidement pour le couple, tout le monde passait un merveilleux moment. Ils dansaient tous ensemble, riaient, s'amusaient. Les mariés dansèrent avec leurs belles-mères respectives, amusant tout le monde. Lorsque tous furent partis, très tard dans la nuit, Leilani se trouvait sur la plage en train de ranger ce qu'il y avait. Il sentit deux bras l'enlacer amoureusement, et une bouche grignoter sa nuque.
-Mon amour, comment te remercier ?
-Tu l'as déjà fait… en acceptant de m'épouser aujourd'hui.
Napua le tourna vers lui, et glissa ses mains autour de la taille de son amant, caressant doucement ses reins. C'était merveilleux de se retrouver entre les bras de l'homme à qui l'on venait d'unir sa vie.
-Comment tu as fait pour que le Gouverneur accepte ?
-En fait, j'avais préparé un long discours, et des réponses s'il me posait des questions. Finalement, quand je lui ai soumis mon idée de vouloir t'épouser, il s'est mis à sourire et c'est même lui qui a dit qu'il procéderait à la cérémonie.
-J'ai du mal à y croire…
-Et moi alors ? Mais je suis heureux qu'il ait accepté.
-Moi aussi.
Ils s'embrassèrent avec tendresse et restèrent dans les bras l'un de l'autre pendant un petit moment. Savourant ce moment rien qu'à eux, seuls face à l'océan, unit. C'était si agréable d'être dans les bras de l'être aimé.
-Je t'aime et je t'aimerais à tout jamais. Ô mon Amour, déclara Napua alors qu'il avait niché son visage contre le cou de son mari, jouant avec le bout de son nez afin de s'abreuver de l'odeur de sa peau.
Jamais Leilani ne l'avait entendu prononcer ces mots avec autant d'émotion. C'était si doux et si agréable. Il se colla à son amant qui l'étreint tendrement. Ils entrèrent dans la maison quelques minutes après. Une passion dévorante avait pris possession de leur corps et ils firent l'amour avec tendresse et passion, attisant leur désir par de tendres caresses sur leurs corps. Ils échouèrent sur le lit après avoir fait l'amour deux fois. Maintenant, plus rien ne pourrait les séparer. La petite lampe de chevet éclairait suffisamment la pièce pour que le couple puisse se regarder encore et encore, n'osant croire qu'à présent, plus rien ne pourrait les séparer. Ils lièrent leurs mains gauches, regardant leurs alliances qui brillaient à leurs annulaires.
1 Ipo : Chéri
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