Cher(e)s ami(e)s, voici le dernier chapitre. J'espère qu'il répondra à toutes les questions que vous vous posez et qu'il vous laisserai une bonne image de cette fic.

BakaPink : merci pour ta fidélité tout au long de cette fic, ça m'a vraiment encouragé, je suis ravie que tu aies aimé et oui, je sais je suis sadique, mais que veux-tu on ne se refait pas. Allez ! Tu sauras tout dans ce chapitre ! Au plaisir de te revoir sur une autre fic ;-)

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Ce fut une violente douleur à la tête qui le tira du sommeil forcé dans lequel il se trouvait. Il se retint de faire le moindre geste ou le moindre bruit, il fallait d'abord repérer les lieux et repérer l'ennemi. Qui ? Qui avait osé l'assommer alors qu'il embrassait Evan ? Qui était assez suicidaire pour ça et surtout où était Evan ?

Faisant appel à tous ses sens, il distingua deux présences près de lui. Puis, le brouillard se dissipant, il entendit ... et resta abasourdi. Il n'en revenait pas, mais comment cette personne ... et pourquoi ? Ce n'était pas possible. Il se concentra sur la discussion en cours, espérant trouver un échappatoire. Première erreur de son adversaire, l'ayant assommé celui-ci l'avait considéré comme hors-course et ne l'avait pas ligoté. Il suffisait d'attendre le bon moment pour agir, et pour ça, il fallait suivre la conversation.

_ ... ton intérêt ? Capta-t-il la voix d'Evan.

_ Mais c'est évident, l'argent, le pouvoir. Je pensais même t'avoir en prime mais de toute évidence tu ne m'as pas attendu. Tant pis, j'aurais bien aimé pourtant, quoique ... tu n'a pas besoin d'être d'accord en fait, je pense qu'en menaçant de le tuer, tu pourrais devenir très docile, fit la voix la plus désagréable qu'il eut jamais entendu.

_ Tu n'oserais pas ? Suffoqua le capitaine et sans qu'il ne puisse le voir, il imaginait aisément les sourcils froncés et les yeux noirs de colère de son amant.

_ Je vais me gêner !

La taupe numéro deux se mit à marcher. Bon, apparemment Evan devait être sur le canapé, l'autre devait le maintenir en joug avec une arme, donc si Alexis choisissait mal son moment et qu'un coup partait, Evan pourrait être touché. La seule solution ouvrir les yeux. Mais quand ?

_ Et maintenant ? Comment comptes-tu faire ? Fit Evan, un rien agressif.

_ C'est facile, tu oublies que j'ai deux précieux otages, je vais juste attendre votre hélicoptère et le « réquisitionner ».

_ Ils ne te laisseront pas partir, tenta Evan, peu sûr de lui.

_ Ne sois pas idiot, tu croi...

Erreur tactique, ne jamais tourner le dos à un soldat, même si on le croit inconscient. Erreur de débutant même, à croire que cette personne avait séché ses cours à l'académie militaire. D'un geste vif et fluide, Alexis envoya une de ses jambes dans le dos de son adversaire, l'envoyant sur Evan, lequel attrapa l'arme au vol et rapide comme un félin se leva du canapé pour y laisser retomber le corps surpris de leur agresseur. Alexis se releva aussitôt, ignorant la douleur lui vrillant la tête. Il fixa d'un regard noir la personne étendue devant lui mais ce fut son amant qui parla le premier.

_ C'est fini Sirine !

Furieuse, la jeune femme se jeta sur lui mais Alexis la gifla d'un revers de main, la renvoyant aussi sec sur le divan. Elle porta sa main à sa bouche pour y découvrir du sang. Cela ne fit que redoubler sa rage et elle recommença mais cette fois ce fut un coup à l'estomac qui la stoppa.

_ Ça suffit maintenant, ne m'oblige pas à tirer ! Cria Alexis, déjà hors de lui d'avoir dû frapper une femme d'une part, et d'autre part de découvrir l'identité de la seconde taupe, une ancienne collègue de son amant et pas n'importe laquelle.

Les yeux enragés de Sirine passaient de l'un à l'autre avec une vitesse folle. Folle ! Oui, c'était de ça qu'elle avait l'air à cet instant précis, tous ses plans venaient de s'effondrer. En fait, cela avait commencé quand elle avait vu Evan embrasser cet homme. Comment était-ce possible ? Elle avait tenté de le séduire pendant des mois et lui, en quelques jours, car elle savait qu'ils ne se connaissaient pas avant, son contact était formel, il avait réussi ?! Impossible. C'était là qu'elle avait su ne plus rien avoir à perdre.

_ Foplin avait raison, cracha-t-elle, t'es pas humain, t'es qu'un robot sans scrupule. Frapper une femme aussi violemment !

_ Foplin ? Lucy Foplin ? La secrétaire de notre général ? S'étouffa Alexis,

Alexis n'en revenait pas. Il la regardait interloqué et Evan ne comprenait plus dans quel univers parallèle il était tombé. Combien y avait-il de traîtres parmi eux ?

_ Bien sûr ! Tu crois le chef de l'OD assez intelligent pour mener ça à bien tout seul ? Foplin est la maîtresse de Trévor depuis des années et vous, pauvres idiots aveugles, vous l'aviez sous votre nez et vous ne l'avez même pas vu ! Se gaussa-t-elle, à moitié hystérique. Qu'est-ce que vous croyez ? Elle a intrigué pour gravir l'échelle hiérarchique et avoir ce poste, c'était prévu, raconta-t-elle sans même le réaliser. Elle a toujours eu ces convictions. Et on avait un putain de plan bien rôdé ! S'écria-t-elle soudain. L'attaque de tout à l'heure n'était là que pour me donner l'occasion de monter à bord, ils auraient pu couler ce bateau si ils avaient vraiment voulu, mais j'étais chargé de récupérer les documents, avoua-t-elle, se moquant éperdument de son sort désormais. Tout ce que je voulais moi, c'était Evan, les objectifs de l'organisation, ça fait bien longtemps que je n'y crois plus, continua-t-elle. Je voulais juste Evan, répéta-t-elle avec un air de gamine perdue, c'est lui que je voulais mais ... j'ai pas ce qu'il faut on dirait ...

Elle partit dans un rire hystérique et les deux hommes surent qu'ils ne pourraient rien en tirer de plus. Après avoir prévenu les autres de la situation, après avoir enfermé une Sirine éplorée et appelé Gordon, après avoir prévenu le général qu'une taupe se trouvait dans le bureau à côté du sien, Evan et Alexis ne purent qu'entendre un hélicoptère amorcer sa descente sur la station prévue à cet effet.

Ils se trouvaient dans le bureau, venus récupérer les informations, si précieuses informations... Ils s'embrassaient, mais ce baiser avait un goût amer et salé. Salé des larmes d'Evan. Ses mains accrochés au blouson de son amant, il ne pouvait se résoudre à le laisser partir. Ce dernier n'en avait pas vraiment envie en fait. Il avait posé sa tête dans le cou d'Evan, s'imprégnant de son odeur comme pour l'emmener avec lui.

_ Je dois y aller mon amour, chuchota-t-il, je t'aime Evan, plus que tout, on se reverra, je te le promet, lui assura-t-il en prenant son visage en coupe pour le regarder droit dans les yeux.

_ Je t'aime tant, gémit le capitaine en réponse tout en l'embrassant, n'attends pas trop avant de me revenir s'il te plaît.

_ Je ferais mon possible pour que l'on se revoit bientôt, promit-il encore. Je t'aime.

_ Je t'aime, répéta le capitaine sans le lâcher.

Leur promesse d'amour avait un air de refrain désespéré, comme si ils n'y croyaient pas eux même. Un dernier baiser et il se détacha des bras de son amant. Evan n'avait pas le courage de le regarder s'envoler. La porte refermée sur l'amour de sa vie, il jeta un œil par le hublot, la lune se reflétait sur les eaux noires et profondes. Comme il aurait aimé s'y noyer, s'y perdre pour oublier la douleur.

Mais il avait fait une promesse alors il s'effondra sur le canapé, Yoan pourrait bien s'occuper de ce qu'il y avait à faire, pour l'instant il voulait juste oublier sa douleur.

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Evan était étendu sur son lit, les bras croisés sous sa tête. Il fixait sans le voir le plafond de sa cabine. La voix douce et cristalline de Loreena Mckennitt résonnait dans la pièce sur un air d'Irlande envoûtant, apaisant quelque peu son cœur meurtri. Il avait les yeux désespérément ouverts à cette heure si tardive et surtout désespérément vides. Cinq mois, cinq longs mois interminables durant lesquels il n'avait presque pas dormi.

Il en était là, essayant de faire le vide dans son esprit pour tenter de trouver ce sommeil que son corps lui réclamait. Pourtant, son esprit était inexorablement attiré par ses souvenirs. Il se résolut, une fois encore, à se laisse emporter, essayant cette fois d'y mettre un semblant d'ordre, d'organiser, de classer tous ces nouveaux sentiments ressentis en si peu de temps, une parenthèse de deux semaines dans sa vie durant laquelle tout son univers avait basculé.

Il avait découvert l'Amour à l'arrivée de l'agent spécial Alexis Miyaki sur son navire. Un amour qu'il n'avait jamais connu, différent de l'amour filial éprouvé pour sa famille, différent de l'amour fraternel éprouvé pour ses amis proches, différent de l'amour physique éprouvé pour ses anciennes maîtresses. L'Amour que seul deux âmes sœurs peuvent ressentir l'une pour l'autre.

Il avait ensuite découvert la trahison. Les résultats de l'enquête, obtenus par l'intermédiaire de Charlélie, avait révélé que Sirine Talni était lié à l'OD depuis sa plus tendre enfance, ses parents étant très proches du dirigeant de l'organisation, Trévor. Elle avait avoué que ses tentatives de séduction sur Evan à l'époque où ils étaient dans l'armée n'était pas seulement motivées par une quelconque attirance, elle souhaitait le charmer pour l'intégrer à l'OD comme elle l'avait fait pour tant d'autres. Elle avait dévoilé également les tenants et aboutissants de leur plan. L'attaque essuyée par l'Orca alors qu'Alexis et lui étaient dans le sous-marin n'était qu'une diversion pour lui permettre de monter à bord du bâtiment en même temps que les autres soldats envoyés pour protéger le bateau. Elle comptait sur ses charmes pour séduire enfin Evan et lui voler les informations ensuite. Plan qui était tombé à l'eau lorsqu'elle avait vu Alexis embrasser Evan.

Bien qu'Evan n'ai jamais considéré la jeune femme comme une amie, il avait toujours apprécié ses qualités de soldat, la considérant au moins comme une alliée, et même si il n'avait pas un fort sentiment de patriotisme au vu de ce qu'il reprochait au gouvernement de Naska, jamais il n'aurait put trahir son pays comme l'avait fait Sirine. Il s'était sentit comme une proie qui n'a pas conscience d'être pourchassée.

Il avait enfin connu l'abandon. Une autre forme que celle qu'il avait ressentit à la mort de son père toutefois, car Alexis était bel et bien vivant en le quittant. Il avait beau savoir que son amant n'avait pas le choix, son départ l'avait anéanti, déchiré entre sa vie, son devoir envers son équipage et son envie de le suivre. S'en était suivit une seconde déchirure quand, deux mois après, Yoan avait annoncé sa volonté de démissionner pour s'installer avec Charlélie. Les quelques semaines par an où ils pouvaient être ensemble à terre ne leur suffisait plus. Evan ne leur en voulait pas, au contraire, il comprenait parfaitement, même si il les enviait de pouvoir vivre pleinement leur amour contrairement à lui.

Depuis, il ne faisait que ressasser tout ça encore et encore les rares fois où il s'arrêtait de travailler. Pour ne rien arranger, cela faisait près d'un mois qu'il n'avait plus eu de nouvelles d'Alexis et il ne pouvait s'empêcher de songer, avec une certaine amertume, aux dernières paroles de James. Et si le blond avait eu raison ? Et si il n'avait été que de passage dans la vie de son amant ? Malgré l'intensité de leur lien, comment ne pas douter quand tout ce qu'il en restait semblait brisé par la distance ?

_ Ça ne sert à rien, soupira-t-il.

D'un geste las, il se leva de son lit et tel un automate se dirigea vers le labo. Comme toutes les nuits, il y resterait jusqu'au matin, moment où Amely arriverait et l'enverrait déjeuner. Mais même la nourriture n'avait plus la même saveur sans lui et il avait déjà perdu plusieurs kilos.

L'absence d'Alexis lui pesait tant. Ses amis le rassuraient, lui rappelant sans cesse que son travail n'était pas de ceux qui permettaient de se libérer à volonté. Ils lui dirent de garder espoir et d'être patient. Puis, ils ne lui dirent plus rien, Evan devenait irascible à présent, il se sentait pris en pitié et ne le supportait plus.

Il avait tellement changé que même ses blagues sonnaient faux, son sourire n'était qu'une ombre et ses yeux ne reflétaient plus que le néant. Sa seule lumière fut les deux ou trois visites que la bande d'orques leur avait rendu et encore une fois Evan s'était laissé transporter, déconnecter du monde pour quelques instants, nageant avec eux en toute liberté sous les yeux toujours autant émerveillés de son équipage.

Leurs recherches avaient énormément progressé en revanche, Evan s'était jeté à corps perdu dans son travail, ses amis avaient vite cessé d'essayer de l'en empêcher, ils n'étaient pas suicidaires après tout.

Tout à son travail, il ne vit pas Amely et Quang Tan arriver dans le labo et sursauta lorsque ce dernier posa une main sur son épaule. Il releva la tête, lui fit un pauvre petit sourire et retourna à sa tâche. Le chinois lui avait été d'une aide précieuse, remplaçant Yoan quand la fatigue était trop forte pour qu'il puisse garder les commandes.

_ Evan, tu es demandé au téléphone, le prévint justement ce dernier.

_ Charlélie ? Devina-t-il, mi-réjoui, mi-blasé.

_ A ton avis ?

_ Hmmff, j'y vais.

_ Bon courage.

Evan poussa un nouveau soupir et se dirigea vers son bureau. Il aurait pu prendre l'appel de là où il était mais si la discussion dégénérait encore, il préférait être seul. En fait, depuis le départ de Yoan, Charlélie n'avait de cesse d'essayer de lui trouver un remplaçant. Il estimait que son ami s'épuisait à tenir les deux rôles même si Quang Tan l'aidait. Ils s'étaient déjà disputés à plusieurs reprises à ce sujet.

_ Hey Char'li ? Comment va ? Fit-il de sa voix la plus enjouée.

_ Je vais bien, et toi ? Répondit son ami sans pouvoir cacher son inquiétude.

_ C'est ok, et Yo ?

_ Il va bien aussi, son nouvel emploi lui convient de plus en plus, s'amusa gentiment le blond.

_ Sans blague !

Evan avait eu un de ses rares sourires, il revoyait la tête de Charlélie annonçant à Yoan qu'un poste de garde du corps venait de se libérer et lui demandant si, par le plus grand des hasards, ce poste l'intéresserait. A n'en pas douter, Yoan allait plus que bien depuis qu'il occupait une fonction lui permettant de rester vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec son compagnon, rattrapant ainsi les années de frustration à être séparés l'un de l'autre.

_ Je n'oserais pas, répondit sincèrement l'homme d'affaires, mais c'est si rare de t'entendre rire.

_ J'ai honte tu sais, honte de ce que je suis devenu et honte de me laisser aller comme ça, avoua-t-il si doucement que son ami eut du mal à comprendre ce qu'il disait. Quand je pense que Yo et toi vous avez été sép...

_ Ça n'avait rien à voir,Yoan et moi trouvions toujours du temps pour nous voir au moins une semaine par mois. Je peux comprendre, nous pouvons tous comprendre, qu'une séparation de 5 mois te sembles insupportable, le rassura Charlélie. De plus, tu n'as pas eu beaucoup de nouvelles, ce qui n'arrange rien.

Evan soupira et passa une main sur son visage, cette discussion n'était qu'une répétition des précédentes.

_ On en a souvent parlé Charlélie, mais cette fois, je suis surtout épuisé.

_ Tu vas finir par te tuer au travail, je comprends que tu veuilles te changer les idées mais là ça va trop loin. Tu dois prendre un nouveau second, fit le blond de sa voix la plus ferme, tentant encore une fois de le convaincre.

_ On ne va pas revenir là-dessus, soupira Evan, tu veux que je te rappelle que tous les mecs que tu m'as envoyé étaient de vrais catastrophes ambulantes ? Jusqu'au dernier qui après seulement vingt minutes en pleine mer m'a vomi dessus ? S'offusqua-t-il, encore atterré à ce souvenir.

Ça avait été une de leur plus violente dispute, bien sûr que le blond s'en souvenait. C'était il y avait un mois, depuis Charlélie avait abandonné l'idée. Du moins, c'était ce qu'Evan croyait. Il le sentait venir, il le sentait arriver aussi discret qu'une orque dans un bocal à poissons rouges .

_ En fait, commença-t-il en se grattant la gorge.

_ Non ! Le coupa violemment le châtain.

_ Mais Ev...

_ Même pas en rêve Charlélie ! L'arrêta net le capitaine.

_ Je suis désolé mais l'hélicoptère est déjà en route, il devrait être à votre niveau d'ici 20 minutes, lâcha le blond à toute vitesse.

_ T'as pas fait ça, gémit alors Evan, pitié, dis-moi que c'est une blague, que tu m'as pas encore envoyé un de tes boulets que je sais même pas d'où t'en sors des comme ça ! S'écria-t-il.

L'exaspération. Si il avait fallu transcrire l'état d'esprit du capitaine à cet instant, un seul mot, un seul sentiment, serait apparu, exaspération.

_ Écoute, je te promet que ce sera le dernier, lui jura Charlélie d'une voix suppliante, si il ne convient pas, je ne t'ennuierais plus avec ça, je te le jure. De toute façon, t'as pas le choix, le pilote est aux commandes depuis plus de trois heures, il faut bien qu'il se repose et qu'il remette du carburant pour pouvoir repartir, argumenta-t-il.

_ Je me vengerais Charlélie, et ça fera très mal crois-moi ! Gronda le châtain.

_ Moi aussi je t'aime mon ami, à bientôt.

Avant même qu'Evan n'ait pu rajouter un mot, Charlélie raccrocha. Et Evan se maudit une seconde d'avoir des amis aussi prévenants. Mais comment leur en vouloir ? Ils n'agissaient que dans ce qu'ils pensaient être son intérêt.

Il aurait aimé se laisser aller au désespoir de devoir encore recevoir un inconnu, craignant que cette fois le bateau n'y résiste pas. Qu'allait-il faire celui-là, foutre le feu aux cuisines ? Faire exploser le labo ? Couler l'Orca ? Cependant, il ne pouvait pas, il devait au moins prévenir Quang Tan qu'un « invité » arrivait, qu'il fasse dégager l'héliport pour permettre l'atterrissage.

Un coup de fil plus tard et il profita d'être dans son bureau pour boucler la paperasse qui s'entassait. Si il se noyait volontiers dans ses recherches, l'administratif était une autre paire de manches et l'emmerdait royalement. N'ayant pas envie de sortir de son antre au risque de croiser le nouveau prétendant au poste de second quand il serait là, il préféra encore s'enterrer sous la montagne de papiers qui l'attendait sagement. De deux maux, choisir le moindre.

Il ne releva même pas la tête en entendant l'hélico se poser. Penny vint le prévenir mais il lui dit qu'il sortirait quand il aurait fini et que « le boulet envoyé par Charlélie pour lui pourrir la vie » pouvait bien attendre et que si il râlait, il pouvait toujours tenter de rejoindre la côte à la nage. Ce à quoi la jeune femme répondit qu'ils étaient tout de même à plus de cinq cents miles du littoral australien.

_ Et ? Fut la seule réponse de son capitaine avant de retourner à ses dossiers.

La porte se referma et il poussa un long soupir de soulagement. Il travailla comme cela une bonne demi-heure avant que quelques coups frappés à sa porte ne le fasse sursauter. Il garda malgré tout les yeux accrochés sur une facture qui lui prenait la tête, non, il ne se souvenait pas avoir commandé, ni avoir reçut d'ailleurs, 200 kilos de pommes de terre ! Se demandant comment une telle erreur avait put se produire, il réussit tout de même à lancer un très joyeux et très aimable « mais foutez-moi la paix bordel de merde ! » avant d'attraper le téléphone pour engueuler le mec qui pensait pouvoir lui facturer 200 kilos au lieu de 50.

La porte s'ouvrit lentement sans qu'il ne le remarque, concentré qu'il était à composer le numéro de téléphone. Dans son énervement, il s'était levé et se trouvait maintenant face au hublot, le téléphone coincé entre son épaule et son oreille, des feuilles plein les mains.

_ Excusez-moi Capitaine Oliver, mais « le boulet envoyé par Charlélie pour vous pourrir la vie » aimerait beaucoup pouvoir vous parler, fit une voix douce et amusée.

Le téléphone tomba sur le sol dans un bruit mat aussitôt suivi d'une liasse de feuilles qui s'éparpillèrent gaiement autour des pieds d'Evan, mais il n'y prêta pas attention une seule seconde. Lentement il se retourna, le cœur résonnant dans sa poitrine, il était sûr que tout le bateau pouvait l'entendre.

_ Alexis, put-il seulement souffler.

Considérant un instant le capitaine, grognon une seconde auparavant et à présent muet comme une carpe, Alexis avança jusqu'à se trouver au niveau du bureau. Malgré son apparente assurance, il craignait d'entrer plus avant dans le périmètre d'Evan. Celui-ci ne bougeait toujours pas et avait effroyablement pâlit. Tentant de ne pas en tenir compte, Alexis joua le tout pour le tout.

_ Excusez-moi Capitaine, mais j'ai entendu dire qu'un poste s'était libéré sur votre navire et comme je suis moi-même actuellement au chômage, commença-t-il de la même voix douce.

_ ... Alexis ...

Ce dernier sursauta, l'avait-il seulement écouté ? Il ne bougeait toujours pas et le brun commença à s'inquiéter. Ce n'est pas tout à fait comme cela qu'il s'imaginait leurs retrouvailles, pour lui, il y avait deux scénarios possibles.

Des retrouvailles émouvantes où Evan lui aurait sauté dans les bras, et d'autres un peu plus violentes où il lui reprocherait son manque de nouvelles. Mais là ... Le capitaine semblait en état de choc, ne cessant de répéter son nom comme si il ne croyait pas ce qu'il voyait.

Aussi, prit-il la décision de franchir le peu d'espace qui les séparait encore. Il contourna le bureau et se plaça juste devant son amant qui avait reculé jusqu'au mur. La luminosité matinale qui passait par le hublot illuminait la pièce et Alexis prit alors pleinement conscience de l'état dans lequel son vis à vis se trouvait. Il avait maigri certes, mais pas seulement, ce qui impressionnait le plus Alexis c'était les cernes sous ses yeux. Ses yeux si beaux, si vivants et expressifs, avaient aujourd'hui perdus leur éclat et il sentit son cœur se broyer à leur vue car il se savait responsable.

_ Mon Dieu Evan, murmura-t-il en avançant doucement une main vers la joue de l'homme qu'il avait aimé au premier regard.

Sa main tremblait, il avait peur de le briser tant il semblait faible et épuisé. Evan tressaillit à son contact et sembla reprendre ses esprits. Sans prévenir, il se jeta violemment dans ses bras et l'étreignit avec une force qu'Alexis n'avait pas soupçonné.

_ Alexis !

_ Pardonne-moi, je t'en prie pardonne-moi mon ange, pardonne-moi, je n'aurais pas dû partir si longtemps, si j'avais su, murmura-t-il en le berçant.

Il se tut, attendant que les sanglots de son homme se calme. Il resserra un bras autour de la taille d'Evan et son autre main vint se poser sur sa tête enfouie contre son torse. Il le sentait trembler contre lui et il se maudit une fois encore d'être le responsable de son état, de sa douleur. Il le souleva soudainement en passant un bras sous ses genoux et Evan s'accrocha à lui comme à une bouée.

Alexis se dirigea vers le canapé où il s'assit, Evan sur ses genoux, sa tête maintenant cachée dans son cou.

Il le berça comme un enfant et c'était exactement l'impression que donnait Evan à cet instant, celle d'être un enfant apeuré. Jamais encore Alexis n'avait eut si mal, Charlélie lui avait dit son inquiétude quant à l'état de son ami, il lui avait expliqué que pas une fois Evan n'avait pleuré ou craqué d'une quelconque façon.

Il enfouissait tout en lui et se contentait de se tuer à la tâche. Là, il semblait rattraper ces cinq longs mois de peine contenue et il aurait aimé pouvoir pleurer sa douleur à sa place, il aurait tant souhaité pouvoir prendre son mal en lui pour soulager son amour.

Le corps dans ses bras se détendit progressivement et Alexis crut qu'il s'était endormi, il se permit alors de se relâcher légèrement pour s'appuyer sur le dossier du divan, son dos commençant à l'élancer sérieusement. A peine eut-il bouger qu'il sentit les mains d'Evan s'agripper plus fort encore à son pull, il n'aurait pas crut cela possible. Il recommença à lui murmurer des paroles d'amour et de réconfort pour le rassurer. Et contre toute attente, Evan prit lui aussi la parole.

_ Tu ... tu es là ? Je ne rêve pas, je ne deviens pas fou ?

Oh c'était à peine un murmure ! Mais tellement suffisant pour Alexis, plus que ravi de pouvoir enfin établir le contact. Il approcha de son oreille pour que ses mots aient plus de poids.

_ Tu ne rêves pas et je suis réel, je suis là et je ne partirais plus jamais sauf si tu me le demandais un jour, le réconforta-t-il. Je t'aime mon ange, et je suis tellement désolé de ce que tu as dû endurer, tu m'as tant manqué ... mais contrairement à toi, reprit-il, moi je savais que j'allais bientôt te revoir. Je comprends mon erreur aujourd'hui, j'aurais dû te prévenir, mais je voulais tellement te faire la surprise de mon retour, se justifia-t-il. Pardonne-moi ?

Il sentit Evan trembler contre lui et il raffermit sa prise sur son corps devenu trop léger. Il était anxieux, et si Evan ne voulait plus de lui à cause de toute cette souffrance dont il était responsable ?

_ Prouve-le moi, souffla le capitaine.

Perdu dans ses doutes, il failli ne pas entendre son amant et dut prendre un instant pour comprendre ce qui venait d'être dit.

_ Te prouver quoi mon cœur ? Que je suis désolé ? Tenta-t-il.

_ Non, fit le châtain en secouant mollement la tête, que tu es réel, que tu viens de me dire tout ça, que tu viens bien de me promettre de res...

Coupant court à la réponse d'Evan et ayant compris sa demande, il se pencha sur ses lèvres et les captura dans un lent et doux baiser qu'ils attendaient tous deux depuis de longues, d'interminables semaines. Tout à leur baiser, Alexis bascula en arrière et allongea Evan sur lui. Il laissa ses mains descendre vers les reins de son compagnon pour rapprocher encore leur deux corps.

Leurs lèvres et leur langue ne cessaient plus de danser les unes contre les autres, les unes avec les autres, capturant des souffles, emprisonnant des gémissements. Après quelques minutes de ce délicieux combat, ils se détachèrent l'un de l'autre, restant front contre front et ne se quittant plus des yeux.

_ Tu es là.

Ce n'était plus une question mais bien une affirmation, qu'Alexis s'empressa de confirmer d' un sourire. Ses yeux brillaient d'une nouvelle assurance, si Evan lui en voulait en tout cas il l'acceptait tout de même auprès de lui et rien ne saurait le rendre plus heureux en cet instant.

_ Je ne pars plus, lui assura-t-il à nouveau.

_ Jamais, enchérit Evan.

_ Sauf si un jour tu te lasses de moi, sourit tendrement le brun.

_ Jamais, répondit Evan en resserrant sa prise sur son corps.

_ Me pardonnes-tu ? Voulut tout de même savoir Alexis. De t'avoir fait souffrir inutilement, ajouta-t-il en voyant que son amant ne comprenait pas.

_ Explique-moi, fut tout ce que dit Evan.

Alexis inspira, c'était le moment qu'il redoutait.

_ Et bien ... je commence par le début hein ? Sourit-il, anxieux. Donc en rentrant, il a fallut faire des rapports et des débriefings interminables mais ça je t'en avais parlé au téléphone, puis comme tu le sais, il y a eu les procès exceptionnels pour crime de lèse-majesté et de haute trahison, commença-t-il, j'ai été appelé à témoigner plusieurs fois ce qui m'a permit de revoir Charlélie, convoqué lui aussi en tant que représentant de l'équipage de l'Orca. Après le démantèlement de l'OD et la condamnation de Trévor et ses sbires, Charlélie, Yoan et moi nous sommes revus, c'était il y a environ un mois, expliqua-t-il encore. Ils m'ont parlé de ton comportement, ce que tu me cachais lors de mes appels, le gronda-t-il, qui étaient bien trop rares je le sais mais je ne pouvais faire autrement. Ensuite, ils m'ont expliqué que tu avais besoin d'un second, tu connais Charlélie, il a abordé le sujet l'air de rien pour que l'idée me vienne moi-même. Il m'a fallu un mois pour tout boucler, donner ma démission, suivre une petite formation accélérée auprès de Yoan, ...J'aurais dû t'en parler mais j'avais peur, lui avoua-t-il.

Le silence fut seul à régner pendant une minute puis Evan s'autorisa à formuler tout haut ce qu'il se demandait tout bas.

_ Peur de quoi 'Xis ?

Si Alexis fut soulagé à l'entente de son surnom, il savait tout de même que la réponse qu'il allait faire à Evan n'allait pas lui plaire.

_ Que tu ne veuilles plus de moi, souffla-t-il, les yeux fermés.

_ Quoi ! S'écria le châtain en se redressant brutalement. Mais t'es vraiment trop con ma parole ! Se fâcha-t-il en voulant le repousser. Comment t'as pu penser une seule seconde que je ne te voudrais pas près de moi !

_ Evan, fit doucement Alexis en le maintenant fermement contre lui, mon enchanteur ... calme-toi, laisse-moi t'expliquer s'il te plaît, le pria-t-il tendrement, je savais, pour le vivre moi aussi, que nos vies s'étaient liées, mais ce n'est pas pour autant que tu aurais eut envie de moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tu te serais peut-être senti étouffé, peut-être que tu n'aurais pas supporté, se justifia-t-il. J'avais beaucoup de doutes et quand Charlélie a réussi à les dissiper, je ne t'ai toujours pas prévenu car je voulais bêtement te faire la surprise de ma venue, se mordilla-t-il la lèvre comme un enfant qui sait qu'il va se faire gronder.

Le corps contre lui se détendit et il sentit les bras d'Evan s'enrouler autour de sa taille.

_ Je ne retire pas quand même ce que j'ai dit, t'es trop con, maugréa-t-il.

_ Quand tu prends cet air là pour m'insulter, tu n'es pas crédible mon ange, se moqua gentiment le brun.

_ Je n'arrive pas à croire que tu es bien là avec moi, c'est tellement soudain ...

_ J'ai cru t'avoir perdu Evan, quand j'ai vu que tu ne réagissais pas, frissonna Alexis.

_ Je pensais avoir perdu la tête, tu sais entre le manque de sommeil et une alimentation un peu chaotique ... j'ai plusieurs fois eut l'impression que tu étais près de moi alors qu'en fait je m'étais juste endormi sur mon bureau.

_ Je suis désolé, ne put que dire l'ex agent spécial.

_ Arrête de t'excuser, répondit Evan en posant un doigt sur ses lèvres, tu as souffert aussi et tu n'avais pas le choix. Promets-moi seulement que maintenant tu restes avec moi.

_ Je te le jure et j'ai un cadeau pour toi, pour sceller cette promesse. Lève-toi mon cœur s'il te plaît.

Evan obéit, légèrement intrigué et suivit des yeux Alexis alors que celui-ci sortait un pochette cartonnée de l'une de ses valises. Il revint vers lui et lui tendit, Evan la prit machinalement sans trop vraiment comprendre.

_ C'est pour toi, c'est aussi pour ça que j'ai prit plus de temps que prévu, ça a été difficile mais j'ai eu de l'aide. C'est pour toi Evan, j'espère que ça te permettra d'avancer et si possible avec moi.

Sans plus attendre, Evan ouvrit l'épaisse enveloppe et commença à lire le dossier qu'elle contenait. Au fur et à mesure de sa lecture, ses mains se mirent à trembler et ses yeux s'embuèrent. Alexis venait de réussir l'exploit de le faire pleurer deux fois en même pas une heure alors qu'il se retenait depuis son départ.

Il secoua la tête et finit sa lecture, Alexis ne manquait pas une seule des expressions qui traversaient ses si énigmatiques prunelles. L'incompréhension d'abord, puis l'émotion, la surprise, la colère, la reconnaissance enfin quand ses yeux se fixèrent à nouveau sur lui. Evan était complètement retourné et il n'arriva à prononcer qu'un seul mot.

_ Comment ?

Alexis lui sourit et porta une main à ses joues pour y effacer les larmes. Evan la retint de sa propre main, la posant franchement contre sa pommette et la faisant glisser jusqu'à ses lèvres qui y déposèrent de petits baisers.

_ Je n'ai cessé d'y penser depuis que tu m'en as parlé, connaissant bien les agissements du gouvernement, il n'y avait pas 36 possibilités pour qu'il vous ai caché la vérité, expliqua Alexis. J'ai commencé à me renseigner discrètement et quand je n'ai plus réussi à avancer, j'ai dû me résoudre à demander de l'aide à James, je ne te l'ai pas dit parce que je n'y ai jamais pensé mais il est un cousin de la reine, alors grâce à ses relations, il a accès aux dossiers les plus secrets, lui avoua-t-il. Cela n'a pas été facile, au début, il a pensé que ce serait une façon pour moi de lui être redevable et donc d'avoir une chance d'arriver à ses fins, mais j'ai réussit à lui faire comprendre que je voyais plus ça comme une aide pour réparer les torts qu'il t'a causé lors de notre séjour.

_ Je devrais donc l'appeler pour le remercier, grimaça Evan.

_ Tu n'es pas obligé, le rassura Alexis, je l'ai déjà fait et je comprendrais parfaitement que tu sois mal à l'aise à cette idée. En fait, au début, je ne voulais pas te dire qu'il m'avait aidé et puis je me suis dit que je ne voulais pas avoir de secret pour toi, alors...

_ Et tu as bien fait, le coupa son amant. Ce dossier est plus important pour moi que mon orgueil, je l'appellerais pour le remercier.

Ils gardèrent le silence, Evan réfléchissant à ce qu'il venait d'apprendre, cherchant au fond de lui ce qu'il ressentait vraiment. Alexis respectant son silence, attendait qu'il le rompe de lui-même.

_ Ça fait beaucoup en une seule matinée, souffla-t-il. D'abord tu me reviens pour m'apprendre que tu ne me quitteras plus, puis tu m'offres la réponse à la question que je me pose depuis près de dix ans, à savoir pourquoi et comment mon père est mort, dit-il en réalisant peu à peu la portée de ses propres mots. Je pensais que de le savoir m'aiderait à me sentir mieux, mais en fait c'est assez flou ... Ça n'efface pas la tristesse et le manque bien évidemment, mais j'avoue que d'apprendre qu'il est mort en héros me rempli de fierté et justifie quelque peu sa mort, je ne sais pas si tu comprends ... je me dis qu'au moins, il n'est pas mort pour rien ...

_ Je comprends si, lui assura Alexis, ton père était un héros et cela rend le gouvernement d'autant plus coupable d'avoir couvert cette bavure et de ne pas avoir rendu hommage à ton père comme il le méritait. Malheureusement, c'est souvent comme cela que ça fonctionne... Ça va aller mon ange ? Demanda-t-il en lui caressant le dos.

_ Prends-moi dans tes bras et ça ira déjà mieux. Merci. Merci pour tout. Tu ne sais pas à quel point c'était important pour moi, je ne te remercierais jamais assez.

_ Et bien disons que si tu me laisses rester ça sera suffisant, pour commencer, lui sourit Alexis, ému.

Ils reprirent leur position d'origine, Evan allongé dans les bras d'Alexis, et se laissèrent bercer mutuellement par le souffle de l'autre. Evan venait d'apprendre que son père avait perdu la vie pour une simple erreur de jugement. Le bataillon qu'il dirigeait avait reçut l'ordre d'attaquer un hameau, point stratégique d'une base rebelle, elle devait être quasiment déserte selon les sources de leur général.

Le colonel Oliver avait lancé l'assaut en première ligne mais arrivé sur place, il s'était vite rendu compte qu'ils n'étaient pas assez nombreux et que les infos reçues étaient erronées. Il ordonna la retraite mais certains de ses hommes avaient été trop vite et se retrouvaient sous les tirs ennemis. Il était allé les secourir au péril de sa vie.

Le grand commandement avait fortement engueulé le général pour le manque de fiabilité de ses sources qui leur avait fait perdre un excellent élément mais il n'y avait eu aucune révélation, il ne fallait pas compromettre l'image de l'armée en ces temps si troubles et sur la lettre que reçut Hélène Oliver quelques jours plus tard, on pouvait seulement lire : Colonel David Oliver, mort au combat. Aucun explication, aucune réponse, rien ...

Pendant 10 ans, Evan s'était demandé ce que son père avait bien pu faire pour que le gouvernement refuse de le lui dire, aujourd'hui, grâce à Alexis, il savait enfin. Il pourrait non seulement tourner la page mais aussi refermer le livre.

Prit d'une pulsion subite, il entreprit de dévorer le cou de son amant. Il commença à remonter vers sa bouche, suivant la ligne douce de sa mâchoire et happa ses lèvres alors que ses mains s'aventuraient sous son pull. Alexis se laissait faire, conscient que l'urgence qu'Evan mettait dans ses gestes trahissait surtout un immense besoin de contact et de présence. Il le laissa imposer son rythme, il n'était pas en reste néanmoins et répondait avec ardeur à ses baisers et ses caresses.

Dans un sursaut de lucidité, Evan se releva en vitesse pour se jeter sur la porte. Alexis, pensant que son compagnon avait eu peur de sa réaction, se leva à sa suite pour le prendre dans ses bras. Il fut soulagé quand il vit qu'Evan voulait simplement fermer la porte à clé. Il le colla alors contre cette fameuse porte, inversant les rôles précédents et entrepris de donner à Evan toutes les preuves possibles de son amour pour lui.

Dans leur folie, ils se mirent en mouvement, l'un repoussant l'autre, l'autre en attirant un, ils se fuyaient et se cherchaient, leurs mains agrippaient quand leur jambes s'esquivaient. Dans leur jeu de domination, ils se retrouvèrent dans une position qui les excita grandement et les incita à passer à la vitesse supérieure. L'envie se fit réellement impérieuse quand Alexis se rendit compte qu'il venait de coucher son amant sur son bureau après en voir balayé la surface d'un revers de main.

Les cheveux de son partenaire s'étaient détachés et s'étalaient autour de lui, son souffle était court et le faisait haleter, ses joues rouges et ses yeux fiévreux complétaient le tableau de la luxure incarnée.

Ils avaient perdu leur pull ou t-shirt dans le feu de l'action et se délectaient chacun des courbes abdominales de l'autre sur lesquelles leurs mains se perdaient. Alexis se jeta comme un affamé sur le corps d'Evan, le désir violent de ce dernier s'était transmis à son amant et il sourit en le voyant fondre sur lui tel un aigle. Il attrapa ses épaules pour lui montrer que son envie de lui était tout aussi pressante que la sienne et qu'il n'avait pas intérêt à jouer trop longtemps avec lui.

Ils se lancèrent un regard plein de fougue et de défi. Laissant sa langue descendre le long du torse d'Evan, Alexis entrepris de le débarrasser de son jean et de son boxer. Il n'avait pas envie de se montrer joueur, tendre, ou autre, il voulait juste répondre à son attente. Evan le voulait, là et tout de suite, il en avait besoin, comme pour concrétiser enfin tous les événements de la matinée.

Une fois nus tous les deux, Alexis reprit ses caresses et colla son corps le plus possible à celui de son amant, il l'embrassa longuement avec une fougue sans égale. Evan avait entouré ses jambes autour de sa taille dans le feu de l'action, frottant leur bassin l'un contre l'autre, les faisant gémir de concert. Mais ce n'était pas assez pour lui, il se fit plus bestial, plus sauvage, ses ongles se plantèrent dans son dos et il l'attira brutalement à lui.

_Je t'en prie Alexis... prend-moi... prouve-moi que tout est réel... ne me laisse plus douter... viens ...viens, le pria-t-il d'une voix rauque et haletante qui suffit à donner très chaud à l'ex agent spécial qui perdit complètement le contrôle de son corps.

Cela faisait trop longtemps qu'il n'avait pas touché Evan, senti son corps vibrer sous ses doigts, entendu ses plaintes et gémissements si sensuels chaque fois qu'il se donnait à lui.

Il se dégagea de ses jambes, redressa Evan et une fois celui-ci presque debout contre le bureau, il prit ses lèvres encore une fois, plus longuement qu'avant comme pour en garder le goût et, d'un coup, s'en détacha avant de retourner son amant pour le coucher à plat ventre sur le bureau. Evan ne put retenir une exclamation de plaisir en sentant simultanément le désir de son compagnon contre le bas de son dos et sa propre érection sur la surface plate et froide du plan de travail.

Sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit, Alexis s'était agenouillé et passait sa langue dans le creux derrière ses genoux, il remonta lentement, alternant jambe gauche et jambe droite jusqu'à se retrouver au niveau de l'intimité de son amant.

Il commença à le préparer par des caresses brûlantes de sa langue, ses doigts se joignirent ensuite à la danse et Evan n'était plus que cris et gémissements qu'il tentait d'étouffer en se mordant les lèvres. Ses mains ne lâchaient plus les bords du bureau et serraient à en broyer le bois.

Lorsque Alexis se redressa, il grogna son mécontentement mais ne put se retourner car son amant venait de le prendre, d'un seul coup de rein puissant. Un éclair de douleur le traversa alors, lui faisant prendre conscience de toute la réalité de la scène mais bien vite, les vas et viens d'Alexis amenèrent de telles vagues de plaisir qu'il oublia tout ce qui n'était pas eux.

Sous l'effort et la concentration, Alexis s'était allongé entièrement sur le dos de son amant, l'écrasant de tout son poids contre le bureau et la pression ainsi exercée sur son sexe manqua de faire venir Evan en quelques secondes. Il fit appel à toute sa volonté pour tenir encore. Il entendait Alexis gémir au creux de son oreille et sentait parfois un bout de langue se perdre sur son lobe.

L'ex agent spécial, sentant que son partenaire était au bord de la jouissance et voulant avant toute chose le satisfaire, décida d'accélérer le rythme. Il se redressa, attrapa les hanches de son compagnon et ses coups de reins se firent plus profonds, plus forts. Dans le même mouvement, Evan rejeta la tête en arrière et sa bouche s'ouvrit sur un cri muet. Des larmes de plaisir perlaient au coin de ses yeux et il ne pouvait que geindre des « encore » et des « je t'aime » rendant Alexis complètement et irrémédiablement fou de désir.

Par le simple frottement contre le plan de travail du bureau et les habiles déhanchements de son amant, Evan arriva à l'apogée de sa jouissance, ne pouvant que mettre sa main devant sa bouche pour atténuer le cri échappé de sa gorge. La vision offerte par son amant fit venir Alexis quelques secondes à peine après lui. Il enroula la taille d'Evan de ses bras et enfoui sa tête dans ses cheveux et se laissa emporter par cette vague attendue et dévastatrice. C'est en soufflant le nom de son amour qu'il se libéra.
Quand les tremblements de son corps cessèrent, il se retira et entrepris de relever Evan pour le remettre face à lui et l'embrasser, encore et encore. Evan jeta ses bras autour de sa nuque et lui rendit baiser pour baiser. Ils retournèrent au canapé et recommencèrent leurs caresses, plus tendrement cette fois-ci, il n'y avait plus d'urgence, Evan était rassuré et Alexis n'était plus en manque. Ils pouvaient prendre toute la journée si ils le souhaitaient, rien ne les aurait empêché de se retrouver comme il se devait.

Personne ne les vit avant le dîner, ils restèrent enfermés dans le bureau du capitaine toute la journée comme prévue, alternant les phases de sommeil et les phases de câlins. Pour la deuxième fois de sa vie, Alexis s'offrit à Evan qui le remercia en le faisant sien de la plus tendre et la plus aimante des façons. Ils rattrapèrent ces cinq mois d'éternité pendant lesquels ils avaient été privé d'une partir de leur âme.

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_ Content de te revoir parmi nous Alexis ! S'exclama Quang Tan en les voyant entrer dans la passerelle.

_ Moi aussi, répondit le brun sans lâcher la main de son enchanteur. J'aurai besoin de ton aide les premiers temps, mais après tu pourras te consacrer uniquement à ton poste d'origine, continua-t-il avec un sourire.

_ Je te remercierais jamais assez, fit le vietnamien, visiblement soulagé, les deux postes en même temps ça va bien quelques jours, mais à la longue c'est usant, surtout avec un bourreau de travail ! Ajouta-t-il en lançant un coup d'œil à son capitaine qui ne quittait pas son compagnon des yeux.

_ C'est de moi que tu parles mon petit cœur en sucre ? Rétorqua le châtain en dardant ses prunelles pétillantes de malice vers son futur ex-second, prouvant par là qu'il avait très bien suivi la conversation.

Tout le monde était réuni et tous éclatèrent de rire, le chef leur avait demandé de se réunir pour leur annoncer ce que tous savait déjà, la place de Yoan venait d'être prise par Alexis. Toutefois, il tenait à faire une annonce officielle. Plus que ça, ce fut le sourire éclatant qu'il arborait et le retour de ses blagues vaseuses qui ravirent et rassurèrent l'assemblée. Quang Tan grimaça mais ne put s'empêcher de sourire.

_ Je te dirais bien d'aller voir ailleurs si j'y suis capitaine mais ... ça fait plaisir de te revoir comme ça, fit-il sincèrement.

Plus émus qu'ils ne voulaient le laisser paraître, les deux jeunes hommes se fixèrent un instant et gênés tentèrent de changer de sujet. Ce fut Evan qui y parvint, recommençant à asticoter tout le monde et l'ambiance redevint ce qu'elle avait toujours été jusque là, identique à celle d'une famille unie et chaleureuse.

_ Dis plutôt que t'es content d'avoir enfin du temps pour t'occuper de ta Amely chérie ? Le taquina encore Evan.

_ Evan ! S'indigna la jeune femme en question.

_ Et toi Penny chérie ? Avec Stephen ? Vous en êtes où ? Changea-t-il de cible. Qui prend les paris pour le premier bébé ? Lança-t-il ensuite à la ronde sous les rires de son équipage.

_ Capitaiiiiine, gronda Penny les poings sur les hanches.

_ Ba quoi ? Stephen, pourquoi t'es tout rouge ? S'amusa-t-il comme un sale gosse.

Il continua, faisant tourner en bourrique tout l'équipage et certains commencèrent même à regretter le retour d'Alexis. Le travail repris tout de même le lendemain et avec une toute nouvelle volonté. Evan appela Charlélie pour le remercier et lui résumer la situation. Le lendemain soir après son arrivée, Alexis rejoignit Evan à leur place habituelle, celle où ils s'étaient avoué leurs sentiments la première fois.

La nuit était tombée mais il faisait encore doux et la demi-lune flamboyait dans le ciel, Evan fixait les jeux de lumière de ses rayons, Alexis dans son dos, ses bras autour de sa taille.

_ Je suis heureux, murmura-t-il.

_ Alors moi aussi ... mon petit enchanteur des mers, se moqua gentiment le brun en lui soufflant dans le cou.

_ Alexis !

Ils se remirent face à face et s'embrassèrent longuement avant de rejoindre leur cabine. Après tout, la journée de la veille n'était qu'un échauffement, non ?

FIN

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Et voilà, cette aventure se termine. J'espère que vous aurez pris du bon temps ! Merci de m'avoir suivi !

Je n'ai rien d'autre de prévu pour l'instant, trop de boulot … Mais bon, on ne sait jamais.