Et voilà un "petit" one-shot que j'ai du me résigner à couper en deux parties... Pour plus de sadisme xD

Résumé : Gabriel explore tous les moyens possible et imaginable pour se rendre à la Réunion, jurant contre les gros, maudissant sa taille et priant pour la survie de ses parents (et la sienne), mais le voyage qui l'attend va lui faire considérer les queues de cheval et les cravates d'une tout autre façon. Two-shot. PWP. Yaoi.

WARNING : Presence (que dis-je... Présence...) de Yaoi, c'est a dire de relations entre hommes ^^ et bien sûr, surabdondance de Guimauve, de cliché et de truc qui sont sûrment faux xD

Ma parole n'est pas d'or, et je n'ai jamais voyagé en Jet privé, alors la plupart des choses dont je vais parler sont sûrement fausse ^^"

Et Dwarf = Nain en anglais

Profitez en bien, et j'espère que vous rirez autant que moi ! ^^


Voyage

- Dégage ! Mais dégage gros lard !

J'enfonçai mon coude dans la masse de graisse postée devant moi, tentant désespérément de ne serait-ce qu'entrapercevoir le tableau d'affichage.

Le brouhaha de l'aéroport me cassait les oreilles et la masse de gens grouillait absolument partout autour de mon mètre soixante-sept, s'agglutinant devant le tableau d'affichage.

Mon mauvais caractère remonta avec une étonnante rapidité et j'écrasai fourbement plusieurs paires de pieds afin de me frayer un passage ponctué de cris de douleur vers les horaires lumineux.

Alors… L'avion en direction de la Réunion… La Réunion…

Oh crap !

« Départ - New-York : Lundi. 9h55 pm. – piste 643. Destination : La Réunion. »

Actuellement ? New-York : Lundi. 9h57 pm. – encore dans le hall. Destination : La Réunion.

D'un mouvement brusque, je fis demi-tour et fonçai à travers le hall comme un dératé, mon sac de voyage ballotant contre ma hanche, sans prêter attentions à toutes les vies auxquelles je devais avoir mis fin en fonçant dans les malheureux qui se dressaient entre moi et mon avion.

Merde… Piste 540… 602… J'y suis presque.

Ouais ! Piste 643 !

Dans un virage parfaitement maîtrisé, je tournai brutalement en direction de la piste pour courir jusqu'à mon avion… Dont les portes venaient de se fermer.

Un « Veuillez évacuer la piste pour le départ de l'avion à direction de La Réunion » se fit entendre.

Ne serait-ce que pour enfoncer un peu plus le clou.

Holy crap… C'était toujours comme ça !

Je quittai la piste et m'affalai contre un mur pour reprendre ma respiration qui se faisait courte.
Je ne suis pas un sportif, moi.

Une vibration dans ma poche m'arracha à mes sombres et néfastes pensées à propos des gros qui cachent les tableaux d'affichages aux pauvres petits et je décrochai en jetant un coup d'œil au numéro.

- Allô, Daphné ?

- Allô… Gabriel ? Je suppose que si tu réponds, c'est que tu n'es pas dans l'avion…

- Et bien…

- Tu l'as raté.

- Comment dire…

- Tu viens de rater l'avion qui devait t'amener à la villa que tu avais réservé. Pour nous. À la Réunion. Pour nos dix ans de couple.

- Ça ne fait pas dix ans qu'on est ensemble… Lâchai-je blasé.

- Bien sûr que si ! Et ne change pas de sujet !

- Okay, okay, si tu veux… Capitulai-je avec diplomatie. Je suppose que tu es déjà dans la villa.

- Oui ! Parce que contrairement à certaines personnes, je ne reste pas à prendre un pot avec des potes juste avant le départ de mon avion !

- Tsss, ridicule, je n'ai rien fait de tel…

Je n'aurais vraiment pas dû accepter ce dernier verre…

Elle poussa un soupir et sembla se calmer.

- Essaye juste d'être là avant mercredi matin.

- Mercredi ? Dans deux jour ? Mais La Réunion est à trente-trois heure de vol et on est…

« Bip… Bip… Bip… »

… Lundi soir.

J'adore parler à la tonalité d'appel…

Parfois je regrettais presque de sortir avec elle.

J'avais connu Daphné au collège, il y a dix ans. Je m'étais aussitôt entiché d'elle, mais elle s'obstinait à faire semblant de ne pas comprendre mes avances.

En revanche, vers l'entrer au lycée, lorsque j'ai commencé à changer et à devenir le beau jeune homme que je suis, elle s'est mis à me courir après, alors que moi, lassé de ses refus, j'avais arrêté.

Au final, on est devenus amis, avant qu'on ne se rende compte que l'on était amoureux l'un de l'autre, il y a cinq ans environs, et nous sommes enfin sortis ensemble.

Même si je sentais que mes sentiments vis-à-vis d'elle avait réellement faibli, elle restait aussi ma meilleure amie, et une fille que j'appréciais beaucoup.

Un regard pervers vers ma personne alanguie contre le mur du hall me fit revenir à la réalité.

Je foudroyai du regard le vieux qui se permettait de poser ses sales yeux sur moi et quittai le mur pour me diriger vers la billetterie.

Des regards libidineux de vieux obsédés, j'en avais l'habitude du haut de mes vingt-deux ans, avec mon mètre soixante-sept, mes cheveux noirs et court qui m'emmerdaient parfois à tomber devant mes yeux gris clair, et ma peau livide. En plus, j'avais stupidement mis un pull en cachemire gris qui épousait parfaitement mes formes… LE truc qui attire tous les pervers.

Heureusement que mon jean un peu plus relâché ne moulait pas trop mes fesses, sinon j'aurais déjà eu une main au cul depuis un bon moment.

Je me postai devant la secrétaire qui pianotait sur son clavier et tentai d'arranger tout ça.

- Bonjour.

Elle releva son regard vers moi.

- Excusez-moi, repris-je, je viens de rater mon avion pour l'île de la Réunion, il y a d'autres vols à cette destination ?

- Hum… Ce serait pour quand ?

- Aujourd'hui si possible, ou tôt demain matin, demandai-je en jetant un coup d'œil à l'horloge de l'aéroport qui indiquait un peu plus de dix heures du soir.

Je patientai un peu en écoutant le brouhaha qui ne diminuait pas malgré le soir qui était tombé. Le calme sidérant du ciel d'un bleu sombre tranchait vivement avec le hall illuminé et animé de l'aéroport ou des gens de toutes sortes et de toutes couleurs se croisaient en un ballet méticuleusement ordonné, parfois troublé par un retard, par une animation, une bousculade. Là, l'énorme doberman d'une femme aux cheveux rouges vif et aux vêtements voyants était refusé dans l'avion, ici un homme d'affaire hurlait au téléphone, les joues rouges de colères, là-bas encore, une petite vieille pestait contre la foule.

Un rictus amusé parcourut mon visage.

On dirait moi.

- Celle semaine, il n'y en a plus malheureusement, mais jeudi suivant, nous avons un avion, répondit-elle gentiment en me tirant de ma rêverie.

Mon regard se déporta de nouveau vers la billetterie et une grimace étira mon visage.

La réservation de la villa se terminait mercredi prochain, je le savais bien… C'était moi qui avais payé.

Je demandais une dernière fois à la jeune femme de vérifier, en désespoir de cause. Celle-ci hésita.

- Il y a bien un jet qui part dans quelques heures mais…

- Un jet ?

- Oui, il n'y a que deux place… Mais il y en a une qui est déjà occupée, et je déconseille fortement à un petit jeune homme mignon comme vous de vous retrouver seul avec lui. Je ne suis pas censé divulguer des informations sur les clients, mais il doit avoir une quarantaine d'année et a louché sur tous les jeunes garçons qui sont passés, et en tant que directeur d'une importante entreprise, il se croit un peu tout permit…

Le discours de la jeune femme me refroidit aussitôt.

Hors de question de me faire tripoter durant les trente-trois heures de vols ! Ma virginité anale passait avant ma petite amie !

Je la remerciai et m'affalai sur un banc avec désespoir.

Putain, je n'allais jamais pouvoir être là avant mercredi.

Je sentis un poids sur le banc et priai avec ferveur pour que ce soit une charmante donzelle qui me proposerait une place dans son jet privé.

- Vous m'avez l'air bien embêté, m'apostropha une voix euh… D'homme en fait.

- Sans blague. Puissant sens de l'observation, rétorquai-je avec sarcasme en me tournant vers mon interlocuteur.

Arggh ! Le gros qui me bloquait le passage tout à l'heure… Adieu jolie donzelle !

Une moue amusée déforma ses joues boudinées tandis qu'il me détaillait de haut en bas.

- Vous tentez d'aller à la Réunion non ?

- Euh… Oui pourquoi ? Demandai-je avec méfiance.

- J'aurais peut-être une solution pour vous…

Je me gonflai un instant d'espoir. Alors Dieu ne m'avait pas encore abandonné dans ce monde cruel et sans pitié envers les pauvres petits bruns qui tentent désespérément de ne pas se faire atomiser par leur petite amie…

- Mon frère aîné part dans quelques heures pour la Réunion dans un jet à deux places… Il est président d'une entreprise, alors ce ne sera pas un problème pour vous payer le voyage à bord en échange d'une… Petite rétribution… Lâcha-t-il.

… Et Dieu m'abandonna définitivement…

Il avait fallu que je tombe sur le frère de l'autre obsédé dont m'avait parlé la secrétaire ! Sinon ce n'était pas drôle.

- Non… Non merci… Baragouinai-je précipitamment en me levant du banc en quatrième vitesse.

Tant pis pour Daphné, mais je ne me ferais pas refaire le cul pour elle, même si elle finissait par se consoler en partant avec le facteur pour une aventure folle et passionnée.

J'attrapai mon sac encore sur le banc et filai très loin du sale bonhomme avant de sentir de nouveau mon portable vibrer.

Je décrochai, prêt à me faire incendier par ma petite amie… Mais une voix masculine résonna à mon oreille.

- Gaby ? Tu n'es pas dans ton avion ?

- Papa ? Euh non, je l'ai loupé…

- J'en étais sûr ! Ah, qu'est-ce que tu ferais sans ton petit papa chéri qui prend si bien de toi !

- Hein ? articulai-je très intelligemment. Mais t'es en Amazonie.

- Tsss, comme si un continent et quelques bestioles pouvaient nous empêcher d'aider notre fiston adoré. D'ailleurs ta mère te passe le bonjour, mais là elle est un peu occupée avec une araignée étrange qui vient de monter sur son bras…

- Mais AIDE-LÀ ! M'écria-je en imaginant mes parents au milieu de la jungle, une énorme mygale escaladant le bras de ma maman.

Mes parents étaient biologistes, et complètement fou accessoirement, je ne savais même pas comment mon père faisait pour avoir du réseau au milieu de la jungle amazonienne…

- Ne t'inquiète pas, elle maîtrise ta mère.

- Si… Je m'inquiète… Soupirai-je.

- Bon, sinon Gaby, comme on s'en faisait un peu pour toi…

Mes parents, coincé au cœur des araignées, des bestioles, des tribus sauvages et des plantes empoisonnées… S'en faisait pour moi ?

- … On a appelé pour te réserver notre jet privé, on avait rendu service une fois à l'aéroport, alors ils nous ont donné ce petit truc dont on ne s'est jamais servi, mais fait toi plaisir fiston !

- Un… Jet privé ? Lâchai-je en détachant clairement chaque syllabe afin de me convaincre que mes parents considérait vraiment ça comme un « petit truc »…

- Oui, bien sûr, bon, faut que je te laisse, on a un petit souci avec… Avec un truc là… Bisou fiston !

Et il raccrocha…

J'avais un avion, mais maintenant, je me demandais si je n'allais pas finir orphelin.

Avec un soupir misérable, je rangeai mon téléphone pour m'asseoir un instant sur un autre banc et sortir mon ordinateur portable, constatant effectivement un mail de la compagnie aérienne me confirmant l'apprêtage du jet et me demandant de me rendre sur la piste 261.

Bon, au moins, j'évitais les pervers libidineux, j'étais tranquille et seul pour tout le trajet, et je serais là pour mercredi.

Que demande le peuple ?

La vie de mes parents ?

J'arrivai à la piste pour constater que mon –ce que c'est jouissif de penser ça– avion était prêt à décoller.

Je pénétrai dans l'habitacle et sifflai d'admiration.

Les cloisons étaient entièrement tapissées de velours rouge, comme dans les films, trois ou quatre fauteuils étaient disposés face à des petites tables circulaires et un canapé beige faisait face à un immense écran plat dernier cri. En dessous, une petite collection de DVD était mise à disposition.

Pas très loin, un minibar permettait de se servir en rafraîchissements et une petite porte avec une plaquette où l'on pouvait lire « toilette » se trouvait non loin du canapé.

Une autre porte bien plus lourde me séparait du cockpit, d'où sortit d'ailleurs une hôtesse à l'air paniqué.

- Monsieur excusez-moi, nous avons un problème, serait-il possible d'utiliser cet avion pour faire une escale en Allemagne, À Francfort ? Cela ne rajoute qu'une petite heure à votre trajet initial, deux peut-être.

Une moue boudeuse étira mon visage et je vis soudain l'hôtesse me reluquer un peu plus sérieusement.

- Deux heures ? Ça me fait trente-cinq heure de vol…

- Nous n'avons aucun autre avion disponible, avec le début des vacances, tous nos appareils sont en vole actuellement.

- Et vous ne pouviez pas en garder un pour votre problème là ?

- Nous venons d'être mis au courant.

- Mmmh.

- C'est très important, ce sont des affaires concernant le directeur de la compagnie aérienne. Monsieur… Supplia-t-elle presque.

Tss, je suis un homme faible.

- Okay, d'accord, entre trente-trois et trente-cinq heures, la différence n'est pas vraiment significative de toute façon…

Elle me remercia d'un sourire resplendissant avant de disparaître derrière la porte, sûrement pour prévenir le pilote et ses supérieurs.

Légèrement agacé de cet imprévu et de mon incapacité à résister à rendre un service, je m'installai, décidant de profiter au maximum de l'avion privé. Finalement, ce n'était peut-être pas si mal d'avoir raté mon premier vol, songeai-je en installant mon Mac sur la table devant moi.

Un petit « 1 » rouge sur l'icône de ma boîte mail m'indiqua un nouveau message et j'ouvris le mail que mon illustrateur m'avait envoyé.

Encore une fois, l'image me saisit l'âme. Le superbe tigre du Bengale aux poils blancs me fixait de ses yeux d'un or pur, son oreille droite légèrement couchée vers l'arrière, son énorme patte enfonçant encore ses griffes dans l'écorce brune d'un arbre de la sylve Indienne. Derrière lui, la forêt verte et luxurieuse s'étendait tandis qu'il trônait au centre avec toute la majesté de sa stature, éternel gardien d'un monde trop pur et mythique pour être révélé aux yeux des Hommes.

Cette image serait assurément la première de couverture de mon roman, elle ne représentait que trop bien le message que mes mots avaient tenté de décrire.

Je cliquai sur l'image suivant pour voir un vieil Indien adossé à un arbre, un bol de riz et de curry à la main . Son visage ridé et tanné laissait deviner des traits habitués à sourire, et son sari orange et marron tranchait vivement avec la blancheur du tigre assis en face de lui. Le regard sombre du vieil Indien était fixé dans celui de l'animal, et celui-ci se tenait droit face à l'homme, son énorme gueule à quelques centimètres seulement du visage de l'Indien.

Je pouvais presque sentir le souffle du tigre sur ma peau à la place du vieil homme, exactement comme je l'avais décrit dans mon manuscrit.

Après quelques autres images, je pus lire les petits commentaires que m'avait laissés mon illustrateur et qui me firent pouffer. Il devait sûrement avoir la soixantaine, mais les notes d'humour qu'il laissait dans ses mails le rafraîchissaient.

Je lançai ma musique et répondit au mail, félicitant encore mon illustrateur pour ses merveilleuses images, avant d'ouvrir Word pour continuer mon roman, plein de l'inspiration que m'avaient donnée les illustrations, laissant mes doigts courir à un rythme endiablé sur le clavier.

J'avais commencé ma carrière d'écrivain à mes dix-sept ans, envoyant mon premier roman à un éditeur qui me l'avait renvoyé, me conseillant d'étoffer mon style et surtout de travailler mes descriptions qui étaient très pauvres et peu présentes. Assez agacé de voir mon roman se faire refuser avec si peu de détail pour me corriger, j'avais publié les premiers chapitres sur Internet, demandant aux gens leurs avis et conseils. Quelques mois plus tard, j'avais reçu sur mon site un message me demandant mon adresse mail. Et le lendemain, je trouvais dans ma boîte de réception une illustration extraordinaire de la région de campagne française où se déroulait l'histoire ainsi que plusieurs dessins de mes personnages, revêtus des costumes d'époques que j'avais à peine décrits dans mon texte.

En dessous seulement marqué « c'est ce que ça m'inspire, fais en sorte que je ne sois pas le seul à le voir. »

Et je me guidais de chacun de ses dessins pour tenter de rendre honneur à ces merveilleuses illustrations par mes écrits.

Lorsque je renvoyais mon roman à l'éditeur, avec les images que j'avais reçues, mon roman fut accepté, et les images furent utilisées comme illustration.

Mon roman fit un tabac, et j'eu l'honneur de voir mon tout premier livre hissé au rang de best-seller.

À partir de là, il fut mon illustrateur attitré, pour mon deuxième et troisième livre, qui firent aussi sensations. Je vivais très bien de mes droits d'auteur, même si l '« argent de poche » que me fournissaient mes parents aidait un peu. En était la preuve cette semaine dans une villa de luxe à la Réunion avec Daphné.

Maintenant, je m'attaquais à mon quatrième roman, une histoire de mythologie Indienne, de tigres blancs, de magie, et d'hommes incompréhensifs.

Et les cinq années écoulés depuis mon premiers livre avaient créé une réelle amitié entre mon illustrateur et moi, mine de rien, cinq ans de contact régulier, ce n'est pas rien. Il était même au courant de ma relation avec Daphné, et de tous les déboires qui avaient eu lieu entre nous, étant donné que je l'ai connu à peu près au moment de ma mise en couple avec elle.

Les heures passèrent lentement et je finis par me coucher dans le canapé-lit et m'endormir vers une heure du matin.


Une secousse me réveilla vers onze heure et je grommelai contre ce foutu pilote incapable de conduire correctement. Encore complètement dans le pâté, je ne réalisai qu'après un moment qu'un avion ne se « conduisait » peut-être pas vraiment…

Mmmh, j'ai faim maintenant, songeai-je avec un bâillement.

À peine avais-je formulé cette pensé que l'hôtesse entra dans la pièce avec un plateau-repas.

Mon estomac gronda à la vue du petit déjeuné à la française avec son jus d'orange et ses tartines de pain avec un bol de café. C'est que j'avais boudé le dîner hier soir, trop plongé dans ma forêt Indienne.

Je laissai à nouveau mon visage partir dans une moue boudeuse en voyant le café.

- Excusez-moi, ce serait possible d'avoir du chocolat à la place du café ? Grommelai-je encore un peu endormi.

- Oh, trop mignon ! S'exclama-t-elle avec des étoiles dans les yeux.

Je la regardai dubitativement en haussant un sourcil pour qu'elle ose répéter que j'étais « trop mignon ».

- Euh, je veux dire, oui, c'est possible. Et aussi monsieur, les affaires se sont encore compliquées… Notre président est coincé, auriez-vous l'extrême amabilité de le laisser faire la fin du trajet avec vous jusqu'à la Réunion lorsque nous arriverons à Francfort.

- Eh ! Non ! M'exclamai-je. C'est mon avion.

Enfin… Celui de mes parents mais…

Cette fois-ci, c'est elle qui éleva un sourcil sceptique devant ma réplique digne, je l'avoue, d'un gamin de cinq ans défendant son jouet.

- C'est le président de la compagnie aérienne tout de même. Et nous avons vraiment besoin de cet avion, avant qu'on ne vous le réserve, il devait être utilisé pour aller chercher le président à Francfort, mais maintenant nous n'avons plus de solution. Et puis, si vous ne voulez pas lui parler, mettez simplement vos écouteurs…

- Il ne va pas me peloter au moins… Lâchai-je en plissant mes yeux déjà légèrement bridé.

Là, elle explosa de rire, et je me vexai.

- Quoi ? C'est déjà arrivé !

- Je vous crois facilement, pouffa-t-elle encore, mais non, le président n'est vraiment pas du genre à peloter les gens contre leur volonté.

Je me levai du canapé pour m'asseoir face à la table où s'apprêtait mon petit déjeuné et mon chocolat qu'elle avait amené rapidement.

- Bof, faîtes le venir votre vieux, du moment qu'il ne fout pas ses sales pattes sur moi ça va, grognai-je en croquant dans une tartine beurré.

Une fois le petit déjeuné terminé, je redonnai un petit coup à mes vêtements qui s'étaient froissés durant la nuit, je ne voulais pas passer pour un sauvage non plus.

Pas besoin de s'occuper de mes cheveux, l'ascendance japonaise de ma mère les rendaient aussi lisses et noirs et que ceux des asiatiques, alors même avec deux ou trois mèchouilles qui partaient en couilles, c'était pas trop mal.


Je regardai un moment par le hublot pour voir que l'on survolait l'Allemagne et que l'on allait arriver à Francfort.

- Mmh… Ch'uis encore engourdi… Grommelai-je en m'étirant.

Mes os craquait avec grâce alors que je me dressai sur la pointe des pieds tendant mon corps au maximum pour chasser l'engourdissement qui prenait mes muscles après de longues heures d'écriture.

Avec un gémissement appréciateur, une cannette tirée du minibar à la main, je me dirigeai de nouveau vers mon ordi pour relever un ou deux mails.

Daphné espérait que j'étais en route vu que je ne répondais pas à mon téléphone, un de mes amis me demandait si « ma meuf ne m'avait pas trop défoncé pour avoir loupé l'avion pour cause de beuveries » et mon illustrateur me répondait qu'il était déjà allé en Inde, alors les paysages lui étaient familiers.

« Et ? Tu as vu des tigres blancs ? » Tapai-je rapidement.

La réponse me parvint assez rapidement.

« Oui, et des licornes roses aussi… »

Sa phrase m'arracha un léger pouffement.

« Tu avais pris ta dose régulière ? C'est comment de voir l'Inde avec 10 grammes de Cocaïne dans le sang ? » Me moquai-je, sachant pertinemment qu'il avait les drogues en horreur.

« Très instructif… »

« Nos mails ressemblent à une conversation MSN »

« Vrai. Bon, je te laisse, j'ai deux ou trois problèmes à régler. »

Avec un dernier sourire, je fermai ma boîte mail.

L'avion s'était arrêté sur la piste depuis un petit moment et j'entendis quelqu'un monter dans le jet plus si privé que ça.

Sa chemise blanche parfaitement rentré dans son pantalon noir me découragea rien qu'au premier regard et je replongeai sur mon ordi, le saluant à peine en enfonçant mes écouteurs dans mes oreilles alors qu'il s'installait sur le siège à ma droite

Au bout de quelques minutes, le calme de mon colocataire d'avion m'intrigua et je me tournai pour regarder ce qu'il faisait.

- Hein ? Mais vous êtes pas vieux ? M'exclamai-je avec stupéfaction.

Il sursauta et releva son regard du carnet qu'il tenait entre les mains pour me fixer avec interrogation, les sourcils froncés en une moue perplexe.

Ce type devait avoir quoi… Vingt-cinq ans à tout casser ?

Et moi qui m'imaginai un vieux tout moche et tout strict.

Enfin, celui-là était strict tout de même, à l'exception de ses cheveux blonds qui partaient en mèches complètement désorganisées sur le haut de sa tête, puis qui se faisaient attacher en catogan au niveau de sa nuque bronzée avant de venir battre le bas de ses reins.

- Vous êtes sûr que c'est légal dans votre métier d'avoir les cheveux aussi longs ? Ne pus-je m'empêcher de demander.

Ses sourcils aussi blonds que ses cheveux se haussèrent avant qu'un sourire franchement amusé n'apparaisse sur ses lèvres.

- Il est vrai que cette longueur, surtout dans ma profession, et avec le poste que j'occupe, étonne les gens de façon assez récurrente.

Il parlait comme un vieux.

- Vous parlez comme un vieux.

Son sourire ne tomba pas.

- Vous savez que vous parlez au président de la compagnie aérienne la plus reconnue des Etats-Unis ?

- Vous savez que vous êtes dans mon avion ?

Cette fois-ci c'est un éclat de rire franc qui lui échappa alors que ses yeux se plissaient d'amusement.

- Leis Sender, se présenta-t-il en me tendant une main.

- Gabriel Dware, répondis-je suspicieusement.

Sa beauté m'étonnait assez, comparé à l'image que je m'étais fait de « Monsieur Sender, président de la compagnie aérienne ».

Sans même m'en apercevoir, je commençai à le décrire mentalement… Déformation professionnelle.

Sa mâchoire carrée rendait viril son visage à la peau bronzé, impression fortement contrastée par ses yeux verts pétillants voilés de ses longs cils blonds, lui donnant un air féminin.

Son nez droit et ses traits fin mais puissant me permettaient de mieux comprendre pourquoi l'hôtesse le dévorait des yeux depuis son entré dans l'avion tandis que ses longs cheveux blond lumineux et désorganisés m'étonnaient toujours autant de par leur contraste avec la chemise blanche boutonnée jusqu'au cou, serré par une cravate noire, et impeccablement rentré dans le pantalon cintré.

- Vous êtes un stéréotype du californien qui a réussi dans la vie.

Sur ce, je détournai mon regard pour me replonger dans mon texte.

- Je suis californien, eus-je pour toute réponse avant que je ne remette mes écouteurs dans mes oreilles, faisant là preuve d'une impolitesse rare, mais voulant vraiment finir mon chapitre.

Après environ une demi-heure, je soufflai enfin et me laissai tomber dans mon fauteuil.

Chapitre fini !

- Vous écrivez ?

Je retirai mes écouteurs.

- Oui. Mon quatrième roman.

Un éclair de surprise passa dans ses prunelles.

- Vous êtes jeune pour un auteur qui à déjà trois livre derrière lui, Monsieur Dwarf.

- Dware, le repris-je sèchement. Et vous pouvez parler, monsieur le président de la compagnie aérienne à vingt-cinq ans, grommelai-je.

- Vingt-quatre, me corrigea-t-il.

- Encore mieux… Dîtes, Leis, ça ne fait pas très Californien comme prénom…

- Je fais avec.

J'haussai les épaules et attrapai ma cannette vide pour la jeter dans la poubelle à côté du minibar.

Je vis le blond hausser un sourcil surpris en me voyant me lever.

- Quoi ? Oui, je ne fais que cent soixante-sept centimètres, et alors ? Râlai-je en le fusillant de mes yeux gris.

- Je n'ai rien dit… Monsieur Dwarf, se défendit-il en levant les mains au ciel en geste de défense, mais la mimique amusé à ses lèvres lui retirait toute sa crédibilité.

Mais pourquoi, pourquoi mon nom de famille était-il Dware et pas… Euh, Supertall pas exemple !

Quoi que nan, ce serait ridicule aussi.

- Je ne suis pas un nain !

- Mais je n'ai rien pensé de tel, s'étonna-t-il, sûrement surpris de la verve avec laquelle je défendais mes centimètres.

À peine convaincu, je retournai sur mon écran où les images de mon illustrateur trônaient toujours à côté de mon texte.

Je me rassis et vis la tête du blond se pencher vers mon écran.

Mes sourcils se froncèrent et je le tournai un peu pour qu'il ne puisse pas voir.

Son buste se pencha aussi.

Mon ordinateur pivota un peu plus vers la gauche.

Il tendit un peu plus le cou et était presque couché sur son accoudoir.

L'écran était quasiment face au hublot à ma gauche.

Là, il avait presque entièrement quitté son siège pour le mien.

L'ordinateur avait maintenant la joie de contempler le ciel par la petite fenêtre.

Un rictus fleurit sur mes lèvres. Or de question que je perde à ce petit jeu.

Voyant l'air de victoire qui se peignait sur mon visage, le blond tendit le bras qu'il avait appuyé sur mon accoudoir pour tourner l'écran vers lui.

Il mit bien une seconde entière pour se rendre compte qu'il venait de tendre le bras qui le soutenait avant de s'écraser lamentablement sur mes genoux, son bras piteusement posé sur le haut de mon écran.

Un ricanement quitta ma bouche.

- Perdu Monsieur Sender.

Il se redressa légèrement, un sourire victorieux sur les lèvres… Et la main qui était posée sur l'écran le tourna vers lui alors qu'il se relevait juste assez pour être à la hauteur de l'ordinateur.

- Tricheur ! M'indignai-je avec ma mauvaise foi coutumière.

Ses lèvres s'étirèrent seulement un peu plus en regardant le tigre qui occupait la moitié de l'écran, mais ce sourire-là était plus doux.

- Je le savais bien que cette oreille était un peu plus blanche que l'autre… Enfin, je ne peux plus rien y faire maintenant, lâcha-t-il finalement en se redressant pour de bon.

Je le regardai.

Je regardai mon tigre.

Je le regardai.

Je regardai ma boîte mail.

Je le regardai.

Et… Je le regardai encore en fait.

- Vous êtes…

- Humum, acquiesça-t-il à ma question informulée.

- Ça alors ! Vous n'avez pas soixante ans !

...

- Hein ? Vous venez d'apprendre que je suis l'homme qui illustre vos romans depuis cinq ans, et vous pensez juste à dire que « je n'ai pas soixante ans ! » ?

J'en restai estomaqué.

Mon illustrateur. Quasiment mon meilleur ami. Et il avait presque mon âge cet enfoiré, et ne me l'avait jamais dit !

- Votre style de dessin faisait très… Vieux sage.

- C'est sûr que vous, votre écriture ne nous permettait pas de douter de vos dix-sept ans…

- Hey ! Ça veut dire quoi ça ! C'était mon premier bouquin, c'est normal que mon style ait été tremblotant.

Un gentil sourire se peint sur ses lèvres tandis qu'une moue vexée prenait place sur les miennes.

- Vous saviez déjà qui j'étais en montant dans l'avion ? Demandai-je suspicieusement en plissant les yeux.

- Non pas du tout. Votre prénom correspondait à celui que je connaissais, mais le nom de famille m'a fait douter…

- Bah ouais, je n'allais pas garder Gabriel Dware comme nom de plume… Surtout avec ma taille. Gabriel Clint sonne nettement mieux.

- C'est quand vous avez parlé de quatrième roman que j'ai commencé à douter et voulu vérifier sur l'ordinateur s'il s'agissait bien de mes dessins.

- Ça alors, c'est tout de même dingue comme histoire… Et en plus vous n'avez pas soixante ans…

- Vous allez vous en remettre ?

- Je ne sais pas.

Un silence complice plana un instant.

- Monsieur Dwarf, on se connaît depuis un peu plus de cinq ans tout de même, vous ne pensez pas que l'on pourrait se tutoyer ?

Je tiquai à la déformation de mon nom, mais laissai passer de mauvaise grâce.

- Bonne idée. T'appeler Monsieur Sender m'arracherait vraiment les oreilles.

- Moi en revanche, Monsieur Dwarf ne me gêne pas trop…

Si les regards pouvaient tuer, ce blond serait déjà étendu raide mort sur son siège.

- C'est Dware, et je ne suis pas un nain, sifflai-je entre mes dents en dardant sur lui des prunelles assassines.

- Je ne vois pas pourquoi tu complexe, il y a des hommes plus petit que toi.

- Je ne complexe pas. Je suis parfait comme ça.

Son regard parcourut ma silhouette nerveuse et mince.

- Et bien, de mon point de vue d'artiste bien sûr, physiquement tu as un corps parfait, bien en proportion, et un visage agréable.

J'hésitai brièvement entre rougir comme une pucelle, hausser un sourcil supérieur et hautain, lui dire que sa technique de drague était nulle, m'énerver parce qu'il m'utilisait comme objet d'étude, lui rendre le compliment, et l'accuser de faire une déformation professionnelle.

J'optai pour le sourcil supérieur et hautain.

Il sourit encore une fois.

- Alors, tu vas rejoindre Daphné à la Réunion là, c'est ça ?

- Oui, pour fêter les dix ans de notre rencontre.

- Comment va-t-elle ?

- Un peu trop bien. C'est notre couple qui est un peu malade en ce moment.

Cette réponse sembla bien plus l'intéresser que notre échange de politesse.

- Jolie personnification.

- Merci. Écrivain oblige.

- Vous vous êtes disputé ? Reprit-il.

- Pas vraiment, je l'aime beaucoup, c'est une fille super avec un bon sens de l'humour, mais je me demande si on n'a pas confondu notre amitié avec de l'amour à l'époque. On est plus complice que tendre. Et je crois qu'on s'en rend compte tous les deux alors c'est un peu la fin.

- Oh. Désolé.

C'est marrant, mais il n'avait pas l'air vraiment désolé…

- Bon. On parle de chose plus joyeuse. Qu'est-ce que tu foutais tout seul à Francfort sans avions pour venir te chercher ?

- Je suis passé chez mes parents, et mon père m'a foutu à la porte, toutes mes affaires étaient encore à l'intérieur, j'ai appelé la compagnie pour demander un avion.

Un ange passa.

- D'accord, mauvais choix de sujet, qu'est-ce que tu vas faire à la Réunion alors ? Lui demandai-je.

- Je vais récupérer les papiers et l'argent que j'avais laissé en prévision là-bas, au cas où le scénario actuel se produirait. Et j'en profiterai pour régler une histoire avec un avion de fret atterrit à l'aéroport de la Réunion, il y a plusieurs semaines, et qui ne m'a toujours pas été renvoyé. Après ça, je me suis autorisé une semaine de congé… Mais mon frère a décommandé au dernier moment pour passer la semaine avec son petit ami aux Seychelles.

- Ah oui, il va bien ? Ta mère s'est enfin remise du fait qu'elle ne verrait jamais les enfants de ton petit frère ? Demandai-je avec amusement.

- J'espère pour elle. La pauvre. Et tes parents sont encore coincés dans un coin perdu de pays au milieu de bestioles étranges et de plantes empoisonnées ?

- Amazonie, répliquai-je laconiquement.

- Ah oui effectivement…

- Et, si tu n'as rien à faire cette semaine, tu peux venir t'incruster avec nous. Daphné sera contente de te rencontrer, depuis le temps qu'elle entend parler de mon génial illustrateur, proposai-je avec un petit étirement des lèvres.

Ses yeux verts se plissèrent joyeusement et il m'offrit un sourire resplendissant et plein de dents.

- Avec joie ! J'avais peur de m'ennuyer tout seul. On pourra en profiter pour bien avancer ton roman aussi.

- Rabat-joie… Grommelai-je en gonflant les joues.

Le déjeuner fut servi pour Leis, et je le déclinai, ayant avalé mon petit déjeuné vers onze heures.

Entre discussions, rires et regards complices, le temps passa assez vite.

Nous avançâmes effectivement mon histoire, il me montra plusieurs croquis et s'amusa à me caricaturer avec les joues gonflés et le regard tueur. J'attrapai son crayon pour tenter de lui montrer l'étendue de mes talents en dessin, et mon bonhomme bâton avec sa petite mallette et ses cheveux qui touchaient le sol le fit bien rire.

Nous nous installâmes finalement sur le canapé beige devant Matrix avec une cannette d'Ice-Tea pour moi et de Coca pour lui. Je ne pus résister à l'envie de lui retirer son élastique et jouai machinalement avec ses longs cheveux durant tout le film, que j'avais dû voir déjà bien une dizaine de fois.

Il tenta de faire de même avec les miens, mais mes mèches noires étaient bien trop courtes pour ça, m'effleurant seulement le bas de la nuque.

Alors que j'enroulai une mèche dorée autour de mon poignet, il l'attrapa pour nouer ses cheveux autour, comme un bracelet.

Je m'amusai de la différence de notre couleur de peau alors que mon poignet fin et blanc était coincé dans ses mains bien plus grandes et bronzées.

Le soir tombait presque et je sentais mon estomac gargouiller. Le dîner n'allait pas tarder.

Seule la lumière de l'écran illuminait l'habitacle.

Nous étions devant un autre DVD, et je tentai de défaire le nœud qui maintenant la mèche blonde autour de mon poignet.

Leis sourit un instant avant de m'expliquer comment délier le nœud marin qu'il avait fait.

Amusé je lui rendis sa mèche et laissai mon bras retomber.

Sa main était presque à côté de la mienne, à gauche, posé sur le tissu beige du canapé, je fis marcher deux de mes doigts jusqu'à sa main et les laissai lui sauter dessus brusquement.

Son regard vert se porta avec amusement sur mes doigts qui jouaient et sautillaient sur sa main droite.

À son tour, il redressa sa main et fit avancer deux doigts de la même façon que moi.

Ils s'engagèrent dans une bataille désorganisée, se donnant tour à tour pichnettes, petits coups, ou se fonçaient dessus tandis que Leis et moi assistions à cela comme des spectateurs extérieurs, mais la langue tirée sous la concentration de battre l'autre main en face nous trahit, jusqu'à ce qu'enfin, la main de Leis n'écrase la mienne beaucoup plus petite.

Ses doigts reprirent alors leur marche, mais sur mon bras, remontant doucement jusqu'à mon épaule, avançant l'un après l'autre.

L'éclat de ses yeux dans l'obscurité me captura un instant.

L'idée de retirer sa main ne m'effleura même pas.

Le jeu prenait une drôle de tournure, mais ni lui ni moi ne songions à l'arrêter.

Les doigts remontèrent en une douce caresse le long de ma gorge avant de glisser le long de ma mâchoire. La texture de sa peau était douce et chaude.

Un doigt effleura mes lèvres et mon souffle buta contre son indexe.

Son regard brûlant se fixa dans le mien, les lumières de la télévision se reflétant dans ses prunelles émeraude.

Il se pencha jusqu'à ce que son front cogne le mien avec douceur.

Sa main gauche se posa à côté de ma jambe droite, me bloquant contre le dossier du canapé.

Le lien qui unissait nos regards ne se brisa pas, et je n'avais conscience que de son souffle qui me chatouillait la peau et de son indexe posé sur moi. L'éclat émeraude disparut peu à peu derrière ses paupières qui se plissaient avec lenteur.

Et délicatement, son doigt descendit le long de mes lèvres, pour se faire remplacer par les siennes, au moment où il ferma les yeux.

Frôlement d'un papillon sur ma bouche.

Sa main droite migra sur ma joue avec douceur alors qu'il se penchait un peu plus sur mes lèvres qui acceptaient pleinement la caresse.

Douce.

Chaude.

Tendre.

Le film continuait de tourner, mais je ne l'entendais plus.

Le son de mon cœur battant, du sien, de nos souffles mélangés était tout ce que je percevais de mes yeux fermés.

Sa langue sortit et glissa lentement sur le bas de ma lèvre qui lui laissa le passage alors qu'il tombait en avant, m'entraînant sous lui, couché sur le canapé.

- Et voilà le dîner Mes… Sieurs…

L'hôtesse venait d'entrer dans la pièce, un plateau-repas dans chaque main, la bouche grand ouverte et les joues rouges.

Elle venait d'allumer la lumière.

Nous nous redressâmes aussitôt alors que j'essuyai rapidement mes lèvres et tentai de calmer les incroyables rougeurs qui concurrençaient facilement avec celles de l'hôtesse de l'aire en face de nous.

- Euh… Je…

Merde.

Bloody Hell c'était quoi ce baiser !

En plus je venais de tromper Daphné.

Même si mes sentiments vis-à-vis d'elle n'étaient plus qu'amicaux, on était toujours ensemble.

Et je venais de la tromper.

Ce n'était qu'un effleurement de lèvre, mais sa tendresse et l'affluence d'émotions qui m'avait chamboulé dépassaient de loin tout ce que j'avais jamais ressenti avec elle.

Et même l'envie traîtresse, au fond de moi, de voir l'hôtesse partir afin de reprendre ce baiser la trompait.

Fuck.

Mais je fus tiré de mes réflexions hautement philosophiques par les prunelles un peu trop brillantes de la femme.

Elle nous bouffait littéralement des yeux avec un sourire lubrique.

Un frisson me traversa la colonne. Voyeuse !

Elle déposa avec lenteur les plateaux sur deux tables et attrapa la poigné.

- Je vous en pris, reprenez où vous en étiez, je ne voulais pas vous interrompre, lâcha-t-elle avec une expression de plus en plus perverse avant de quitter la pièce.

Le regard effrayé de Leis croisa le mien tout aussi terrorisé.

- Elle me fait peur.

- À moi aussi…

Un petit rire nous échappa avant que je n'aille m'assoire devant mon dîner avec un soupir que je ne parvins pas à retenir.

L'interrogation présente dans les yeux du blond me fit ajouter.

- Daphné.

- Ah. Oui.

Son regard se détourna aussitôt du mien et se fixa sur sa salade aux gésiers de canard.

Le dîner se déroula sans qu'une parole ne fût échangée.

Seul le bruit de nos couverts butant contre l'assiette, de nos respirations, et du générique du film que nous avions oublié d'arrêter résonnait.

Pourtant, le silence n'était pas lourd, pas agréable ou complice non plus, mais supportable.

Après un instant, l'hôtesse revint débarrasser, paraissant fortement déçue de ne pas nous surprendre de nouveau dans une position compromettante.

Elle nous proposa des cocktails et différents alcools pour la soirée.

Je ne supportais pas l'alcool et déclinai bien vite, et de toute manière, la lueur étrange qui brillait dans son regard noisette me faisait craindre qu'elle n'y ajoute un quelconque aphrodisiaque.

De toute évidence, Leis eut le même raisonnement que moi, car il refusa avec un sourire légèrement crispé qui m'arracha un rire.

- Toi aussi tu avais peur qu'elle ne t'empoisonne ? Demandai-je avec amusement une fois l'hôtesse repartit, nous prévenant qu'elle allait se reposer et ne serait plus disponible.

- En fait, on aurait dû accepter, puis la forcer à boire elle-même les boissons qu'elle nous aurait préparé avant de la laisser sauter sur le pilote.

- Tu veux mourir ?

- Je sais piloter.

- Bien sûr, parce que si tu ne savais pas piloter, peindre et dessiner comme un vieux de soixante ans, diriger une compagnie aérienne à vingt-quatre et faire toutes sortes de nœuds marins, ce ne serait pas drôle. Sale blond, grommelai-je en référence au Blond de Gad Elmaleh.

- Je suis incapable de monter un meuble Ikea correctement, se défendit-il.

Je braquai soudain mes iris sur lui.

- Pas maintenant, mais je veux savoir pourquoi. Je veux une explication.

Il comprit bien évidemment de quoi je parlais et hocha simplement la tête sans se départir de son sourire.

Je tentais de rejeter la faute sur lui, parce que moi, ce qui me dérangeait bien le plus dans cette stupide histoire de baiser, c'est que je n'avais même pas songé à résister un quart de seconde.

Je m'affalai un peu plus dans mon fauteuil et, ne sachant vraiment comment occuper le temps jusqu'à être assez fatigué pour m'endormir, j'attrapai mon livre, Le bruit et la fureur de Faulkner.

Lorsque cet homme décrivait un rayon de soleil, vous le sentiez courir sur votre peau et réchauffer chacune de vos cellules.

Son écriture était une merveille. Le meilleur auteur américain que je connaisse.

Je vis du coin de l'oeil le blond attraper son carnet de croquis, avant de plonger définitivement dans ma lecture.


Alors que je lisais pour la quatrième fois la même phrase sans la comprendre, je pris conscience qu'il était temps d'aller dormir.

Je quittai mon siège et me dirigeai vers le canapé-lit pour le déplier, retirant simplement mes chaussures et envoyant bouler mon pull gris avant de m'affaler sur le moelleux du matelas.

C'était le pied quand même un avion privé.

Je ne me rappelai qu'une deuxième personne était présente que quand celle-ci remua, pouffant en voyant ma silhouette peu élégamment vautrée sur les couvertures.

- Tu n'avais rien sous ton pull ?

- Il se porte comme un Tee-shirt, grognai-je, la tête dans la couverture, prenant soudain conscience de la nudité de mon torse.

Heureusement que de façon général les mecs ne sont pas trop pudiques, parce que je venais tout de même de me foutre à moitié à poil devant un type que j'avais vu pour la première fois il y a moins une dizaine d'heure alors qu'on était presque seul coincé dans un avion.

Et qui m'avait embrassé, pour en rajouter une couche.

Je me cachai aussitôt sous les couvertures alors que le souvenir remontait de plein fouet, rougissant désespérément mes joues.

Daphné était quand même très loin d'un coup.

J'entendis un peu d'eau couler du lavabo des toilettes.

Leis devait faire un brin de lavage.

Un poids déforma le matelas de l'autre côté.

- Je peux ?

- Va-y, tu vas pas dormir sur le sol, marmonnai-je en ramenant la couette au-dessus de ma tête, lui tournant le dos.

- Je me demande si c'est bien prudent de dormir de cette façon dans un avion… Souffla-t-il en s'installant sous les draps.

- On s'en fou.

Une expiration amusée me parvint, puis le silence régna.

Mais je n'avais que trop conscience de sa présence dans mon dos, de son regard qui me brûlait la nuque, de sa respiration lente mais pas encore endormie.

Mais pourquoi cet enfoiré m'avait-il embrassé ? J'avais des pensées étranges maintenant.

Je sortis légèrement mon visage de sous la couette.

Tout était plongé dans l'obscurité, et par les hublots, on pouvait apercevoir les lumières de l'avion. Rouges, dorées, blanches…

Le seul son était celui du ronronnement du moteur et des réacteurs.

L'atmosphère était vraiment étrange.

Le canapé-lit n'était pas si grand, et je ne tardai pas à sentir un souffle sur ma nuque.

Un bras me frôla, un pied glissa sur le bas de mon mollet, une mèche caressa mon épaule alors qu'il s'agitait un peu pour retirer son élastique et libérer ses cheveux.

Puis il s'arrêta et je sentis de nouveau sa respiration profonde chatouiller mon cou.

Il s'amusa à souffler sur mes cheveux fins pour les faire voleter dans tous les sens, recommençant inlassablement, puisque tout de suite après ils retombaient impeccablement à leur place d'origine.

J'avais chaud.

La couverture épaisse sous laquelle j'étais pelotonné gardait agréablement la chaleur du mon corps à laquelle s'ajoutait celle de Leis, ses expirations sur ma peau la faisaient encore monter la température, rendant presque brûlant l'air autour de nous.

À cela s'ajoutaient les frissons qui me parcouraient régulièrement à chaque fois qu'il s'amusait avec mes cheveux, contrastant violement avec l'impression de chaleur qui circulait dans mon corps.

Bref, il m'était totalement impossible de dormir.

Excédé, je me retournai brusquement vers lui.

- Ça y est ? T'as finit de t'amuser avec mes cheveux ? Je voudrais dormir !

Son visage était à quelques centimètres de mien et il me regardait avec un amusement visible.

J'avais toujours un peu trop conscience de son corps bouillant presque collé au mien.

- De nous deux, je ne dirais pas quel est celui qui s'est le plus amusé avec les cheveux de l'autre…

Et sa main partir soudain sous la couverture, tâtonnant au niveau de mes hanches. À ma grande horreur, je sentis une boule de chaleur gonfler dans mon aine lorsque ses doigts caressèrent ma taille nue avant de migrer vers mon ventre qui se contracta.

Mais qu'est-ce qu'il foutait ?

Un instant, je lus dans ses yeux le même trouble que celui qui me coupait la respiration.

Mais la seconde d'après, je vis un sourire illuminer ses traits lorsqu'il brandit victorieusement mon bras de sous les draps.

Je le regardai sans comprendre.

- La preuve en est juste là ! Clama-t-il.

Et je vis enfin les quelques cheveux blonds qui étaient encore attachés à mon poignet.

Oh… Alors depuis tout à l'heure il cherchait simplement mon bras.

Je piquai un fard intérieur devant ce que j'avais commencé à m'imaginer et me dégageai brusquement de la couette pour bondir hors du lit.

Ma respiration était légèrement précipitée et l'atroce chaleur qui se répandait en moi depuis tout à l'heure collait mes mèches à mon front.

- Je… Vais faire un tour aux toilettes, lâchai-je en tentant de préserver de ma superbe.

Mais c'est assez difficile de faire semblant de se sentir parfaitement à l'aise face à quelqu'un qui vous bouffe littéralement des yeux.

Surtout lorsque je ne pouvais m'empêcher de lui rendre la pareille.

Il était dans la même tenue que moi, et je ne pouvais que dire que sa chemise stricte ne lui rendait absolument pas honneur.

Je voyais les muscles des épaules rouler sous la peau bronzée, les abdominaux se contracter, le biceps saillant lorsque son bras appuya contre le matelas…

Et ce n'est que lorsque je me retrouvai plaqué contre le mur de velours rouge que je réalisai qu'il s'était levé à son tour.

Maintenant il était vraiment collé à moi.

Il me dépassait tout de même largement.

Nos nez se frôlaient et nos regards refusaient de se lâcher.

Son souffle était aussi rapide que le mien et je sentais ses mains se crisper légèrement autour de mes bras.

Je ne pouvais pas m'empêcher de le trouver étonnamment beau, là, avec ses cheveux blonds qui caressaient ses épaules mates, ses yeux verts assombris de désir, son souffle court qui passait la barrière de ses lèvres et les traits de lumières qui glissaient sur sa peau lisse.

La tension sexuelle entre nous m'étouffait presque.

Je ne sais même pas comment nous faisions pour ne pas simplement se jeter l'un sur l'autre.

Sa main remonta avec une lenteur infinie sur mon bras, dans une imperceptible caresse…

Et on craqua.

Il se jeta voracement sur mes lèvres alors que mes mains se perdaient dans ses cheveux blonds pour le tirer toujours plus vers moi.

Sa jambe força un peu pour passer entre mes cuisses et plaquer nos torses l'un contre l'autre.

Un soupir tremblant s'échappa de mes lèvres alors que mes doigts se resserraient sur ses mèches.

Son baiser me faisait perdre la tête.

Ses paumes passaient inlassablement sur ma taille, mes hanches, caressant la peau nue avec envie, et finirent par m'attraper par les fesses pour nous coller encore un peu plus l'un à l'autre.

Ma virginité anale allait y passer…

Et ce serait mentir que de dire que je m'en foutais, puisque, juste là, je ne désirai que ça.

Nos lèvres se décollèrent un instant et ses yeux verts me transpercèrent.

- God, ce que tu es beau !

Et il frôla ma bouche avant de plonger le visage dans mon cou, tentant de calmer sa respiration hachée.

Ses mains remontèrent pour attraper mes épaules alors qu'il relevait la tête.

Il ne comptait pas s'arrêter là quand même ?

Apparemment si puisqu'il se décolla lentement de moi avant de s'excuser et s'éloigner.

Et il allait me laisser comme ça après m'avoir mit dans cet état ?

Je l'attrapai vivement par le bras et le foudroyai du regard.

- Nan mais ça va pas ! Termine au moins ce que tu as commencé et te tire pas comme ça !

Il me fixa avec les yeux écarquillés.

Quoi, il n'allait pas non plus être surpris de ma mauvaise humeur ce sale blond, pas après m'avoir excité à ce point !

- Qu'est-ce que tu attends ? M'exaspérai-je.

- Gabriel… Tu as vraiment un caractère de chacal, tu sais.

Je n'eu que le temps d'ouvrir la bouche pour rétorquer qu'il me serra de nouveau contre lui et nous laissa tomber sur le matelas dans un bruit de draps froissés.

Ses lèvres se perdirent à nouveau en baisers mouillés dans mon cou et sur mes épaules qui me faisaient frissonner.

- Je ne te le redemanderais pas, mais… Tu es sûr de ce que tu fais ? Souffla-t-il contre ma nuque.

- Pas du tout.

Et je tirai sur ses cheveux pour l'embrasser passionnément.

Il pouffa dans le baiser et serra ses bras autour de mon corps avant de dévorer ma bouche.

Sa peau contre la mienne était brûlante, sa langue me faisait totalement perdre la raison, l'odeur de son corps me prenait les sens et les gémissements qui filtraient à travers le baiser m'excitaient à un point inimaginable.

Il se détacha de notre baiser affamé et je vis sa tête glisser le long de mon corps, son nez frôlant la peau brûlante de mon torse.

Un gémissement m'échappa en comprenant son intention.

Il posa sa joue contre mon jean, son visage touchant presque la bosse qui le déformait.

Il releva un regard joueur vers moi et effleura mon membre du bout des doigts, ses prunelles ne quittant pas les miennes.

Ma respiration s'accéléra encore.

Je vis son visage s'en approcher, tourner autour, ses lèvres frôler le jean.

- Leis !

Ses yeux se plissèrent d'amusement à mon exclamation, et alors que ses mains se dirigeaient vers la fermeture éclaire… Il se redressa et attrapa mes poignets.

Mes yeux se plissèrent.

Ses lèvres frôlèrent mon oreille et il chuchota :

- Supplie-moi.

Un sifflement exaspéré franchit mes lèvres.

Il planta ses émeraudes joueuses dans les miennes et laissa une main descendre et faire sauter le bouton de mon jean.

- Gabriel… Souffla-t-il encore en passant ses lèvres sur ma bouche.

Ses doigts entamèrent des ronds autour de mon sexe, sans jamais le toucher, caressant mon aine à travers le tissu du boxer gris.

Plus que les mouvements de sa main, ce fut l'intonation rauque et chargé de désir avec laquelle mon nom franchit ses lèvres qui me fit violement frissonner.

Je le voulais, je le voulais tout entier, là, maintenant.

- Leis.

Je ne dis rien de plus, mais mon souffle erratique, mes mains qui se crispaient sous sa poigne, le coup de rein donné que je ne contrôlai pas et l'intonation de ma voix, le message était passé.

Et de nouveau ce sourire.

Il m'embrassa, ses dents mordillant ma lèvre, sa langue passant et repassant dans mon palais, jouant avec ferveur avec la mienne.

- Nhh…

Sa main venait de se poser sur mon sexe.

Je me cambrai et tentai de libérer mes poignets de sa main, mais je ne pouvais rien faire d'autre qu'attendre son bon vouloir.

Attendre qu'il se décide à bouger la main à peine posée sur mon membre avant que je ne devienne fou.

- Tu en veux plus hein… Lâcha-t-il en quittant mes lèvres.

- Év… Évidemment ! Allez enfoiré ! Gémis-je en le foudroyant du regard.

Un sourire satisfait étira les coins de sa bouche et il me retourna brusquement sur le ventre, se mettant au-dessus de moi.

Il mordilla mon épaule, suçota ma nuque, lécha le haut de mon dos…

- Je ne vois pas le rapport avec ce que je… Voulais, haletai-je en frottant mon membre contre le matelas.

Je tentai encore de libérer mes mains. Je n'en pouvais plus, il fallait que je me touche.

- Tu verras…

Il sourit contre ma peau.

Je le sentis se pencher de l'autre côté du lit, et entendis un bruit de tissu, mais mon visage plaqué dans les draps ne me laissait rien voir.

Il me tira un peu sur le matelas, provoquant un horrible et délicieux mouvement de friction avec mon membre dressé.

- Hnn…

- Sensible ? Expira-t-il dans mon cou.

Et avant que je ne puisse rétorquer, il attacha mes poignets à la barre du canapé-lit avec sa cravate, se libérant la main.

Et je devrais en avoir honte, mais cela m'excita encore plus.

Et il ne me toucha plus

J'étais torse nu étalé sur le ventre, attaché, mon sexe atrocement tendu frottant contre les draps, et il ne me touchait pas.

Je ne sentais que l'air caresser la peau nue et échauffée de mon dos.

Le bruit de sa respiration heurtée me parvenait au-dessus de moi et lorsque je tentai de me retourner pour voir ce qu'il faisait, ses paumes se plaquèrent sur mes omoplates pour me garder dos à lui.

- Ne bouge pas.

Et ses mains glissèrent le long de mes côtes, caressant ma peau, réchauffant la moindre de mes cellules déjà bouillantes.

Un gémissement m'échappa à ce simple contact, à l'unique et puissante pression de ces membres qui s'imposaient sur mon corps.

- Tu veux que je t'enlève ton jean ? Susurra-t-il a mon oreille.

Une mèche blonde glissa et tomba sur mon épaule, caresse d'une plume sur mon épiderme embrasé.

- Que je te retire le reste de tes vêtements ? Que je te touche, chaque parcelle de ton corps dénudé ? Continua-t-il sans me laisser de répit.

- Je…

N'en pouvais plus ! Mon anatomie entière hurlait pour qu'il se bouge les fesses et exécute enfin ses paroles.

Mais ma putain de fierté m'empêchait de lui répondre.

- Gabriel… Murmura-t-il en mordillant mon lobe.

- Nnh…

- Tu le veux ? Que je te déshabille, que mes doigts caressent ta peau, parcourent tes cuisses, suivent les courbes de tes jambes…

Et le frôlement de ses cheveux frais, son odeur de cannelle, de papier et de peinture qui m'embrouillaient les sens, la chaleur de son corps qui m'étouffait alors que seules ses mains étaient posé sur moi, le son de son souffle saccadé, et l'impacte de ses paroles qui m'excitaient affreusement… Tous cela me fit définitivement perdre la raison.

- Oui… Oui vas-y, gémis-je sans honte.

- Oui quoi ? Qu'est-ce que tu veux exactement ?

- Que tu m'enlèves ce putain de jean et que tu me touche enfoiré ! M'exaspérai-je.

Je m'attendais à un rire de sa part, mais l'accro qu'il eut dans sa respiration me certifia que mes mots avaient secoué sa libido rudement mise à l'épreuve.

- Tout ce que tu veux…

Et la tendresse de sa phrase au milieu de l'érotisme de la situation envoya une décharge directe à mon cœur.

Ses mains, toujours posé en haut de ma taille, descendirent encore, suivirent le creux de mes reins et se posèrent à la lisière du jean.

Un pouce curieux passa sous le tissu, explorant la naissance de mes fesses… Avant que brutalement, mon vêtement ne me soit retiré et balancé à l'autre bout de l'avion.

- Gabriel… Chuchota-t-il contre ma peau.

- Touche-moi, furent les seuls mots qui daignèrent sortir de mes lèvres gonflées.

Et il honora les promesses qu'il avait tenues plus tôt.

Ses doigts caressèrent ma peau, explorèrent les moindres recoins, chatouillèrent l'intérieur de mes cuisses, me tirant un gémissement éploré, ses lèvres ne cessaient d'embrasser mon dos, ma nuque, mes épaules…

- Je te veux… Expira Leis en se collant contre mon corps.

Un nouveau gémissement quitta ma bouche au contact électrisant de nos peaux l'une contre l'autre, accompagnant celui du blond.

- Enlève… Enlève immédiatement ce pantalon beau… Beaucoup trop….

Et le « strict » que j'étais sur le point de dire ne franchit jamais mes lèvres, car elles furent soudain capturé par une activité bien plus intéressante.

La main de Leis sur mon crâne s'agrippait à mes cheveux noirs alors que sa langue envahissait mon palais, m'arrachant un nouveau soupir de plaisir.

Et je sentis son érection comprimée frotter contre mes fesses.

Perdu dans une mer de sensation, je remuai mon bassin, frottant son sexe alors qu'un filet de salive s'échappait de notre baiser pour couler le long de mon menton.

Le gémissement fou qu'il étouffa contre mes lèvres me fit perdre les pédales et je me remuai avec plus de vigueur contre lui, alors qu'il se frottait sans vergogne contre mes fesses.

Un concert de plainte, de soupirs et de cris couvrit les sons du moteur.

Il se débarrassa du reste de ses vêtements avec précipitation, envoyant par la même occasion promener mon boxer.

Ses bras se resserrèrent autour de mon torse, et il colla nos corps l'un contre l'autre avec envie, nichant instantanément son visage dans mon cou pour y apposer une nouvelle marque.

Comme s'il n'était pas déjà évidemment que je lui appartenais entièrement en cet instant.

Et dans un océan de désir, de gémissements et de plaisir, les lumières clignotantes de l'avion devinrent floues…


Et voilà... Je suis horrible hein ^^ ne vous inquiétez pas, il y a une suite hein xD
Qui arrivera dans deux petites semaines ? Peut-être un peu moins ou un peu plus ^^

VOilà ! J'espère vraiment que vous appréciez cette première partie de ce petit OS que j'aime beaucoup je dois l'avouer ^^

Même si ce n'est absolument pas réaliste xD mais ce n'était pas le but ^^ simplement celui de vous faire passer un bon moment ! :)