Bien le bonjour brave gens !

Voici donc le (court) épilogue de cette petite fic. Qui répond à certaines questions, en laisse d'autres en suspend...
Il y aura peut-être - sans doute - surement - un spin-off de cette fic qui pointera le bout de son nez sur le site. Si j'arrive à l'écrire. Logiquement, il se situera un/deux/trois ans après, et sera sans doute davantage porté sur Ché. (Mais vu que qui dit Ché dit Daïré, celui-ci repointera aussi le bout de son nez...)

En attendant ce jour (sans doute plus lointain que prochain)... Merci à tous ceux/celles qui m'ont suivie sur Soleil blanc, soleil noir. Les revieweuses zélés, celles qui sont passés par là et m'ont laissé un mot, les gens qui m'ont mis en alerte, et les personnes qui m'ont fait l'insigne honneur (si, si, si) de me mettre en favori, sans oublier les invisibles qui lisent sans se montrer ! Merci, merci, merci !

Et bonne lecture de ce dernier chapitre ! Dites moi ce que vous en avez pensé ! (Du chapitre, de l'histoire complète, des personnages, des questions que vous vous posez encore, de l'accouplement des hirondelles, de la meilleur façon de faire un chocolat chaud, de ce que vous voulez... xD)

A Mon Xian : Ravie que le lemon t'ai plu :p Voilà l'épilogue, bonne lecture à toi ! (Dans l'attente impatiente de ta review xD)


Chapitre 10

Daïré se réveilla après quelques courtes heures de repos, alors que l'aube pointait à peine. À côté de lui, le bout des doigts posés sur son torse, Sól était toujours plongé dans un profond sommeil. L'assassin esquissa un léger sourire en repensant à ce qu'il s'était passé la veille, à moins que ce ne soit plus tôt, avant de se lever en prenant soin de ne pas réveiller le pirate. Il s'habilla rapidement, retrouvant sans trop de difficultés ses vêtements froissés au pied du lit, puis sortit silencieusement de la chambre.

Il y revint quelques minutes plus tard, un plateau supportant de quoi les nourrir tous les deux en équilibre sur un bras. Posant le plateau sur la table bancale dans un coin de la chambre, il ouvrit tranquillement la fenêtre et s'assit sur l'embrasure, regardant distraitement la rue en dessous de lui. Le pirate n'allait sans doute pas se réveiller tout de suite. Pourtant, moins d'une demi-heure s'était écoulée que le blond commença à s'agiter dans son sommeil. Daïré n'y prêta pas attention, jusqu'à ce que l'agitation de Sól ne gagne en puissance, indiquant que quelque chose n'allait vraiment pas. L'assassin descendit de son perchoir et vint de l'autre côté du lit, secouant légèrement le pirate qui se débattait dans ses rêves.

– Sól ! Oh, Sól, réveille-toi !

Une fois encore, il se retrouvait piégé dans ce cauchemar. Le sang sur le corps dénudé, les cris qui passaient la porte et lui faisait serrer le poing, la lueur tremblotante de la lanterne, la douleur et la fièvre, les quintes de toux, et puis encore le sang, la culpabilité tellement forte qui le rongeait toujours, les coups et les questions, et toujours ce corps suspendu au mur, lui murmurant des accusations qu'il continuait à penser être vraies, et puis une voix qui parlait, l'appelait sans relâche, et puis une main sur son épaule, qui n'aurait pas dû être là, n'avait jamais été là...

Sól sentit les fils du rêve se casser presque brutalement, et il se réveilla en sueur, le cœur battant follement contre sa poitrine, et la respiration hachée. Penché sur lui, Daïré le regardait avec une pointe d'inquiétude dans ses yeux noisette. Sans rien dire, l'assassin fit un pas en arrière et se détourna pour attraper une bouteille de rhum abandonnée sur le parquet avant de la lui tendre. Le pirate s'assit et se hâta d'en avaler deux longues rasades tout en essayant de se calmer, ses yeux ne quittant pas Daïré qui s'était reculé contre le mur. Finalement, il poussa un faible soupir, reposant la bouteille au sol.

– Désolé pour ça. Je t'ai réveillé ?

– Non, c'est bon, répondit le brun en secouant la tête. Je ne dormais plus.

Le silence s'étendit à nouveau entre eux, aucun des deux hommes ne sachant que dire ensuite. Finalement, ce fut Daïré qui prit la parole d'une voix légèrement hésitante.

– Tu as... prononcé mon nom... À quoi... rêvais-tu, Sól ?

– À ton avis ?

Sól avait répondu d'une voix plus cassante qu'il ne l'avait voulu. Et pour la première fois, il vit l'assassin baisser les yeux devant lui, détournant le regard en se mordillant légèrement la lèvre inférieure, la main gauche jouant distraitement avec le fourreau du poignard qui pendait à son côté.

– Daï...

– Ça arrive souvent ? le coupa l'assassin sans relever la tête vers lui.

– Non. Pas trop.

– Tu mens, statua immédiatement le brun à voix basse.

–... Toutes les nuits depuis que je me suis réveillé, finit par avouer le capitaine de l'Amante après un court silence. Parfois deux ou trois fois par nuit.

Les yeux de Daïré se fermèrent brièvement, comme pour encaisser la nouvelle, en même temps qu'il semblait s'enfoncer encore un peu plus dans le mur qui le soutenait. Il rouvrit les yeux, gardant malgré tout le regard fixé au sol, perturbant le pirate qui ne l'avait jamais vu comme ça.

– Je... suis tellement désolé, Sól.

– Daï...

– Je... J'ai été égoïste. J'ai uniquement pensé à moi. Pas à ce que toi... tu pouvais... ressentir après tout ça. Je... Je n'ai pas l'habitude que... Merde !

L'assassin s'était retourné brutalement pour asséner un violent coup de poing au mur derrière lui. Fermant à nouveau les yeux, il inspira profondément. Se calmer serait peut-être une bonne idée. Mais la situation lui échappait. Et l'évidence qu'il avait plus que sa part de responsabilité dans le malaise du pirate éclatait très visiblement à ses yeux. Bordel, il aurait bien dû s'en douter. Il aurait du aller le voir, lui parler, même s'il s'était détourné de lui. Il aurait dû comprendre, par le sang ! Ôtant son poing du mur, il posa avec lassitude le front contre la pierre froide. Décidément, il fréquentait beaucoup trop Ché, et ne savait plus comment réagissaient les gens normaux. En même temps, ça ne l'avait jamais inquiété jusqu'à maintenant.

Finalement, le brun recula pour se laisser tomber sur le lit, yeux toujours fermés, plus que jamais conscient de la présence de Sól à côté de lui.

– Désolé. Je suis un imbécile qui ne sait absolument pas comment les gens normaux fonctionnent. J'aurai dû me douter que... tu n'irais pas bien.

– Et c'est toi qui dis ça ? murmura le blond en se tournant sur le côté, face au pirate qu'il sentait aussi tendu que la corde d'une arbalète.

– Hum ?

– C'est toi qui as le plus souffert là-bas, Daïré, pas moi, explicita Sól en passant une main sur le front du brun en essayant de le détendre. Tu n'avais pas à te soucier de moi.

– La différence, c'est que moi je m'en fous, répliqua l'intéressé en haussant les épaules. J'y suis habitué, depuis le temps, et ça ne laisse que des dégâts physiques qui finissent toujours par guérir. Mais toi, tu n'es pas comme ça, et ça t'a blessé plus que moi, même si ce n'est pas de la même manière. Et... je n'ai rien fait pour venir t'aider.

La voix du brun s'était légèrement brisée sur sa dernière phrase. Ah, il avait eu beau jeu de se montrer si froid avec le blond. Mais par peur de souffrir encore, lui aussi l'avait rejeté, sans réussir à voir au-delà des apparences. Bordel, même Ché s'était montré plus clairvoyant que lui... Comment avait-il pu passer à ce point à côté de la culpabilité du blond et de sa douleur, allant même jusqu'à s'en moquer ? Daïré laissa échapper un léger gémissement.

– Je suis désolé, Sól... Tellement désolé de ne pas avoir compris que tu allais mal.

Des lèvres se posèrent doucement sur les siennes, rapidement, avant de disparaître. Les doigts du pirate effleurèrent à nouveau son front, puis sa joue. Daïré rouvrit les yeux, les plongeant dans les prunelles bleu pâle au-dessus de lui, avant de reprendre la parole, toujours sur ce même débit rapide et incertain.

– Tu n'es pas responsable, Sól. De rien de ce qu'il s'est passé. Tu ne pouvais rien faire. Je ne... je ne veux pas que tu sentes coupable ou mal à cause de moi. Je te le répèterai autant de fois qu'il le faudra, mais je vais bien, et rien n'est de ta faute. Je...

– Shh, l'interrompit doucement le pirate. J'ai compris. C'est bon, Daïré, calme-toi. On en reparlera plus tard, d'accord. Mais calme-toi.

Poussant légèrement l'assassin pour qu'il bascule sur le ventre, Sól s'assit sur le bas de ses fesses, avant de poser ses mains sur les épaules crispées du brun. Il sentit clairement la crispation s'accentuer un peu plus, mais passa outre, entamant un massage appuyé. Cette tension lorsque quelqu'un était trop proche de lui était une autre chose dont ils devraient parler, plus tard. Sans cesser son massage, le pirate prit la parole de sa voix chantante et légèrement amusée.

– Tu sais quoi ? Y a pas à dire. On est vraiment aussi cons l'un que l'autre. Pas un pour racheter l'autre. Rei et le prince avaient raison sur toute la ligne.

– Ah, parce que Rei aussi ? souffla le brun d'un air légèrement désespéré mais souriant malgré tout, se détendant lentement sous les mains du blond. Bon, bah, il doit être rassuré maintenant. Il est monté hier, mais il a pas osé ouvrir la porte. Je crois qu'on faisait trop de bruit.

– Il a des accès étranges de pudeur, parfois...

Un léger rire au détriment du second de l'Amante prit les deux hommes, puis ils se turent, laissant un silence confortable envahir la pièce. Daïré se laissait aller à profiter du massage expert du pirate, la tête reposant sur ses avant-bras, laissant de temps en temps échapper un faible soupir de bien-être. Les meilleures choses ayant cependant une fin, Sól finit par descendre de son dos, s'allongeant sur le dos à côté de lui. Presque distraitement, l'assassin tendit la main, le bout de ses doigts venant caresser doucement les côtes et la hanche de son amant qu'il avait enfin trouvé.

Pourtant, lentement, l'atmosphère se fit moins sereine, pendant que les pensées du pirate s'assombrissaient un peu alors que l'indécision le gagnait. Il savait ce que lui voulait. En revanche, les envies de l'assassin étaient toujours un mystère insondable. Il fallait qu'il en ait le cœur net.

– Daïré... Est-ce que... tout ça... veut dire que tu comptes revenir à bord de l'Amante ? Pour de bon ?

–... Sól, je...

Daïré s'arrêta en plein milieu de la phrase pour pousser un léger soupir, brisant d'un coup les illusions du pirate qui fit de son mieux pour ne rien laisser paraître. L'assassin dut cependant déceler un changement dans son attitude et changea de position, s'appuyant sur une hanche et un coude pour pouvoir le regarder.

– Hey, me fais pas dire ce que j'ai pas dit, mon beau capitaine. C'est juste que...

Le brun se mordilla la lèvre inférieure, se demandant comment expliquer son problème. Finalement, il finit par reprendre.

– Je pourrai pas passer ma vie sur l'Amante, Sól. J'en suis incapable. Un mois de temps en temps, deux peut-être, s'il y a suffisamment d'évènements pour m'occuper un peu. Mais pas plus. J'ai besoin de ma liberté d'action, Sól. Et un navire n'est qu'une prison dont je ne peux pas m'échapper et sur laquelle je n'ai aucun contrôle. Sans compter que c'est définitivement trop petit, et que je n'aime pas ça. Je ne peux pas passer ma vie en mer, pas plus que tu ne pourrais passer ta vie à terre. Je me trompe ?

– Non. Non, tu as raison, répondit faiblement le pirate, les yeux fixés au plafond. Je...

– Cependant, le coupa doucement Daïré, vu qu'il est presque indéniable que je suis devenu totalement dépendant de ta présence, je n'ai pas la moindre intention de te laisser t'éloigner trop longtemps de moi. Je te l'ai dit hier, non ?

L'assassin conclut sa phrase en venant embrasser doucement son amant. Sól releva des yeux bleus rassérénés mais dans lesquels subsistait une lueur de doute vers lui.

– Et comment tu comptes t'y prendre ?

– Je suis un assassin, Sól. J'ai des agents dans pas mal de villes dans cette partie du continent, voire même au-delà. Et je dispose également du formidable réseau d'espions que Ché a mis sur pied. Un message de toi finira toujours par me trouver, si je ne te trouve pas avant. Et puis, je n'ai jamais dit que je n'embarquerai pas de temps en temps...

Daïré bougea jusqu'à venir s'asseoir sur les hanches de son amant, venant mordre légèrement le creux de son cou.

– Je te l'ai dit, Sól. Tu réfléchis trop.

Les dents descendirent sur les clavicules, s'y attardant quelques instants avec curiosité.

– Oui, on aura besoin de parler, beaucoup. D'écouter, tout autant.

Elles remontèrent jusqu'à une oreille, remplacée par la pointe d'une langue qui descendit le long du cou, provoquant un léger frisson chez le pirate qui vint poser ses mains sur les hanches de l'assassin

– Oui, on sera pas tout le temps ensemble. Oui, il y aura des obstacles, des doutes, des angoisses, peut-être des regrets.

Daïré se redressa légèrement, fixant le pirate droit dans les yeux, prunelles noisette sereines et souriantes contre prunelles bleu pâle qui ne demandaient qu'à croire.

– Mais je te promets que ça en vaudra la peine. Alors, arrête de réfléchir, mon beau capitaine. Et contente-toi de profiter.

Et ce fut d'un baiser sauvage et à l'arrière-gout de sang qu'ils scellèrent cette promesse étrange.