NDA : Tout m'appartient.
Il y aura en tout 5 chapitres.
Bonne lecture :)
Chapitre 1
Face à une chute d'eau artificielle, un homme regardait le déroulement de la vie. Il voyait les hommes se battre, s'insulter, d'autre s'amuser, se chahuter. Tout un amas de sentiments contradictoire qui le frustrait par leur étrangeté. Même s'il connaissait cela depuis plusieurs décennies, il lui était toujours désagréable de le vivre quotidiennement. D'un geste de la main, il braqua son esprit sur un homme marchant dans une rue. Il semblait irrité par toutes les personnes qu'il croisait. Curieux, il l'observa progresser, la tête bien droite, ignorant délibérément les personnes alentour. Les cheveux noirs échevelés et sa haute taille le rendaient différent des autres. Il dut arrêter son enquête lorsque celui-ci entra dans un établissement.
Bouleversé par les émotions du jeune homme, l'être angélique fit cesser la cascade pour retrouver sa vie terrienne. Il s'habilla et quitta sa demeure somme toute normale extérieurement.
Les rues grouillaient de monde en cette période estivale. Bon nombre de touristes occupaient leurs soirées à flâner dans les rues et les magasins. Mais un homme entre tous ne se sentait pas bien dans cette foule. Le brouhaha incessant l'agaçait et cette profusion de sentiments divers aussi. Pourtant, il fit contre fortune bon cœur et remonta l'artère principale pour rejoindre l'Escale, un petit bar français situé dans une rue très calme de Tokyo.
L'enseigne se profila enfin à sa vue, le faisant soupirer de soulagement. Lumière bleue et décor chic en faisaient un bar raffiné, tout comme la rigueur tenue qui en fait un lieu apprécié des personnes ne cherchant qu'à se détendre. Kaname s'avança et poussa la porte vitrée où l'on pouvait y voir l'illustration d'un port.
Il dut attendre quelques secondes à l'entrée afin que ses yeux mordorés s'habituent à la lumière tamisée. Le chrome reluisant du bar contrastait avec le bleu des murs et la touche d'orange rendue par les appliques qui se trouvaient à proximité des tables rondes.
Quelques plantes ajoutaient un ton convivial à la pièce. Kaname se sentait toujours apaisé lorsqu'il venait ici. Ses yeux trouvèrent rapidement son amie qui lui faisait un signe, assise à l'une des tables près du mur en face. Il s'installa en la saluant.
— Alors, finis ta journée ? demanda la jeune femme en voyant son air fatigué.
— Oui enfin !
Kaname commanda un cocktail français. Il aimait les mélanges de goût qu'il retrouvait dans les panachages que le barman faisait. Serein, il se laissa aller contre le dossier du fauteuil et plongea son regard dans celui de son amie. Pur style japonais, Asae en avait fait craquer plus d'un. Ses yeux noirs bridés étaient toujours pétillants de joie. Ses longs cheveux ébène lui arrivaient au milieu du dos. Qui avait dit que l'amitié entre un homme et une femme était impossible ? Ils en étaient la preuve vivante.
Ayant fait leur cursus en littérature ensemble, le courant était passé entre eux dès le premier jour. Ils étaient vite devenus amis et jamais ils n'avaient eu de relation autre que l'amitié, Asae ayant vite compris son intérêt pour la gent masculine. Lui rappelant bien des discussions. À présent professeur au lycée, Asae elle, était maître de conférences. Ils discutèrent de tout et de rien, comme à leur habitude jusqu'à ce qu'ils abordent le sujet de sa vie personnelle.
— Tu n'as toujours personne en vue ?
— C'est le calme plat et toi avec Kyō ?
— Tout va bien d'ailleurs, il doit nous rejoindre incessamment sous peu.
Le sourire d'Asae parlait pour elle. Visiblement, le fait que Kyō les rejoigne la ravissait et Kaname était très heureux pour elle, il appréciait Kyō. Kaname leva son visage lorsqu'il entendit la voix de Kyō qui venait d'arriver près d'eux. C'est après l'avoir salué que Kaname remarqua l'homme qui se tenait près de son ami. Il était plutôt grand pour un Japonais et ses cheveux blonds tranchaient vraiment parmi toutes les têtes noires de la salle. Une chemise pourpre et un jean noir moulaient son corps athlétique. Son attitude paraissait raffiné et venant d'une famille aisée. L'homme devait être légèrement plus âgé que lui. Voyant l'intérêt que suscitait son ami sur Kaname, Kyō déclara.
— Je te présente Seika Tohma, il travaille avec moi à l'agence. Cela ne te dérange pas ?
— Aucunement.
— Tohma, je te présente Akaike Kaname, notre ami.
— Enchanté.
Kaname bougea un peu pour laisser de la place à ce Tohma alors que Kyō s'installait en face. Étrangement, il se sentait mal à l'aise. L'homme à ses côtés paraissait hautain. Ses yeux froids en auraient fait reculer plus d'un.
— Comment se passe tes cours, Kaname ? questionna Kyō, voyant le silence s'éterniser.
— Très bien ! Mes élèves sont adorables cette année, heureusement je n'ai plus la même classe qu'avant !
— Kaname est professeur de littérature au lycée, expliqua Asae.
— C'est bien, répondit indifférent Tohma.
Tous le regardèrent effarer. Apparemment, il s'en fichait. Son regard prune était froid et l'aura qui l'entourait fit frissonner Kaname. Qui pouvait bien être cet homme ? Voyant le froid jeté sur la table, Kyō reprit la parole en parlant de ses idées pour le mariage. Kaname lui, avait renoncé à tout cela depuis bien longtemps. Pour lui les mariages, c'était juste ceux de ses amis ou de sa famille. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'y penser. Levant son regard, il croisa celui de Tohma qui l'observait étrangement. Son cœur rata un battement. Une drôle de sensation lui parvenait. Il ne saurait la définir… de la gentillesse ? Pourtant, Tohma agissait comme si de rien n'était, mais Kaname était persuadé que cela venait de lui.
— Kaname, tu seras là pour le mariage ? demanda Asae avec espoir.
— Bien sûr que je serais là.
— Tout comme Tohma, c'est super !
— Vous êtes shintoïste ?
— Oui, entre autres, finit Tohma en murmurant.
Kaname ne l'avait pas entendu, mais avait vu ses lèvres bouger. Il était réellement perturbé par cet homme. La soirée se passa pourtant très bien, même si Tohma semblait renfermé et seul, il ne parlait presque jamais, sauf quand on lui posait directement une question.
Tohma lui se sentait mal, il ressentait toutes les émotions de Kaname et son propre moral en prenait pour son grade. Une envie de s'éloigner se fit sentir et il s'écarta un peu de Kaname, mais cela ne suffit pas. Quand le professeur s'approcha pour savoir s'il allait bien, Tohma eut un mouvement de recul et un regard froid envers lui. Furieux de l'attitude de son voisin, Kaname se leva et s'excusa.
— Kaname pourquoi tu t'en vas ?
— Je gêne ! Autant partir et vous laisser tous ensemble. Apparemment Seika-san ne supporte pas ma présence.
— Mais…
— Non, c'est bon, répondit Kaname en s'en allant.
Tohma le laissa faire sans rien dire. Son éloignement le soulagerait.
— Mais attends ! Kaname ! cria Asae.
Mais le professeur avait déjà quitté le bar sous le regard de tout le monde. Il était furieux ! Comment cet homme pouvait-il agir comme s'il avait la peste ? Il marchait en fulminant sans se soucier des personnes qui l'entouraient. Tout ce qui passait dans sa tête c'était cet homme. Malgré son attitude froide, il était physiquement sexy. Il avait eu des relations auparavant, mais aucun de ses ex ne lui arrivait à la cheville. Ses cheveux mi-longs et légèrement bouclés entouraient son visage bien masculin.
Lorsqu'il arriva chez lui, Kaname était un peu plus apaisé. Il se laissa tomber sur son canapé et ferma les yeux en soupirant alors que sa main se posait sur son visage. Ce Tohma était étrange de par son comportement et il ne voulait plus le rencontrer. Il se releva soudainement pour aller prendre une douche et aller se coucher.
Après le départ de Kaname, Kyō s'était tourné pour regarder son ami.
— Qu'est-ce que tu as fait ?
— Rien, je ne comprends pas ce qu'il a eu.
Tohma était sincère, mais il savait qu'il était en cause. Il n'avait pas pu s'empêcher de le regarder. Après tout, il s'agissait de l'homme qu'il avait vu plus tôt. Et malgré lui, sa présence l'avait attiré. Il vit les regards de ses deux amis et profita de la fuite de Kaname pour les laisser en amoureux.
Chez lui, Tohma se laissa tomber sur son canapé en fermant les yeux. Jamais de toute sa vie il n'avait reçu autant d'émotion en si peu de temps, ni n'avait ressenti de sentiment contradictoire de son propre esprit. Tohma se promit de faire des recherches sur ce Kaname Akaike…
Quelques jours plus tard, Tohma n'avait pas réussi à avoir beaucoup de renseignements sur Kaname. Il avait également fait des recherches depuis son monde, mais cela avait donné le même résultat. Tout était écrit sur la feuille qu'il tenait entre ses doigts fins. Kyō lui avait donné quelques réponses, dont son lieu de travail, mais il y en avait bien d'autres en suspens. Kyō avait réussi à le coincer dans son bureau pour qu'il ne s'échappe pas.
Tohma grimaça à ce souvenir. Kyō faisait peur parfois. Surtout lorsqu'il voulait des réponses. Bien qu'il ait des parents sévères, Kyō était pire qu'eux, car il agissait sournoisement. Il se rappela de la façon dont il l'avait regardé alors qu'il ne croyait pas en ce qu'il lui disait. Il était évident pour Tohma que Kyō cherchait à le faire parler… et malheureusement il savait qu'il y arriverait à la longue.
Les cours de Kaname venaient de se finir. Il rangeait ses affaires lorsque la porte de sa salle s'ouvrit brutalement. Levant les yeux croyant voir l'un de ses élèves, il croisa le regard violet intense qu'il ne pensait plus revoir. Il se crispa immédiatement et son regard se fit plus dur. Pourtant, il ne vit pas le geste de Tohma avec sa main gauche.
— Bonjour, Akaike-san.
— Bonjour, Seika-san, je pensais ne plus avoir le malheur de vous revoir. Surtout dans ma salle de cours !
Tohma s'approcha sans laisser filtrer d'émotions. Ses cheveux blonds glissant autour de son visage avec élégance. Kaname le regardait faire avec surprise. Ses doigts s'agrippaient à la pile de copies qu'il tenait. Qu'est-ce qu'il faisait dans cet endroit ? Est-ce que c'était pour le faire enrager encore une fois ? Malgré son étonnement, il ne pouvait empêcher son cœur d'accélérer. Il se sentait subitement étrange et il avait chaud, mais son souffle se fit plus profond sans qu'il ne puisse le contrôler. Il ne comprenait pas la réaction de son corps.
— Je suis venu chercher ma nièce. Elle a fini ses cours.
— Alors, pourquoi ne pas aller la rejoindre ? Je suis sûr que vous voulez partir d'ici le plus vite possible.
— Elle sait où je suis.
— Ah ? Et vous n'avez pas peur de vous perdre ici ? demanda Kaname, soucieux de connaitre la réponse.
Il se rendit soudainement compte de la proximité de Tohma. Ses yeux violets le scrutaient intensément. Sa beauté fatale l'affaiblissait tant elle l'attirait malgré lui. Il baissa le regard vers son sac et rangea ses copies avant de commettre un impair avec… Ses élèves lui en voudraient…
Un sourire effleura les lèvres de Tohma qui se rapprocha encore un peu plus en voyant très bien les réactions du professeur et cela le ravissait. Il semblait terrorisé en sa présence et cela le déconcertait, mais il ne pouvait s'en empêcher.
— Je vous fais si peur que cela ? demanda Tohma.
— Non, simplement je ne vois pas pourquoi vous vous déplacez jusqu'ici. Et d'ailleurs comment avez-vous su mon lieu de travail ?
— J'ai fait mes recherches.
— Ah…
— La réaction que tu as eue quand nous nous sommes vus m'a plu.
— Si je ne suis qu'un sujet pour rire, vous pouvez quitter ma salle, Seika-san, répondit froidement Kaname en relevant son visage furieux vers le sien.
Voyant le professeur se renfrogner, Tohma adoucit son regard. Visiblement, Akaike n'était pas du genre à se laisser faire. Son regard rencontra celui mordoré du professeur. Ses cheveux brillaient à la lumière des néons. Ses mèches de différentes tailles encadraient le visage rond de toute beauté.
Tohma trouvait cela très sexy et à cet instant, il aurait aimé y glisser ses doigts pour en éprouver la douceur. Il fut interrompu dans ses pensées par la voix de Kaname.
— Si vous n'avez plus rien à dire vous pouvez partir, Seika-san.
— Non, en effet, par contre, j'ai hâte de te voir à nouveau, Akaike-san.
Le sourire que vit Kaname le fit frissonner. Il ne savait pas ce qu'il se passait, mais il avait l'impression d'être devenu un jouet. Il ne put s'empêcher de regarder Tohma quitter la salle et son regard admira la silhouette racée de cet homme qui faisait battre son cœur malgré lui.
Kaname se morigéna en s'apercevant qu'il fantasmait sur cet homme hautain, mais il ne pouvait s'en empêcher… il l'attirait terriblement.
Arrivé dehors, Tohma remarqua sa nièce qui l'attendait à l'entrée. Le voyant arriver, elle lui sourit et sauta dans ses bras. Lorsqu'elle se recula, elle admira la beauté de son oncle, surtout avec sa chemise lie-de-vin entrouverte au col. Ses amies lui disaient toujours qu'elle avait de la chance d'avoir un oncle aussi beau.
— Je suis contente de te revoir ! Maman m'a prévenue ce matin. Où étais-tu ?
— J'étais parti voir un ami.
— Il est prof ici ?
— Oui, en littérature. Akaike Kaname… murmura Tohma en repensant à cet homme si sexy au regard traqué.
— C'est mon prof ! Je ne savais pas que tu le connaissais. Ça fait longtemps ?
— En fait non, je l'ai rencontré que très récemment.
— Il est sympa. Un peu tête en l'air, mais c'est un chic prof. Je l'aime bien et puis… on ne peut pas dire qu'il est moche à regarder…
Tohma se tourna vers Yoko et la vit avec un grand sourire équivoque. Ils montèrent en voiture et Tohma les emmena à son appartement. Yoko semblait excitée de dormir chez son oncle. Pourtant, il ne put s'empêcher de penser à Kaname. Il allait faire en sorte de le revoir ! Il s'en fit la promesse.
— C'est fou quand même ! On habite la même ville et pourtant on ne se voit jamais !
— Je suis très occupé en ce moment, Yoko. Mais je voulais passer un peu de temps avec ma seule nièce.
Tohma repensa à sa sœur. Elle avait eu Yoko alors qu'elle n'avait que seize ans et leurs parents l'avaient chassée de la maison familiale alors que son petit ami s'était enfui quand il avait appris sa grossesse. Tohma l'avait recueillie chez lui et l'avait soutenu pendant toute sa grossesse et après. Finalement, elle avait trouvé un bon travail qui lui avait permis de se trouver un appartement.
— Maman va bien tu sais, déclara Yoko en voyant son oncle perdu dans ses pensées. En plus, elle s'est trouvé un mec, il est sympa.
— Je le sais, mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour elle.
— Tu n'es pas un ange pour rien.
La jeune fille regarda son oncle d'un air entendu et sortit de la voiture en attrapant son sac. L'appartement se trouvait dans un immeuble cossu de Tokyo. Elle se demandait comment son oncle avait réussi à avoir autant d'argent alors que ses grands-parents l'avaient déshérité. Dans le salon, Yoko posa son sac sur le canapé et rejoint Tohma qui préparait une collation.
— Comment t'as fait pour avoir un pareil appart ? demanda la jeune fille en posant ses coudes sur le plan de travail et son menton par-dessus.
— L'avantage de ne pas être comme les autres. Mes véritables parents sont puissants et m'ont aidé à mon arrivée ici. Et puis, j'ai été adopté jeune et tes grands-parents sont aisés. Papa m'a appris tout ce qu'il fallait sur les financements. Du coup, j'ai tout de suite placé mon argent et l'ai fait fructifier.
— Eh bien… c'est bien la seule chose pour laquelle je ne leur en veux pas. Je ne comprends pas comment on peut déshériter ses enfants et les mettre à la porte sans une once de remords.
— Ils sont comme ça. Nous n'entrions pas dans leurs cadres. Il faut dire que nous avons fait fort, sourit Tohma qui s'installait sur le canapé avec Yoko.
— C'est vrai que faire son coming-out devant un gros client de papy ce n'est pas vraiment ce qu'il y a de mieux. J'aurais aimé voir leurs têtes !
— Maman était incrédule et Papa était furieux. Quant à ma potentielle femme… Elle avait l'air plutôt soulagé. Tout ce que je sais c'est que les clients de Papa n'ont pas apprécié ma rébellion. Ensuite… j'ai dû me débrouiller par moi-même.
— Pourquoi papy et mamy ne savent-ils pas pour toi ?
— Parce qu'ils ne l'accepteraient pas. Mes parents m'ont interdit de le divulguer.
— Alors pourquoi me l'as-tu dit, et à maman aussi ?
— Parce que j'en ai reçu l'ordre. Je suis là pour protéger les humains et surveiller cette partie du monde.
Voyant que son oncle ne dirait rien de plus, Yoko enchaîna.
— Tu n'as personne en vue ?
— Ça s'est privé, Yoko.
— Mais t'es mon oncle, et puis j'ai vécu avec toi et maman pendant toute mon enfance alors…
Tohma regarda sa nièce et lui ébouriffa les cheveux. Il adorait sa nièce qu'il prenait un peu comme sa fille. C'était lui qui s'était occupé d'elle lorsque sa sœur avait cherché un travail. Yoko l'attaqua en le chatouillant et finalement ils finirent dans la cuisine un peu plus tard pour préparer le repas sous les rires de l'étudiante.
Une petite review ?