Bonjour bonjour mes ami(e)s !

Alors voilà, ceci n'est pas du tout une de mes histoires. Mon pauvre cerveau n'a pas les capacités pour inventer sa propre histoire, du coup il se nourrit des histoires des autres. Cette histoire est déjà finie, et gé-niale. Il y a des histoires d'amour -entre hommes-, beaucoup de scènes de sexe, et une intrigue intéressante. Vous ne pouvez pas ne pas l'aimer.

Ceci est donc ma première traduction. Attention donc aux :

- fautes d'orthographe. Même après trois relectures, je doute des les avoir toute pourfendues. Prière de ne pas m'attaquer en justice.

- style d'écriture. Si vous pensez à un moment que l'expression semble bizarre, s'il vous plait dites le moi. J'essaye de ne pas rester trop proche du sens littéral, mais parfois les vieilles habitudes de traduction ont la vie dure. je ne compte pas en faire mon métier, j'ai juste envie de partager, mais oui, je ne sais pas trop porter un regard critique. Tout avis sera le bienvenu :D

Enfin, non, je n'ai pas prévenu l'auteur pour le moment. La raison est simple. Si je n'ai pas de retour sur cette histoire, je n'ai pas envie que l'auteur croit que son histoire est pourrie alors qu'il sera évident que la faute me revient entièrement. Du coup, je vous met en ligne les deux premiers chapitres directement, et j'attends vos retours :D Si ça vous intéresse, je ferai alors ma demande officielle (on se demande de quoi je parle). Mais elle a l'air plutôt sympa, alors je ne pense pas qu'elle sera contre.

Disclamer : cette histoire ne m'appartient pas. Je ne suis que la piètre traductrice de Cordelia Kingsbridge. Si vous voulez directement lire son histoire en anglais, n'hésitez pas : dans mes favoris.

Note de l'Auteur : Cette histoire peut être potentiellement dérangeante, de part les nombreuses scènes de sexe entre hommes, dont parfois une grande différence d'âge . Les personnages principaux ont eux-même 10 ans d'écart. De plus, il y aura des références à des relations sexuelles lorsque le personnage principal avait 16 ans. Comme 16 ans est l'âge de la maturité sexuelle où je vis, je ne considère pas cela comme étant inapproprié, mais votre avis peu varié. Merci de votre lecture :)

NDT : Stop au blabla, et bonne lecture :)


L'avion était en retard.

Ryder regarda sa montre une nouvelle fois, essayant d'oublier qu'il l'avait déjà regardée 5 secondes auparavant. Il était évidemment encore et toujours onze heure et quart. L'avion aurait déjà dû atterrir il y avait de cela 15 minutes.

Adossé contre la Range Rover, Ryder regarda les environs d'un œil expert. Etre dans un large espace ouvert le rendait mal à l'aise, mais c'était en réalité l'un des endroits les plus sûrs qu'ils pouvaient trouver. La sécurité à l'aéroport national de Ronald Reagan Washington était des plus élevées, n'importe quel agresseur du terminal serait visible bien avant qu'ils ne puissent sortir leur pistolet, alors songer à tirer…

Mais il y avait toujours la possibilité d'un sniper, bien que la menace d'un assassinat était peu probable dans l'affaire Luca d'Amato.

C'était plutôt l'enlèvement qui préoccupait Ryder.

Ca, et le fait que l'avion avait maintenant vingt putains de minutes de retard.

Ryder donna un bref coup contre la vitre de la voiture. Willis l'abaissa légèrement, juste assez pour entendre son chef mais pas assez pour compromettre la sécurité du pare-balles.

« Je leur laisse encore cinq minutes avant d'aller voir ce qu'il se passe ».

Willis acquiesça et ferma la fenêtre. Ryder retourna à son occupation première, regarder vers le ciel, toujours mieux que de fusiller sa montre du regard. Il espérait que l'un des nombreux avions en train d'atterrir était celui de Luca.

Evelyn d'Amato l'avait personnellement promu de simple garde de la propriété à cette mission spéciale, ce serait plutôt mauvais pour lui s'il en perdait le contrôle avant même d'avoir rencontré le gamin.

Au moment où il décida de se diriger vers le terminal, un jet privé fit demi tour sur la voie d'atterrissage la plus proche et s'arrêta. Ryder plissa ses yeux jusqu'à ce qu'il puisse lire le nom du véhicule. Lorsqu'il le reconnut, il s'autorisa un soupir de soulagement et se redressa.

L'équipage de l'aéroport se dépêchât d'aller à l'encontre du jet, le guidant et disposant cônes et autres objets de prévention. Ryder les guettait avec attention, bien qu'il n'ait pas de réelle inquiétude par rapport aux employés de l'aéroport, on n'était jamais trop prudent.

Un escalier mouvant fut amené jusqu'à la porte de l'avion. Elle fut ouverte une minute après, et une femme aux courts cheveux bruns et à l'allure athlétique en sortit immédiatement, son regard s'arrêtant aussitôt sur Ryder. Il l'a reconnue au dossier étudié comme étant Janet Scheller, la chef d'équipe chargée de la sécurité de Luca.

Du moins, ancienne chef d'équipe.

Elle aussi l'avait apparemment reconnu. Il lui donna le signal pour confirmer l'absence de danger et elle acquiesça, retourna vers l'avion, fit quelques mouvements précis avant de descendre les escaliers. Une petite femme asiatique la suivit, et enfin ce fut le tour de Luca.

Ryder en oublia de respirer. Evidemment, il savait à quoi ressembler Luca D'Amato. Il travaillait depuis plus de deux ans pour Madame D'Amato et les murs du manoir étaient recouverts de photos du garçon, de plus le dossier que Ryder avait étudié pour sa mission en contenait également. Il savait, par exemple, que Luca avait hérité du meilleur de ses deux parents, les pommettes hautes et le nez fin du coté Nordique de sa mère, les lèvres sensuelles et les grands yeux de son père italien.

Mais une simple photo ne pouvait retranscrire les rayons du soleil caressant ses cheveux noirs, devenus presque étincelants, ni la manière dont sa peau légèrement caramélisée semblait s'approprier la chaleur de l'astre pour la faire sienne. Non, une simple photo ne pouvait capturer le sensuel et confiant mouvement de ses hanches, la façon dont son haut en cachemire et son pantalon noir en velours lui moulait parfaitement son corps fin et élancé. Luca avançait avec grâce, d'une assurance à la fois séductrice et dangereuse.

C'est un prédateur. Ryder se força à s'en rappeler. Il avait été largement sceptique qu'un enfant d'à peine 18 ans pouvait être responsable de tous les maux dont sa mère l'avait accablé, mais après l'avoir rencontré en chaire et en os, il n'en était plus si sûr.

Derrière Luca suivait deux autres personnes, une jeune femme rousse et un des hommes les plus laid que Ryder eut jamais vu. Tandis que le groupe atteignait enfin la route goudronnée, les gardes du corps se mirent dans la formation classique tout autour de Luca. Ryder approuva silencieusement leur professionnalisme.

La femme en tête lui tendit la main lorsqu'ils arrivèrent en face de lui. « Janet Scheller ».

Il lui répondit aussitôt en lui rendant sa poignée de main. « Jacob Ryder, pourquoi un tel retard ? ».

« Trop de trafic. Nous avons du prendre un chemin différent ».

Les yeux de Luca regardèrent Ryder de la tête haut pied alors qu'un sourire paresseux apparaissait sur son visage. « C'est une blague, n'est ce pas ? » La question était pour Scheller, mais elle ne prit même pas la peine de répondre, sa mâchoire était serrée, la raison de sa démission semblait évidente. Chacune des parties de son corps transpirait le dégout pour le jeune homme à ses cotés.

Ryder tendit ensuite sa main à Luca. « Mr D'Amato, c'est un plaisir de vous rencontrer ».

« Je suppose que vous êtes mon nouveau baby-sitter ? ».

Luca n'avait pas une voix grave, mais il y avait en elle un son bas, comme rauque qui était très attirant, même si Ryder était certain qu'il était complètement surfait.

« Je suis le nouveau chef d'équipe en charge de votre protection rapprochée ».

« Je me sens déjà beaucoup plus en sécurité ».

Du coin de l'œil, Ryder vit Scheller levait les yeux au ciel. Il extirpa avec le plus de douceur possible sa main de la poigne de Luca, qui s'était resserrée. « Je pense que nous pouvons repousser le reste des présentations pour un moment où nous serons moins exposés ».

Les deux femmes acquiescèrent et firent demi tour pour aider l'équipage à transporter les nombreux bagages dans la voiture. Lorsque la jeune femme rousse passa à coté de Lucas, elle ébouriffa ses cheveux de manière attentionnée et ajouta « Comporte toi bien ».

Il y avait au moins une de ses gardes du corps qui ne le détestait pas.

Scheller se tourna vers lui et lui demanda « Vous avez encore besoin de notre aide ? ».

« Nous gérons la situation à partir de maintenant, merci ».

Quelque chose dans sa posture se détendit. « Bonne chance ». Elle se dirigea vers le terminal sans un mot d'adieu pour son ancien patron. L'homme au physique peu avantageux la suivit, lançant en partant un regard dégouté vers Luca. Pour toute réponse, celui-ci lui envoya un baiser.

Souhaitant amener le gamin à destination le plus vite possible, Ryder ouvrit la porte arrière de la voiture. Luca haussa un sourcil devant la splendide Range Rover de couleur grise. « Belle voiture, vous comptez m'emmener dans un club ? »

Ryder avait une centaine de réponses plausibles, mais aucunes d'entres elles n'étaient appropriées. A la place, il préféra se contenter d'un « je vais vous mettre en sécurité ».

Luca grimpa sur le siège arrière, mais il retint la porte avant que Ryder ne puisse la fermer. « Pourriez-vous vous asseoir à l'arrière à mes côtés ? S'il-vous-plaît. »

L'usage voulait que le chef d'équipe s'assoit à l'avant pour laisser une certaine intimité à l'employeur, mais Ryder n'avait aucune raison de refuser la demande de Luca – même s'il avait décelé la tentative de manipulation derrière la question d'apparence inoffensive.

De toute manière, on l'avait mis en garde.

« Très bien ». Ryder ferma la porte et s'assit de l'autre coté. Willis ferma à clé dès qu'ils furent tous deux à l'intérieur. « Monsieur D'Amato, Greg Willis. Je serai votre chauffeur. »

Willis regardait dans le rétroviseur et toucha la visière de sa casquette. Luca le gratifia d'un sourire éblouissant « Enchanté ».

Ryder fut choqué de voir une légère rougeur sur les joues de son chauffeur, d'habitude si impassible. « Hum, il est temps d'y aller ».

Le moteur avait déjà démarré, Willis lança le GPS sur l'écran de navigation de la voiture, qui était en liaison avec son bluetooth. « Nous sommes prêts ».

« Prêts également». Confirma la seconde voiture qui les suivait avec les autres gardes du corps et les bagages.

Willis appuya sur l'accélérateur. Ryder se retourna vers Luca pour s'assurer qu'il avait bien mis sa ceinture de sécurité, ce dernier le fixait de manière intense. Ses cils étaient dérisoirement longs. Au moment où cette pensée lui parvint, Ryder voulut se frapper.

« J'aimerai que vous m'appeliez par mon prénom.

- Compris ».

Luca se pencha en avant, et Ryder ne put s'empêcher de prendre note de certains détails qu'il n'avait pas encore remarqués : le t-shirt bleu foncé que Luca portait en dessous de son pull couleur crème, le diamant brillant effrontément au lobe gauche de son oreille, le vague parfum épicé de son eau de Cologne.

Luca posa une main sur le genoux de Ryder, lui sourit et ajouta tranquillement « Est ce que tu veux me baiser ? ».

L'expression du visage de Ryder n'avait pas de prix. Il en fallut beaucoup à Luca pour contenir toute forme de jubilation.

A quoi pensait donc sa mère ? Elle était celle qui avait toujours insisté pour que tous ses gardes du corps soient des femmes ou des trolls immondes comme Warnock, et elle lui offrait aujourd'hui Capitaine America sur un plateau d'argent.

Luca n'aurait pas pu faire mieux s'il avait choisi lui-même Ryder. De sa mâchoire carrée et son allure robuste, à son corps musclé, on pouvait presque sentir le taux anormalement élevé de testostérones. Tout simplement comment Luca aimait ses hommes. Leur corps musclé était un reflet de leur esprit peu complexe, tellement facile à manipuler. Luca jaugea d'un coup d'œil Ryder, estimant qu'il aurait celui-ci mangeant dans la paume de sa main d'ici quelques jours, si ce n'était pas quelques heures.

« Non, merci ». La réponse de Ryder le sortit de ses pensées.

Luca recula, surpris. Ryder avait parlait aussi nonchalamment que s'il refusait une bouteille d'eau. Il voulait jouer à ça ?

Intrigué par le défi, il demanda « Etes vous marié ? ». Il avait déjà remarqué l'absence d'une alliance sur la main gauche de Ryder, mais ça ne voulait pas dire grand chose.

« Non. »

« Vous avez une petite amie ? ».

« Non. »

« Un petit ami ? »

« Non. »

« Vous êtes effrayé que ma mère le découvre et vous vire ».

Quelque chose d'étrange traversa le regard de Ryder. Dans un contexte différent, Luca aurait pris ça pour de l'amusement.

« Non. »

Ryder leva une main pour contrecarrer toute autre question. « Monsieur D'Amato –Luca- Je n'ai pas comme habitude de coucher avec mes employés. C'est un manque évident de professionnalisme ».

Il semblait avoir répété cette réponse plusieurs fois. Luca plissa ses yeux. « Ma mère vous a surement dit pourquoi j'ai été viré de l'école, n'est ce pas ? »

« Cette fois ci, et les deux dernières fois également ».

« J'aime qu'on me baise. Je ne vais pas m'excuser pour ça. »

Un bruit choqué parvint du conducteur et Luca s'autorisa un sourire. Il était heureux qu'au moins une personne réagisse enfin de la manière escomptée.

« Vous n'avez ni à vous excuser, ni à m'expliquer quoique ce soit. Je suis ici pour vous protéger, et non vous juger. Votre vie sexuelle ne me concerne en rien ».

Le pire était que Ryder semblait sincère. S'il était entrain de jouer à un jeu, Luca n'avait aucune idée quel en était le but. Il décida de changer de tactique.

« Vous avez un pistolet ? »

Ryder leva un sourcil, mais il déboutonna son costume sans un seul commentaire et fit glisser son haut de manière à montrer son étui de revolver. Luca n'en avait strictement rien à cirer de ce dernier, tout ce qui l'intéressait était la largeur des épaules de Ryder et l'épaisseur de son buste. Bien sûr, c'était sans doute du au gilet pare balles qu'il avait en dessous de sa chemise blanche, mais ce n'était évidemment pas la seule raison. Son besoin d'avoir Ryder sous son pouvoir s'intensifia.

« Je suis prêt à parier que vous n'en aurez même pas besoin ». Luca se pencha de nouveau, posant les paumes de ses mains contre le torse de Ryder. « Vous êtes si fort. Et moi, si faible et sans défense… »

« Vraiment ? ». Ryder fronça les sourcils. « Il faudra vous entrainer au combat de corps à corps, alors. Et vous devriez également apprendre à utiliser une arme à feu, juste au cas où. »

Luca le fixa un moment, sans sourciller, avant de reprendre ses mains et de se rasseoir dans son propre siège. Il avait pu sentir le cœur de Ryder, battant toujours de manière stable et constante. Sa respiration était normale. Ses pupilles n'étaient pas dilatées.

Ryder n'était pas attiré par lui.

N'ayant jamais rencontré ce genre d'obstacle, Luca était perdu. Derrière la confusion survint une bouffée de honte, auquel il ne s'attendait pas. Il avait toujours aimé joué la scène de l'homme sans défense, mais la façon dont Ryder avait réagit le piqua dans sa fierté.

« Je sais comment me servir d'un flingue », il murmura en regardant à travers la fenêtre.

« Bien ».

Ils arrivèrent sur l'autoroute les menant à Bethesda. Luca regardait Ryder du coin de l'œil, irrité que toute l'attention de l'homme soit dirigée vers les voitures sur l'autoroute. Il ignorait délibérément Luca. L'ignorer lui ! Même le fait de savoir que Willis n'arrêtait pas de le fixer à travers le rétroviseur ne l'aidait pas à aller mieux. Son pied tressauta nerveusement. Luca pausa sa paume sur son genoux pour l'arrêter, mais il pouvait toujours sentir les muscles s'agitaient en dessous de sa main.

Un bruit de vibreur lui signala un nouveau message. Luca sortit le téléphone de sa poche et vérifia le destinataire, surpris de voir le nom de Glauser s'afficher.

Tu me manques déjà.

Luca détestait les discussions qui n'étaient pas face à face mais le message lui fit tout de meme apparaître un sourire. Son pouce appuya sur le bouton « répondre ». Un autre regard de coté à Ryder lui confirma son envie.

- Tu n'es pas censé me contacter, mauvais garçon.

- Je n'y peux rien. Je ne peux pas m'empêcher de penser à toi. Je deviens dingue.

Lucas sourit plus largement.

- A quoi penses tu exactement ?

- A ton corps sexy lorsqu'il est nu et sur mon bureau.

- Je suis nu en ce moment.

- Ah ouai ? Es tu dur ?

- Tellement dur que ça fait mal. J'aimerais qu'il y ait un professeur sexy pour me soulager.

- J'aimerais être là aussi. Je pilonnerais ton petit cul serré juste comme tu aimes.

La respiration de Luca devint plus hachée alors que sa queue commença pour de bon à gonfler. Ryder lui jeta un regard curieux. Alors comme ça, Luca avait son attention maintenant ?

Faisant comme si Ryder ne le regardait pas, Lucas écrivit :

- Est ce que tu serais sévère ? Tu sais à quel point j'ai été méchant.

- J'aime quand tu es méchant. Donne moi une raison de te donner une fessée.

- Tu n'es pas en colère contre moi alors ?

- Je ne le suis plus. Tu sais comme je t'aime, beauté. Je ne peux pas rester en colère contre toi.

Une vague chaude ressemblant à de la satisfaction s'infiltra dans le corps de Luca, déliant ses muscles.

- Tu me veux toujours ?

- A jamais.

- Je peux t'appeler demain soir. Ce sera assez tard chez toi.

- Appelle moi quand tu veux. J'en ai rien à faire de l'heure qu'il est. Je veux juste entendre ta voix.

Satisfait, Luca ferma son téléphone et le remit dans sa poche. Son pied était calme. Ses yeux trouvèrent ceux de Ryder, il était maintenant certain d'avoir exagéré. Ryder n'était pas le genre à tomber pour une approche agressive, ce n'était pas le seul. Luca avait simplement fait une erreur de jugement.

Il était temps de constater l'étendue des dégâts pour reprendre le contrôle.

« Vous travaillez pour ma mère depuis longtemps ? »

Sa voix était parfaite, amicale et sans aucun sous-entendu.

« Seulement depuis deux ans ».

« Vous aimez être un garde du corps ? »

« Ce n'est pas facile, mais le salaire est excellent ».

« J'en suis sûr ». Luca posa sa tête contre le siège et s'étira, s'assurant de ne pas rendre son mouvement trop sexy. « Je meurs de faim. Pouvons-nous nous arrêter quelque part pour diner ? Ou pour le déjeuner plutôt. Je suis encore sonné par le décalage horaire, j'ai du mal à me rendre compte que je ne suis plus en Suisse. »

Ryder fit non de la tête. « Votre mère a été très claire, nous devons aller directement chez vous. Je suis sûr que Sheila aura préparé quelque chose pour vous ».

« Sheila ? » Luca se redressa. « Elle travaille toujours ici ? »

« Oui. Depuis combien de temps n'êtes vous plus rentré chez vous ? »

Luca haussa les épaules, comme s'il ne savait pas la réponse ou du moins qu'elle n'avait aucune espèce d'importance. « J'avais 12 ans ».

Il ne s'était pas attendu à ce que Ryder comprenne la véritable signification de cette réponse, mais vu la soudaine expression de pitié sur son visage, il avait parfaitement compris. La jambe de Luca recommença à remuer légèrement. Il serra son point sur sa cuisse.

Essayant de chasser la tension apparue dans la voiture, Luca reprit la conversation. « Je n'aurais jamais imaginé que Mère me laisserait rentrer aux Etats-Unis ».

« Tout le monde a essayé de la convaincre du contraire, mais elle n'avait pas vraiment d'autre choix ».

Bien que la voix de Ryder n'avait rien d'accusatrice, Luca eut l'impression d'avoir été giflé. Il dut tenir d'une poigne de fer ses cuisses pour les garder sous contrôle alors que cette traitresse de conscience lui soufflait ce qui était derrière les non dits de Ryder

Aucune autre école ne te prendra.

En Europe, Luca considérait ses gardes du corps comme une sorte de décoration. Ils n'avaient jamais eu à le défendre puisqu'il n'avait jamais été attaqué. C'était pourquoi sa mère l'avait envoyer si loin, du moins à l'origine. Mais aux Etats-Unis, il avait autant à se déguiser en cible mouvante.

La réalité de sa situation le frappa de plein fouet.

Ca n'avait maintenant plus d'importance que ses mains retenaient ses jambes, puisque ses doigts commençaient à pianoter nerveusement sur ses cuisses. Luca leur lança un regard noir, frustré. Il voulait s'arrêter mais savait qu'il ne pouvait pas, son corps aurait trouvé un autre moyen d'exprimer son angoisse.

Soudain, la main de Ryder serra la sienne, donnant à Luca un étrange sentiment de déjà vu. « Hey, » lui dit-il calmement. « Je ne vais pas laisser quoique ce soit vous arriver ».

Luca regarda la large main qui entourait la sienne. Ses mains et ses jambes se détendirent aussitôt. Il accrocha son regard dans ceux d'une couleur aussi bleue que le drapeau américain, et répondit « Je vous crois ».


Il n'aurait pas du toucher Luca. Ryder le savait. Ca ne pourrait qu'encourager le gamin, qui semblait assez instable sans en rajouter.

Mais il semblait tellement bouleversé, et l'incessant tremblement de son corps aurait eu raison de ses nerfs s'il n'y avait pas mis fin. Même le plus strict des professionnels n'aurait pas jugé son geste inapproprié.

Pourtant Ryder sentait que ça avait été une erreur.

Soudainement silencieux, Luca arrêta de flirter et sembla absorber par le paysage, bien que de temps à autre, sa jambe était prise d'un seul et unique tic nerveux. Ryder était contrarié par la force de son anxiété, ce genre de réaction serait un handicap en cas de danger.

Il se força à ne plus prêter attention à Luca, il n'aurait pas du se détourner de la route. Même avec les protections de la voiture et les compétences de Willis, les voyages étaient les moments où ils étaient le plus vulnérable.

Bien sûr, Ryder et Willis avaient vérifié la route plusieurs fois, faisant de nombreux allers-retours entre l'aéroport et le domaine de Bethesda, prenant des notes sur le trafic, les limites de vitesse, le nombre de feux, et les plausibles endroits pour une embuscade.

Un nombre suffisant de routes qu'ils pourraient potentiellement utilisé pour s'échapper avait été mis en place tout le long du chemin. Mais tout ceci n'aurait servi à rien si leur attention n'était pas au maximum maintenant.

D'ailleurs…

Ryder soupira en voyant une nouvelle fois les yeux de Willis à travers le rétroviseur, non pas pour vérifier les voitures, mais pour épier Luca. Il n'avait eu aucun problème pour trouver des femmes compétentes pour le rejoindre dans l'équipe, mais une femme entrainée dans la conduite offensive et défensive n'était pas si courante. Il avait du donc faire son choix sur un homme, en l'occurrence Willis, qui était un des plus talentueux conducteur avec qui il avait travaillé, et en plus complètement hétérosexuel.

Apparemment, complètement hétérosexuel n'existait pas lorsque cela impliquait Luca. Ryder devrait avoir une discussion rapide avec Willis plus tard.

« Ma mère est-elle à la maison ? » demanda Luca, surprenant Ryder après 15 minutes de silence complet.

« Elle était au travail quand nous sommes partis ».

« Nous sommes Samedi ».

Ryder n'avait aucune réponse de prête. Luca s'affala sur son siège, faisant soudainement son âge.

Willis appela le gardien du portail de la propriété D'Amato pour lui faire savoir leur prochaine arrivée. Quand ils furent à son niveau, Willis lui envoyant le signal pour confirmer l'absence de tout danger et l'homme appuya sur le bouton permettant l'ouverture des immenses portes en fer forgé.

Même après deux ans, Ryder ne pouvait s'empêcher de trouver le domaine D'Amato à couper le souffle. C'était un massif manoir de trois étages de pierre blanche de plus de mille mètre carré. En dépit de sa taille considérable, il ressortait une grâce presque aérienne de la propriété, sans doute due à la centaine de fenêtres dont elle disposait. Bien qu'elles étaient le cauchemar de tout bon garde du corps, l'effet visuel n'en était pas moins éblouissant.

Une petite femme enrobée approchant de la cinquantaine avec des cheveux noirs bouclés se tenait sur le porche. Le visage de Luca s'éclaira lorsqu'il la vit. Dès que la voiture s'arrêta définitivement, il ouvrit avec force sa porte, et en sortit en courant, n'adressant même pas un regard à Willis ou Ryder.

« Sheila ! ».

Elle arbora un large sourire, tendant ses bras de part et d'autre pour l'étreindre. Luca ne se fit pas prier.

Puisque il était hors de danger dans son propre domaine, Ryder le laisse faire. Il détacha sa ceinture de sécurité et se pencha en avant pour parler à Willis. « Puisque nous n'allons nulle part ailleurs aujourd'hui, tu es libre. Je te ferai savoir quand nous aurons besoin de toi demain ».

« Oui Monsieur ».

Ryder sortit de la voiture, et put distinguer à côté de Sheila deux autres femmes habillées de l'uniforme gris et blanc du personnel chargé du ménage de la propriété s'afféraient en dehors pour aider avec les bagages. Ryder se rapprocha directement de Luca, sa sécurité était sa priorité.

« Oh, mon chéri, je t'ai à peine reconnu ! » Sheila ne pouvait plus arrêter de parler. « Tu as poussé encore plus vite qu'une mauvaise herbe, la dernière fois que je t'ai vu, tu atteignais à peine mon épaule ! ».

« Je ne savais même pas que tu travaillais encore ici. Mère ne t'a jamais mentionnée ».

« Elle pensait qu'il serait plus sûr si nous n'entrions pas en contact. Mais maintenant tu es revenu, et nous aurons tout le temps nécessaire pour rattraper le temps perdu ».

Bien qu'elle souriait et donnait à Luca un autre câlin en disant ces mots, Ryder vit une ombre passait sur son visage. Sheila avait été la chef d'équipe des domestiques depuis plus de quinze ans, avec son mari Ethan, qui avait un rôle plus important dans la direction de la propriété, elle vivait aux cotés de la famille. Elle savait mieux que quiconque à quel point le retour de Luca était dangereux pour sa sécurité.

Les deux femmes gardes du corps les rejoignirent sur le porche. Ryder en profita pour se présenter à Candace Song et Shioban McCall, les deux avaient travaillé aux cotés de Luca depuis plusieurs années.

« J'ai un bon repas qui t'attend dans la cuisine si tu as faim ».

« Ca serait génial, Merci Sheila ».

Alors qu'ils s'apprêtaient tous à rentrer dans la maison, McCall interpella Ryder, lui demandant de rester une seconde.

« Que se passe t'il ? »

« Est ce que Luca vous a fait une proposition dans la voiture ? »

De toutes les choses qu'il s'était imaginé entendre, il n'aurait jamais pu s'imaginer qu'elle lui demanderait ça. Il la fixa avec stupeur.

Cela semblait être une question rhétorique, puisque elle n'attendit pas la réponse avant de continuer. « Il teste vos limites, j'espère qu'il ne vous a pas mis trop mal à l'aise ».

« Je m'attendais à quelque chose du genre. Madame D'Amato m'avait prévenu quant à sa… situation quand j'ai accepté la mission ».

McCall l'étudia pensivement. Elle détonnait dans l'équipe de sécurité, elle faisait bien plus jeune qu'elle ne l'était en réalité, l'âge de Luca, et tout chez elle était adorablement mignon, de son petit nez en trompette, ses tâches de rousseur, et ses indomptables boucles auburn, elle aurait pu facilement passé pour une amie ou petite amie de Luca. Des gardes du corps pouvant passer inaperçu étaient une nécessité quand il fallait garder un profil bas et ne pas se faire remarquer. Elle était également proche de Luca, bien plus que ne devrait l'être un simple garde du corps. Ryder ne savait pas encore s'il s'agissait d'une force ou d'une faiblesse.

« Ecoutez, je ne veux pas vous offenser… Mais comme vous avez parlé vous-même de la situation de Luca, comme vous aimez à l'appeler, je ne peux pas m'empêcher de me demander qu'est ce qui est passé par la tête de D'Amato pour mettre à la direction de la sécurité de son fils une juteuse tranche de steak telle que vous. »

Les lèvres de Ryder tiquèrent devant tant de franchise. « Elle avait ses raisons, c'est une longue histoire ».

Ca ne l'était pas du tout, mais il n'avait aucunement l'intention de partager les véritables motivations derrière sa nomination avec une femme qu'il venait juste de rencontrer.

« Ca ne me regarde pas. J'ai compris. Je ne remets pas en cause votre autorité. Mais juste pour que vous le sachiez, si Luca avait un type, vous seriez exactement le genre. Il va essayer encore et encore. Donc pour votre bien, j'espère que vous êtes l'homme le plus hétérosexuel au monde ».

Loin de là.

Ryder préféra ne pas continuer la discussion et acquiesça, lui montrant qu'il appréciait ses inquiétudes, puis l'incita à rentrer avec lui. Il ferma la porte d'entrée à clé, alors que McCall s'arrêtait aussitôt au milieu du hall d'entrée.

« Putain de merde ».

L'entrée était haute de trois étages, un escalier digne de Cendrillon descendait gracieusement en colimaçon, en dessous d'un lustre en cristal assez large pour écraser un éléphant. Il brillait de milles feux à la lumière des rayons du soleil qui traversaient les nombreuses fenêtres.

« Cette pièce est plus grande que la maison dans laquelle j'ai grandie ».

« Vous n'avez pas étudié le plan de la maison que je vous ai envoyé ? »

Ils commencèrent à marcher et leurs pas faisaient échos sur le sol en marbre. Elle lui jeta un regard offensé. « Bien sur que si, mais c'est bien plus impressionnant en vrai ».

Avant d'arriver dans la salle de bal, ils prirent à droite et atterrirent dans un endroit assez ouvert, constitué de pièces plus familiales, la cuisine, et la pièce pour prendre le petit déjeuner. Le plafond n'était pas haut d'une quinzaine de mètre ici, l'air été moins étouffant.

Luca, Sheila et Song étaient assis autour d'une table de forme ronde dans la pièce pour le petit déjeuner. D'Amato employait un Chef qui travaillait pour elle les jours de la semaine et mettait au frai des repas pour le week-end, mais Ryder doutait qu'Auguste soit responsable des épluchures de carottes, oignons, tomates et du poivre étalé sur le comptoir de la cuisine. Cela ressemblait bien plus à l'œuvre de Sheila.

Ryder et McCall se servirent. Il y avait deux chaises de libres sur la table entre Luca et Song. Luca lança un regard d'avertissement à McCall lorsqu'elle voulut s'asseoir à coté de lui elle leva les yeux au ciel et prit l'autre chaise, s'excusant d'un haussement d'épaule à destination de Ryder. Il prit place sans faire de commentaire.

Les chaises étaient trop proches les unes des autres pour un homme de sa taille. McCall se déplaça pour lui faire de la place. Luca n'en fit rien.

Ryder était bien trop conscient de la chaleur émanant de la jambe de Luca lorsqu'il la frotta contre la sienne. Le pantalon en velours noir de Luca était serré sur ses cuisses fines, l'invitant à le toucher. Ryder déplaça sa chaise de quelques centimètres vers la gauche.

« Donc ». Il fallait absolument qu'il prétende ne pas voir le petit sourire suffisant de Luca. « Le protocole de sécurité va être légèrement différent de ce qu'il était en Suisse. Luca doit être accompagné d'un garde du corps à n'importe quel moment au sein de la propriété. La plupart du temps, ce sera moi, puisque je vais vivre ici…

- Vous allez vivre ici ? Luca l'avait interrompu et semblait trop heureux pour le bien de Ryder.

- Oui. Je serai dans la chambre à côté de la votre, en cas de problème je pourrai réagir rapidement.

- Est ce que c'est vraiment une bonne idée ? » Song semblait perplexe.

Un malaise s'empara de tous les protagonistes.

« Bon sang, Candy, pourquoi ne pas être plus claire et me traiter de nympho ? »

McCall pouffa dans son verre d'eau et même Song eut un léger sourire mais Sheila semblait très pâle, comme pétrifiée.

« Désolé Sheila, je n'aurais pas dû… Désolé ».

Il se tut et retourna à sa nourriture, et ce fut à ce moment là que Ryder la vit. La rougeur.

C'était très subtil sur la peau couleur caramel de Luca, mais de mère norvégienne, il était tout de même de peau plus claire que la plupart des italiens, donc ce n'était pas invisible. La rougeur légèrement rosée se déplaça sur ses pommettes et le rendit soudain plus humain, et même… adorable. Il était vraiment embarrassé d'avoir choqué Sheila.

Après tous les regards langoureux, son langage du corps on ne peut plus séducteur, et son comportement dévergondé, ce n'était qu'au moment où Ryder aperçu la rougeur qu'il réalisa à quel point il était dans la merde.

Complètement foutu.

Il se gratta la gorge. « Comme je le disais, quelqu'un devra s'occuper de la sécurité de Luca quand je ne serai pas là. On changera à tour de rôle. Il y aura deux nouveaux gardes du corps dans l'équipe. »

McCall acquiesça et lui demanda : « Qu'en est-il lorsque nous sortirons ? »

" Une équipe de trois hommes, à moins que nous soyons avec l'équipe de sécurité de Madame D'Amato. Dans ce cas, Clarke décidera."

Les deux femmes approuvèrent.

« Luca n'ira nulle part aujourd'hui, donc vous êtes toutes les deux libres. McCall, je te vois demain à 9 heures du matin. Song, tu seras là à 18h. »

Ryder se tendit lorsqu'il sentit le toucher de Luca sur son bras, mais lorsqu'il se tourna vers lui il fut surpris de voir le gamin le regardait hargneusement.

« Qui a dit que je n'irai nulle part ailleurs aujourd'hui ? »

Une nouvelle voix retentit dans la pièce.

« C'est moi ».

Ryder la regarda avec surprise. En deux ans qu'il avait travaillé pour elle, il n'avait jamais vu Evelyn D'Amato se tenir dans sa propre cuisine.

« Salut, Mère ». Luca hésita un moment avant de se lever et de l'embrasser. Elle embrassa sa joue avec légèreté.

Les gens qui ne connaissaient Evelyn D'Amato que de réputation étaient souvent surpris lorsqu'ils la rencontraient. Son visage de porcelaine, ses longs cheveux blancs, et ses yeux bleu gris comme taillés dans la glace étaient on ne peut plus éloignés de toute trace de sang méditerranéen. Elle et Luca faisait un peu près la même taille, un peu plus d'1m75, mais elle avait de hauts talons qui devaient sans douter la grandir de plusieurs centimètres.

« Bonjour, chéri. Je vois que tout s'est bien passé. Il n'y a eu aucun problème je suppose ? » Elle posa son regard sur Ryder, qui se contenta de confirmer.

Les yeux d'Evelyn se posèrent sur les deux autres gardes du corps.

« Mademoiselle Call, Mademoiselle Song, bienvenue chez nous. J'espère que le trajet ne fut pas trop éprouvant ».

« Voulez-vous quelque chose à manger, Madame D'Amato ? », demanda Sheila alors qu'elle se levait de sa chaise.

« J'ai déjà mangé Sheila, mais merci. Luca, lorsque tu auras fini, j'aimerais m'entretenir avec toi, peux-tu me retrouver dans mon bureau ? »

« Bien sûr, Mère ».

Luca pouvait sentir le regard de Shioban sur lui, mais il fit semblant de l'ignorer, reprit place et finit de manger. Malheureusement il n'avait plus très faim. Il savait qu'il vomirait s'il essayait de manger encore une seule fourchette, il préféra donc jouer avec sa nourriture en réfléchissant.

Alors que les autres étaient repartis dans leur conversation, Luca repensait à la rencontre avec sa mère. Quelqu'un d'extérieur ne l'aurait pas remarqué, mais Evelyn était furieuse. Luca avait remarqué à quel point elle se tenait droite, le regard dur. Ces mots sortaient toujours de manière saccadée lorsqu'elle était extrêmement énervée, comme si l'effort pour se contrôler la rendait presque incapable de toute parole.

A quoi t'attendais-tu ? Une fête surprise pour ton retour ?

Luca prit une grande inspiration. Sa Mère de mauvaise humeur n'avait rien de nouveau. Il n'arrivait même pas à se rappeler la dernière fois qu'elle avait semblé fière de lui.

« J'ai fini ».

Ryder posa sa fourchette. « Je viens avec toi. A demain Mesdames. »

Luca détestait cette maison –lumineuse, silencieuse, impersonnelle- comme une mausolée avec bien trop de fenêtres. Même la présence de Ryder à ses côtés ne put le rassurer.

Alors qu'ils traversaient le pont formant un arc au dessus du 1er étage, Luca ressentit une puissante urgence de proposer à Ryder de le prendre contre la balustrade. Mais ce dernier lui avait déjà démontré qu'il n'était pas excité par ses propositions audacieuses. C'était bien dommage, car il était persuadé que Ryder baiser comme un Dieu. Luca jeta un coup d'œil mélancolique à ses mains puissantes et ses cuisses musclées.

Le bureau d'Evelyn était à gauche du hall d'entrée. Les deux grandes portes étaient fermées, et le chef de son équipe de sécurité, Harrison Clarke, était positionné devant comme à l'accoutumée.

Luca ressentit un frisson le long de sa colonne vertébrale, se redressa légèrement et esquissa un sourire. Clarke était un très bel homme afro-américain, avec de grands yeux noirs comme l'ébène et sa voix trainante avait un accent profond qui emmenait directement son interlocuteur dans le paysage de Savane Africaine. Il avait laissé Luca le suçait Noël dernier quand Evelyn lui avait rendu visite, et Luca n'avait pu se le sortir de la tête depuis.

« Salut Clarke » Sa voix ressemblait à un doux ronronnement, le même qu'il avait utilisé pour convaincre Clarke de baisser son pantalon.

Clarke lui répondit d'un raide hochement de la tête. « Monsieur D'Amato ». Ses yeux s'arrêtèrent sur la bouche de Luca et comme fautifs, se détournèrent aussitôt.

Luca se sentit soudainement mieux.

Clarke toqua à la porte et attendit qu'Evelyn en donne la permission avant de l'ouvrir. Luca s'arrêta sur le seuil.

Luca n'arriverait jamais à comprendre pourquoi sa mère avait besoin d'un bureau d'une telle surface alors qu'elle en disposait d'un énorme en ville. La pièce était d'inspiration anglaise, avec de nombreux livres de part et d'autre. Un bureau acajou faisait face à une grande baie vitrée. Evelyn y était assise, accaparée par son ordinateur.

Elle lui fit signe d'entrer et demanda à Ryder de rester en dehors. Clarke ferma la porte, laissant Luca seul avec sa mère. Dur de ne pas se sentir abandonner.

« Prend place ».

Luca s'effondra sur une des chaises en cuir en face de son bureau et croisa les bras. Le bureau avait été réfléchi pour être confortable, même douillet, mais il n'avait jamais pu le qualifier d'un autre adjectif qu'intimidant. Sans doute était-ce du à la présence de sa mère.

Evelyn considéra Luca fixement, de son regard froid qui aurait pu faire pleurer n'importe quel homme. Il le lui rendit du mieux qu'il put. Il dut littéralement mordre sa langue pour s'empêcher de parler en premier, car c'était ce qu'elle attendait de lui.

Finalement, elle céda et poussa un long soupir, posant ses mains de part et d'autre du bureau. « Je ne crois pas que tu aies besoin que je te dise à quel point je suis déçue par ton comportement ».

« Mais vous comptez quand même me le dire, n'est ce pas ? »

« Tes agissements ces dernières années ont dépassé l'entendement. Cette dernière histoire est au delà de l'acceptable, par ce comportement tu me dénigres, tu te dénigres, et tu as réussi l'exploit qu'aucune autre Ecole de bonne réputation en Europe ou Asie ne veuille t'ouvrir leur porte, à la simple prononciation de ton nom ».

« Ils ne doivent pas avoir une très grande confiance en leur personnel ».

« Pour l'amour de Dieu, Luca, si tout ce que tu avais fait était de coucher avec quelques professeurs, nous ne serions pas entrain d'avoir cette conversation. Ce genre d'indiscrétion est écrasé lorsqu'on y met le prix. C'est ton sens du dramatique et ton total manque d'estime de toi-même et des autres qui nous amène ici aujourd'hui. »

Il se rétracta contre sa chaise, assommé. Evelyn semblait essoufflée. Luca pouvait voir la tension de ses muscles sur son visage alors qu'elle se retenait pour garder le contrôle d'elle-même. Le paradis devait interdire ne serait ce qu'une fissure sur ce visage glacial.

D'une voix plus calme, elle ajouta « Je suppose que je devrais me sentir chanceuse que ton intérêt ne soit que pour les hommes. Seul Dieu sait combien de bâtards tu aurais déjà engendrés depuis.

Luca roula des yeux. Il n'avait jamais été assez stupide pour oublier le préservatif.

« Je suis entrain d'essayer de te faire entrer dans ton ancienne école ici à Bethesda, mais comme tu dois t'en douter, ils ont de sérieux doutes qu'il semble difficile à contredire. Jusque là, tu auras un tuteur au manoir. Tu ne quitteras pas cet endroit sans ma permission. »

« Vous ne pouvez pas m'enfermer ici. J'ai 18 ans. Je suis adulte ».

« C'est vrai. Tu es donc libre de partir de façon permanente si tu le souhaites. Bien évidemment, sans argent et sans sécurité à espérer de ma part. »

Autrement dit, comme une cible facile. Luca doutait que sa mère le laisserait réellement partir sans surveillance, qu'importe ce qu'il pouvait faire, mais en était-il si sûr au point de parier sa vie dessus ?

« Il est absolument interdit que tu aies une relation sexuelle avec n'importe lequel de nos employés. » Elle ne semblait pas vouloir s'arrêter de parler. « Si tu ressens un besoin urgent que tu ne peux contrôler, fais le moi savoir et je t'arrangerais une visite d'une agence très discrète. »

Luca crut que sa mâchoire aller s'effondrer. « Une prostituée ? »

« Un compagnon professionnel ».

Comment pouvait elle le comprendre si peu ? Luca n'avait rien à tirer d'une baise avec un prostitué. L'homme ne viendrait que pour l'argent, il ne serait pas le moins du monde intéressé par Luca. Ca n'aurait aucun sens.

Frustré, il la regarda fixement avant de répondre. « Je n'ai jamais couché avec une pute. Ce n'est pas une question de sexe ».

« Tu m'as presque eue ».

Luca serra ses bras contre sa poitrine. L'expression d'Evelyn devint plus douce. Elle se leva et contourna le bureau pour se pencher près de lui. Le soudain rôle de bonne mère de famille rendit immédiatement Luca suspicieux.

« J'ai pris contact avec une excellente psychiatrique à D.C

- Putain…

- Elle est d'accord pour te voir une fois par semaine. As-tu continué à prendre tes médicaments ?

- Je ne suis pas malade.

- Un trouble de l'anxiété ne veut pas dire maladie mentale, Luca, tu le sais très bien. »

Ses doigts s'enfoncèrent dans sa poitrine comme des serres. « Peut être que vous devriez voir un psy. Mais là encore, je ne suis pas sûr qu'ils aient une pilule qui soigne les ignobles salopes. »

La réponse d'Evelyn vint aussitôt. Elle le gifla violemment au visage, assez fort pour le faire crier. Il posa instinctivement une main contre sa joue brûlante.

« Ne me parle plus jamais ainsi, lui dit-elle d'une voix basse et tendue, Je suis ta mère. Tu peux me haïr autant que tu le souhaites, mais tu me respecteras. Compris ? »

« Oui ».

Elle retourna s'asseoir. « Tu m'accompagneras demain à l'Eglise. Tu te comporteras de toutes les manières possibles comme un fils et un citoyen modèle, ou tu en verras les conséquences »

Luca acquiesça.

Ils restèrent assis en silence quelques minutes. Evelyn le regardait, Luca fixait le sol. Il pouvait sentir les larmes essayaient de sortir de ses yeux, mais la seule idée de pleurer devant sa mère l'aider à les retenir.

« Que dirait ton Père s'il te voyait ? »

Une rage soudaine envahit Luca et lui donna la force de la regarder.

« Et que lui dirais-tu s'il te demandait pourquoi tu l'as laissé mourir ? »


Voilà ! Il y avait deux chapitres d'un coup. Fini :D Ouf!

Ce n'est pas mon bébé, mais une première traduction, ça réchauffe le coeur, surtout que j'aime cette histoire. Elle prend du temps à se mettre en place mais ah, elle vaut le coup d'oeil.

Des petites reviews seront accueillies avec bonheur, comme des enfants revenant après un long voyage, et je les donnerai également à l'auteur (argument de poids pour la faire céder).

Merci à tous et à toutes d'avoir lu :D J'espère sincèrement à très bientôt !

Staphy.