Bonjour! Voici un petit texte sans aucune prétention, écrit pour le bon plaisir de l'auteur LadySade. Attention tout de même au langage quelque peu châtier, et surtout à la présence d'un threesome plutôt osé (en fait... il n'y a presque que ça !).

Bonne lecture!


Jamais deux sans trois


La nuit était tombée depuis bien longtemps, l'hiver étant installé, les jours semblaient désespérément courts, tandis que le soir tombait à une vitesse effarante. Dimitri en était à ce stade de réflexions purement inintéressantes lorsque -enfin- le générique de fin du film qu'il « regardait » avec son meilleur ami apparut à l'écran. L'avantage de ces nuits glaciales était que les parents avaient moins de scrupules à aller se dorer la pilule à l'étranger et laissait donc libre champ à leurs enfants, par ailleurs assez âgés pour se débrouiller seul et apprécier la situation à sa juste valeur.

C'est ainsi que le jeune homme s'était retrouvé rue de la Paix, dans le confortable lotissement des parents de David... à regarder des niaiseries à la télévision. Un soupire lui échappa alors qu'il s'étirait, fatigué.

- Tu as aimé ?

La question, que le jeune brun espérait purement rhétorique, ne se posait même pas aux vues de sa mine ennuyée. David avait sans doute même fait exprès de passer ce ridicule navet pour l'ennuyer, sachant pertinemment qu'il n'oserait se plaindre avant la fin. Alors qu'il haussait les épaules, fataliste, David laissa libre court à son hilarité.

- Ce film était à chier, et tu n'en as pas regardé plus d'une minute et demie, si je peux me fier à ton regard absent... C'était simplement histoire d'arrêter de te faire réfléchir à tout et n'importe quoi... Déstresse, tu es en vacances, majeur, loin de tes parents... C'est pas le pied ça ?

Qu'aurait il pu répondre à ça ? La situation était plus que plaisante, mais le moral n'était pas là... Pas après le coup que lui avait fait Julien, son ex petit ami. David le savait, c'est bien pour cela qu'il cherchait à le lobotomiser à coup de programme télé-couette-pizza... Mais il ne parvenait pas à oublier cette triste histoire, pourtant tout à fait banale... Son petit ami l'avait trompé, et ce à maintes reprises, ce n'était pas le drame du siècle, même s'ils étaient ensemble depuis plus de trois ans, que Julien avait été le premier, qu'il avait piétiné sa fierté, son amour...

- Tu y penses encore... Sors le toi du crâne, ce type était un fumier ! T'as rien vu venir, mais au moins tu es débarrassé de ce salop, et c'est toi qui l'a jeté, et avec une classe folle !

Dimitri sourit devant les efforts de son ami pour lui remonter le moral... Il avait raison, il était temps de tirer un trait sur cette relation, de la remplacer par autre chose, comme par exemple ses études. Il avait tendance à se reposer sur ses lauriers, il était temps de mettre aussi un terme à cette sale habitude !

- Au fait, mon frère passera ce soir, avec un pote à lui.

Pour le coup, les études partirent aux oubliettes, alors qu'il ouvrait la bouche, surpris.

- Ton frère ? Enzo ?

- Je n'ai qu'un grand frère Dim, de qui veux tu que je parle ?

Une grimace tordit la bouche du brun alors qu'il frissonnait. Il n'avait jamais aimé Enzo, de cinq ans leur aîné... Celui ci l'avait toujours diablement mis mal à l'aise, avec sa force brute, son physique avantageux et sa propension à se fourrer dans les ennuis dans le simple but de faire la fête. Les parents de David avaient eu beaucoup de problèmes avec leur premier fils, même si celui-ci s'était calmé, du moins d'après les rumeurs, à présent qu'il était employé dans une maison de disque.

- Oh aller, mon frère est génial, et en plus, maintenant qu'il a un peu d'ancienneté dans sa boîte, il pourra nous avoir des autographes !

La perspective d'avoir un bout de papier signé de la main d'un chanteur quelconque ne produisait pas vraiment le même effet sur les deux jeunes hommes. Dimitri se leva sans mot dire, et tourna les talons pour sortir de la chambre de son ami, empoignant son nécessaire de toilette en passant.

- Je te laisse retrouver ton frère en paix, moi je suis crevé, ta saloperie de film m'a sapé toute envie de faire quoi que ce soit.

- Dis plutôt que c'est la perspective de te socialiser qui sape tout ton courage... Dimitri, tu es parfois vraiment... exaspérant.

- Et toi idiot, je reviens.

Le brun sortit de la pièce d'un pas tranquille avant de s'enfermer dans la salle de bain, s'adossant à la porte. Il ne se sentait pas bien, il avait mal au cœur, et ce mal n'avait strictement rien à voir avec les pizza qu'ils mangeaient matins, midis et soirs depuis trois jours. Il ne parvenait pas à s'enlever les images de Julien allègrement occupé à sucer un jeune homme châtain, qui n'avait d'ailleurs pas du tout semblé gêner de se faire prendre en flagrant délit.

Il observa son visage dans le miroir, atterré devant son expression pitoyable. Ses yeux verts étaient légèrement rouges, et leur expression abattue donnait au jeune homme un regard digne d'un cocker, oscillant entre yeux quémandant un peu de réconfort et regard d'une tristesse ridicule. S'ajoutait à cela son teint livide, sa bouche pincée et son corps frêle... A cet instant Dimitri comprenait pourquoi Julien passait son temps à courir après d'autres mecs.

Chassant ses pensées sombres et idiotes, il se brossa les dents, et retira son jean et son T shirt avant de repartir vers la chambre.

- Dim, tu dors ? Dim, si tu fais semblant de dormir, je te colle un gnon ! Mon frère est arrivé, tu viens ?

Le jeune homme s'appliqua à contrôler sa respiration, lente et profonde, sans esquisser un geste, il grogna pour la forme lorsque, sans aucun scrupules, David le secoua, puis retourna se blottir sous la couette du grand lit qu'il partageait avec l'énergumène qui lui tenait lieu d'ami. De toutes façons, il faisait bien trop froid pour songer à mettre un pied hors du cocon de chaleur.

- Bon, très bien, je te laisse dormir ! T'es vraiment pas drôle comme mec, tu sais ? Enfin, tu verras Enzo demain...

Et sur ces paroles catégoriques, le blond quitta la chambre en râlant. Sitôt la porte fermée, Dimitri se tourna sur le dos, fixant le plafond où des étoiles de matière phosphorescente luisait depuis plus de dix ans... Cette chambre avait abrité tellement de rires, de confidences, d'expériences, il s'y sentait bien. Et à cet instant, blottit dans ce lit chaud, il parvenait à oublier ses mésaventures. Ses réflexions reprenaient un cours agréable lorsque la porte s'ouvrit, le faisant légèrement sursauter.

- Tu ne dormais pas, espèce d'enfoiré ! S'exclama théâtralement David.

- Comme si tu ne t'en étais pas rendu compte... Ferme la porte, tu laisses rentrer le froid. Rouspéta le brun, s'enfonçant un peu plus dans le lit.

- Je vais surtout faire rentrer mon frangin et Antoine, oui ! Les mecs, il ne dort pas, vous pouvez venir !

- Et toi tu peux arrêter de hurler, la maison n'est pas si grande que ça.

Contre toute attente, les râleries de Dimitri ne lui valurent qu'un sourire goguenard. David devait décidément être de bien bonne humeur. Mais le jeune homme s'arrêta tout net de se réjouir de cette information qui lui promettait une nuit paisible -lorsqu'il était content, son ami dormait comme un bébé- lorsqu'il vit deux silhouettes entrer dans la pièce. Une seconde plus tard, la lumière vive du plafonnier l'aveuglait.

- Putain, la lumière, abruti ! Ce n'est pas parce que je ne dors pas que je ne profite pas de l'obscurité !

- Quel langage ! Ricana une voix grave, bien plus mature que la sienne. Heureux de voir que tu as toujours mauvais caractère Dim.

- Je n'ai pas mauvais caractère, j'ai mal aux yeux, c'est différent... Salut à toi aussi Enzo, maintenant, Dave, vas tu éteindre ta saleté de lampe ! Tu n'as qu'à allumer celle du bureau, tu y verras quelque chose, espèce de taupe, et tu ne me pétera pas les yeux !

Maintenant qu'il en parlait, Enzo n'avait pas tort quant à son mauvais caractère. Mais pour sa défense, ces trois couillons avaient interrompu un moment de quiétude rare ces derniers temps. Il se redressa dans le lit alors que la lumière se faisait douce. Il ronchonna un merci, avant de se tourner vers Enzo et l'homme qui l'accompagnait.

Il se figea lorsque son regard se posa sur le dénommé Antoine, et toute couleur quitta ses joues, alors qu'il ouvrait la bouche de stupéfaction et d'effarement. L'autre ne semblait pas gêner le moins du monde, sans doute ne le reconnaissait il même pas.

- Toi... couina le brun en se reculant contre le dossier, sous le choc.

- Tu connais Antoine, Dim ? S'étonna David.

- C'est... C'est...

- T'es pas le petit mec bandant qui a largué ce mec, il y a quelques semaines, et qui m'a filé un faux numéro pour faire rager le type que j'étais sur le point de me taper ?

D'une part il se souvenait de lui, mais il n'avait en plus pas l'air particulièrement ravie de le voir... Et le coup du faux numéro n'était sans doute pas une très bonne idée, mais lorsqu'il avait vu la tête de Julien il s'en était félicité.

- Tu es gay ? S'étonna Enzo.

- Le type avec lequel Julien t'a trompé, c'était Antoine ? S'exclama David, sous le choc lui aussi. Ben merde alors, il s'emmerde pas ton ex.

"Au moins avait il bon goût..." rumina-t-il, fixant d'un regard meurtrier le châtain.

Le critère de sélection des amis d'Enzo devait être la beauté, à en juger par ses fréquentations au fil des années, mais Antoine, même avec une mauvaise foi digne des plus grands, battait des records. Il était grand, fin, le visage anguleux sans trop l'être, les traits nobles... Et ses yeux bleus avaient de quoi faire tomber un hétéro, pas étonnant que Julien soit allé voir si l'herbe était plus tendre de son côté. Mais pour l'heure, Dimitri ne savait absolument pas comment se comporter face à celui qu'il avait plusieurs fois qualifié de mots peu sympathiques.

- Je... Je crois qu'il vaut mieux que vous profitiez de la soirée sans moi, je vais me recoucher. Bonne nuit, et éteignez la lumière avant de sortir s'il vous plaît. Tenta-t-il, la gorge nouée.

- Je ne crois pas non... Il semble qu'il y ai pas mal de choses à régler. Trancha Enzo. Dave, tu te souviens de Maeva ?

Comment l'oublier ? Même Dimitri n'avait pas oublier la charmante jeune femme qui squattait la maison. David en était tombé fou amoureux, et ses sentiments semblaient persister bien qu'il ne l'ai pas revu depuis presque un an.

- Bien sûr ! S'exclama-t-il d'ailleurs.

- Je vais l'appeler, elle viendra te chercher, ces deux là ont besoin de crever l'abcès, je m'occupe de faire l'arbitre.

Sans même laisser le temps à quiconque de s'opposer à son idée, il avait déjà tiré son téléphone de sa poche et attendait que son interlocutrice décroche. La conversation fut des plus courtes, mais Dimitri restait subjugué d'étonnement. Dire qu'Enzo avait changé tenait de l'euphémisme ! Il semblait si calme, si sûr de lui, alors qu'une coïncidence complètement aberrante venait de lui tomber dessus. Le brun pris le temps de le détailler, cherchant les autres changements qui s'étaient opérés. Sur le plan physique, à part ses cheveux blonds qui étaient à présent correctement coiffés et d'une longueur « normale », il avait toujours une carrure à faire peur à un sportif, des yeux bleus et des traits durs et agréables... David lui ressemblait beaucoup d'ailleurs, mais en moins grand, à son grand dam.

Tout s'enchaîna alors très vite : David quitta la chambre en sautillant littéralement, se foutant apparemment éperdument du devenir de son ami, et quinze minutes de silence embarrassé plus tard, les trois jeunes gens se retrouvaient seuls dans la maison.

- Alors comme ça tu es gay, c'est étonnant. Commença Enzo.

- Je ne vois pas en quoi, et il n'y a rien à clarifier entre Antoine et moi : je ne lui en veux pas, j'accepte la situation, et j'ai sommeil, alors...

- Tu me dois une baise, gamin.

Dimitri manqua s'étrangler. Les mots crus lui firent monter le rouge aux joues, mais il fixa son interlocuteur avec surprise et incompréhension.

- Pardon ? Alors, si je comprend bien, tu me dois un petit ami ? Ce raisonnement est foireux, maintenant, laissez moi dormir !

- Il en est hors de question. Il a raison, tu lui dois une partie de jambes en l'air, honore ta dette et tu verras qu'il en ferra de même. Lança Enzo en s'approchant du lit.

- Tu es en train de suggérer que je couche avec lui, et qu'après ça il me trouvera un copain ? C'est une blague ? Couina Dimitri alors que le blond s'approchait de plus en plus, venant finalement s'asseoir en face de lui, lui prenant la main avec un regard charmeur.

- Je ne suggère rien, Dim, tu ne vas pas coucher avec lui, tu vas coucher avec NOUS. Je dois dire que depuis que David me rabat les oreilles avec toi, j'ai toujours voulu... approfondir notre relation ? Déclara-t-il avec humour.

Le plus jeune était sous le choc, tant et si bien qu'il ne songea à fuir que lorsqu' Antoine lui attrapa le menton avec un air goguenard sur le visage. Enzo avait donc bien changer : il était pire ! Le brun se démena dans les draps, menaçant, tentant de s'échapper, mais il se retrouva bientôt allongé de tout son long sur le ventre, les bras replié dans son dos en une douloureuse clé. Il ne voulait absolument pas coucher avec le type qui avait faillit se faire son copain, il ne voulait pas non plus coucher avec Enzo, qui ne lui inspirait rien d'autre qu'une vague indisposition. Et puis zut, il ne voulait avoir de rapport avec personne, il était très bien tout seul, à se morfondre sur son amour trahi !

Lorsqu'il sentit une main se poser doucement sur son derrière, la panique grimpa en lui, alors qu'il gémissait autant de peur que d'inconfort.

- David ne le pardonnera pas... Couina-t-il désespérément, ne pouvant que tenter de les raisonner, pris au piège qu'il était.

- David, s'il venait à être au courant, serait content -bien que gêné- de savoir que tu t'es accordé un peu de réconfort dans les bras qui plus est de son grand frère chéri et de son pote canon. Rit Enzo.

De cela, il pouvait douter sérieusement : les encouragements de son ami à se changer les idées ne le poussaient sans doute pas à servir de casse croûte à deux adultes complètement barges, ni même à faire quoi que ce soit d'ordre sexuel. Pour David, le meilleur moyen de se vider la tête restait la télé ou l'ordi.

Dimitri se sentait pitoyable dans cette position, presque autant qu'il était apeuré, mais ce fut pire lorsqu'il sentit que la pression sur ses bras s'intensifier, lui arrachant un gémissement, alors que son boxer lui était retiré avec hâte. Un sanglot lui échappa, et une supplique franchie ses lèvres sans qu'il ne parvienne à l'en empêcher. Un soupir répondit, alors qu'il était doucement retourné sur le dos. C'était clairement une amélioration, bien qu'Enzo n'ai toujours pas lâché ses bras.

- Écoute Dim, ne nous rend pas la chose trop compliqué. Antoine et moi avons envie de toi, et je sais que tu en as envie aussi... Mais tu es tellement obnubilé par le fait que ton mec t'ai trompé, par ta tristesse, que tu en oubli le reste. Tu es jeune, profite un peu, merde ! Ton mec a voulu se taper Antoine ? Et bien toi, tu vas te le faire, et tu pourras avoir au moins cette vengeance là !

Le jeune homme observa son agresseur avec stupéfaction. Il n'avait pas tout à faut tort, certes, il s'était bien laissé aller à ruminer sur son sort, mais de là à s'entendre dire qu'il avait lui aussi envie de coucher avec eux... cela dépassait l'entendement. Enzo semblait se bercer de l'illusion qu'il le connaissait mieux que lui... A moins qu'il ne se cherche tout simplement des excuses afin de se déculpabiliser -s'il était capable d'éprouver de la culpabilité, s'entend- pour l'acte affreux qu'il s'apprêtait à commettre. Il se calma néanmoins, espérant qu'Enzo continuerait à faire sa pseudo-analyse psychologique, et accessoirement à retarder l'heure de son supplice. Quoi qu'être maintenu sur le lit aussi peu habillé qu'il était possible de l'être n'était pas vraiment la meilleure façon d'ôter les pensées libidineuses de la tête de ces deux imbéciles !

Mais malgré ses espoirs, Antoine, lui, ne semblait pas décidé à perdre du temps en palabres inutiles. Il s'approcha à son tour du lit, l'air sérieux, et attrapa, comme son acolyte un peu plus tôt, le menton du jeune homme pour poser sans attendre ses lèvres sur les siennes. Malgré l'impétuosité du geste, le baiser n'était pas brutal, et Dimitri ne chercha pas à se débattre plus que ça, à sa grande honte. Enzo n'avait finalement pas tort : il avait peut être envie de tendresse -mais certainement pas d'un plan à trois !- Le baiser s'éternisait, devenant tendre et charmeur, suave, faisant perdre le fil de ses pensées au brun, qui se détendit quelque peu. Au point où il en était, autant profiter de ce qui était agréable, se surprit-il à penser. Les mains d'Enzo se firent plus douces sur sa peau, maintenant toujours prise sans pour autant lui faire mal, et commençant même à se faire caressantes sur les bras du jeune homme. Ces attouchements chatouilleux firent frissonner l'épiderme du plus jeune, qui s'étonna des sensations nouvelles qu'il éprouvait. Antoine finit par délaisser sa bouche pour glisser jusque dans son cou, déposant quelques baisers tièdes avant de mordre, faisant sursauter Dimitri. La douloureuse sensation n'en était pas moins agréable et il ne réagit même pas lorsqu'Enzo le lâcha pour prendre ses lèvres à son tour. Ses gémissements furent avalés en même temps que ses tentatives de refus, et les deux jeunes hommes en profitèrent pour accélérer les choses.

Le châtain ne se décida pas à délaisser le cou pâle et chaud de son compagnon, reprenant ses baisers, mais ses mains ne furent pas en reste et rejoignirent celles d'Enzo pour découvrir doucement les creux et déliés du corps frissonnant du brun. Par jeu, il mordit doucement un mamelon, avisant son ami qui, lui, s'attelait à pincer son jumeau. Leurs mains s'égarèrent ensemble sur le corps de leur victime, qui ne restait pas insensible à leurs attouchements, comme ils purent le constater avec un sourire réjoui. Enzo mis fin au baiser, remarquant avec un certain orgueil le regard vague et les lèvres rougies du plus jeune.

Antoine laissa sa main effleurer la verge du brun, qui sembla reprendre pied avec la réalité et tenta de se débattre mollement. Enzo essaya tant bien que mal de lui faire de nouveau perdre la tête, mais il semblait lutter désespérément contre ses envies, resserrant les cuisses sur la main douce du châtain qui ne songeait pourtant qu'au plaisir de leur petit camarade. Celui ci se redressa, l'air dur, et planta son regard dans celui de nouveau apeuré de Dimitri.

- Écoutes gamin, ton copain était un con, tu l'as lâché, passes à autre chose, merde ! Fais pas mine de ne pas en avoir envie, pour une fois sois égoïste, et arrête de te complaire dans un simulacre de chagrin post-rupture ! On t'offre une nuit de plaisir, et toi tu te prends la tête à coup de « je veux, je veux plus ». Laisse passer, et oublis le... C'est lui qui devrait se raccrocher à ton souvenir, pas l'inverse !

Dimitri fut estomaquer par ces mots, mais il dû reconnaître que sa lutte n'était plus celle du début. Il s'en voulait de céder, ayant l'impression de ne valoir pas mieux que Julien, mais il ressentait aussi un besoin de tendresse, d'oubli que les deux hommes lui avait offert jusque là en ne pensant qu'à son plaisir et pas au leur. Il était tiraillé entre deux eaux, oscillant de l'une à l'autre. Antoine avait raison, mais, quel que soit son choix, il ne serait dans tous les cas pas sans conséquences. Il se devait de choisir, et d'arrêter de fuir... Mais au fond, n'avait-il pas fuit la réalité depuis toujours ? Depuis sa relation avec Julien qui avaient très vite été teintée par la suspicion ?

- On ne te fais pas de promesses niaises qu'on ne tiendra jamais, mais en contrepartie, il n'y aura pas de faux semblant. Ajouta Enzo. On en a tous envie, on va concrétiser ce besoin de manière saine et adulte... Et on va prendre notre pied comme jamais ! Après on avisera.

Ce discours rassurant contrastait étonnamment avec la force employée plus tôt, mais la fermeté de leur décision vint à bout de la résistance de Dimitri qui hocha la tête avant d'écarter de nouveau les jambes, libérant la main opiniâtre d'Antoine, jusqu'alors prisonnière. Le jeune homme avala difficilement sa salive lorsqu'Enzo se redressa pour se déshabiller, dévoilant un corps athlétique, massif et musclé que lui envia le plus jeune, ainsi qu'une érection conséquente. Le blond s'approcha un peu plus de lui, les traits détendus et l'allure charmeuse à présent qu'il savait avoir libre champ, et s'étendit à côté de son protégé, attrapant au passage sa main pour la poser sur son corps.

Dimitri n'osa tout d'abord qu'effleurer la peau halée, mais lorsque, d'un regard, d'un sourire, les deux se concertèrent et qu'Antoine laissa ses lèvres gonflées des baisers du plus jeune glisser sur la verge de celui ci alors qu'Enzo mordait tendrement son cou, il se décida à abandonner toute fausse pudeur pour venir enserrer l'érection du blond.

Celui-ci joignit sa propre main à celle du plus petit pour guider ses mouvements.

Le brun n'était pas inexpérimenté, mais être ainsi guidé, choyé, le mettait en confiance et lui donnait l'impression de revivre une première fois (la sienne ayant bien sûr eu lieu avec Julien). Et quelque part, c'était bien une première fois qu'il vivait, une première fois où deux beaux hommes s'occuperaient de lui... Et il leur rendrait la pareille. A cette pensée, ses joues se tintèrent un peu plus de rouge, et son premier sourire à l'adresse de ses compagnons vint étirer ses lèvres, lui valant en guise de récompense un suçon. Il ne songea même pas à se plaindre, perdu dans les délicieuses sensations que lui procurait Antoine, troublé par la vue érotique que lui renvoyait les deux hommes, l'un alangui dans son plaisir, encourageant, l'autre ne le quittant pas de son regard sombre, perdu entre ses cuisses. Le brun se tendit, sentant l'orgasme monter irrémédiablement, et ferma les yeux pour en apprécier le fourmillement presque douloureux, mais infiniment bon. Antoine le surpris alors en délaissant son sexe pour se redresser, se déshabillant lentement, sensuellement tout en le narguant d'un regard moqueur. Dimitri faillit protester, mais la vue de ce corps racé, fin et musclé, animé dans des gestes d'une sensualité équivoque lui firent oublier ses mots avant même d'avoir pu les formuler.

Profitant de l'inattention du brun, Enzo s'échappa de l'étreinte du jeune homme pour se laisser glisser à son tour jusqu'au membre délaissé de celui-ci, qui ferma les yeux de contentement. Antoine ne l'entendait toutefois pas ainsi, puis qu'il éloigna son acolyte pour redresser Dimitri, qui rougit lorsqu'il se retrouva à quatre pattes sur les draps de coton de son ami. Cette position embarrassante sembla beaucoup inspirer le blond qui, écartant ses cuisses avec un sourire gourmand, entrepris de le taquiner de sa langue, avant de poser une main douce sur sa verge douloureusement tendue. Lui-même ne résista pas, et c'est subjugué par le spectacle érotique qu'il offrait, bien que le cou douloureusement tordu afin de ne rien manqué, que le brun observa son aîné glisser doucement sa main sur son corps, se saisissant de son imposante érection, alors qu'il alliait son autre main à sa langue cajoleuse.

Dimitri fut rappelé à l'ordre par Antoine qui le saisit par le menton pour l'embrasser avec passion, se caressant presque brutalement. Il quitta bientôt ses lèvres pour l'observer avec un sourire, s'installant en face de lui afin que cette bouche gonflée de baisers puisse s'occuper de son érection. Le brun hésita, gêné, mais lorsque la langue du blond vint taquiner son intimité alors que sa main se mouvait à un rythme plus soutenu il s'abandonna au plaisir et vint déposer une série de baisers joueurs sur le membre du châtain, avant de le prendre en bouche, s'attirant un grondement approbateur.

La tête lui tournait tellement le plaisir était grand, sans aucun doute majoré par la situation, et lorsqu'un doigt lubrifié -Enzo avait tout prévu, le bougre !- vint taquiner son entrée avant d'y plonger, inquisiteur, il faillit se répandre sur le champ. Mais ses tortionnaires en décidèrent autrement, et les mouvements sur sa verge ralentirent, lui arrachant un gémissement de mécontentement étouffé. Ses aînés lui laissèrent un moment de répit, avant qu'un deuxième doigt ne vienne rejoindre le premier, tâtonnant d'abord avant d'adroitement taquiner sa prostate, le faisant se contracter brusquement dans un murmure de contentement. Tout à son plaisir, il délaissa l'érection d'Antoine qui se dressa à genoux avec un sourire concupiscent, se glissant de nouveau dans la bouche de son partenaire, ondulant doucement des hanches. Ouvrant plus grandement la bouche, Dimitri leva des yeux embrumés vers lui, et se tendit brusquement dans un gémissement rauque lorsqu'Enzo appuya plus franchement sur le centre de son plaisir, accélérant ses mouvements.

Le jeune homme se fit la réflexion qu'il n'allait plus tenir longtemps, à subir ce traitement, et le blond dû le comprendre, puisqu'il resserra sa prise, empêchant tout jouissance. Le brun haleta, tenta d'échapper à cette emprise qui rendait tout trop intense, supplia sous le regard appréciateur d'Antoine, et Enzo abrégea sa souffrance en retirant ses doigts pour enfiler en hâte un préservatif avant de se saisir des hanches étroites du plus jeune pour le pénétrer doucement.

Dimitri se crispa sous l'intrusion, tentant de retrouver son souffle malgré le membre d'Antoine, qui libéra d'ailleurs cette bouche gourmande pour venir déposer de légers baisers sur le visage de leur amant. Lorsque le brun se fut suffisamment détendu au goût d'Enzo, il se retira, l'aidant à s'allonger sur le côté, l'effleurant de ses doigts, le faisant frissonner, avant de se glisser dans son dos pour le prendre de nouveau. Entament de grands mouvements du bassin, il accéléra bientôt le rythme alors que, perdu dans un trop plein de plaisir, le plus jeune gémissait bruyamment, s'accrochant presque désespérément à Antoine. Celui ci lui fit doucement lâcher sa prise sur ses mains, avant de s'étendre à leurs côtés, prenant le membre du jeune homme en bouche tout en l'incitant d'un geste à faire de même. Dimitri tenta tant bien que mal de se concentrer sur le plaisir du châtain, mais la jouissance montait trop rapidement. Au bout d'un laps de temps qui lui sembla durer quelques heures comme quelques minutes, il jouit brutalement, l'esprit vidé de toutes pensées.

Enzo accompagna sa jouissance d'amples coups de reins, presque brutaux, tandis qu'Antoine cajolait sons sexe avec enthousiasme. Le premier ralentit ses mouvements, jusqu'à les stopper complètement et se retira doucement du jeune homme, s'attirant un grognement mécontent qui fit rire les deux hommes. Le blond l'embrassa tendrement, le ramenant doucement à l'instant présent, et lui sourit. Il ouvrit la bouche comme pour parler, mais se contenta d'un autre baiser.

Antoine se redressa sur le lit, embrassant pour la première fois Enzo sous le regard de Dimitri, puis s'allongea sur le dos et attrapa un préservatif qu'il enfila lentement, ne lâchant pas les deux hommes du regard. Il fit alors signe au brun, encourageant celui-ci à venir sur lui... ce qui accentua la rougeur déjà bien présente sur ses joues.

Et le jeu amoureux reprit, plus doux, plus tendre, avec une complicité nouvelle. Dimitri se redressa, se laissant glisser sur la verge tendue tout en se penchant pour prendre le sexe d'Enzo préalablement débarrassé du préservatif, qui lui facilita la tâche en se redressant. Les mouvements reprirent, s'intensifiant, allant croissant en brusquerie comme en plaisir, et le plus jeune lâcha le sexe de son amant pour s'accrocher à lui, l'embrassant tout en faisant frénétiquement courir sa main sur sa verge. L'orgasme le faucha une seconde fois, le faisant bruyamment gémir son contentement, et se resserrer sur la verge d'Antoine. Celui ci ne tarda pas à jouir à son tour, bientôt suivit par Enzo.

Ils glissèrent mollement sur les draps, comblés et fatigués, et le plus jeune ferma les yeux quelques minutes. Lorsqu'il les rouvrit, quelques heures plus tard, il était au chaud sous la couette et Antoine le couvait du regard alors qu'Enzo le tenait étroitement dans ses bras. Le châtain lui offrit un sourire joyeux, et Dimitri oublia toute rancune envers eux pour avoir tenté de lui forcer la main quelques heures auparavant. Il lui sourit aussi, se rapprochant de lui, allant jusqu'à nicher sa tête dans son cou. Le mouvement réveilla Enzo qui entreprit de déposer une myriade de baisers endormi sur ses épaules, lui grignotant l'oreille au passage. L'atmosphère était sereine, calme, les corps étaient apaisés, les passions assouvies, ne restait que la tranquille tendresse d'une nuit d'hiver. Antoine s'approcha alors du plus jeune pour lui murmurer à l'oreille un doux « il ne te méritait pas » et, cette fois ci, Dimitri le cru. Il lui sourit, le remerciant silencieusement.

Enzo quant à lui l'embrassa paresseusement avant de lui sourire avec malice.

- Tu as honoré ta dette, nous honorerons la notre : maintenant qu'on t'a, on te garde.

Un rire tremblant s'échappa des lèvres du brun, qui s'apprêtait à répondre lorsque son téléphone vibra sur la table de chevet. Antoine, plus proche de celle-ci, l'attrapa et lui donna.

Le message de David le fit rire : « Oh putain mec ! J'ai une meuf, et c'est la femme de ma vie ! J'ai une copine, enfin ! »

Le jeune homme faillit répondre, mais il se contenta de sourire niaisement : lui n'avait pas la femme de sa vie, mais il avait deux hommes rien que pour lui !


Fin.

Ceci est la fin, c'est plutôt bon signe si vous avez lu jusque là, j'espère d'ailleurs que vous avez aimé. N'hésitez pas à me faire part de vos critiques, observations etc.