Ceci est mon entrée au défi du mois d'Avril de Plume Noire dont le thème était le chat.
Je suis partie loin avec ça, mais bon, mon cerveau ne m'obéis jamais, il fait ce qu'il veut.
Je vous poste ça quand même. Go ^^
Catégorie : Je ne sais pas moi-même comment qualifier cette histoire. {est-ce que le plus ou moins BL/fantastique ça existe?}
Auteur : Ven - Bah ouais, on s'en doutait :p
Rating : On va dire T, parce que j'ai bien peur d'utiliser un langage grossier.
(pas certaine pour le coup, mais je le fais tellement sans m'en rendre compte qu'il vaut mieux assurer mes arrières.)
Disclaimer : Mine !
La malédiction de Djet.
Part 1
Si je vous parle de Bast, ça vous dit quelque-chose ?
Probablement pas puisque les égyptologues se sont emmêlés les pinceaux. On la connaît aujourd'hui sous le nom de Bastet, déesse féline de l'Égypte antique.
Mais pour l'avoir connue personnellement, je peux vous dire que son nom est Bast.
J'étais un homme autrefois, il y a bien longtemps de cela. Je m'appelais Djet et je vivais sur le plateau de Saqqarah, au Sud du Caire.
Fils dernier né d'un riche marchand, la vie était prête à m'ouvrir les bras.
J'aurais pu avoir un destin glorieux, reprendre les affaires familiales avec mes frères. Avoir ensuite une famille, vivre vieux –aussi vieux que le permettait l'époque – avant de mourir en paix et prospère.
Cependant, une tare génétique a fait que les choses ont mal tourné pour moi. Je suis né doté d'une beauté hors du commun.
Ce détail aurait pu ne pas être un problème bien sûr, si je n'avais été que beau. Mais il s'est avéré qu'aux yeux des dieux, j'étais le plus bel humain du pays.
Un hasard génétique a voulu que j'aie les yeux aussi bleus que le lapis-lazuli tant prisé par les nobles de mon époque.
Ma peau dorée était plus douce et lisse que celle des femmes de noble lignée qui entretenaient la leur dans des bains de lait d'ânesse.
Je me baignais pour ma part dans de l'eau, dont la propreté était parfois douteuse, mais cela ne changeait rien.
Lorsque j'étais enfant, ma mère était si fascinée par mes cheveux, qu'elle avait interdit qu'on me les coupe.
Et c'est ainsi qu'à 17 ans, j'entrais dans le temple d'Anubis lors d'une cérémonie de sacrifice. Mes longs cheveux de soie noire tressés pour ne pas me gêner, ma toge blanche de cérémonie contrastant contre l'or foncé de ma peau, et mes yeux d'un bleu profond, cerclés de Khôl, comme il était de coutume à cette époque.
Ma musculature fine me distinguait parfaitement des femmes, cependant, j'avais cette même beauté enchanteresse qui me conduirait à ma perte.
Comme à chaque sortie, ma mère était accrochée à mon bras, me regardant sans arrêt. Elle passait son temps à me fixer, me bichonner, chantant à qui voulait l'entendre que c'était elle qui avait fait cette merveille.
Je n'aimais pas son attention, pas plus que je n'aimais celle des autres. Si mes frères ne m'avaient pas entouré sans arrêt, je ne serais certainement jamais sorti en public.
Rien que la couleur de mes yeux ne se rencontrait que rarement. Je ne connaissais, ni n'avais jamais croisé une personne ayant les mêmes yeux que moi.
Je n'étais, selon mes parents, pas destiné aux humains.
J'étais de la beauté que seuls les dieux côtoient. Aussi, dans leurs croyances ridicules, mes parents avaient décidé de faire don de moi aux divinités.
A dix-sept ans, je n'avais rien connu de la vie : vierge et pur j'entrais dans le temple. Mais ce que mes parents n'avaient pas prévu, était que les dieux ne voudraient pas me partager.
Plutôt me voir mort que de voir un autre me toucher. Telle était la politique adoptée par Amon, Apis et Seth.
J'étais pourtant laissé là par ma famille, jugeant que les dieux savaient mieux que nous ce que leur sœur, la déesse de la destinée Mâat, avait décidé pour moi.
Mais pendant que les dieux délibéraient de la meilleure solution entre me tuer et me partager, je pleurais en silence, replié sur moi-même dans un coin du temple. Mon dos appuyé contre les écritures sacrées, je ne parvenais pas à croire que ma vie allait s'achever ainsi.
Je tremblais de tout mon corps, avant de sentir de la fourrure se frotter contre mes jambes nues. Je relevais le regard pour le poser sur l'animal magnifique qui me fixait, semblant attendre quelque-chose.
- Va-t'en, tu vas être pris toi aussi. Tu es trop beau pour qu'on te laisse partir.
Le chat ne bougeait pas, me fixant longuement. N'y tenant plus, j'attrapais l'animal et le serrais contre moi, cherchant du réconfort en plongeant mon nez dans sa fourrure noire.
- Ils vont me tuer, soufflai-je. Ils disent tous m'aimer, mais c'est faux. Je voudrais que personne ne puisse plus voir cette beauté maudite. Je veux être comme toi, un animal.
Quand j'y repense à présent, je me rends compte que j'étais complètement stupide. Enfermé dans un temple, alors que des dieux se battaient pour moi, je voyais un chat magnifique qui avait l'air très intelligent et il ne m'est même pas venu à l'esprit de me dire qu'il s'agissait de Bast.
Si ça peut me servir de circonstances atténuantes, j'étais jeune et terrifié.
Enfin, c'est ainsi que, serrant –sans le savoir - la déesse Bast dans mes bras, je scellais mon futur.
Où cela nous mène-t-il ? A moi, aujourd'hui.
Je passe mes nuits sous la forme d'un chat et mes jours sous les traits défigurés du jeune homme que j'étais autrefois.
Traversant les époques sans vieillir, ni mourir. J'erre à travers le temps et le monde, cherchant désespérément l'âme qui saura m'aimer au-delà de ma malédiction.
Du moins, aujourd'hui, je ne cherche plus. J'ai cherché trop longtemps. Je me laisse à présent porter par la vie, gagné malgré moi par ma nature féline.
Il y a un millénaire que je n'ai pas revu Bast. Mais je sais qu'elle est là quelque part et que son regard se pose sur moi parfois.
Elle témoigne de ma douleur et de ma détresse. Mais elle ne m'accorde pas le droit de mourir.
Tout cela à cause d'un vœu formulé dans un instant de terreur.
Il faut toujours se méfier de ce que l'on souhaite.
Je pourrais vous en dire plus, mais il est tard et je suis fatigué. Si vous permettez, je vais maintenant lécher ma fourrure blanche et faire une sieste. Peut-être rêver encore de cet être qui saurait me sauver de ma propre bêtise.
Mais, on le sait, on n'aime pas un monstre. Et l'amour porté à un chat n'est pas assez puissant.
Enfin, voyons le bon côté des choses, j'ai réussi à m'incruster chez un humain pour la nuit.
Jetant un regard à la pièce, je repère le chauffage et m'installe à côté pour dormir un peu.
- Qu'est-ce que tu fais là, toi ? demande une voix grave.
Oh merde, moi qui pensais que j'allais être tranquille...
Mes yeux s'ouvrent pour voir un humain immense, dont les cheveux bruns coupés courts évoquent un soldat. Mais sa stature et ses pas lourds me font terriblement penser à un ours.
J'aurais sûrement mieux fait de ne pas entrer ici. Cet homme a l'air d'une brute !
Qu'est-ce qu'il va faire de moi ?
Ses grandes mains se posent sur mon petit corps tremblant et il me soulève par la peau du cou pour me porter au niveau de son visage.
Ses yeux se fixent sur moi, pleins d'interrogations et tout ce que je peux faire, c'est miauler minablement.
Son visage dur ne change pas d'expression, mais il me porte différemment. Il me cale contre son torse immense et je sens ses mains caresser ma fourrure blanche. Gratter doucement derrière mes oreilles.
Hmmm…
Je me mets à ronronner malgré moi sous le contact de ses mains.
- J'espère que tu n'as pas de puces, dit-il en me portant dans sa chambre.
Il me pose sur son édredon, incroyablement confortable, je pourrais m'endormir tout de suite, mais je le regarde alors qu'il enlève ses vêtements.
Son corps est définitivement celui d'un soldat : dur, fort et portant des tas de cicatrices.
Lorsqu'il se tourne, je vois sur le côté de sa cuisse le tatouage d'un cobra. Pas n'importe lequel, cependant : c'est l'Uræus... symbole de Bast.
Malgré moi, un miaulement m'échappe et il se tourne vers moi avec une mine suspicieuse.
- Tu ne comptes pas prendre mon lit pour une litière, chaton ?
Je me retiens de lever les yeux au ciel et me contente de m'allonger, posant ma tête sur mes pattes avant.
Il disparaît dans la salle de bain et lorsqu'il revient, je suis aux portes du sommeil.
Il s'allonge sous le drap et repousse l'édredon, manquant de me faire tomber. Ses pieds viennent créer une bosse sous le tissu à côté de moi.
J'ouvre lentement les yeux et les dirige vers lui lorsque je l'entends soupirer lourdement, il est allongé de tout son long, un bras relevé au-dessus de la tête, le drap reposant sur sa taille, le haut de son corps nu embrassé par la lumière de la lampe de chevet.
Je pousse sur mes pattes pour me lever et je m'approche, je me colle contre son flanc et plante mes griffes dans sa peau pour y faire mon lit.
Je l'entends rire tout bas.
– Doucement petit monstre, dit-il en me soulevant pour me poser sur son torse.
Ses mains me caressent et je sens le rythme de son cœur qui bat sous moi. Il me sourit et je ne peux m'empêcher de me demander si quelqu'un l'a déjà fait.
Je ne m'en souviens pas en tout cas, mais son sourire semble triste, ses yeux hantés.
Je m'aplatis, m'allongeant sur lui, ne le lâchant pas du regard.
- Ni toi, ni moi ne serons seuls ce soir, dit-il en me caressant toujours.
Je ronronne à nouveau sous ses doigts qui lissent doucement ma fourrure. C'est tellement agréable que mes yeux se ferment malgré moi.
Je me laisse bercer par sa main, le son de son cœur et son parfum qui me donne un sentiment de sécurité.
Hmmm, c'est tellement bon ! Caresse-moi encore…
Honnêtement, à cet instant, je suis heureux d'être un chat. Je profite de la caresse, j'aurai tout le temps de me lamenter sur ma vie au matin.
Voilà, voilà.
Merci d'avoir lu et à bientôt.
Ven
PS : à la demande de certaines, je vais finalement faire une suite à cet OS.