Avec un peu de retard, voici le dernier chapitre.
Pour ceux qui se demandent si j'ai d'autre projets de fics... Oui, mais au stade plus qu'embryonnaire... Et je n'aurai pas des masses de temps pour écrire à partir de la rentrée. Un peu de patience, donc ! Mais ma tête fourmille de projets en tout genre... Fics, nouvelles, yaoi, yuri, sans sexe avéré... Un peu de tout, en fait.
En attendant, merci à tout ceux qui ont lu cette histoire, les irréductibles aux reviews (merciiiiiii), les inconnus qui m'ont mis en favoris ou en suivi (merci aussi, ça fait plaisir), et tous les autres qui ont lus sans se montrer...
Et bonne lecture à tous !
A Piata : ouais, coup de vieux, indeed ! xD Je suis malgré tout au regret de t'annoncer que le mariage me semble assez compromis... sauf si tu arrives à occire les compagnons actuels de ceux que tu veux épouser... Moi je dis, bon courage xD. A part ça, merci pour les compliments et pour avoir pris le temps de les faire ! Bonne lecture !
## Jour 279
– Nath ?
L'intéressé rouvrit les yeux, tournant paresseusement la tête vers son compagnon allongé sur le dos dans le hamac à côté du sien. Poussé par la chaleur de l'été, l'assassin aux yeux verts avait décidé d'abandonner son lit pour ces deux pans de toile tendus entre deux coins de sa chambre. Et Nathanaël, pour une fois qu'il occupait l'appartement du métis à défaut du sien, en profitait pour se reposer de sa mission de la nuit passée, plongé dans un demi-sommeil reposant. Du moins jusqu'à cette interruption.
– Hm ?
– Non, rien, murmura Shemar en détournant la tête. Désolé de t'avoir réveillé. Rendors-toi...
L'assassin se redressa à son tour, faisant dangereusement osciller son hamac. Oups, pas encore assez habitué... Tendant le bras, il vint doucement caresser la joue du métis du bout des doigts, avant de le forcer à tourner la tête vers lui.
– Shemar, parle.
– C'est juste que... Je sais que tu dois être fatigué, mais...
– Mais ? insista l'assassin, attendant patiemment que son compagnon dévoile ce qu'il avait sur le cœur.
– Ma mission de ce soir... Je... J'aimerais que tu viennes en couverture. Je... J'ai cette espèce de pressentiment... Et... je ne sais pas, j'ai l'impression que ça va mal se passer... Si je pouvais, je me retirerais du contrat, mais... je peux pas me le permettre pour le moment.
Nathanaël resta silencieux quelques instants, avant que les prunelles vertes n'acceptent enfin de croiser les siennes, lui laissant lire l'inquiétude qui les troublait. Évidemment qu'il ne pouvait pas se le permettre... Rendre un contrat après l'avoir accepté, pour un assassin comme le métis qui devait encore faire ses preuves dans le milieu sombre de la mégapole, équivalait à perdre une grande part de sa crédibilité. Et quant à lui... Si le beau métis qui partageait maintenant sa vie était en danger, il était hors de question qu'il le laisse y faire face seul... Il ne le perdrait pas. Pas lui aussi. Aussi, finit-il par hocher gravement la tête.
– D'accord. Tu penses à un piège ?
– J'en sais rien... J'ai aucune donnée concrète, juste cette espèce de sensation de danger. Bah, c'est sans doute rien, mais... Nath, t'es sûr que ça te dérange pas ?
– Certain, répondit l'assassin avec un léger sourire. Laisse-moi dormir deux heures, et fais-moi un briefing.
Shemar ferma brièvement les yeux, poussant un léger soupir soulagé, pendant que cette sourde inquiétude qui l'étreignait depuis deux jours disparaissait presque totalement sous la connaissance que l'assassin aux yeux noirs surveillerait ses arrières. Même si ses craintes absurdes étaient fondées, Nathanaël ne les laisserait jamais le prendre, il le savait. Et cette certitude d'être précieux pour quelqu'un, pour lui-même et non pour ce qu'il était, ne cessait de lui réchauffer le cœur. Avec l'habilité née de l'habitude, il passa de son hamac à celui de son compagnon, l'enjambant sans vergogne avant de venir l'embrasser doucement et longuement, finissant par poser la tête au creux du cou de l'héritier déchu.
– Merci, Nath. Merci d'être là.
– Hm.
Nathanaël sourit à son compagnon, passant une main réconfortante derrière sa nuque avant d'initier un nouveau baiser. Il finit cependant par le relâcher, et referma les yeux, se laissant glisser dans le sommeil pendant que le tueur aux yeux verts rejoignait son propre hamac, un sourire aux lèvres. Décidément, il ne pouvait plus se passer de cet homme froid et distant envers tout le monde sauf lui, cet homme qu'il avait d'abord hanté comme un simple amusement avant d'en tomber définitivement amoureux... Cet homme qu'il avait enfin réussi à conquérir, et qu'il comptait bien garder. Shemar ferma les yeux à son tour et s'endormit à son tour, se préparant à la longue nuit qui s'annonçait.
oOo
Nathanaël retint un juron en se plaquant contre l'énorme container, juste à temps pour ne pas se faire repérer par un des hommes qui patrouillaient désormais dans toute la zone. Merde, merde, merde ! Il n'avait pourtant pas de temps à perdre... Le mauvais pressentiment du métis s'était finalement réalisé, et ils étaient tombés comme des bleus dans le piège sophistiqué qui leur avait été tendu. Désormais, les deux assassins fuyaient désormais pour sauver leur peau, essayant de se retrouver au passage.
La mission avait pourtant bien commencé. Aucun signe suspect autour des docks, ni dedans. Quelques agents de sécurité étaient présents, patrouillant dans la zone, suivant leurs itinéraires et leurs horaires habituels. Aucune autre présence. Autrement dit, la zone semblait sécurisée. Ils avaient atteint sans encombre l'immense hangar central où devait se trouver leur cible... et son service de sécurité. Laissant Nathanaël couvrir ses arrières du haut d'un des immenses containers qui entouraient le bâtiment – ce n'était pas parce qu'il n'aimait pas les armes à feu qu'il ne savait pas tirer – Shūnrā s'était glissé jusqu'au hangar. Quelques minutes après, le communicateur de l'héritier déchu avait grésillé.
– Il est bien là. Apparemment, il attend son contact. Trois... non, quatre gardes. Et j'ai un chemin d'entrée qui les mettra à portée de tir. De ton côté ?
– Rien à signaler.
– 'Kay.
Plus que la légère tension dans la voix de l'assassin aux yeux verts, ce fut l'absence de tentative de drague avant que Shūnrā ne stoppe la conversation qui avait indiqué à Nathanaël que l'angoisse de son amant était revenue. Même si pour le moment, rien n'avait indiqué que ses inquiétudes étaient fondées, l'assassin s'était reconcentré sur son environnement, à l'affut de la moindre perturbation, d'autant plus que son instinct également avait commencé à le mettre en garde contre un danger quelconque.
Cette attention extrême leur avait permis d'échapper au premier cercle de l'embuscade qui leur avait été tendue. Lorsqu'un des containers s'entrouvrit légèrement, libérant une vague de chaleur qui affola son détecteur thermique, l'assassin aux cheveux bleu nuit avait réagi immédiatement, activant son communicateur.
– Shūnrā, dégage !
Merde, merde, merde ! Planqués dans les containers pour déchets dangereux, dont le blindage avait bloqué ses détecteurs. Abruti ! Il avait relevé ce défaut lorsque ses détecteurs lui avaient été présentés, mais n'y avait plus repensé... Abruti, crétin, andouille ! Au moins, il savait d'où venait ce sentiment de danger... Ses réflexions n'avaient pris qu'une seconde, et les docks étaient devenus une sorte d'antichambre de l'enfer. Une cinquantaine d'hommes avaient fait leur apparition, sortant des containers protégés pour converger vers le hangar central. Un cri d'alarme avait résonné derrière lui, lui indiquant qu'il avait été repéré. Il avait sauté à bas du container, s'enfonçant dans la première allée venue alors qu'un bruit de verre résonnait à l'arrière du bâtiment, presque aussitôt suivi par la voix de son compagnon à son oreillette.
– Nath, à l'arrière !
– GPS actif. J'essaye de te rejoindre. Fous le camp !
Et ils en étaient là. Des hommes tout autour, la majeure partie des chemins de fuite bloqués, et peu de chances – voire aucune – de passer inaperçus très longtemps. Un nouveau cri d'alerte à sa droite, le forçant à reprendre sa course, l'éloignant à nouveau de Shūnrā, à quelques blocs de là. Une balle siffla à ses oreilles, le manquant de peu, et il s'engouffra dans une nouvelle allée. Se retrouver, et réussir à s'enfuir. C'était tout ce qui comptait. Mais Nathanaël ne se leurrait pas. Ils ne s'en sortiraient pas indemnes, comme le prouvait le sang qui coulait de son bras droit, rendu inutilisable par la balle qui lui avait traversé l'épaule.
– Nath, t'es ok ?
– Ok, répondit à mi-voix l'assassin aux yeux sombres. Toi ?
– Bloqué. Nath, ils me veulent vivant...
La voix du métis était rapide dans le communicateur. Inquiète. La peur d'être capturé. Celle qui le faisait se réveiller parfois couvert de sueur en proie à de violents cauchemars. Mêlée à la crainte que lui soit blessé parce qu'il lui avait demandé de venir. Nathanaël réfléchit rapidement, retraçant la carte des lieux dans son esprit.
– Vers le fleuve. Shūnrā, ça va aller. Ils t'auront pas.
Pas de réponses, si ce n'est un juron qui mit fin à la conversation, même si les oreillettes restaient actives, lui permettant d'entendre un coup de feu et un cri étouffé. Le métis avait encore fait mouche. L'héritier déchu des Crocs Noirs se plaqua à nouveau contre le container, laissant passer un poursuivant un peu discret, avant de sauter dans l'allée transversale, puis dans une nouvelle, infléchissant sa course pour rejoindre les abords du fleuve. Une silhouette devant. Un couteau de lancer vola, lui libérant la voie. La hâte ne l'empêcha pas de récupérer son arme sur le cadavre, avant de reprendre sa course pendant que des appels résonnaient autour de lui. Il avait abandonné son sniper sur le toit du container. Pas vraiment une arme appropriée pour une fuite éperdue...
Sa blessure le lançait, mais il n'avait pas le temps de s'arrêter pour tenter de la soigner, ni même la bander. Et le sang qui commençait à goutter sur le sol ferait bientôt une piste facile à suivre. Pas de temps à perdre. Retrouver Shemar, et fuir. Se planquer, laisser passer l'orage. Il bifurqua dans une nouvelle allée, brisant la nuque d'un guetteur au passage. Trois blocs, et il devrait retrouver son compagnon. Une rafale de coup de feu dans son oreillette. Un halètement de douleur, et puis ce murmure effrayé et perdu.
– Nath...
– Shūnrā ? Shūnrā, t'es ok ?
– Nath..., murmura à nouveau le métis dans une inspiration difficile. Je...
Un nouveau coup de feu. Le sifflement aigu du matériel électronique qui rend l'âme, le forçant à arrêter sa propre oreillette. Nathanaël jura, sans se soucier d'être entendu, avant de se remettre à courir, l'inquiétude se répandant dans son cœur. Touché. Son amant avait été touché. Sans doute gravement, s'il en croyait sa voix et cette respiration difficile juste avant que la communication ne coupe. Un coup d'œil à son poignet. Sur l'écran GPS, le point rouge qui indiquait la position de l'assassin aux yeux verts ne bougeait plus. Non, non, pas encore...
Deux rangées. Plus que deux rangées de ces énormes containers. Un homme devant lui, qui eut à peine le temps d'ouvrir la bouche pour donner l'alarme que sa gorge se faisait déjà lacérer par la lame noire de l'assassin. Une rangée. Là, une ouverture ! Nathanaël déboula au centre d'une petite place. Un petit hangar devant, des containers tout autour. Des cadavres au sol. Et, affalé contre un des containers, Shemar. Les yeux de Nathanaël exprimèrent d'un coup une détresse sans nom devant le sang qui maculait le sol autour de lui, teintait de rouge la main que le métis pressait contre son ventre et celle qui, posée au sol, tenait toujours son arme de poing, et faisait briller étrangement son tee-shirt sombre. Tellement de sang...
Et dans les prunelles vertes éteintes qui s'étaient fixées sur lui, il n'y avait que de la douleur. L'assassin aux cheveux bleu nuit se laissa tomber à genoux à côté de son amant, soulevant par acquit de conscience le tissu pour jeter un œil aux blessures du métis. Deux impacts de balles, qui avaient perforé la peau du ventre, les muscles et les viscères, avant de ressortir par le dos. Il n'y avait rien à faire. Le chirurgien en lui savait qu'il ne pourrait rien faire pour le sauver, même s'ils avaient été seuls et en sécurité. Pas cette fois. Non. Non, non, non... Shemar leva doucement la main, venant la poser sur la sienne pour la serrer légèrement, cherchant à croiser son regard.
– Nath…
– Non, non… Non, putain…
– Nath… Chui désolé. Ma faute…
– Shhh, ne parle pas… Merde, Shemar…
De l'autre côté de l'allée de containers, les bruits de pas se rapprochaient. Nathanaël balaya rapidement les lieux du regard. Ils étaient cernés, et n'avaient pas le plus petit moyen de s'échapper. À quoi bon, de toute façon ? Shemar ne pouvait plus fuir, et il ne le laisserait pas. Avec un sourire triste, Nathanaël vint doucement caresser de sa main valide le visage du mourant. Prunelles noires humides de larmes qu'il ne cherchait même pas à retenir contre yeux verts qui se voilaient.
– Nath, s'te plait… Les laisse pas... me prendre...
– Pas ça... Shemar, me demande pas ça, supplia presque Nathanaël, alors qu'il voyait la vie qu'il avait réussie à se construire disparaitre pour la seconde fois dans le sang et les larmes.
– S'te plait, insista doucement le métis, serrant un peu plus fort la main de son compagnon dans la sienne avant de laisser échapper un gémissement. Nath… Veux pas... revivre ça. S'te plait... Nath...
Les hommes vêtus de noir sortirent de chaque allée. Sans s'en préoccuper, Nathanaël ferma les yeux, brièvement, puis hocha lentement la tête.
– D'accord. D'accord. Je t'aime, Shemar, si tu savais comme je t'aime...
Face à cet aveu qu'il lui faisait pour la première fois, le métis lui adressa un pâle sourire. Dans les yeux verts, la douleur avait laissé place à la tristesse et à l'amour
– Je... sais, répondit-il doucement. Moi aussi je... t'aime...
Il y avait tant à dire... et si peu en même temps. Ils choisirent de se taire, se contentant de se regarder pendant qu'ils acceptaient leur destin. Doucement, lentement, les deux hommes s'embrassèrent, ultime baiser au goût de sang. Et l'assassin aux yeux verts rendit l'âme dans un dernier soupir, le cœur transpercé par la lame noire de la dague de son amant. Nathanaël se releva lentement, ne masquant plus les larmes qui coulaient librement sur ses joues, sans oublier de récupérer le pistolet du métis. Ses quatre tirs firent quatre victimes, avant qu'une rafale qu'il ne chercha pas à éviter ne vienne le faucher, puis une autre, et encore une autre. Et il mourut à son tour, le corps déchiqueté par les balles, le regard tourné vers cet étrange assassin aux yeux verts qu'il avait à peine eu le temps d'aimer, et avec ce dernier baiser comme dernier souvenir.
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Non, on ne jette pas de tomates à l'auteuse. (Par contre, des bonbons, vous pouvez... xD)
Ouais, je sais, pas de happy-end. J'ai toujours su que cette fic n'en aurait pas. Il ne pouvait pas y en avoir. Je veux dire, ce sont deux assassins... Aussi doués soient-ils, il était inévitable que les choses tournent mal un jour. Au moins... Au moins, il meurent ensemble, c'est déjà pas si mal... Non ?