Bonjour ! Voilà une nouvelle fiction, mon premier OS ! J'espère qu'il vous plaira.
Pour ceux qui suivent "Purple hands School" et qui se demandent quand la suite arrivera, la réponse est "bientôt" ! J'ai eu des soucis avec l'ordinateur que j'utilise pour travailler sur cette fic, soucis qui ne sont pas encore réglés, mais j'ai trois chapitres en attente que je posterai durant les deux prochains mois. Cela devrait me permettre de mettre un terme à tous mes problèmes !
En attendant, bonne lecture !
Sous des regards millénaires
-Jack, tu prends le carré M2. Je veux que tu avances sur les sous-carrés A et C. Anna semble avoir trouvé une pièce intéressante et je veux que tu la sortes de là.
Sur les mots de Miguel, j'empoignais mon seau et ma truelle et me rendis sur le carré qui venait de m'être assigné. Nous étions en plein milieu de l'été et je passais mes vacances en stage sur un site archéologique dont Miguel était le chef de chantier. Nous avion de bonnes chances de trouver des ossements d'hommes préhistoriques et Miguel préférait confier la tâche de les sortir de terre à quelqu'un d'expérimenté plutôt qu'à une première année. L'avantage d'avoir obtenu mon diplôme en juin et d'avoir passé toutes mes vacances depuis mon entrée en fac sur des sites de fouilles.
Je m'arrêtais à la rangée 2 et commençais à chercher mon carré. Tout le site était quadrillé, divisé en de nombreuses parts, elle-même subdivisées en quatre sous-carrés portant les noms d'A, B, C ou D.
Je m'agenouillais à terre, plaçant un mousse sous mes jambes pour ne pas avoir trop mal à cause des cailloux sur ma peau laissée nue par mon short, et me penchais sur la terre. Je repérais effectivement un renflement plus clair dans la terre de couleur ocre mais il était encore trop enfoui pour dire quoi que ce soit. Je m'attelais à la tâche. Du bout de ma truelle, je commençais à gratter la terre autour du rebond. Je ne pouvais malheureusement pas juste faire un trou tout autour. Je devais respecter les règles et enlever une couche fine et uniforme de terre pour tout le sous-carré. Après 15 minutes de travail minutieux, j'avais enfin décapé toute ma surface de 5 centimètres et je pouvais affirmer que le renflement était bien de l'os.
-Miguel, appelais-je, c'est bien de l'os.
-C'est Peter qui va être heureux, me répondit-il, je te l'appelle.
Peter était l'anthropologue du site depuis que celui-ci avait ouvert il y a déjà 5 ans. C'était aussi la raison pour laquelle je revenais ici chaque été depuis 3 ans. Avec ses cheveux couleur miel, ses yeux bleu océan, son teint bronzé et sa carrure d'athlète, il ressemblait à un dieu sur terre. Et je n'étais pas le seul à le dire.
Peter profita justement de ce moment pour sortir de la tente canadienne que nous réservions au laboratoire. A 32 ans, il ressemblait toujours à un homme de 25. Sa réussite professionnelle lui avait donné une démarche sûre de lui et une confiance en lui inébranlable. Du moins, j'espérais que ce soit dans ce sens là plutôt que l'autre. Si ce n'était pas le cas, j'avais beaucoup de chances de finir ouvrier de chantier pour le restant de ma vie. Pas que je n'aimais pas le travail mais je faisais des études pour devenir archéologue et chef de fouilles.
Préférant ne pas baver sur ma découverte, je détournais la tête et me remis à creuser. Si je voulais que Peter examine l'objet, j'avais intérêt à le sortir de terre. L'archéologie était véritablement ma passion et il me suffisait d'avoir une truelle en main pour oublier le monde extérieur. Je travaillais vite et bien et, bientôt, l'os se révéla entièrement à mes yeux. Je tâtonnais à la recherche de mon pinceau à côté de moi lorsqu'il apparu dans ma main. Je dépoussiérais l'ossement avant de me rendre compte que mon instrument n'avait pas pu atterrir tout seul dans ma paume ouverte et que la chaleur que j'avais ressentie fugitivement ne pouvait être que des doigts. Je me retournais brusquement et piquais un fard. Peter se tenait derrière moi, un grand sourire marquant son visage.
-Toujours aussi concentré que d'habitude Jack, me dit-il toujours en souriant. Laisse-moi donc voir ce que tu nous as trouvé.
Il s'agenouilla à côté de moi et prit entre ses mains expertes son nouvel objet d'étude. Aucun os ne pouvait résister à ses examens minutieux. Ils lui disaient toujours tout ce qu'il y avait à apprendre d'eux. Malheureusement pour moi, à chaque fois que Peter était près de moi, mon squelette semblait vouloir se faire examiner à son tour car j'avais beaucoup de mal à me décoller de lui.
-Tu as trouvé une belle côte de porc.
Cette phrase me ramena sur terre.
-C'est justement le dîner de ce soir, il va falloir faire attention à ne pas les mélanger, dit-il en rigolant.
Il se releva et passa sa main sur ma tête, ébouriffant mes cheveux.
-Je vais t'aider à l'enregistrer, continue à travailler.
Un peu déçu, je le regardais s'éloigner, emportant avec lui mon trésor. Un élève de première année me tira cependant très rapidement de mes rêveries, tenant entre ses mains le prisme utilisé pour prendre les coordonnées de la pièce qui venait d'être découverte. Après plusieurs manœuvres sous les directives de Peter qui notait les chiffres apparaissant sur la machine devant lui, le gars repartit travailler plus loin.
Je détestais prendre les coordonnées et Peter semblait s'en être souvenu.
Avec un petit sourire, je me remis au travail.
La journée s'était écoulée sans autres alertes. J'avais bien découvert quelques autres morceaux d'os et de silex mais rien qui ne sortait de l'ordinaire et qui ne soit très gros. Après un dîner frugal, je rejoignis les autres stagiaires autour d'un feu de camp. Ils étaient tous plus jeunes que moi d'une ou deux années mais j'aimais beaucoup l'ambiance qu'ils mettaient et les gobelets de vin circulaient assez vite.
Je n'en étais qu'à mon troisième verre lorsque je sentis que mes yeux avaient du mal à rester ouverts. J'allais annoncer que je partais dormir lorsque Peter s'assit à côté de moi.
-Tu m'as l'air bien fatigué Jack.
Lui aussi tenait un gobelet de vin et il ne semblait pas être son premier.
-Je ne dors pas spécialement bien avec nos matelas à même le sol, lui-répondis doucement.
-Tu aurais du le dire plus tôt. Nous avons de vrais lits avec Miguel dans notre tente. Tu restes tout l'été, on aurait pu te trouver une place. Tu n'es pas très gros, tu dois être facile à caser.
J'essayais de ne pas concurrencer le feu avec mon visage brûlant.
Peter s'inquiétait pour moi et j'en étais à la fois comblé et extrêmement gêné. Je murmurais quelque chose d'incompréhensible et plongeais mon regard dans mon verre. J'avais l'impression que chaque fois qu'il m'approchait, je finissais comme une midinette et je détestais cette sensation. Anna s'approcha alors de nous et commença à lui parler.
J'avais très bien remarqué le petit jeu de la jeune fille. Elle draguait Peter dès qu'elle le pouvait et j'en étais vert de jalousie. Je ne pouvais malheureusement rien faire. Cela aurait été mal vu que je fasse un commentaire, on aurait pu interpréter cela d'une mauvaise façon et Peter aurait surement eu une mauvaise opinion de moi après ça. Je n'avais déjà presque aucune chance alors autant ne pas gâcher mes dernières illusions.
Je me secouais. Je ne devais pas laisser ces pensées noires m'envahir. Je bus la fin de ma boisson cul-sec et me laissais aller dans ce mélange d'alcool, de chaleur et de parfum d'homme diablement agréable. Je fermais les yeux.
Lorsque j'ouvris les yeux, ce fut sur la toile de tente blanche éclairée par le soleil. Je ne savais pas comment j'avais fait, mais j'avais rejoint mon lit la veille et j'avais, me semblait-il, pris le temps de me déshabiller. La seule chose qui me gênait dans cette histoire était que je ne m'en souvenais pas du tout. Je m'extirpais de mon sac de couchage et me relevais avant d'enfiler un short en jean et un T-shirt. Je sortis de la tente, essayant de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller les autres stagiaires qui dormaient encore. Dehors, je me retrouvais dans un pré où étaient dressées quatre tentes ayant chacune une fonction particulière. Celle dont je sortais abritait les stagiaires pour la nuit. Le nombre d'étudiants variait toutes les semaines en fonction des arrivées et des départs mais nous étions à chaque fois 8 au maximum. Dans la tente à gauche, les lits des professeurs qui nous encadraient. Deux lits étaient occupés par Miguel et Peter, deux autres étaient réservés aux professionnels de passage comme Joseph, un archéologue, ou Nicolas, le géologue du chantier.
En face des tentes dortoir, une troisième était réservée au laboratoire de fortune et la quatrième servait de cantine où l'on entreposait la nourriture mais aussi les ustensiles de cuisine. C'est là que je me dirigeais pour me faire un café et prendre un petit déjeuner.
Je surveillais l'eau que j'avais mis à bouillir sur une plaque à gaz transportable tout en mangeant une part de brioche lorsque Peter entra. Il était encore légèrement endormi mais ce qui me bloqua surtout était son torse nu.
-Bjour'.
Je toussais pour ne pas m'étouffer avec ma brioche.
-Bon- Bonjour.
-Peter, tu as encore oublié ton T-shirt !
Miguel venait d'entrer à son tour, déposant un morceau de tissus blanc sur la tête du blond. Pendant que mes hormones criaient leur indignation –on ne pouvait pas le forcer à s'habiller- mon cerveau tentait de se concentrer pour verser l'eau bouillante dans une théière remplie de café en poudre. Après avoir fini le mélange, je versais le café dans trois bols et je les fis passer, rougissant lorsque mes doigts frôlèrent ceux de Peter. Le silence se fit tandis que nous buvions nos boissons.
Peu à peu, les autres membres du camp arrivèrent et, lorsque tous eurent pris leur petit-déjeuner, Miguel rassembla tous le monde dehors pour la réunion du matin.
-Nous sommes vendredi, c'est le dernier jour avant que vous ne rentriez chez vous pour le week-end. Chacun travaille sur le carré qui lui a été attribué hier jusqu'à 13h, après vous avez le champ libre pour faire vos sacs. Allez, vous pouvez rejoindre le chantier. Jack, tu restes ici.
Tous se mirent en mouvement pour rejoindre le site à vingt mètres du campement pendant que j'interrogeais Miguel du regard.
-Tu restes pour le week-end comme d'habitude non ? On a beaucoup de sachets de sédiments dans le labo et j'aimerais que tu te lances dans le tri grossier aujourd'hui et les deux prochains jours. Tu n'es évidemment pas obligé de travailler sans arrêts samedi et dimanche mais ce serait bien que tu t'y mettes à fond aujourd'hui pour avoir déjà fait quelque chose.
-D'accord, pas de soucis, lui dis-je avant de me diriger vers le labo.
Au centre de la tente, un long panneau de bois reposait sur des tréteaux afin de former une table de fortune. La moitié de celle-ci était occupée par des sachets en plastique remplis d'os, des petites boîtes remplies d'eau et deux brosses à dents. L'autre moitié était envahie de tamis dont la taille de mailles était différente à chaque fois. A droite de l'entrée, un énorme bidon d'eau claire provenant de la rivière toute proche. Le reste de l'espace était occupé par des caisses remplies de sachets en plastique ou de matériel de bureau et par des seaux, bacs ou sachets de sédiments, la terre non triée que l'on enlevait lorsque l'on fouillait un carré.
J'allais avoir beaucoup de travail.
Soupirant, je pris un tamis à grosse maille, un seau vide et un seau rempli de terre, me fis une place en bout de table et commençait le tri. Il fallait que je vide la terre dans le tamis qui laisserait passer les plus fines particules tandis que les gros cailloux resteraient bloqués, me permettant de les éliminer dans mon seau vide servant pour les déchets. La première étape finie, je reversais la terre dans le premier seau, pris un tamis à mailles plus fines et que j'accrochais sur les bords à l'intérieur du bac d'eau. Je vidais une nouvelle fois mon seau dans le tamis, l'eau lavant les particules de cailloux, os et coquillages, les libérant de la terre dans laquelle ils avaient été emprisonnés pendant de nombreuses années. Faire le tri parmi eux ne serait pas de mon ressort et se ferait une fois rentré dans le véritable laboratoire de Miguel. Une fois l'étape de l'eau terminée, tout ce qu'il restait dans mon tamis fut versé dans un sachet en plastique portant le nom du carré, ainsi que toutes les indications utiles, où les sédiments avaient étés récoltés. Je sortis ensuit de la tente et déposais le sachet ouvert au soleil pour faire sécher ce qu'il y avait à l'intérieur. Ma journée allait être remplie de ces gestes.
J'en étais à mon quatrième seau lorsque Peter entra, se dirigeant vers les ossements à l'autre bout de la table.
-Salut Jack ! Cela me fait plaisir de te voir là, je pensais que j'allais finir enseveli sous les seaux de sédiments. Personne ne s'en occupait !
J'empêchais mon cœur de sortir hors de ma poitrine. Il était content de me voir ! Bon, c'était pour trier les sédiments mais tout de même.
-Au fait, bien dormi ? J'ai été surpris lorsque tu t'es endormi sur mon épaule. Tu avais l'air tellement bien que je n'ai pas eu le cœur de te réveiller et je t'ai porté jusqu'à ta tente.
Je piquais un fard. Enfin, j'avais au moins une explication pour mon retour dans mon lit.
-Merci, je suis vraiment désolé de t'avoir embêté, murmurais-je.
Un éclair de lucidité me traversa subitement et je m'écriais presque.
-Mais, c'est toi qui m'as déshabillé ?!
Cette fois-ci, ce sont ses joues qui se colorèrent de rouge.
-Hé bien, pas exactement. Tu refusais de dormir habillé donc tu as commencé à enlever tes vêtements. Comme tu ne tenais pas debout, surtout quand tu as voulu enlever ton pantalon, j'ai du t'aider.
Oh mais qu'est-ce que j'avais fait ?! Dans ma précipitation pour m'excuser, je renversais mon seau de déchets. Cette journée n'était pas pour moi, mais cette nouvelle occupation me permettrait de me cacher cinq minutes.
Je m'agenouillais et me mis à envoyer les cailloux qui étaient tombés par terre dans le seau que je venais de redresser. Lorsque tout à coup, deux autres mains, plus grandes et plus masculines que les miennes, apparurent dans mon champ de vision. Après avoir fini de tout ranger, je voulu me relever mais les deux mains de Peter vinrent se poser de chaque côté de mon visage, me forçant à le regarder.
-Tu n'as pas besoin de t'excuser pour tout ce que je fais. Si je t'ai porté, si je t'ai aidé à te déshabiller, c'est que cela ne me dérangeais pas. Voire même que j'ai apprécié ces moments.
Je rougis encore plus. Il fallait vraiment que mon visage arrête de virer couleur tomate à chaque fois qu'il m'approchait.
-Arrête de rougir. Même si tu es très mignon comme ça, tu risques un jour ne plus avoir de sang dans le reste de ton corps. Il va falloir que je réfléchisse à une punition pour toutes les prochaines fois où tu rougiras à cause de moi.
Apparemment, je n'étais pas le seul à penser que mes rougissements intempestifs commençaient à gêner. J'en étais toujours à ingérer le fait qu'il me trouvait mignon et qu'il voulait me punir lorsqu'il s'écria.
-Je sais !
Et sur ce, il se pencha sur moi pour m'embrasser. C'était juste un petit baiser, juste ses lèvres posées sur les miennes, juste un instant de goût amer de café et de parfum m'envoutant. Cela suffit cependant à mettre mon cerveau en pause.
-J'ai réussi, s'écria-t-il, tu n'es plus du tout rouge. C'est décidé, dorénavant, à chaque fois que tu rougiras à cause de moi, je t'embrasserais.
Qu'est-ce que cela voulais dire ? Je n'y arrivais pas, je ne comprenais pas. Qu'est-ce qu'impliquait son geste ? Était-il sérieux ou voulait-il juste jouer avec moi ? Tant de questions émergeaient dans mon cerveau mais la seule information que je voulais analyser était qu'il m'avait embrassé. Peter m'avait embrassé. Peter avait posé ses lèvres sur les miennes. Un rêve que je pensais impossible s'était réalisé.
Mon cerveau recommença à traiter les informations et je pu voir que le monde qui m'entourait n'avait pas changé. Peter était toujours assis par terre, face à moi, ses mains tenant toujours mon visage, son pouce caressant ma joue.
-Tu reviens parmi nous, je ne pensais pas qu'un simple baiser te mettrait dans un tel état, dit-il doucement.
Il avait un petit sourire gêné malgré sa remarque quelque peu moqueuse. Je voulais lui répondre mais la seule chose qui passa mes lèvres fut un
-Pourquoi ?
La question sembla le déstabiliser mais il se reprit bien vite.
-Pourquoi ? Parce que cela fait cinq ans que j'en ai envie. Parce que tous les étés, je m'arrange pour être célibataire, espérant à chaque fois que tu me feras un signe qui me dira que je peux y aller, que j'ai une chance avec toi. Mais il n'y avait jamais aucun signe, juste des rougissements, encore et encore. Et puis hier soir, alors que je ne m'y attendais plus, tu t'es endormi sur mon épaule. A partir de là, c'est moi qui ai cru rêver. J'ai été te mettre au lit mais tu t'accrochais à moi et tu ne voulais pas me laisser partir. Tu étais en caleçon et tu te frottais à moi, respirant mon odeur dans mon cou et murmurant mon prénom. J'ai du prendre sur moi pour te laisser seul mais j'ai pu comprendre que c'était là le signe que j'attendais depuis des années. Voilà pourquoi je t'ai embrassé et pourquoi je compte recommencer si tu ne me repousses pas.
J'étais encore et toujours bloqué. Il allait vraiment falloir que j'arrive à dire quelque chose. J'ouvris les lèvres pour lui répondre.
-Wahou.
Oh mais ce n'était pas possible ! Le mec, beau et incroyablement sexy, dont j'étais amoureux depuis cinq ans, me faisait une déclaration comme j'en rêvais depuis longtemps et la seule chose que j'arrivais à dire était une maigre exclamation ?! Heureusement pour moi, Peter semblait avoir gardé son sang froid. Il rit, de son petit rire qui faisait toujours s'envoler une dizaine de papillons dans mon estomac.
-Cela veut-il dire que je peux recommencer ?
Je hochais frénétiquement la tête. Bien sur qu'il pouvait recommencer.
Sa main se posa sur ma joue, doucement, comme une caresse. Je plongeais mes yeux dans les siens, laissant son regard m'emmener loin de cette tente de laboratoire de chantier archéologique. Ses lèvres se posèrent sur les miennes, dans un simple effleurement, avant de s'y poser lourdement. Sa deuxième main se posa sur ma chute de rein, me reprochant de lui pendant que mes bras trouvèrent leur place contre son torse. Sa langue caressa mes lèvres, les titillant pour que j'entrouvre la bouche et lui laisse le passage. Lorsque je cédais, elle s'engouffra rapidement, découvrant son homologue, jouant avec.
Je ne sais pas combien de temps nous nous embrassâmes. Pour moi, ce fut comme des siècles de délices, mais seules quelques minutes durent s'écouler. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il se sépara de moi pour reprendre de l'air, notre position avait changé, comme si nos corps avaient voulu plus de contact. Il était toujours assis par terre, j'étais assis sur lui. Ses mains étaient sur mes fesses, les malaxant tendrement, mes mains étaient glissées dans ses cheveux, les ébouriffant sans honte. Mon bassin contre le sien se frottait lascivement, m'apprenant que je n'étais pas le seul à qui ce baiser faisait de l'effet. Mon front contre son front, je tentais de reprendre mon souffle tout en mélangeant mon air avec celui qu'il expirait. J'aurais voulu que ce moment dure pour toujours. Il reprit cependant la parole, mettant fin à ce moment magique.
-Il va falloir nous arrêter là si tu ne veux pas que je te saute dessus en plein jour dans cette tente de laboratoire provisoire.
-Je ne serais pas contre, répondis-je, avant de me rendre compte de mes paroles et de recommencer à rougir.
Peter déposa alors rapidement ses lèvres sur les miennes.
-Baiser de punition, dit-il avant de reprendre avec un sourire. Moi non plus cela ne me dérangerait pas, mais je pense que pour notre première fois, nous pouvons faire mieux.
Notre première fois. Ces mots allaient me faire planer toute la journée. Je me relevais cependant, un énorme sourire ornant mon visage. Nous allions devoir continuer à travailler comme si de rien n'était. Du moins, telle était mon intention, seulement, elle ne sembla pas plaire à Peter qui passa son temps à m'effleurer et à me toucher dès qu'il le pouvait. Il avait d'ailleurs sa main sur mes fesses lorsque Miguel débarqua dans la tente.
-Vous pouvez faire une pause pour déjeuner vous savez. Tout le monde part après le repas…
Miguel fit demi-tour pour sortir de la tente mais, au lieu de partir directement, il fit une pause et ajouta :
-Oh, et Peter, si tu pouvais te réfréner devant les étudiants je t'en serai reconnaissant.
Il sortit définitivement de la tente. J'étais extrêmement gêné d'avoir été pris sur le fait et je n'oserai surement plus jamais regarder Miguel pendant quelques jours. Je jetais un coup d'œil à Peter, et, à peine nos regards se croisèrent qu'il se mit à rire.
-Le seul jour où il vient au labo, c'est pour voir me voir la main sur tes fesses. Allez, ne tire pas cette tête, me dit-il alors que je lui montrais un visage atterré, c'est mon meilleur ami et il était au courant de mes sentiments depuis très longtemps. A mon avis, il est plutôt content de la tournure des évènements.
Il m'embrassa rapidement avant de me tirer par la main.
-Allons manger, j'ai faim.
Peter me lâcha une fois dehors et nous rejoignîmes les autres étudiants pour manger un dernier repas tous ensemble avant leur départ.
Après le repas et les adieux de rigueur (d'ailleurs, Annie embrassa Peter un peu trop près des lèvres à mon gout), je retournais trier mes sédiments, vite rejoint par le biologiste. Nous continuâmes à travailler comme le matin, et ce jusqu'au soir, les effleurements et petits bisous toujours présents.
Mon estomac gargouillait depuis plusieurs minutes, me signifiant qu'il était 16h passée mais je ne voulais pas m'arrêter afin de rester le plus longtemps possible auprès de Peter. Mon corps décida cependant d'en faire autrement et mon estomac émit le son le moins subtil que j'eu jamais entendu. Que Peter ait jamais entendu aussi d'ailleurs car il releva la tête, étonné, et éclata de rire lorsqu'il vit mon visage rouge de honte.
-Il me semble que nous devrions nous arrêter là pour aujourd'hui, dit-il, un petit quelque chose à manger devrait calmer ton estomac.
Il se dirigea vers la sortie de la tente, me tendant la main pour que je m'y accroche. Je glissais mes doigts entre les siens, tentant de cacher mon empressement pendant qu'il nous guidait vers la cantine.
Je mordais dans une pomme lorsque Miguel arriva près de nous. Il avait l'air aussi heureux que s'il avait gagné au Lotto.
-Devinez qui a un rencard ?! Je vais vous abandonner ce week-end, Clarice a enfin accepté de m'accorder un dîner, ne faites pas trop de bêtises !
Il fonça vers sa tente, surement pour récupérer un sac, alors que Peter éclatait de rire.
-Clarice ? Demandais-je, Clarice comme l'assistante du prof de préhi ?
Peter acquiesça et je restais comme deux ronds de flan. Le professeur de préhistoire de ma fac était assez réputé et refilait ses classes à son assistante, une jeune femme assez jolie mais qui compensait son jeune âge avec une sévérité et une froideur qui faisait reculer tous les étudiants, même les plus vieux et courageux. Je n'aurais jamais pensé que cette femme puisse avoir du succès. Pendant que je tentais d'imaginer ma prof à un rendez-vous, un sourire plaqué sur le visage, Miguel repassa presque en courant devant nous, déposa son sac dans sa voiture et s'installa à l'avant, démarrant sans même nous dire un mot de plus.
-Il semblerait que nous soyons seuls, m'annonça Peter.
-Il semblerait oui, lui répondis-je en levant mes yeux vers lui.
-Tu ne vas pas rester seul dans ta tente. Tu devrais prendre ton sac et l'amener dans la mienne. On pourrait dormir ensemble, dit-il.
-Je pourrais, répondis-je avec un sourire, est-ce une proposition ?
Peter me regarda avec des gros yeux, me faisant comprendre que si je ne me dépêchais pas d'aller chercher mes affaires, il ne s'embarrasserait pas de le faire pour moi. Je rigolais et me dépêchais d'aller récupérer ce dont j'avais besoin avant de rejoindre sa tente où il m'attendait déjà.
L'espace était disposé tout à fait différemment chez les surveillants par rapport aux tentes des élèves. Il n'y avait que quatre matelas posés sur des lits d'appoint autour desquels Miguel et Peter devaient se partager un espace plus ou moins vide. Je n'osais pas trop regarder du côté de Peter, qui semblait occuper à ranger – ou plutôt fourrer – quelques vêtements dans son sac.
-Je libère l'espace pour toi, me dit-il sans même se retourner.
Je commençais un peu à stresser. Je savais ce que je voulais faire, ce qui allait se passer. Je n'étais plus puceau et je pouvais deviner comment tout allait se dérouler mais je ne pouvais m'empêcher de stresser. Cette nuit serait ma première avec l'homme que j'aimais, ma première avec Peter.
Parti dans mes pensées, je ne remarquais pas que Peter s'était levé, qu'il s'était rapproché de moi. Je sursautais lorsque deux bras vinrent entourer mes hanches et qu'ils me firent cogner contre un torse chaud. Mon corps réagit instinctivement, laissant un soupir de contentement s'échapper de mes lèvres et ma tête se glisser dans son cou, respirant une pleine bouffée de son odeur.
-On peut juste dormir tu sais…, me murmura-t-il.
-Il est à peine 17h et tu parles déjà de dormir, riais-je discrètement.
-Tu es tendu, je ne veux pas te forcer.
Je rougis avant de me retourner, toujours dans ses bras, et de planter mon regard dans le sien.
-Tu ne me forces en rien. Je t'aime et je te veux.
Ma voix s'était faite plus faible sur la fin. Je n'étais peut-être plus vierge mais je n'avais cependant pas beaucoup d'expérience et restait fort timide concernant le sujet. Pour m'empêcher de repenser à mes dernières paroles, je posais mes lèvres sur les siennes, débutant un baiser. Un peu surpris, il ne réagit pas tout de suite mais dès qu'il me suivit, ses lèvres devinrent plus exigeantes, sa langue quémanda l'accès à ma bouche que je ne pu lui refuser. Je fourrageais dans ses cheveux, mes doigts entremêlant quelques unes de ses mèches. Une main se posa sur mes fesses, les malaxant tendrement, tandis que l'autre se baladait sous mon t-shirt, caressant mon dos.
Lentement, il nous dirigea vers son lit, me poussant à m'asseoir puis à me coucher dessus. Ses mains se baladaient sur mon torse, passant sous mon t-shirt, effleurant mes côtes, pinçant mes tétons. Ses lèvres migrèrent de ma bouche à mon cou, embrassant et suçotant ma peau le long de la carotide, cherchant un endroit où je serais plus sensible. Mon souffle se fit erratique alors qu'il trouvait ce qu'il cherchait tout en tordant et pinçant mon téton gauche. Je retenais un gémissement, ce qui ne sembla pas faire plaisir à Peter qui releva la tête, me regardant en faisant la moue.
-Ne te retiens pas, je veux t'entendre.
-Je n'ai pas l'habitude de crier fort, lui répondis-je en rougissant.
-Je ne t'ai pas dit de crier à t'en casser les cordes vocales, juste de ne pas te retenir, répondit-il en claquant un rapide baiser sur mes lèvres avant de repartir à la découverte de mon corps.
Il souleva mon t-shirt très haut et me laissa gesticuler seul pour l'enlever alors qu'il se concentrait pour embrasser chaque parcelle de mon torse, embrassant la ligne de mes abdominaux, léchant sensuellement mes côtes, faisant en sorte de me rendre sensible à chacun de ses effleurements.
Ses mains s'attaquèrent à mon pantalon lorsque sa bouche atteignit mon nombril. Je passais mes mains dans ses cheveux, jouant avec. Il défit mon bouton avant de faire glisser mon jean le long de mes jambes, me laissant seulement avec mon boxer.
Un peu gêné, je pris son visage en coupe et le fit revenir à hauteur des mes lèvres pour l'embrasser à nouveau. Je tentais alors de lui enlever ses vêtements, le laissant lui aussi avec un simple morceau de tissu pour recouvrir son magnifique fessier. Nos bouches ne se quittaient pas mais cela ne nous suffisait plus. Il commença des mouvements de son bassin, faisant frotter nos érections l'une contre l'autre à travers les fins tissues qui les recouvraient toujours.
Lorsque ses lèvres quittèrent les miennes, je poussais un gémissement de déception qui fut vite étouffé lorsqu'il sortit mon sexe de mon boxer, le prenant en main. Il posa un doux baiser sur la pointe avant de le lécher lentement sur toute sa longueur, me préparant à un instant de bonheur encore plus fort lorsqu'il l'avala tout entier. Je jetais ma tête en arrière, gémissant un peu trop fort à mon gout.
Perdu dans mon plaisir, je ne remarquais pas qu'il avait sorti un petit tube et qu'il avait enduit ses doigts du produit qu'il contenait. Ce n'est que lorsque je sentis un de ses doigts se promener entre mes fesses avant de s'aventurer à l'intérieur de moi que je m'en rendis compte. J'essayais de me détendre pour qu'il puisse rapidement entrer un second doigt et commencer un mouvement de ciseau. Le troisième fut plus douloureux que les deux autres mais sa bouche sur mon sexe s'assura que je ne perde pas de ma vigueur.
Lorsqu'il ressortit de moi, remontant son visage pour faire face au mien, je ne pu m'empêcher de l'embrasser. Je passais mes bras derrière sa nuque, les faisant glisser le long de son dos et, tout en promenant mes mains sur ses fesses, j'écartais grand les jambes et poussais mon bassin à rencontrer le sien. Je détachais mes lèvres de siennes et le regardais dans les yeux.
-Prends-moi, murmurais-je.
Il me regarda avant de sourire doucement et se positionna, sortant son sexe et le plaçant tout contre mon entrée. D'un mouvement de bassin, il se glissa en moi et, malgré la préparation, je le senti passer. Il était imposant, me remplissait entièrement. Peter n'osa pas bouger tout de suite, me laissant le temps de m'habituer à lui.
Je l'en remerciais d'un sourire avant de l'embrasser rapidement et de bouger mon bassin, lui donnant le feu vert. Il commença de lents va-et-vient qui me firent recommencer à gémir. Lorsque la dernière trace de douleur due à la pénétration quitta mon visage, il s'enhardit, sortant de moi pour y rentrer encore plus profondément, faisant claquer ses bourses contre mes fesses. J'accompagnais ses mouvements de mes hanches, le poussant à aller toujours plus vite, toujours plus fort.
Nos souffles se mélangeaient, nos gémissements allaient de concert, et lorsqu'il toucha ce point particulier au plus profond de moi, je ne pu empêcher mes cris de franchir mes lèvres. Cela sembla l'exciter encore plus car il se fit un devoir de me pilonner à cet endroit là, me faisant crier à chaque fois. Lors d'un coup encore plus profond que tous les autres, je ne pu me retenir plus longtemps. Je jouis, criant son prénom, resserrant mes jambes autour de sa taille, mes chairs emprisonnant son sexe en moi. Ce spasme de mon corps l'acheva et il éjacula à son tour, me remplissant d'un liquide chaud. Il s'effondra sur moi, ne retirant pas son sexe tout de suite, attendant de reprendre son souffle.
Après un petit moment, il se laissa tomber à côté de moi et sortit une boite de mouchoirs en papier. Il entreprit alors de nous nettoyer sommairement mais délicatement. Lorsqu'il eut fini, il passa un bras autour de ma nuque, me rapprochant de lui. Je me serrais contre son corps, posant ma tête sur son torse.
Nous n'avions pas besoin de mots, nous nous étions déjà tout dit le matin même. Avant de m'endormir entre les bras de l'homme que j'aimais depuis des années, je ne pu m'empêcher de lui murmurer.
-Je t'aime.
Avant de sombrer complètement, je fus cependant certain de l'avoir senti sourire…
Fin.