Bonjour à tous, voici une nouvelle histoire tout droit sortie de mon imagination.
Je l'ai écrite il y a un moment maintenant. Mais j'espère qu'elle vous plaira, surtout n'hésitez pas à me donner votre avis.
Par contre, pour comprendre certaine partie, qui commence sur ce chapitre, il faut que vous lisiez "Poina ka noʻonoʻo" qui ce trouve aussi sur FP. Sinon, vous ne comprendrez pas ;)
Voilà voilà, bonne lecture :)
Chapitre I : Haole...
La soirée était plus que sympathique, Erwan s'amusait avec des amis du bar et buvait avec modération. Il avait décidé de passer une soirée tranquille et relaxante. Il était près de minuit lorsqu'il regarda sa montre et décida qu'il était temps qu'il rentre chez lui pour dormir du sommeil du juste. Payant ses boissons et saluant tout le monde, Erwan quitta le petit bar pour se retrouver dans la rue de Maili.
L'air frais de la nuit lui fit le plus grand bien, le changeant de la chaleur intense qui régnait dans le bar. Il ferma les yeux quelques secondes avant de les rouvrir en sortant son téléphone. Il tapa un petit message qui le fit sourire et l'envoya avant de refermer son téléphone et de le ranger.
C'était devenu une habitude pour lui d'envoyer un message le soir à son amant. Même s'il savait pertinemment que la plupart étaient lus le lendemain matin. Ils étaient ensemble depuis un peu plus d'un an, peu après son arrivée sur l'île. Erwan avait déménagé à Hawaï pour changer d'air, son ex lui ayant dilapidé tout l'argent qu'il avait, mais n'avait pas réussi à lui prendre ce qu'il avait sur un autre compte. Ils s'étaient violemment disputés, et à peine deux semaines plus tard, Erwan montait dans l'avion.
Il était arrivé sous le soleil et c'est heureux qu'il a commencé sa nouvelle vie. Il avait rapidement trouvé un travail de kinésithérapeute à Maili. Il s'était fait des amis et avait très vite été intégré.
Maʻlani était entré dans sa vie le jour où il était arrivé devant lui, en béquille. Il était venu pour faire de la rééducation après avoir eu la jambe cassée suite à une chute d'escalade.
Ils s'étaient très vite entendus, découvrant qu'ils partageaient plusieurs passions, des choses qu'ils aimaient, leurs rendez-vous s'étaient changés en rencontre hors de la clinique et ils avaient vite lié une amitié profonde. Erwan se souvenait encore de la façon dont l'appelait Maʻlani. Haole, pour montrer qu'il était étranger de l'île. Pour certains cela aurait sonné comme une insulte, mais pas pour lui.
Maʻlani lui avait alors appris quelques mots et phrases Hawaïens, pour l'aider à s'intégrer. Erwan avait même encore le cahier qu'il avait fait avec ses cours et ses traductions, il n'était pas rare qu'il le ressorte.
Finalement, cela les avait tellement rapprochés qu'ils finirent naturellement par commencer leur histoire d'amour. Tout avait débuté alors que le film qu'ils regardaient venait de finir et que Maʻlani s'était tourné vers lui pour l'embrasser passionnément.
Il marchait tranquillement dans la rue lorsqu'il s'arrêta brutalement. Devant lui se tenait un groupe de six hommes. Visiblement ils n'étaient pas là pour faire la causette. Le premier avait dans ses mains une batte de base-ball et la tapait dans l'autre, montrant clairement son intension.
— Qu'est-ce que tu fais ici Haole ?
— Je rentre simplement chez moi.
— Et nous on ne veux pas, t'as rien à foutre ici, on n'veux pas d'toi ici.
Essayant de garder son calme, Erwan restait en position décontracté tout en se mettant tout de même en position de défense. Il n'était pas violent, mais il devait se protéger. Son regard bleu azurin était planté dans celui de son adversaire. Ils se jaugèrent pendant un long moment avant que finalement, l'homme courut vers lui et éleva la batte. Erwan esquiva, énervant un peu plus son adversaire qui réitéra son acte. Mais Erwan continua d'esquiver et cherchant du regard un objet pour se défendre. Il pesta car rien ne pourrait l'aider, jusqu'à ce qu'il trouve du sable. Tombant à terre, il en attrapa une poignée pour la lancée à la brute qui recommençait avec sa batte.
— Enfoiré !
— Je ne fais que me défendre.
— Chopez-le ! hurla l'homme à la batte.
Erwan vit tout le monde s'approcher de lui et il sut à ce moment-là qu'il ne pourrait plus rien faire. Pourtant, il mit toute son âme à se battre, donnant au début coup pour coup, seulement, il fut bien vite roué de coups par ses opposants. Chacun prit plaisir à faire en sorte qu'Erwan ne puisse plus se défendre. Il avait mal, recevant des coups de pieds, des coups de poing, des insultes.
— Vous n'avez personne d'autre à frapper ? questionna Erwan alors qu'il était à terre.
— T'étais sur not' chemin et t'as rien à foutre ici.
— Tu vas crever ici Haole.
L'un des hommes reprit les coups et lui envoya un fulgurant coup de poing à l'estomac qui le fit plier en deux. Fermant les yeux, Erwan ne put voir les autres l'entourer. Il ne sentit que les coups, et il ne put dire combien de temps se passa jusqu'à ce que ses assaillants cessent.
Sa respiration était saccadée, il n'y avait aucun endroit où il ne souffrait pas, et il resta là, un long moment, ne réussissant même pas à lever ses paupières. Erwan n'entendit pas des passants lui parler, ni appeler les pompiers. Ceux-ci arrivèrent une dizaine de minutes plus tard, lui prenant son pouls, plaçant un collier cervical autour du cou, le couvrir d'une couverture.
Les pompiers, ainsi que la police s'occupèrent d'Erwan. Ces derniers interrogeaient les passants, les voisins, essayaient de comprendre ce qu'ils s'étaient passé. L'un des policiers avait récupéré le portefeuille d'Erwan pour contacter sa famille. Alors que les pompiers prenaient soin d'Erwan, qui finalement avait perdu connaissance. Ils l'emmenèrent à l'hôpital le plus proche.
Alors qu'il était endormi, Maʻlani fut réveillé par son portable qui sonnait et vibrait sur la table de nuit. Grognant, il tâtonna la table avec sa main jusqu'à ce qu'il attrape le téléphone et décroche.
— Allo ? sa voix était faible et rauque par le sommeil.
— Monsieur Halawea ?
— Oui.
— Je suis le chef des urgences.
Aussitôt, Maʻlani se releva immédiatement en ouvrant les yeux et s'aperçut que son amant n'était pas à ses côtés.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est Erwan ?
— Monsieur Sheppard est entré à l'hôpital en urgence et…
— Qu'est-ce qu'il y a ? Et ce qu'il va bien ?
— Il est en salle d'opération pour le moment, mais son état était critique. Je vous appelle pour que vous veniez ici, nous avons des papiers à vous faire remplir, puisque vous êtes la personne la plus proche de lui.
— Où est-il ?
— À l'hôpital Waianae[1].
— J'arrive immédiatement !
— Merci, je vous attends aux urgences.
— J'arrive.
Après avoir raccroché, Maʻlani se leva en courant, son cœur battait à tout rompre et il n'arrivait pas à réfléchir. Tout ce qu'il savait c'est que son amant était à l'hôpital. Il s'habilla et attrapa ses clés et son portable avant de monter dans sa voiture et de filer sur la route. Heureusement, l'hôpital se trouvait sur l'une des plus grandes rues de l'île. Il roulait aussi vite qu'il pouvait et arriva à peine cinq minutes plus tard et se gara en freinant brutalement devant les urgences. Sortant de la voiture, Maʻlani entra en trombe dans la pièce et fit sursauter tout le personnel.
— Je… je viens pour… Sheppard Erwan.
— Monsieur Halawea ?
— Oui.
Maʻlani se retourna et vit un homme en blouse blanche venir vers lui. Il était grand et assez musclé, sa barbe n'avait visiblement pas été rasée depuis quelques jours et les cernes sous les yeux lui montraient sa fatigue. Pourtant, il se surprit à le voir sourire chaleureusement.
— Monsieur, c'est moi qui viens de vous appeler. Votre ami est toujours en salle d'opération.
— Que s'est-il passé ? murmura Maʻlani qui prenait seulement conscience de ce qu'il se passait.
Voyant la fébrilité de l'homme en face de lui, le médecin comprit alors qui il était par rapport à son patient, et il l'emmena gentiment vers la salle de repos. Inutile qu'il parle de cela devant tout le monde. L'aidant à s'asseoir et demandant d'un coup d'œil aux personnes présentes de quitter la salle.
— Votre ami…
— C'est… mon compagnon…
— Votre compagnon, reprit le médecin qui avait vu juste, a été trouvé en pleine rue, battu et laissé pour mort. Des passants ont appelé les pompiers et ils sont arrivés ici il y a environ quarante minutes à présent. Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé, car votre compagnon était déjà inconscient, nous avons dû l'emmener en chirurgie immédiatement, car il avait une perforation du poumon gauche ainsi qu'un bras et une jambe cassés. Nous pensons qu'il a encore d'autres blessures et nos chirurgiens s'en occupent très bien.
Maʻlani ne savait plus comment réagir, son amant était en train de se faire opérer, car il s'était fait battre et laissé pour mort… Comment cela avait-il pu se passer ? Voyant que l'homme n'arrivait pas à reprendre pied, le médecin posa doucement sa main sur la sienne qui reposait sur la table, fermée en poing.
— Nous allons préparer certains papiers, d'accord ?
— Euh… oui…
Le médecin se leva, quitta la pièce quelques secondes et revint avec un dossier. Il se réinstalla et attrapa l'un de ses stylos avant d'ouvrir le dossier et d'inscrire les données que l'homme lui indiquait.
— Votre ami n'a pas de famille à Hawaï ?
— Non, il est arrivée ici il y a environ un an et demi. Toute sa famille se trouve à Los Angeles. Je suis le seul ici, même s'il a des amis.
— D'accord. Est-ce qu'il est allergique à quelque chose ?
— Au pollen, mais sinon, non je ne pense pas. Euh… j'avais pris son carnet de santé… je ne sais pas si…
— C'est une très bonne idée, je peux l'avoir ?
Maʻlani le lui tendit en tremblant. Le médecin s'aida de ce carnet pour remplir son dossier. Le silence avait pris place dans la pièce et Maʻlani n'avait qu'une envie… voir son amant. Sans que le médecin le voie, il pria silencieusement pour sa survie, et lui envoya des ondes positives. Il se reprit lorsque le médecin ferma le carnet pour le lui rendre.
— Que faites-vous dans la vie, Monsieur Halawea ?
— Je suis l'un des gardes du corps du Gouverneur.
— Oh, c'est un métier à risque.
— Oui, mais j'aime ce que je fais. Même si parfois c'est dangereux.
— Je vois. Je dois aller voir mes patients, vous pouvez rester ici si vous voulez. Vous pouvez prendre un café, un thé, enfin fait comme vous voulez et dès que j'ai des nouvelles, je viens vous voir immédiatement.
— Merci Docteur.
Seul un sourire lui répondit et le médecin quitta la pièce. Maʻlani regarda sa montre et vit qu'il était une heure et demie du matin. Il resterait ici jusqu'à ce qu'il ait des nouvelles d'Erwan.
Dans la salle d'opération, les chirurgiens s'entraidaient autour du corps allongé. Ils venaient de mettre les broches sur la jambe après s'être occupés du poumon et s'attaquaient maintenant au bras gauche.
— Il est bien amoché, remarqua l'un des assistants.
— Apparemment il a été tabassé, il a de la chance d'être encore en vie.
— Ce ne sera pas le dernier, malheureusement.
Maʻlani était dehors, il n'en pouvait plus de rester à l'intérieur à se faire du sang d'encre. Il tenait fermement son téléphone et regardait autour de lui sans vraiment voir. Il était maintenant trois heures et demie, et il ne tenait plus en place, son appréhension grandissait au fur et à mesure du temps qui passait.
Il ferma soudainement les yeux alors qu'il sentait glisser en lui une onde positive et rassurante. Il savait très bien qui c'était. Maʻlani se laissa faire et sut que son ami venait d'apprendre ce qu'il s'était passé.
— Je suis désolé Mal'ani…
— Ça fait plus de deux heures que je suis à hôpital, il se fait opérer… Napua…
— Tu veux que je vienne ?
— Je ne sais pas, je ne sais plus quoi faire.
— J'arrive.
— Merci…
Maʻlani rouvrit les yeux en sentant la connexion se terminer. Il savait que Napua viendrait rapidement. Il marcha un peu, et s'installa sur une grosse pierre alors qu'il voyait au loin le ciel s'éclaircir. Il savait que le soleil ne serait pas là avant plusieurs heures.
Il n'eut pas une demi-heure avant qu'il voie une voiture arriver. Elle se gara près de lui et il vit deux hommes en sortir et venir vers lui.
— Napua, Leilani…
— Comment vas-tu ? s'inquiéta Leilani.
— Je ne sais pas trop, j'ai l'impression qu'un mur m'est tombé dessus. Ils m'ont téléphoné tout à l'heure et…
Napua s'approcha de son ami et le prit dans ses bras. Il savait que Maʻlani était sensible sous ses airs de gros dur. Il avait appris à le connaitre depuis qu'ils travaillaient ensemble, depuis maintenant près de quinze ans.
— Ça va aller, on reste avec toi.
— Mais tu travailles demain.
— Le Gouverneur me doit encore des congés, j'en prendrais un demain. Ne t'inquiète pas pour ça. Tu as eu des nouvelles ?
— Non aucune, mais je ne suis pas rentré depuis un long moment… je n'y arrive pas.
Les trois hommes se regardèrent et d'un commun accord ils entrèrent dans le bâtiment. Maʻlani retourna dans la salle de repos des médecins avec ses deux amis et il se réinstalla. Ils ne parlèrent que très peu, Leilani ressentait la tristesse de leur ami au plus profond de lui.
Vers quatre heures du matin, le médecin ouvrit la porte, faisant sursauter tout le monde.
— Oh !
— Docteur, vous avez des nouvelles ?
— Oui, je venais justement pour cela, qui sont-ils ?
— Ce sont deux de mes amis. Ils sont aussi amis avec Erwan.
Le médecin hocha de la tête et s'installa près d'eux. Maʻlani ne voyait rien sur son visage et il fut soudainement pris de panique. Le sentant en même temps, Napua et Leilani posèrent chacun une main sur ses épaules pour le rassurer.
— L'opération est terminée. Monsieur Sheppard se trouve à présent en salle de réveil. Il mettra plusieurs heures avant de se réveiller, mais il est sauvé.
— Que lui ont-ils fait ?
— Ils ont refait le poumon perforé, replacé la côte cassée. Ils ont broché sa jambe droite et son bras gauche et refermé les quelques plaies qu'il avait.
Plus le médecin avait énoncé les blessures, plus Maʻlani respirait difficilement et serraient les poings. Le médecin vit que l'homme était bien entouré.
— Nous avons déjà attribué une chambre à votre compagnon, j'ai demandé à ce qu'il y ait un second lit, pour vous, car je suppose que vous ne retournerez pas chez vous.
— Merci Docteur.
— C'est la chambre 206, au deuxième étage.
Le médecin quitta la pièce, laissant les trois hommes seuls. Napua regarda son ami et vit alors une larme couler sur sa joue. Affectueusement, il la sécha et leva son visage vers le sien.
— Il est sauvé Maʻlani, il va guérir.
— Oui… Je suis tellement inquiet.
— Et si nous allions dans la chambre ? proposa Leilani.
— Oui.
Ils se levèrent et quittèrent les urgences pour monter dans la chambre. Le couple dut plusieurs fois retenir Maʻlani qui avait du mal à tenir debout, aussi bien à cause du choc, que de la fatigue. Arrivé dans la chambre, Napua força son ami à se coucher dans le lit, pourtant, celui-ci ne ferma pas les yeux.
— Comment ça va se passer maintenant ? Comment sera-t-il ?
— Ça, je ne sais pas Maʻlani, mais tu seras là pour lui et pour l'aider.
— Bien sûr ! s'insurgea Maʻlani. Je l'aime !
Leilani s'avança vers le lit, et monta légèrement dessus pour regarder Maʻlani.
— Tu vas très bien t'en sortir, il aura besoin de toi, mais il aura certainement un moment où il aura peur, ne saura plus comment réagir.
— Il a raison, tu y arriveras, et si c'est trop dur, dis-le-nous, et nous serons là aussi.
— Merci…
— Maintenant tu devrais te reposer un peu, tu as une mine affreuse.
— Je ne sais pas si j'y arriverais.
— Essaye au moins, on reste si tu veux ? proposa Napua.
Maʻlani resta silencieux quelques secondes avant de finalement incliner la tête pour accepter. Leilani se leva pour quitter la pièce. Il devait prévenir le personnel hospitalier qu'ils restaient tous les deux le reste de la nuit. Quand il revint, il vit que Maʻlani s'était endormi et Napua était assis sur un des deux fauteuils qu'il avait placés du côté de leur ami. Il s'installa sur l'autre et lui prit la main avec tendresse.
— Ça me rappelle ce qu'il s'est passé…
— Je sais, mais ça va aller j'en suis sûr. Ils sont forts.
— Humm… On devrait dormir nous aussi.
Leilani se rapprocha au plus près de son mari et vint chercher un baiser. Il s'installa correctement, attrapant la main de Napua et il s'endormit rapidement, tout comme son amant.
Ce n'est que vers sept heures qu'ils furent réveillés par l'arrivée du lit d'Erwan, celui-ci était réveillé, les yeux ouverts, mais ne bougeait pas la tête. Maʻlani se leva immédiatement, heureux de le revoir. Mais lorsqu'il vit qu'Erwan n'avait aucune réaction, il perdit son sourire.
— Que se passe-t-il ?
— Vous êtes Monsieur Halawea ?
— Oui.
— Votre ami s'est réveillé il y a un peu plus d'une heure, mais nous avons alors remarqué qu'il a perdu la vue. L'opération s'est très bien passée, nous en avons donc conclu que cela viendrait d'un des coups violents qu'il a reçus à la tête.
— Mais comment c'est possible ?
— Pour l'instant nous ne savons pas, nous devons attendre que l'effet de l'opération s'estompe pour pouvoir pratiquer des examens sur ses yeux. La plus probable possibilité est que les nerfs optiques ont été touchés.
— Mon Dieu…
Voyant Maʻlani trembler, Napua sauta de son fauteuil pour le retenir contre lui avant qu'il ne s'effondre. Leilani s'était placé près d'Erwan qui n'avait toujours rien dit.
— Erwan ?
— Leilani ? demanda le blessé en reconnaissant sa voix.
— Oui.
— Que fais-tu ici ? Et…
— Calme-toi, tu es arrivé dans ta chambre d'hôpital, nous sommes restés avec Maʻlani le temps de ton opération. Comment te sens-tu ?
— Je ne vois plus rien, tout est noir, comme si toutes les lumières avaient été éteintes. Je suis encore fatigué de l'opération, mais je n'ai pas mal. Je sens la perfusion dans mon bras droit. Maʻlani…
Le nom avait été murmuré, et Maʻlani, reprenant un peu conscience, remercia Napua et s'approcha du lit de son amant. Il n'aimait pas le voir ainsi. Des hématomes commençaient à être visibles, les plaies étaient protégées par des pansements. Son bras gauche et sa jambe droite étaient plâtrés. Une profonde impuissance s'empara de Maʻlani, alors qu'il prenait avec précaution la main d'Erwan.
— Maʻlani…
— Je suis là mon cœur, répondit doucement le susnommé sans prendre la peine de cacher ses sentiments au personnel médical.
— Je suis désolé.
— Pourquoi ? Tu n'as rien fait.
— Parce que je n'ai pas pu me défendre.
— Tu n'es pas en tort, tu n'as pas à t'excuser. Maintenant, tu vas te reposer et guérir.
— Mes yeux ?
— Nous verrons lorsque les médecins t'auront fait les examens.
Erwan resta silencieux, il essayait de capter une émotion, et étrangement, il y arrivait. Alors, il comprit que lorsque les gens disaient que quand on perdait un sens, les autres se pliaient en quatre pour le palier, c'était la vérité. Il sentait sur sa main la chaleur de celle de son amant, son souffle lui indiquait qu'il était proche de lui.
— Est-ce que cela ira ? s'inquiéta Leilani.
— Oui.
— Nous allons rentrer à la maison, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas. Maʻlani, reste auprès d'Erwan le temps qu'il faudra, ton absence ne sera pas dramatique et de toute façon, le Gouverneur n'a pas prévu de sortie en ce moment. Je me charge de le lui dire.
— Merci Napua. Merci Leilani.
Erwan les remercia aussi et ils quittèrent la chambre alors que le soleil se levait. Dans la voiture, aucun des deux ne parla. Ils avaient bien compris que les jours qui allaient venir ne seraient pas de tout repos.
[1] Waianae : J'ai simplifié le nom, mais l'original est : Waianae Coast Comprehensive Health Center qui se trouve sur Farrington Highway à Waianae.