Sans contrefaçon…
Résumé : A propos de baisers… où comment les garçons s'éveillent à l'homosexualité : entre le meilleur… et le pire. Histoire sombre abordant tous les tabous : homosexualité, homophobie, enfance martyrisée, comportements borderline…
Histoire racontée du point de vue (forcément subjectif) de Thomas, 21 ans, qui a déjà une petite amie, et qui découvre qu'il est attiré par les garçons... enfin, par un garçon, le très beau, très androgyne, Maxime, jeune homme de 19 ans, passionné et à fleur de peau.
Classification : romance + hurt/comfort. Aucun doute là-dessus, c'est bien une romance (oui, une histoire romantique, avec tout ce que ça implique de doux et d'heureux). Quant au 'hurt' (car il y aura du hurt, oui, beaucoup de hurt), il sera suivi de 'comfort' (c'est promis, ne vous inquiétez pas !). Cette histoire n'est pas dans la veine d'« Héroïne », pas du tout ! Thomas est peut-être paumé, parfois lâche, mais il est bon.
Rating : maximum !
Date de création et publication : roman initialement publié en 2010 en trois parties distinctes. Republication en 2013 sous un seul titre, un seul fichier.
WARNING ! Le chapitre 3 est un chapitre dur, malsain, qui évoque en termes crus les humiliations et des violences subies simplement en raison de son orientation sexuelle… bref, de l'homophobie.
Et plus globalement, sur l'ensemble de l'histoire, attention ! Big warnings ! J'aborderai des sujets sombres et graves, en plus de l'homophobie : abus de drogues de toutes sortes, comportements 'borderline' et autodestructeurs… et d'autres sujets vraiment tabous que je ne peux dévoiler ici, sans 'spoilier' le lecteur. Mais vous voilà prévenus ! Certains aspects de l'histoire et certaines scènes peuvent gêner et déranger !
De plus, comme d'habitude, mon vocabulaire est souvent très cru. J'aime les mots qui claquent, qui heurtent, qui choquent, qui provoquent des images mentales qui mettent mal à l'aise.
Info : il existe un préquel à l'histoire : « Le baiser », qui raconte l'enfance de Maxime.
o o o
Chapitre 1
Maxime m'a embrassé…
Hélène me parle. Je ne sais pas ce qu'elle est en train de me dire. Je n'arrive pas à l'écouter.
Maxime m'a embrassé…
Je suis assis dans la cuisine, chez mes parents, une tasse de thé qui refroidit entre les doigts. Et Hélène me parle.
Hélène… Ma petite amie…
Et tandis qu'elle me parle, je pense à Maxime…
Maxime…
Il m'a embrassé. Là ! Il y a même pas une heure ! Juste à l'étage au-dessus, dans ma chambre !
On était tous les deux. Juste tous les deux. On se charriait à propos d'un accord de guitare. Je l'ai bousculé pour rire, alors qu'il avait les mains prises par son instrument… Et... Je ne sais plus. Je ne sais même pas comment s'est arrivé. On riait. On riait fort, on riait beaucoup.
Et tout d'un coup, on ne riait plus. Les mains de Maxime n'étaient plus sur sa guitare mais sur moi… Ses lèvres sur les miennes…Sa langue dans ma bouche… C'était…
C'était… je ne sais pas… Bizarre… Oui, bizarre, probablement… Et…pas désagréable. Je veux dire, ce n'était ni dégoûtant, ni écœurant, mais perturbant, étrange… Cela m'a fait frissonner. Ce baiser m'a électrisé tout le corps. J'ai tremblé, j'ai ressenti des sensations partout, comme un shoot d'héroïne…
Sa langue avait un goût sucré, un goût de bière et de tabac… Et ses lèvres étaient douces.
Est-ce que j'ai aimé ce baiser ? Je veux dire, est-ce que j'ai vraiment aimé ça ?
J'ai été surpris, je ne l'ai pas repoussé. Je l'ai laissé faire. Je l'ai laissé m'embrasser… Si je n'ai pas réagi, c'est que je ne m'y attendais pas. A moins que…
Est-ce que je n'aurais pas du le voir arriver ? Est-ce que je ne l'ai pas, inconsciemment, encouragé ?
Maxime et moi, on est tellement proche… tellement proche ! On partage tout, la musique, la drogue, les jeux, les fous rires… On passe tout notre temps ensemble, surtout dans ce pub irlandais qu'on adore et où on s'est rencontré, autour d'une Guinness.
On se connaît depuis… quoi… six mois ? Peut-être huit… Mais c'est comme si je le connaissais depuis toujours.
On a les mêmes goûts, le même humour, la même pointe de folie dans le crâne… J'ai l'impression qu'il devine mes pensées, qu'il me comprend mieux que moi-même. Maxime est la seule personne que je connaisse capable de finir mes phrases, d'anticiper ce que je vais dire.
Il est comme un frère jumeau, comme un autre moi-même. Je l'aime plus que tout au monde, autant qu'Hélène.
Autant qu'Hélène… C'est sans doute ça le problème. Est-ce que ce n'est pas anormal d'aimer un garçon comme on aime sa petite amie ?
Est-ce que je n'aurais pas du comprendre que cela allait déraper ? Ou peut-être était-ce juste une erreur, un coup de folie, comme ça, sous l'effet de l'alcool et de la drogue, sous l'effet de l'excitation nerveuse… ?
Oui, c'est sans doute ça… juste un geste un peu déplacé, mais innocent.
Maxime est tellement impulsif, tellement excessif. Un peu fou aussi. Il n'a peur de rien. C'est une tête brûlée, capable de tout.
Mais il n'est pas homosexuel. Je le saurais. Je le saurais, n'est-ce pas, s'il était homosexuel ?
Et je le saurais aussi si je l'étais moi-même, non ? Je ne le suis pas. Non, je n'aime pas les hommes.
J'aime Maxime, oui, mais pas comme ça. Pas sexuellement. Non, pas sexuellement…
Alors pourquoi ce baiser me perturbe-t-il autant ? Pourquoi est-ce que je lèche et cherche encore sur mes lèvres le goût de sa bouche ?
« Thomas ? Tu m'écoutes ? »
« Hein ? » Hélène me parle. Je suis perdu dans un autre monde.
« Ta mère t'appelle… » Je la regarde, l'air hébété.
Ma mère…
Ma mère m'appelle.
Tout d'un coup, je la vois surgir dans la cuisine où j'agrippe entre mes mains tremblantes de nervosité ma tasse de thé désormais froide.
« Thomas ! » s'agace ma mère en s'approchant de moi : « Le téléphone ! » s'écrie-t-elle énervée. « Tu n'as pas entendu ? »
« Non, désolé, maman… ». Je bafouille, l'esprit complètement embrumé. Ma tête est entièrement emplie par Maxime. Il n'y a, pour le moment, de la place pour rien d'autre que ce baiser, pour personne d'autre que pour lui. Je rejoue éternellement la même scène, j'essaie d'analyser encore et encore ce qui s'est passé, sans succès.
« C'est le frère de ton ami au téléphone… », me dit ma mère.
Je hausse un sourcil : « Le frère de Maxime ? Lequel ? Alex ? » Sans que je puisse rien contrôler, dans ma poitrine mon cœur se met à battre un peu plus vite. Je sens mes joues se colorer, mes mains devenir moites… Je me sens très mal à l'aise et je ne comprends pas pourquoi.
« Oui, c'est Alex… Il veut te parler. Ca a l'air assez urgent… C'est à propos de ton ami, je crois… »
Je bondis hors de la cuisine et me précipite vers le téléphone.
J'ai peur.
Oui, peur. L'angoisse m'étreint, elle me dévore, elle me tenaille.
Maxime…
Il est arrivé quelque chose à Maxime…
Je n'aurais pas du mettre fin à ce baiser, je n'aurais pas du repousser ses lèvres qui cherchaient encore les miennes.
Je n'aurais pas du le laisser fuir sans rien dire. J'aurais du le retenir, j'aurais du lui dire que ce n'était pas grave. Non, j'aurais du lui dire mieux que ça. J'aurais du lui dire que j'avais aimé ce baiser.
Oui mieux encore : j'aurais du le garder dans mes bras, j'aurais du lui rendre ce baiser…
Je saisis le combiné, le cœur affolé : « Alex ? Il est arrivé quelque chose à Maxime ? »
Ma voix désespérée doit le surprendre. Il a un temps d'hésitation : « Il… Non… il va bien... »
Je pousse un énorme soupir de soulagement.
Alex reprend : « Enfin… pas si bien que ça… Je… » Il hésite. Sa voix parait lasse, son ton est grave : « Thomas, il faut vraiment que je te parle… »
L'alarme qui s'était allumée dans mon cœur un instant plus tôt retentit à nouveau. Je suis inquiet. Je déglutis : « Quelque chose ne va pas ? Quelque chose à propos de Maxime ? Qu'est-ce qui se passe ? »
« Je ne peux pas t'en parler au téléphone, Thomas…Vraiment… C'est un peu trop délicat, et compliqué. On peut se voir, ce soir ? »
« Bien sûr. Mais c'est grave ? ». Je ne tiens plus, il faut que je sache.
« Je… Je préfère qu'on en parle de vive voix. Retrouve-moi au Pub Irlandais de la rue Clémenceau d'ici une heure, ok ? »
« J'y serai… »
Alors que je raccroche le téléphone, je sens bien que quelque chose ne va pas. Et que c'est à propos de Maxime… Un sentiment de culpabilité et d'inquiétude m'envahit.
J'ai comme l'impression que, quelque part, une bombe a retardement est là, prête à exploser…
A suivre…