Chapitre 25

Nous étions fin juin, mais Londres grelottait encore sous la pluie. Le matin même, Maxime m'avait dit, au téléphone, qu'il faisait un soleil superbe en France et que les températures étaient très douces. J'avais ri et l'avais mis en garde contre les frimas britanniques, insistant pour qu'il mette plus de pulls dans sa valise.

A présent, j'étais planté dans l'un des terminaux d'Heathrow, dans le hall des arrivées. J'étais nerveux, stressé.

Dans quelques minutes, il serait là, dans mes bras. Enfin.

Le veille, j'avais signé mon contrat, mon fameux 'CDI' à la sauce british, celui qui me transformait miraculeusement en cadre de la société, avec un salaire à faire pâlir d'envie. Je n'avais jamais eu autant d'argent de toute ma vie.

Et pour fêter ça, Abigail m'avait donné ma matinée, pour que je puisse aller chercher Maxime à l'aéroport.

On ne s'était pas vu depuis plus de quatre semaines et l'attente me rendait fou. J'étais excité comme une pile électrique, et un peu angoissé, aussi.

J'avais peur du grain de sable… peur qu'il lui arrive quelque chose… peur qu'il ne vienne pas… peur qu'il… je ne sais pas.

Pourtant, mes doutes étaient ridicules. Au fond de moi, je savais que tout allait bien se passer. Mais cette tentative de suicide avait laissé des traces en moi. Elle avait dopé mon côté protecteur et, en quelque sorte, renforcé mon sens des responsabilités.

Mes inquiétudes étaient pourtant sans objet. Maxime semblait aller très bien. On se téléphonait tous les jours. Et j'appelais aussi son frère, qui l'hébergeait. Selon Alex, Maxime s'était physiquement totalement rétabli. Il avait suivi son traitement à la lettre et avec une volonté sans faille.

Il mettait à présent à vivre tout l'acharnement qu'il avait mis auparavant à se détruire.

Sans doute aurait-il encore quelques médicaments à prendre, mais désormais, il était complètement sorti d'affaire.

Et moralement, Alex me répétait qu'il était littéralement transformé. Il avait l'impression de retrouver enfin son petit frère, comme il l'était l'automne dernier, lorsque lui et moi, on avait commencé à s'aimer.

Revenir en arrière, tout reprendre à zéro, me faire pardonner et l'aimer totalement et sans condition… C'était mon programme, et il me tardait tellement de pouvoir le mettre en œuvre !

Je n'arrêtais pas de regarder ma montre, puis le tableau des vols, alternativement. Le panneau d'affichage indiquait que son avion avait atterri un quart d'heure auparavant.

Je fixais la porte en verre opaque. Il devait être là, derrière la vitre, en train d'attendre ses bagages.

Je me dandinais d'un pied sur l'autre. Je n'aurais jamais dû boire autant de café…

Des tas de gens sortaient, poussant un chariot ou valise à la main. Des familles attendaient. Des enfants sautaient de joie, des couples s'enlaçaient amoureusement. J'assistais à de grandes embrassades. Le monde s'agitait autour de moi, et je crevais d'être encore seul.

Et puis enfin, au milieu de la foule, je le vis.

Il portait son pantalon de cuir noir, ses vieilles boots qu'il adorait, une veste de costume noire que je ne lui connaissais pas, et en dessous, une chemise blanche. Ses magnifiques cheveux noirs étaient toujours un peu longs, avec des mèches rebelles qui lui tombaient dans les yeux.

Il était beau comme un Dieu ! J'en eus presque le souffle coupé !

Dans ma poitrine, je sentis mon cœur fondre. Il était tellement éblouissant, tellement magnétique, tellement parfait… et cette admirable créature qui marchait au milieu d'inconnus, elle était à moi. Toute à moi…

Je voyais le regard des femmes se poser sur lui… un regard gourmand, sexuel, avide… Lui, indifférent à l'attraction animale qu'il exerçait sur les autres, s'avança vers moi, un sac sur l'épaule, et traînant une grosse valise. Il avait un sourire radieux et ses yeux ne me quittaient pas.

Je m'approchais le cœur battant. Il laissa tomber son bagage, lâcha sa valise et on s'enlaça fiévreusement.

C'était si bon de le tenir dans mes bras !

Je fourrais mon nez dans son cou, le respirant ostensiblement, me shootant à l'odeur de sa peau, regrettant de ne pouvoir l'embrasser là, devant tout le monde, à pleine bouche. On resta là, comme ça, nos corps blottis, pendant une bonne minute. Les gens passaient autour de nous sans nous voir, chacun vacant à ses propres activités.

Moi, je laissais le bonheur me pénétrer physiquement. Ses mains sur mes hanches, son souffle tiède sur ma nuque… et ma bouche embrassant la peau douce de son cou. J'y plaçais de petits baisers discrets qui le firent frissonner. Je le sentais frémir dans mes bras.

Et puis enfin, on parvint à se décoller l'un de l'autre.

Je le regardais, les yeux plein d'étoiles : « On y va ? »

« On y va… » répéta-t-il, prêt à me suivre au bout du monde.

Je savais qu'à présent, il s'abandonnait à moi. Complètement. Il n'avait ni travail, ni diplôme, ni argent, ni d'autre lieu pour habiter que chez moi. Il avait quitté son univers de misère, de drogue et de décadence pour s'en remettre à moi totalement, entièrement.

On prit la navette qui reliait l'aéroport au centre de Londres et dans le bus, cachés sous ma veste, on laissa nos doigts s'entrelacer. On passa tout le trajet à se chuchoter des mots tendres dans le cou, comme deux gamins excités.

Arrivés à mon domicile, Maxime fût enthousiasmé par mon petit appartement.

« C'est génial chez toi ! » me dit-il.

« Pas chez moi… chez nous… » rectifiais-je en lui tendant un double du trousseau de mes clefs. « Prends-les, ce sont les tiennes… »

Maxime les serra fort dans sa main et se blottit dans mes bras. « J'ai l'impression de vivre une sorte de rêve… »

Je glissais ma main dans mon cou et l'attirais à moi. Depuis tout à l'heure, je ne pensais qu'à ça : l'embrasser.

Lorsque ses lèvres touchèrent les miennes, c'était comme si plus rien d'autre n'existait, comme si ces mois de douleurs et de souffrances disparaissaient. Sa bouche, sa langue, ses baisers m'envoyaient des picotements dans la nuque et m'échauffait tout le corps.

Je sentis une érection se former entre mes cuisses. Et ce n'était vraiment pas le moment. Pas comme ça, pas si vite… et surtout pas maintenant.

Je rompis le baiser et murmurais : « Allez, jette tes bagages par là… » Je regardais ma montre : il était 11h15. « Tu déferas ta valise plus tard. Maintenant, je dois te livrer pieds et poings liés aux deux ogres qui réclament leur proie à corps et à cris depuis quatre semaines… »

Maxime fronça les sourcils sans comprendre. « Hein ? »

« Abigail, ma patronne, et sa secrétaire Peggy… »

« Oh ! L'équipe 'gay-friendly' ? »

« Exactement… » répondis-je en l'enlaçant à nouveau. « Allez viens… » Et je l'entraînais au dehors.

En allant vers la station de métro, je lui indiquais où était le Pub sympa le plus proche, la superette qui dépanne, le petit resto indien pratique, et surtout l'entrée d'Hyde Park.

« Tiens… » lui dis-je, en lui tendant des tickets de métro. « Il faudra que tu t'occupes de te faire faire une carte d'abonnement Oyster cet après-midi. Pense à prendre une photo d'identité… »

« Tu dois vraiment bosser tout le reste de la journée ? » soupira-t-il, tandis qu'on montait dans une rame.

« Oui… Mais demain, c'est samedi, on aura le week-end entier pour nous deux… » Je lui fis un sourire entendu : « Et puis, comme ça, cet après-midi, tu pourras défaire tes bagages et faire tout ce que tu veux dans l'appart', ok ? Tu es chez toi, Maxime… Prends possession des lieux ».

Il hocha la tête, ravi.

« Tiens, on descends là… Essaie de repérer les stations pour pouvoir faire le chemin de retour tout seul… »

« Thomas… Je ne vais pas me perdre, tu sais ! Arrête de t'inquiéter. Je ne suis pas en porcelaine… » murmura-t-il en me suivant dans les couloirs du métro.

Je ne pus réprimer un petit rire nerveux : « Désolé… »

« Non… Je comprends que tu sois un peu trop protecteur… » Son ton était devenu plus grave. « Mais… je ne recommencerais pas, tu sais… »

J'avais envie de le prendre dans mes bras, mais avec la foule autour de nous, c'était impossible. Je me contentais de lui murmurer à l'oreille que je l'aimais.

Nous arrivâmes à mon bureau un peu avant midi. Car j'avais un bureau à moi, à présent ! Un vrai bureau, avec mon nom en lettres noires sur plaque dorée fixée à la porte.

Maxime fût impressionné.

On n'était pas entré depuis deux minutes que des coups furent frappés à la porte.

« Can we come in ? » La voix d'Abigail, bien sûr.

« Of course ! »

Ma patronne entra, suivie de l'éternelle Peggy.

En voyant Maxime, Abigail ouvrit de grands yeux tout ronds et je pus voir dans son regard toute sa surprise et son éblouissement.

« Oh. My. God. » siffla-t-elle, en appuyant lentement sur chaque syllabe. « He's so hunky, Tommy boy ! Really handsome ! »

Je me tournais vers Maxime et lui soufflais à l'oreille : « Ma patronne te trouve très sexy… »

Ses joues se colorèrent légèrement : « J'avais compris », chuchota-t-il timidement. Il était visiblement étonné d'un tel accueil.

Abigail lui tendit la main et la lui serra longuement, en le scrutant avec avidité de la tête aux pieds. Elle se tourna ensuite vers moi : « Tommy, Tommy… I understand, now, why you're gay ! When you look at him, who wouldn't be ? »

Peggy, les joues tout à coup roses d'émotion, semblait tout aussi hypnotisée : « Nice to meet you, Maxime… It's wonderful to see you here, with us. You're very welcome! ».

« Enchanté… » répondit-il instinctivement en français. « I mean, nice to meet you… too… » Apparemment, il lui restait quelques notions d'anglais héritées du lycée.

On parla une dizaine de minutes et j'aidais parfois Maxime en jouant les traducteurs. Et puis, Abigail redevint sérieuse : « Ok, boys. Time to go back to work. I need Tommy for a lunch, Maxime ».

Elle se tourna vers moi et m'enlaça le bras possessivement : « Mister Jonnesy waits for us at noon at the Japanese restaurant… He seems ok with the last version of the contract. He's apparently ready to sign it today… I'm sure he will, after two bottles of good French wine ! »

« Ok… I'm ready… »

Puis, Abigail se tourna vers Maxime : « It was a real pleasure to meet you… Come to see Tommy any time you want. You'll always be welcome here, you understand ? »

« I do… » répondit Maxime en la fixant de ses grands yeux innocents. Puis, il me jeta un regard un peu perplexe, ne sachant comment me dire au revoir.

Je lui fis un petit clin d'œil : « A ce soir… »

Abigail me poussa vers Maxime d'un coup d'épaule : « Hey ! You can kiss him, you know ! I kiss my husband when he comes to see me… »

Devant la requête insistante de ma boss, je déposais un rapide baiser sur les lèvres de Maxime, et lui murmurais à son oreille : « Je crois qu'elle aime voir les jolis garçons se faire embrasser par des hommes… »

Maxime étouffa un rire bref et me répondit : « A ce soir… », avant de lancer un « Bye, bye » à la cantonade.

Je le regardais partir en soupirant, tandis qu'Abigail me susurrait à l'oreille, d'une façon très taquine : « How many hours before bedtime ? Humm… Poor baby… This day is gonna be so long… »

« You're such a tease… » lui rétorquais-je en fronçant un sourcil amusé.

Elle se mit à rire, puis ajouta d'une voix tendre et maternelle : « He's adorable. Trully adorable. Make him happy, Tommy. He deserves it ».

Je hochais la tête : « I promise I will… »

Puis, elle me fit un petit sourire en coin et ajouta d'un air un peu coquin : « And bring him over here anytime you want, ok ? I really love watching you kissing your boyfriend. Don't you, Peggy? » demanda-t-elle à sa secrétaire, devenue rouge pivoine.

Peggy hocha la tête positivement en se dandinant d'un pied sur l'autre : « You two are trully awesome together ! »

Abigail me prit par le bras et ajouta en riant : « Believe me, Thomas. For romantic women, nothing's better than boys' touching ! »

o o o

Le soir, je me sentis tout drôle lorsque j'ouvris la porte de mon appartement. Il y avait de la lumière, le bruit vague d'une radio, et une odeur alléchante me prit par les narines.

« C'est moi ! » Je jetais mes clefs et ma veste dans l'entrée et je le trouvais en cuisine, en train de mijoter un plat dans une poêle à frire. Je me glissais dans son dos et l'enlaçais par derrière : « Ca sent terriblement bon… »

« Pommes de terre, tomates, poivrons rouges, petits oignons et poulet… » m'expliqua-t-il en remuant le tout. « J'ai été obligé de faire quelques courses car dans tes placards, à part des boites de conserves, je n'ai pas trouvé grand-chose… Et je ne parle même pas de ton frigo… »

J'embrassais sa nuque et je sentis son corps frémir contre le mien. « J'ai très très faim… » susurrais-je dans son cou, à la fois gourmand et excité.

« C'est prêt… » répondit-il, sans relever mon allusion sexuelle.

On dîna en se regardant béatement, tout en se racontant nos journées respectives.

« Tu as été au Pub, dans un vrai Pub anglais, boire une Pelforth ? »

« Même pas… » Il avala une bouchée puis ajouta : « Tu ne devineras jamais ce que j'ai fait ! J'ai été nourrir les écureuils à Hyde park, tu le crois ça ? »

« Ah ! Moi aussi, j'adore ça… »

« Et puis, j'ai été boire un thé, dans une sorte de self-service, au bord de la rivière Serpentine… et j'ai regardé les canards… » Il se mit à rire. « Tu crois qu'à ce rythme-là, je vais me transformer en sujet de sa Très Gracieuse Majesté ? »

« En France, on allait déjà au Pub… Je crois qu'on avait déjà un peu le virus britannique, non ? »

« Probablement… » Il se leva de table : « Tu veux un dessert ? J'ai acheté de la mousse au chocolat… »

« Mmmmhhh… Oui, amène ! »

Il rapporta deux petits pots qu'on dégusta avec délectation, en léchant ostensiblement nos cuillères.

« Thomas… »

« Oui ? »

« Faut vraiment que tu meubles cet appartement… Tu m'as dit de défaire ma valise, mais chez toi, il n'y a pas de placards… J'ai dû mettre toutes mes affaires par terre… »

« J'attendais mon premier chèque, mon premier salaire… » Je me mis à sourire bêtement, heureux de gagner ma vie, heureux de pouvoir faire plaisir au garçon que j'aimais. « Alors, ce week-end, on ira faire les magasins. Et tu choisiras tout ce que tu voudras… »

« Il faudrait des placards, des commodes avec plein de tiroirs… Oh ! Et puis un canapé aussi… »

Je jetais un regard circulaire dans la pièce : à part une table, deux chaises et une caisse en carton, la pièce était effectivement vide et pas très fonctionnelle. « Tu as raison… » acquiesçais-je. « Et une télé, aussi, non ? »

« Ah, ouais ! Comme ça, je pourrais essayer de perfectionner mon anglais en regardant des émissions ou des séries débiles. Depuis le Bac, qu'est-ce que j'ai perdu ! » soupira-t-il, en posant son menton sur son poing fermé. Puis, il dirigea son regard vers moi : « Tu veux un café ? »

« Non, jamais le soir… ça m'empêche de dormir, après… »

Et vu l'état d'excitation dans lequel j'étais, il ne valait mieux pas en rajouter !

Après ce dîner, j'étais repu, heureux, épanoui comme jamais je ne l'avais été de toute ma vie.

A présent, j'avais peur de commettre un impair, de le bousculer, d'être un peu trop rapide, un peu trop pressé… Après tout ce qu'il avait vécu, et je ne pensais pas seulement à la drogue, je craignais de faire un faux-pas. Et je voulais que tout soit tellement parfait pour lui. C'était à moi à lui redonner confiance.

Je pris sa main par-dessus la table et la caressais avec langueur : « Demain, c'est samedi… On pourra faire la grasse mat'. Alors si tu veux, on peut sortir, ce soir… Tu veux qu'on aille boire une bière au Pub ? » lui demandais-je en tentant de ne pas paraître trop nerveux.

« Non… » fit-il, en me fixant intensément. « J'ai envie d'aller au lit… »

« Tu es sûr ? » Ma voix était devenue subitement rauque. J'avais chaud partout.

« Oui… » Il se leva et m'attira à lui sans lâcher ma main : « Viens… »

Ce soir là, on se déshabilla doucement, avec des gestes prudents, presque hésitants, comme lorsqu'on avait fait l'amour pour la première fois.

Je prenais un plaisir un peu masochiste à faire durer le plaisir de le dévêtir, laissant mon désir devenir tellement intense qu'il en devenait douloureux.

Et puis, j'aimais le regarder se laisser déshabiller docilement, sentir sa peau frissonner sous mes doigts, et son sexe devenir dur et énorme sous mes caresses.

On se glissa sous les draps, le souffle court, la respiration trop rapide, et le cœur battant la chamade.

Lorsque nos corps se touchèrent et que je sentis sa main se faufiler entre mes cuisses, je saisis fermement son poignet : « Attends… »

« Quoi ? » Il me regarda avec des yeux surpris.

« Je… Je suis tellement excité que j'ai peur d'aller trop vite… »

« Vraiment ? » Il passa sa langue sur ses lèvres, visiblement émoustillé à l'idée que je ne puisse me retenir.

Je haletais : « Il faut que je t'avoue quelque chose… Je n'ai pas fait l'amour depuis six mois… »

Il fronça brièvement les sourcils, concentré comme s'il calculait, comptant apparemment les mois. Et puis, ses lèvres esquissèrent un sourire ému : « Tu veux dire que depuis moi, il n'y a eu personne ? »

« Personne, non… Ni garçon, ni fille… Je n'ai jamais pu… » confessais-je pudiquement. « Bien sûr, le soir, dans mon lit, je me caressais… »

« Et tu pensais à moi ? » murmura-t-il, le regard fiévreux et empli d'amour.

« Je ne pensais qu'à toi, Maxime… Je me faisais venir en fantasmant sur toi… »

Il mordilla ses lèvres, honteux et gêné : « Alors que moi… »

Je posais mon doigt sur ses lèvres, l'intimant de se taire. « Je ne veux rien savoir… Tout ça n'a aucune importance. » Je ne voulais pas qu'il se sente coupable, ni qu'il repense au passé.

Il m'embrassa alors avec fougue et passion, frottant son corps excité contre le mien : « Je t'aime, Thomas… Je t'aime comme un fou… » chuchota-t-il au creux de mon oreille, envoyant comme une décharge électrique directement dans mon ventre. J'avais les reins en feu.

« J'ai… très très envie de toi… », susurrais-je dans son cou, en le couvrant de baisers.

Je sentis sa main se glisser à nouveau entre mes jambes. Cette fois, je ne l'arrêtais pas. Je le laissais prendre le contrôle de mon corps, et me faire jouir à sa guise, à son rythme, au mouvement de sa main… Il pouvait bien faire de moi ce qu'il voulait. Je n'attendais que ça.

L'orgasme me prit très vite et il fût si fort que j'eus l'impression que mon cœur explosait dans ma poitrine. Lorsque je rouvris les yeux, haletant et le corps luisant de transpiration, je vis son regard amoureux et excité posé sur moi. Je sentis sa main se fermer autour de mon poignet et me conduire à son tour entre ses cuisses.

Mais ce n'est pas ce que je voulais, non. Je l'embrassais et murmurais : « Allonges-toi sur le dos… »

Il me fixa d'un air étonné, mais se laissa faire.

Je me plaçais au-dessus de lui et chuchotais : « J'ai envie de… » Je ne terminais pas ma phrase et commençais à descendre le long de son corps parfait. Je traçais du bout de ma langue mon chemin sur son torse, en direction de son ventre.

Il comprit aussitôt : « Tu veux vraiment ? »

Jamais je ne lui avais donné le plaisir extrême qu'il avait su si souvent m'offrir. Je lui répondis avec franchise, livrant enfin mes pensées les plus intimes : « Depuis des mois, je n'ai pas arrêté de fantasmer en m'imaginant en train de te prendre dans ma bouche, et de te sucer jusqu'à ce que tu jouisses… » confessais-je, sans pudeur aucune. « Je me masturbais souvent, dans ce lit, en pensant ça… »

Et je transformais aussitôt mon fantasme en réalité.

« Thomas, je… oh… »

Son petit hoquet de surprise lorsque je le pris dans ma bouche, puis ses gémissements de plaisir, m'excitèrent encore plus. J'avais envie de ça, de lui, de son sexe d'homme… de tout lui donner, de tout goûter. Je n'avais plus ni réticence, ni honte.

En moi ne subsistait plus qu'excitation, gourmandise et désir. J'osais enfin m'abandonner, sans tabous, sans conditions, sans limites…

J'osais enfin l'aimer. Tout simplement. Complètement.

FIN –

Je vous avais promis que c'était une romance. Et voilà le 'Comfort', après tout le 'Hurt'. Ainsi, « Sans contrefaçon » est terminée. Mais je n'ai pas pu me résoudre à abandonner Maxime. Car finalement, dans cette histoire, narrée d'un point de vue subjectif, il demeure lointain et mystérieux. On ne le connaît qu'à travers le regard biaisé et déformant de Thomas, et par les aveux d'Alex, son frère. Mais le récit d'Alex (notamment celui du chapitre 3) est partiel, on ne sait ce qu'Alex sait vraiment, ce qu'il cache encore…

Peut-être avez-vous envie, comme moi, d'en savoir plus ? Peut-être souhaitez-vous faire en voyage dans le passé…? D'un point de vue littéraire, l'horreur de la maltraitance envers les enfants et de l'homophobie m'intéresse autant que la naissance des sentiments et la découverte de son homosexualité chez un pré-ado. Alors, si vous voulez en savoir plus sur l'enfance et l'adolescence de Maxime, l'histoire est publiée ici, sur ce site. Le titre de ce 'prequel' ? « Le baiser ». (en référence au chapitre 3 de cette histoire). Oui, « Le baiser ». Car c'est là que tout a commencé.

Merci en tout cas d'avoir été là et d'avoir aimé « Sans contrefaçon ». MERCI !