Les Silencieux
« Les Silencieux, les Silencieux
Ne bouge pas, ne parle pas,
Si tu oses un mouvement
Ils te prendront aux cieux,
Si tu t'en vas
Prend garde aux sifflements
Car les Silencieux sont là… »
Il se réveilla en sursaut, le front trempé par la sueur. Les draps blancs poisseux. Il fixa la pièce le temps de retrouver ses esprits. Sa chambre… Il soupira de soulagement, le cœur battant. Il posa ses yeux brun sur son bureau noir contre le mur couleur sable. Son regard navigua sur la penderie encastrée et sur ces fenêtres ouvertes où les rideaux dansaient doucement dans la brise chaude de l'été. Enfin calmé, il s'étala sur ses draps passant une main lasse dans ses cheveux blonds foncés. Encore ce poème... Il pensait pourtant l'avoir oublié après toutes ces années. Mais depuis quelques jours, ces phrases hantaient ses nuits. Peut-être l'approche de l'anniversaire de la mort de son père ?
Cela faisait déjà deux ans que son père était décédé. Un homme chaleureux qui lui lisait souvent des légendes sur l'ancien monde. La provenance de ce poème en faisait partie. Il se souvenait du jour où son père le lui avait conté. Il devait avoir douze ou treize ans peut-être. Il était assis sur son lit entrain de dessiner quand son père était entré dans sa chambre. Ce jour-là, son visage portait des traces d'inquiétude. Il tenait sous son bras un livre au papier jaunis. Etant archéologue cela ne l'avait pas étonné. Son père passait son temps à trouver des livres plus vieux les uns que les autres parlant de l'ancienne époque. C'était son métier et sa passion.
Mais cette fois-ci, ce livre n'avait aucune similitude à ceux qu'il avait habitude de voir. Cela ressemblait plus à des mémoires. Puis, son paternel s'était assis sur son lit, il s'était empressé de grimper sur ses genoux, tout heureux. Et il lui avait récité le poème lentement, pour son petit âge. Quand enfin, il avait posé la question qui était les Silencieux, son père avait eu ce sourire tendre et réconfortant.
« Des créatures de l'ancien monde, des créatures dangereuses, qui au moindre bruit, pouvaient te tuer. Démunie de corde vocale, elles communiquent par sifflements. Elles nous ressemblent sans pour autant l'être. Elles marchent, mais leur yeux sont vides de vie, tout ce qu'ils les intéressent est de se nourrir. Mais elles n'existent plus aujourd'hui. Ou tout du moins pas dans notre monde, alors n'ait crainte. »
C'est ce qu'il lui avait expliqué. Et ces mots l'avaient réconforté jusqu'ici. Son père savait de quoi il parlait, mais ce poème revenait en lui avec force comme un avertissement.
Il balaya ses souvenirs douloureux d'un mouvement de tête et s'assit dans son lit. Il était temps de se lever, de profiter des vacances scolaires, du beau temps et de refaire le plein d'énergie ! C'était ce en quoi sa vie de lycéen de dix-sept ans consistait.
Il attrapa un débardeur blanc et l'enfila. Il lorgna sur l'horloge qui affichait neuf heures trente. Il pesta dans sa barbe naissante. Il sortit son portable et regarda le jour, lundi quatorze juillet deux mille trois cent douze. Il se frappa mentalement la tête. Aujourd'hui, il avait rendez-vous avec Helene, sa petite amie depuis huit mois. Il sortit dans de sa chambre et passa une seconde porte au bout du couloir pour entrer dans une salle de bain à la douche italienne aux carreaux bleus turquoise. Il se lava rapidement et passa une serviette autour de la taille. Il essuya négligemment le miroir convers de buer pour se retrouver face à son visage au fin contour ; une bouche pincée, un nez droit qu'il trouvait trop long, des yeux bruns qui l'observaient. Ses sourcils noirs épais se froncèrent en voyant une mèche blonde rebiquée sur sa tête. Ses cheveux lisses descendaient à peine dans le cou pour remonter sur ses oreilles percées d'une boucle en argent. Une frange sur le côté et une mèche sur l'autre lui donnaient un air rebelle. Son physique était tout ce qu'il avait de commun. Il disait souvent qu'il était passe-partout avec un physique comme le sien. Pas maigre, mais pas gros, pas plat mais pas de tablette de chocolat. Juste ce qu'il fallait ou il fallait, banal en somme.
Il sortit en trombe de la salle d'eau pour repartir dans sa chambre. Il attrapa un boxer, un débardeur noir et un jean troué qui enfila. Il agrippa ses baskets noirs et les passa en soupirant. Il courut dans le couloir, attrapa la rampe au passage et descendit les marches quatre à quatre.
-Ewan, mon chéri vient déjeuner… Appela la voix d'une jeune femme.
-Pas le temps, maman !
Une tête blonde sortit de la porte qui devait être la cuisine pour sourire à son fils. Ses yeux vert pétillant se posèrent tendrement sur son garçon.
-Helene ? Demanda sa mère.
-Oui. Lâcha le garçon dans un sourire crispé.
Sa mère était une magnifique femme de quarante-cinq ans avec de longs cheveux blonds et des yeux verts. Beaucoup de personne disait qu'il lui ressemblait même si certains côtés appartenaient à son père. Son rire avait toute la fraicheur d'une jeune fille. Elle avait toujours été forte après la mort de son père. Continuant à avancer courageusement, le sourire aux lèvres.
-N'oublie pas de manger ! Ordonna faussement d'un air sévère sa mère en repartant.
-Oui. T'aime maman, à ce soir. Répondit le garçon en sortant sur le perron de la maison.
Ses yeux se levèrent vers le ciel où un dôme de verre surplombait la ville. Antracia était une ville flottante, refuge et prison pour les survivants de la grande guerre. En dessous, se trouvait une terre désertique… C'est ce que nous racontaient les livres d'histoire mais était-ce bien réel ? En bas, ne restait-il vraiment rien ? Au fils du temps, le monde oublia bien vite que cette ville flottait dans les airs. C'était devenu une habitude. Ewan baissa les yeux sur les maisons blanches qui constituaient la cité avec quelques arbres verts montant ver le ciel en verre.
Une heure plus tard, il retrouva Helene, et plusieurs de ces amis, dans un café de la ville. Ils les saluèrent en s'asseyant à côté de la jeune fille aux longs cheveux châtain clair à qui il dédia un baiser passionné.
-Alors que va-t-on faire aujourd'hui ? Demanda l'un d'eux en soupirant.
-Et si on allait au lac ? Proposa une jeune fille nommé Mira.
-On y est allé hier… Rétorqua un autre en s'affalant sur la table.
-Et le ciné ? Lâcha son frère.
-Non mais t'as vu ce temps et tu voudrais qu'on aille s'enfermer dans une salle ?! Grogna Helene.
- Vous ne voulez pas aller au parc ? Exposa-t-il au cinq du groupe.
-Pourquoi pas c'est toujours mieux que prendre racine. Commenta Mira.
La journée passa doucement pour Ewan et ses amis. Mais ils ne s'ennuyèrent pas. Le soir arriva lentement et ils observèrent les étoiles venant illuminées le ciel d'une chaleur réconfortante. Il tenait dans sa main celle d'Helene. Doucement leurs lèvres se celèrent.
Ils se séparèrent tard dans la nuit. Chacun rentra chez lui. La nuit était silencieuse. Son téléphone sonna et il décrocha en voyant le numéro de sa mère s'affiché.
-Maman ? Appela-t-il un peu surpris.
-Ewan, où tu es ? Tonna la voix de sa mère non pas d'énervement, mais de peur, d'hystérie même.
Il lui indiqua par téléphone où il se trouvait précisément.
-J'arrive, ne bouge pas !
Quelques minutes plus tard, une voiture se gara, prête, de lui. Sa mère baissa la vitre.
-Monte.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Je …
-Monte, coupa-t-elle, nous n'avons plus le temps !
Ewan grimpa dans le véhicule et sa mère accéléra. Les rues défilèrent. Il n'avait jamais vu sa mère aussi inquiète, apeurée, le visage crispé. Le cœur du jeune homme se mit à battre la chamade.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Cria-t-il plus qu'il ne l'aurait voulu.
-Les Silencieux… Lâcha sa mère le visage blême.
Le garçon avait du mal à comprendre. Les Silencieux étaient une légende ? De plus, son père avait dit qu'ils n'existaient pas dans ce monde !
-Mais ils n'existent pas … Maman ce n…
-Ewan ! Hurla-t-elle paniquée. Ces créatures existent ! Elles ont toujours existé sauf qu'elles viennent d'en dessous. Comment elles ont pu monter, nous n'en savons rien. Mais il y a des années, nous avons trouvé un passage menant au monde d'en bas. Nous pensons qu'un scientifique en a ramené pour les étudier. Le problème c'est qu'elles se sont liberté…
-Attends ! Helene, et mes amis ? Interrogea-t-il alarmé.
-Trop tard, chuchota sa mère les larmes aux yeux. Tu vas prendre un ascenseur et descendre. Ewan, en bas, il y a des hommes et des femmes. Nous leur avons parlé, le chef s'appelle Maren. Ecoutes-moi mon chéri, le poème que t'as récité ton père te servira. Tu t'en souviens ?
-Oui, oui…
Il ne savait plus quoi penser de tout ceci. Sa mère était une archéologue, une diplomate. Elle avait donc visité le monde d'en dessous ? Il avait du mal à y croire.
Sa mère se gara devant un vieux bâtiment aux grandes baies vitrées. Elle descendit. A ce moment, un cri agonisant résonna dans la cité suivit de bien d'autre, à cette minute le jeune homme comprit l'urgence de la situation. Il la suivit absorbé par l'étrange bâtisse. Et en même temps, la peur lui tordait les entrailles. Le ciel était couvert de nuages noirs et les étoiles avait disparu.
Sa mère entra et il fit de même pour se retrouver dans un grand hall où un escalier menait à des ascenseurs. La jeune femme se dirigea vers une pièce informatique en bas des escaliers et appuya sur un bouton parmi d'autres de différentes couleurs et les portes métalliques s'ouvrirent dans un grand bruit. Ewan recula effrayé.
-Qu'est-ce que…
-C'est l'ascenseur. Monte dans l'un d'entre eux. Ordonna-t-elle.
-Et toi ? Paniqua le jeune homme.
-Non, mon chéri…
-Je ne pars pas sans toi...
-Ewan.
- Non, lâcha-t-il entre ses larmes. Pas sans toi.
-Ewan, dit-elle en le prenant dans ses bras. J'irais après toi. Ces cabines ne peuvent supporter qu'une seule personne.
Elle desserra ses bras et le conduit en haut où une table de commande était installée. Sa mère l'installa debout dans le tube et le ceintura avec la boucle de sécurité. Elle caressa sa joue tendrement. Elle recula jusqu'à la table de commande.
-Je t'aime mon fils. Dit-elle dans un crie déchirant en appuyant sur un bouton.
A ces mots, la cabine se referma. Ewan comprit à cet instant qu'il ne la reverrait jamais. Son cœur se serra au point de lui couper la respiration. Il pleura sa détresse. Il cogna sauvagement contre les parois transparentes pour sortir mais impossible. Il cria. Il hurla.
Puis le visage de sa mère disparut et il ne vit défilé que le ciel gris. Il n'avait pas compris ce qu'il c'était passé. Il y a deux heures encore, il embrassait Helene…. Ces amis, Helene, sa mère, il avait conscience de ne plus jamais les revoir… Sa vie venait de s'effondrer en même pas une nuit. La vitesse lui fit perdre connaissance. Le noir gagna son esprit.
Le bruit des feuilles des arbres lui fit ouvrir les yeux. Il s'assit et fixa le ciel à travers la forêt épaisse qu'il l'entourait. Le jour pointait tout doucement du haut des cimes des grands arbres, d'une lueur bleu pale. Il vit dérivé la cité volante en feu. Il entendait les hurlements jusqu'ici, où les imaginait-il ? Il ne savait plus vraiment. Ces larmes roulèrent sur ses joues en pensant à sa mère restée là-haut, à ses amis, à Helene. Puis elle explosa dans un bruit sourd. Son cœur manqua un battement. Il se leva en débouclant la ceinture et tomba à genoux complétement choqué. Puis l'information arriva au cerveau et il hurla sa peine. Il cria cette perte.
Pendant dix-sept ans, il avait vécu dans cette ville protégée de tout. Pendant dix-sept ans, il avait cru que cela serait toujours pareil et maintenant ce monde n'existait plus. Sa mère qui l'avait tant protégé, ces sourires, son visage tout ceci n'existait plus. Tout venait de partir en fumé, et tout ce qu'il restait était les débris qui pleuvaient dans le ciel. Ses sanglots vinrent couvrir ses cris.
Une main se plaqua brusquement sur ses lèvres alors que son corps partit en arrière pour se retrouver contre un torse, arrêtant ses pleurs. Son cœur accéléra la cadence sous l'effet de la peur.
-Chuttt ! Souffla une voix grave à son oreille. Si tu continues, tu vas rameuter tous les Silencieux du coin.
Il hocha la tête pour faire signe à l'inconnu qu'il comprenait ce qu'il voulait dire. Et il le comprit encore plus quand il vit un homme se trainait sur ses jambes avancer doucement vers eux. Il sentit l'inconnu se crisper contre lui. Ses yeux étaient vides et blanc. Ils étaient aveugles. Il comprenait mieux pourquoi ils réagissaient au bruit. Des dents pointues sortaient d'une bouche difforme. Et pourtant, il semblait habillé comme lui. Il comprenait mieux le sens du poème. Ewan le fixait sans bouger. Et l'homme derrière lui faisait surement de même. Le Silencieux passa à côté de lui sans bruit, sans un froissement de vêtement. Le garçon le trouvait effrayant. Puis il disparut entre les arbres. Ewan se leva et se tourna vers l'homme qu'il lui avait sauvé la vie malgré lui.
La surprise se peignit sur son visage. C'était un homme d'une beauté à couper le souffle. Les cheveux ébène courts en bataille, des sourcils noir épais et les yeux bleus turquoise. Une couleur qu'il n'avait jamais vu. Un nez droit descendant sur une bouche fine entourée d'une barbe de trois jours. Le visage carré. Il portait une chemise noire et ample à manche courte mais il pouvait aisément imaginer une musculature impressionnante. Il était vêtu d'un pantalon noir moulant où des jambes musclées étaient dessinées avec précision, pour terminer par des rangers noirs serré au mollet. Il avait le teint mâte qui contrastait sa peau pâle.
-Un gamin ? S'exclama la voix choquée de l'inconnu.
Ewan fit la grimace, en effet pour lui il semblait être un gamin. Et il pouvait imaginer la différence d'âge qu'il y avait entre eux. Cet homme devait avoir la trentaine aux grands maximums. Bien que, le jeune garçon se considérait déjà bien ancré dans sa tête, il ne pouvait en aucun cas vieillir son âge. Il fixa le ciel, et ferma les yeux. Son cœur était douloureux. La seule fois où il avait sentis pareille douleur c'était à la mort de son père…
-Ewan, pas gamin. Sourit tristement le jeune homme.
L'homme le fixa un instant avant de regarder le ciel.
-Dayn. Se présenta-t-il d'une voix douce. Tu viens de là-haut ?
Ewan hocha la tête douloureusement dans l'impossibilité de répondre oui ou non comme si le faite de l'énoncer à haute voix le réduirait en miette. L'homme ne dit rien de plus et accepta la réponse.
-Suis-moi, ordonna-t-il en reprenant sa voix grave.
Le garçon n'avait pas d'autre choix. La compagnie des Silencieux était hors de question. Il talonna son guide, marchant derrière lui à travers les bois. Mais maintenant qu'espérait-il vraiment ? Sa vie avait-elle encore un sens quand il ne restait plus rien ? À quoi bon continuer à marcher et pour aller où ? Bien qu'il se pose toutes sortes de question, son corps répondait tout seul et continuait d'avancer alors que sa tête s'était arrêtée. Son esprit s'était déconnecté tant la souffrance était indomptable. Chaque parcelle de lui criait et hurlait en silence. Tout en lui appelait à la. Et pourtant tel un pantin ses jambes le faisaient progresser à travers les bois.
L'homme s'arrêta devant un énorme arbre. A ce moment, le garçon vit où il se trouvait. Au-dessus de lui, à des hauteurs vertigineuses, se trouvait des passerelles suspendues dans le vide, reliant chaque arbre. Des gens passaient dessus portant des corbeilles, d'autre les fixaient. Il remarqua que chaque arbre était une maison. Ces hommes avaient su s'adapter à leur environnement hostile. Il vit une espèce de cage en bois descendre. L'homme monta dedans et lui fit signe de grimper. Lentement l'espèce d'ascenseur monta. Il fixa le sol qui s'éloignait de lui. Il était déjà à cent mètre du sol quand ils s'arrêtèrent.
Dayn descendit et le garçon continua à le suivre. Ils traversèrent une première passerelle. La première maison était enfaite une tour de guet creusée dans le tronc. Leurs ascensions continuèrent et ils arrivèrent à la première maison. Elles étaient toutes creusées dans le bois muni d'une large plateforme autour.
-Oh Dayn ! Salua une jeune femme, les cheveux châtain foncés.
Elle avait une ressemblance avec cet homme. Peut-être le même nez. Elle avait de grands yeux verts, elle semblait chaleureuse et souriante.
-Salut Clavis. Répondit-il avec un large sourire.
-Tu reviens d'en bas ? Demanda-t-elle d'un air n'ayant pas vu le jeune garçon derrière. Tu as vu ? La cité flottante a pris feu avant d'exploser.
-Clavis ! Gronda-t-il en lui faisant signe de l'œil au garçon derrière lui.
- Mon dieu… Lâcha-t-elle choquée et surprise. Ce n'est qu'un enfant. Il vient…
Elle n'acheva pas sa phrase en voyant le visage de son frère qui lui en disait long. Elle fixa le jeune homme qui semblait épuisé.
Ewan n'en pouvait plus, il était au bord des larmes. Il les ravala avec bravoure. L'homme reprit sa marche. Le garçon repartit sur ses talons.
Au bout de vingt minutes de monté, ils arrivèrent vers une grande maison. Les passerelles pouvaient prendre plusieurs chemins, c'était un vrai labyrinthe dans les airs. Dayn toqua à la porte jusqu'à ce qu'une voix enrouée réponde. Il entra suivis du garçon.
-Chef ? Appela l'homme. La cité volante vient de tomber. J'ai trouvé ce garçon dans une des capsules qu'avaient empreinté les gens qui étaient venu nous voir.
-Ceci est bien triste. Répondit la voix enraillée. Il y avait beaucoup de gens d'après ce que j'avais compris. C'était de braves personnes. Qui est cet enfant ? Présente-toi mon garçon.
Un homme sortit de l'ombre appuyé sur une canne. Les cheveux grisonnant, les traits tirés et marqués par les rides. Ewan lui donnait quatre-vingt ans, voire plus.
-Je m'appelle Ewan Nanti, monsieur. Formula-t-il sur un ton cassé.
-Nanti dis-tu ? Reprit le vieil homme. Ta mère ne serait pas Noém Nanti ?
-Oui monsieur. Lâcha-t-il alors qu'un sanglot noua sa gorge.
Ewan ne put le réprimé et tomba à genoux le corps parcouru de tremblements. Il essaya de faire taire ses pleurs mais n'y arriva pas. Aucun des deux hommes ne vint lui sortir les mots de compassion qu'il avait souvent entendu lors de la mort de son père et pour cela il les en remercia. Ils restèrent silencieux attendant qu'il se calme.
La fatigue lui tomba d'un coup dessus et il s'écroula sur le sol en bois la respiration saccadée par les restes de sanglot encore bloqué. Le noir l'envahit et il perdit connaissance…