PROLOGUE
Ce jour-là, le contrôle de ma vie m'a échappé... Ces pouvoirs, ou plutôt...ses pouvoirs... En quoi m'ont-ils aidé ? J'avais plutôt l'impression qu'ils m'amenaient lentement à la frontière de la folie ! Pourquoi m'a-t-il choisi ? Était-ce dû à mon insociabilité ? Ou alors à ma nette différence de mentalité avec les autres lycéens ? Et puis... Cette cabine... Cette foutue cabine téléphonique pourquoi y suis- je entré ? Elle m'a complètement changé... Mon état permanent naturel de lassitude s'est peu à peu changé en une envie de haine et de vengeance, d'insatisfaction et de pouvoir, ainsi qu'en un questionnement sur ma condition et un refus de la réalité, un tumulte de morts et d'accidents causés par la fatalité... Lorsqu'elle me revient à l'esprit, je ressens tout le poids de l'isolement et de la solitude m'écraser comme un vulgaire insecte... Une cage mortelle. Une atroce prison de verre. Les définitions parfaites pour représenter l'horreur de cette cabine... Mais quel est donc le chemin que j'ai emprunté ? L'esprit de ce démon séjournant dans mon crâne devait se douter que ça tournerait mal... Ou peut-être n'en savait-il rien. Ce qui était certain, c'était que ni lui ni moi ne pourrait désormais vivre sans subir le poids fatidique de nos actions commises.
La vie des autres a-t-elle la même valeur que la mienne ? Est-ce moral de considérer que l'existence de certains individus est une erreur, voire une aberration ? Si oui, cela me donne-t-il réellement le droit de juger qui est un déchet et qui ne l'est pas ? La fin visée prime-t-elle sur les moyens utilisés pour l'actualiser ? Vaut-il mieux vivre dans la solitude et la marginalité, et dans ce cas, souffrir en silence sans que personne ne s'en aperçoive ou ne s'y attarde, ou au contraire se tourner vers autrui, faire un pas vers l'inconnu, mais ainsi se blesser mutuellement et revenir au point de départ de notre existence ? A qui peut-on véritablement faire confiance ? La différence peut-elle être douloureuse ?
Ces questions philosophiques se chamboulaient dans ma tête tel un boucan infernal. Se formait ensuite une lacune considérable dans mon esprit. En effet, aucune réponse n'apparaissait en soi. Les solutions trouvées n'étaient pas des vérités objectives mais subjectives, provenant de mon cœur et de mon âme, ne relevant ainsi aucunement d'une science métaphysique exacte... Mon seul besoin était pourtant de savoir. Comprendre et savoir sont deux choses différentes. La compréhension approximative de mes actes et de mes réflexions était bien futile afin d'arriver à ma visée réelle. Ce qui m'intéressait était d'être totalement sûr que je ne faisais cela en vain. Je voulais savoir si ma descente aux enfers était bel et bien bénéfique pour la majorité de la population, et que cela ne relevait pas d'un fléau sanguinaire ne cherchant qu'à amener la sentence de la mort uniquement par haine et plaisir... Néanmoins, peut-être que mon choix était à la fois la meilleure... Et la pire des choses.