Chapitre 1
Un regard glacé, une sensation chaleureuse.
La sonnerie retentit, annonçant la fin tant attendue des cours. Quelques élèves soupirèrent de soulagement, d'autres s'autorisèrent même des cris triomphants. Rien ne pouvait nous réjouir plus que l'arrivée du week-end ou du moins, les concernant.
Me considérer à part serait peut-être égocentrique, mais je l'avais toujours ressenti. Rentrer chez moi signifiait devoir supporter les brimades. Contrairement à la plupart des lycéens, l'école était un endroit où je pouvais me réfugier. En un an et demi, depuis ma première année, j'avais réussi à être suffisamment amical avec tout le monde pour devenir populaire. De plus, mon physique détonnait – coloration châtain clair, où mes racines d'une couleur plus foncée ressortaient, et boucles d'oreilles. Au début, je n'avais pourtant pas adopté ce style pour être populaire il venait de ma période de rébellion au collège. Pendant un temps, j'étais devenu un véritable délinquant. Certaines personnes que j'avais retrouvées au lycée s'en souvenaient, mais n'y portaient pas plus d'attention. Etre un ex-délinquant n'avait fait qu'en rajouter à ma popularité. Finalement, je m'étais laissé porter par le flot. Après tout, la vie parfaite n'est-elle pas celle où tout le monde nous reconnaît, où l'on a un nombre d'amis incommensurable et une petite amie pour s'occuper de nous ? Je m'étais résolu à cette réalité, à présent. Ou plutôt, je m'étais rendu compte que cette réalité était nécessaire pour être heureux.
« Kuro-kun, tu nous rejoins ? On va au karaoké ! »
Bonne idée, car c'était l'idéal pour rentrer chez moi plus tard que d'habitude. Mais ma famille était habituée… Même quand je n'avais rien à faire, je faisais toujours en sorte de perdre du temps dehors. Les séances de karaoké avec mes amis étaient courantes.
« J'arrive, j'arrive. »
Je rangeai mon peu d'affaires dans mon sac. J'avais toujours eu de grandes difficultés dans les études, et ma phase « délinquant » ne m'avait pas aidé. Entrer dans un lycée convenable avait été un véritable combat.
Kuro-kun. Ce surnom s'était maintenant ancré dans la tête de tous mes camarades. Mon nom complet était pourtant Kurohiko Kazuma, mais les copains avaient décidé qu'il était trop long. Il ne me gênait pas, mais plutôt que de me sentir proche des gens, j'avais l'impression qu'il m'en éloignait. Peut-être parce qu'il me donnait l'impression que n'importe qui pourrait m'appeler ainsi. Aucune personne vraiment proche… Simplement tout le monde.
Je plaçai mon sac sur mon épaule et suivis mes amis.
Dehors, le temps commençait à drôlement se rafraîchir. C'était la fin du mois d'octobre, et j'avais déjà envie de mettre une bonne veste à capuche par-dessus mon uniforme scolaire. Et puis, Shiori me l'avait conseillé.
« Tu n'as pas trop froid ? »
J'avais posé la question à l'intéressée. Continuant à marcher parmi notre petit groupe d'amis, elle tourna la tête vers moi et m'adressa un sourire doux.
« Ça va, merci. »
Je lui rendis son sourire, un peu embarrassé. Même si nous sortions ensemble, je ne pouvais pas lui avouer que je n'avais jamais été très à l'aise avec les filles. Depuis le début de l'année, nous avions été voisins de table. On ne se parlait pas, mais au fur et à mesure que ma popularité augmentait, elle m'avait adressé la parole. Elle-même était la fille la plus populaire et la plus jolie de toutes celles du lycée. Le courant était bien passé entre nous, et malgré ma gêne que je cachais en permanence, j'avais réussi à apprécier sa présence. Les mois avaient passé et finalement, au retour des vacances d'été, je lui avais demandé de sortir avec moi. Elle avait tout de suite accepté, ce qui m'avait vraiment rendu heureux. A présent, cela faisait presque deux mois que nous étions ensemble.
Notre courte conversation s'arrêta ici, puisque j'étais toujours intimidé et qu'elle n'avait rien de plus à me dire. Je ne savais pas si le silence la gênait, mais elle ne s'en était jamais plainte. J'assumais donc que la situation lui allait et qu'elle était satisfaite.
Arrivés au karaoké, nous nous dépêchâmes tous d'entrer dans le bâtiment qui offrait sa chaleur. Il était neuf, moderne et idéal pour des jeunes comme nous qui souhaitions hurler dans nos micros pendant des heures. Personnellement, je n'aimais pas beaucoup chanter, mais je m'étais rendu compte que quand je le faisais, tout était beaucoup plus sympathique. Mes amis riaient, moi aussi, et ma petite amie de même. C'était ce qui comptait le plus.
C'est pourquoi, comme à chaque fois, notre sortie se déroula dans les rires, la joie et toutes nos bêtises toujours plus idiotes. Je passais réellement du bon temps avec ces personnes, même si… par moment, je m'arrêtais. Et alors, je pensais : « Il manque quelque chose. » Une sensation de vide qui s'emparait de moi, et qui m'empêchais de garder ce sourire que j'avais toujours d'étalé sur la face. J'avais d'abord pensé que cela venait de ma maison : penser au moment où je rentrerais, où on me regarderait comme la personne la plus ridicule au monde. Mais ce vide venait toujours aux moments où je riais le plus, où j'étais loin de ma famille. C'était un sentiment tellement étrange, et vicieux. A chaque fois, j'essayais de le chasser de mon esprit en commençant une conversation avec quelqu'un, prenant le premier sujet qui me venait en tête.
Notre sortie s'éternisa un peu, et il commençait à faire nuit lorsque nous sortîmes du karaoké. Comme d'habitude, je raccompagnai Shiori chez elle, qui habitait pourtant à l'opposé de chez moi. C'était mon devoir et je n'y manquais pas. Sur le chemin, nous parlions peu, mais je trouvais ce silence agréable, comme toujours. A part discuter de la sortie, je ne savais pas quel sujet aborder, alors c'était mieux ainsi.
Au bout de quelques minutes, nous arrivâmes à quelques mètres de sa maison. Elle ne voulait pas que je l'accompagne jusqu'au bout, puisque ses parents risquaient de me voir – ce que je comprenais. Après tout, j'aurais aussi été gêné, à sa place. Elle me fixa alors de ses yeux marron, même bordeaux. Je lui souris, attendant qu'elle parle. Elle resta calme, imperturbable… et à la place de dire quelque chose, elle s'avança. Encore et encore.
Bien sûr, j'avais compris ce qu'elle voulait faire. Mais je ne parvins pas à m'y préparer. C'est pourquoi, par réflexe, je… reculai. Un peu brusquement, même. Shiori s'arrêta, un peu surprise.
« Aah-… Je, pardon. »
Je me sentais ridicule, et honteux. Je l'avais clairement évitée, et pourtant, elle me sourit immédiatement. Comme si elle me comprenait, que ce n'était pas grave…
« C'est pas ce que tu crois, Shiori… Je m'y attendais pas, c'est tout…
- T'inquiète pas. C'est bon. »
Elle n'avait vraiment pas l'air blessée. Et je ne savais pas si elle était sincère ou si elle essayait simplement de me rassurer. Ce n'était pas comme si je ne souhaitais pas l'embrasser, après tout. J'avais moi-même du mal à comprendre ma réaction. Je n'étais peut-être vraiment pas prêt. …On aurait dit un collégien.
« A part ça, j'ai quelque chose à te demander, dit-elle.
- Oh, bien sûr, quoi donc ?
- Il y a un endroit où je veux aller. Tu pourras m'y accompagner, demain ? »
Un rendez-vous ? Ca me paraissait correct. Si je pouvais lui faire plaisir, c'était le principal, et ça me rendait heureux qu'elle compte sur moi.
« Evidemment, où tu veux aller ?
- Je te laisse la surprise ! »
Elle me sourit d'autant plus, et je pensai que l'endroit devait vraiment promettre. J'étais curieux, mais le lendemain arriverait vite.
« Dans ce cas, tu veux que je vienne te chercher à quelle heure ?
- Mh… Quatorze heures. Ce sera suffisant.
- D'accord. »
Nous nous quittâmes sur cette promesse, et je me rendis compte qu'elle avait balayé d'une parole l'événement plutôt gênant d'avant. Elle ne voulait sûrement pas me blesser et devait considérer qu'on pourrait remettre ça à une autre fois… En y réfléchissant, je me trouvais de plus en plus immature. Etre si mal à l'aise rien que pour un petit bisou ? Non, même un collégien serait plus courageux que moi. Et pourtant, en voyant Shiori s'approcher si près, je n'avais pas pu m'empêcher de reculer. J'avais fui. Mais qu'est-ce que j'avais fui, au juste ?
« Plongé dans tes pensées ? »
Je sursautai et mon regard se plaça aussitôt sur le garçon en face de moi. Je ne m'en étais pas rendu compte, mais j'étais déjà presque rentré chez moi.
« Shin, c'est toi, soupirai-je.
- Salut, Kazuchin. »
Je souris mais ne m'approchai pas. Je me contentai de continuer à fixer Shin – ou plutôt, Yanagi Shinji – en attendant qu'il dise quelque chose. Il ne souriait pas, gardait les mains dans les poches de son jean et avait cet air de le-monde-est-si-ennuyeux-mais-qu'est-ce-que-je-fous-là-puis-arrête-de-me-fixer-ou-je-t'en-colle-une. Ses cheveux étaient courts, cuivrés et sauvagement disposés sur son crâne. Ses yeux marron, un peu jaunes, me suivaient d'un air las. Mais j'étais habitué, car Shin avait beau ressembler à une personne malveillante, il était toujours calme et ne s'énervait contre personne. Il était à la fois mon voisin et mon meilleur ami. Au lycée, nous étions dans des classes différentes mais ça ne nous empêchait pas de passer du temps dans sa chambre, ou à traîner dans des parcs. Il me semble que j'étais la seule personne avec qui il s'entendait bien il supportait difficilement la présence des autres, et eux-mêmes le fuyaient en voyant son air solitaire. Il était aussi très différent de mes amis, même l'opposé. Je ne pense pas qu'il aurait pu s'entendre avec eux. Mais c'était aussi la raison pour laquelle il était si différent des autres, pour moi.
« Ca te va, de continuer comme ça ? demanda-t-il soudain.
- …Quoi ? »
Sa question me déstabilisa. Je ne voyais pas de quoi il voulait parler.
« Je te parle de tous tes soi-disant amis, répondit-il en fronçant les sourcils. Ne va pas me dire que tu t'amuses avec eux. »
Mes yeux s'écarquillèrent, et j'ouvris la bouche pour répondre. Je la refermai cependant, ne sachant plus ce que je voulais dire. Je dus réfléchir un instant avant de répondre.
« Ne dis pas n'importe quoi, Shin. Ils sont tous super sympas, et on rigole tout le temps. J'ai aussi une petite amie adorable, je te rappelle que c'est la plus populaire du lycée.
- Ha, ricana-t-il. Vraiment ? »
Ces derniers temps, Shin avait cette attitude. Et ça m'insupportait, vraiment, d'autant plus qu'aujourd'hui il semblait être en forme pour me taper sur les nerfs.
« Tu devrais faire de même, d'ailleurs, continuai-je sur un ton amer. C'est pas en restant seul et en séchant les cours que tu deviendras mature. »
Considérant m'être vengé, je repris ma marche vers ma maison. Après l'avoir passé, je l'entendis murmurer :
« Menteur, tu sais très bien que je suis plus mature que toi. »
Je pariai qu'il était en train de sourire. Mais je l'ignorai, et continuai ma route.
J'étais à peine rentré que j'entendis ma mère m'appeler. Furieuse.
« Bon sang, Kazuma ! Tu sais très bien que c'est à toi de faire le dîner ce soir, je t'ai appelé mais tu ne répondais même pas ! »
Elle débarquait dans l'entrée alors que j'enlevais mes chaussures, et je sortis mon portable de la poche de mon pantalon. Je l'avais mis sur vibreur mais pus remarquer un nombre important d'appels manqués. Je ne la sentais jamais vibrer, cette antiquité. Et vu l'air furibond de ma mère, je n'étais pas prêt d'avoir ne serait-ce qu'un vieux smartphone.
« J'avais oublié, désolé… » répondis-je, las. J'étais bien trop habitué à ce qu'elle s'énerve pour tout et rien.
Ma mère soupira longuement, excédée, puis ramena ses boucles brunes en arrière.
« Oublié, hein ? J'ai l'impression que tu oublies beaucoup, ces temps-ci. Tu crois que c'est en allant t'amuser avec tes idiots d'amis que tu vas faire quelque chose de ta vie ? Et ton futur, tu y as pensé, ces derniers temps ? Non, tu dois sûrement être trop occupé à fricoter avec les filles, bien sûr… C'est du joli, ça ! »
Et voilà. Ca recommençait. Encore ce même discours. Je l'avais entendu tellement souvent, presque tous les jours. Je la dépassai donc, me dirigeant vers les escaliers.
« Tu m'ignores ? reprit-elle. Ce n'est pas parce que soudain, tu as des amis, qu'il faut prendre la grosse tête ! Tu es toujours le même qu'au collège, à être égoïste et complètement immature ! Grandis un peu !
- Oh, tais-toi, la vieille ! »
Je m'étais finalement retourné, au bas de l'escalier. A chaque fois, je me disais de ne pas lui répondre. Parce qu'elle disait toujours la même chose et que j'aurais beau obéir comme le fils parfait qu'elle souhaitait que je sois, elle trouverait toujours quelque chose à redire. Mais dans tous les cas, je finissais par exploser.
« Je vais le faire, ton repas, alors arrête de me faire chier ! » continuai-je de plus belle.
Je ne voulais pas l'entendre répliquer. C'est pourquoi je montai les marches de l'escalier par deux pour foncer directement dans ma chambre. Je jetai mon sac par terre et sautai sur mon lit. J'engouffrai alors mon visage dans mon oreiller pour me rendre compte à quel point ma respiration était saccadée. J'étais hors de moi. Plein de haine, mais aussi de tristesse parce que bon sang, je me sentais tellement blessé. Peu importait le nombre de disputes, je finissais toujours dans le même état.
Je m'appliquai à faire le vide dans ma tête et à respirer lentement. Je pensai à Shiori sa douceur, sa beauté, sa gentillesse. J'étais sûr que ses parents ne devaient pas être aussi durs avec elle. Après tout, que pouvait-on reprocher à un être aussi parfait ? Je ne pouvais que l'envier…
Sans m'en rendre compte, je faisais automatiquement le lien avec ce qui me contrariait le plus. Je me concentrai donc sur le repas. Mon père allait bientôt rentrer du travail, et la règle était que tout devait être prêt au moment où il franchissait le seuil de la maison. Il n'était pas très présent, mais il restait le chef de famille. Lorsqu'il s'agissait de discuter de mon éducation, ma mère se plaignait toujours auprès de lui. Et alors, sans même demander mon point de vue, il me disait de l'écouter. Comme le fils modèle que je devais être. Je ne savais même pas si l'un d'entre eux se préoccupait réellement de si je me sentais bien. Ils cherchaient juste la perfection. Celle… que nous avions perdue.
Le lendemain, quatorze heures, j'allai chercher Shiori comme prévu. Bien évidemment, je n'allais pas sonner à sa porte, donc je l'attendais au bout de la rue. Elle arriva peu après moi, le sourire aux lèvres et portant une jolie robe blanche.
« Ca te va bien, » la complimentai-je après nos salutations.
Elle me remercia, puis me guida vers l'endroit où elle voulait se rendre. Apparemment, ce n'était pas très loin, donc y aller à pied suffirait. La route fut silencieuse. Comme d'habitude, je n'avais pas particulièrement de sujet de conversation, mais je me demandais aussi où nous allions. Un magasin, peut-être ? De vêtements, par exemple. L'idée n'était toutefois pas très réjouissante. Regarder des morceaux de tissus pendant des heures n'était pas vraiment pour moi…
« C'est ici, Kuro-kun ! »
Nous avions marché vingt minutes et à présent, je pus découvrir le lieu en question. Je n'étais pas très loin de la vérité, mais c'était bien mieux que ce à quoi je pensais : un café. L'endroit paraissait animé, des tas de gens entraient et sortaient avec un sourire sur les lèvres. L'enseigne indiquait « Café Yume » d'une écriture calligraphiée, blanche sur un fond noir. Des fleurs étaient peintes autour d'un même blanc. Tout était très simple, mais en même temps très classe.
« Ce café est très populaire en ce moment, m'expliqua Shiori. Il a ouvert il y a quelques mois. Il a l'air assez banal comme ça, mais tu verras à l'intérieur pourquoi il a autant de succès ! »
J'acquiesçai avec un sourire. Elle avait l'air si enthousiaste que je ne pouvais pas m'empêcher de l'être aussi – au moins un peu. Je n'en attendais pas grand-chose, à vrai dire, mais peut-être que ce serait sympathique. J'avais la sensation d'être exténué, après tout… J'espérais seulement que Shiori ne s'en rendrait pas compte. A cause des disputes de la veille, je n'avais pas beaucoup dormi.
Au moment où nous entrâmes dans le café, une clochette retentit pour indiquer notre présence. Je me stoppai alors aussitôt. L'intérieur était vraiment, vraiment différent de l'image que je m'en étais faite. De l'extérieur, je m'étais attendu à voir quelque chose dans le même esprit que la pancarte : simple, strict mais cool. Et là… tout était mignon. Et sans le côté tout rose, tout bonbon et autre. Les couleurs étaient chaudes, les tables disposées pour amener une ambiance amicale. Tout était chaleureux. Il y avait aussi beaucoup de plantes, mais aucune n'était verte, miraculeusement. Certaines avaient des feuilles rouges, d'autres avaient des tons violets. Et de partout, sur chaque meuble présent, on pouvait voir des motifs peints à la main : des fleurs, des animaux, des objets de la vie quotidienne, et même des smileys. On voyait clairement à quel point le personnel s'était appliqué pour rendre l'endroit accueillant.
« Bienvenue au café Yume ! »
Une jeune serveuse nous accueillit, toute petite, penchée en avant pour nous saluer. Son uniforme ressemblait un peu à ceux dans les maids cafés… sauf qu'il n'avait rien de vulgaire. Chaque pan de peau était couvert par des collants, des gants, une fine écharpe… Tout était à moitié blanc, à moitié noir. C'était juste à la fois mignon et élégant.
« Suivez-moi, je vous prie. »
Shiori trépignait d'excitation. Si moi, las et d'humeur maussade, était impressionné et charmé par ce café, je n'osais pas imaginer comment une jeune fille comme elle devait se sentir.
La serveuse nous installa à une table près de la fenêtre, pour deux personnes. Shiori voulut commander un cappuccino, et je l'imitai par crainte de prendre quelque chose de mauvais. Elle ajouta seulement un parfait, qu'elle me proposa de partager avec elle. Je refusai – je n'avais pas très faim.
« Alors, l'endroit te plaît ? me demanda-t-elle lorsque la serveuse fut partie.
- Ah, oui. C'est super. »
J'étais sincère, mes yeux ne faisant que parcourir l'endroit. Du coin de l'œil, je remarquai cependant Shiori regarder par la fenêtre elle n'avait pas l'air très enchantée.
« Hm, un problème ? l'interrogeai-je en reportant mon regard sur elle.
- On dirait… que tu n'aimes pas tant que ça. »
Sa voix n'était pas triste, mais plutôt… ennuyée. Ce qui m'embêta aussi, puisque j'avais été sincère, après tout. Ce n'était juste pas ma journée. Allez demander à quelqu'un qui n'a presque pas dormi de la nuit et qui s'est engueulé avec sa mère la veille de s'exciter devant un café. Plutôt difficile, oui.
« Non, je t'assure que c'est vraiment cool ! » m'exclamai-je. Pour une fois que je disais vraiment ce que je pensais, je ne voulais pas qu'elle se méprenne. « Ecoute, je suis juste super fatigué… J'ai eu du mal à dormir, et faut dire que cette semaine était pas reposante. »
Je m'en voulais un peu de mentir. Mais je n'avais sûrement pas envie de lui décrire ma situation familiale, j'avais suffisamment de mal à ne pas y penser.
« Oh, je vois… » murmura-t-elle, l'air un peu soulagée. Elle rougit légèrement, ce qui m'interpella. « Hm, c'est parce que tu avais hâte d'être à aujourd'hui… ? »
Oh.
« Ah-Euh… Hm, oui, évidemment, hahaha. »
Je me frottai l'arrière de la tête, et m'empressai de regarder ailleurs. D'une manière ou d'une autre, il fallait que je fasse en sorte de changer de sujet sans qu'elle ne se doute de mon mensonge.
« Quand même, les tenues des serveurs sont classes, tu trouves pas ? » dis-je soudain. Je pourrais peut-être me rattraper par rapport à mon soi-disant manque d'entrain.
« Oh, trop ! s'exclama-t-elle. Tu as vu celui là-bas ? Il est étranger, non ? Il est carrément méga beau ! »
Avec un sourire, elle me montra de la tête un serveur situé à quelques tables. Ses gestes étaient très rapides, puisqu'il devait jongler entre chaque client à une vitesse folle. Il avait en effet des traits occidentaux. Ses cheveux étaient d'un blond foncé, et ses yeux verts. Il avait beau être loin, je pouvais voir ces derniers briller comme deux émeraudes jusqu'ici. Il était aussi jeune, peut-être vingt ans.
« Ah, j'ai toujours rêvé de sortir avec un occidental… » murmura Shiori, les yeux dans le vague. J'aurais dû me sentir gêné qu'elle observe autant un étranger, mais je ne voulais pas l'embêter à jouer le petit ami jaloux. Autant lui donner un peu de liberté, ou elle finirait par m'envoyer balader…
« Eeh patron, on a beaucoup trop de monde, vous ne voulez pas venir aider ? » s'écria une voix plus loin, près de la porte menant aux cuisines. C'était la serveuse qui s'était occupée de nous. Elle était essoufflée et passait sa main dans ses cheveux châtain clair, coupés en un carré, qui devaient la gêner.
Je ne parvins pas à entendre le reste de la conversation à cause du brouhaha dans le café.
« On dirait qu'on va devoir attendre encore un moment la commande… » marmonnai-je. Ca ne me gênait pas particulièrement, mais je ne voulais pas que Shiori se lasse de mon peu de conversation.
Et contrairement à ce que je pensais, elle arriva aussitôt. Cependant, ce ne fut pas la même serveuse qu'avant, mais la personne qui devait sûrement être le patron en question. Je pus le deviner, car s'il avait été présent dans la salle avant, je l'aurais obligatoirement remarqué. Et non pas parce qu'il était géant, faisant au moins un mètre quatre-vingt-dix, mais plutôt car il était… charismatique. Même plus que ça. C'était une beauté froide, avec une apparence sans aucune imperfection que ce soit dans la tenue, les gestes ou les traits du visage. Ses cheveux d'un noir de jais, légèrement penchés sur le côté, ne bougeaient pas d'un millimètre alors qu'il marchait vers nous. Avec une grâce sans pareille, il déposa le contenu de notre commande en face de Shiori et moi, bouche bée. L'ensemble du café avait l'air beaucoup plus calme, soudain.
« Veuillez excuser le retard, » dit-il d'une voix grave, douce, amenant son plateau contre lui et se penchant légèrement.
Shiori marmonnait quelque chose d'incompréhensible tandis que je n'arrivais même pas à émettre le moindre son.
Et à ce moment-là, tout parut se figer.
Le serveur se redressa lentement, et dirigea son regard vers le mien. Ses cils étaient longs, trop longs. Et ses yeux d'un noir d'encre. Ca ne me paraissait même pas naturel. Mais pourtant… alors que mon sang aurait dû se glacer face à ce regard si froid, je sentis une chaleur m'envahir. Une chaleur bienveillante qui m'amenait à vouloir m'approcher, sentir, goûter.
Mais il s'était déjà retourné. Je ne parvenais pas à savoir si cela avait duré une fraction de seconde, ou bien plusieurs minutes. J'étais confus. Il n'avait pourtant ni souri, ni adressé de paroles extraordinaires.
« Bon sang, trop beau… » murmura Shiori d'un air songeur.
Je sursautai et ramenai mon regard vers elle en vitesse.
« O-Ouais, sûr ! m'exclamai-je.
- Peut-être un peu vieux, mais bon… A ton avis, il a quel âge ? »
Pourquoi devait-elle me poser des questions à un moment où je n'arrivais même plus à me connecter avec la réalité ? Et qu'est-ce qui me prenait, surtout ?
« Oh, euh, dans les vingt-cinq ans peut-être ? » dis-je au hasard, évitant pourtant de me rappeler son visage. Je me jetai sur mon cappuccino, ne manquant pas de me brûler à la première gorgée.
Je mis quelques minutes avant de me rendre compte que Shiori restait silencieuse. Elle mangeait tranquillement son parfait et sirotait son cappuccino entre chaque bouchée, mais me fixait avec les sourcils froncés. Je levai les miens, la questionnant du regard. Son regard tomba sur son dessert. Elle m'ignorait.
Avais-je fait quelque chose de travers ? Peut-être. Non, sûrement. Quant à savoir quoi, je n'en avais pas la moindre idée, bien entendu. Mais si ce n'était pas lié à moi, que devais-je dire ? Vraiment… c'était toujours compliqué. Ma tête me faisait mal, mes paupières étaient lourdes. Pourquoi ne pouvait-on simplement pas vivre notre rendez-vous comme un couple ordinaire ?
« Dis, Kuro-kun… »
Je regardai Shiori, qui avait enfin daigné parler après d'autres minutes de silence.
« Tu ne m'aimes pas, hein ? »
Son regard n'était pas triste. Il était contrarié. Et moi, j'étais encore une fois incapable de parler. Mes yeux allaient de la fenêtre à la table, puis de la serveuse à côté à ma tasse presque vide.
« Qu-Qu'est-ce que tu racontes, Shiori ? Ne dis pas n'importe quoi…
- Tu ne m'aimes vraiment pas, non. »
Je n'avais jamais vu une telle colère émaner d'elle. Je l'avais toujours prise pour une jeune fille douce et adorable. Toujours gentille avec tout le monde.
Elle se leva lentement.
« Je vois bien que ça ne te fait rien, quand je te parle d'autres garçons, continua-t-elle. Si j'allais embrasser ce serveur étranger, ça ne te ferait rien ? Tu serais d'accord ?
- Mais… Mais bien sûr que non, tu es ma petite amie ! » m'exclamai-je. Je comprenais mieux toutes ses allusions étranges d'avant. Que j'avais fini par ne même plus relever.
Elle me regardait maintenant de haut, ses longs cheveux colorés en doré ondulant autour de son visage. Elle était encore plus furieuse que ce que j'aurais pu penser.
« Tu es donc en train de dire que je ne suis qu'un titre pour toi ? ricana-t-elle. Je comprends, oui, bien sûr. On joue au petit ami avec la petite amie, rien de remarquable. On l'emmène gentiment au café parce qu'elle le demande. On se préoccupe d'elle parce qu'on en a le devoir. On la laisse dire ce qu'elle veut pour ne pas la contrarier. On joue le petit ami modèle et… même pas un baiser ? Ni de câlin ? Pas de jalousie lorsqu'elle regarde quelqu'un d'autre ? »
D'une main tremblante, elle attrapa son cappuccino à moitié vide.
« T'es qu'un pauvre type. »
Et me lança son contenu à la figure.
Il y eut un long silence dans le café. Je sentais tous les regards posés sur moi mais j'étais trop occupé à passer mes mains sur mon visage qui brûlait. J'aurais dû prendre une serviette pour ne pas les salir. Mon premier réflexe avait eu raison de moi.
« Putain… » murmurai-je.
Je cherchai Shiori du regard, sauf qu'elle était déjà partie. Elle avait laissé un billet sur la table. Elle ne voulait même pas que je paie pour elle. Si elle avait été là, je ne sais même pas si j'aurais eu la force de lui crier dessus. J'étais furieux. Mais je me rendais aussi compte de la justesse de ses mots. Et ça m'énervait encore plus.
J'entendais maintenant les clients chuchoter entre eux de la scène. Ils devaient se demander ce qui avait pris à cette jeune fille. Ce que j'avais bien pu lui faire. Car pour se recevoir une boisson à la figure, il fallait avoir fait quelque chose de suffisamment mal pour le mériter. J'avais… tellement honte. J'aurais pu en pleurer de frustration.
Et encore une fois, il me prit par surprise.
Une main s'enveloppa fermement autour de mon bras et me souleva. C'était encore ce serveur, celui au regard noir et doux. Il me forçait déjà à le suivre, sans pour autant me faire mal. Je remarquai qu'il n'était pas brute, il ne faisait que m'entraîner avec lui. Mais il n'avait pas non plus l'air de vouloir me laisser m'échapper. Parce que c'était ce que je souhaitais – fuir rapidement d'ici, même avec le visage et la veste tâchés de cappuccino.
« Je vais t'aider à enlever ça, » dit-il sans me regarder. Je pouvais à peine apercevoir son visage vu sa taille.
Il m'amena directement dans les cuisines, où de nombreux gâteaux étaient préparés à l'avance. Elles étaient vides puisque tous les employés se chargeaient de servir les clients en ce moment.
« Commence par te laver les mains pour éviter de te salir davantage. »
Il lâcha enfin mon bras. Un instant, je songeai à fuir c'était l'occasion rêvée pour qu'il n'ait pas tout le temps de mémoriser mon visage. Je ne pourrais plus jamais venir ici, c'était sûr.
J'étais encore furieux, et mon cœur battait à toute vitesse. Mes mains tremblaient légèrement. Les paroles de Shiori me revenaient en tête ainsi que son regard plein de colère, de lassitude.
« Hé, ça va ? »
Mes mains étaient déjà sous l'eau. Je ne voulais pas lui répondre, parce que je regretterais aussitôt. Non, ça ne va pas. Je viens de me prendre une boisson chaude en pleine tête, mes fringues sont dans un sale état. Quand je vais rentrer, je vais juste encore me faire engueuler. On va me rappeler à quel point je suis inutile, à quel point je ne serai jamais à la hauteur.
Je n'attendis par d'indication supplémentaire pour me rincer aussi le visage. Je passai le plus d'eau possible dans mes cheveux qui avaient pris du liquide. Je fis juste en sorte qu'ils ne soient pas trempés.
« Tiens. »
J'attrapai la serviette qu'il me tendait. Il n'avait pas souri une seule fois. Ou plutôt, il n'avait pas d'expression. Il gardait le même air imperturbable. Ses yeux noirs me scrutaient comme s'il tentait de mémoriser chaque parcelle de mon visage. Même si je souhaitais m'enfuir maintenant, il se souviendrait de moi.
J'essuyai mon visage, mes cheveux, et soupirai. Longuement, tremblant. Sans m'en apercevoir.
« On dirait que ton rendez-vous ne s'est pas très bien passé, » dit le serveur d'un air détaché.
Est-ce qu'il se moquait de moi ? J'étais tellement en colère que je ne pouvais pas trouver d'autre explication à sa question soudaine. Peut-être pensait-il avoir le droit de savoir parce qu'il m'avait aidé ? Sauf que son aide, je ne l'avais pas demandée une seule fois. Il m'avait entraîné de force ici.
« Pardon, mais ça ne vous regarde pas, » répondis-je froidement. Je ne voulais pas être malpoli, mais la colère prenait le dessus.
Son expression ne changea pas d'un millimètre. Sérieusement ? Comment un visage pouvait-il rester aussi inexpressif ? Il se contenta de me fixer, encore une fois, avant de… d'enlever sa veste ?
« Hm, vous faites quoi ? » l'interrogeai-je.
Il me la tendit simplement, comme il l'avait fait avec la serviette. Je restai immobile, essayant de faire le lien. Que voulait-il que je fasse de sa veste, au juste ? Ce n'était sûrement pas fait pour me sécher les cheveux.
Puisque je ne réagissais pas, il me prit la serviette des mains et la remplaça par sa veste.
« J'imagine que tu n'as pas besoin de moi pour la mettre.
- Bien sûr que non ! » m'écriai-je.
J'avais déjà enlevé mon sweat sale pour mettre la veste. Elle était bieeen trop grande pour moi. J'avais l'air ridicule. Et avant même de réagir, je l'avais acceptée. Il avait dû faire exprès, c'était obligé.
Je gardai mon propre vêtement dans mes bras, mal à l'aise. Il n'était pas question que je m'excuse pour quoi que ce soit. De un, j'étais la victime. De deux, il m'avait entraîné ici. Et de trois, j'étais toujours hors de moi. Encore maintenant, je souhaitais plus que tout m'enfuir d'ici.
« Ta petite amie… dit-il soudainement. Elle avait l'air drôlement en colère. »
Il se moquait forcément de moi. Enfin, c'est ce que je pensais. Car son visage, lui, était toujours aussi impassible. Il avait l'air de m'en parler avec très grand sérieux. C'était très déstabilisant puisque ça me laissait sans réponse, sur le coup.
Mais ma colère était encore là, bien présente. Qu'il se moque de moi ou non, je m'en fichais. Il se mêlait réellement de ce qui ne le regardait pas, et pour la deuxième fois.
« Oh, oui, je pense qu'il faut être suffisamment en colère pour balancer sa boisson dans la tête de son copain, non ? répondis-je alors, sarcastique.
- En effet, dit-il calmement sans même paraître surpris par ma réponse. Mais toi, ça n'a pas l'air de tant te toucher. Je suis assez surpris. »
S'il était surpris, pourquoi son expression restait-elle donc la même, éternellement ? Puis, je ne comprenais même pas comment il pouvait dire une chose pareille. Ca ne me touche pas ? Je ne veux pas entendre ça d'une personne aussi réactive qu'un poisson mort.
« Pardon ? répliquai-je sans une once d'excuse. Je pense être suffisamment énervé, actuellement.
- Alors, c'est bien ce que je me disais… »
Je lui lançai un regard interrogateur. Il se contenta de fixer rêveusement mon sweat sale dans mes bras. Je changeai de position, et il porta ses yeux sur mon visage.
« Quand on se fait plaquer, il me semble qu'on a plutôt envie de déprimer, et non de s'énerver sur quelqu'un. Tu ne m'as pas l'air de quelqu'un ayant le cœur brisé. »
J'écarquillai les yeux, silencieux. Ma colère parut faner un instant. Ses mots se répétaient dans ma tête. Je m'étais fait… plaquer. Ca avait pourtant été assez clair. Et pourtant, depuis ce fichu cappuccino dans ma tête… je n'avais fait que penser à moi. Pas une seule fois à Shiori, ou à notre relation. Ses mots avaient résonné dans ma tête, parce qu'ils étaient la pure vérité, montrant à quel point j'étais minable et incapable de prendre soin de quelqu'un. Et je retrouvais une nouvelle fois la vérité, dans les paroles de cet étranger.
Pourtant, ça ne voulait pas dire que j'allais baisser la tête et rentrer chez moi la queue entre les jambes. Que je sois porté ou non par mes émotions à cet instant, plus rien ne m'importait.
« Qu'est-ce que vous en savez, que j'ai pas le cœur brisé ? Et puis, en quoi ça vous regarde ? J'ai fait quoi pour attirer autant votre attention ? Je sais que vous êtes le patron de ce café, mais c'est pas une raison pour vous mêler de la vie privée de vos clients… »
Je sentais ma voix trembler sous la colère. Et lui, cet… imbécile géant, me regarda du même air pensif qu'avant.
« C'est vrai, ça ne me regarde pas, excuse-moi. »
Cela suffit à me faire partir d'ici au plus vite. Pourquoi je ne l'avais pas fait plus tôt, d'ailleurs ? Je n'aurais jamais dû me laisser entraîner par lui. Dès le début, même trempé, j'aurais dû m'en aller. Pire qu'une mauvaise journée, celle-ci était catastrophique. Rester enfermé chez moi aurait été une meilleure idée, même si ma mère aurait passé son temps à tout me reprocher. C'était comme si le monde entier s'était rassemblé pour me rappeler à quel point j'étais inutile et ridicule dans ce monde. Que j'avais beau faire de mon mieux pour changer en aimant quelqu'un, en me faisant des amis, en cherchant les bons résultats scolaires… tout me revenait en plein dans la tête, comme ce cappuccino. La dure réalité de ce monde n'avait pas l'air de vouloir de moi. Je voulais m'adapter à elle, mais elle me refusait de toutes ses forces. Vivre comme tous ces adolescents idiots n'était même pas à ma portée.
J'étais déjà sorti du café, perdu dans mes pensées. Je n'avais rien dit j'étais juste parti. Je rentrerais chez moi, m'allongerais sur mon lit, et attendrais qu'on vienne me reprocher une nouvelle chose.
En marchant, une odeur de café vint me chatouiller les narines. Je pensai qu'elle devait venir de mon sweat, mais c'était en réalité imprégné dans la veste du serveur. Une odeur douce, agréable, légère… Les deux yeux noirs me revinrent en mémoire, perçants. Ils auraient dû me glacer jusqu'à la moelle. Je me souvenais pourtant de cette chaleur que j'avais ressentie. Sa veste était chaude aussi.
NdA : Bonjour, merci d'avoir lu ! Je tiens juste à préciser si ce n'est pas clair : c'est une histoire shônen-ai. Mais je n'ai pas envie d'écrire quelque chose de superficiel, donc le personnage principal risque de devoir supporter pas mal de choses avant qu'une relation puisse naître... En tout cas, c'est la première fois que je poste une histoire ici, et si vous avez lu, ça me ferait super plaisir d'avoir une review ~ N'hésitez pas, même si ce n'est pas grand-chose ^^
Aussi, l'histoire se déroule au Japon, bien entendu... mais c'est pour cela que je risque d'utiliser pas mal de termes qui s'y rapportent. Et comme je ne vais pas mettre des annotations partout, je ne les expliquerai pas. Les noms/prénoms sont donc inversés comme au Japon, les suffixes sont utilisés et les appellations risquent de diverger. Si vous ne comprenez pas quelque chose, demandez-moi simplement, je ne mords pas : 3 Bref, sur ce ~