Remerciements

À tous les lecteurs qui ont lu Loup sur FictionPress et qui l'ont commenté.

À tous ceux qui continuent de me le réclamer.

Si Loup sort de l'ombre aujourd'hui, vous y êtes largement pour quelque chose.

Si mes histoires sont aujourd'hui éditées, c'est grâce à Loup et à votre engouement pour cette histoire.

Loup : sortie le 29 août 2016

Numérique : auto édité

Version papier : Reines-Beaux

Et, en attendant, histoire de vous remettre dans l'ambiance, je vous offre chaque lundi (jusqu'à sa sortie) un chapitre de Loup.

Bonne lecture.

Amitié,

Natalou


Chapitre 1

« L'astre de la nuit luit,

Rond, doux, parfait

Il m'appelle et me guide.

Lune, donne-moi ta puissance rayonnante. »

Ce froid le rendait dingue, complètement dingue. Il s'infiltrait jusque dans ses os, au point d'en être douloureux. Jamais au grand jamais, Yanaël n'aurait imaginé qu'il se retrouverait un jour aussi frigorifié. Il avait une constitution solide, un métabolisme d'enfer et une force plus importante que la moyenne. Le fait était qu'il ne se nourrissait pas suffisamment ou, tout du moins, pas de ce dont son corps avait besoin. Merde ! Ce n'était pas croyable, une telle situation.

Une semaine qu'il neigeait non-stop, les montagnes en étaient recouvertes et tout ce que sa vue pouvait percevoir n'était que blanc. Il était évident que ses baskets étaient insuffisantes et qu'elles ne pouvaient pas le protéger sous ces dix centimètres de poudreuse. Mais merde et re-merde ! Son sang était censé être bouillonnant ! D'un geste rageur, Yanaël donna un coup de pied dans cette neige qui lui tapait sur les nerfs. Il la regarda voleter dans la faible clarté des lampadaires, plus énervé encore de se rappeler, qu'avant, il avait aimé cette blancheur gelée.

Depuis deux ans, ce dernier survivait tant bien que mal dans cette région qui était la sienne et qu'il n'avait pu se résoudre à quitter. Sa rage l'avait rendu entêté, il avait refusé qu'on lui prenne tout. Il était chez lui, sur son territoire.

Yanaël grinça des dents, de dépit, de colère et de tristesse. Si au moins, tout ce qui frémissait en lui pouvait le réchauffer… Il observa les alentours. La nuit était tombée depuis longtemps et, malgré l'heure peu tardive, la ville était déserte ou presque. Peu de gens avaient le courage de sortir par un temps pareil. Les commerces, tels que les salons de coiffure, la boutique de souvenirs ou la petite galerie d'art, étaient fermés depuis un bon moment. Seuls les bars et la supérette avaient leurs néons allumés. Les clients étaient peu nombreux, mais ils donnaient malgré tout un peu de vie à cette atmosphère endormie.

Yanaël se serait bien arrêté pour boire un verre, dans l'un ou l'autre des cafés, mais il n'était pas d'humeur à prendre le risque de tomber sur l'une de ses anciennes connaissances. Il était assez doué pour les ignorer, mais pas ce soir, pas dans cet instant où sa nostalgie des années passées, celle de son enfance et de son adolescence, lui brûlait la gorge. En règle générale, il faisait barrage à ce sentiment sans trop de mal, mais ce soir il était fragilisé. C'était plus difficile. Yanaël souffla un grand coup, força l'air à entrer profondément dans ses poumons et l'exhala avec la même détermination. Son souffle siffla et se fit buée, il allongea le pas. Qu'il en ait envie ou pas, Yanaël allait devoir rentrer, regagner ce studio miteux, ce cloaque qu'il squattait l'hiver au milieu d'autres aussi mal lotis que lui. Il n'était pas à plaindre, pas totalement. Il avait un endroit où dormir, un boulot qui lui permettait de se nourrir et de boire une bière ou un café de temps en temps. Sa situation aurait pu être pire, bien pire. Il n'empêchait que cette vie n'était pas sa destinée. Protégé, il aurait dû être protégé, et ceux qui l'entouraient à l'époque auraient dû s'enorgueillir de ce privilège, de cette chance qu'il était. La roue avait tourné comme jamais il ne l'aurait envisagé. Ce n'était pas ce qu'on lui avait enseigné, ce à quoi on l'avait habitué.

Yanaël n'avait pas repensé à tout cela, pas de cette manière, depuis longtemps. C'était comme une ombre planant au-dessus de sa tête, un changement qu'il avait ignoré, mais que ses sens aiguisés avaient fini par percevoir. Il huma l'air, chercha d'où ça pouvait provenir, mais ne trouva aucune réponse. Il se redressa et se mit à courir vite, le vent froid lui caressant les joues, et savoura ces sensations au-delà du possible. Son regard dériva vers le ciel, à la recherche de la lune. Pâle derrière les nuages gris clair, elle cachait sa force et son pouvoir. La lune, sa lune. Il aurait aimé aller plus vite encore, mais ne le pouvait pas sans attirer l'attention.

Son but atteint, Yanaël s'engouffra dans un immeuble de quatre étages construit aux abords de la ville, à l'écart, pour ne pas dénaturer le reste. Bâti à l'origine pour des étudiants, d'autres jeunes y avaient rapidement élu domicile, suivis de près par des ouvriers aux revenus faibles, et enfin, par des personnes peu recommandables. Ce bâtiment était devenu un lieu dont on n'aimait pas trop parler et où les gens respectables évitaient de se rendre. À choisir, ce n'était pas là qu'il se serait installé, mais il s'en satisfaisait. C'était beaucoup mieux que rien. Dans l'appartement se trouvaient déjà trois autres personnes, rentrées avant lui. Deux jeunes hommes et une jeune femme. C'était des paumés, pas méchants, juste décalés et embrumés par une surconsommation de marijuana. Il n'était pas ami avec eux, mais simplement toléré, en échange d'un plus dans leur quotidien, un peu de nourriture et un semblant de propreté. C'était un bon arrangement.

Après un rapide bonsoir, Yanaël gagna la salle de bains et se réchauffa sous une douche brûlante et rapide le ballon d'eau se devait d'être partagé. Ensuite, il gagna la cuisine – les autres planaient déjà trop pour se préoccuper de lui – et se contenta d'un repas sur le pouce, peu élaboré, l'essentiel étant qu'il soit chaud. Il mangea seul dans le coin cuisine, leur laissa une part, puis s'isola sur le matelas qu'il avait posé dans un coin. C'était son endroit, celui qu'il s'était arrangé. Quand ses compagnons étaient trop défoncés, aucune conversation n'était possible, ce qui le dérangeait peu. Parfois, Christopher, un métis au look rasta, prenait sa guitare et improvisait un tour de chant. Yanaël aimait ces moments en musique et en chansons, lorsque l'ambiance se réchauffait ou s'adoucissait selon l'humeur du musicien. Ils étaient toujours un apaisement pour Yanaël. Ce n'était pas un des soirs de Christopher, à son grand regret, car il en aurait eu bien besoin. Il était inutile de demander, on ne pouvait pas le forcer à se lancer, il le faisait ou pas, selon son envie et seulement selon elle.

Yanaël possédait peu de choses et s'occuper était difficile. Il sortit un de ses vieux cahiers de cours, celui de SVT, et le parcourut en s'efforçant de croire qu'il le lisait pour la première fois, alors même qu'il le connaissait par cœur, et fit de même avec son livre. C'était ceux de son année de terminale, classe qu'il n'avait pas terminée. Il aurait pu passer son bac en candidat libre, mais n'en avait pas eu la force. À cette époque, il était à ramasser à la petite cuillère. Toute son énergie avait été mobilisée pour l'aider à survivre, puis à vivre autrement. Après, il avait dû se mettre à travailler, pour la même raison, survivre, encore et toujours. Il était pourtant hors de question que Yanaël perde ce combat, il était un battant, un gagnant. Rien ni personne ne le convaincrait du contraire. Il en avait fait un honneur, son honneur. Pour l'instant, ce n'était pas flamboyant, mais ça viendrait. Aucun de ceux de son ancienne vie n'aurait parié sur ses chances, seul, coupé des autres, et pourtant, il avait réussi. S'il n'avait pas encore démontré tout ce dont il était capable, ce n'était qu'une question de temps. Il n'avait aucun doute et était résolu à tout faire pour leur montrer à quel point ils avaient eu tort de le rejeter et de se débarrasser de lui, quitte à le tuer. Il avait sa fierté et son orgueil, et rien, rien de ce qu'il était ne lui faisait honte. Ils avaient échoué à le persuader qu'il était une anomalie, une erreur de la nature. Yanaël était différent, certes, mais il ne valait pas moins qu'eux, bien au contraire. Sa vision des choses était plus large, plus ouverte et plus humaine. Son cœur ne vivait pas à l'étroit, ses idées n'étaient pas étriquées. Non, il ne valait pas moins qu'eux et, avec un peu de chance, il en ferait une vérité.

A suivre...


Chapitre 2 : Lundi 1er août

Afin de ne pas vous surprendre (mieux vaut prévenir que guérir ! lol !) : je vous offre les 5 premiers chapitres.

Loup : 197 000 mots et 80 chapitres

Je vous embrasse. Natalou