Il avait longuement réfléchi au meilleur moyen à utiliser. Sa première option avait d'abord été la corde, mais il trouvait cette idée bien trop rustre. Ensuite, il avait pensé se précipiter du haut d'un gratte-ciel, mais obliger sa famille à venir identifier son corps désarticulé? Très peu pour lui. Noyade, mutilation, étouffement… Il les avait toutes passées en revue, et toutes lui semblaient plus barbares les unes que les autres. Non, ce qu'il voulait, c'était une mort digne, paisible et qui garderait son enveloppe charnelle intacte.

C'est alors que la lumière se fit dans son esprit: quel meilleur moyen de mettre fin à ses jours que d'ingérer une quantité faramineuse de somnifères? C'est ainsi que, quelques jours plus tard, il se retrouva assis devant trois boîtes de cachets soigneusement alignées devant lui, sur la table de la cuisine.

Il en ouvrit une et avala un premier comprimé. Le goût amer qu'il laissa sur sa langue le fit se sentir merveilleusement bien, comme s'il était en parfait contrôle de sa vie. Dieu, quelle sensation! Il était, désormais, plus sûr de lui qu'il ne l'avait jamais été auparavant.

Il en prit un autre, puis un autre, jusqu'à ce qu'un poison vienne contaminer son esprit, ce sombre poison qu'on appelle « doute ». Était-il vraiment certain de vouloir mourir? Il était jeune, les choses pouvaient toujours mieux tourner, après tout… Il pouvait tout arrêter maintenant, si tel était son désir. Après un bref instant de réflexion, il se remit à ingérer les somnifères.

Il les avalait lentement, un par un quand, tout à coup, ses doigts rencontrèrent le plastique. Le premier contenant était vide. Le deuxième également. Il retourna le troisième contenant et une pilule rebondit sur le bois verni. Il fixa avec intensité le petit comprimé bleu, tel un saphir ensorcelé lui promettant paix et libération.

Sans réfléchir, il l'avala.