Je sens les muscles de mes cuisses forcer, s'étirer. Une goutte de sueur glisse le long de ma nuque, tendue, à l'instar de tout mon corps. J'ai l'impression que mes poumons sont en feu, qu'ils vont exploser à tout moment. Dans ma poitrine, mon coeur pompe mon sang, que j'arrive à sentir circuler jusque dans la moindre de mes veines. Derrière moi, j'entends un petit groupe de filles râler contre la chaleur environnante et la fatigue.
Contrairement à la plupart de mes camarades de classe, j'aime la course. J'aime sentir cette singulière brûlure qui s'installe dans mes muscles, j'aime sentir mon cerveau s'engourdir. Soudain, un coup de sifflet retentit. Je ralentis la cadence pour m'approcher de l'enseignant d'éducation physique en marchant. Peu à peu, tout s'estompe. Mon corps reprends son rythme habituel.
« Prenez votre pulsation », ordonne l'enseignant.
Tous les élèves autour de moi portent leurs doigts dans le haut de leur cou. Je fais de même. Mais moi, je ne sens rien. Pas de palpitation, pas de battement, rien. Je suis une coquille vide. Dans tous les sens du terme.
Il les avalait lentement, un par un quand, tout à coup, ses doigts rencontrèrent le plastique. Le premier contenant était vide. Le deuxième également. Il retourna le troisième contenant et une pilule rebondit sur le bois verni. Il fixa avec intensité le petit comprimé bleu, tel un saphir ensorcelé lui promettant paix et libération.
Sans réfléchir, il l'avala.