Je cherchais à tâtons dans le sombre
En quête d'un soupçon de lumière.
Je peinais pour ne mettre le pied sur une encombre,
Épié par d'horribles chimères.
J'avançais vers nulle part, affamée, assoiffée.
Je vivais de cette errance monocorde.
Je n'osais espérer meilleure destinée
Et je n'attendais plus de miséricorde.
Tel un futile espoir elle m'apparut,
Une coupe emplie d'un liquide scintillant.
Moi, pâle fantôme cherchant le salut,
Je ne pus lui résister longtemps.
Du bout des doigts, je caressai le verre.
Je laissai une douce euphorie m'envahir.
Je ne pensais qu'à mettre fin à ce calvaire,
Exaspérée de mentir.
Je m'emparai de l'objet de mon désir
Et je portai à mes lèvres cette eau de jouvence.
Je bus à grandes gorgées, cessant de me languir
Et, tout doucement, elle combla ma carence.
Puis, un rai de lumière vint m'aveugler
Et je pus distinguer avec horreur
Que ce que je venais d'avaler
N'était que poison, sang et pleurs.
Je sentis mes entrailles se consumer,
Envahies d'une incontrôlable fièvre
Et, enfin, j'ai réalisé,
Que la mort a coulé sur mes lèvres.