Bonjour à tous !
Nous vous souhaitons une très BONNE ANNEE 2017, en espérant que cette année vous apporte tout ce que vous souhaitez.
Et pour ce premier jour de l'année, nous vous proposons le dernier chapitre d'A partir d'un portrait, avec Joshua comme narrateur, qui comme il a commencé, termine notre histoire.
Bonne lecture à tous !
JOSHUA
Chapitre 56
-Oui, allo ?
-Joshua, comment vas-tu ? Je t'appelais pour prendre des nouvelles, savoir comment tu allais. Comme d'habitude, tu ne m'appelles jamais.
-J'ai été très occupé, je suis désolé Max.
-Oui, comme d'habitude. Pourtant, je suis sûr que tu vois Gabriella plus que moi, je me trompe ?
Je reste muet quelques secondes, parce qu'il n'a pas totalement tort. C'est vrai que j'ai plus de contacts avec Gabriella que lui.
-Je… hum… c'est vrai qu'on a plus l'occasion d'aller sur Paris et comme elle est avec Benjamin, on les voit plus souvent, c'est normal.
-Normal, soupire Max. En tout cas, je vois que ça roucoule toujours entre Arthur et toi, c'est bien. Vous vivez définitivement ensemble, maintenant ?
-Oui, dis-je en rougissant. Et tout se passe pour le mieux.
-Tant mieux, dit-il.
Le silence se fait entre nous un moment. Je sais que ce n'est pas facile pour lui, même si ça fait déjà six mois qu'ils se sont quittés, j'ai bien l'impression qu'il n'a pas totalement oublié. Il faut dire que sa relation avec Oliver a été très mouvementée. J'avais craint dès le début qu'il souffre, je l'avais même mis en garde et finalement mon intuition s'est avérée exacte, ils ont fini par se séparer, quelques jours après le retour de Max de New-York.
-Et toi… comment ça va ? demandais-je avec hésitation.
-Ça va, dit-il. L'ouverture du restaurant est imminente, je suis impatient et stressé à la fois. On a déjà pleins de réservations, grâce à la maison d'hôte de ma tante et les clients du domaine viticole de mon père. J'ai encore du mal à croire que je me suis lancé là-dedans.
-Moi aussi, j'ai été surpris. Je ne savais même pas que tu avais cette ambition.
-Moi non plus, dit-il. A vrai dire, c'était juste dans un coin de ma tête, seulement un rêve. Mais… quand je suis revenu de New-York… et après… enfin…
Il semble hésiter, ce qui me fait dire qu'il a toujours du mal à parler de sa séparation avec Oliver. Je le sens souffler dans le combiné, comme s'il voulait se concentrer pour dire la suite.
-Après qu'Oliver et moi, on se soit séparé, dit-il finalement, j'ai bien réfléchi et je me suis dit qu'il était temps de faire quelque chose et de prendre ma vie en main. Alors, j'ai sauté le pas et voilà…
-C'est bien, dis-je sans savoir vraiment quoi répondre d'autre. Et… tu as des nouvelles ?
-De qui ?
-D'Oliver ?
-Non, pas la moindre et toi ?
-Tout ce que je sais, c'est qu'il est parti quelques temps au Japon, répondis-je.
-D'accord… je vois…
-Je suis désolé Max.
-Ne t'excuse pas Joshua. Tu n'y es pour rien. Après tout, tu m'avais prévenu et je ne t'ai pas écouté. C'était perdu d'avance entre nous, mais j'ai voulu y croire, parce que c'était nouveau pour moi. Mais, au fond, je savais que jamais ça ne pourrait fonctionner entre nous, nous étions trop différents. Et je n'étais pas prêt à changer de vie, à déménager pour le rejoindre à New-York et à assumer… notre relation. Au fond, c'est sans doute mieux comme ça.
Je sens qu'il est perturbé et je comprends qu'il vaudrait mieux changer de sujet. C'est encore trop frais dans son esprit. Seulement, c'est la première fois que je le vois prendre les choses aussi bien. Lorsque ses précédentes copines le quittaient, il s'effondrait à chaque fois et je le retrouvais devant chez moi, juste après. Là, il a totalement fait front. Je crois qu'au fond, cette relation l'a fait murir et ainsi il a pu avancer. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose, même si ça s'est mal terminé.
-Tu sais, dis-je en voulant changer de sujet, dès qu'on pourra, Arthur et moi, on viendra pour manger dans ton restaurant.
-Je l'espère bien, dit-il. Et sinon… comment va ta main ?
-Très bien, je peux à nouveau dessiner. Je vais un peu moins vite parce qu'il faut que je me réhabitue, mais j'ai repris le travail et le projet que j'avais laissé avant mon opération. Tu ne peux pas savoir à quelle point ça m'a frustré ces derniers mois de ne pas pouvoir dessiner. Je me suis vengé sur la photo, mais ce n'est pas pareil. J'aime créer de mes mains.
-Je sais, je me rappelle que tu passais tes journées à dessiner quand nous étions enfants. Et ça n'a pas changé. C'était le bon vieux temps.
-C'est vrai, dis-je avec un sourire nostalgique.
J'entends la porte de mon bureau s'ouvrir et Arthur me faire signe qu'il est temps de s'en aller. Je lui fais signe que j'arrive et il referme la porte lentement pour me laisser terminer ma conversation.
-Max, je suis désolé, mais je vais devoir raccrocher. Ce midi, on déjeune chez mes parents, avec le père d'Arthur.
-Le père d'Arthur ? Il est en France ?
-Oui, il est venu rendre visite à son fils, alors je me suis dit que c'était le bon moment pour organiser un déjeuner familial. Il y aura aussi ma sœur, mon beau-frère et leur bébé.
-Ah oui ! C'est vrai que ta sœur a accouché, il n'y a pas si longtemps. Une fille, c'est ça ?
-Oui, elle s'appelle Léa.
-Eh bien, c'est super, dit Max. Je suis vraiment content que tout se passe bien pour toi.
-Moi aussi. Et je suis sûr que tout se passera bien pour toi aussi. Si tu as besoin, n'hésite pas. Et je te tiens au courant de la date où nous viendrons, d'accord ?
-J'y compte bien, dit Max.
-Sur ce, je te laisse. A bientôt, mon pote.
-A bientôt Josh.
-C'est Joshua, je grogne.
-Oui, oui. A plus !
-A bientôt ! dis-je en raccrochant.
Je regarde mon poste de travail sur lequel s'entassent des tas de feuille de papier. Je me lève et ouvre mon armoire pour prendre ma veste. Je jette un œil aux derniers tableaux que j'ai réalisés depuis que j'ai repris le dessin et la peinture et je ne peux m'empêcher de sourire. Certains de ces tableaux vont être exposés dans la galerie de Gabriella et d'autres dans celle d'Oliver. Je dois avouer que je n'aurais jamais cru gagner autant en notoriété et par moment ça me fait un peu peur. Mais, j'ai appris à l'accepter. Tant que je fais ce que j'aime, ça me va. Un tableau attire un peu plus mon attention, et je le contemple un moment. Ce n'est que la voix d'Arthur qui me fait sortir de ma torpeur.
-Tu es prêt ? demande-t-il alors que je referme brusquement mon armoire.
-Oui, oui.
-C'était Max au téléphone ?
-Oui. Il voulait prendre des nouvelles ? C'est vrai que je ne lui ai pas donné beaucoup de nouvelles ces derniers temps, je m'en veux un peu.
-Je suis sûr que lui ne t'en veut pas, dit Arthur.
-Non, c'est vrai, dis-je en me rapprochant de mon compagnon. J'espère que tu ne m'en voudras pas, mais je lui ai dit qu'on irait bientôt le voir pour manger dans son restaurant. Ca nous fera l'occasion de se faire un petit week-end en amoureux.
-Pourquoi je t'en voudrais ? Au contraire, j'avais beaucoup aimé la région, ça nous rappellera des souvenirs, dit-il en me prenant la main pour me faire sortir de l'atelier.
Thomas nous attend patiemment dans le salon. Je dois bien avouer que je suis toujours impressionné quand je le vois, et pas seulement parce que c'est un écrivain célèbre, mais surtout parce qu'Arthur lui ressemble énormément.
-Je suis désolé de vous avoir fait attendre, dis-je.
-Aucun problème, dit Thomas. C'est plutôt votre famille qu'on va faire attendre si on ne part pas bien vite.
-On n'est pas si en retard, dis-je en regardant ma montre. Il y en a pour vingt minutes de route.
-Ce n'est pas une raison pour être en retard, dit Arthur.
Je sens qu'il est nerveux, pourtant, ce n'est pas la première fois qu'il voit mes parents. La première fois qu'il les a vus, c'était plusieurs jours avant mon opération. Je me suis dit que c'était le bon moment pour le présenter et maman était impatiente de le rencontrer. Et je crois qu'elle n'a pas été déçue parce qu'elle n'en a fait que des compliments quand je l'ai revue ensuite. Je crois qu'elle est tombée sous son charme anglais, alors je n'imagine même pas ce que ça va être avec Thomas. Je sais que mon père n'a pas de soucis à se faire, mais la connaissant, elle ne va pas pouvoir s'empêcher de jouer les jeunettes, ce qui va sûrement me mettre la honte, mais bon, j'assume, c'est ma mère.
Nous sortons de l'appartement et prenons ma voiture. Et après vingt minutes de route, nous arrivons enfin chez mes parents. Il fait beau aujourd'hui et un barbecue est prévu. Tout le monde est dehors et c'est ma mère qui vient nous accueillir. Je lui présente Thomas et comme je le pressentais, elle se met à rougir comme une jeune fille. Il faut dire que Thomas en fait trop également, avec ce baisemain digne d'un gentleman anglais.
-Je suis ravi de faire votre connaissance, dit-il.
-Moi aussi, glousse ma mère.
Elle embrasse Arthur sur la joue et me dit bonjour en dernier. Nous rejoignons ensuite le reste de ma famille et je présente Thomas à tout le monde. Ma sœur Susan, comme d'habitude se met en avant et fait l'éloge de sa fille Léa. Cette fois, je ne fais aucune remarque parce qu'on est en famille. Le déjeuner commence sous les meilleurs auspices et je constate avec soulagement que mon père s'entend plutôt bien avec Thomas. Geoffrey s'immisce dans leur conversation, alors que moi, j'écoute distraitement toutes les conversations. Arthur pose une main sur mon genou et je ne peux m'empêcher de sourire et d'être heureux.
-Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? demande-t-il.
-Je suis content, dis-je. C'est exactement comme ça que j'imaginais cette rencontre.
-Ah oui ? demande Arthur.
-Oui, je suis entouré par tous les gens que j'aime, je ne peux pas être plus heureux.
-Oui… oui, je vois ce que tu veux dire, dit Arthur. J'avoue que moi aussi ça me fait plaisir, d'autant plus que je n'ai plus vécu ça depuis mon enfance au Bahamas. Et je ne pensais pas que ça m'arriverait encore un jour.
-Je suis ravi d'avoir pu te donner ça, dis-je en serrant sa main dans la mienne.
-Moi aussi, répond mon compagnon.
Nous regardons un moment notre famille qui discute avec bonne humeur, quand ma mère qui a enfin pu s'échapper de l'influence de ma sœur, s'intéresse enfin à nous.
-Alors, Arthur, Joshua m'a dit que ton livre se vendait bien.
-Heu… oui, plutôt bien.
-Plutôt bien ? dis-je. Tu veux dire qu'il explose les ventes. Tu es bien trop modeste.
-Oui, tout comme toi, dit-il en me donnant un coup de coude. Tes tableaux se vendent également très bien, tu as autant de succès que moi, je crois. D'ailleurs, nous allons bientôt aller en Angleterre pour un vernissage.
-Ah oui ? dit maman impressionnée. C'est super. Et c'est prévu pour quand ?
-Le mois prochain, je réponds.
-Ses nouveaux tableaux sont magnifiques, dit Arthur. Je suis sûr qu'ils se vendront très bien.
-Non, tu exagères ! dis-je en rougissant.
-Qui c'est le modeste maintenant ?
-Mouais.
La conversation dérive sur l'Angleterre et cette fois Thomas y met son grain de sel, au plus grand bonheur de ma mère. Bien entendu, Geoffrey s'incruste encore une fois dans la conversation, en racontant ses multiples voyages là-bas. Mais, il se fait rembarrer gentiment plus d'une fois par Thomas. Je crois qu'il a trouvé son maître, il faut dire qu'essayer de concurrencer un anglais sur son propre terrain, c'est plutôt risqué.
A la fin de la journée, une fois rentré à la maison, je me sens épuisé, mais heureux de cette journée. Je ne pensais pas que ça se passerait aussi bien, mais j'en suis vraiment ravi. Et j'ai l'impression que Thomas et Arthur ont passé un bon moment eux aussi.
-Tu es sûr que tu ne veux pas rester papa ? demande Arthur.
-Non, non, je vais rentrer à l'hôtel et vous laisser tranquille en amoureux.
-D'accord, comme tu veux. On viendra te chercher demain à l'hôtel pour t'emmener à l'aéroport.
-Ok ! Ça me va. Alors, à demain ! Bonne soirée !
-Bonne soirée ! je réponds à Thomas.
Arthur le raccompagne jusqu'à la porte, tandis que moi, je me rends dans l'atelier et ouvre le placard. J'en sors un tableau que j'ai fait, il n'y a pas si longtemps. A vrai dire, c'est le premier que j'ai réalisé, quand j'ai retrouvé l'usage de ma main. C'est le premier sujet qui m'est venu à l'esprit et le meilleur que j'ai jamais réalisé.
J'entends Arthur entrer dans l'atelier et je vais poser le tableau sur mon chevalet. Il s'approche de moi et il me prend le bras. Je sens qu'il est surpris et en tournant la tête vers lui, je constate qu'il a les larmes aux yeux.
-Quand as-tu fait ça ? dit-il.
-Le premier jour où j'ai pu reprendre la peinture. Ça te plait ?
-Oui… même si…
-Même si ?
-J'ai toujours eu du mal à me voir en peinture, dit-il avec amusement.
-Très drôle ! Quoiqu'il en soit, quand j'ai enfin pu me remettre à faire ce que j'aime, c'est toi qui m'es venu à l'esprit immédiatement. Je ne pouvais peindre que toi, comme à cette époque. Je me souviens encore des jours où je te regardais de loin et où tu m'étais inaccessible. Jamais je n'aurais imaginé qu'un jour, tu sois à moi. Tu étais juste un rêve, un beau rêve, mais un rêve quand même. Et aujourd'hui, il s'est réalisé, alors voilà, c'est ma vision de toi aujourd'hui, beau, souriant et heureux.
Il se met devant moi, me cachant une partie du tableau. Je crois qu'il n'y a rien de mieux que de l'avoir en face de moi, en chair et en os. Quand je l'ai peint la première fois, il avait un visage mélancolique et triste. On sentait qu'il avait vécu plus de choses qu'un jeune homme de son âge. Mais aujourd'hui, quand je le regarde, c'est un jeune homme heureux et épanoui que j'ai en face de moi. Il pose ses lèvres sur mes lèvres et je sens tout son amour dans son geste. Je l'aime plus que tout et jamais je n'aurais cru qu'un simple portrait pourrait autant changer ma vie.
Fin !
Et voilà, c'est terminé, la boucle est bouclée. On espère que cette histoire vous aura plu et on vous remercie de nous avoir suivis. Un merci particulier à Bluemoon753 pour tous ses commentaires ! A bientôt ! Et encore une fois, nous vous souhaitons une très BONNE ANNEE 2017 !