Me voilà de retour après environ un an d'absence (ou presque) avec une nouvelle fiction qui, je l'espère vous plaira...

Pour le coup, les posts se feront régulièrement pour la simple et bonne raison que j'ai déjà fini cette histoire qui comportera 7 chapitres et sans doute un Epilogue - mais je ne suis pas sûre pour ce dernier.

En attendant, bonne lecture!


Chapitre 1 : Impact

Je le connaissais depuis toujours, ayant grandi avec lui, pleuré avec lui, rit avec lui, joué avec lui. Notre lien était tellement plus que le lien qui lie tous les enfants. Si fort qu'il avait quelque chose d'étrange. Si fort qu'il en devenait presque malsain.

Toujours collés ensembles, sans oser se lâcher plus de quelques temps. Il était celui autour duquel mon monde tournait, celui qui me connaissait le mieux, qui me comprenait. Mon meilleur ami et tellement tant d'autres choses –il ne fallut pas grand-chose pour qu'il soit bien plus.

Il n'y avait que lui et moi contre le monde entier. Juste lui et moi – et cela me suffisait. Pour lui, j'aurais construit des forteresses pour qu'il ne soit jamais blessé, j'aurais décroché la lune, j'aurais été cherché des perles de pluie dans un pays où il ne pleut jamais. Et il n'avait fallu que quelques mots – un simple « je t'aime » - pour que ce sentiment fraternel ne devienne un sentiment bien plus égoïste. Un sentiment qui n'avait pas lieu d'être entre nous. Un sentiment qui me mettait le cœur en vrac et que chacune de ses étreintes innocentes fortifiaient. Jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour moi et qu'il me possède complétement. Que nier ne fasse qu'exhiber la vérité. Que je n'arrivais plus à rester aveugle et que je sois touché. Rêvant de lui, pensant à lui, m'enivrant de lui à en jouir. Ressentant ce désir que je refusais comme à l'infini. Sans répit. Et je sentais qu'il y avait quelque chose en lui qui m'avait attiré. Cette part qui le différenciait de moi, qui détruisait la réflexion. Et c'est parce qu'il m'était distant mais qu'il m'aimait d'un amour sans tâche que je rêvais de le posséder. De le posséder de toutes mes forces.

Et j'en eu honte. Si honte que je ne ressentais que du dégoût envers mon reflet dans la glace, prêt à toutes les folies pour enfermer ces sentiments déviants. Je me faisais du mal, lui cachant combien chacun de ses « je t'aime » me faisait souffrir. Ces mots n'avaient plus la même connotation pour moi et je cessais de lui répondre. Et cela finit par lui faire mal. Et je ne pouvais que me détester de lui faire ressentir cette douleur, d'en être responsable. J'aurais voulu disparaître de sa vie pour l'épargner, mais aussi pour m'épargner de toute ma laideur. Rester aveugle : c'est tout ce que je voulais.

Alors, je m'éloignais. Non, je le fuyais pour le préserver de la folie née de ma volonté de dissimuler ce vice. Cherchant des moyens de lui faire renoncer au lien qui nous avaient unis. Mais, lui, refusait de s'avouer vaincu, me tournant autour, satellite de compassion qui cherchait à me comprendre. Et je m'en voulais toujours plus de l'aimer ainsi, incapable de fermer les yeux sur cette envie et je lui en voulais de chercher à me faire revenir vers lui, j'en voulais à mes parents de m'avoir fait, j'en voulais à la terre entière de ne pas comprendre, de ne pas être comme j'aurais voulu qu'il soit.

J'étais en colère, une fureur permanente qui me rongeait, qui dévorait ma culpabilité en l'attisant. Je priais et en voulais à Dieu de me faire aimer cet homme. J'enrageais de désir. J'enrageais de le vouloir.

Personne ne comprenait pourquoi je m'isolais, pourquoi je m'énervais au moindre mot, faux pas, geste tendre. Et plus je m'éloignais et plus ils voulaient savoir, jusqu'à devenir envahissant. Puis mes amis renoncèrent et s'en allèrent, dégoûtés par ce que j'étais devenu. Mes parents se demandaient ce qu'ils avaient fait de mal, culpabilisaient puis finirent par abandonner, sûrs que je n'étais pas normal. Lui me cherchait des excuses, voulait me comprendre à nouveau, me protéger, aurait tout fait pour moi. Pur et innocent jusqu'à la moelle. Sans peur. Ne ployant jamais sous la violence dont je pouvais faire preuve. Si bien que la colère devient de la haine et je voulus me servir de lui, lui montrer que son intention me faisait mal. Je voulais que lui aussi se sente coupable, qu'il souffre. Et s'il voulait tout faire pour moi alors peut être pourrait-il apaiser ma faim. Comme il l'avait toujours fait, inconsciemment.

Alors je lui dis. Je lui dis que c'était de sa faute. Que j'avais besoin de lui pour ne pas sombrer. Je jouais avec ses sentiments fraternels pour obtenir quelques étreintes chastes, quelques baisers, quelques caresses… Il se mit à avoir honte, lui aussi et je me sentis un peu moins seul dans cette déchéance. Ma haine fleuretait avec l'amour, paradoxe émotionnel. J'étais moins minable face à lui parce qu'il était avec moi. Il ne me manquait plus mais, en même temps, il s'éloignait de moi. Pourtant, je le croyais traversé par les même sentiments, les même désirs… J'étais si loin du compte et ne faisais que le manipuler en négociant du temps en sa présence, étreint par un égocentrisme sans nom.

Ça a duré un temps. Un temps infiniment court et long, entre enfer et paradis, entre désirs et dégoût, entre excitation et frustration. Toujours sur la brèche. Me persuadant au fil de ce qu'il me cédait, sans jamais dire non, qu'il m'aimait comme je l'aimais. Et je ne l'en désirais que plus. Et il sombrait de plus en plus. Je le souillais, tout simplement, sans m'en rendre compte. Et ma soif de le posséder se fit plus forte et je le forçais sans y penser à aller plus loin. Pensant que c'était ce qu'il voulait. Mais ce fut la fois de trop. Et lui qui avait toujours été le plus fort, le plus altruiste de nous deux, se laissa couler. J'avais aspiré toute sa volonté, toute son énergie. Je l'avais brisé, tout simplement. Dans une soif d'égoïsme, je lui avais arraché les ailes sans faire attention et je ne le compris que lorsqu'il fut trop tard. Que lorsqu'il se détourna de moi. Qu'il se mette à me fuir à son tour. Jusqu'à ce qu'il me devienne indifférent et que cela me fasse souffrir. Parce qu'il savait désormais où appuyer pour faire mal. Et je regrettais tout ce que j'avais fait. Je n'étais pas tombé amoureux de cette coquille désormais vide : elle n'était née qu'à cause de mon amour.

Et tout était de ma faute.

Tout était de ma faute.


J'espère que ce premier chapitre vous à plus.

N'hésiter pas à reviewer, que ce soit pour un avis emballé, mitigé ou déçu : je suis ouverte à toute critique.

En attendant, je vous dit à très bientôt!