ahem... oublions mon absence de plusieurs mois ? j'ai complétement disparue sans laisser de traces et - pire - en vous laissant sur votre fin !
donc, uh, voilà la fin (quand je dis que je n'aime pas les fins... je ne mens pas. Je vais jusqu'à la retarder la plus possible et je suis toujours pas satisfaite)
Thirty seven
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Ce qui se présente devant moi est digne d'un film de science-fiction qui tape dans l'horreur. La colonne est formée de plusieurs tubes transportant des liquides dont je ne veux rien savoir. À la basse se trouve l'horreur. Ces tubes plongent dans la nuque de daemons flottant à moitié dans des cuves. Nus, et le corps à moitié mangé par des files et des tubes, ils devraient crier, appeler à l'aide, mais leurs regards posés çà et là ne voient rien. Certains ont même de la bave aux lèvres. Il n'y a que deux couleurs d'aura parmi cette vingtaine de daemons : orange et bleu. Je ne sais absolument pas à quoi elles correspondent et la question se posera un autre jour car mon temps est compté.
Moïra est prostrée devant l'un de ces daemons, se balançant d'avant en arrière en se lamentant. Elle tend parfois la main vers le daemon face à elle, des mots d'une langue inconnue aux lèvres. Lazare est là, penché sur un côté comme s'il avait mal. Il y a une trace de sang sur sa tempe et son oreillette pend de son épaule, clairement brisée par un coup.
Il se détourne de Moïra, chancelle, et lève son arme, avant de me reconnaître. Son visage se décompose.
— Lucas, souffle-t-il, surpris de me voir là.
Avant qu'il puisse dire quelque chose d'autre, je le coupe.
— Qu'est-ce que vous foutez là ? On dégage maintenant !
La voix artificielle du décompte commence à me rendre fou et pourtant mon coeur bat si fort dans mes oreilles que j'ai du mal à l'entendre. Lazare sursaute et jète un regard à Moïra. Il attrape son bras pour la soulever, mais elle le fait lâcher prise avec un cri déchirant. Lazare se mord la lèvre puis secoue la tête.
— Je pars Moïra !
C'est à moi de sursauter, Lazare a parlé assez fort pour être entendu par tout le labo. Comme s'il ne s'entendait pas bien. Moïra ne répond pas, Lazare hésite, mais réagit dès que je frôle son bras.
Le chemin du retour est encore plus angoissant que l'allée quand je ne savais pas ce que j'allais trouver. Clara et Haïse tentent de me joindre à un moment et, entre deux souffles courts, j'arrive à leur dire que je suis en route. Quand nous sortons, c'est encore plus le chaos qu'a l'intérieur du labo. Sur le parking où nous sommes daemons, membres du BIDE, hybrides et simples humains confondus crées une cacophonie sans nom. Dans l'immeuble à notre gauche, une alarme d'évacuation résonne et je pense que les daemons paniqués bloquent la place en hésitant à bouger. De là où je suis, nous entendons toujours le décompte avant l'explosion. Il faut se dépêcher.
— Rendez-vous au Bloc C ! crie un daemon qui ne m'est pas inconnu, son aura est celle du chat du Cheshire. Partez maintenant ! Courez !
Les daemons bougent enfin. Avec un but en tête ils avancent à bon pas guidés par des membres du Bide. Ceux-ci poussent la foule à changer de place ; une bande de bergers habillés tel des membres d'élites d'une armée. Heureusement la foule suit leurs directions et s'éloigne.
Un daemon sort soudainement de la trappe du labo. Son aura orange vif agresse mes yeux. Il pousse Lazare, déjà instable, le mettant à terre. En essayant de m'interposer, j'ai droit un coup dans le visage qui me déstabilise, bien qu'il ne touche que partiellement ma mâchoire. Je ne vois pas où pars ce daemon.
Les alarmes de voitures de police ne sont qu'un problème de plus sur notre dos quand nous atteignons la route. Un mouvement de foule prend les daemons, mais vers les policiers et loin du daemon à l'aura orange. Ils semblent terrorisés par lui. L'expression de son visage me donne un frisson.
Puis survient la première explosion. Elle se réverbère tout autour dans un grondement sourd. On dirait un tremblement de terre et la façon dont le sol tremble le confirme. Des bruits de métaux qui grincent résonnent. Une deuxième explosion provoque un craquement jusque dans le bitume. Là, l'immeuble proche du parking qui à été évacué s'effondre. Une vague de poussière nous atteint, même loin de cet immeuble.
La foule s'est immobilisée dans sa peur. Sauf un daemon. Je le vois traverser le groupe, les daemons se dégageant de son chemin et formant une allée comme face à un prince. Mais surtout il s'attaque à Cheshiren. Du moins, il essaie. Cheshiren utilise la masse de daemons pour lui échapper et pars dans une allée, loin des siens.
Les autres membres du Bide sont déjà partis ou sont coincés parmi le groupe de daemon. C'est donc à nous d'agir. Lazare a dû penser la même chose, car nous avançons d'un même mouvement.
Nous arrivons dans la ruelle adjacente pour trouver Cheshiren bloqué non par un daemon, mais par deux. Celui en face de Cheshiren est blessé, mais il doit y avoir une raison pour que Cheshiren n'ose pas tenter sa chance. Derrière lui se trouve le daemon à l'aura orange qui se retourne d'un geste vif vers nous.
—Va crever, Tarven, crache Cheshiren.
Avant que je puisse sortir mon arme, Cheshiren décide de se changer en chat. Ce chat particulièrement dérangeant dont l'un des nombreux yeux se pose sur moi et Lazare. Le daemon à l'aura orange grogne et fait signe au blessé. Ce second daemon se jète sur le chat, pendant que je tire mon arme. Lazare empêche l'orangé — le dit Tarven ? – de me blesser avec une épée courte.
—Ne bougez pas ! crié-je au second daemon.
Sauf qu'il ne m'écoute évidemment pas et saute sur le chat du cheshire. Sa rapidité m'étonne, il est déjà accroupi, les mains tendues vers le chat, quand j'appuie sur la détente. Heureusement Cheshiren a eu une bonne idée, il fait une cible moins facile sous cette forme de félin. Il évite le second daemon, slalome entre nos pieds et s'enfuit en nous laissant seul aux prises avec ces deux daemons.
Le second daemon grogne du fond de sa gorge, ses yeux me transpercent, mais je demeure solide sur mes bases. J'ai peut-être agi trop lentement quelques secondes avant, mais je peux anticiper ses prochains mouvements. À nouveau il bouge. Trop vite pour des yeux normaux, même celui venu d'Haïse est dépassé par la vitesse. Cependant, j'angle mon arme là où j'espère qu'il va être.
Un coup de coude dans ma tempe me fait perdre mon attention. Je chancèle et tombe à genoux. Mon corps réagit alors même que mes oreilles sonnent de ce coup violent. La balle que je tire atteint celui aux cheveux orange, Tarven. Aucun des deux ne s'arrêtent cepandant, et personnes, aucun des daemons et humains terrifiés qui pensent plus à la fuite, ne leur bloque le passage.
Les alarmes de police se rapprochent alors que Lazare m'aide à me relever. Il a une arcade sourcilière cassée, un jet de sang gouttant encore.
—Cheshiren-
Lazare me plaque contre un mur juste au moment où une policière arrive près de la ruelle. Elle regarde heureusement ailleurs et communique des infos dans sa radio à l'épaule. Puis quelqu'un l'attaque. La femme semble se débrouiller, mais Virginie est bien plus douée au corps-à-corps. La policière est à terre, Virginie nous adresse un regard avant de se pencher. Venant de nulle part le chat du cheshire saute dans ses bras sans hésitation. Là elle part, nous laissant dans la ruelle.
Le parking grouille de policiers maintenant. Des policiers débordés qui se font accoster par des humains en costards cravates, ceux qui sont sortis de l'immeuble évacué. A côté de moi Lazare respire avec de grandes et profondes respirations. Un geste volontaire si j'en crois son regard concentré. Sa main est toujours contre mon torse, je la prends, la serre entre ma main et mon torse, et prends le temps de respirer aussi.
Le soleil se lève tout doucement, une légère bruime humidifie les lieux, sans nous tremper jusqu'aux os. Je suis lessivé. Mon regard se porte à nouveau sur Lazare. Son aura ne porte plus la marque de Moïra. J'ai envie de sourire, de le féliciter, mais l'une des possibles raisons pour laquelle il l'a perdu ne se prête pas à cela.
Lazare finit par répondre à mon geste. Il resserre sa main autour de la mienne, jète un regard au parking par-delà les tuyaux qui nous servent de cachette dérisoire, puis tourne son regard d'onyx vers moi.
—On fait quoi maintenant ? demandé-je dans un murmure.
—On rentre.
Je hoche la tête, puis hésite à poser ma question suivante.
—Et Moïra ?
Un long soupir échappe à Lazare alors que son regard se reporte sur le mur d'en face.
—Je ne lui dois plus rien, qu'elle soit mort ou non... je ne lui dois plus rien.
Le silence s'étend. Mon regard se reporte sur les gens tournoyant près des policiers. L'un d'eux, dans un uniforme impeccable, à une aura d'hybride. En suivant ses pérégrinations, je vois un second hybride. Celui-ci croise mon regard. Le boss de mon boss me sourit. J'hésite de lui montrer mon doigt en retour. J'imagine qu'il dira aux médias qu'il est arrivé sur place pour prendre les choses en mains, mais mon petit doigt me dit qu'il était déjà là. Où exactement, c'est la question qui se pose.
Malheureusement, je suis trop fatigué pour y réfléchir plus avant. Demain j'en parlerais aux autres. Je souffle :
— Alors on rentre et demain...
Lazare reprend ma phrase sans une seconde d'hésitation.
— Demain on va gérer ce qui va nous retomber dessus.
J'esquisse un pauvre sourire, détourne le regard de l'hybride au loin et observe Lazard.
— Demain, j'acquiesce.
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