Bonjour, ou bonsoir pour les lecteurs tardifs.
Je vous présente une nouvelle que j'ai écris il y a quelques mois et que j'ai hésité à poster. Mais vu que je l'ai soumise au Prix Concours du Jeune Écrivain Français, j'ai pensé que la partager avec d'autres m'aidera à me faire un avis plus objectif sur la question en attendant les résultats.
Il se peut que des coquilles se soient glisser dans le texte avec un malin plaisir. Si c'est le cas, n'hésitez pas à me le dire.
Sur ce, je vous laisse lire !
Elle
Lorsque je l'ai connue, elle m'a promis monts et merveilles. Je la trouvais belle, forte, étrangement fascinante. Elle me séduisit je lui cédais. Elle me montra ce qu'était désirer, aimer et s'abandonner. Elle m'offrit l'un des plus beaux cadeaux au monde : la possibilité de vivre entièrement.
Elle me ravissait chaque jour, prévenante, tendre. Toujours présente quand rien n'allait. Vibrante d'une passion qui me faisait frémir. Elle me faisait gémir, me rendait folle et je l'aimais de tout mon être. Son côté enfantin m'attendrissait, son côté femme me subjuguait. Elle brûlait d'un charisme renversant. Et j'avais l'impression qu'elle me sublimait.
Pourtant, elle était loin d'être parfaite. Jamais à l'heure, incapable de gérer son temps, de mettre de l'ordre dans ses affaires. Dissipée. Egoïste. Sujette à des crises de jalousie régulières. Elle vivait trop, se laissant porter par le présent. Il fallait la forcer à voir en avant pour qu'elle daigne s'y intéresser. Mais c'était un être qui poussait à l'émerveillement. Il fallait être folle pour suivre ses traces, pour vouloir rester à ses côtés mais cette folie faisait un bien fou et apportait tant qu'il était impossible d'y résister. Elle était la tempête de ma vie.
Je ne remarquais rien. Je ne la vis pas dépérir. Je ne la vis pas aller de plus en plus mal. Elle me semblait toujours aussi lumineuse, toujours aussi magique. Un ange éclatant autant qu'un démon séducteur.
Et pourtant… Son regard se voilait de plus en plus souvent. Son corps maigrissait. Ses moments d'absence se faisaient de plus en plus fréquents. Elle dormait moins. Fatiguait. Mais elle me souriait toujours avec cette tendresse si douce que je ne le pris pas comme un signal d'alarme.
Avec moi, elle était la même. Exubérante, lunatique, enfiévrée. Jouant de chaque facette d'elle-même qu'elle voulait bien me montrer. Me captivant. M'éblouissant. Me faisant ignorer cette voix au fond de moi qui me disait que quelque chose n'allait pas. Qu'elle s'éloignait. Devenait trouble, fragile. Qu'elle s'effaçait. Ses signes de tendresse étaient trop fréquents, certains regards que je happais étaient trop troublants, tristes… Comme une bouteille à la mer que le courant emportait loin de moi.
J'avais fini par le percevoir mais je me disais que ce n'était qu'une de ses passes. Elle était toujours comme ça, elle avait ses moments de mélancolie. Elle n'en était que plus émouvante. Et je la traitais comme mon plus beau trésor, la berçant, l'aimant de tout mon être, la chérissant avec une force et une tendresse qui la bouleversait. Elle m'offrait alors son cœur avec une douceur singulière. Ravissant le mien pour la énième fois. Puis tout redevenait comme d'habitude. Elle, extraordinaire étoile ; moi, gravitant dans son axe avec un plaisir amoureux. Elle était à nouveau l'être sublime qui illuminait ma vie.
Mais cette fois, elle dépérissait. Discrètement. Comme une fleur qui se fane. Comme si un être aussi authentique et fascinant ne pouvait pas vivre éternellement. Je l'observais dormir en lui caressant la joue, prise parfois par une terreur inexplicable. Et je pleurais, incapable de savoir ce qui me faisait aussi mal, pourquoi la contempler était aussi douloureux. Je me sentais impuissante, incapable d'envisager une vie sans elle. Le jour, je lui faisais promettre de ne jamais me quitter. Elle me répondait qu'elle m'aimait et me souriait, balayant cette angoisse qui refaisait surface la nuit. Et elle était de plus en plus pâle, de plus en plus paisible, de plus en plus inerte. Comme si la vie qui l'habitait s'échappait dans son souffle calme. Et je m'agrippais à elle comme une damnée à la rédemption, lui susurrant des « Je t'aime » tremblants au creux de l'oreille, écoutant son cœur battre comme un lointain écho. Essayant de me rassurer ; elle était toujours à mes côtés.
Mais elle finit par s'éteindre, me laissant seule, incapable de gérer cette absence. Je n'arrivais pas à réaliser qu'elle était partie. Elle avait quitté ma vie, comme ça, sans un adieu ou signe d'au revoir. Me laissant en miettes en réalisant que j'avais perdu tout ce à quoi je m'étais accrochée. Elle laissait un vide immense dans mon cœur et ma vie. Elle m'avait abandonnée. Toute la lumière de mon monde s'était éteinte en même temps qu'elle.
- C'est le surmenage, m'a expliqué le médecin qui a examiné son corps. La fatigue et les carences nutritives l'ont affaiblie et ça l'a rendue malade.
Elle était malade. Mais malade de quoi ? Je ne l'avais pas vue tousser, vomir. Elle n'avait pas eu de fièvre. Peut-être cachait-elle bien son jeu. Et je ne comprenais pas cette histoire de carences. Elle mangeait peu, mais elle mangeait. De moins en moins souvent à la maison à cause de son travail, mais quand elle rentrait, elle mangeait comme quatre. Devais-je comprendre qu'elle se privait ? Qu'elle refusait de manger ? Comment avais-je pu ne rien voir ?
C'était cela qui m'était le plus inconcevable. Comment tout cela avait-il pu m'échapper alors que je partageais sa vie ? Je m'en voulais de ne pas avoir compris ses avertissements, de ne pas avoir pris au sérieux ses mises en garde silencieuse, ces pertes de volonté. Ça m'avait semblé n'être qu'un de ces passages à vide qu'elle rencontrait parfois.
Maintenant que je regardais en arrière, je me demandais ce que cette femme exceptionnelle avait pu me cacher ; quelle sorte de douleur avait élu domicile dans son cœur pour qu'elle se laisse mourir ainsi ? Avait-elle eu peur, comme ça lui arrivait souvent ? Avait-elle pensé que je l'abandonnais ? Toutes les questions du monde tournoyaient dans mon esprit et j'étais incapable d'en trouver la réponse. Je me retrouvais inapte à quitter cette bulle de mémoire qui était notre chez nous.
Elle restait partout. Dans les bibelots éparses, le bazar ambiant, l'odeur du café chaud, son parfum, ses affaires… Elle m'avait laissé trop de souvenirs dont il m'était impossible de me détacher, qu'importe la douleur qui me tenaillait dès que je me remémorais nos plus beaux instants. Nos pires moments aussi. Je n'étais plus qu'un amas de tendresse, de souffrance et de colère. Colère qu'elle soit restée muette sur les épreuves qu'elle traversait, qu'elle m'ait menti. Je lui en voulais et en même temps, l'amour que je ressentais pour elle n'avait pas de limite.
Elle me manquait.
Tous les jours, toutes les nuits. Ma vie me semblait bien seule maintenant qu'elle était partie. Ses rires me manquaient, ses coups de gueule aussi. La moindre de ses expressions. De ses imperfections.
Elle me manquait tellement que je me raccrochais à toutes traces d'elle. Respirant son odeur sur son oreiller, utilisant son parfum, ses gels douches. Je cherchais cet arôme particulier qui était le sien. Mais il s'effaçait avec le temps, inexorablement, comme elle, me laissant sans attaches. Je me rabattis alors sur nos photos, toutes celles que je possédais, des officielles à celles prises en catimini. Je la buvais des yeux, caressant le papier glacé, déposant des larmes sur notre couple. J'avais besoin de sa joie, de son énergie. Il me semblait que je n'avais plus assez de force pour vivre. Et mon existence semblait avoir perdu toute saveur.
Je ne travaillais plus pendant un temps. Jusqu'à ce que mon patron menace de me virer. J'ai fini par y retourner, le cœur en morceaux et sans aucune envie. J'étais comme une machine, exécutant mes tâches sans volonté, pensées ou désirs. Et par certains côtés, ce vide faisait un bien fou. M'éloigner de notre chez nous rempli d'émotions me permettait de prendre du recul, de la laisser en périphérie de mon esprit pour quelques heures. Sortir m'apportait ce même soulagement. Encore fallait-il que je sois seule.
Le regard des gens faisait mal. Ce regard de pitié, d'indifférence, d'incompréhension, de dégoût aussi quand on découvrait que j'avais aimé une femme. On essayait de me réconforter mais on ne faisait que m'enfoncer. A croire que les gens avaient le don de me rappeler à quel point j'avais été heureuse, à quel point j'étais dans l'erreur, à quel point j'étais pitoyable… Le regard des gens était un poignard dans le dos.
Pour y échapper, je restais cloisonnée dans notre appartement. Tournant en rond. Me mettant devant mon ordinateur en espérant pouvoir exorciser tout ça, de la même façon que je conjurais mes peines : en écrivant. Mais je ne passais jamais la première ligne et finissais roulée en boule à pleurer. Je n'avais pas la force de parler d'elle. De raconter quoi que ce soit. J'étais trop perdue pour ça.
Le temps s'écoulait avec une lenteur affolante, oscillant entre souffrance et vide. Comme si j'avais cessé d'exister par d'autres moyens. Je ne ressentais rien d'autre, ni haine, ni joie, ni peine… Juste la souffrance et le vide.
J'en étais encore là lorsque je te rencontrais. Tu n'étais pas bien sûre de toi, le regard néanmoins chaleureux et le sourire doux. Il y avait chez toi quelque chose d'étonnant, un air totalement paumé… Inconsciemment, cela me fascinait. Et je n'ai pas pu m'empêcher de te regarder.
Tu m'as invitée au restaurant une première fois. Mon refus ne t'a pas découragée et la semaine d'après, tu essayais pour la seconde fois. A la troisième, j'acceptais, plus par agacement que par réelle envie. J'ai envisagé de ne pas venir mais cette idée m'était d'une cruauté infinie. Alors je me rendis au rendez-vous avec l'intention de te faire comprendre qu'il n'y avait aucun espoir.
Tu étais charmante, le regard brillant d'amusement et de joie, et j'avais senti comme un pincement au cœur en me rappelant comment elle avait été. Je me demandais quand avions-nous arrêté d'être heureuses, quand la joie avait fini par fondre. Et je me rendis compte que cela datait d'avant sa déchéance.
Tu m'as détournée de mes pensées désagréables du bout de ton rire, ton humour ravageant la peine qui m'habitait. Pour la première fois depuis longtemps je m'étais laissée aller à sourire, à rire, à plaisanter. Je me suis libérée de son emprise petit à petit… Lentement, tu m'as éloignée d'elle.
On s'est revues. Un nombre incalculable de fois. Tu n'essayais pas vraiment de me séduire mais tu n'étais pas non plus innocente. Je sentais ton désir mais je le repoussais, pas encore prête à la laisser définitivement partir. Néanmoins, je me sentais céder un peu à chaque nouvelle rencontre, le regard gravitant vers toi en permanence. Tu n'as jamais abandonné, t'accrochant aux quelques bribes d'espoirs que je voulais bien te céder, ignorant mes tentatives pour t'éloigner. Je t'ai fait du mal parfois, mais c'est comme si cela n'avait pas d'importance. Tu avais entendu parler d'une femme qui avait partagé ma vie et qui m'avait laissée. Tu pensais que ce n'était qu'une façon de me venger de ce qu'elle m'avait fait alors tu ne lâchais pas prise. Tu n'étais pas si loin du compte. Mais tu ignorais que je ne voulais pas abandonner la douleur qu'elle m'avait causée de peur d'oublier son amour.
Il a fallu du temps, beaucoup de temps avant que je ne te laisse vraiment entrer dans ma vie. J'ai fini par t'inviter chez moi pour prendre un café et tu as accepté comme si c'était un miracle. Te laisser franchir le pas de notre porte m'a donné l'impression de la trahir, comme si elle était toujours là et qu'elle allait surgir pour faire une scène, m'accuser de la tromper. Je me sentis terriblement coupable, aussi bien envers elle qu'envers toi. Mais j'essayais d'ignorer cette honte avec un sourire.
Je n'avais pas touché à ses affaires, les laissant là où elles étaient lorsqu'elle s'en est allée. Tu as cru que je n'étais pas seule, que j'avais retrouvé quelqu'un. Je ne t'ai pas détrompée parce que je n'avais pas le courage de te parler d'elle. Tu es devenue toute blanche, comme si je t'avais frappée. Je venais de te briser le cœur de la plus cruelle des façons et tu es partie sans un mot en claquant la porte. Ne pas te courir après fut une erreur.
Après cela, tu m'as fuie. C'est comme si nous n'avions jamais été proches. Je n'arrivais plus à te rattraper alors que je voulais m'excuser du malentendu. Tu étais devenue un fantôme insaisissable.
Te perdre me causa une douleur que je ne m'imaginais pas. Les questions tournoyaient dans mon esprit, sans réponses. Je ne savais pas quoi faire. Tu étais une nouvelle ancre mais tu partais au large. Je ne pouvais pas te retenir avec quelques mots.
Il s'est écoulé du temps après ton départ. J'étais retournée à ma solitude et mon deuil ; mais bientôt cette situation me fut insupportable. Je tournais en rond, incapable de souffrir cet espace clos où elle était partout. Pour la première fois je touchais ses affaires, je les manipulais, les respirais, les pleurais. Je les déplaçais, les triais et les rangeais. Il était encore trop tôt pour que je lui dise adieu. Mais je commençais à accepter la réalité : elle n'était plus là, avec moi.
Cela me prit des mois pour sortir toutes ses affaires. Je les exposais dans le salon, essayant de me rappeler avec certitude les moments passés avec elle. Je remarquais bien vite que j'en avais oublié les plus simples. A contrario, je me souvenais parfaitement de ses mimiques, de sa façon de se laisser aller… Je me rappelais des moments les plus intenses, ceux des premiers jours et ceux des derniers, des voyages et de notre premier baiser, notre première nuit et les autres qui ont suivies… Il était difficile d'oublier les années près de l'être aimé mais la douleur que j'en ressentais s'était atténuée. Je n'avais plus mal à en crever. Et je pus faire le dernier pas vers l'acceptation : ses affaires furent triées et je ne gardais d'elle que le plus beau. Ce qui avait de l'importance. C'était ma façon de lui dire au revoir et de lui rendre hommage. Elle avait été l'astre de ma vie, elle s'était éteinte… Il fallait consentir à la laisser aller.
Puis j'ai déménagé. J'ai quitté l'appartement qui avait été le nôtre et qui portait bien trop de stigmates du paradis et de l'enfer que j'avais vécu. Il fut vite vendu à un heureux couple. Je retournais provisoirement vivre chez mes parents. Ils ne dirent pas un mot, mais ils me soutinrent, comme ils l'avaient fait le jour de sa mort. Ils m'aidèrent à trouver un nouvel appartement, mieux situé, plus lumineux. Je m'y installais avec réticence, n'arrivant pas encore à le considérer comme chez moi avec ses murs blancs et son odeur de neuf. Sans sa présence dans les pièces. Mais cela faisait un bien fou. Au point que je me mis à revivre, petit à petit. Sans qu'elle ne soit oubliée, je reprenais enfin goût à l'existence.
Ce que je ne savais pas, c'est que tu habitais dans le même immeuble. Un étage en dessous, avec une porte dont le numéro pendouillait sur sa vis parce que tu n'avais pas pris le temps de le réparer. Te revoir me fit un choc. Tu n'étais plus vraiment la même, plus froide, plus distante. Tu ne me souriais qu'avec gêne, détournant les yeux. Je comprenais ton malaise, ton rejet poli. Ce qui a été cassé a du mal à être réparé.
Petit à petit, nous avons renoué. Tu étais toujours réticente mais tu sentais que j'avais changé, plus ouverte, plus souriante. Tu restais quand même sur tes gardes, refusant toute relation qui aurait été d'un autre domaine que celui de l'amitié. Je restais dans les limites que tu avais définies. Pour toi, le passé avait un goût amer et tu ne voulais pas d'une nouvelle relation foireuse. Alors je me tu.
Au fil des rencontres, je te parlais un peu d'elle, au compte-goutte. Ne t'expliquant que par à coup ce qui s'était passé entre nous quelques années auparavant. Je m'excusais, tu balayais mes excuses d'un revers de la main, sans toutefois comprendre ce que je cherchais à t'expliquer. Et j'avais la gorge si nouée à l'idée de te raconter ce que j'avais vécu que je ne parvenais jamais à dire ce que je voulais, à quel point j'étais désolée de ne pas t'avoir couru après pour te retenir et tout te dire, à quel point parler d'elle me faisait du mal ; à quel point je voulais la garder toute à moi, dans le secret de mon cœur.
Tu ne posais pas de questions mais tu observais. La première fois que tu étais venue chez moi, tu avais regardé avec attention l'unique photo d'elle que j'avais accrochée, à moitié dissimulée dans l'ombre pour ne pas la regarder en permanence. Tu n'avais rien dit, mais tes sourcils froncés voulaient tout dire. Tu ne comprenais pas mon choix : garder une photo de son ex avait quelque chose de malsain. Et par certains côtés, c'était le cas. Mais je voulais me souvenir d'elle, elle qui me manquait cruellement, avec beaucoup d'amour et de tendresse, je voulais qu'elle puisse voir que je remontais la pente, que j'allais mieux, qu'elle soit fière de moi, qu'elle te rencontre… C'était ma façon d'obtenir son approbation.
Le temps à poursuivit son cours, de plus en plus rapide. Tu as commencé à t'ouvrir, à redevenir la jeune femme que tu avais été quand je t'ai rencontrée. En plus forte, plus audacieuse. A sourire en coin, le regard pétillant. Tu t'autorisais de plus en plus de gestes ambigus, tu acceptais que j'en aie en retour. Et lentement, les choses se sont faites naturellement, nous rapprochant de plus en plus. Comme si parler avait fait tomber les barrières entre nous.
Je finis par te parler d'elle, de sa perte. Du regret et de l'amertume. Du manque et de la souffrance. Tu m'as écoutée avec tendresse et compassion. Comprenant enfin tout ce qui s'était passé. Comprenant pourquoi j'étais si taciturne quand tu m'as rencontrée. Comprenant le malentendu qui s'était installé entre nous.
Parfois, tu me demandais de te parler d'elle. Je faisais de mon mieux pour te retranscrire ce qu'elle avait été, à quel point elle avait été exceptionnelle. Nous parlions alors à voix feutrée, dans les bras l'une de l'autre, yeux dans les yeux. Tu semblais l'accepter comme une partie de moi et je ne pouvais m'empêcher de te rappeler à quel point je t'aimais. Ça te faisait rire. Je t'embrassais alors gentiment pour te faire taire. Cela finissait toujours par un fou rire que nous cherchions à étouffer en nous embrassant.
Je revivais à tes côtés, acceptant d'être amoureuse de toi sans me prendre la tête. Je ne me sentais plus aussi condamnable de la "tromper" avec toi. Tu avais su trouver les mots justes pour me rassurer et m'empêcher de m'enfermer dans le cercle vicieux de la culpabilité. Son fantôme cessa de peser sur mes épaules…
A la Toussaint, j'allais déposer des roses rouges sur sa tombe. J'embrassais la pierre et posais mon front sur le marbre. Je la remerciais pour tout ce qu'elle m'avait apporté. Puis je me réfugiais dans tes bras avec un sourire tendre.
Il se mit à pleuvoir.